ADMIN ۰ Spirit l'étalon des plaines:crack boom hue!
❂ONLY GOD FORGIVES❂
"It was your doom."
En un mot : Patron du Syndicat du String.
Qui es-tu ? :
"No solo de pan vive el hombre."
❂ Proxénète, tenant en longe les filles mues par la loyauté pour les unes, le besoin de protection pour les autres. Chef d'un cartel restreint mais uni.
❂ Descendant d'un père et homme fou, voué au mauvais sort des griffes d'une sorcière furieuse ; malédiction transmise dans le ventre de la mère : garou-étalon à la robe sombre.
❂ Né au Mexique, dans la terrible Ciudad Juarez. A grandi parmi ces terres arides, au sable rendu gluant par le sang des sacrifiées massacrées à la frontière. Orphelin abandonné par le père ; Christa Reyes est venue grossir la liste des disparues.
❂ Jeune pousse cultivée par la bonté des hommes et femmes d'un presbytère qui ne le fait pas rêver, bien que sa Foi persiste. Ses songes se tournent vers les terres d'Amérique. La fougue de l'adolescence le pousse à se saigner aux quatre veines pour un voyage sans retour.
❂ Feu bout de chair à canon ; prostitué par les ritals du gang de San Diego : le prix à payer pour la traversée infernale. Retrouvé par Miguel de Castro, chef du cartel de Phoenix et oncle bienfaiteur.
❂ Habitué à vivre parmi les hommes vulgaires, bavards et brailleurs ; parmi les filles impudiques, jalouses et bruyantes. Se sent à l'aise partout et nulle part, capable de se fondre dans la masse comme de s'imposer dans une foule.
❂ La fuite précipitée d'Arizona et la mort du Parrain l'ont conduit à diriger là où il n'aspirait qu'à obéir. Ses ambitions demeurent encore modestes ; recruter cerbères et fleurs des pavés. Reconstruire.
❂ Hanté par le secret qu'il ne partageait avec personne d'autre que Miguel. Se débat jusqu'à l'épuisement à chaque pleine lune sans qu'aucun espoir ne vienne briser cette roue de torture.
❂ Parasite une partie de Stoner Hill et ses ruelles pourries par le stupre et la misère (Phoenix street). QG presque chaleureux, dans un immeuble cédé une bouchée de pain par la ville. Bureau, cantine, lupanar et seconde demeure, quand il ne réside pas à Pinecrest.
❂ Aime la nuit, les balades en moto, partager du temps avec les filles et les hommes autrement que pour aboyer des ordres et prendre les choses en main. Timidité masquée de détermination et d'humour.
❂ Supérieur d'Erynn Driscoll, Sumire Matsuhime, Maria Parado et Zach Solfarelli.
❂ LOS MUERTOS VIVOS ESTAN ❂
"Ay amor me duele tanto."
Facultés : ❂ Il fend l'air depuis tout gosse. Pour les courses les plus innocentes entre les cultures de Ciudad, comme pour attraper un train en marche, filant vers des cieux espérés moins cruels.
❂ Force légèrement accrue de par sa nature de garou, planquée derrière une silhouette haute et longiligne.
❂ Formé à la mécanique par les gars de son oncle ; capable de démonter et remonter un moteur les yeux fermés. Préférence pour les deux-roues, mais amateur de belles bagnoles.
❂ Toujours armé. Répugne à tuer, mais n'hésite pas à se servir d'un flingue. Réputé pour l'élégance étrange de ses meurtres, pendant la "guerre" de Phoenix.
Thème : Land of All ❂ Woodkid
❂ SMOOTH CRIMINAL ❂
"Could I ever call this place home?"
Pseudo : Nero
Célébrité : Jon Kortajarena.
Double compte : Eoghan Underwood, Aliénor Bellovaque, Ian C. Calloway & Gautièr Montignac.
Une main rendue parcheminée par les traitements médicaux se souleva, par-dessus le papier. La plume en suspens. La respiration sifflante, les phalanges devenues gourdes laissèrent échapper le stylo qui tomba dans un bruit mat, sur le bureau bien rangé. Deux ou trois gouttes d’encre éclaboussèrent la lettre jusque-là écrite avec soin. « Madre de Dios… » Le vieil homme tira un mouchoir bien plié depuis sa manche, et entreprit de tamponner avec délicatesse dans l’intention d’absorber l’excédent des bulles bleutées.
Cet « accident » n’était pas le fruit du hasard. Il trahissait, de la part de celui qui n’avait jamais tremblé autrefois, l’inquiétude sourde d’un chef sur le déclin, et qui commençait à comprendre que l’avenir se dessinait sous des abords bien sombres pour les jeunes gens qui habitaient sa maison. Il hésitait. Pour la première fois de sa vie, il n’était plus si sûr de la bonne décision à prendre, et ce constat le faisait souffrir au moins aussi sûrement que le poison que lui injectait son oncologue toutes les deux à trois semaines. Il ne cessait de maigrir depuis plusieurs mois, au point qu’il avait cessé de porter son alliance, par peur de la perdre. Sa défunte épouse ne lui en tiendrait de toute manière pas rigueur. Il n’était plus capable d’assister à la messe du dimanche qu’à force d’une grande volonté, consommait des repas de plus en plus frugaux, et même les plats les plus réussis de sa chère Maria ne parvenaient pas à ranimer l’appétit sur sa langue blanchâtre. La nourriture était devenue un calvaire : impossible à digérer, quand ce n’était pas le froid qui lui blessait les dents, ou les épices qui lui brûlaient la gorge. Les aphtes qui avaient envahi sa bouche faisaient de chaque instant un calvaire, et la sécheresse de ses commissures faisait craquer le derme fragile, créant plusieurs microcoupures que le sel avait tôt fait de martyriser à son tour.
Le cancer était en train de gagner. Exactement comme les gangs rivaux, qui observaient l’influence de Miguel De Castro diminuer au moins aussi rapidement que son énergie vitale. C’était justement à Maria, qu’il écrivait. Sentant venir sa fin, il avait décrété, comme tout bon parrain qui se respecte, de « mettre ses affaires en ordre ». Une expression qui avait tendance à le faire sourire jaune, presque autant sa carnation, lorsque son foie faisait des siennes. Maria. Il aurait de la peine à la quitter. Jusqu’au bout, elle avait égayé sa vie de ses sourires, de ses rires éclatants et de l’incroyable bonne composition qui avait souvent permis à tous, dans la hacienda, de se serrer les coudes même dans les temps les plus sombres. Maria continuerait de danser et de rire. C’était bien là tout ce qu’il lui demandait, sous la forme d’un testament informel, qu’il préférait plutôt considérer comme une lettre d’adieux. Il lui léguait un peu d’argent, à l’image de ses autres filles les plus anciennes, quelques conseils pour sa reconversion future, mais aussi comme un père ou un grand-père l’aurait fait pour une descendante, avec toute la bienveillance du monde.
Il hésita jusqu’au bout. Il hésitait à lui léguer autre chose. Quelque chose de terrible, et de bien plus concret et compact qu’une poignée de billets verts sur un compte immatériel. Il se vit presque vingt fois dessiner la courbe d’un « S », transmettre la plus grande révélation qu’elle aurait jamais à recevoir, maintenant que celle des créatures surnaturelles avait commencé à se répandre partout sur le globe. Mais était-ce suffisant ? En avait-il le droit ? À l’amour qu’il éprouvait envers son neveu, se disputait l’envie de le protéger, le connaissant sur le bout des doigts et parfaitement lucide quant au fait que Sanford ne se confierait jamais à un autre que lui sur ce sujet brûlant ; même auprès de Maria. Il pouvait le libérer de son entêtement. Maria comprendrait. Maria l’aimait plus que tout au monde et, si le destin en avait voulu autrement, tous deux auraient pu former un couple durable que même lui aurait pu finir par cautionner, contrairement à sa relation actuelle avec Marisol. Il ne servait à rien de rebattre les cartes, de relancer les dés.
Miguel n’acheva jamais sa lettre, et l’hésitation eut raison de lui. Il adressa à la jeune femme sa dernière requête : celle de toujours rester fidèle à ses valeurs et à celui qu’il avait désigné depuis longtemps comme son successeur légitime. Il n’écrivit jamais de post-scriptum, ne confessa jamais l’histoire de son frère parjure ni du fils maudit de ce dernier. Aucun autre témoin n’aurait pu faire exister les souvenirs de conversations intimes, violentes ou torturées. Aucun témoin n’aurait pu deviner que ces hommes s’étaient cachés sous une apparence de damnés. Le désert avait emporté le reste.
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Juin 2021.
Gabriel (+1 318-705-0205)Le 24/juin/2021 à 9.12PMSan où est-ce que t'es ? On a besoin de toi ASAP
À genoux devant la baignoire, la tête disparaissant au-delà des rebords de l’email, le garou tentait de ralentir les spasmes qui provoquaient ses haut-le-cœur. C’était toujours la même chose. La pleine lune arrivait. Il avait beau connaître ses symptômes depuis des plombes, leur intensité variait, telle une marée imprévisible. Parfois, quelques moments de répit lui permettaient de souffler, de reprendre le contrôle sur les contractions horribles que subissait sa cage thoracique. Ses poumons paraissaient lutter dans leur prison d’os et de chair, exactement comme le moindre de ses muscles, de ses articulations prêtes à céder dans l’intention de se déliter pour mieux se recomposer. Épuisé, il cracha un faible jet de salive et se redressa péniblement. Dehors, loin de Pinecrest et de ses abords élégants, le business se poursuivait. Cash in, cash out, comme on disait dans le milieu. Lui toussait ses tripes, se sentant sur le point de crever en peinant à respirer correctement, pendant que ses filles allaient et venaient à Phoenix Street, remplissant leurs bourses et vidant celles des bougres qui leur passaient sur le corps. Il aurait dû se trouver là-bas, avec elles. Cependant, le hasard du calendrier ne lui laissait aucune chance. Il ne quitterait jamais les alentours du Cross Lake sous forme humaine. Et, pour sa propre sécurité, même sous son autre enveloppe qui n’aspirait qu’à une chose : sortir de là, s’extirper de cette peau inconfortable afin de s’ébattre jusqu’à l’aube. Son téléphone n’en finissait pas de sonner. Plusieurs des filles l’avaient contacté directement, mais également deux des quatre cerbères en poste, cette nuit. Gabriel, bien sûr, n’avait appelé que deux fois. Il savait qu’il ne servait jamais à grand-chose d’insister davantage. Dommage que les autres n’aient pas songé à faire preuve de la même délicatesse. Sauf si la situation était aussi inquiétante qu’elle en avait l’air. Il poussa un gémissement impuissant, et banda ses biceps pour se soulever, ne faisant pas confiance à ses jambes, elles aussi contaminées par la fièvre qui lui rongeait la carne. Il claquait légèrement des dents, et il n’avait pas besoin de porter la main à son front pour deviner la sueur qui s’était mise à y perler. Il n’y avait rien à faire de plus. La métamorphose allait débuter, et il avait tout intérêt à lever le camp d’ici. Il eut le temps de se retourner, et d’apercevoir son reflet dans le miroir de la salle de bain. Il ne se reconnut pas, comme toujours dans ces cas-là. Sa peau, d’ordinaire teintée d’un mat agréable à l’œil, était devenue aussi blafarde que celle d’un noyé fraîchement repêché. Lorsqu’il se voyait dans cet état, son cœur s’en serrait, meurtri d’une rage aveugle, n’ayant rien ni personne contre laquelle rebondir. Personne ne savait. Personne ne devait savoir. Les deux seules personnes à avoir pu partager ce terrible secret avec lui avaient emporté leur savoir dans la tombe, le laissant esseulé, et parfois comme ce soir : un tantinet désespéré. Il ne s’en sortirait pas. Il n’oserait pas tendre la main vers une aide potentielle, ignorant vers qui se tourner, et trop méfiant des sorciers et des mages pour donner sa confiance au premier arcaniste venu. Il n’était pas une bête de laboratoire. Il vivait depuis trente-trois ans avec cette gangrène éternelle qui lui collait à la peau, et il avait appris à ne pas se laisser avoir par le découragement, fréquent pour les créatures dans son genre. Le suicide n’avait jamais été une option – hormis à San Diego – et trop de gens comptaient sur lui désormais pour qu’il cède à ce genre de faiblesse. Ni Maria, ni Gabriel, ni Dieu ne pourraient lui pardonner ça.
Il récupéra son téléphone qui n’en finissait pas de vibrer, et sortit de la pièce, l’air confus, et le regard vitreux. Machinalement, il s’assura que sa chambre était en ordre, comme chaque fois qu’il s’absentait pour ces nuits-là. Puis, il descendit les escaliers avec moins de légèreté qu’à l’ordinaire, et sortit de la maison. Il n’emporta pas ses clefs avec lui, ni aucune autre affaire que ce fichu téléphone qui tremblait contre sa cuisse. La demeure se verrouilla dans le dos de celui qui n’aurait de toute manière qu’à attendre l’aube pour y rentrer et cueillir le retour de celles qui reviendraient y dormir. Dont Maria. Maria qui n’en finissait pas d’insister. Il avait souvent eu de la chance, à situation égale par le passé. Jamais elle n’avait vraiment eu l’occasion de soupçonner quoi que ce soit de suspect, hormis à quelques rares reprises ; excuses et alibis vite dégotés. Toutefois, il sentit que les choses ne seraient pas aussi aisées, ce soir. La culpabilité au ventre, il extirpa son smartphone en même temps qu’une pulsation douloureuse paraissait inviter son échine à se déchirer, ce qu’elle ne tarderait de toute façon pas à faire, songea-t-il avec amertume. Il s’éloigna rapidement des quartiers résidentiels, marchant à grandes enjambées en empruntant des chemins plus discrets, afin de gagner une zone moins fréquentée par les rares touristes et locaux s’aventurant parfois la nuit dans le voisinage. À l’écran, les notifications s’empilaient, anxiogènes et inquiétantes. Le pire, c’était de ne pas savoir. Était-ce une urgence modérable ? Attendait-on de lui un simple ordre, une confirmation, de quoi se faire rassurer un peu ? Ou bien vivait-on une situation aussi terrible que leur fuite depuis l’Arizona ? Avec cette bande d’hystériques, tout était possible. Mais le détail qui le faisait douter par-dessus tout, c’était bien la fameuse insistance de Maria. Erynn gardait un silence radio qui ne l’aidait pas non plus à conserver la tête froide. Alors, lorsque la Parado le fit sonner une énième fois, il décida de décrocher, et de ne réserver qu’à elle ses derniers instants d’humanité.
« Oui. J’te préviens, je peux pas descendre à Stoner cette nuit, et j’ai pas le temps alors fais vite. C’est quoi ce bordel, Maria ? »