Briser la glace Rives du lac Caddo, automne 2021 ft. Isalin
V
endredi soir. A travers ta fenêtre, tu peux voir la cime des pins être avalées par un soleil rose flirtant avec l’horizon couleur feu. L’air est lourd et dense ; normal en Louisiane après tout, tu diras. C’est un peu comme au Texas, à la différence qu’ici, il est gorgé d’une humidité qui fait ressentir sur tes épaules le poids des dizaines de kilomètres d’atmosphères. On a pas idée d’habiter à des endroits pareils quand il existe des terres à plus de 45 degrés de longitude. Malheureusement, aucune capitale du surnaturel n’a établi sa réputation dans une zone tempérée du pays, alors tu restes. Un peu par dépit, certes, mais les raisons sont multiples. Certains jours, tu es pour rester, d’autres, tu es contre partir. Peu importe au final, puisque tu es toujours là ce soir, et tu ne vas pas déménager en une nuit.
Depuis la confortable assise de ton vieux fauteuil, tu avises le cercle tracé à la craie sur les lattes du plancher et les symboles consciencieusement dessinés autour, les quelques bougies et bouquets d’herbes catalytiques disposés avec soin et méthode, et enfin la simple fiole de verre au centre du dispositif. Tout est prêt et n’attend plus que ton impulsion pour que la magie opère. Commande d’une potioniste désirant un contenant hermétique à certains flux magiques et non à d’autres. Un petit casse-tête, tu dois bien l’avouer, d’autant plus en connaissant la difficulté d’enchanter le verre, mais après avoir passé des jours, sinon des semaines à noircir les pages de ton carnet, quelle satisfaction d’avoir enfin trouvé une solution. Il n’y a donc plus qu’à attendre que la lune atteigne son humble zénith pour mettre en pratique ton précieux talent. Tu aurais aimé que Maman soit là pour lui montrer ton travail et partager avec elle cette fierté toute innocente d’avoir résolu un problème difficile. D’un geste délicat, tu refermes le carnet trônant sur ton bureau en évitant de trop faire s’attarder ton regard sur le cadre photo qui se trouve sur l’un de ses coins. Il faudra que tu lui racontes dans ta prochaine lettre. Tu as le temps pour ça, cependant. Pour le moment, l’heure est à la balade.
L’intérêt d’habiter en marge de la ville se trouve juste en face du perron de ta bicoque : le calme imperturbable de la nature épargnée par les folies de l’urbanisme. A force d’années, tu as fini par connaître sur le bout des doigts les sentiers du lopin de bois qui court derrière ta maison jusqu’au lac. Au milieu de la pinède, c’est l’apaisement des sens. Tes yeux profitent du bruissement léger des feuilles sur la toile oranger du ciel ; ton nez, de la délicate odeur de sève presque mentholée ; ton sixième sens, de la douceur à peine mouvant des flux d’énergie primitive tellement paisible devant l’effervescence de la ville. C’est ce calme particulier qui te permet de sentir ces étranges et lointaines perturbations. C’est comme un faible courant d’air qui n’agiterait pas tes vêtements, ou le bruit ténu d’allumettes que l’on allumerait avec persévérance semblant venir de la rive du lac Caddo. Le coin est perdu, et la personne à l’origine de cette magie l’a sans doute choisi pour ça – pour quoi d’autre sinon ? – mais fidèle à toi-même, ça n’est pas la voix de la raison que tu vas écouter. Non, c’est la mélodie facétieuse de ta curiosité qui va guider tes pas discrets jusque devant le banc de sable d’où provient la perturbation. Une jeune femme, proche de la majorité si tu devais deviner. Il ne fait aucun doute que c’est elle qui exerce sa magie, visiblement sur la pauvre eau de ce lac qui n’a rien demandé. Seulement, quelque chose dans la scène ajoute à son étrangeté : ses sorts sont brouillons, bruts, presque forcés. Une arcaniste de son âge devrait déjà avoir acquis une compréhension suffisante de ses dons pour dépasser ce stade. Pour ton esprit indiscret, c’est hautement intrigant. Alors, avec précaution, tu t’adosses à un arbre un peu en retrait pour continuer à étudier ce phénomène sauvage un peu plus en détail.
Du moins, jusqu’à ce que ton espièglerie ne finisse par gagner le bras de fer contre ta politesse. D’une voix douce et sans animosité aucune, mais tout de même assez forte pour te faire entendre distinctement, tu brises la glace. « Alors trésor, on essaie de nouveaux sorts ? » Malicieuse, certes, mais tout de même bienveillante. Après tout, l’idée est de satisfaire ta curiosité, pas de la faire fuir. Après, si au passage tu peux te délecter un petit instant de la surprise sur son visage, c’est un bonus que tu ne refuseras pas.
CODAGE PAR JFB / Contry.
Isalín Lokisdóttir
That kid you called a weirdo
You're a part of the dawn...
En un mot : ❅ fleur hivernale ❅
Qui es-tu ? : ❅ Née en octobre 2004, elle est encore dans ce drôle de monde qu'est l'adolescence;
❅ Cheveux sombres et yeux de jade, visage en cœur, petite bouche charnue et taches de son, voilà le mélange de ce visage un peu atypique. C’est aussi une silhouette athlétique d’1m64 pour 52 kg.
❅ Depuis toute petite, elle s'entraine pour être patineuse Olympique. Médaillée d'argent au championnat des USA et sacrée première à la grande coupe des quatre continents, son rêve s'effondre en 2021 à cause de ses dons.
❅ Cherche désormais sa voie en tant que personne et en tant qu'Outre.
❅ Vit avec sa cousine Sofia et Elizabeth.
Facultés : ❅ Élémentaliste de l'eau dont le pouvoir se manifeste actuellement essentiellement autour de la glace.
❅ Don principal : kinésie de la glace. Isalín peut givrer l'eau et les surfaces humides ou déformer sommairement une étendue de glace. Fonctionne dans un rayon de 2m, le contact aide beaucoup
❅ Don secondaire : résistance accrue au froid.
❅ Les bienfaits d'avoir grandi dans un monde bilingue font qu'elle n'a pas d'accent quand elle parle anglais, mais il lui arrive de buter sur le vocabulaire.
❅ C'est une athlète de haut niveau, elle est donc plus robuste et endurante qu'une adolescente lambda du même âge. Son sport l'a rendue aussi particulièrement souple et agile.
- Merci, ici ça suffira ! - T’es sûre ? C’est… grave paumé dans le coin. - Carrément, j’ai rendez-vous au bord du lac. Tu m’appelles quand tu r’viens ? - Yep, j’t’oublie pas. Faudra qu’tu m’racontes tout hein ! - Compte sur moi, ment Isalín en quittant l’habitacle de la voiture.
Elle récupère son sac à l’arrière du pick up de Wendy et lui adresse un signe de la main quand elle redémarre. C’est une fille qui fréquente la patinoire de Shreveport au moins une fois par semaine. Elle n’est pas bien douée, mais elle est gentille et ne suit pas l’actualité sportive, de sorte qu’elle n’a pas reconnu l’Islandaise. Deux qualités inestimables. La proximité de leur âge respectif les a amenées à sympathiser, poussant Isalín à lui demander un petit service. Le lac Caddo est sur le chemin de Wendy, qui part dîner chez ses parents ce vendredi ; il a suffit de lui faire croire à un mystérieux « ami » l’invitant à une balade au crépuscule pour la convaincre de faire un stop. Le prix à payer, c’est que la jeune femme a dû décrire son fameux camarade imaginaire pendant les 40 minutes les séparant de leur destination ; elles sont arrivées juste à temps, car elle commençait à manquer d’inspiration.
Sac de sport en bandoulière, l’adolescente s’aventure sur les sentiers qui mènent au lac. C’est loin de chez sa cousine, mais elle a entendu les légendes sur cet endroit, et le fait qu’il serait lui aussi surnaturel. Un beau spot pour s’exercer en toute tranquillité, non ? Le soleil rend lentement les armes par-delà les pins, éclaboussant la canopée d’une lumière rose et embrasant le ciel d’un ultime flamboiement. Ici, la nature semble à la fois respirer et retenir son souffle. Est-ce son imagination si, à l’approche des contours de la grande étendue d’eau, Isalín sent un drôle de frémissement dans ses entrailles ?
Son sac, lourd de ses fringues de glisse et de ses patins à glace, s’écrase dans l’herbe. Elle s’approche, foule la pelouse vaseuse de la rive de la semelle de ses Converses et de bout des doigts, elle effleure la surface. Le contact rafraichissant lui procure un frisson. Cette fois, ce n’est pas dans sa tête… alors elle peut commencer. Elle s’installe en tailleur, jette sa toison noir d'encre en arrière et se concentre. Avec Elizabeth, elles ont réussi à établir les bases : la solution est en elle, comme une énergie qui pulse dans ses veines. Il faut qu’elle la sollicite, la canalise, et…
… rien. Oh si, le miroir fangeux a vaguement ondoyé, mais rien de plus. Geler des verres d’eau, ou même des saladiers maintenant, elle maitrise. Mais les sources plus vastes et moins filtrées, c’est un autre défi. Heureusement, elle n’a pas fait tout ce chemin pour se défiler aussi vite. L’Islandaise tend une main vers le lac, plus pour guider sa concentration que par nécessité. Changer. Glace. La surface tourbillonne vaguement, se couvrant d’une pellicule de givre, puis reprend sa forme initiale. OK, OK… ça va venir.
*
Elle a froid. Au fur et à mesure qu’elle a débloqué ses dons, sa température corporelle a chuté. Le bout de ses doigts a bleui, ses orteils, et toutes ses extrémités, sont engourdis. Après trois quart d'heure d’entrainement, Isalín a pu créer un disque de glace large comme une bouée de sauvetage. Il flotte à la surface du lac, friable, si fragile qu’elle doit le recomposer régulièrement. Au moins, maintenant, elle maitrise… ou à peu près. Car le résultat n’a pas été sans heurt : à de nombreuses reprises, elle a écorché le bassin de vibrations involontaires et chaotiques. Autour d’elle, l’herbe moite a blanchi sur presque deux mètres, pétrifiée par un givre surnaturel. Autrement dit, c’est encore brouillon et imprécis.
Une voix résonne soudainement dans l’épilogue du crépuscule. La jeune femme sursaute et bondit sur ses pieds. Mauvaise idée. L’épuisement lui vrille le crâne, ses jambes se dérobent sous son poids, et elle se retrouve le cul dans l’eau. Pestant dans sa langue natale, transie de grelottements qui restreignent ses mouvements, elle s'extirpe tant bien que mal de sa posture inconfortable.
- Ça s’fait pas d’débarquer comme ça ! se plaint-elle en avisant les dégâts sur son jean.
Briser la glace Rives du lac Caddo, automne 2021 ft. Isalin
L
a réaction de la jeune femme dépasse sensiblement celle que tu avais anticipée. La pauvre semble avoir évité de peu la crise cardiaque, et en étant tout à fait honnête avec toi-même, ç’aurait pu être à prévoir. Toi-même lorsque tu te concentres sur un sort particulièrement complexe, tu tends à oublier le reste du monde autour de toi dans une sorte de vertige de concentration. Une sensation toute particulière, mais tu t’égares : tout cela pour dire que tu regrettes un peu. Un courant d’air glacé glisse le long de ta nuque et te fait frissonner. La pauvre gamine doit mourir de froid à patauger au milieu des fines plaques de glace qui se désagrègent à vue d’œil. Est-ce que c’est elle qui est à l’origine de cet air glacial ? Qui d’autre, en même temps ? Sans vraiment prendre le temps d’y songer plus, tu t’approches de quelques pas pour te poser au bord de l’eau et lui tendre une main. « Allez, sors de là, si tu finis en hypothermie je vais m’en vouloir. » Ton regard navigue un instant aux alentours à la recherche d’un outil salvateur que tu ne trouveras évidemment pas. Tu ôtes alors ta large veste en daim avant de la déposer délicatement sur ses épaules en lui adressant un regard désolé. « Tu as des vêtements secs dans ton sac ? » Est-ce que tu en fais trop ? Ce sera à elle de le dire, tu as été éduquée comme ça et n’as jamais ressenti le besoin de le remettre en question.
Or, une fois sûre que l’adolescente ne va pas mourir de froid, tu t’éloignes d’un pas pour la dévisager de haut en bas d’un œil désapprobateur. Une léger sourire fleurit finalement sur ton visage juste avant que tu ne t’adresses à nouveau à la jeune arcaniste. « Il faut prendre des précautions quand on tente de nouvelles choses. » Pour toi, à son âge, il est inconcevable de ne pas avoir déjà bénéficié d’une éducation aux arcanes si l’on en a présenté les capacités. Tu croises les bras, manquant presque de rire devant cet air pseudo-professoral auquel tu ne crois pas une seule seconde. Autour de vous, le lourd air de la Louisiane reprend finalement ses droits, petit à petit, dans cette bulle de givre. Finalement, tu souffles en levant les yeux au ciel un instant et te frottant l’arrière de la tête. « Ecoute, je vais pas t’engueuler, j’étais à ta place il y a pas si longtemps que ça, mais ça peut être dangereux la magie, d’autant plus quand ça n’est pas maîtrisé. » Ta voix, marquée par ton accent texan, a la douceur et la fermeté de celle d’une nourrice ou d’une grande sœur. Des exemples, tu en as beaucoup en tête, qu’ils proviennent de tes propres expériences ou de celles des autres. Tu auras d’ailleurs toujours en mémoire la fois où tu as failli mettre le feu à tout la maison en essayant de mettre au point une bougie qui ne se consume pas. Tu auras aussi toujours gravé dans ta peau l’effroi causé par le rituel noir qui a dévasté la ville il y a maintenant presque deux ans. Voilà ce qui se passe lorsque l’on se laisse guider par l’instinct aveugle des arcanes. Oh, elle est sans doute à des années lumières d’un jour s’adonner à ce genre de pratiques, mais tu restes persuadée que rien de bon ne peut arriver si l’on se fie sans recul à l’intuition murmurée par l’éveil.
CODAGE PAR JFB / Contry.
Isalín Lokisdóttir
That kid you called a weirdo
You're a part of the dawn...
En un mot : ❅ fleur hivernale ❅
Qui es-tu ? : ❅ Née en octobre 2004, elle est encore dans ce drôle de monde qu'est l'adolescence;
❅ Cheveux sombres et yeux de jade, visage en cœur, petite bouche charnue et taches de son, voilà le mélange de ce visage un peu atypique. C’est aussi une silhouette athlétique d’1m64 pour 52 kg.
❅ Depuis toute petite, elle s'entraine pour être patineuse Olympique. Médaillée d'argent au championnat des USA et sacrée première à la grande coupe des quatre continents, son rêve s'effondre en 2021 à cause de ses dons.
❅ Cherche désormais sa voie en tant que personne et en tant qu'Outre.
❅ Vit avec sa cousine Sofia et Elizabeth.
Facultés : ❅ Élémentaliste de l'eau dont le pouvoir se manifeste actuellement essentiellement autour de la glace.
❅ Don principal : kinésie de la glace. Isalín peut givrer l'eau et les surfaces humides ou déformer sommairement une étendue de glace. Fonctionne dans un rayon de 2m, le contact aide beaucoup
❅ Don secondaire : résistance accrue au froid.
❅ Les bienfaits d'avoir grandi dans un monde bilingue font qu'elle n'a pas d'accent quand elle parle anglais, mais il lui arrive de buter sur le vocabulaire.
❅ C'est une athlète de haut niveau, elle est donc plus robuste et endurante qu'une adolescente lambda du même âge. Son sport l'a rendue aussi particulièrement souple et agile.
Gnagnagna hypothermie qu’elle songe, non sans attraper la main tendue pour définitivement sortir de l’eau. A cause de qui elle est tombée, hein ?! La mine renfrognée, Isalín chasse la vase gluée à son derrière, mais ne peut rien contre la sensation spongieuse qui baigne ses pieds glacés. Su-per.
- Wow !
Elle a été surprise par la veste posée sur ses épaules. C’est quoi cette proximité soudaine là ?! Une manière de se faire pardonner ? L’adolescente n’est pas convaincue, elle est méfiante, mais s’empresse de serrer se tissu autour de sa silhouette féline. Elle caille, c’est un fait, et pas seulement à cause du petit plongeon. C’est une impression qui la bouffe de l’intérieur, d’autant plus prégnante qu’elle n’a pas l’habitude d’avoir froid.
- Ça va ouais, répond-elle au sujet des vêtements.
C’est sec, mais elle boude un peu il faut dire. Merde quoi. C’est faux en plus : si l’Islandaise peut bien remettre ses fringues de sport, elle n’a pas de chaussures de rechange. Paye ton retour jusqu’à Shreveport, c’est un truc à choper la crève ça. Si elle ne peut pas bosser le lendemain, pas sûr que Siobhan apprécie. Et qu’est-ce qu’elle va raconter à Wendy ? Tiens, parlant de Wendy…
- Y’a des gens qui vont v’nir me chercher hein ?! Euh… dans pas trop longtemps je crois !
C’est aussi un mensonge, mais c’est simplement au cas où c’est une weirdo qui va essayer de l’emmener dans sa cave ou un truc de ce style. Bon, elle n’a pas l’air d’être une psychopathe dévoreuse de jeune femme, mais elle s’y connait visiblement en magie et aime prendre les gens par surprise. A tout moment, elle se transforme en ogre-garou et la bouffe sur place, mieux vaut mettre toutes les chances de son côté ; si jamais ça peut la dissuader de la croquer...
- D’toute façon, j’vois pas trop pourquoi vous m’engueuleriez, on s’connait pas et j’ai rien fait d’mal, à moins qu’il y ait un panneau genre « outre interdit au bord du lac » qu’elle n’a pas vu ? Et j’fais pas d’la magie, j’fais juste… bah, c’est moi quoi.
Dans son esprit encore novice en la matière, la « magie » fait référence à la « sorcellerie », et elle n’est pas une sorcière. Ce qu’elle fait est un peu différent, n’est-ce pas ? Y’a pas de sortilèges, d’enchantements, d’incantation ou de quel que soit le nom qu’on donne. Ça existe en elle, ça grandit en elle. Isalín se montre un peu impertinente, abrupte, mais elle n’apprécie pas d’avoir été surprise dans un moment de vulnérabilité, et de s’être vautrée en prime.
- Du coup, j’vous laisse le lac si vous voulez, euh… faire vos trucs.
C’est pas ce qu’elle vient faire là ? Son aînée vient de lui dire qu’elle « était à sa place avant », donc c’est aussi une outre de l’eau ? A vrai dire, l’Islandaise est un peu curieuse. Tout ce qui touche à ses dons l’intrigue. Mais ses extrémités sont engourdies, elle est crevée et ses vêtements sont mouillés. Elle n’est pas dans la plus confortable des situations pour débattre de ses capacités…
Briser la glace Rives du lac Caddo, automne 2021 ft. Isalin
L
a gamine est méfiante. Bon, ça peut se comprendre après tout ; rencontrer une inconnue dans ces circonstances dans un coin aussi perdu que celui-ci a de quoi faire imaginer des scénarii véritablement effrayants, d’autant plus par les temps qui courent. D’autant plus lorsque l’on se fait surprendre à exercer un don que la science n’explique pas. C’est aussi pour ça que Maman insistait pour que tu t’entraines toujours à la maison, mais pour une enchanteresse c’était sans doute plus simple que pour une élémentaliste dans son genre. Personne ne sait comment le chaland va réagir en voyant une demi-adulte changer l’eau en glace en fronçant les sourcils, ou tracer des symboles ésotériques sur le sol. Tu souffles lentement en maintenant la distance prise avec elle et en levant les mains doucement en signe d’innocence. L’objectif, pour l’heure, est de gagner sa confiance, au moins partielle. Tu ne t’attends pas à devenir sa meilleure amie en une paire de minutes, mais au moins assez pour qu’elle accepte de ne pas rester à moitié trempée, plantée ici à attendre qu’on passe la chercher. Encore une fois, tu pourrais tout aussi bien la laisser tranquille et reprendre le cours de ta balade comme si de rien n’était, mais encore une fois, ça n’est pas ton genre de ne pas chercher à venir en aide à une consœur.
Enfin, consœur, la téméraire jeune femme remet également cela en question. Comment ça elle ne pratique pas la magie ? Loin de toi l’idée de vouloir faire ta je-sais-tout, mais qu’elle le veuille ou non, c’en était bel et bien. La réflexion te fait afficher une moue circonspecte que tu ne prends même pas la peine de cacher. Les déductions que tu prenais pour acquises se déconstruisent et de nouvelles se dessinent avec cette nouvelle information cruciale. Les liens logiques se tracent et une ébauche de conclusion commence à apparaître dans ton esprit. Tu ouvres la bouches dans l’idée d’entamer une phrase, mais pas encore tout à fait certaine de ton ultime inférence, tu te ravises pour encore quelques secondes. Malheureusement, ce temps aura suffi à un petit moustique pour décider de partir en spéléologie. Tu grimaces soudainement de dégoût en crachant sur le sol avant de soupirer. Il y a décidément des choses auxquelles tu ne te feras jamais.
« J’ai rien à faire ici, tu peux rester si tu veux, je m’en fiche. » Tu hausses finalement les épaules. « Je suis passée par là parce que c’est assez rare de sentir de la magie dans le coin, justement. J’habite à dix ou quinze minutes à pied, vers la ville. » D’un signe de tête explicite, tu désignes la direction de ton humble maison. Si elle ne sait pas qu’elle manipule la magie, c’est soit qu’on lui a caché, soit que personne n’a jamais eu l’occasion de le lui dire… Pourrait-elle être de ces éveillés qui naissent dans des familles profanes ? Une outre ? Rare, mais ça expliquerait parfaitement pourquoi elle galérait comme un pingouin essayant de monter une côte. Tu te doutes que ta prochaine phrase a le potentiel de perturber certaines de ses croyances, et peut-être quelques fondements de son identité, et c’est pourquoi tu tentes de rayonner un peu plus particulièrement la bienveillance derrière tes mots. « Ce que tu essayais de faire avant que j’arrive, c’était de la magie, je peux te l’assurer. Crois-moi, je sais de quoi je parle. » Après plus d'une quinzaine d'année de formation et de pratique quotidienne, tu peux l'affirmer sans trop sourciller. D’un geste délicat, tu joints tes mains devant toi et, en les séparant une paire de secondes plus tard, laisses apparaître une boule de lumière blanche rayonnant doucement entre tes paumes. C’est le premier sort que tu as appris, inoffensif en tout point ; avec l’habitude, tu n’as plus besoin de prononcer son incantation. Tu peux encore te souvenir de l’émerveillement qui s’est emparé de tout ton corps lorsque Maman l’a lancé pour la première fois devant toi, et un fin sourire nostalgique s’installe au coin de tes lèvres l’espace d’une seconde. D’un mouvement concis, tu romps cependant le sort et dissipe l’orbe en une fraction de seconde. « Evidemment que tu n’as rien fait de mal, mais regarde-toi, tu serais restée combien de temps encore à faire baisser ta température si j’étais pas arrivée ? » Bras croisés, tu avises la jeune femme le regard désolé. Difficile de lui en vouloir, en même temps. « S’entraîner ça ne demande pas que de l’acharnement, ça demande aussi de la discipline. L’un sans l’autre, c’est dangereux, et tout principalement pour toi. » Tu n’as pas pu t’empêcher de lui servir le sermon, au final, mais si elle doit partir dans la minute qui suit, elle aura au moins un peu de matière à réfléchir pour que ce genre d’événement ne se reproduise plus. Dans son propre intérêt.
CODAGE PAR JFB / Contry.
Isalín Lokisdóttir
That kid you called a weirdo
You're a part of the dawn...
En un mot : ❅ fleur hivernale ❅
Qui es-tu ? : ❅ Née en octobre 2004, elle est encore dans ce drôle de monde qu'est l'adolescence;
❅ Cheveux sombres et yeux de jade, visage en cœur, petite bouche charnue et taches de son, voilà le mélange de ce visage un peu atypique. C’est aussi une silhouette athlétique d’1m64 pour 52 kg.
❅ Depuis toute petite, elle s'entraine pour être patineuse Olympique. Médaillée d'argent au championnat des USA et sacrée première à la grande coupe des quatre continents, son rêve s'effondre en 2021 à cause de ses dons.
❅ Cherche désormais sa voie en tant que personne et en tant qu'Outre.
❅ Vit avec sa cousine Sofia et Elizabeth.
Facultés : ❅ Élémentaliste de l'eau dont le pouvoir se manifeste actuellement essentiellement autour de la glace.
❅ Don principal : kinésie de la glace. Isalín peut givrer l'eau et les surfaces humides ou déformer sommairement une étendue de glace. Fonctionne dans un rayon de 2m, le contact aide beaucoup
❅ Don secondaire : résistance accrue au froid.
❅ Les bienfaits d'avoir grandi dans un monde bilingue font qu'elle n'a pas d'accent quand elle parle anglais, mais il lui arrive de buter sur le vocabulaire.
❅ C'est une athlète de haut niveau, elle est donc plus robuste et endurante qu'une adolescente lambda du même âge. Son sport l'a rendue aussi particulièrement souple et agile.
L’adolescente ramasse son sac, prête à partir, sans réaliser qu’elle porte encore la veste de l’inconnue sur les épaules. Toutefois, les paroles de cette dernière l’incitent à faire du sur-place et lui évitent donc de passer pour une voleuse. Elle a « senti » la magie ? Et elle lui jure que ce qu’elle essaye de faire avec ses pouvoirs, c’en est aussi ? L’adolescente fronce les sourcils. La prend-elle pour une vraie sorcière ou… ? Cela fait quelques semaines maintenant qu’elle travaille chez Siobhan, et celle-ci n’a jamais laissé entendre qu’elle était magicienne. Jamais vraiment… ou bien n’a-t-elle pas senti la subtilité dans ses explications, ce qui est possible.
Bref. Dans l’immédiat, Isalín fixe avec émerveillement la boule de lumière qui fleurit entre les mains de son aînée et éclaire brièvement la nuit naissante. OK, elle est définitivement surnaturelle, elle ; remarque, elle le répète pratiquement à chaque phrase depuis cinq minutes. Ce n’est donc rien de franchement nouveau. Ce qui frappe le plus l’Islandaise, ce n’est pas la démonstration, ce sont les mots qui suivent. Et oui, jusqu’où aurait-elle pu aller comme ça ? Elle n’a aucune idée de l’impact réel de ses pouvoirs sur son organisme. Peut-elle se geler elle-même ? Peut-elle faire un malaise à cause de l’épuisement ? …Peut-elle en mourir ?
- Ma mère disait ça aussi, commente-t-elle en essayant de réprimer ses grelottements frigorifiés, qu’il faut travailler fort mais avec discipline, pas comme une forcenée…
Elle parlait de patinage, évidemment, mais l’idée est la même. Isalín a été éduquée avec ce principe, elle ne peut pas ne pas le comprendre. S’entrainer n’importe comment, c’est risquer de se faire mal sans obtenir le moindre résultat. Elle le sait le pire, mais… elle tâtonne encore dans les mœurs surnaturels, et avoir littéralement des années de retard à combler la pousse à la précipitation.
- V’vous y connaissez alors ? questionne-t-elle avec méfiance ; elle n’a toujours pas compris la sollicitude de cette fille, j’veux dire… spécifiquement dans c’que j’fais ?
Elle désigne vaguement la surface de l’eau sombre où ne flottent plus que quelques morceaux de glace éparses. Ses prunelles de jade étudient toujours l’inconnue, sans savoir quoi penser d’elle. On lui a maintes fois répété de se méfier des gens qu’elle ne connait pas, c’est de la prudence élémentaire – et surtout quand on est une fille. S’il y a bien une chose qu’elle a retenu de ses années aux États-Unis, c’est que ce pays est suffisamment grand pour y faire disparaître quelqu’un en quelques heures. Et il est peuplé de sociopathes capables de le faire tous les vendredis soirs.
- J’ai pas si froid v’savez, ment-elle effrontément, c’est rien ça ! Mais… vous avez des conseils à donner ?
C’est plus fort qu’elle, Isalín veut savoir s’il y a des choses qu’elle pourrait se mettre à appliquer tout de suite. Comme sécurité illusoire, elle observe toujours une distance raisonnable avec la jeune femme. Au moindre geste suspect, elle peut se mettre à courir. Elle serait encombrée par le poids de son sac et ses jambes risquent fort de ne pas la porter jusqu’au bout, mais avec un peu de chance, la sorcière est très mauvaise joggeuse.
Briser la glace Rives du lac Caddo, automne 2021 ft. Isalin
E
st-ce qu’il n’y aurait pas un petit ego blessé dans le comportement de l’adolescente ? Tu te mets une nouvelle fois à sa place une seconde : oh, tu n’aurais pas apprécié non plus qu’on te prenne en plein échec. Tu retiens un fin sourire narquois à la pensée que toi tu n’aurais jamais pu être prise en train de rater, mais c’est tout à fait faux, en plus de ne pas être la meilleure chose à répondre à une jeune femme un peu vexée. Le choix de la démonstration était plus avisé, en témoigne l’expression sur son visage qui ne trompe pas. Tu souris en retour, attendrie. Si le mystère de la nature et des dons de ton interlocutrice est – partiellement – résolu, celui de l’histoire qui l’a menée jusqu’ici ne fait quant à lui que s’étoffer. Elle parle de sa mère au passé, et sans même que tu puisses le conscientiser, ton visage reflète instinctivement toute l’empathie que tu peux développer. Il y a peut-être, tu l’espères, une raison moins tragique que celle à laquelle tu penses pour expliquer ce détail, mais tu ne peux pas empêcher cette histoire extrapolée de toutes pièces à partir de trois syllabes de résonner avec amertume dans ta poitrine. Tant bien que mal, tu ordonnes à la petite voix de se taire, et tu remercies intérieurement la jeune outre d’enchainer.
Elle a l’air un peu désespérée, pour en arriver à poser ce genre de questions à une parfaite inconnue. Ca n’est pas normal de vivre aussi longtemps avec un don tel que celui-ci sans jamais se le faire expliquer. Enfin, vu la maitrise qu’elle en a… son apparition pourrait aussi être tardive. Elle pourrait aussi simplement être peu réceptive à la magie. A investiguer. Ou pas, d’ailleurs. Une des principales différences entre celle que tu étais à son âge et celle que tu es aujourd’hui est ta capacité à refreiner la curiosité quasi-maladive que tu éprouves face à la moindre question germant innocemment dans ton esprit. La réponse que tu as à apporter à ses interrogations risque de ne pas lui plaire. Elle a eu beau avoir la chance de tomber sur une sorcière somme toute plutôt sympathique, le hasard n’a pas fait les choses assez bien pour que tu te trouves être une experte de la cryomancie. Cependant, les réponses devront attendre, au moins quelques minutes. Tu lui réponds finalement avec un ton juste assez narquois pour lui prouver que tu n’es pas une psychopathe, et assez peu pour ne pas passer simplement pour une garce. « Si tu n’as pas *si* froid, tu peux me rendre ma veste ? » D’un signe nonchalant de la main, tu lui signifies que tu n’étais pas vraiment sérieuse. Elle peut le nier tant qu’elle le veut, mais pas besoin d’être médecin pour deviner qu’elle ment. Tu restes muette une seconde de plus avant de finalement trouver la bonne formulation. « Tu as ton téléphone sur toi ? Tu peux dire à la personne qui doit venir te chercher de passer à Trice Street à la place, si tu veux. » Une façon de l’inviter chez toi sans trop lui faire peur, tu l’espères. « Je vais quand même pas te laisser mourir de froid ici. On va voir pour que tu reprennes des couleurs normales dans un premier temps, et après pour la magie, ok ? Et je vais pas non plus te laisser garder ma veste, désolée. » A nouveau, ton petit sourire narquois cible sa mauvaise humeur dans l’espoir de provoquer la moue de ceux qui s’empêchent de sourire.
Doucement, et en lui laissant le temps d’objecter si elle le désire, tu commences à tourner les talons avec l’intention de reprendre la direction de ton humble bicoque. A l’horizon, le soleil est presque couché et ses derniers rayons pourpres ricochent sur les vaguelettes tranquilles du lac Caddo. C’est une vision apaisante, et pour sûr une des raisons pour lesquelles tu ne troquerais pas ta maison pour un appartement en ville. Finalement dos à la gamine, tu finis par tourner la tête dans sa direction en te rendant compte que tu as oublié le principal. « Au fait, tu peux m’appeler Lucy. »
CODAGE PAR JFB / Contry.
Isalín Lokisdóttir
That kid you called a weirdo
You're a part of the dawn...
En un mot : ❅ fleur hivernale ❅
Qui es-tu ? : ❅ Née en octobre 2004, elle est encore dans ce drôle de monde qu'est l'adolescence;
❅ Cheveux sombres et yeux de jade, visage en cœur, petite bouche charnue et taches de son, voilà le mélange de ce visage un peu atypique. C’est aussi une silhouette athlétique d’1m64 pour 52 kg.
❅ Depuis toute petite, elle s'entraine pour être patineuse Olympique. Médaillée d'argent au championnat des USA et sacrée première à la grande coupe des quatre continents, son rêve s'effondre en 2021 à cause de ses dons.
❅ Cherche désormais sa voie en tant que personne et en tant qu'Outre.
❅ Vit avec sa cousine Sofia et Elizabeth.
Facultés : ❅ Élémentaliste de l'eau dont le pouvoir se manifeste actuellement essentiellement autour de la glace.
❅ Don principal : kinésie de la glace. Isalín peut givrer l'eau et les surfaces humides ou déformer sommairement une étendue de glace. Fonctionne dans un rayon de 2m, le contact aide beaucoup
❅ Don secondaire : résistance accrue au froid.
❅ Les bienfaits d'avoir grandi dans un monde bilingue font qu'elle n'a pas d'accent quand elle parle anglais, mais il lui arrive de buter sur le vocabulaire.
❅ C'est une athlète de haut niveau, elle est donc plus robuste et endurante qu'une adolescente lambda du même âge. Son sport l'a rendue aussi particulièrement souple et agile.
- J’pas froid, mais vous m’avez quand même poussée dans l’eau ! qu’elle exagère, avec une mauvaise foi à crever le plafond.
Admettre qu’elle souffre ? Jamais ! Pas maintenant en tout cas. Isalín ne fait pas un geste pour rendre la veste, parce que sa propriétaire n’est pas sérieuse… et parce qu’elle n’est pas encore débarrassée d’elle ! La proposition de prévenir Wendy de l’endroit où elle se rend la prend de court. Certes, ça donne l’impression d’un élan d’honnêteté destiné à la mettre en confiance – et elle a sacrément envie de mordre à l’hameçon ! – mais…
- Rien m’dit qu’ça existe ça, « T-rex Street », elle n'a pas bien compris avec l'accent texan de son interlocutrice. C'est chelou comme nom d'rue.
Toujours l’esprit de contradiction, c’est l’apanage de la jeunesse. A ce sujet, elle ne saurait pas donner un âge la sorcière. Elle n’a pas l’air très vieille, juste un peu. Quoique… à sa manière de parler, l’Islandaise a envie de lui donner au moins trente ans. Affaire à suivre. La blonde tourne les talons donc, l’ayant explicitement invitée à la suivre. Isalín se repasse en tête toutes les leçons qu’on lui a fait dans sa vie sur le fait de ne pas suivre les inconnus chez eux, et…
- Hey, attends-moi Lucy !
Le changement d’intonation pour un peu moins de formalité se fait tout seul. Elle sort son smartphone de son sac de sport et emboîte le pas à son aînée, tout en pianotant pour envoyer un SMS à sa pote. « Prends ton temps, on bouge à T-rex Street, jte donne le num dla rue quand j’y suis » ; dans la foulée, elle embraye avec un Whatsapp pour sa cousine « Si jamais jreviens pas ce soir, jsuis chez une fille bizarre qui dit savoir des trucs sur mon don. Pas loin du lac Caddo, T-rex Street, c’est une blonde qui dit s’appeler Lucy ». Sofia va sans doute paniquer plus qu’autre chose, mais elle ne va pas lui reprocher de l’informer, hein ?!
- J’viens surtout parce que j’dois m’changer et que j’vais pas l’faire dans les bois, prétend l’Islandaise et rattrapant Lucy. D’ailleurs, quand ma pote vient m’chercher, t'es un date de 18 ans qui s’appelle Jaden, ok ?!
A son tour de sourire, timidement, signe qu'elle se déride un peu. L’autre se fiche probablement de son mensonge – et Isalín aussi au fond – mais causer lui donner contenance. Elle ne sait pas comment se comporter à côté de son hôte. Ce n’est pas anodin de proposer son aide spontanément, et même en ayant eu une vie atypique coupée de nombreuses réalités, l’Outre est consciente que l’altruisme est une denrée relativement rare.
- Par contre, j’ai pas d’argent, prévient-elle des fois que les intentions de Lucy s'avèrent lucratives. Et si t'veux m’voler mes pouvoirs, j’crois pas qu’tu gagneras grand-chose.
Encore une fois : est-ce possible de se faire siphonner ses dons ? Elle croit que oui, mais c’est peut-être une autre de ses idées reçues puisée dans les comics dont elle se gave. Et puisque la question est sur la table de son esprit : serait-elle ravie d’être amputer de des facultés mystiques ? Elle n’en sait trop rien. Même si six mois ont passé, la plaie reste là, sourde, sensible. Les JO 2022 lui passent sous le nez et ça lui broient les entrailles. Mais en parallèle, le nouveau défi qu’elle doit relever est terriblement stimulant.
Briser la glace Rives du lac Caddo, automne 2021 ft. Isalin
U
n roulement d’yeux complaisant. Si tu avais vraiment voulu la pousser dans l’eau, tu aurais pu le faire sans même avoir à la toucher. Tu es certes une télékinésiste médiocre, mais la projection de force demande bien moins de raffinement dans la pratique. Un simple souffle de magie aurait pu la mettre à l’eau, mais tu n’es pas espiègle à ce point. D’ailleurs, tu n’es pas une grande adepte du terme *magie*. Bien trop polysémique lorsque l’on traite de sujets aussi complexes que la pratique des arcanes. *Magie*, ça désigne aussi bien la nature de la pratique que l’énergie primitive de laquelle elle puise sa réalité, aussi bien un sort qu’une tradition entière. Tu aimes la précision, et la magie est un terme bien trop profane pour avoir une place dans le vocable d’un sorcier. Enfin, l’heure n’est pas à la réflexion épistémique, d’autant plus dans cette situation. Qu’elle revienne plus tard, après un début d’apprentissage idéalement, et vous pourrez sans doute en discuter.
Ton accent est-il si incompréhensible que cela pour qu’elle comprenne autant de travers ? Remarque, tu aimerais beaucoup habiter à T-Rex street, il faudra que tu penses à envoyer un courrier à la mairie. Et alors que tu commences à prendre le chemin du retour, la voix de l’adolescente passe au-dessus de sa fierté, et dans son dos, un sourire amusé vient ourler tes lèvres roses. Mais dans les poches, tu ralentis sensiblement la cadence jusqu’à ce qu’elle te rattrape après une poignée de secondes. Une nouvelle fois, tu lèves les yeux au ciel en l’entendant tordre éhontément la réalité. Après tout, si ça l’amuse ; et surtout, si ça la détend. En revanche, tu ne t’attendais pas à ses dernières affirmations. Voler ses pouvoirs ? Un sourcil haussé, tu reposes enfin le regard sur elle en te demandant dans quelle fiction elle est allée chercher une idée pareille. « Je veux pas de ton argent, et je veux pas de ton don non plus, » lui réponds-tu en secouant subtilement la tête. « De toutes façons, même si j’avais envie de te le piquer, ce serait… » Impossible ? C’est ce que tu allais dire en tous cas, mais une petite voix dans ta tête – toujours elle – te fait te raviser. Tu fronces les sourcils en fixant le vague, le temps de terminer l’inventaire de tes connaissances en vitesse afin d’y trouver une bribe d’intuition pour contredire la première. « Une sacrée prouesse. »
Tu ne connais toujours pas son nom, au fait. Pas que ce soit important, mais tu t’attendais à ce qu’elle te donne le sien après que tu l’as fait. « On aura qu’à dire que c’est ce Jaden qui t’a poussée dans l’eau, plutôt, hein ? » A mesure que vous vous éloignez de la rive du lac et rejoignez un sentier marqué par peut-être une décennie de foulées insouciantes, le chant des parulines se fait de plus en plus ambiant et le bruissement des feuilles siffle de plus belle sa chanson sans paroles. « Ça fait longtemps que tes pouvoirs se sont manifestés, alors ? » Peut-être profiter du chemin pour entamer le sujet qui de toute évidence l’a poussée te suivre malgré les précautions d’usage. Après tout, plus tu en sauras, mieux tu pourras l’aiguiller.
CODAGE PAR JFB / Contry.
Isalín Lokisdóttir
That kid you called a weirdo
You're a part of the dawn...
En un mot : ❅ fleur hivernale ❅
Qui es-tu ? : ❅ Née en octobre 2004, elle est encore dans ce drôle de monde qu'est l'adolescence;
❅ Cheveux sombres et yeux de jade, visage en cœur, petite bouche charnue et taches de son, voilà le mélange de ce visage un peu atypique. C’est aussi une silhouette athlétique d’1m64 pour 52 kg.
❅ Depuis toute petite, elle s'entraine pour être patineuse Olympique. Médaillée d'argent au championnat des USA et sacrée première à la grande coupe des quatre continents, son rêve s'effondre en 2021 à cause de ses dons.
❅ Cherche désormais sa voie en tant que personne et en tant qu'Outre.
❅ Vit avec sa cousine Sofia et Elizabeth.
Facultés : ❅ Élémentaliste de l'eau dont le pouvoir se manifeste actuellement essentiellement autour de la glace.
❅ Don principal : kinésie de la glace. Isalín peut givrer l'eau et les surfaces humides ou déformer sommairement une étendue de glace. Fonctionne dans un rayon de 2m, le contact aide beaucoup
❅ Don secondaire : résistance accrue au froid.
❅ Les bienfaits d'avoir grandi dans un monde bilingue font qu'elle n'a pas d'accent quand elle parle anglais, mais il lui arrive de buter sur le vocabulaire.
❅ C'est une athlète de haut niveau, elle est donc plus robuste et endurante qu'une adolescente lambda du même âge. Son sport l'a rendue aussi particulièrement souple et agile.
- Mais, t'as compris qu’il n’existe pas Jaden, hein ? Réplique Isalín en fronçant les sourcils.
Son aînée n’a visiblement pas capté la plaisanterie, mais elle lui pardonne puisqu’à priori, elle ne veut ni vider son compte en banque, ni siphonner son âme. Jusque-là, green flag, si on omet le fait qu’elle s’est pointée par surprise pour la faire sursauter. Bref. Dans tous les cas, l’Islandaise est en train de la suivre, donc elle a déjà mordu à l’hameçon. Elle est tellement en quête de connaissances sur à peu près tout qu’elle n’a malheureusement pas trop de scrupules à prendre ce risque.
La nuit tombe et la nature entame son chant le plus feutré. La jeune femme grelotte encore, alors que le froid ne l’a d'ordinaire jamais trop affectée, et que les températures de la Louisiane sont bien plus douces que celles de l’État de Washington, ou de son pays natal, à cette période de l’année. C’est un peu comme si un feu glacé couvait sous sa peau. Chacune de ses cellules est en ébullition, son organisme est sévèrement affecté par l’utilisation intensive de ses pouvoirs.
- Ça faire genre… environ six mois que j’gèle des trucs. On m’a dit qu’ça devait être en moi et que ça s’est réveillé parce que…
Elle hausse les épaules. Elle a entendu plusieurs théories mais dans les grandes lignes, il y en a deux diamétralement opposées : ses dons dormants ont réagi aux intenses émotions de la compétition internationale destinée à lui ouvrir la porte aux JO / ses dons ont été réprimés par son inconscient car elle était obnubilée par sa carrière d’athlète, jusqu’à ce qu’ils échappent à son « contrôle ». Pour l’Islandaise, les deux hypothèses se valent, et elle ne sait pas laquelle elle préfère.
- Ça s’est fait devant pas mal d’monde la première fois, et à la télé, alors… disons que ça a été compliqué. J’ai préféré prendre mes distances avec ma mère et j’avais envie de savoir ce qui m’arrivait. Du coup : tadam, je m’entraine sur des lacs !
N’importe comment à en croire les dires de la sorcière, mais celle-ci n’a pas tort. La jeune femme n’a pas de rigueur, sinon son caractère de championne qui griffe la glace depuis plus de la moitié de sa vie. Néanmoins, si maîtriser une force mystique se faisait comme on apprend les doubles axel, ça se saurait. Elle pousse un soupir dépité, et jette une œillade à Lucy.
- Si j’suis une cause perdue, faut m’le dire. J’y croirais sûrement pas, précise-t-elle après réflexion, mais comme ça…, nouveau haussement d’épaule, elle ne sait pas comment finir sa phrase, en fait, t’en as connu d’autres des gens comme moi ?
C’est ça la vraie question en réalité. Faire de la lumière avec les doigts, c’est bien beau, mais Isalín espère secrètement qu’à l’instar des Wheelan, son hôte en devenir sera en mesure de lui révéler des choses inédites. Elle a beau jouer les impertinentes désinvoltes, elle est surtout bouffée par l’appréhension à propos de ses dons. L’adolescente a besoin de cadre, de conseils, de défis… c’est dur à admettre, mais c’est clair qu’elle n’ira pas beaucoup plus loin dans sa maitrise en continuant de la sorte.
Briser la glace Rives du lac Caddo, automne 2021 ft. Isalin
C
’est les sourcils froncés d’incompréhension que tu accueilles sa première réponse. Bien sûr que tu avais compris que le Jaden en question n’existe pas, c’était d’ailleurs là-dessus que reposait tout le comique de ton intervention à ce sujet. Parce que comme ça tu ne passes pas pour la méchante, et… oh, et puis tant pis. Ca n’est peut-être juste pas le moment de faire de l’humour. Tu secoues la tête en levant les yeux au ciel une seconde. De toutes façons, ce qu’elle a à te raconter ensuite est des ordres de grandeur plus intéressant.
Six moi, c’était donc aux alentours de seize, peut-être dix-sept ans ? Tu notes mentalement de lui demander son âge. Il y a des sorciers qui dédient ou ont dédié une partie de leur vie à étudier les conditions de l’éveil à la magie chez les enfants. Tu as souvenir d’avoir lu quelques mentions à ce genre de recherche dans un grimoire ou deux, sans pouvoir te souvenir où ni quand. Il faudrait que tu replonges dans tes vieux carnets, mais à l’époque, c’était une problématique qui ne t’intéressait probablement pas assez pour prendre la peine d’en faire état. Puis, elle complète avec quelques éléments de contexte qui, tu veux bien l’avouer, ravivent la curiosité qui s’était momentanément calmée. Est-elle une célébrité ? Que tu devrais connaître ? Ca expliquerait peut-être son côté… premier degré ? Dans tous les cas, ça a dû être une épreuve assez terrible que tu peines sincèrement à imaginer. Du coin de l’œil, tu tâches de lui jeter un regard compatissant en espérant déceler sur son visage une bribe d’émotion qui t’aiderait à un peu mieux la cerner. Un court instant, vos regards se croisent et tu crois lire en elle une profonde amertume. Une gamine de son âge ne devrait pas avoir cette lueur bleue au fond des yeux.
Forcément, son inquiétude ressort et cristallise en une question qui te fait de la peine à entendre. Sans nécessairement répondre immédiatement, tu cherches à attraper ses yeux à nouveau avec les tiens et lui adresser un sourire doux et chaleureux comme la voute rougeoyante au-dessus de vos têtes. « Mais non, tu n’es pas une cause perdue. Tu es juste une cause dangereusement inexpérimentée. » Et tu le penses sincèrement. As-tu déjà rencontré des gens comme elle ? Tu te retiens de lui demander si elle voulait parler d’adolescentes se jetant toutes seules à l’eau, mais tu retiens ton sarcasme au profit d’une réponse un peu plus constructive. « La plupart des éveillés que j’ai l’occasion de rencontrer ont ou sont en train de recevoir un apprentissage. Toi, tu n’as pas eu cette chance, mais tu n’es pas fondamentalement différente de moi, ou des autres sorciers que tu pourras croiser. » Bon, tu sais que la réalité est un peu plus subtile que cela, mais les quelques nuances ne sont pas pertinentes à aborder en cet instant.
Bientôt, les silhouettes des quelques maisons de la fameuse T-Rex street commencent à se dessiner entre les pins. « La mienne c’est elle, avec le pick-up rouge. On est presque arrivées. » D’un signe de menton, tu désignes la façade de planches à peine vermoulues et à la peinture blanche émaillée et pleine de terre orange qui en fait, selon toi, tout son charme. « J’ai peut-être un ou deux bouquins qui parlent d’outres à l’intérieur, si j’arrive à les retrouver. Pareil pour la magie de glace. Pas vraiment mon domaine d’expertise, mais rien qui ne s’étudie pas. »
CODAGE PAR JFB / Contry.
Isalín Lokisdóttir
That kid you called a weirdo
You're a part of the dawn...
En un mot : ❅ fleur hivernale ❅
Qui es-tu ? : ❅ Née en octobre 2004, elle est encore dans ce drôle de monde qu'est l'adolescence;
❅ Cheveux sombres et yeux de jade, visage en cœur, petite bouche charnue et taches de son, voilà le mélange de ce visage un peu atypique. C’est aussi une silhouette athlétique d’1m64 pour 52 kg.
❅ Depuis toute petite, elle s'entraine pour être patineuse Olympique. Médaillée d'argent au championnat des USA et sacrée première à la grande coupe des quatre continents, son rêve s'effondre en 2021 à cause de ses dons.
❅ Cherche désormais sa voie en tant que personne et en tant qu'Outre.
❅ Vit avec sa cousine Sofia et Elizabeth.
Facultés : ❅ Élémentaliste de l'eau dont le pouvoir se manifeste actuellement essentiellement autour de la glace.
❅ Don principal : kinésie de la glace. Isalín peut givrer l'eau et les surfaces humides ou déformer sommairement une étendue de glace. Fonctionne dans un rayon de 2m, le contact aide beaucoup
❅ Don secondaire : résistance accrue au froid.
❅ Les bienfaits d'avoir grandi dans un monde bilingue font qu'elle n'a pas d'accent quand elle parle anglais, mais il lui arrive de buter sur le vocabulaire.
❅ C'est une athlète de haut niveau, elle est donc plus robuste et endurante qu'une adolescente lambda du même âge. Son sport l'a rendue aussi particulièrement souple et agile.
« Dangereusement inexpérimentée », le mot est lâché ; et même s’il est vrai, il fait mal à l’ego. Isalín n’a plus l’habitude d’être la nulle de service et elle n’a pas envie d’être « dangereuse ». Il y a derrière ce terme quelque chose de blessant, peut-être en partie parce que c’est ce que l’ISU a déclaré à son sujet quand il a été question de l’évincer des compétitions officielles. Elle représente un « danger potentiel », en plus d’être éventuellement « favorisée » dans sa discipline. La jeune femme se rembrunit alors, contrariée – et surtout contre elle-même.
Les mots suivant de Lucy la rassurent à peine, car ce que l’Islandaise comprend là-dedans, c’est qu’elle est à la ramasse. Le point positif, c’est le mot « apprentissage » ! Oh, elle se forme au contact de Siobhan et Maeve, c’est évident, mais dans un registre différent. Dans la boutique, elle apprend à reconnaître les plantes et à retenir leurs propriétés. Un jour, quand elle aura la tête un peu moins pleine, l’Islandaise demandera à s’essayer à la confection d’une potion – ou tout autre décoction facile à préparer.
- Plutôt cool la maison, commente-t-elle en esquissant un sourire.
La baraque a un charme naturel qui lui rappelle en substance les villages de son île. C’est en découvrant le quartier paisible et isolé de son aînée qu’elle réalise à quel point Shreveport l’étouffe. Les grandes villes ne lui conviennent pas : Isalín est une enfant des grands espaces, de la nature exacerbée. Bien qu’originaire de Reykjavik, elle a étrenner ses lames sur des lacs gelés avant de les user en patinoire. A cette même époque, son père l'emmenait souvent en vadrouille. Au bord des falaises et autres sources chaudes, elle éprouvait une indicible quiétude intérieure. C'était d'intenses bols d'air dans ses semaines bien remplies.
- Y’a des livres qui parlent de nous ? Genre des « vrais » ? s’étonne-t-elle, j’pensais qu’les outres étaient genre… tout le monde s’en fout quoi.
Point d’amertume dans ce qu’elle dit, c’est un simple constat. Partout où elle peut entendre parler des CESS sur internet, il n’y en a que pour les vampires et les sorciers. De temps en temps, les loups-garous ont droit à un billet assassin pour les traiter de bête sanguinaire, mais la jeune femme a plus souvent lu des « témoignages » évoquant les sirènes des caraïbes que les Outres. Sans sa découverte de l’Arch, elle ne saurait toujours pas mettre un nom sur ce qu’elle est.
- Et c’quoi ton dommage d’expertise à toi alors ?
Isalín étudie Lucy alors qu’elles atteignent enfin la maison. Que l’imagine-t-elle faire d’extraordinaire, hormis des petites boules de lumière ? Pas de magie noire en tout cas, même si elle ne connait pas toutes les facettes de ces arcanes. Blanche peut-être ? Du genre guérisseuse ou ce genre de chose ? Ah, son portable vibre. C’est sa cousine, qui résume son incompréhension à un message concis :
« WTF ??? Tu arrêtes de suivre les inconnus et tu rentres ! Tu veux que ta mère me tue ou quoi ?! »
Il est encore question de sa mère. Sauf que cette femme a perdu son statut d’influence sur sa vie il y a six mois de cela. Mais par égard pour Sofia, qui l’apprécie et lui permet d’avoir un toit sur la tête, l’Islandaise concède une réponse rapide :
Briser la glace Rives du lac Caddo, automne 2021 ft. Isalin
L
e compliment te va droit au cœur. « Pas vrai ? » réponds-tu, plutôt fière du petit havre de paix que tu as réussi à en faire. En arrivant en Louisiane, tu as acheté la maison avec ce qu’il restait de l’hypothèque de celle dans laquelle tu as grandi, et il faut dire que son état était bien moins engageant qu’il ne l’est aujourd’hui. Maintenant, elle a l’air habitée, ce qui est déjà un grand pas en avant en considérant la ruine qu’elle était la première fois que tu en as franchi le perron. Seulement, le plus gros du travail que tu as fourni est à l’intérieur. Si le boulot était un arbre, Dieu sait que tu en aurais abattu. Impatiente de le montrer à cette gamine inconnue dont tu ne connais toujours ni l’âge ni le nom. Ca te coûte de l’admettre, mais oui.
La naïveté de l’outre te surprend une demie seconde avant de te souvenir qu’elle n’a pas eu la même instruction aux arcanes que toi. C’est une culture à part entière, que la Révélation n’a au final que très peu dévoilée. Tu pourrais rentrer dans les détails tout de suite, mais un exemple vaudra sans doute mieux que mille mots pour lui expliquer de quoi tu voulais parler. « Je ne te parle pas du genre de livre que tu peux trouver dans la librairie en bas de chez toi. » Le monde ne serait sans doute pas le même si l’on trouvait des grimoires à chaque coin de rue. D’un côté, les démocratiser permettrait – au hasard – à certaines outres de ne pas faire de crise existentielle à l’aube de leur majorité. De l’autre, leur prolifération à grande échelle sonnerait sans doute le début d’une grande vague de charlatanisme et de désinformation. Dangereux. Sa dernière question est légitime. Il est vrai que pour l’instant, ta spécialité pour elle doit se résumer à la création de bouboules du lumières. Une mage-lampion, au final. Quoi que l’idée puisse être séduisante dans quelques situations de nuits festives, c’est un aperçu assez réducteur de ta formation. « Je suis spécialisée en enchantements et en malédictions. Enfin, en prévention et protection des malédictions. C’est pas moi qui les lance, je te rassure. » D’un pas agile, tu grimpes la paire de marches qui mène jusqu’à ta porte d’entrée et… « Les clés sont dans la poche de ma veste, tu me les donnes s’il te plaît ? »
Et une fois les clés en ta possession, un tour de serrure et la porte de ta caverne d’ermite s’ouvre à la vue de la jeune femme. Tu n’as pas l’habitude de recevoir des invités, et encore moins à l’improviste, mais disons qu’elle verra comme ça à quoi ressemble l’habitat naturel d’une sorcière. Ca ressemble ni plus ni moins qu’à une maison normale, un peu bobo, peut-être. Tous tes meubles ou presque sont d’occasion, rafistolés et repeints par tes soins. Tables, chaises, bibliothèques… l’ensemble hétéroclite de ton mobilier lui donne au final une réelle cohérence et un charme indéniable. Le bois brut se marie parfaitement aux plantes vertes qui parsèment les recoins de tes quelques pièces. Sur étagères, un nombre conséquent de bibelots et de vieux livres aux pages jaunies par le passage du temps, certains à l’aspect particulièrement anciens, d’autres semblant reliés à la main. Ta collection est précieuse, transmise par Maman, qui l’a elle-même reçue de la sienne et étoffée, et ainsi dessus suite sur sans doute pas mal de générations. « Je te force pas à entrer, mais si tu veux te changer, ma salle de bain est là. » Tu désignes une porte d’une main, puis poursuis. « Je vais te faire un thé en attendant, ça va te réchauffer. » Mais avant de t’éclipser jusque dans ta cuisine, cachée par ta rampe d’escaliers, un petit détour par la pièce à vivre s’impose. L’arrêt se fait devant le tourne-disque et ton humble collection de vinyles. Un bref moment d’hésitation, et c’est le disque de Flying Beagle qui termine sur la platine. Le doux grésillement du 45 tours emplit alors instantanément toute ta bicoque alors que bientôt, le sifflement aigu de l’eau qui boue viendra harmoniser les refrains dansants de la musique. Appuyée contre le rebord de ton évier, tu attends donc le retour de la starlette en perdition en réfléchissant à quel grimoire tu pourrais ouvrir pour y trouver un passage parlant d’outres. « Bon, j’imagine que tu as le droit à quelques questions maintenant que t’es sèche. Je t’écoute. » Un sourire à peine narquois ourle tes lèvres tandis que tu sors un mug pour le poser sur la table et l’inviter à s’asseoir.
CODAGE PAR JFB / Contry.
Isalín Lokisdóttir
That kid you called a weirdo
You're a part of the dawn...
En un mot : ❅ fleur hivernale ❅
Qui es-tu ? : ❅ Née en octobre 2004, elle est encore dans ce drôle de monde qu'est l'adolescence;
❅ Cheveux sombres et yeux de jade, visage en cœur, petite bouche charnue et taches de son, voilà le mélange de ce visage un peu atypique. C’est aussi une silhouette athlétique d’1m64 pour 52 kg.
❅ Depuis toute petite, elle s'entraine pour être patineuse Olympique. Médaillée d'argent au championnat des USA et sacrée première à la grande coupe des quatre continents, son rêve s'effondre en 2021 à cause de ses dons.
❅ Cherche désormais sa voie en tant que personne et en tant qu'Outre.
❅ Vit avec sa cousine Sofia et Elizabeth.
Facultés : ❅ Élémentaliste de l'eau dont le pouvoir se manifeste actuellement essentiellement autour de la glace.
❅ Don principal : kinésie de la glace. Isalín peut givrer l'eau et les surfaces humides ou déformer sommairement une étendue de glace. Fonctionne dans un rayon de 2m, le contact aide beaucoup
❅ Don secondaire : résistance accrue au froid.
❅ Les bienfaits d'avoir grandi dans un monde bilingue font qu'elle n'a pas d'accent quand elle parle anglais, mais il lui arrive de buter sur le vocabulaire.
❅ C'est une athlète de haut niveau, elle est donc plus robuste et endurante qu'une adolescente lambda du même âge. Son sport l'a rendue aussi particulièrement souple et agile.
Ce serait un bel euphémisme que de dire que Lucy a piqué sa curiosité. Que ce soit à propos de ces « livres qu’elle ne peut trouver dans une librairie » ou de ses « enchantements et protections contre les malédictions », l’adolescente est conquise. Elle a la sensation de mettre le pied dans un petit bout de paysage secret, comme lorsqu’elle a été acceptée à la boutique de Siobhan Wheelan. Peu à peu, sa jeune vie se pave de surnaturel, et au fond… elle adore ça. Chaque fois, Isalín ressent de drôles de frissons, telles les caresses d’une mémoire ancrée dans sa chair ; un retour à la maison. Elle a toujours été de cet univers, elle ne le savait juste pas encore.
Finie la palabre et ses remarques teintées de malice impertinente. L’Islandaise rend les clefs en silence et découvre l’antre d’une sorcière. Un sourire timide illumine presque instantanément son visage constellé de son. Ses prunelles de jade embrassent la décoration composite, avec ses meubles repeints, vintages, rafistolés avec audace. Ça sent bon les plantes et les vieux livres, un parfum qui lui évoque instantanément le mystère. Non, elle ne restera pas sur le porche : elle pénètre les lieux, contenant avec peine son émerveillement.
- Ah, euh… oui, merci.
L’adolescente en a oublié qu’elle était trempée. Sa défiance envolée, bien malgré elle, elle s’isole dans la salle de bain. Là, elle relâche un profond soupir. C’est assez dingue ce qui lui arrive, non ? Le miroir lui renvoie l’image d’une jeune femme pâle, les lèvres bleuies de froid, le nez et les oreilles entièrement décolorés. L’effort requis pour ôter ses vêtements lui donne le tournis, tant qu’elle doit s’appuyer au lavabo pour ne pas tomber. Ok, elle a vraiment tiré sur la corde…
Par message, Wendy lui dit qu’elle ne sera pas là avant au moins deux heures : elle n’est pas encore à table et ses parents sont bavards. A priori, ça ira. Sauf si Lucy est une croquemitaine et qu’elle prépare actuellement la marmite dans laquelle elle la fera mijoter à petit feu, mais dans ce cas… il est probablement déjà trop tard. Isalín enfile sa combinaison sombre en nylon, qui la moule du cou aux chevilles. Elle est encore un peu humide – et sent le travail, accessoirement – mais ce sera moins pire que ses fringues envasés. Ensuite, elle met son sweat et ses chauffe-jambes, plus par habitude que par réelle nécessité.
L’odeur du thé chaud s’est répandu dans toute la maison, et il fait envie. L’Islandaise retrouve donc son hôte, affichant la moue de celle qui ne sait pas trop où se mettre. S’asseoir ? Ok. Elle obtempère, ramenant automatiquement ses jambes en tailleur sur l’assise. Une sale habitude, un peu enfantine, mais c’est une posture qui la rassure.
- J’saurais pas par où commencer en vrai… qu’est-ce que j’risque si je m’entraine mal ? C’est quoi les livres secrets dont tu parles ? Tu dis que j’fais d’la magie, donc les outres sont un peu des sorcières ? T’connais quelqu’un qui pourrait m’apprendre à maitriser mes dons ? T’penses qu’ils peuvent devenir plus… forts, t’vois ? Ou est-ce que j’peux les perdre ? Et, euh…
Oui, ce sont quelques questions. Elles ont été débitées à toute vitesse, avec ce débit fulgurant propre à l’adolescence. Et pendant qu’elle laisse enfin à Lucy une chance de répondre, ses mains se serrent autour de son mug dans l’espoir de se réchauffer.
Briser la glace Rives du lac Caddo, automne 2021 ft. Isalin
L
e moment est donc venu de faire pour toi un premier numéro improvisé sur la scène des mentors. Tu ne pensais pas qu’il arriverait aussi tôt dans ta vie, et tu ne sais vraiment si tu es la bonne personne pour ouvrir la porte des arcanes à une outre déjà si grande. Les raisons sont multiples : ton jeune âge, l’éloignement manifeste entre vos dons de naissance, le manque de spectacularité de ta pratique… On dirait que tu t’es un peu trop laissé porter par ton enthousiasme, cette fois. Enfin, ça ne va pas t’empêcher de répondre du mieux que tu peux aux quelques questions qu’elle a en réserve. Et des questions… elle en a. Peu surprenant, au final, mais elle a dû tellement les ruminer pour les déballer devant toi avec un débit aussi rapide. Tu peinais à imaginer ce que l’on pouvait ressentir dans sa situation, tu as maintenant un début de réponse. C’est dommage que tu n’aies pas ton carnet à proximité, tu aurais pu prendre quelques notes ; là, tu vas devoir faire de ton mieux pour retenir de tête. Elle aurait quand même pu prévenir, la petite.
La fin de son slam coïncide miraculeusement avec la fin de la préparation de ton thé. D’un geste précautionneux, tu remplis la tasse de la gamine dont tu ne connais toujours pas le nom, puis la tienne. Elle a l’air d’avoir repris quelques couleurs, ou au moins commencé, c’est déjà rassurant. « Sucre ? » demandes-tu en dissimulant le malin plaisir que tu prends à délayer au maximum l’instant fatidique, sourire innocemment narquois juste au bord des lèvres. Finalement, tu prends place sur une chaise en face d’elle. Tu te racles la gorge de manière professorale, et entames ton propre monologue. « Certains types de magie, dont la tienne, ont des conséquences tangible. Le premier danger pour toi, c’est celui-ci : les effets concrets de tes pouvoirs. De ce que j’ai réussi à observer, tu manipules le froid. Imagine que tu te mettes à refroidir le contenu de ta main, mais que sans maîtrise tu ne puisses plus endiguer les effets de ton sort : toute seule et mal préparée, tu la perds, ta main. » Ton objectif ici n’est pas de lui faire peur, seulement de… bon, lui faire peur, d’accord, mais pour qu’elle réalise pleinement les enjeux qui la concernent. « C’est pour ça qu’avant toute chose, il est important de savoir restreindre sa magie, avant même de la développer. » Tu attrapes ta tasse et la portes à tes lèvres le temps pour elle d’assimiler ce début de réponse. Un long souffle focalisé sur le thé brûlant, presque comme pour imager tes propos, une gorgée, et tu reprends. « Le second risque, c’est l’épuisement. On ne choisit pas la quantité de magie que l’on doit utiliser pour réaliser une chose ou une autre, c’est indépendant de notre volonté. Entre faire geler un verre d’eau et tout un lac, le sort est le même, mais la différence d’énergie requise pour le faire est faramineuse. Or, si tu ne sais pas mettre fin à un sort à temps et que tu t’es mise en tête de changer tout le lac en glace, tu vas te vider complètement de ton énergie, possiblement jusqu’à ce que… » Les cas sont rares, principalement grâce à un apprentissage un tant soit peu rigoureux, et donc peu documentés. « … eh bien, ça peut mener à une atrophie plus ou moins sévère et plus ou moins permanente des capacités magiques. Dans des cas extrêmes, des comas. C'est pour ça qu'il est essentiel de connaître clairement ses limites. » Si tu portais des lunettes, tu les aurais faites glisser sur le bout de ton nez pour regarder la jeune outre dans les yeux pour appuyer ton propos. Croisant les jambes sous la table et te détendant légèrement contre le dossier de ta chaise, tu prends une nouvelle gorgée de thé. Question suivante ? Tu tâches de t’en souvenir. « Grossièrement, la différence entre une outre et une sorcière, c’est la capacité à manier les arcanes. Les sorcières aussi sont nées avec un don relativement unique, comme le tien. En posséder un signifie que l’on est ‘éveillée’, c’est-à-dire capable d’interagir avec les flux de magie. Ces flux peuvent être exploités à l’aide des dons innés, mais aussi d’un nombre virtuellement infini de manières qui elles, peuvent être communes à plusieurs sorcières. Tu me suis ? » La question n’est pas vraiment de trop, selon toi. Tu as le sentiment que ton explication n’est pas très claire, mais tu décris des choses qui ont un tel degré d’évidence à tes yeux qu’il en devient difficile d’en tirer des phrases intelligibles. « En gros, la différence entre toi et moi, c’est que je connais d’autre sorts en plus de mes dons, et pas toi. Si tu en apprends, tu seras considérée comme une sorcière et plus comme une outre. » Tu ne vois pas pourquoi tu n’as pas dit ça depuis le début. C’est un peu brut, mais ça devrait avoir le mérite de répondre à sa question. Et… à partir de là, tu n’arrives plus à te souvenir clairement du reste de ses questions. Elle avait mentionné les fameux livres dont tu lui as parlé, c’est vrai. « Tu peux aller zieuter un peu mes étagères si tu veux, voir s’il y a un bouquin qui t’intéresse ? » Hors de question que l’un d’eux sorte d’ici, mais il n’y a pas de mal à ce qu’elle regarde par elle-même. La plupart de tes ouvrages sont des grimoires d’enchantement, des livres épais garnis de nombreux symboles ésotériques, de listes d’ingrédients, de plantes et de protocoles difficilement compréhensibles. Certains ne sont même pas rédigés en anglais. C’est également ça, la voie des arcanes : ça demande de la persévérance et de la curiosité, mais tu ne doutes pas que la jeune femme que tu as sous les yeux manque de l’un ou de l’autre, bien au contraire.
CODAGE PAR JFB / Contry.
Isalín Lokisdóttir
That kid you called a weirdo
You're a part of the dawn...
En un mot : ❅ fleur hivernale ❅
Qui es-tu ? : ❅ Née en octobre 2004, elle est encore dans ce drôle de monde qu'est l'adolescence;
❅ Cheveux sombres et yeux de jade, visage en cœur, petite bouche charnue et taches de son, voilà le mélange de ce visage un peu atypique. C’est aussi une silhouette athlétique d’1m64 pour 52 kg.
❅ Depuis toute petite, elle s'entraine pour être patineuse Olympique. Médaillée d'argent au championnat des USA et sacrée première à la grande coupe des quatre continents, son rêve s'effondre en 2021 à cause de ses dons.
❅ Cherche désormais sa voie en tant que personne et en tant qu'Outre.
❅ Vit avec sa cousine Sofia et Elizabeth.
Facultés : ❅ Élémentaliste de l'eau dont le pouvoir se manifeste actuellement essentiellement autour de la glace.
❅ Don principal : kinésie de la glace. Isalín peut givrer l'eau et les surfaces humides ou déformer sommairement une étendue de glace. Fonctionne dans un rayon de 2m, le contact aide beaucoup
❅ Don secondaire : résistance accrue au froid.
❅ Les bienfaits d'avoir grandi dans un monde bilingue font qu'elle n'a pas d'accent quand elle parle anglais, mais il lui arrive de buter sur le vocabulaire.
❅ C'est une athlète de haut niveau, elle est donc plus robuste et endurante qu'une adolescente lambda du même âge. Son sport l'a rendue aussi particulièrement souple et agile.
La chaleur du thé qui se diffuse à travers ses mains lui fait du bien. Isalín boit les paroles de son hôte, oubliant complètement qu’elles étaient encore de parfaites inconnues il y a une trentaine de minutes. Il y a certaines choses dans ce qu'elle lui dit dont Siobhan ou Maeve lui ont déjà parlé, mais c’est comme les leçons de maths ou d’anglais : seule la répétition fait définitivement entrer les informations dans le crâne. Lucy ne passe pas par quatre chemins pour lui dépeindre les conséquences qui l’attendent si ses dons lui échappent vraiment. Est-ce que ça lui fait un peu peur ? Oui. Est-ce que ça suffit à la décourager ? Non. L’Islandaise a grandi avec l’enseignement que de nombreuses pratiques, et surtout intensives, sont dangereuses. Il y a des accidents tous les ans dans les patinoires, elle-même s’est déjà planté la lame de son propre patin dans le pied à la suite d’une mauvaise chute. Si elle avait peur de se faire mal, elle n’aurait pas son palmarès.
- J’pense que j’vois, oui…, répond-elle en faisant la moue. Donc… par exemple, moi aussi j’pourrais faire des enchantements ou ce genre de truc ?
Ça lui donne un peu le vertige ça. Elle ne sait déjà que peu de choses sur son pouvoir et ses implications, a-t-elle vraiment envie – et besoin – de se lancer dans d’autres disciplines ? Avec les Wheelan, elle aimerait approfondir sa connaissance des plantes et des décoctions, c’est déjà beaucoup ! Les journées de 24h commencent à se faire trop courtes pour tout ce à quoi elle aspire. C’est à la fois rageant, stimulant et… un peu oppressant. L'adolescente, qui a l’habitude de se donner à fond, d’exceller et de rien lâcher, craint de se disperser. Il n'y a rien de pire, pour elle, que de faire les choses à moitié.
- Et j’peux pas… rester une outre ? Genre… travailler sur mon don et tout, mais pas devenir une sorcière ? C’est hypothétique ! précise-t-elle.
C’est psychologique surtout : le terme « sorcière » lui semble lourd de sens, d’implication et de responsabilité. De ce qu’elle en sait aujourd’hui, les arcanistes sont régentés par des codes, des « Églises », des règles… alors que l’anonymat des outres, c’est aussi synonyme avec une forme de liberté, non ? Elle n’est liée à rien ni personne et n’a d’autres lois à respecter que celles de Hommes. Normal quoi. Et c'est déjà pas mal !
Ceci dit, Isalín déplie ses gambettes athlétiques pour aller jeter un œil aux livres que son aînée lui désigne, non sans rester attentive à ses explications supplémentaires. Certains semblent vieux, les reliures usées par les années ont un charme mystique. C’est probablement son imagination, mais la jeune femme a une drôle de sensation à proximité de ces ouvrages, comme s’ils regorgeaient d’une énergie tranquille et insondable. Certains titres sont en anglais, d’autres dans une langue qu’elle ne comprend pas. L’essentiel des symboles ésotériques qu’elle voit lui sont inconnus, mais l’un des grimoires est flanqué de quatre signes qu’elle pense déchiffrer : une flammèche, une goutte d’eau, un tourbillon et une pierre. Un bouquin sur les magies élémentaires ? Elle tourne son minois vers Lucy et pointe du doigt le livre en question, pour demander sans un mot si elle a le droit de le consulter.
Briser la glace Rives du lac Caddo, automne 2021 ft. Isalin
A
voir la tête que tire l’adolescente, le message est passé. Si elle ne devait sortir d’ici qu’avec une seule conviction, ce devrait être celle que jouer avec la magie n’est pas sans danger, et que les meilleures intentions du monde ne la protégeront pas des conséquences de ses errances arcaniques. Tu penses avoir déjà répondu à la question qu’elle te pose ensuite dans ta longue tirade, mais tu lui confirmes tout de même d’un hochement de tête souligné d’un sourire chaleureux. L’enchantement n’est pas vraiment la branche de la magie la plus sexy, d’autant plus en magie blanche. La magie noire, voire la rouge, peuvent amener à effectuer des sacrifices ou d’autres rituels un peu impressionnants pour un regard profane, mais le plus marquant que tu aies eu à faire jusque là a été de t’ouvrir la main pour incorporer ton sang a un sort. C’est sur, ça n’est pas comme ériger des murs de feu hauts comme des immeubles ni ramener les morts à la vie, mais tu y trouves quelque chose de noble. C’est un petit vertige en soi de se rendre compte que tes œuvres te survivront sans doute, et que quelqu’un les étudiera peut-être tout comme tu as étudié l’art de ceux qui t’ont précédée.
L’outre se lève et tu la suis du regard tandis qu’elle s’approche de ta bibliothèque. Il serait mentir de dire que tu n’as pas ressentir un soupçon d’inquiétude ; oh, rien de personnel, mais ces livres sont un trésor que tu chéries et tu ne veux pas songer à la manière dont tu réagirais s’il venait à leur arriver malheur. D’un œil attentif, tu surveilles et interroges la tranche des livres sur lesquelles elle passe. « Oh, si, c’est tout a fait possible de continuer a cultiver ton don sans pour autant se plier a un apprentissage complet d’une tradition arcanique. » La manière dont elle a posé la question t’a un peu faite rire. Elle qui mettait un point d’honneur à faire valoir son impertinence il y a à peine quelques minutes essaierait maintenant de ne pas te froisser ? Il faut dire que ce ne serait pas vraiment dans son intérêt maintenant que tu as démontré ta capacité à lui fournir des réponses. « Personne ne pourrait t’en vouloir de refuser, l’apprentissage d’une sorcière est généralement long et fastidieux... » tu ne mens pas, mais ton intonation laisse entendre que ta phrase appelle un mais. Mais qui attendra quelques instant de plus alors que tu zieutes le livre qu’elle te désigne. Un choix intéressant, logique même. A nouveau, tu hoches la tête en signe d’approbation. Elle a entre les mains un recueil de contes allemand du siècle dernier. Même si son choix est pertinent, il n’en est pas plus abordable. Pour une raison qui t’échappe un peu, les arcanistes aiment crypter leurs savoirs. Peut-être une sorte de transmission pseudo-méritocratique ? Peu importe, le fait est que la plupart des informations qu’elle peut espérer y trouver n’y seront pas inscrites noir sur blanc.
Finalement, tu renchéris et vas au bout de ta pensée. « Personnellement, je trouverais ça dommage de ne pas au moins essayer de se former aux arcanes. » Tu ne sais pas si tu arrives bien à jouer l’adulte détachée, mais tu as au moins le mérite d’essayer. « Le don des se former à d’autres formes de magie se perd malheureusement avec le temps s’il n’est pas entretenu. Loin de moi l’idée de vouloir te faire peur – et cette fois c’est sincère – mais ‘trop tard’ arrive souvent trop tôt. » Tu souffles délicatement sur ton thé pour le refroidir puis en reprend une gorgée tranquille. « Enfin, je te dis ça mais je ne suis sûrement pas objective, moi c’est mon métier la magie. »
CODAGE PAR JFB / Contry.
Isalín Lokisdóttir
That kid you called a weirdo
You're a part of the dawn...
En un mot : ❅ fleur hivernale ❅
Qui es-tu ? : ❅ Née en octobre 2004, elle est encore dans ce drôle de monde qu'est l'adolescence;
❅ Cheveux sombres et yeux de jade, visage en cœur, petite bouche charnue et taches de son, voilà le mélange de ce visage un peu atypique. C’est aussi une silhouette athlétique d’1m64 pour 52 kg.
❅ Depuis toute petite, elle s'entraine pour être patineuse Olympique. Médaillée d'argent au championnat des USA et sacrée première à la grande coupe des quatre continents, son rêve s'effondre en 2021 à cause de ses dons.
❅ Cherche désormais sa voie en tant que personne et en tant qu'Outre.
❅ Vit avec sa cousine Sofia et Elizabeth.
Facultés : ❅ Élémentaliste de l'eau dont le pouvoir se manifeste actuellement essentiellement autour de la glace.
❅ Don principal : kinésie de la glace. Isalín peut givrer l'eau et les surfaces humides ou déformer sommairement une étendue de glace. Fonctionne dans un rayon de 2m, le contact aide beaucoup
❅ Don secondaire : résistance accrue au froid.
❅ Les bienfaits d'avoir grandi dans un monde bilingue font qu'elle n'a pas d'accent quand elle parle anglais, mais il lui arrive de buter sur le vocabulaire.
❅ C'est une athlète de haut niveau, elle est donc plus robuste et endurante qu'une adolescente lambda du même âge. Son sport l'a rendue aussi particulièrement souple et agile.
- La vie est « longue et fastidieuse » d’toute façon, non ? Rétorque-t-elle avec cette malice propre aux adolescents qui se croient philosophes.
Isalín se saisit avec précaution du bouquin que son hôte l’a autorisée à extraire de l’étagère, l’ouvre et… elle est déçue. C’est bête, parce qu’elle ne sait pas à quoi elle s’attendait. Peut-être naïvement à quelque chose de plus « spectaculaire » ? Des symboles, des schémas, des croquis, n’importe quoi qui aurait l’air intéressant malgré la barrière de la langue.
Finalement, Lucy revient à la charge en lui expliquant que bon, même si elle a le droit de ne pas développer « d’arcane », c'est quand même mieux de le faire. En plus de ça, y’a une date de péremption ! Ou comment lui mettre la pression, parce que l’Islandaise détesterait de se savoir condamnée à stagner pour toujours. Elle a la compétition dans le sang, et une fois qu’elle a un projet en tête, elle vise les étoiles. Son visage s’illumine quand son aînée confie que la magie est son métier.
- Ooohn cool ! Donc… une journée pour toi c’est faire apparaître des lapins dans des chapeaux ou couper les gens en deux ?!
… Et elle se marre, comme une enfant. Quoi, elle est bonne, non ? Isalín a fait exprès, car le ton de plus en plus professorale de Lucy est un poil… ennuyeux ? Au sens où elle lui fait beaucoup de mises en garde, mais l’adolescente n’a pas vraiment besoin qu’on lui rappelle que jouer avec des forces mystiques est dangereux. Ou juste un peu. C’est très bon à savoir, mais à part cela… quelles sont ses options ? Quelles portes s’ouvrent à elle ? A quel avenir peut-elle prétendre avec ses dons ? Jusqu’où pourraient-ils grandir ? … voilà toutes les interrogations concrètes et stimulantes auxquelles l’Islandaise aimerait avoir des réponses.
- J’déconne ! Précise-t-elle des fois que ce soit pas évident, et donc… t’fais quoi dans la vie ?
Elle a conscience que certains arcanistes peuvent vivre de leurs particularités. Elle a la boutique de Siobhan après tout, et celle-ci lui a parlé du Jungle Baazar notamment, et de tous les marchés surnaturels qui existent de façon plus ou moins confidentielle. Néanmoins, l’Outre a forcément une vision limitée de tous les types de métiers existants pour ceux qui souhaite gagner leur croûte grâce à leurs arcanes.
- Au fait, t’sais qu’j’ai plein d’autres questions ?! reprend-t-elle presque tout de suite. Du coup bah… on va p’tête devoir sauter aux plus importantes ! A commencer par : les bouquins élémentalistes là, j’peux les trouver dans une autre langue que celle-ci ? Genre, en islandais par exemple, ça coûte rien d’essayer ; oh, et soudain, ça la frappe : au fait, j’m’appelle Isalín !
Elle n’a pas cherché la difficulté et l’a directement prononcé à l’anglo-saxonne. Qu’elle petite étourdie quand même ! Elle se fait inviter, prend le thé, et ne s’est toujours pas présentée. La jeune femme voit d’ici sa mère lui faire les gros yeux, lui reprochant sans un mot ses lacunes en politesse ; mais à sa décharge, les circonstances sont particulières ! Ça pardonne bien un peu oubli ça, non ?
Briser la glace Rives du lac Caddo, automne 2021 ft. Isalin
L
ongue et fastidieuse ? C’est à se demander ce qui est arrivé dans sa vie pour qu’elle en ait un point de vue aussi cynique. A moins qu’elle ne fasse que répéter ce qu’elle entend autour d’elle sans vraiment saisir les raisons plus profondes qui pourraient amener à penser de cette manière, ce qui serait également plutôt malheureux pour elle. Cette considération se voit cependant relayée à l’arrière-plan de tes pensées tandis que tu constates avec amusent les montagnes russes émotionnelles sur son visage. Déception, fascination, frustration, ébahissement… Les masques se succèdent sur son visage juvénile et te permettent avec une relative précision de cerner l’humeur de la jeune femme. Or, elle n’avait pas encore tenté s’aventurer aussi frontalement sur le terrain de l’humour. C’est malheureusement un échec que tu lui pardonnes facilement avec un sourire poli depuis l’autre bout de la pièce dont tu n’as pas bougé. Tu mettras ça sur le compte de la fatigue. En y pensant, c’est d’ailleurs étonnant que la prestidigitation ne soit pas encore morte après la Révélation. C’est vrai qu’il serait facile de prendre les humains la pratiquant pour des charlatans, mais ça n’est vraiment le cas. Enfin, pas pour tous. La plupart des arcanistes seraient bien incapables de découper des gens en deux et de les recoller ensuite – là est tout le défi – comme le dit si bien la gamine. C’est un art de l’illusion, et non pas des arcanes, mais un art néanmoins tout aussi légitime, lorsqu’il ne prétend pas faire plus que cela : tromper les sens. Au final, tu comprends que cela fasse encore rêver, puisque tout le monde peut apprendre à devenir un magicien au grand chapeau ; ce n’est pas le cas pour les manipulateurs des forces ésotériques.
La parenthèse se ferme dans ton esprit lorsqu’elle finit par te demander la teneur de ton vrai métier. Tu allais lui répondre par une taquinerie inoffensive, mais elle ne t’en laisse même pas le temps puisqu’elle enchaîne rapidement. Si tu avais su, tu lui aurais fait préparer une liste à l’écrit qu’elle aurait pu t’envoyer par la poste. Enfin, elle se pose sans doute les questions que tout le monde se poserait naturellement à sa place ; c’est la priorité qu’elle donne à chacune d’elles qui rend tout cela intéressant.
« Enchantée Isalín, » finis-tu par répondre en affichant un sourire fin et sincère. Tu te souviens avoir voulu lu demander son nom un peu plus tôt, mais la discussion s’est étoffée tellement vite que l’occasion a fini par crouler sous tout le reste de ses questions. Celle de l’origine de son prénom n’est plus vraiment un mystère d’ailleurs grâce à son interrogation sur la langue des livres. « Il doit forcément en exister en islandais, mais comme je te disais, ce ne sont pas des livres que l’on trouve si facilement que ça. » Une moue désolée sur ton visage fait écho à ta réponse. « En revanche, en anglais c’est beaucoup plus facile à trouver ici. » Et par cela, tu veux dire à la fois chez toi et en ville. Pas vraiment étonnant, c’est vrai, mais il t’a paru important de le souligner. Délicatement, tu déposes ta tasse de thé à moitié pleine sur la table et fais craquer ta nuque. Un rictus un peu plus pétillant éclaire ton visage alors que tu t’apprêtes à parler de ton travail. « Je suis employée dans une boutique de prêt sur gage pour sorciers, en ville, » annonces-tu non sans une pointe d’excitation dans la voix. « Pour la faire courte, on achète et on vend des objets enchantés ou maudits, ou utiles pour les arcanistes en tous genres, et mon travail c’est d’en faire l’expertise et de m’assurer que personne ne se blesse ou ne meure avec eux à l’intérieur de la boutique. » Résumé comme ça, tu trouves que ça claque un max. Tout est dans la formulation : dire que tu passes une grande partie de ton temps à concevoir, appliquer et réparer des sceaux est un peu moins impressionnant à ton sens. Enfin, tu te reprends à penser à l’insistance d’Isalín pour les livres. Hésitant une seconde ou deux, tu reprends. « Tu sais, sans expérience ni formation, c’est très difficile de déchiffrer un grimoire de sorcier. Ce ne sont malheureusement pas des livres de cuisine dont il suffit de suivre les instructions pour réussir. Si tu comptais sur ça pour trouver le moyen de maîtriser ton don, tu risques de te frustrer assez rapidement. » Ces ouvrages s’adressent à des sorciers plus aguerris ayant déjà la maîtrise de certains concepts qui, pour elle, ne devraient avoir que très peu de sens. « Si tu veux mon avis, et peu importe je vais te le donner quand même : tu devrais trouver un mentor, si tu veux pouvoir tirer le meilleur parti de tes facultés. » Plus facile à dire qu’à faire, tu peux lui concéder. Mais tu es également disposée à l’aider. Après tout, tu travailles quand même au cœur du plus grand réseau de sorciers de l’état.
CODAGE PAR JFB / Contry.
Isalín Lokisdóttir
That kid you called a weirdo
You're a part of the dawn...
En un mot : ❅ fleur hivernale ❅
Qui es-tu ? : ❅ Née en octobre 2004, elle est encore dans ce drôle de monde qu'est l'adolescence;
❅ Cheveux sombres et yeux de jade, visage en cœur, petite bouche charnue et taches de son, voilà le mélange de ce visage un peu atypique. C’est aussi une silhouette athlétique d’1m64 pour 52 kg.
❅ Depuis toute petite, elle s'entraine pour être patineuse Olympique. Médaillée d'argent au championnat des USA et sacrée première à la grande coupe des quatre continents, son rêve s'effondre en 2021 à cause de ses dons.
❅ Cherche désormais sa voie en tant que personne et en tant qu'Outre.
❅ Vit avec sa cousine Sofia et Elizabeth.
Facultés : ❅ Élémentaliste de l'eau dont le pouvoir se manifeste actuellement essentiellement autour de la glace.
❅ Don principal : kinésie de la glace. Isalín peut givrer l'eau et les surfaces humides ou déformer sommairement une étendue de glace. Fonctionne dans un rayon de 2m, le contact aide beaucoup
❅ Don secondaire : résistance accrue au froid.
❅ Les bienfaits d'avoir grandi dans un monde bilingue font qu'elle n'a pas d'accent quand elle parle anglais, mais il lui arrive de buter sur le vocabulaire.
❅ C'est une athlète de haut niveau, elle est donc plus robuste et endurante qu'une adolescente lambda du même âge. Son sport l'a rendue aussi particulièrement souple et agile.
L’adolescente retient un soupir en remettant en place le livre qu’elle tient dans ses mains. C’est quand même pas simple du tout la « magie »… il faut une formation pour déchiffrer ce qui va te permettre de te former. C’est dingue ! Et en même temps, ça lui donne la sensation de plonger dans un monde invisible caché sous le monde invisible. Le deuxième secret, enfoui sous celui que tout le monde pense avoir découvert. La Révélation n’a été que superficielle, Isalín ne le remarque que depuis récemment, au contact de sorcières aguerries.
- En vrai, j’suis partante pour le mentor, déclare-t-elle – ce n’est pas vraiment la première fois qu’on lui en parle. Ou « la » mentor ! J’veux dire… ça peut être une femme aussi ? Y’a pas une tradition préhistorique où y’en a qu’pour les mecs ?
Comme les prêtres, par exemple. Elle suppose que non, mais a quand même cru comprendre que chaque Églises arcaniste a ses propres habitudes et son fonctionnement. On ne sait jamais. L’idée d’avoir une personne attitrée pour la guider est plutôt – très – plaisante. Ce n’est ni plus ni moins que ce qu’elle a connu dans le sport. Il n’y aura pas de patin, mais il y aura de la glace ! Héhé, elle n’est pas tombée si loin que ça du nid.
- Et ouais, j’veux bien d’l’aide… j’sais pas comment ça se trouver moi, comme les babysitters ? Y’a un endroit où on met des petites annonces « cherche mentor pour entrainement quotidien », avec des numéros à arracher et tout ?
Son visage se fend d’un grand sourire espiègle, car elle se doute que ce n’est évidemment pas le cas. Ça la fait simplement marrer de l’imaginer. Délaissant les livres, l’Islandaise revient s’asseoir face au thé qu’elle n’a pas terminé. Il est moins chaud maintenant, elle peut en prendre une longue et revigorante gorgée. Elle est définitivement plus à l’aise en présence de Lucy, comme si l’intégralité de la maison dégageait une sorte d’hormone de l’apaisement.
- Merci au fait. Pour… tout ça.
Son invitation, ses explications, son ouverture d’esprit même. Parce qu’elle a tout de même accueilli chez elle une ado inconnue et un poil impertinente, qui lui fait des blagues vaseuses sur son métier. Métier qui semble super cool d’ailleurs, bien qu’il pousse à se pose une question : quelqu’un est-il déjà mort dans sa boutique ?! Il faudra qu’elle demande à l’occasion ; ce serait sinistre et dément en même temps. … elle pas est bizarre, hein ?
- Pourquoi tu m’aides d’ailleurs ? J’ai vraiment… rien à donner en échange.
Sauf peut-être si elle la kidnappe et demande une rançon, mais Isalín ne va pas lui souffler cette idée, pour des raisons évidentes. Mine de rien, son entourage se construit petit à petit. Odelia, Siobhan, Maeve, Lucy… le seul ennui, c’est qu’hormis Wendy, ce ne sont que des vieilles. Bon ce n’est pas grave, elle a grandi scotchée à des adultes, ce n’est pas un problème, mais…
Briser la glace Rives du lac Caddo, automne 2021 ft. Isalin
P
ourquoi tu l’aides ? La question te fait écarquiller les yeux un instant, l’air surpris. La réponse te paraît naturelle à un point tel que tu en as oublié dans quel pays tu vis. « Qu’est-ce que tu racontes, je veux rien en échange. Je t’aide parce qu’on ne laisse pas les gens se démerder tout seuls si on a les moyens de les aider. » Une maxime d’une évidence frappante pour toi, et ça t’attriste profondément dès que tu te rends compte qu’elle n’est finalement partagée que par une minorité d’âmes, et qu’elle est même combattue par certains. « Tu as pas à me remercier. Juste à y penser la prochaine fois que tu verras quelqu’un dans le besoin. » Un sourire sincère étire tes lèvres, mue par l’espoir sans doute un peu naïf que cet épisode plantera dans le cœur de l’adolescente la graine de la solidarité si elle n’y reposait pas déjà. Tes yeux fixent encore quelques longs instants l’islandaise d’un air presque sévère pour bien marquer tes mots, puis tu les détournes en reprenant une gorgée de thé. Cette question hors de la discussion, tu vas pouvoir répondre à celles qui, en revanche, méritent qu’on s’y attarde.
« La magie peut faire beaucoup de choses, jeune fille, mais malheureusement pas abolir le patriarcat. » Ni le capitalisme, mais c’est un peu trop hors sujet pour l’instant. Tu roules des yeux au son de ta propre remarque un peu trop vraie pour ne pas laisser une pointe d’amertume au bout de ta langue. Tu poursuis cependant assez rapidement. « Ce sont les sorcières qu’on chassait, pas les sorciers. Enfin, tout ça pour te dire que le don des arcanes n’immunise pas à la stupidité, que ce soit à la sienne ou à celles des autres. En partant de là… oui, un mentor ou une mentore, les deux sont possibles. » Le tout est de trouver la bonne personne. Une fois encore, la magie ne simplifie pas les relations humaines. « Et non, y’a pas de panneaux à petites annonces. » Un petit rire t’échappe lorsque tu te prends à en imaginer un au Sorcerer’s Pawn. Elle n’est peut-être pas complètement dénuée d’humour non plus, au final, la gamine. « Le monde de la magie est pas si grand que ça, à notre échelle, le bouche à oreille ça marche plutôt pas mal. »
Devenue un peu inconfortable, tu décolles ton postérieur de ton plan de travail et fais quelques pas dans ta cuisine, mug à la main. Tu seras toujours étonnée de constater comme la marche aide à stimuler les idées. « J’essaierai de me renseigner autour de moi, avec les clients de la boutique. On devrait pouvoir finir par te trouver quelqu’un. » Un nouveau sourire que tu lui adresses, cette fois se voulant rassurant, presque comme celui d’une grande sœur. Ce que tu ne lui dis pas, c’est que ça peut aussi potentiellement prendre plus de temps qu’il lui en faudra pour perdre patience. Tu connais les jeunes, après tout tu en étais une il n’y a pas si longtemps avant de te convertir en petite vieille à conseils. Quelques secondes de silence passent alors que tu songes à cette éventualité. La conclusion arrive finalement lorsque tu tires une chaise pour t’y asseoir calmement. « En attendant, je vais te donner mon numéro, et tu auras qu’à me passer un message si jamais tu veux encore entreprendre de geler tout le lac Caddo, ok ? » Un peu de supervision, même si tu n'es pas une mage d’eau, ne lui fera sans doute pas de mal. Tu sourire a mué vers le rictus doucement narquois qui t’est si tendrement caractéristique, en attendant la réponse de la jeune outre peut-être bientôt plus en roue libre. En tous cas c’est tout ce que tu lui souhaites.
CODAGE PAR JFB / Contry.
Isalín Lokisdóttir
That kid you called a weirdo
You're a part of the dawn...
En un mot : ❅ fleur hivernale ❅
Qui es-tu ? : ❅ Née en octobre 2004, elle est encore dans ce drôle de monde qu'est l'adolescence;
❅ Cheveux sombres et yeux de jade, visage en cœur, petite bouche charnue et taches de son, voilà le mélange de ce visage un peu atypique. C’est aussi une silhouette athlétique d’1m64 pour 52 kg.
❅ Depuis toute petite, elle s'entraine pour être patineuse Olympique. Médaillée d'argent au championnat des USA et sacrée première à la grande coupe des quatre continents, son rêve s'effondre en 2021 à cause de ses dons.
❅ Cherche désormais sa voie en tant que personne et en tant qu'Outre.
❅ Vit avec sa cousine Sofia et Elizabeth.
Facultés : ❅ Élémentaliste de l'eau dont le pouvoir se manifeste actuellement essentiellement autour de la glace.
❅ Don principal : kinésie de la glace. Isalín peut givrer l'eau et les surfaces humides ou déformer sommairement une étendue de glace. Fonctionne dans un rayon de 2m, le contact aide beaucoup
❅ Don secondaire : résistance accrue au froid.
❅ Les bienfaits d'avoir grandi dans un monde bilingue font qu'elle n'a pas d'accent quand elle parle anglais, mais il lui arrive de buter sur le vocabulaire.
❅ C'est une athlète de haut niveau, elle est donc plus robuste et endurante qu'une adolescente lambda du même âge. Son sport l'a rendue aussi particulièrement souple et agile.
« Ne pas laisser les gens se démerder si on a les moyens de les aider ». Cette phrase résonne drôlement dans l’esprit juvénile de l’Islandaise. Un peu comme une raison d’être qui se dessine, ou une nouvelle motivation en tout cas. Outre le défi purement personnel, ses dons pourraient être utiles à quelqu’un. Comme dans les comics qu’elle lit, le costume moulant en moins. Être patineuse, ce n’était peut-être que son origin story : il y a bien plus grand dans son futur ! Le sourire qui illumine son minois moucheté de taches brunes ne pourrait être plus grand.
- Merci ! Euh, j’veux dire : j’y penserai !
Le reste, elle n’y répond que par une grimace. Ouais le patriarcat, le capitalisme, tout ça, c’est moche. Pas besoin de débattre, c’est un fait ! Dans le lot, Isalín aurait ajouté la dégradation de l’environnement, mais il est probable que la magie ne puisse pas résoudre ça non plus ; pas dans un claquement de doigts en tout cas. Dommage. Les arcanistes ont-ils essayé au moins ? S’il y en a qui peuvent manipuler la nature, peut-être peuvent-ils aussi la soigner ? Hum…
- Oh, carrément, c’est top ! s’exclame l’adolescente quand Lucy propose de lui donner son numéro. Promis, j'gèlerai pas le lac sans te prévenir !
Un petit rire ponctue sa plaisanterie tandis qu’elle déverrouille son portable. Elle se sent mieux maintenant, rassérénée par le thé chaud, mais ne recommencera pas ses expériences tout de suite. Totalement à l’aise désormais, elle n’a pas vu le temps passer et constate que Wendy annonce être au niveau de leur point de rendez-vous dans une vingtaine de minutes.
- Mon taxi arrive, j’vais devoir y aller !
Elle enregistre le numéro de son aînée, termine son breuvage d’une traite et se remet sur pieds. Un dernier regard balaie le salon cosy. Isalín aurait envie d’un nid de ce genre. Une antre avec de la personnalité, singulière, qui sent bon la nature et le mystère. Plus tard, quand elle aura son propre foyer. En attendant, elle a un peu d’apprentissage à faire, pas vrai ?
- Du coup… t’pourras m’apprendre deux-trois trucs ? Faudra que j’vienne ici ? Parce que… bah j’habite à Shreveport, et y’a pas trop d’bus qui viennent dans c’bled…
Pour ne pas dire aucun. Vive les États-Unis et leur politique d’urbanisme qui vise à prendre en otage dans les centres-villes les pauvres ne possédant pas de voiture. L’Islandaise n’a même pas le permis par ailleurs, c’est peut-être une affaire à régler ça… ce n’est pas le temps qui manque, considérant qu’elle ne s’est pas inscrite à sa dernière année de scolarité en ligne. Un autre prétexte offert sur un plateau à sa mère pour la pourrir à chaque coup de téléphone.
- Ça s’fait la magie en visio ?!
Ça coûte rien de demander ! Tout se pratique à distance désormais, alors les arcanistes ont pu s’être mis à la page. En tout cas, Lucy a l’air de fonctionner à l’électricité et à la technologie. Elle n’est pas en retard sur ton temps, c’est une bonne nouvelle !
Accueil 
S'enregistrer 
