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Indigo Night ☽☾ Serguey

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Mer 27 Avr - 20:24 (#)

indigo night

Mars 2020, Shreveport.

S’entraîner vers l’Ailleurs, grand paradis de l’esprit où la défonce n’est qu’artificielle, où le plaisir est impur mais ne fait de mal à personne. Une seule aura réussi à la faire sortir du trou ventral de sa cachette dans laquelle elle s’était retranchée depuis son rejet du motel, depuis que les coups ont fusé, depuis que les hurlements ont alertés. C’est Sage elle-même qui est venue jusqu’à elle, sonnant à la porte de son appartement, l’air penaude, gênée d’oser venir affronter celle qu’elle sait parfois trop maussade, un rien de dépressif sous l’halo de ses yeux perçants. C’est une Astaad aux cheveux ébouriffés qui lui a ouvert sa porte, de vieux sillons sous son regard perlant d’un quelque chose d’abattu, une voix monotone et cassée, un corps avachi sur lui-même. Un rien de dramatique pour une femme lasse de se faire laminer la face par une existence qui ne lui convient plus depuis des années. Sage a hésité, longtemps, face à elle, balbutiant quelques mots sans queue ni tête qui ne sauraient former une phrase complète, la voyant froncer les sourcils de plus en plus. Alors elle balbutiait encore plus, alors elle s’emmêlait davantage. « Y’aura à boire ? » Sage s’est arrêtée, saisie par la voix craquelée de son ancienne collègue et comparse de nuits ennuyeuses au motel, hochant doucement la tête. « Alors j’viens. » Comme un deal tenu dans une poigne acérée. Le corps s’est détourné, l’invitant à entrer dans son antre et la soirée s’est délitée lentement pour prendre la teinte du crépuscule. Le croissant de lune a nimbé un ciel noir et sans étoiles, les sévices d’une pluie de quelques jours auparavant mouillant toujours les pavés de Shreveport, elles se sont aventurées toutes les deux jusqu’à une vieille boîte de nuit où rôdent les affamés, où s’échappent quelques âmes damnées par l’ennui, par l’envie d’ivresse, par le besoin de plaire, par la sensation d’être vivant seulement lorsqu’ils dansent.

Peut-être est-elle un peu de tout ça, elle qui, désormais, sillonne la fosse de ses pas, son verre entre ses mains, grisée par l’ivresse qui monte à peine, par l’envie de se défouler sur une musique qui hurle de part et d’autres de la pièce, ravageant son ouïe. Mais pour l’heure elle n’en a que faire, la sueur perlant sur son front, collant ses cheveux à son front, le pourpre de ses lèvres laissant planer un sourire de bonheur bienfaisant. La louve grivoise se laisse attraper par quelques mains, écoute les murmures à son oreille, riant d’un rien, buvant encore, ricochant de corps en corps et chantant en cœur avec la voix qui dilapide sa symphonie dans les basses autour de la cage dans laquelle elle s’est enfermée. Voilà quelques minutes qu’elle a perdu Sage de vue, un homme passant près d’elle comme une ombre pour laisser ses mains s’arrimer à ses hanches. Si elle se sent d’abord surprise par une prise qu’elle trouve trop affirmée, elle préfère ne rien dire, préfère oublier les souvenirs de son mal-être à l’orée de son verre, une bousculade manquant de tacher sa robe d’une vodka laissant pleuvoir quelques gouttes sur le sol déjà crasseux sous leurs semelles. L’escarpin en racle la surface alors qu’il la rapproche de lui, un frisson d’appréhension grimpant lentement dans son ventre qui se creuse non pas d’envie mais d’un désir de se retourner pour lui demander de partir. Qu’il s’évade ailleurs et auprès d’une autre. La croupe contre des hanches mouvantes, elle n’entend que trop mal ce qu’il tente de lui dire, sourcillant tandis qu’elle tente de se dégager, une fois. Il raffermit sa prise, la faisant sèchement revenir vers lui. Et la colère grimpe, monte, gronde, l’envie stupide de le vilipender de ses mots venant graviter autour de sa langue. « C’est bon, lâche moi. » crie-t-elle dans le capharnaüm ambiant mais il fait la sourde oreille, fait mine de ne rien comprendre, ses doigts s’agrippant à ses hanches, un désir vicieux et engorgé frottant contre un corps qui le rejette brutalement, la faisant reculer de quelques pas pour découvrir le visage ingrat d’un félin affamé. « Stop. » craché de sa voix acerbe et venimeuse.

Soudainement, il se fige, élevant doucement ses mains comme pour prouver sa pure innocence « Ça va, ça va, j’me casse, beauté. » Le surnom la fait tiquer et il se laisse avaler par la foule des gens n’ayant que peu perdus leurs regards sur eux, riant, heureux, fous à lier d’ivresse et le souffle lui manque peu à peu, la menant à l’agonie d’une angoisse qui la pousse à ressortir de la houle de visages pour se faire écume se détachant de la mousse, un pied perforant le sol noir visqueux menant vers le bar. Robe purpurine manque de laisser descendre une bretelle unique sur son épaule qu’elle rattrape de ses doigts nerveux, le sourire mort, l’envie de partir la chatouillant avant qu’elle ne se morigène intérieurement, marchant vers les toilettes pour mirer un instant son reflet. Sous la lueur blafarde, elle se découvre, faciès perlant de quelques gouttes de sueur qu’elle efface en enroulant quelques papiers autour de sa main, essuyant même le khôl ayant un peu coulé de sous ses yeux. Elle a la chance d’être seule pour le moment, observant les traces des années sur son visage mais elle sait que le temps semble s’être figé, que quelque chose cloche en elle, que quelque chose la ronge. Elle La sent, toujours, errant dans les moindres interstices de son être saccagé par la torture qu’elle lui inflige, bourreau parfait pour une victime ne s’étant jamais portée volontaire. La douleur virevolte encore de la dernière transformation en écho de ce que fut son malheur, comme les répliques d’un séisme ravageant encore sa terre des jours et des jours après.

Le cou tendu, les épaules trop raides, elle manque de sursauter en entendant quelques palabres venir de l’extérieur, un trio de filles certainement ivres entrant en la lorgnant à peine. Alors la voilà qui s’en va, préférant quitter la pièce empestant l’urine et les relents de quelque chose de rance. La tête abaissée, elle manque de percuter un corps, une main s’enroulant autour de son bras pour éviter qu’elle ne retombe, rebondissant contre le mur à la peinture noire derrière elle. « Pardon. » murmuré mais la voix s’éteint quand elle découvre le visage de celui qui a osé la prendre pour un pantin à garder près de lui sur la piste, cillant face à ce regard noir qui l’observe d’en haut. « Tu t’es perdue ? » L’accent américain chante bien et elle cille, peinant, dans la brume d’un début d’enivrement, à tout comprendre. « Quoi ? Ah… Non. C’est bon, merci. » La question lui semble encore plus stupide puisque les toilettes sont juste à côté d’eux, renvoyants les effluves de chiottes mal lavées et profanées par le passage des humains à l’hygiène douteuse. Prête à repartir, elle ne s’attend pas à la main, encore elle, qui percute son épaule la faisant buter contre le mur à nouveau. Là le regard se fait incisif, poignardant son regard du sien, canidé grognant à la gueule d’un louveteau se croyant alpha. « Va chier putain ! Qu’est-ce que tu m’veux ? » « Ca vaaa… Calmos. C’est pas parce qu’t’as une belle gueule qu’tu peux t’la péter. » Les mots sont soudainement mâchés, comme s’il s’était donné un genre jusqu’ici, tombant le masque de l’affable pour laisser sortir sa trogne de chien aux babines baveuses. La langue flirte avec une incisive tandis qu’elle lâche un rire interdit, soufflée par l’indécence de ses mots. « T’es qu’un putain de gros connard. » Le visage de l’homme se froisse alors de contrariété, sa main sur elle plongeant vicieusement ses doigts dans la tendresse de son épaule à l’en faire grimacer « T’as dit quoi, pétasse ? » L’injure la fait à peine ciller, habituée à ce qu’on l’invective, habitué à ne même pas avoir de nom car de là où elle vient nul ne le prononcer vraiment. Hathor, fille d’Hathor, maîtresse et d’autres pseudos qui n’étaient que rarement Astaad.

Le visage s’approche du sien, l’haleine empestant la nicotine et un rien de plus ignoble, pestilence dans un soupir qu’il relâche contre elle « C’est à cause d’meufs comme toi que y’a encore des viols dans c’monde. Vous vous prenez pour des reines avec vos gros culs moulés dans vos robes à ras la chatte et vous vous étonnez après. » Les mots sont rudes et elle cille, figée face à tant de véhémence, n’en comprenant pas la nature. Elle n’a rien fait. Elle n’a rien fait d’autre que le repousser. Avec un temps de retard, elle tente de se dégager, refusant d’user de sa force contre lui. Plus jamais elle ne laissera la Bête s’animer contre quiconque, même un immonde connard comme lui. « C’est bon, oublie, lâche moi maintenant. » « Non. On n’a pas fini. Tu fais ta maline, j’vais t’calmer moi, t’inquiète. » Et une autre main rejoint une autre épaule la plaquant férocement contre le mur. Là, la panique s’instille en elle, ses mains tentant de repousser le corps qui se penche vers elle, les lèvres qui essaient de se déposer sur les siennes. « Arrête ! » Son cri se perd au même instant où la basse d’une musique explose au loin, se noyant dans la mélodie qui tourne spirale autour d’eux, chantant la joie quand le malheur est prêt à s’abattre sur elle. Et elle se met à espérer n’avoir à briser aucun os, n’avoir à se faire remarquer encore ce soir, son visage fuyant la bouche baveuse qui se dépose contre sa joue, une langue léchant une pommette alors qu’un souffle aiguë de panique lui échappe, le corps se tordant pour se libérer de l’emprise d’un diable venu pour écraser le bonheur qu’alors elle ressentait plus tôt. Car il lui semble que la malédiction de Favashi s’est tissée dans le psaume d’un « Tu n’auras plus jamais droit au bonheur. » Celui-ci demeure toujours éphémère, s’éclatant comme du verre sous les semelles d’une rupture, d’une amie la trahissant, d’un Uther la condamnant à ouvrir les cuisses auprès de ce qu’elle hait le plus au monde, de parents certainement morts et ne l’ayant jamais aimé, d’un homme aux obscures pensées prêt à la molester. Le malheur est partout et il viendra te chercher, toujours, aurait murmurée la prêtresse rouge, condamnant une femme à ne plus jamais connaître le goût sucré de la joie sans que l’amertume ne vienne s’y mêler.

Que Sage vienne.
Que le trio de filles empâtées d’alcool viennent.
Que quelqu’un vienne avant qu’elle ne brise autre chose.


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Lun 23 Mai - 18:07 (#)

EVERYDAY WE'RE DRINKING

« T'es la plus belle de toutes les zouz de la planète. »
Sur l'écran de son téléphone, la beauté de glace lève les yeux au ciel.
« J'parie que tu baratines ça à toutes les meufs que tu rencontres. »
« Ouais, mais y'a qu'avec toi que je le pense vraiment. »
La qualité de la visio s'émiette quelque peu, mais l'Estonien a tout de même l'occasion de percevoir le ricanement et les yeux rieurs à travers les mèches blond cendré qui lui recouvrent le visage.
« T'es vraiment con. »
Elle s'esclaffe encore quelques secondes avant de le regarder, de se nourrir de son image en deux dimensions, piètre compensation d'une présence qu'elle souhaiterait réelle. A ses côtés.
« C'est d'avoir poussé dans le même terreau qui me donne droit à tant de familiarité ? »
« … T'es en train de comparer l'utérus de Maman à un potager ? »
« Quoi, t'es choqué ? Toi ? »
Sur le sol américain, Serguey Diatlov hausse les sourcils, éternellement surpris par l'audace et le franc-parler de son interlocutrice.
Anastasia Diatlova, de l'autre côté de l'Atlantique, offre un sourire narquois à la caméra de son smartphone.

Le décor tangue soudain, et l'Estonien suit tant bien que mal les mouvements chaloupés, l'éloignant du bureau pour l'emmener vers le salon, puis jusqu'à la porte d'entrée de l'appartement en plein cœur de Tallinn.
« Bordel tu marches vraiment comme un mec, j'ai l'impression de rentrer de soirée pinté comme jamais, ou d'être sur un voilier en pleine tempête. »
« Mais ta gueule pour voir ? »
Faisant fi de ses commentaires sur sa démarche peu gracieuse, elle conduit le visage de son frère jusqu'à l'une de ses fenêtres pour le faire profiter de l'aurore, par-dessus les toits de la capitale. Après un sifflement admiratif, l'Estonien questionne sa cadette, toujours dans leur langue natale.
« Qu'est-ce que tu fais debout si tôt, t'es tombée du plumard ? »
Anastasia Diatlova n'avait jamais supporté de se lever de bon matin, encore moins pendant le week-end.
« J'attends le serrurier. Il m'a dit qu'il passait aujourd'hui, et m'a donné une tranche horaire si large que c'est plutôt une fourche à ce stade !  »
« J'vois bien l'genre. T'as paumé tes clés ? »
La mine de la jeune femme s'assombrit, malgré les couleurs de l'aube qui lui illuminent le visage. Mais elle n'a pas besoin de lui répondre. A travers le silence, son aîné comprend le secret qu'elle aurait probablement préféré lui dissimuler.
« … Il est revenu, c'est ça ? »
La mâchoire serrée, elle hoche imperceptiblement la tête, préférant détourner le regard.
« J't'avais dit de me prévenir si ce connard rappliquait. »
Cette fois, c'est un soupir excédé et des pupilles rancunières qui transpercent le géant, malgré les milliers de kilomètres qui les séparent.
« Haha. Et qu'est-ce que t'aurais fait, Serguey ? T'aurais abandonné ta vie chez les ricains pour voler à mon secours ? Ça fait des années que t'as pas pointé ta tronche ici, alors te fous pas de moi. »
Piqué au vif, l'ancien soldat s'apprête à répliquer lorsque le coup de sonnette retentit chez sa sœur, coupant court à la conversation.
« Il est là. On s'rappelle, d'accord ? »
A peine le temps d'esquisser un au revoir que le visage fraternel disparaît de l'application de visioconférence, et le noir envahit l'écran comme les pensées du Slave.
Hébété, il réalise qu'il faudra beaucoup d'alcool pour encaisser la nouvelle comme la froideur de sa sœur.

⛤⛧⛥

Accoudé au bar, il descend vodka sur vodka, un œil désintéressé scotché à la foule qui s'agite et se mélange sur le dancefloor. Sa mâchoire carrée et son air renfrogné suffisent à dissuader les plus éméchés de l'approcher et d'entamer une conversation avec lui. Seul le barmaid s'y était risqué, un grand baraqué, barbu et couvert de tatouages, et avait compris en une seule remarque acide qu'il ferait mieux de retourner à ses boissons et de "se contenter qu'on n'aperçoive jamais le fond du verre".
Devait-il retourner à Tallinn, et coller une bonne rouste à l'ex-compagnon de sa sœur, afin de régler définitivement le problème qui la poursuivait depuis des années ?
Etait-il ingrat de ne jamais rendre visite à sa famille, alors qu'il n'avait aucun grief à leur encontre ? Cela faisait-il de lui un égoïste ? Leurs parents les avaient élevés dans une idée d'indépendance, mais sa sœur lui avait toujours reproché son éloignement, incapable d'initier sa propre traversée du monde, contrairement à son aîné.

Les pensées obscures, de plus en plus décousues, se noient peu à peu dans l'alcool sous lequel son esprit ne tarde pas à tanguer, sans pour autant perdre pied définitivement. Il se contente de boire suffisamment pour s'étourdir, mais pas assez pour complètement divaguer. Simplement pour tarir le flot ininterrompu de reproches adressés à lui-même, au profit des sensations physiques qu'il était venu chercher dans ce lieu de perdition. Si seulement Aliénor était là. Mais, trop fier pour se confier, il avait préféré fuir le motel et échouer dans cette boîte de nuit qu'il n'avait jamais fréquentée, peut-être pour espérer naïvement ne croiser aucun visage connu. Une nuit de solitude imposée à lui-même, comme pour ressasser et accepter la difficile vérité dont sa sœur l'avait accablé.

La musique tonitruante assourdit ses tympans, le ballet chaotique des corps brouille sa vue, et tout ce vacarme finit par le bercer, tant et si bien qu'il en oublie quasiment sa contrariété initiale. Presque définitivement tenté de rejoindre les danseurs alcoolisés sur la piste, il finit par se lever afin d'effectuer un détour inévitable, avant de s'adonner au plaisir de l'abandon charnel parmi tous ces anonymes.
« Une dernière pour la route, lorsque je serai revenu. »
Un billet est déposé sur le comptoir crasseux avant qu'il n'abandonne son poste d'observation, et sa large silhouette se redresse de toute sa hauteur pour se frayer tant bien que mal un passage entre les silhouettes vacillantes.
« Pardon, mesdemoiselles. Charmantes… »
Le trio féminin glousse en chœur au passage de l'Estonien, qui ne peut s'empêcher de rouler légèrement des mécaniques lorsqu'il les dépasse. Nul doute que leur compagnie serait plus agréable que les nauséabondes pissotières vers lesquelles il se dirige. La puanteur le dissuaderait presque de marquer l'arrêt. Il déteste ce genre d'endroits. Mais c'est finalement autre chose qui le fait tourner la tête malgré lui. Un mouvement, infime. Suffisant pour alerter l'ancien tireur d'élite, habitué à repérer le moindre détail et à l'enfermer dans son champ de vision.

La langue masculine râpe la joue féminine. Le corps féminin maintenu en étau entre le mur et la dangerosité masculine.
Anastasia en proie à Hendrik dans l'imaginaire de l'Estonien, d'une violence qu'il ne pouvait que supposer, la vérité solidement emmurée derrière les secrets de sa sœur.
Il voit rouge.

Sa démarche est lourde lorsqu'il approche, mais la musique assourdissante étouffe ses pas et camoufle sa présence. Les sens de l'agresseur ne percevront que cette main puissante qui s'abat sur son épaule et l'arrache à celle qu'il tentait odieusement de s'approprier. Agacé, il fait volte-face et découvre le visage slave qui ose interférer et gâcher ce moment qu'il mérite.
« Tire-toi connard, je l'ai vue en premier. »
Il tente de se dégager, mais la poigne s'affermit et lui arrache un froncement de sourcils.
« Quoi, y'a pas assez de gorges de putes dans cette boîte pour y fourrer ta queue ? Dégage j'te dis ! »
« J'ai pas l'impression que ta compagnie d'un soir ait été sensible à ta parade amoureuse, j'me trompe ? »
Son regard oscille d'une silhouette à l'autre, tandis qu'il maintient toujours le gaillard éloigné de l'objet de ses convoitises. Sous les décibels hurlants, le ton monte entre les deux hommes.
« Tu m'fais quoi là Batman ? T'as pas une autre pétasse à aller sauver pour qu'elle t'ouvre les cuisses ? J't'ai dit de te tirer ! J'vais te casser la g… »
Le dernier mot se meurt sous le rift final d'un morceau d'électro et, excédé par l'interruption, l'inconnu tente de décocher un uppercut dans la mâchoire de l'Estonien.

C'était tout ce que le Colosse attendait pour ouvrir les vannes, et laisser déferler sa force et sa violence.
Le poing de l'ivrogne se heurte au béton de la paroi, une trajectoire approximative que le Slave n'avait eu aucun mal à esquiver, les sens conditionnés par d'anciens hauts entraînements militaires. Son geste fait preuve de bien plus de précision lorsqu'il assène un coup dans le plexus de l'homme, aussitôt plié en deux sous la puissance de son adversaire. La mâchoire de l'individu approche dangereusement du sol, aussitôt redressée et fracassée par le genou de l'Estonien. Le crie se noie sous les basses tonitruantes des enceintes de la boîte de nuit, et le sang éclabousse le mur crasseux d'une giclée carmine. Le géant profite de l'étourdissement de l'autre combattant pour le retourner, lui imposer une clé de bras et le forcer à se pencher vers celle qu'il avait osé harceler. Face à elle, les genoux craquent et ploient dans un gémissement de douleur.
« Maintenant, tu t'excuses à la dame. »
« Hmpftrttt… »
« J'ai rien pigé, et elle non plus. »
Une molaire est crachée aux pieds de l'inconnue tandis que le vaincu prononce difficilement, l'intérieur des joues maculé de sang.
« P-p-p-pardon… »
« Bien. Tire-toi maintenant. »
Au cas où l'inconnue désirerait lui envoyer la pointe de sa chaussure dans les valseuses, il maintient encore un instant l'homme entravé face à elle, avant de le projeter contre le sol sans ménagement, le faciès intimidant et prêt à en découdre toujours tourné dans sa direction. Ce n'est que lorsque l'homme commence à ramper dans la direction opposée pour se redresser que l'Estonien s'enquiert de l'état de la jeune femme.
« Ca va ? »
Son visage lui est étrangement familier, mais pour l'heure, c'est le cadet de ses soucis.

(c) AMIANTE

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Dim 5 Juin - 23:54 (#)

indigo night

La hargne manque de se dissiper dans un poing qu’elle serait prête à élever, quitte à lui démontrer sa force plus herculéenne que la normale, quitte à lui éclater la gueule à en éclabousser les murs de son cervelet de rat ignare. Le putride ose encore la vilipender de ses mots ignobles, crachotant sa colère noire contre son visage en postillons qu’elle essuie du dos d’une main qui se veut acérée, prête à mordre la face de l’énergumène tentant de voir en elle une prochaine victime, laissant derrière lui sa dépouille dégingandée, marionnette féminine aux fils coupés. Il ignore que la mort rôde dans ses yeux, que quelque chose la terrasse, que la Bête persiffle, criant à l’agonie de ne pouvoir mordre celui qui ose les attaquer. Ne sait-il pas qu’une seule morsure pourrait le faire tomber ? Qu’il ne serait alors plus qu’un animal humain suffoquant sous le venin qui se distillerait en lui, feulant comme un crachin sournois ? Un sourire manque de s’esquisser, pas le sien mais celui d’une entité prête à tout pour voir la Mort pourrir le monde. Que le règne du sang vienne et il sera sa première victime. Comme possédée jusqu’à la carne, elle se fait plus malléable, serpentine sous les assauts qui la secouent d’une main entourant son bras, menant ses cheveux jusqu’au devant de son visage, entremêlant quelques fils à ses cils alors qu’elle sent la rage la mener à l’irréparable, prête à le défier dans l’arène. « Tu vas… » Crever. Mais une voix l’interrompt, la faisant se détourner vers l’ombre qui les nimbent soudainement, trouvant le visage familier dans l’obscurité précaire, mirant des traits qui lui rappellent brièvement quelque chose qu’elle n’arrive pas encore à situer. Les mots qui s’échangent semblent tout droit sortie d’un vieux film romantique à la fin clichée et prévisible. Elle pourrait en rire si seulement le sérieux ne teintait pas son âme d’un noir absurde, l’envie grotesque de le tuer la hantant encore si vivement qu’elle peine à bouger sans avoir mal, la Bête rôdant dans les alcôves de ses yeux et de ses veines comme une errante impassible conquérant son fief pour y faire régner la terreur et maudire tous ceux qui oseraient s’approcher d’Elle.

Le corps se morfond contre le mur tandis qu’elle ne sursaute même pas au premier coup qui flanche contre la caboche de l’imbécile, le cor d’une musique électro venant faire danser l’ange déchu et celui qui n’est qu’un piètre humain à la cervelle vide. La pestilence s’abat, féroce, sur lui et le sang qui gicle contre la surface d’un mur ne manquerait pas de la faire sourire si elle n’était pas sonnée par tout ce qu’il se déroule sous ses yeux, par la musique, par l’alcool, par le manque de contrôle soudain sur celle qui la hante depuis des années. Fermant les yeux, elle s’essouffle, contenant avec peine la haine qui est la sienne, tout ce qui lui murmure encore de le tuer, de le massacrer, de ne laisser de lui que des os et de la chair nécrosée par le venin. Tanguant sur ses appuis, elle le voit s’abaisser face à elle, courbette appuyée par le bras puissant qui le force à s’incliner, serviteur déchu de son trône en plastique. Les premiers mots ne sont que des gargouillis dégueulasses sans aucun sens et celui dont elle ignore encore le nom force à répéter, encore. Le « Pardon » ne lui fait rien et les molaires grincent, l’envie d’envoyer valser son propre genou dans sa trogne la démangeant mais ce serait bien trop facile. Alors, elle le laisse filer, retombant dans la fosse aux lions et aux agneaux pour les laisser seuls. Suivant le chemin qu’il parcourt de ses yeux pers, possédée par la Bête affamée, elle manque de ne pas entendre les premiers mots qui lui sont destinés, se détournant vivement vers lui « Quoi ? » murmuré dans le soudain silence, comme si la musique s’était aussi calmée à son tour après la valse violente à laquelle elle vient d’assister ou n’est-ce que son imagination. « Oui, ça va. » Elle aimerait esquisser un sourire, en vain, passant une main dans ses cheveux pour les repousser sur son crâne, délivrant un front luisant de sueur, ses lèvres pourpres s’entrouvrant sur un souffle fébrile. « Je… Merci. Pour ça. » désignant l’espace entre eux d’une main nonchalante alors qu’elle peine à retrouver ses repères, peine à comprendre qu’elle ait pu se laisser faire ainsi sans réagir. Un rire lui échappe alors qu’elle poursuit « J’aurais pu m’en occuper mais… » Elle hausse une épaule, se rendant finalement compte que devant le danger, elle s’est sentie bloquée, acculée comme un animal blessé qu’on acculerait contre un mur pour l’achever. « Ouais, j’sais pas. » les paupières balbutient alors qu’elle élève ses yeux vers lui, le mirant plus attentivement « On… s’est pas déjà vus ? » Un rire plus franc lui échappe, illuminant brutalement son visage qui se laissait encore bouffer par la colère. « Ok, ça r’ssemble à une putain de phrase de drague hyper lourde mais promis, j’ai vraiment l’impression qu’on s’est déjà rencontrés. » Et soudainement, tout lui revient, claquant des doigts devant elle « Mais oui ! Vous… Vous étiez au motel, non ? » Le doigt qu’elle pointe vers lui n’a rien d’accusateur, son sourire se faisant bon enfant, ses yeux plus lumineux, la Bête se rangeant dans sa tanière. « J’vous ai aidé avec votre caisse, je m’en souviens. » Un souffle lui échappe, moins un rire qu’un soupir de soulagement de voir une tête qu’elle reconnait enfin dans cet imbroglio de traits méconnus. « Merci putain. Merci de m’avoir aidé. » Ses yeux s’attachent aux siens alors qu’elle penche la tête vers le bar non loin d’eux « J’peux offrir un verre pour remercier ? J’ai qu’ça, désolée. » Une épaule se hausse, comme pour sous-entendre qu’un autre paiement pour son service de gentleman sera impossible pour le moment. Lentement, elle se met en marche, reculant de ses pas malhabiles sur ses hauts talons pourpres, sa robe bruissant à chaque mouvements alors qu’elle l’invite silencieusement à la suivre « C’est quoi votre nom ? » Et une main finit par se tendre entre eux, traité de paix et commencement d'un quelque chose d'encore innocent, s’arrêtant un instant pour souffler « Moi, c’est Astaad. »


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Dim 30 Oct - 13:08 (#)

EVERYDAY WE'RE DRINKING

J'aurais pu m'en occuper.
Malgré les basses tonitruantes, encore plus perceptibles des semblants de coulisses insalubres où ils se trouvaient, il devine qu'il n'y a aucune fierté dans sa voix. Pas de violence revancharde, pas d'agressivité latente, dans les prunelles encore hagardes qui se relèvent finalement vers lui. Et soudain il se sent con, Serguey. Idiot d'avoir volé à son secours, intrusif de s'être mêlé de ce qu'elle aurait, effectivement, peut-être su gérer seule. Son héroïsme impulsif lui file soudain la gerbe. Qu'avait-il à sans cesse se mêler des scènes de vie, de s'immiscer entre les individus ? Et surtout, pourquoi s'obstinait-il à vouloir sauver la veuve et l'orphelin ?
Soudain mal à l'aise, il bafouille quelques plates excuses en se grattant maladroitement la nuque, le visage baissé vers elle.
« Désolé, je… »
Et puis quoi ? Que rajouter après ce silence gênant, gâché par le vacarme dégueulé par les enceintes de la boîte de nuit ? Tout ce qu'il espère, c'est qu'elle ne se sentira pas affublée d'une quelconque dette envers lui. Il n'a pas agi pour obtenir quoi que ce soit en échange. Il a simplement fait ce qu'il estimait être juste. Peut-être à tort.

A présent qu'il se risque à l'observer, il lui semble effectivement qu'elle aurait pu s'en sortir sans son aide. Même si la scène qu'il avait surpris l'avait alarmé, la jeune femme n'était pas de maigre constitution. La posture droite, le corps robuste et surtout, ce il ne savait quoi qui dansait dans ses iris. Le fantôme d'une rage qu'il croyait apercevoir. Où alors était-ce l'alcool qui le faisait fantasmer ?
A son tour, il bat lentement des paupières et s'éclaircit la gorge, de plus en plus mal à l'aise. Comme s'il n'avait pas à se trouver là. Comme s'il était intervenu au creux d'un destin qui ne le concernait pas.
« Bah, me remercie pas, j'me sens encore plus con maintenant… »
Les bras ballants sont bien vite croisés, pour avoir quelque chose à faire face à elle, une attitude à adopter, n'importe quoi pour combler ce vide qu'il ressentait soudain. Elle parle, alors il reste. Mais il craint par-dessus tout qu'elle n'engage la conversation que par redevabilité. Elle ne lui doit rien. Si elle ne l'avait pas alpagué, il se serait retiré aussi subitement qu'il était intervenu. Serait retourné à ses propres tourments, le nez dans le verre.
Finalement, ce n'était peut-être pas plus mal ainsi.

Heureusement, le visage féminin s'illumine et lui offre une sortie à cette situation inconfortable. D'abord confus, il écarquille les yeux, sincèrement persuadé que pendant un court instant, la demoiselle avait tenté une désespérée tentative de séduction. Quelques secondes d'ébahissement incrédule, avant qu'un éclat de rire soulagé ne suive les envolées féminines. Toute la pression de cet instant incongru disparaît lorsque ses épaules se secouent d'hilarité. Peut-être d'un peu de nervosité, également. Jusqu'à ce que le mot magique ne soit prononcé.
« Le motel ? Quoi, vous aussi, vous…? »
Ne sois pas con, Serguey.
Quand, enfin, le souvenir éclot à sa conscience, il éclate d'un rire plus franc et définitivement plus détendu. Le motel. Pas son motel. Pas celui qu'Aliénor prendrait dans la violence et le sang quelques mois plus tard. Non, le motel où il avait échoué malgré lui, pioncé une nuit avant de cracher en à peine quelques minutes l'intégralité des insultes slaves à l'intention de sa bagnole. Celle qui avait refusé de démarrer. La tôle s'était pris quelques jurons et même coups de poings inutiles, à s'en péter les jointures. Avant qu'elle n'intervienne. Astaad. Il s'en souvenait, désormais. C'était elle qui l'avait tiré de là, qui avait soulevé le capot et s'était affairé à régler son problème de mécanique automobile. Elle avec qui il avait plaisanté grassement tout en la regardant faire, sincèrement impressionné par son habileté manuelle. Peut-être lui avait-il lancé également une ou deux blagues graveleuses. Juste pour détendre l'atmosphère.

« Ah mais oui putain, cette foutue caisse. J'crois que j'aurais campé une semaine sur ce satané parking si t'avais pas rappliqué. »
L'identification et le souvenir commun suffisent à aborder Astaad avec familiarité. Il ne s'était jamais encombré de convenances sociales trop lourdes lorsque cela n'était pas nécessaire. A vrai dire, il n'en avait jamais réellement compris le sens. Certaines coutumes ne faisaient qu'ériger des barrières entre les individus.
« Moi, c'est Serguey. Et j'attends pas de remerciement, mais ma foi, ce sera toujours plus agréable de trinquer avec toi que de picoler tout seul. »
Moins pitoyable peut-être, aussi. Alors, pour redorer son blason, il carre un peu les épaules tandis qu'il marche à côté d'elle, retrouvant ce sourire goguenard qu'il arbore toujours avant de faire une remarque grivoise.
« En plus, si les autres zouz me voient avec toi, ça leur évitera de me harceler sexuellement. J'te jure, on peut plus venir picoler tranquillement, et être un si bel homme accoudé seul au bar, y'a rien de pire pour déchaîner la furie sexuelle et exacerber la libido de toutes ces femmes que je ne saurais combler. »
D'un air délibérément confiant, il hausse les sourcils avec conviction à son intention. A elle de déterminer s'il exagérait délibérément le trait pour lui arracher un rire, ou s'il se prenait véritablement pour l'Apollon de ces dames.

Spontanément, il migre vers le bar à la recherche de son verre précédent, bien qu'il ait peu d'espoir de lui remettre la main dessus. Du verre brisé et un liquide collant sous sa chaussure lui indiquent, quoi qu'un peu tardivement, qu'il vient en effet de retrouver sa vodka. Pas vraiment là où il l'avait espéré. Hélant le barmaid, il renouvelle sa commande avant de se tourner vers Astaad.
« Vodka polonaise pour moi, comme tout à l'heure. Et toi ? Et, au fait, te sens pas obligée de me payer quoi que ce soit, j'peux t'inviter si tu veux. Ca m'fera pardonner de t'avoir sous-estimée. »
Il lui adresse un sourire sincère tandis qu'il se hisse de nouveau sur son tabouret, le même que tout à l'heure. Même assis, il paraît surplomber l'espace et la piste de danse un peu plus loin, à laquelle il ne jette qu'un vague coup d’œil désintéressé. Plus tard, peut-être. Pour l'heure, il était simplement satisfait de partager un moment avec un semblant de visage connu.
« J'suis sûr que tu l'aurais démonté, ce connard. Même sa mère l'aurait pas reconnu. Tu l'aurais attiré dans l'arrière-cour, et bam, un coup dans les roubignoles, puis pétage de dents en bonne et due forme. Pas vrai ? »
Il se marre rien qu'à visualiser la scène. Cela lui plaisait de l'imaginer bagarreuse. Même s'il ne la connaissait pas, il lui inventait sans peine ce trait de caractère.
« Alors, tu bosses toujours dans ce motel pourri ? T'sais que j'avais retrouvé un cafard mort DANS une capote, dans la poubelle de salle de bain ? Sympas les Samedis soirs. J'serais bien reparti fissa mais bon, comme tu le sais, ma caisse… »
Dans son souvenir, elle était plutôt chargée de l'accueil que de la propreté des chambres. Mais, davantage que sa figure blasée à attendre le client en première ligne, il se souvient de ses mains qu'elle avait plongé sans hésiter sous la chair de sa voiture. De sa poigne ferme lorsqu'elle lui avait tendu les doigts pour le saluer.
« Avec les pognes que t'as, j'te vois carrément faire un métier manuel, plutôt que de bosser pour ces abrutis. »

(c) AMIANTE

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