Hurt x Elizabeth ;

Il est tard ce soir quand je ferme le garage de Samuel. J'ai commencé à trier quelques archives et je n'ai pas vu le temps passer. La fatigue commence à se faire ressentir, et j'ai vraiment faim, alors il est temps de rentrer. Lorsque je pars, je glisse la clé dans sa boite aux lettres, comme à mon habitude quand je pars après lui. C'est assez rare en fait, la plupart du temps, Samuel est chez lui vu qu'il vit au dessus du garage. Je marche d'un bon pas, pressée de rentrer chez moi. J'en ai pour une vingtaine de minutes de marche habituellement, mais je n'ai pas atteint le coin de la rue qu'un cri déchire le silence et m'arrête immédiatement.

Je tends l'oreille. Quelqu'un a l'air en difficulté à quelques rues de là. Impossible de poursuivre mon chemin, je dois aller voir ce qu'il se passe. Je me rapproche et ce que j'aperçois me glace le sang. Une jeune femme, d'une vingtaine d'années, semble être aux prises avec deux hommes. Alors que je me rapproche, je constate que ce ne sont pas des humains ordinaires, ce sont des chasseurs. Je peux le voir à leur tenue et à leurs armes. Mon cœur semble louper un battement. La femme n'est pas humaine aussi, c'est une vampire. Un des hommes la tient à distance avec un objet que je n'identifie pas et le deuxième la menace d'un torche enflammée. La femme tombe à genoux, brûlée au bras. Elle semble affaiblie. Ils vont avoir le dessus si personne ne réagit, c'est certain.

Je reste, frémissante, hésitante sur la marche à suivre. Que dois-je faire ? Me rapprocher ? Rester à distance ? Et que faire seule ? Même si cette femme est une vampire, ces hommes n'ont pas le droit de la pourchasser. Cela me ramène aussitôt à mon propre passé, à ces hommes qui ont tué ma famille puis ma tante parce qu'ils étaient des arcanistes. Mes poings se serrent mais mon cœur bat la chamade dans ma poitrine. Seule, je ne peux rien contre eux, c'est une certitude. Et pourtant, impossible de bouger, de reculer, de fuir. Je suis aussi apeurée que révoltée.

Du mouvement se fait alors entendre derrière moi. Je sursaute, m'attendant presque à voir un des chasseurs, mais je finis par reconnaitre Elizabeth qui s'avance juste derrière moi. Le soulagement est immédiat. Je l'ai déjà croisée chez Samuel et si nous n'avons pas échangé plus que quelques mots, elle ne m'a pas fait mauvaise impression. Je sais qu'elle est une louve-garou, de la même manière que j'ai deviné la nature de la vampire quelques secondes avant : grâce à leur aura. Les cris de la femme sont déchirants. « On ne peut pas la laisser comme ça... » Que je souffle d'une voix suppliante. On doit pouvoir faire quelque chose, non ? Mes yeux passent d'Elizabeth à la scène un peu plus loin.

Casque sur les oreilles, je sautille au rythme de Message In A Bottle de Taylor Swift. C’est pas du tout fait exprès, mais cette chanson est carrément adaptée à la situation. Enfin non, mais… peut-être. Potentiellement. Un peu. J’irai sans doute pas jusqu’à parler d’amour et tout, faut pas déconner, mais le reste…J’aime bien passer du temps avec lui et oui, il me plait. J’en suis encore à me demander si c’est réciproque, étant donné qu’il a jamais rien dit ni fait qui puisse me laisser penser que moi, je lui plais… Ouais, ce sera à moi de faire le premier pas on est d’accord.
Sauf que y a elle. La jolie brunette qui se trouve justement à quelques mètres de moi. Elle passe vachement de temps avec lui, chez lui, et je suis pas assez stupide pour croire que c’est réellement pour faire du ménage étant donné comment il est maniaque. Donc… Eclaircir les choses, c’est pas mal.

Je retire mon casque et me rapproche d’elle, pas forcément pour mettre les pieds dans le plat de suite, mais ça se fait pas de passer à côté de quelqu’un qu’on connait sans le saluer il parait. Sauf que j’oublie bien vite mes bonnes résolutions et cette foutue politesse en entendant du bruit juste un peu plus loin. Mon bonjour meurt sur mes lèvres avant d’avoir été prononcé et je penche la tête sur le côté en avisant la jeune femme en prise avec deux hommes. Violence qui hérisse déjà la louve. Une agression serait déjà de trop, et c’en est une, mais pas de celles que j’avais pensé de prime abord.  Une torche ? Ils veulent la bruler ? Ah. Ma mâchoire se crispe et je sais que mes yeux virent au doré alors que je sens la louve gronder. Chasseurs. Danger. Oui, ils sont dangereux. Et elle ? Elle ne sent rien. Vampire. Tu veux intervenir pour une vampire ? Je frissonne en entendant ses cris et je tapote l’épaule de Tasya. « Non, on ne peut pas la laisser. » Personne ne mérite de subir ça.

On les tue ? Hum. « Reste ici. » Manquerait plus que je la mette en danger, ou qu’elle soit blessée aussi. Ou alors… Je sors mon téléphone et lance la vidéo, la programmant pour l’enregistrer directement sur le cloud. « Ou filme, de loin, on ne sait jamais. » Je me rapproche d’eux sans attendre. « On vous a jamais appris que quand quelqu’un dit non, c’est non ? » Celui qui tient la torche se tourne vers moi, son sourire de sale connard toujours sur le visage. « T’es qui toi ? Rentre chez ta mère et fais pas chier ! »  « Vous vous croyez encore au Moyen-âge ? » Je souris, même si un grondement sourd passe mes lèvres en voyant la terreur dans le regard de la jeune femme.  « Si ce sont les hurlements qui vous excitent, ça peut s’arranger. »

La tension est à son comble. La vampire semble être au bout de ses forces, si personne ne réagit, les chasseurs l'élimineront, c'est certain. Heureusement, Elizabeth décide d'intervenir et Tasya lui en est reconnaissante. Elle hoche la tête, consciente qu'elle ne peut rien faire contre les deux hommes. Elle attrape le téléphone dont elle dirige l'objectif vers la scène qui se passe un peu plus loin. L'angoisse lui noue le ventre, elle a peur que quelque chose arrive à la jeune louve. Et si elle l'avait jetée dans la gueule du loup justement ? « Sois prudente... » souffle-t-elle.

Elizabeth s'avance d'un pas sûre vers les deux chasseurs et Tasya observe tout, filmant sans s'arrêter, suspendue à ce qu'il se passe devant elle. Elle en oublie presque de respirer. Pourvu que la jeune femme réussisse à se débarrasser facilement des deux hommes. Elle n'oublie pas que ce sont des chasseurs et qu'ils ont certainement l'équipement pour contrer n'importe quelle être surnaturel, loup-garou compris.

Quand Elizabeth laisse entendre un grondement, l'homme parait surpris. « C'est quoi ça ? » Lorsqu'il se reprend, un sourire mauvais soulève les coins de ses lèvres. Il sort alors un talkie de sa poche et le porte à ses lèvres. « Hé, les gars, ramenez-vous, on a de la compagnie... » Mince. Il appelle des renforts. Tasya a, à peine le temps de se retourner, qu'elle entend du bruit dans la ruelle derrière elle. Prudemment, elle contourne la voiture pour qu'ils ne la repèrent pas et elle aperçoit trois autres hommes, munis de barres à mines s'avancer en direction d'Elizabeth. Elle n'en reconnait aucun, mais la réputation des chasseurs n'est plus à faire, ils sont redoutables et prêts à tout pour les anéantir.

Les cinq hommes sont désormais concentrés sur Elizabeth et se sont détournés de leur première victime. Tasya décide alors d'arrêter de filmer pour tenter de la secourir. Elle avance, accroupie dans la pénombre et longe les voitures, veillant à ne surtout pas se faire remarquer. Si elle arrive à faire sortir la vampire de là, Elizabeth pourra à son tour s'éloigner en évitant l'affrontement. Arrivée à proximité de la vampire, Tasya lève les deux mains pour lui montrer qu'elle est là pour l'aider. « Viens... » lui souffle-t-elle alors. La brune l'aide à se remettre debout. Les traits de la vampire sont déformés par la souffrance.

La mexicaine tente d'accélérer le pas et elle parvient à pousser la vampire dans une autre ruelle, avec un peu de chance, la victime arrivera à se hisser en sécurité. C'est à ce moment-précis qu'une vive douleur la surprend à l'arrière du crâne, quelqu'un vient de la tirer par les cheveux et elle se retrouve projetée au sol. « Où tu vas comme ça ? » Un des hommes les a rattrapé et la surplombe d'un air mauvais.

Pourquoi je lui demande de filmer ? Je sais pas trop. Histoire d’avoir une trace si ça tourne mal ? Sans doute. Si ça tourne mal pour eux ou pour moi ?… Ouais, ça c’est la question à un million. Ils sont que deux, chasseurs ou non, ils font carrément pas le poids. Si j’arrive à m’auto-convaincre, j’arriverais plus facilement à les mettre hors d’état de nuire, c’est comme ça que ça marche non ? La louve est convaincue de son côté, mais si j’ai un peu tendance à me sous-estimer, elle fait davantage dans la suffisance. Néanmoins, pour tout ça, on va dire que je lui fais totalement confiance.

Prudente ? J‘adresse un sourire à Tasya, sourire qui ressemble davantage à une grimace, alors que je hoche vaguement la tête. Disons que c’est pas une de mes qualités premières, j’ai plus tendance à agir et à seulement réfléchir après. Ce qui, en général, n’est pas trop compatible avec la prudence. Et en l’occurrence, même si c’est une vampire et que la louve renifle de dédain, ni elle ni moi ne pouvons les laisser faire. On protège les nôtres, mais mes parents nous ont appris à aider. À aider ceux qui en ont besoin et à affronter ceux qui foutent la merde. Surtout si ce sont des chasseurs.

Ah. Évidemment. Ils sont bien trop lâches pour être seuls dans le coin. Merde. Un soupir s’échappe d’entre mes lèvres, mais je sens plus que je ne vois Tasya qui se faufile un peu plus loin. On peut attirer leur attention. Je grimace, montrant les dents en entendant le bruit du métal contre le sol. Fait chier. Je fais quelques pas en arrière, histoire d’avoir tout le monde en face de moi. Ils sont beaucoup là quand même. Maman va me tuer. Sam aussi probablement. Ça craint.

L’odeur de Tasya flotte jusqu’à moi, j’essaie de savoir où elle trouve. Vampire. Okay. Secouant la tête, j’arbore mon plus beau sourire en les passant à revue. « Fallait pas vous donner tout ce mal juste pour une seule personne. » « T’es pas une personne. T’es rien qu’un monstre. » « Et les montres, on les tue. » « Je vois, c’est charmant. »

Et j’ai même plus mon téléphone. Remarque, personne pourra me reprocher de pas les avoir prévenus !… Ouais, c’est un peu bancal, et surtout c’est pas le plus important dans l’immédiat. Le bon côté, c’est qu’ils ont l’air de vouloir s’amuser dans l’immédiat, ce qui signifie qu’ils vont pas sortir les flingues direct. Le premier se rue sur moi, comme le bourrin balourd qu’il est, sa barre à mine se levant pour me frapper. Je l’esquive sans trop de mal, l’envoyant au sol en passant dans son dos. Je parviens à en esquiver un autre, décochant une droite parfaite, et un sourire mauvais étire mes lèvres en entendant le craquement de la mâchoire.

C’est là où ça se complique un peu, étant donné que les autres se décident à entrer dans la danse. J’arrive plus ou moins à ne pas me prendre de coups sur la tête, ce qui est déjà pas mal, et à filer deux-trois coups supplémentaires. Mais bon, je suis toute seule face à cinq, tous prêts à me tuer. Quatre. Quoi ? Comment ça quatre ? Comment ça ils ne sont plus que quatre ? Un coup dans le dos me coupe le souffle et me projette à terre, sous les rires goguenards. A moi. D’accord. Je prends appui sur mes bras pour me relever, ravalant le gémissement de douleur à ce simple geste, et mes yeux se teintent de doré. « Les saloperies comme toi ont rien à faire chez nous. Ptet que tes potes le comprendront en te retrouvant. » Un crachat atterrit dans mes cheveux. Et le cri de Tasya me fige.

Un coup de pied me fait me plier en deux alors qu’elle prend le dessus. Et un second m’amène à me protéger la tête. Non. Attaque. Le coup suivant est arrêté par des mains ressemblant davantage à des griffes. Pied attrapé, pied tordu, l’homme bascule et tombe à son tour. Son regard croise celui, totalement ambré, de la louve. Un cri de souffrance m’échappe alors que je me tords de douleur. Mais pas à cause d’eux cette fois. « Putain ! » Le mec s’éloigne, le regard rempli de haine et de dégoût, et un autre s’approche. C’était trop un mauvais plan, mais genre vraiment. Debout. Tant bien que mal, nous nous relevons et nous précipitons derrière les voitures, tombant à moitié, nos muscles et nos os continuant de se désassembler. « Rattrapez-là putain ! » Plus vite. Un craquement, ou plusieurs, accompagnés de nos grognement de douleurs.

L'homme me tire par les cheveux et je laisse échapper un gémissement de douleur. La souffrance m'irradie le crâne et je tente de me débattre pour échapper à son emprise... En vain. Il me traine au sol malgré mes protestations. Je perçois de l'agitation. Un homme se tient le pied, il semble souffrir. Et partout où mes yeux se posent, je ne vois nulle part Elizabeth. A-t-elle réussie à s'enfuir ? Elle semble avoir semé de la confusion parmi les chasseurs. Je suis jetée assez brutalement au sol et je me réceptionne tant bien que mal. Mon genou heurte le bitume de la route et la douleur me remonte jusqu'au ventre. Putain, ça fait un mal de chien. Je reste prostrée quelques secondes, paniquée, sentant mon cœur battre frénétiquement dans ma poitrine. C'était ma pire crainte : que des chasseurs me mettent la main dessus. Je pense à Lucia, à mes parents, tous morts parce qu'ils étaient des arcanistes et mes yeux se ferment. Je cherche à lutter contre la panique qui grandit de plus en plus.

Un homme s'approche et me tire à nouveau par les cheveux pour me forcer à le regarder : « Elle est passée où ta copine, hein ? » Je pince mes lèvres, muette. De toute façon, même si je le savais, je ne dirais rien. Il finit par me relâcher « Mettez-lui la main dessus ! » Les autres hommes semblent hésiter, surement paniqués à l'idée de tomber nez à nez avec une louve. J’aperçois avec horreur qu'ils chargent leurs armes et probablement pas avec des balles classiques. « Et la vampire ? Elle est où, hein ? » Il rage et je ne peux qu'en tirer une certaine satisfaction. « Bande d'incapables ! » L'homme peste, rage et fait les 100 pas. Je ne peux pas rester là sans rien faire, les bras ballants. Je prends une grande inspiration pour tenter de me calmer et de rassembler mes idées. Il y a forcément quelque chose à faire, non ?

Je dois utiliser mes pouvoirs. Je me concentre et regarde autour de moi. Partout des flaques d'eau jonchent le sol. L'humidité est partout. Je dois mettre tout ça à profit. Mon pouvoir est toujours plus puissant quand je suis entourée d'eau et le mauvais temps joue vraiment en ma faveur. Je tente alors de faire abstraction de tout ce qu'il se passe autour de moi, des hommes qui passent autour de moi, qui crient leur désarroi face à la disparition d'Elizabeth et qui se demandent s'ils doivent lui courir après ou non. Je dois me concentrer.

Ma main s'ouvre, discrètement et l'eau des flaques prend de la hauteur, laissant un sol sec sous elle. « Qu'est-ce que... » Je ne lui laisse pas le temps de finir sa phrase. L'eau semble se suspendre dans les airs avant de s'abattre sur lui, lui arrachant un petit cri de surprise mêlé à la douleur. Je n'hésite pas, jze profite de l'effet de surprise pour m'élancer avant et fuir, mettre le plus de distance possible entre ces hommes et moi. Je n'ai plus qu'à espérer qu'Elizabeth ait pu fuir elle aussi. Malheureusement, je n'ai pas parcouru plus de 3 ou 4 mètres qu'une rafale de balles éclate autour de moi, se répercute sur les murs, au sol. Je laisse échapper un petit cri avant de m'accroupir, apeurée. « Tiens, tiens, qu'est-ce qu'on a là, une sorcière... » Ma maigre tentative de fuite a été vite avortée, l'homme m'attrape par le bras et je me retrouve rapidement ligotée, au sol. « Allez, on dégage ! On lui réglera son compte plus loin » Et je suis tirée vers une voiture. Avec effroi, je me débats, il est hors de question de les laisser m'embarquer. « Non, non, non... » Mes yeux s'agrandissent d'effroi.

La patience, la sagesse, ça n’a jamais trop fait partie de mes qualités, loin de là. Je suis plus du genre à agir avant de me dire que c’était peut-être pas la meilleure idée ou chose à faire à l’instant T. Pas que je sois impatiente, mais peut-être un peu, un peu, impulsive. En mode YOLO et advienne que pourra. La plupart du temps, c’est fun et je m’amuse beaucoup.
Parfois, comme là, ça amène plus de problèmes que ça n’en résout. Mais, je  pouvais décemment pas laisser ces brutes continuer. Quelle que soit la nature de la femme, elle ne méritait certainement pas les souffrances qu’ils comptaient lui infliger… Personne ne mérite ça.
Donc là en l’occurrence, je sais pas trop ce que j’aurais pu faire d’autre qu’intervenir. Même si c’était pas très malin d’y aller franco. Je veux bien être plus forte, faire de la boxe et autres, face à plusieurs chasseurs, en toute objectivité, je fais pas trop le poids. Sous forme humaine en tout cas. La louve, elle, par contre, aurait bien plus de chances. Mais ça aussi, c’est idiot, quand bien même soutient-elle le contraire. J’ai beau avoir réussi à fuir et me cacher, momentanément, je sais bien que ça va pas durer longtemps. Et si j’ai pas fini de me transformer avant qu’ils ne me retrouvent, je suis foutue. On est foutues.

Je les entends s’en prendre à Tasya, mais ce n’est qu’un murmure en arrière-plan, un bruit parasite, bien loin derrière le craquement de mes os et la souffrance que cela génère. Le bon côté, c’est qu’il fait nuit et que la pleine lune n’est pas loin, ça aide. Et heureusement, la colère et la peur ont plus tendance à me booster qu’autre chose. Ce qui n’empêche pas que ça prend trop de temps, que la douleur est insupportable même si je retiens mes plaintes tant bien que mal. Mais dans l’immédiat, peu importe cette douleur, elle prend le relai et je ne cherche aucunement à la retenir, bien au contraire.

Elle s’ébroue alors que des coups de feu retentissent non loin. Ce n’est pas contre elle, mais cela lui arrache un grognement. Si ce n’est sur elle qu’ils tirent, c’est sur Tasya. Qu’elle doit protéger. C’est une louve lui arrivant à l’épaule qui prend le chasseur par surprise. Ne le tue pas ! Lui n’aurait pas hésiter. Elle laisse filer un grognement, mais la louve écoute l’humaine. Un coup de patte le fait néanmoins violemment chuter, suffisamment pour l’étourdir. Et après tout, peu importe qu’il survive ou non. Elle n’a guère le temps de s’y appesantir quoi qu’il en soit. « Putain de merde ! » Elle sent l’argent avant de voir l’arme se lever, et elle se retrouve sur l’autre chasseur la seconde suivante, ses crocs se refermant sur le bras tenant l’arme. Un hurlement quand elle lui broie les os du bras, ce qui la réjouit infiniment.

Elle fait demi-tour et retourne faire face aux autres hommes, ceux en train d’enlever Tasya. Ses babines se retroussent et un long grondement sourd lui échappe, de quoi faire frissonner n’importe qui. L’énorme louve fixe l’homme qui tient la jeune femme et fait un pas vers lui. Mais un cliquetis la fait changer de cible. D’un bond, elle saute sur l’un des autres, qui tire au même moment. La balle la frôle, la fait saigner, et lui tire un gémissement plaintif quand la brûlure de l’argent se fait sentir. Elle va pour arracher la tête de l’impudent, la gueule déjà ouverte au-dessus de lui, son hurlement se répercutant sur les murs autour d’eux, mais encore une fois, l’humaine intervient. Agaçante. Comme une mouche bourdonnant hors de sa portée. Mais la louve comprend, assimilant les caméras aux autres dangers potentiels. Eviter un autre drame, ne pas empirer la situation des garous. De sa Meute. De sa famille. Ne pas tuer. Elle grogne, elle râle, elle fait claquer ses dents juste au-dessus du visage de sa proie et ricanerait presque en sentant l’odeur de l’urine. Elle envoie valser l’arme et saute sur une voiture, tournée vers ceux restants.

Plus que deux. Et demi.