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Redouter l'invisible • January

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Sam 10 Juin - 3:01 (#)

Ses yeux s’ouvrent.

Son instinct noctambule l’arrache à la Torpeur et redonne vie à son cadavre de deux cent cinq automnes. Avec des gestes mécaniques, rôdés par l’habitude, Myrtle décadenasse sa malle et quitte le refuge de son sommeil diurne. Dès qu’elle pousse la porte blindée de sa cave, elle capte le bruit de l’eau de la douche, et la voix – fausse – de Zelda qui chante à tue-tête. ♫ A.B.C.D.E.F U, and your mom, and your sister and your job, and your broke ass car… ♫ L’Immortelle n’a aucune idée de qui a créé cette chanson populaire d’une grande finesse, mais elle la connait presque par cœur à cause de sa pupille. Ce soir, point le temps de chasser : elle doit travailler pour le journal. Elle se rabat donc sur un repas au Tru blood, avalé à la hâte et sans plaisir.

*

Elle est prête. Le nectar artificiel qui coule dans ses veines a redonné un peu de couleur à son visage blafard, le maquillage a fait le reste. Myrtle tresse ses longs cheveux corbeau et enfile une de ces tenues citadines passe-partout : un tee-shirt quelconque rentrée dans un jean moulant et un blazer sombre. Dans le salon, Zelda l’attend avec sa dégaine d’adolescente désinvolte.

- J’peux choisir la musique dans la voiture ?
- Non.
- Allez, s’teupléé ! Faut trop qu’j’te fasse écouter un nouveau truc ! T’sais, genre d’la musique qui sort de nos jours, en 2021.
- Je ne suis pas intéressée. A la rigueur, on peut s’entendre sur des musiques de films, concède-t-elle en esquissant un sourire.

Sourire qui meurt dans la seconde. La caïnite vient d’ouvrir sa porte et sur son paillasson, un pieu en bois a été déposé. Son sang ne fait qu’un tour. Mue par un instict de survie hérité de ses années dans le Massif Central d’une France hostile aux créatures de la nuit, elle s’écarte de l’entrée et se plaque contre le mur.

- Euh… y s’passe quoi ?
- Tais-toi et bouge, ne reste pas dans le passage.

Myrtle penche lentement la tête et scrute les ombres de la soirée qui commence. Rien. Personne. Seulement la circulation ordinaire de ce quartier tranquille. Pourtant, elle ne peut s’ôter de la tête le mauvais pressentiment que traduit ce présage menaçant. A tout moment, ceux qui ont fait ça auraient pu entrer par effraction. Ils auraient pu assassiner son Infante dans son sommeil, la traîner sous la lumière criminelle du soleil.

- C’est bon.
- C’est quoi ? Un pieu ? Comme dans les vieux trucs de vampire ? s’amuse Zelda en s’approchant. Dément !

Curieuse, elle vient pour étudier l’objet et pose machinalement la main sur la clenche extérieure. Elle la retire presque immédiatement, la secouant comme si un animal venait de la mordre douloureusement. Le choc la rend mutique ; Myrtle saisit que ce n’est pas une plaisanterie de mauvais goût quand elle voit perler des larmes de sang au coin des yeux de sa pupille.

- Putaiiiiin, ça brûle !!!! C’est quoi cette merde ????

La caïnite attrape le poignet de l’adolescent pour examiner sa paume. La peau décolorée s’écorche et cloque, comme bouffée par un acide argenté. Une colère viscérale s’éveille dans les entrailles de l'Immortelle, déversant dans son cœur des litres de kérosène. L'organe pompe le liquide inflammable dans tout son organisme, il manque d'un rien pour qu’elle explose.  

- Va te laver les mains, vite, ordonne-t-elle.

Pendant que la jeune fille s’absente, Myrtle joue du téléphone pour contacter Charlie en premier. Il doit de toute façon la rejoindre pour le reportage, mais elle tombe directement sur sa messagerie. Bizarre. Impossible de le joindre par télépathie, mais elle peut sentir où il se trouve. Ça attendra, elle enchaine alors sur January ; à cette heure, celle-ci a probablement terminé sa journée au Capri. A peine a-t-elle décroché que l’Immortelle entame :

- Jane, reste chez toi et n’ouvre à personne d’autre que moi. J’arrive tout de suite avec Zelda.

Tant pis pour son travail. Elle est visiblement la cible d’un ou plusieurs plaisantins anti-CESS. Ce n’est pas tant pour elle qu’elle a peur – elle a connu ce climat de tension des années durant et aucun chasseur n’est parvenu à écourter son éternité – mais pour ses « proches ». Marqués et Infants sont des proies de choix pour isoler un vampire plus âgés…
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Lun 12 Juin - 0:37 (#)

January sortit en hâte de son bain, en entendant le téléphone sonner. Si son appartement était petit, elle n’avait aucune idée de l’endroit où elle l’avait et peu de gens l’appelaient : Myrtle, Zelda, et quelques fois le travail. Mais elle connaissait bien la sonnerie qui retentissait, même si elle l’entendait rarement : c’était celle associée à Myrtle. Se précipitant hors de la petite baignoire, à une vitesse inhabituelle pour elle, elle heurta son épaule contre le battant de la porte alors qu’elle s’apprêtait à la franchir sans même s’être habillée, étonnée de ne ressentir que peu de douleur. Elle n’était pas encore habituée, loin de là même, aux changements survenus en elle.

Détournant le regard du miroir, ayant l’impression de ne plus vraiment se reconnaître, elle se précipita sur le téléphone pour décrocher, sans même avoir le temps de parler. « Qu’est-ce qui se passe ? Je vous attends. » Elle était particulièrement inquiète pour elles, ces derniers temps. Zelda était… Zelda, impulsive, incapable de se contrôler, si quelqu’un les attaquait directement, Myrtle et elle. Elle avait peur qu’elle ne riposte, et qu’il ne lui arrive quelque chose de mal. Ceux qui n’aimaient pas les créatures surnaturelles étaient stupides, habituellement.

Actuellement… C’était des gens entraînés, ils repéraient leurs cibles, l’endroit où ils habitaient, ils planifiaient les choses. L’angoisse l’étreignait en permanence et elle avait cherché à se procurer de quoi se défendre : rien de très dangereux, juste de quoi neutraliser les gens, afin qu’elle puisse s’enfuir si nécessaire. L’idée lui trottait dans la tête depuis ses récentes mésaventures mais elle n’avait pas su où se procurer un shocker électrique sans attirer l’attention sur elle, alors que les circonstances de la disparition de Zelda n’étaient pas encore élucidées. Il lui avait fallu un certain temps pour oser passer par les dealers qu’elle connaissait pour leur demander où elle pouvait se procurer ça, et ils l’avaient rencardée avec un inconnu, lui donnant une brève description de lui, insistant sur le fait qu’il était asiatique et qu’elle ne l’avait jamais rencontré. Même si elle n’était pas en confiance, elle avait fini par céder et par se rendre aux endroits où elle pouvait le voir.

Particulièrement angoissée par l’appel plus que bref de Myrtle, elle s’était habillée en toute hâte et avait donc pris tout ça : son taser, un spray rempli de javel et un spray désodorisant – sans être certaine que ça puisse faire particulièrement mal dans les yeux -  glissés dans son sac et elle attendait, se rongeant les ongles malgré elle, sans grand succès. S’ils étaient friables avant, ils étaient beaucoup plus résistants maintenant et, à part enlever le vernis qu’elle avait mis dessus, elle ne faisait rien du tout, n’arrivant même pas à calmer la panique sourde qu’elle n’arrivait pas à faire refluer. Elle pourrait peut-être se remettre du vernis, en attendant. Se concentrer sur quelque chose pour ne plus penser. Sauf qu’elle était incapable de le faire avec des gestes précis, trop distraite, et que le flacon finit par tomber, prêt à renverser tout son contenu. Elle ne dut qu’à ses nouveaux réflexes de le rattraper avant le drame, elle-même surprise de ce qu’elle pouvait faire. Pile quand un léger coup se fit entendre contre la porte, alors qu’elle bondissait sur ses pieds et jetait vernis, dissolvant et coton au hasard dans son sac, se précipitant vers la porte. « Qu’est-ce qu’il se passe ? On fait quoi ? On reste pas ici ? Je suis prête. »
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Lun 12 Juin - 23:18 (#)

Avant de démarrer, Myrtle envoie un sms à Blanche. L’instant suivant, son téléphone se retrouve sur la banquette arrière et elle quitte son emplacement. Ses yeux acérés par sa vue reptilienne scrutent les ténèbres d’une nuit particulièrement oppressante. Cela lui demande de puiser dans sa Vitae, faible en ressources en raison de son repas synthétique, mais c’est une précaution dont elle ne souhaite pas se passer. Cette provocation a réveillé de vieux souvenirs, ceux d’une ancienne vie passée à combattre des « chasseurs de vampires ». L’époque a changé mais certains réflexes, certains traumas, sont imprimés dans sa chair. L’Immortelle a déjà connu cela : les menaces qui virent à l’inquisition sommaire. Les auteurs de cette petite farce ont réveillé le fauve, et il est en liberté…

- On est d’accord qu’on va r’trouver les connards qui ont fait ça et leur casser la gueule, hein ? s’agite Zelda à ses côtés. J’veux dire… quand tu m’racontais qu’les vampires était cruels et tout, c’était tout ça ?! Tu m’laisseras leur brûler un truc ?! Ça fait mal leur merde !

Myrtle ne répond pas. Concentrée à ne pas tomber dans une embuscade et à ne pas sombrer dans le gouffre de sa mémoire morbide. Et si c’était l’œuvre de  François ? ? Il sait où elle habite et il serait bien du genre à apprécier ce genre de plaisanterie. Harceler ses proches, déposer de l’argent devant chez elle… que veut-il ? L’intimider ? Est-ce à cause de Jean ? Ses doigts se serrent si fort sur le volant que ses jointures craquent. Elle est en train de virer parano.

- Oh merde, il s’passe quoi encore…

Les voilà forcées de ralentir. La circulation s’est soudainement densifiée à l’approche de Stoner Hill et la caïnite doit s’arrêter. Un concert de klaxons se répand comme une traînée de poudre, bien trop appuyé pour être l’objet d’un mécontentement ordinaire. L’adolescente assise à la place du mort bat le rythme d’une musique rock sur ses genoux. Lèvres pincées, elle n’a pas besoin de demander pour savoir que sa Sire n’a pas envie de l’entendre. Néanmoins, sa patience dure trois minutes.

- T’veux qu’j’aille voir ?
- Reste-ici, lui ordonne Myrtle.

A l’instar d’autres automobilistes, l’Immortelle ouvre sa portière afin de voir ce qui se passe plus en avant. A première vue, c’est un attroupement. On croirait des manifestants, mais l’intonation de leurs revendications sourde une colère pure. Plus la caïnite approche, plus les termes se clarifient « brûlez les monstres », « on en a assez de ces créatures du diable », « protégez les humains », « tuez-les tous »… un véritable tourbillon de rage. Alors que la foule de curieux se densifie, elle est contrainte d’abandonner sa vision reptilienne, pour ne pas que ses pupilles fendues attirent l’attention. Elle se faufile comme une ombre, en silence, jusqu’à les voir…

Derrière le groupe de manifestants, deux silhouettes se balancent tels de macabres carillons, pendus aux lampadaires. Elles sont exsangues, les entrailles ouvertes desquelles se déroulent des intestin encore humides. Les pompiers sont déjà sur place, la police tente tant bien que mal de contenir la situation, mais c’est le chaos. Myrtle en a assez vu et retourne à sa voiture.

- Alors ?! Il s’passe quoi ??
- On va finir à pieds.

Zelda n’aura pas plus de détails. A la première occasion, l’Immortelle s’extirpe de la cohue pour s’enfoncer dans les entrailles d’un parking qu’elle paiera probablement une fortune. Qu’importe, elles sont chez January en quelques minutes et dès que celle-ci a ouvert, l’Anglaise rentre et referme la porte derrière elle.  

- Je ne sais pas ce qui se passe, mais quelqu’un me prend pour cible et risque aussi de s'attaquer à vous, c’est son interprétation du moment, n’ayant pas d’autres explications valables. Je vais vous déposer au Lucky Star, vous serez plus en sécurité là-bas. Ensuite, j’irai trouver Charlie. J’ai un mauvais pressentiment.

Il ne répond pas à son appel, ni à son téléphone. Myrtle le saurait s’il était en danger imminent, mais elle ne se sent pas tranquille pour autant, pas après ce qu’elle a vu dehors.
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Anonymous
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Lun 12 Juin - 23:53 (#)

Elle a l’impression que l’attente dure une éternité. Que ça prend beaucoup trop de temps à Myrtle d’arriver jusqu’à elle, alors qu’elle connait par cœur le trajet et sa durée. A moins qu’elle ne soit pas partie de chez elle ? Mais elle lui avait dit qu’elle arrivait tout de suite avec Zelda. C’était tout de même plus fort qu’elle : elle ne pouvait pas s’empêcher de s’inquiéter énormément à chaque seconde qui passait sans qu’elle n’entende le son familier de Zelda qui frappait à sa porte avec un code secret qu’elle avait inventé quand elle était gamine qu’elle utilisait maintenant pour rassurer January, soi-disant, parce qu’elle vivait dans un immeuble miteux avec des gens louches. Son aînée aurait été prête à parier que c’était parce que ça l’amusait et lui apportait un certain réconfort, de recourir à un rituel totalement humain.

« Comment ça, te prend pour cible ? Vous allez bien ? » Si elle regardait en premier lieu Myrtle, elle tourna vite le regard vers Zelda, qui serait moins à même de lui mentir. « J’ai rien fait ! J’me suis brûlée les mains, mais j’suis plus forte que ces connards ! Mais on va leur foutre une raclée ! » Jane adressa un regard sévère à sa sœur : si elle courrait le moindre danger, il était hors de question qu’elle vienne. « Tu resteras au Lucky Star. » Qu’elle n’essaye même pas de négocier. « Et je ne te laisse pas toute seule, Myrtle. » Ça non plus, ça n’était pas négociable. Qu’elle le veuille ou non. Que January doive insister ou pas. Si Myrtle l’avait – enfin – Marquée, ça n’était pas pour la laisser derrière, dès qu’elle risquait trop… ou qu’elle devenait un peu trop encombrante.

« Il faut que tu boives. » Elle avait besoin de sang humain et… January avait toujours besoin que Myrtle la morde. L’envie et la nécessité qu’elle le fasse étaient toujours aussi viscérales chez Jane, mais que Myrtle en ait besoin était bien plus important, par ailleurs. « Dis-moi tout. En détails. Et où est Charlie ? » Si la situation n’avait pas semblé aussi grave, elle lui aurait demandé si elle devait sortir un de ses livres d’images pour le trouver. « Il ne devait pas être chez toi ? » Normalement, ils s’arrangeaient pour alterner, elle et lui. Elle était contrariée de savoir qu’il avait manqué à ses devoirs. Elle savait qu’elle était la plus dévouée d’eux deux, mais ça ne justifiait pas qu’il compromette la sécurité de Myrtle et de Zelda. Elle lui passerait un savon, dès que tout le monde serait tiré d’affaire. « Il ne te répond pas ? Tu le sens, je suppose ? » Est-ce qu’elle pourrait apprendre elle-même à le sentir, comme Myrtle le faisait ? Elle n’en était pas sûre, mais ça serait bien utile. Si elle buvait son sang, peut-être ? Même si l’idée l’écœurait plus qu’elle n’était prête à l’admettre. Boire celui de Myrtle, la première fois, l’avait rebutée aussi, tellement c’était étrange, mais elle l’aimait tellement, l’avait dans la peau… Elle avait fini par s’habituer et même par apprécier totalement ça. « Je ferme et on y va. Tu veux qu’on prenne ma voiture ? » S’ils avaient filé Myrtle… January utilisait rarement la vieille voiture de ses parents, qu’elle avait gardée, qui avait une valeur sentimentale à ses yeux. Mais peu de gens la connaissaient.
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Lun 19 Juin - 10:34 (#)

- Sérieux ?! Myrtle, dis-lui ?! s’en-tête Zelda dans l’espoir que sa Sire contredise la décision de sa grande-sœur.
- Tu ne viens pas avec nous.
- Mais putain…

L’adolescente n’a d’autre choix que de se renfrognée. Toute impertinente qu’elle est, le lien indicible qui l’unit à l’Immortelle lui distille par fragment l’état d’esprit de cette dernière. Ce n’est pas le moment de jouer, ni de faire l’enfant. La caïnite n’a pas « peur » au sens pétrifiant du terme. Elle se sent menacée, comme un fauve que l’on vient titiller dans sa tanière.

- On verra, répond-elle à January tandis qu’elles quittent l’appartement. Je sens Charlie, je peux le trouver, mais il ne répond pas à mon appel. Il n’était pas là, il ne m’a pas prévenue non plus.

Myrtle se garde d’ajouter que ce n’est pas normal. Son Marqué est libre, ils ont convenu dès le départ qu’il conserverait un mode de vie assez autonome vis-à-vis d’elle, quand bien même il acceptait les responsabilités de ce statut. Mais ce silence radio n’annonce rien de bien, encore moins après la découverte de ce début de nuit.

- Un pieu a été déposé sur mon paillasson et la poignée de la porte a été enduite d’argent.
- Ouais, youhou, c’est moi la blessée dans l’histoire ! Donc j’ai droit d’me battre aussi !

Le regard noir que lui adresse l’Immortelle la renvoie au mutisme difficile des instants précédents. Ce n’est pas la vindicte de l’adolescente qui l’ennuie, elle-même sent son sang glacé bouillir à l’intérieur de son organisme sans vie. Mais elle n’est pas Louis, elle n’a pas transformé la jeune fille pour en faire un animal de combat. Si quelqu’un en a après elle, c’est à elle – et à elle seule – qu’il aura affaire.

- Tu peux m’accompagner pour l’instant, concède-t-elle en approuvant pour la voiture, mais quand je te dirai de rester à l’écart, tu le feras.

Elle aussi, Myrtle ne prendrait pas le risque de la perdre. Assise à la place du mort, elle consulte à nouveau ses messages. Toujours rien de Charlie, seulement un sms de Blanche lui assurant que finalement tout va bien. Elle n’a pas le temps de creuser la question, alors elle expédie une réponse à son Calice et rengaine cet appareil des temps moderne. Alors que la voiture démarre, elle allume l’autoradio en quête d’une chaîne d’information. Un vieux réflexe de ses années sur les routes du XXè siècle. Peut-être qu’elle en saura plus sur les crimes qui bloquent encore la circulation de Stoner Hill…

« …nons sur l’événement noir qui a sonné Shreveport au réveil ce matin : le Voodoo Cafe, bar culturel emblématique de Downtown a été incendié la nuit dernière. Le feu, maitrisé à temps par les pompiers pour épargner les habitations voisines, semble n’être que la partie émergée d’un sombre iceberg. En effet, le corps d’un employé qui n’a pas encore été identifié a été retrouvé crucifié à la façade, entièrement carbonisé. Les premiers témoignages nous parlent d’une rixe qui a mal tourné, mais la présence en nombre de la police, et des forces du PASUA, laissent entendre que cette affaire cache d’autres éléments qui pourrait être en lien avec la vague de crimes que connait la ville cette nuit. Et justement, le sergent Bates de la SPD est avec nous ce soir pour répondre à quelques questions… »

L’Immortelle n’écoute déjà plus. Le Voodoo Cafe, détruit ? Un employé crucifié ? Ça fait beaucoup, cette nuit, pour penser à une coïncidence. Il se passe quelque chose. Myrtle pousse un grognement mécontent et ne prononce plus un mot jusqu’à ce qu’ils arrivent en périphérie de la métropole. Là, des unités de police contrôlent certains véhicules, aléatoirement semble-t-il. Et puisque la guigne les poursuit, une officière visiblement tendue leur indique de s’arrêter sur le bas-côtés. Elles ne sont plus qu’à une poignée de mètres de l’océan de ténèbres en friche qu’est la campagne nord de Shreveport.

- Sois naturel et regarde-là dans les yeux, indique Myrtle à sa conductrice.

Sa nouvelle condition de Marquée lui octroie désormais un échantillon de son hypnose vampirique. La transformation est récente, ce don est embryonnaire chez January, mais en cas de litige, cela fera peut-être la différence qui les aidera à passer sans encombre…
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Sam 24 Juin - 20:59 (#)

January adressa un regard sévère à Zelda : elle avait beau être assez influençable, elle avait l’habitude du caractère rebelle de sa sœur – et si elle devait être tout à fait honnête, aussi effrontée puisse-t-elle être, ça lui faisait plaisir de voir que sa sœur pouvait se montrer aussi insolente. Même si elle ne viendrait pas avec elles. « Je t’aime Zelda, et je n’ai pas demandé à Myrtle de te transformer pour te mettre en danger comme ça. » Si elle savait que sa cadette serait touchée par cette affirmation simple, elle savait aussi qu’elle serait plus contrariée qu’émue et que ça ne suffirait pas. « N’oblige pas Myrtle à t’en donner l’ordre. » Elle n’aimait pas ça, elle qui avait toujours essayé de raisonner l’adolescente, d’argumenter, de lui faire comprendre et accepter son point de vue mais l’urgence dont avait fait preuve leur bienfaitrice et fidèle amie effrayait Jane.

« Tu ne peux pas rester toute seule, au cas où. » S’ils l’attaquaient avec des armes anti-vampires, par exemple. Ça n’aurait pas d’efficacité sur l’humaine qu’elle était, elle pourrait éloigner Myrtle et fuir. Ou donner un coup de taser à ces connards puis fuir. « On y va ? » Le retrouver. Elle n’était pas encore habituée à ce lien, qui ne transparaissait pas encore chez elle. Myrtle la sentait, savait où elle se trouvait à tout moment, mais January elle ne la percevait – pas même lorsqu’elle se manifestait mentalement à elle. Elle aurait voulu brûler les étapes, ressentir la présence de Myrtle au bout de quelques jours, à peine quelques semaines, seulement. Être meilleure que Charlie. Ça la frustrait énormément. Une part d’elle se demandait s’il n’ignorait pas Myrtle par jalousie, maintenant qu’il n’était plus unique à ses yeux ? Mais il n’était pas mesquin comme ça, et elle le savait, malgré tout. Alors… Oui, c’était inquiétant.

Elle se crispa soudainement en entendant la confession, en voyant Zelda s’en vanter pour combattre. « Vous allez bien ? T’as mangé ? » Elle savait qu’elle ne mangeait plus, plus vraiment, qu’elle s’abreuvait uniquement de sang, mais elle ne pouvait s’empêcher de le tourner ainsi. Elle pouvait déjà voir Zelda lever les yeux au ciel, avant qu’elle ne rétorque avec une ironie mordante : « Oui maman. » Jane poussa un soupir de soulagement, avant de se tourner vers Myrtle. « Tu dois manger aussi. Quand on aura déposé Zelda, avant de repartir. » Elle ignorait totalement volontairement le fait qu’elle ait pu le faire avec d’autres calices… Avec Blanche, peut-être, qu’elle trouvait indigne de Myrtle et indigne de confiance – sans la connaître plus que ça. « Tu sais que tu peux m’y forcer si je dis non. Mais tu as besoin de moi. » Elle en était convaincue. Et elle ne l’avait pas Marquée pour la laisser derrière, alors qu’elle pouvait la protéger ? Elle était plus résistante qu’un humain lambda grâce à ça.

Montant au volant de la vieille – mais fiable – voiture, elle pila subitement en entendant les mots crachés par le vieil autoradio, se demandant si elle avait bien entendu au milieu des grésillements caractéristiques dont elle ne se formalisait plus, avant de reprendre la route. « Désolée, je… » Elle allait souvent au Voodoo Cafe, elle aimait les lieux, elle s’y sentait bien. Mieux que chez elle. Et maintenant… Elle se sentait mal, d’un coup. Elle avait fini par voir le café comme un lieu où elle était en sécurité, où il ne pouvait rien lui arriver. « Où est Charlie ? Où va-t-on après le motel ? » Elle jeta un regard sur Zelda dans le rétroviseur. « Tu me diras après. Zelda, tu ne nous suivras pas. » Elle a bien vu la concentration intéressée dans le regard de sa sœur, maintenant remplacée par un air renfrogné.

« Hein ? Mais, je… Quoi ? » Elle essaya de se ressaisir, inspirant longuement avant de regarder l’officière qui s’approchait d’elle. « Bonsoir. Nous rentrons chez nous, un peu plus loin. » Qu’importe qu’elles repartent après, Jane disait la vérité.
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Ven 30 Juin - 10:52 (#)

- Chez vous ? s’étonne la policière.

Machinalement, elle se retourne pour regarder derrière elle. Au-delà des frontières de la métropole, l’urbanisation fond à vue d’œil. Le nord de Shreveport est connu pour ses grandes étendues vertes ponctuées de bâtiments à l’abandon, symptomatiques d’une extension avortée dans l’œuf. January ne ment pas, mais du point de vue de la fonctionnaire, ce prétexte pose question. Myrtle se penche donc en direction de la fenêtre opposée pour attirer l’attention de l’officière – et de son partenaire, jusque-là silencieux.

- S’il vous plait. Ma fille ne se sent pas très bien, on a passé des heures bloquées dans les embouteillages du centre-ville…

L’Immortelle capte les prunelles humaines de son interlocutrice afin d’ensorceler son âme. Le trouble se lit sur ses traits encore jeunes, alors qu’elle consulte son collègue du regard. Lui aussi, sobrement ordinaire, est pris dans les filets hypnotiques de la caïnite bicentenaire. Par la pensée, elle ordonne à Zelda de se taire – elle a deviné son envie de contribuer au mensonge avec une petite intervention de son cru. Elles n’ont pas besoin de ça.

- Vous avez besoin qu’on appelle les secours ? s’inquiète le policier.
- Non, simplement de rentrer chez nous nous reposer. Il se passe des choses terribles en ville…
- Hum…, il semble ne plus savoir où il en est et reprend maladroitement : d’accord… je vais juste contrôler le permis et les papiers du véhicule s’il vous plait.
- Merci.

La voix enjôleuse de Myrtle entérine son emprise. Elle ne sait pas ce qu’ils cherchent ici, peut-être n’auraient-ils de toute façon fait aucune histoire en apprenant sa condition de vampire, mais prudence est mère de sûreté. Une fois que January a montré ses documents en règle, elles peuvent repartir sans autre encombre. Les flashs rouge et bleu des voitures en faction s’accrochent à la nuit pendant près d’un kilomètre. L’éclairage public se clairseme ici, puis disparaît totalement. Il ne reste plus que les phares du véhicule pour transpercer les ténèbres.

- Attends, arrête-toi. Je vais conduire, décide l’Immortelle.

L’impression d’être suivie lui colle à la peau depuis qu’elle a quitté son appartement. Elles sont beaucoup trop visibles dans cet océan terrestre, comme une énorme luciole de métal au milieu d’un jardin nocturne. Chaque précaution supplémentaire est bonne à prendre. Une fois à la place de la conductrice, Myrtle éteint donc entièrement les feux. Un humain standard n’y verrait pas à un mètre. Elle puise alors dans sa Vitae pour réactiver sa vision noctambule, conférant à ses yeux une apparence reptilienne. Sa pupille fendue se dilate, décryptant les ombres avec une acuité aigüe.

- Regardez si vous voyez des lumières nous suivre, même de loin.

L’exercice va lui coûter beaucoup d’énergie ; conduire tout en maintenant son pouvoir actif. Arrivée au motel, elle ressentira sans doute le pouvoir de se nourrir pour recouvrir ses forces. Son amie, nouvellement Marquée, est une source de choix et consentante, c’est l’option simple. Mais en même temps, si l’Immortelle s’abreuve de sa pomme de sang, cette dernière sera affaiblie, et ce n’est pas une soirée à sortir diminuée. Terrible dilemme, qui la travaille encore lorsque les contours de l’hôtel se découpe sur la toile sombre de la nuit…
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Ven 30 Juin - 13:42 (#)

January posa un regard trouble sur Myrtle. Sa fille. Elle savait que, d’une certaine façon, Zelda l’était devenue, mais ça rendait la situation infiniment plus complexe… trop pour son esprit, trop pour elle qui n’était pas certaine de vouloir assimiler une telle information. Après tout, Zelda était sa sœur, alors qu’est-ce qu’elle était pour Myrtle ? Et, d’un autre côté, elle était la tutrice, la mère de substitution de Zelda. Est-ce que ça faisait d’elles ses mères ? Elle retint à grand-peine un rire nerveux, provoqué par sa réflexion mais aussi par la tension de la situation qu’elle gérait difficilement, alors que Myrtle prenait le relais pour achever de convaincre les policiers. Ou les convaincre tout court, ça n’avait pas vraiment fonctionné, si ? Essayant de repousser la pensée parasite de son échec, de son inutilité, l’humaine laissa la vampire faire usage de ses dons à la perfection, avant d’obtempérer et de montrer son permis et les papiers de la voiture. Ils étaient encore au nom de ses parents, January n’ayant pas pu se résoudre à les changer, à abandonner une relique qui lui restait de sa famille, mais ils les laissèrent aller sans difficulté.

« Je suis désolée. » De ne pas être à la hauteur. Elle ne prononça pas ces derniers mots à haute voix, incapable d’assumer. Charlie s’était sûrement mieux débrouillé, la première fois que Myrtle l’avait mis à l’épreuve. Il n’y avait rien d’étonnant à ce qu’elle veuille le retrouver – et sans l’aide de sa nouvelle Marquée. Myrtle éludait ses questions, elle n’était pas dupe, mais elle comptait revenir à la charge. Qu’elle soit… défectueuse ou non, indigne des dons de Myrtle, ça ne changeait rien pour elle. Elle ne l’abandonnerait jamais. « D’accord. Ne… Elle est vieille, ne lui en demande pas trop. » Elle savait que ce n’était pas la plus performante ou la plus sécuritaire des voitures, mais elle savait comment la prendre, quand la pousser, quand la ménager.

Hochant la tête, elle essaya d’activer sa vision nocturne, s’attendant à des interférences, à ce que ça clignote, comme une ampoule défectueuse, mais aussi surprenant que ce soit, le paysage nocturne se dévoila parfaitement à elle, aussi clair qu’en plein jour. Elle laissa, cette fois, un rire étrange franchir ses lèvres. « Je suis nyctalope. » Il ne dura pas, la stupéfaction laissant vite place à une mine plus sérieuse, alors qu’il lui semblait voir un petit filet de lumière. Minuscule, sur la droite de la route, dissimulé par les buissons en parsemant le bord. « Regarde, là ! » Elle était presque sûre d’elle, mais il était presque invisible, au point qu’elle pense l’avoir perdu de vue. Elle ne percevait aucun bruit, sinon des bruissements dans les herbes et des moteurs au loin. Est-ce qu’elle s’était trompée ?

Zelda, l’air à la fois renfrogné et excité à l’idée de résoudre un mystère malgré le danger, euphorique grâce au danger peut-être, inconsciente des conséquences drastiques qui pouvaient en découler, marmonna un j’vois rien déçu et agacé, alors qu’elle croisait les bras sur le siège arrière. « Pourquoi j’conduis pas pendant que vous regardez ? » Sa sœur ne prit même pas la peine de lui répondre, scrutant l’extérieur. « Si tu espères que je reste en arrière, ce qui n’arriverait pas mais elle ne comptait pas le lui dire, tu dois me parler. Où est Charlie ? Est-il… Le sens-tu blessé ? » Est-ce qu’elle pouvait seulement sentir ça ? « Si on s’en est pris à lui, est-ce qu’on va s’en prendre à toi, à nous ? » Si la sécurité de Myrtle et de Zelda lui importait davantage, elle ne se sentait pas invincible. Ni même insignifiante aux yeux de ces gens, loin de là : pourvu qu’on bouscule leur réalité étriquée, ils essaieraient de détruire tout ce qui ne s’y conformait pas.
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Lun 3 Juil - 22:55 (#)

L’alerte de January la pousse à ne prendre aucun risque. L’Immortelle bifurque brusquement à l’intersection suivante, abandonnant la voie qui les menait droit au Lucky Star. Les cahots font gémir les suspensions de la vieille voiture. Un nuage de poussière se soulève dans leur sillage et les hautes herbes, jalonnant le sentier de leurs silhouettes burtoniennes, fouettent les flancs de la carrosserie. Myrtle est bien trop concentrée pour féliciter sa nouvelle Marquée qui découvre l’usage de ses dons en situation réelle. Quant à Zelda, elle n’a pas besoin de réponse pour comprendre qu’elle ne conduira pas.

- Il est toujours à Shreveport mais… je ne sais pas exactement où, il faudrait que je me rapproche pour ça, ce lien est abstrait, intuitif ; ce n’est pas un gps qu’elle a dans le crâne, c’est une sensation indicible qu’il la conduit jusqu’à son disciple, pour l’instant, il n’est pas en danger de mort, mais son comportement est étrange. Et je pense en effet que quelqu’un cherche à s’en prendre à moi – et donc à vous.

Nouveau virage. Elles dérapent à cause de la brusquerie du coup de volant. Le motel a disparu dans leur rétroviseur désormais, seule les enveloppe une purée de pois obscure. L’Immortelle réfléchit à toute vitesse, consciente que cette traque ne peut durer éternellement. Ce n’est que le début de la soirée, mais le temps file et il lui faudra une planque sûre au petit matin. Sa maison est hors-jeu, l’appartement de January également. Sans savoir ce que ses détracteurs possèdent comme information, Myrtle ne préfère pas les attirer droit sur son clan. Le compte à rebours est enclenché.

- On s’arrête là, faites exactement ce que je dis.

La voiture ralentit, puis s’immobilise aux abords d’une route particulièrement arborés. Les bosquets sont nombreux et épais, idéaux pour se dissimuler. La caïnite ne perd pas de temps : elle coupe le moteur, extrait les clefs du démarreur et quitte l’habitacle du véhicule. La nuit est douce ici, parfumée aux plantes sauvages et à la terre humide. On peut entendre carillonner les insectes et vivre la végétation. D’un signe de tête, l’Anglaise incite ses complices à la suivre pour disparaître derrière le relief d’un buisson épineux. Elle le longe, jusqu’au suivant, puis celui d’après. L’objectif est de se placer à une distance raisonnable, pour pouvoir observer la voiture abandonnée sans être à portée d’un potentiel tir de scouting.

Sans un bruit, elle désigne à January et Zelda qu’il faut surveiller les voies d’accès. Pour des gens les ayant prises en filature, il n’y aura pas mille options que de passer par ici. A ce moment-là, Myrtle pourra évaluer la menace et décider de comment la gérer. S’il s’agit bien d’un ou de plusieurs chasseurs, elle ne fera pas dans le détail. Et si personne ne se présente dans les prochaines minutes, alors la stratégie sera à revoir : cela peut signifier qu’elles sont attendues ailleurs. Raaaah. D’apparence, l’Immortelle est calme, mais à l’intérieur, elle bout. Elle n’aurait pas penser se retrouver dans cette situation d’animal traqué à mort : pas à Shreveport.
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Jeu 6 Juil - 16:34 (#)

Jane ne pouvait s’empêcher de grimacer à chaque son qui laissait entendre que la voiture donnait tout ce qu’elle pouvait, ou à chaque bruit signifiant qu’elle était probablement rayée. Elle savait que c’était absurde, et que c’était le meilleur choix qu’elles avaient que de la prendre, mais elle y tenait malgré elle. Parce qu’elle avait tout perdu de ce qui appartenait à ses parents sauf ça et quelques babioles. Elle ne disait rien mais elle priait intérieurement pour qu’elle reste utilisable, alors qu’elle observait les alentours et qu’elle questionnait Myrtle sur Charlie. « Tu le… ressens plus ? Tu es sur ses traces ? » Même si le but était de les amener au Motel et d’y déposer Zelda, elles perdaient peut-être du temps. Un temps précieux, s’il était arrivé quelque chose à Charlie. « Tu sais que ça ne me fera pas changer d’avis. » Ça ne faisait que raffermir sa décision, si quelqu’un la suivait, voulait lui nuire. « Pas en danger de mort mais en danger ? Affaibli ? » Elle était peut-être jalouse du Marqué, du presque-vampire comme elle l’appelait en son for intérieur, persuadée que Myrtle allait le transformer sous peu maintenant qu’elle avait une autre Marquée.

Jane se cogna malgré elle contre la portière, heurtant brusquement son épaule, alors que Myrtle empruntait le virage à une vitesse vertigineuse pour ses yeux d’humaine, agitant la main pour dire que ça allait. Qu’importe que la douleur s’y répande petit à petit. Elle aurait un bleu et, peut-être, une douleur persistante pour les jours à venir. Rien de grave. Elle ne comptait en tout cas pas alerter la Vampire ou sa petite sœur. Elle s’efforçait de n’en rien montrer, aussi difficile que ça soit pour elle. « Fais attention. » À elle-même, à Zelda. Elles seraient leurs cibles prioritaires, c’était sûr. Jane prit son sac d’un geste rapide, avant de quitter avec appréhension l’habitacle. Elle savait que la vieille voiture ne les protégeait pas, mais elle hésitait quand même.

Elle partit pourtant à la suite de son amie, ayant plus que confiance en elle pour les protéger toutes les deux, abandonnant la voiture derrière elle avec un pincement au cœur. Et si on lui volait ? Et si on la vandalisait, pendant qu’elles… qu’elles quoi ? Qu’elles essayaient de sauver Charlie, de se sauver elles ? Est-ce qu’elles étaient paranos ? Elle chuchota, inaudible pour quiconque sauf les deux vampires à l’ouïe surdéveloppée. « Tu crois qu’ils nous ont suivies jusqu’ici ? » Elle espérait que non, mais elle avait bien vu le minuscule rai de lumière sur le bas-côté quelques minutes plus tôt. Est-ce que c’était un fusil pointé sur elles, prêt à les transpercer, avec un sniper à l’autre bout ? Mais y avait-il seulement un rayon de lumière rouge, ou était-ce uniquement dans les films ? Et elle avait l’impression d’avoir vu une lumière blanche, indistincte, trop éloignée pour identifier d’où elle provenait exactement.
Si elle suivait Myrtle dans l’ombre, elle jetait des regards fréquents à Zelda, de peur qu’elle fasse n’importe quoi, hésitant à prendre les devants. Elle ne voulait pas mourir, mais elle voulait protéger les deux femmes à ses côtés avant toute chose. Toujours à voix basse, elle reprit la parole. « Je, je peux faire semblant d’avoir un… » Elle rougit légèrement malgré elle à l’idée d’évoquer un besoin humain aussi trivial, quand elle n’était même pas sûre que Zelda ou Myrtle doivent encore y obéir. « D’avoir besoin d’aller aux toilettes, pour m’éloigner, et les attirer. Vers vous ou vers moi. Les forcer à bouger. » Elle avait presque envisagé d’y aller sans leur demander leur opinion, mais elle était sûre qu’elles le lui reprocheraient. « C’est la meilleure solution. Je sais faire semblant. » Elle était comédienne, après tout, aussi.
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Lun 17 Juil - 16:13 (#)

- Je ne sais pas.

Peut-être ont-elles été suivies, peut-être non. Peut-être aussi que la lumière qu’a aperçu January n’avait rien à voir avec elles et que Myrtle est en pleine crise de paranoïa. Il est trop tôt pour le dire. Une fois dans les ombres de la végétation, l’Immortelle toise brièvement sa jeune Marquée, qui propose de faire diversion en prétextant une envie pressante. Elle aurait pu sourire dans une autre situation, mais à ce moment, elle tranche d’une voix sèche que la comédienne n’a sans doute jamais entendu.

- Non, tu ne bouges pas d’ici.

Ce n’est pas contre elle, January n’a simplement aucune expérience en la matière. Être une proie, être un prédateur, cela s’apprend. Son amie a bien des qualités, mais elle n’est pas encore en état de faire un appât efficace. Elle risque de se faire tirer dessus avant de voir venir, voire pire. La caïnite puise à nouveau dans ses ressources pour utiliser sa vision aiguisée et scrute attentivement les ténèbres. Elle hume l’air et tend l’oreille, parfois que ses sens lui rapportent d’autres indices d’une présence indésirable.

Il n’y a rien.

Seul le silence les entoure. Le No man’s land grouille d’une vie microscopique, sans l’écho d’un souffle humain. Myrtle est prise d’un vertige et coupe l’utilisation de sa discipline. Ses yeux reprennent une apparence normale mais son corps frémit désormais d’un besoin impérieux. Le sang. Tel celui d’un prédateur en chasse, son odorat s’affine encore et se focalise sur le parfum charnel de January. La Bête se réveille dans les entrailles de l’Immortelle, n’ayant que faire de l’heure et du lieu. Elle a faim ! Cette chair si chaude sent tellement bon…

- Il n’y a personne, déclare-t-elle finalement, détournant le regard pour ne plus être tentée par sa protégée. On va revenir en arrière et faire une halte au motel.
- Et ensuite, on repart chercher Cha-cha ! s’exclame Zelda avec son intarissable insouciance.
- Et ensuite, tu resteras dans ma chambre et tu n’en sortiras pas.

Veiller sur sa Marquée sera déjà suffisant. Et bien que ça ne lui plaise pas, Myrtle doit admettre que sa cadette a raison : elle doit se nourrir. Elles n’ont aucune idée de ce qui les attend, alors s’y rendre en jeûne forcé tient de l’imprudence – voire de la bêtise. La caïnite aura besoin de toutes ses forces si leur route croise des détracteurs plus radicaux que les rigolos qui ont peint sa poignée.

- Je te laisse le volant, Jane, lui dit-elle alors qu’elle prend place à l’arrière.

Tout pour s’éloigner d’elle. Une fuite illusoire car les effluves lui parviendront malgré tout, attisant la tentation qui lui déchire les boyaux. L’Immortelle consulte son téléphone d’un geste machinal : elle pense à Blanche. C’est d’elle dont elle a besoin en vérité : une source jeune, disponible, nutritive, parfaite. Une pomme de sang qui n’a pas d’autres fonctions.

- Du coup, j’passe devant ! s’amuse Zelda. T’inquiète sœurette, j’peux veiller sur toi moi aussi !

Joignant le geste à la parole, elle lui fait une grimace exhibant fièrement ses canines.
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Mar 22 Aoû - 22:50 (#)

Jane ne put retenir une grimace, alors que Myrtle était incapable de lui fournir une réponse. C’était aussi inhabituel qu’inattendu et ça la mettait incroyablement mal à l’aise de réaliser que plus elles s’éloignaient du centre de la ville, moins les choses étaient claires, comme elle l’avait attendue. Elle pensait mettre Zelda en sécurité, retrouver Charlie, aider Myrtle et être un soutien efficace. Or, elle avait l’impression d’être totalement inutile et – le pire de tout ça, peut-être – aussi pénible que Zelda, à ne pas vouloir rester en retrait. Encore plus alors que Myrtle lui affirmait… non, lui ordonnait de ne pas bouger. Sans trop savoir si elle était soulagée, indignée, blessée ou inquiète à l’idée que la vampire agisse seule, elle garda le silence, attendant.

Attendant de voir si quelqu’un se jetait sur elles trois, si la lumière se rallumait, si on leur tirait dessus… Si du mouvement se laissait entrevoir. Quelque chose, plutôt que cette attente angoissante qui lui pesait, qui lui donnait l’impression de suffoquer en même temps qu’un poids la clouait sur place et qu’une boule lui nouait totalement l’estomac. Elle avait envie de rompre le silence, de questionner son amie, et elle était à peu près sûre que Zelda était à deux doigts de le faire, alors elle pressa la main de sa sœur pour attirer son attention et posa un doigt sur ses lèvres pour lui dire de se taire. Pourvu que ça soit suffisant…

Elle soupira doucement alors que Myrtle s’éloignait, affirmait qu’il n’y avait rien. « Ok. » Elle se retint de demander si elle était sûre : jamais Myrtle ne l’affirmerait si ça n’était pas le cas, surtout si ça devait les mettre en danger. « On te tiendra au courant. » Sa sœur protestait, évidemment, mais c’était bien la seule chose qu’elle pouvait lui accorder. Et ça ne l’engageait pas sur le moment où elle la tiendrait au courant : qu’importe qu’elle râle après d’avoir été tenue à l’écart et informée trop tard. Elle serait de toute façon obligée de rester sur place, parce que Myrtle le lui ordonnerait. Elle connaissait suffisamment bien son Infante pour savoir qu’elle désobéirait si elle ne le faisait pas.

« Ne me distrais pas, c’est tout ce que je te demande. » Elle avait parlé de façon un peu virulente, et elle s’en voulut aussitôt, mais elle était à peu près sûre que sa sœur saisirait chaque mouvement sur le bas-côté, chaque lueur un peu suspecte, pour les interrompre et essayer de les convaincre que quelque chose ne tournait pas rond. Pour les amener à sortir à nouveau de la voiture, pour ne pas qu’elle soit laissée pour compte. « Comment va ta main ? » L’adolescente balaya la question d’un geste désinvolte de la dite main, amenant Jane à se demander si elle prenait tout ça au sérieux. « Le danger est réel, Zelda. Je ne veux pas qu’il t’arrive quoi que ce soit. » Elle avait prononcé cette supplique du bout des lèvres, persuadée que sa sœur lui répondrait qu’elle pouvait s’occuper d’elle-même, sans lui en laisser le temps alors qu’elle enchaînait aussitôt, s’adressant à Myrtle cette fois. « On la dépose et on part à la recherche de Charlie juste après ? On s’arme, avant ? » Ou au moins se protéger, s’il y avait de quoi faire ? Peut-être qu’elles devraient dévaliser un musée et ses armures…
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Jeu 24 Aoû - 10:11 (#)

- Évitons de surréagir, rétorque-t-elle distraitement.

Le comble alors qu’elles viennent de faire un large détour par la cambrousse désolée pour quelques lumières sur le bord de la route. Mais « s’armer », c’est prendre une autre dimension. Myrtle n’est pas exempt d’erreurs, ni d’imprudence, mais elle sait qu’à cette heure, il faut veiller à ne pas franchir la barrière entre « défense » et « agression ». Tant qu’elle ne sait pas exactement ce qui se passe, et surtout après l’affaire toute fraîche du Voodoo, mieux éviter que des vampires soient accusés de manœuvres vindicatives…

- On part juste après, oui.

Elle ne le précise pas, mais leur temps est compté : la nuit ne sera pas éternelle et l’Immortelle a un impératif à respecter avant le lever du jour. Trouver son Marqué, comprendre ce qui se passe, se remettre en sécurité avant le prochain règne du soleil. Le programme est chargé.

☽☾

Myrtle croise son reflet dans le grand miroir de sa chambre du Lucky Star. Elle a le teint pâle d’une soirée sans nectar, le tracé sombre de ses veines mortes sillonne sa chair en transparence. Dans un souci sommaire de discrétion, elle a revêtu un jean et un top aussi noir que sa toison d’ébène. Elle attache d’ailleurs rapidement ses cheveux, noués en un chignon flou ayant le mérite principal de dégager son champ de vision. Dans le réfrigérateur de son antre, elle s’empare des deux poches de Tru Blood qui lui reste et les engloutit avec voracité. Ça n’a pas de goût, ça ne recharge pas énormément ses batteries, mais c’est mieux que rien. Au moins, elle voit net et n’est plus torturée par la Bête affamée par l’utilisation intense de ses Disciplines.

Et ça la frappe brutalement.

Là, juste avant qu’elle ne passe la porte de sa chambre pour rejoindre January et Zelda dans le couloir, la caïnite le sent. Charlie est en danger de mort. Tout son derme se hérisse d’une chair de poule glacée, elle a la sensation qu’une main s’est refermée sur ses entrailles et les tord avec cruauté. Plus le temps pour un détour, plus le temps de réfléchir, elle doit y aller.

- On se dépêche ! dit-elle à sa Marquée en la retrouvant – et dans la légère fluctuation de sa voix, la jeune femme pourrait percevoir le caractère de l’urgence. Zelda, tu ne bouges pas d’ici, ordonne Myrtle, ne lui laissant d’autre choix que l’obéissance.

☽☾

L’Immortelle a repris le volant. La voiture avale les kilomètres avec la fougue d’un étalon au galop. La conductrice n’a plus d’égard pour le véhicule fatigué, elle se fait déjà violence pour se tempérer et ne pas arracher le levier de vitesse à chaque manoeuvre. Elle ne prononce pas un mot, elle ne cligne même pas des yeux. La caïnite blafarde est renvoyée à sa condition de créature surnaturelle, prédatrice, féroce et imprévisible. Lorsqu’elle écrase enfin la pédale de frein, mettant fin au supplice de la voiture – et de sa passagère – elles sont toutes proche du lac Caddo. Un nouveau frisson désagréable traverse l’échine de Myrtle, tandis qu’un trou béant se creuse dans sa poitrine. Ce n’est pas à cause de la proximité du triangle de foi ou de la population du quartier… c’est parce qu’elle vient de sentir, au plus profond de son âme, qu’une partie d’elle vient de se détacher.

Charlie est mort.
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Sam 9 Sep - 22:02 (#)

Difficile, pourtant, pour January, de ne oas surréagir. Parce que c’est dans son caractère, parce que sa petite sœur a été blessée à cause d’une attaque à leur encontre à Myrtle et elle, parce que la paranoïa latente chez la Marquée depuis quelques temps est exacerbée par la situation. Parce que les deux personnes les plus chères à son cœur sont en sa compagnie et, croit-elle, en danger mortel. Elle voudrait croire qu’elle peut les protéger, qu’elles vont se mettre en sécurité mais, si c’est vrai pour Zelda, elle sait que Myrtle n’abandonnera pas sa traque pour retrouver Charlie… Et, considérant la profondeur du lien qui les unit depuis qu’elle l’a marquée en quelques semaines à peine, elle n’a aucun mal à imaginer à quel point celui entre Charlie et Myrtle est exacerbé. Alors elle acquiesce, elle obéit, pour s’assurer que Myrtle ne la laissera pas en arrière avec Zelda. Même si elle ne peut rien lui ordonner, elle pourrait partir sans elle. Jane suivrait, essaierait de la traquer avec la nouvelle connexion entre elles deux, évidemment, mais leur lien serait peut-être trop faible.
***

Elle ne peut même pas laisser échapper un soupir de soulagement alors que Myrtle l’emmène sans discussion avec elle, la somme même de la suivre sans plus attendre, January ayant à peine l’occasion de jeter un regard inquiet à Zelda alors qu’elle va aussi vite qu’elle le peut rejoindre la Vampire plus âgée déjà installée au volant quelques secondes à peine après avoir ordonné à Zelda de rester sur place. Jane n’a pas besoin de demander pourquoi tant d’empressement. Elle n’est pas liée à Charlie, mais elle sent l’urgence dans les actions de Myrtle, elle sait que chaque seconde est comptée. Alors, si elle s’installe dans la voiture, elle sent Myrtle démarrer sitôt la porte fermée, aller trop vite peut-être à son goût, mais elle garde le silence. Elle comprend, elle met sa jalousie de côté, et elle attend que le silence soit rompu par elle, ou ne le soit pas.

***

Et aussi sûrement qu’elle avait senti l’urgence traverser Myrtle, elle sent qu’une part d’elle s’est éteinte. Ou peut-être est-ce son imagination, elle ne saurait le dire, mais elle a l’impression qu’elle est seule, qu’elle ne la partage plus. Fabule-t-elle ? Elle n’en sait rien, mais ce n’est pas le plus important, actuellement. Elle sait que si elle laisse le temps à Myrtle de se ressaisir, elle la devancera, se mettra au-devant du danger, pour la protéger elle. Elle sait à quel point il est stupide pour elle de vouloir devancer la vampire, mais pourtant, elle le fait, bondissant hors de la voiture dans laquelle elle n’était pas attachée, se dirigeant vers… Vers elle ne sait quoi. Qu’est-ce qui les attend ? Rien de réjouissant, mais pas quelque chose à quoi elle aurait été préparée.

Elle ne peut s’empêcher de vomir, devant le carnage. L’humain est reconnaissable, mais à peine, et à quel prix ? Jane jette un regard rapide à Myrtle, une fois un peu remise, avant de se figer sur place. Ils ont fait tout ça pour la faire venir, c’était sûr. Le corps mutilé de Charlie, les entailles, ses doigts auxquels il manque des phalanges… Est-ce qu’elle a ressenti tout ça ? Est-ce qu’ils l’ont torturé pour lui donner une leçon, pour l’intimer de faire venir Myrtle, pour se venger sur la vampire de l’avoir transformé ? Elle est obligée de détourner le regard, tant de Myrtle que du corps de Charlie, sentant la nausée revenir alors qu’elle y pensait.

« On ne peut pas rester, on nee sait pas combien ils sont, ni où… On… On prend son corps, et on part. » L’idée lui arrache un nouveau haut-le-cœur, alors qu’elle ne sait même pas pourquoi elle veut faire ça. Pour le montrer aux autorités ? Inquiète, elle regarde Myrtle, espère qu’elle va agir rapidement.
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Lun 11 Sep - 16:42 (#)

Silence. La nuit épaisse et tendue se tait. Le bruissement de leurs pas hâtifs qui foulent l’herbe grasse semble assourdissant. Un bourdon vrombit dans les oreilles de Myrtle qui a la sensation qu’une main invisible et griffue cherche à arracher son cœur sans vie de sa poitrine. Elles arrivent alors sur la rive du lac prétendument magique. La lune, à moitié voilée par un banc de nuages, crache sa lumière sépulcrale sur la surface de l’eau… et sur une scène macabre.

Charlie est là. Défiguré, mutilé. Les stigmates d’une torture sadique dont les moyens avaient bien plus d’importance que la fin. Le visage est tuméfié, la chair charcutée, les ongles arrachées aux doigts qui n’ont tout simplement pas été amputés. Comme la signature de cette œuvre violente, un pieu en bois est planté au travers de son torse. Un message.

L’Immortelle n’entend plus vraiment. Ça siffle dans son crâne. Ça hurle, ça bout. Le timbre de voix de January s’égare dans le tumulte de ses pensées. La mesure n’a pas souvent été son fort. Il y a ce je ne sais quoi d’abîmé dans son encéphale bicentenaire qui l’empêche de contenir le raz-de-marée. Elle veut du sang.

Elle. Veut. Tuer.

Un rugissement lui échappe, le cri térébrant d’une créature pseudo-humaine hantée par un monstre de haine. Myrtle a cessé de respirer et de ciller. Ses prunelles se transforment, adoptant la pupille fendue d’une paire d’yeux reptiliens. L’obscurité devient claire comme le jour. La caïnite commence à scruter les alentours du lac : c’est de la provocation, tout ne peut pas avoir été effacé. Elle repère alors une touffe d’herbe écrasée par-là, un mégot de clope juste après, une branche brisée ensuite… elle traque. Comme autrefois, à l’aube de sa vie éternelle, quand elle chassait les prédateurs de son espèce.

- Prendre son corps ? Et pour quoi faire ? crache-t-elle sur un ton tranchant. Ils ont fait ça pour m’atteindre moi

C’est ce que signifie le pieu dans le cœur, n’est-ce pas ? Quoiqu’il se soit passé, quoiqu’on ait infligé à Charlie, ça a été motivé par sa condition de Marqué. Myrtle ne se rabattra par sur la justice des mortels pour faire le nécessaire ; dans ce monde parallèle où vivent les immortels, il y a d’autres totems, d’autres règles, d’autres limites. Ses yeux inhumains croisent alors l’expression désemparée de sa cadette ; jamais plus qu’à ce moment elles n’ont semblé si différente.

- Je les chercherai moi-même.

Et quand elle les trouvera, ils auraient bien de la chance si elle ne leur infligeait que le double de ce qu’ils ont fait à son fidèle. Il n’y a pas assez de mots, dans aucune des langues qu’elle a appris à parler, pour exprimer l’intensité de sa rancœur. Elle veut déchirer la peau de ses proies avec ses ongles, les écorcher jusqu’à l’os, jusqu’à arracher leurs entrailles à mains nues. Ils veulent le monstre, ils auront le monstre. Alors sans un mot de plus, la caïnite se met à suivre la maigre piste qu’elle a décelé…
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Dim 17 Sep - 23:33 (#)

January n’aimait pas l’ambiance pesante qui régnait, bien consciente pourtant qu’il n’y avait aucun moyen de la briser, pas avant de retrouver Charlie… Ou ce qu’il restait de lui. Elle le savait, elle l’avait sans doute réellement senti, n’ayant jamais pris consciente qu’il était là tout ce temps, entre Myrtle et elle, mais maintenant ? Il n’y avait plus que ce corps presque méconnaissable, soumis à une torture horrible, partiellement démembré, mis en scène, pour passer un message. Si January est, au fond, consciente que ça aurait pu être elle, que ça pourrait toujours être elle, elle y est indifférente pour le moment.

Tout ce qui compte, c’est l’ancien marqué, c’est la vampire à qui elle a décidé de dédier sa vie. C’est de la protéger, et de partir le plus vite possible. Et d’obtenir justice. « Ils font ça pour atteindre tous ceux qui ne partagent pas leur point de vue, mais on ne les laissera pas faire. On le vengera. » D’une manière ou d’une autre. « Et on peut… je ne sais pas, le filmer, l’exposer, le donner à la justice, pour avoir une preuve, une trace. » Ça ne servira peut-être à rien, mais la marquée, la seule maintenant, prend son appareil photo et, malgré ses haut-le-cœurs, prend des clichés de la mise en scène macabre, puis elle filme avec son téléphone, avant de s’atteler à détacher son ancien acolyte, à le transporter dans le coffre, tant bien que mal. Malgré ses nouvelles capacités, elle peinait à porter l’homme qui faisait deux fois son taille, presque deux fois sa taille, en temps normal. Est-ce que Myrtle la laisserait faire, est-ce qu’elle sortirait le cadavre de la voiture ? Est-ce qu’elle l’écouterait ? January n’en savait rien, mais elle voulait essayer.

« On les cherchera. Ils ont… Ils s’en sont pris au Capri, je ne te laisserai pas faire ça toute seule. Ils ont des moyens, des connaissances, qu’on ne soupçonne pas. » Et si elle était loin de se douter de la cruauté de Myrtle, ne savait pas du tout jusqu’où elle pourrait aller, elle s’en fichait, en cet instant. Elle ne s’était pas liée à elle par le sang pour reculer, pour l’abandonner, pour la laisser se confronter toute seule au danger. Elle comptait bien être à ses côtés tout du long et, quand bien même elle essaierait de l’en empêcher, elle ne le laisserait pas faire. Elle n’était peut-être qu’une humaine, qu’une marquée, moins forte et plus fragile qu’elle, mais elle ne lui avait pas fait don de son sang pour la laisser sur le côté, pour ne pas faire appel à elle. January ne le tolèrerait pas. Elle devait être à ses côtés, et elle était suffisamment têtue pour ne pas lui laisser gain de cause si elle tentait de l’écarter. Elle la suivrait quoi qu’il en soit et elle serait encore plus en danger si elles partaient chacune de son côté et que Myrtle n’était pas là pour assurer ses arrières et l’en convaincre.

Mais elle n’argumentait pas, pas pour le moment. Elle était bien consciente de devoir laisser un peu de temps à la vampire. De devoir la laisser accepter la situation, trouver le meilleur moyen d’agir. Alors elle gardait le silence, la suivait, se faisant le serment qu’elle n’en resterait pas là. Qu’elles n’en resteraient pas là – c’était une promesse qu’elle se faisait, elle ne laisserait pas Myrtle agir seule.
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