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"The Godfather theme song" | Andreï & Elinor

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Tea For Two - Ils t'entraînent au bout de Lanuit, les démons du mépris
Elinor V. Lanuit
Elinor V. Lanuit
Tea For Two - Ils t'entraînent au bout de Lanuit, les démons du mépris
Let's spend an evil night together
En un mot : Don't be afraid ; It's only death. It's just as natural as your first breath.
Qui es-tu ? :
- Immortelle britannique du XIXème siècle, issue de la bourgeoise florissante du début de l’ère victorienne. L’élégance et le flegme de son époque vivent encore dans ses manières.
- Femme fatale au charme venimeux, calculatrice sans scrupules, elle manipule les cœurs aussi bien que les lettres et les chiffres.
- Perfectionniste à l’extrême, séduite par le pouvoir et reine stratège, son plaisir de tout contrôler égale sa soif de connaissances en arts obscures.
- Vampire accomplie, fille des Lanuit, et éternelle solitaire dont l’amour empoisonne les malheureux attirés par une élégance inaccessible aux simples mortels.
- Monstre évoluant dans l’anonymat des ombres, elle traverse les siècles sans fléchir ni se lasser, se proclamant véritable immortelle avide de vie et de savoir.

Facultés :
- Chacun de ses menus gestes contient une grâce et une sensualité étonnante, comme si son corps figé par les siècles ne connaissait aucune autre manière de se mouvoir.
- Un rare talent pour la stratégie économique dont son clan profite à souhait, elle détient une précieuse capacité à s’ancrer sans difficulté dans cette époque.
- Une Présence (niveau 2, palier 5) cultivée avec patience se lit dans son regard enjôleur, rendue redoutable par un siècle de manipulations opportunistes.
- L’Occultation (niveau 2, palier 2) masque son être pour mieux agiter les fils de ses marionnettes, tandis que son esprit demeure son sanctuaire interdit, où elle ne tolère personne.
- Un Animalisme (niveau 0, palier 0) incongru la colle, sans qu’elle ne daigne y accorder le moindre intérêt, quand ce talent bestial semble si éloigné de son tempérament et de ses valeurs.

Thème : Jill Tracy : Evil Night Together
We'll drink a toast in the torture chamber
And you'll go down on a bed of nails
We'll rendevous in cold blood
I'll tie you up to the third rail
No need for cake or flowers
Let's spend an evil night together

Pseudo : Carm'
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Crédits : Lyrics: The Great Malarkey ; Avatar: littlewildling-rpg
Ven 19 Juin - 23:23 (#)



The Haven. Décembre 2019, 23h52.

« Bien. Je vois. » La vampire coupa la communication sans plus attendre. Elle traversa ensuite le bureau moderne, aux meubles uniformes, fonctionnels, et impeccablement rangés, pour se poster devant la fenêtre. Elle resta ainsi un long moment, silencieuse comme une sculpture de maitre, ses doigts délicats teintés de vernis carmin manipulant distraitement le téléphone tactile.
Les lumières en provenance de la rue soulignaient son élégante silhouette, une ondoyante chevelure d’un noir parfait qui reposait sur un fin chemisier légèrement entrouvert, où la brillance de la lune caressait les courbes de son buste, d’un ivoire trop parfait. Le regard d’Elinor Lanuit interrogea à nouveau la sobre pendule accrochée au mur lisse. Minuit allait bientôt sonner. Elle rejeta une mèche soyeuse derrière son oreille décorée d’une étroite boucle serpentine, d’une brillante couleur argentée.

L’ordinateur émit un léger son derrière le bureau. L’immortelle ne parut guère y prêter attention de prime abord. Toute son attention semblait focalisée sur le parking en contrebas, où ses yeux sombres suivaient avec attention l’arrêt d’une luxueuse voiture grise. Des silhouettes découpées par la clarté lunaire en sortirent, au nombre de quatre, aussitôt entourées par d’autres, davantage familières.
Elinor se détacha finalement de l’appui de la fenêtre, et de son spectacle. Elle déambula quelques instants dans la pièce à l’aspect aseptisé qui jurait plus encore avec sa personne élégante, au déhanché lascif, comme une mélancolie charmante. Une unique lampe suspendit au-dessus du bureau éclairait l’ensemble, pour donner à la pièce un cadre davantage tamisé, plus sombre.

Elle n’aimait guère ces néons modernes. Leurs lumières crues donnaient à son visage, autant qu’aux sévères armoires métalliques l’entourant, un aspect blafard et même cadavérique, ce malgré tout le soin apporté à son maquillage. La vampire prit alors place dans le grand et confortable fauteuil de cuir, seul luxe apparent de cet immeuble de bureaux, afin de consulter le large écran où s’inscrivait çà et là des dossiers, des pages de notes, et des documents au logo de Synapsis.
Du bout de ses doigts blancs sur le clavier, Elinor fit apparaitre successivement sur l’écran les images des caméras dissimulées à chaque étage, y compris celle derrière son dos, masquée parmi les étalages d’une bibliothèque de métal. Les deux visiteurs attendus subissaient à présent la fouille de ces employés. Des armes de poings furent récupérées sous son regard attentif, sans que la moindre surprise ne vint troubler la surface parfaite de ces traits.

Le téléphone sonna à nouveau. Elle décrocha aussitôt, en demeurant silencieuse quelques secondes. « Comment est-il ? Je vois. Non, c’est certainement le cas. Faites-les monter tout de même. »

L’immortelle reposa l’appareil, et prit un stylo. Chacun de ses menus gestes contenaient une grâce et une sensualité étonnante, comme si son corps figé par les siècles ne connaissait aucune autre manière de se mouvoir. Dans le dernier espace vierge d’une feuille volante, elle griffonna quelques notes d’un geste rapide et sûr, quelques lettres tracées tout aussi élégamment, ainsi qu’une date.
14 Avril 2018. Un mince soupir songeur traversa ses lèvres soulignées de rouge. Elinor tapota machinalement la pointe de son stylo sur la feuille de notes, en proie à d’intenses réflexions. Elle balaya du regard l’intégralité des objets présents sur son bureau. Un carnet de notes et un volumineux dossier sans mention côtoyaient feuilles vierges, smartphone, règles et crayons agencés dans une symétrie maniaque sur la surface de bois lisse et propre. Le tout entourant l’écran et le clavier de l’ordinateur, dans une disposition perpendiculaire quasiment parfaite.

Elle demeura longtemps ainsi, immobile, plongée dans ses propres pensées vis-à-vis de ce rendez-vous, et bien plus encore. Octobre et ses tourments. L’incendie, puis l’intolérable besoin de sang. Elinor chassa vite ce sentiment de frustration, presque de honte, croissant parmi ses réflexions stratégiques et pétries  d’une logique à toute épreuve. L’incident était clos à présent.
Les hommes de Synapsis gravissant les escaliers représentaient une opportunité parmi tant d’autres, pour elle autant que pour les siens, et il était inconcevable de laisser une impatience irréfléchie, née d’une crainte passée, perturber son jugement. Elinor rangea le stylo noir avec précision. Elle croisa ses longues jambes cerclées d’une élégante jupe courte, et de délicats collants, puis attendit patiemment l’arrivée des invités escortés par Yuri. Nul doute que ces invités étaient encore eux-mêmes inconscients de l’ensemble des opportunités que leur présence allait offrir à la vampire.

L’immortelle plaça ses mains graciles sur les accoudoirs du confortable siège. Des pas lourds dans le couloir adjacent se firent progressivement entendre à ses sens surnaturel. Un sourire étincelant naquit alors sur ses lèvres ravissantes.


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Dim 28 Juin - 12:20 (#)

the Godfather theme song

elinor & andreï.
Il est parti. Il est parti et la maison vide m’angoisse. Le silence m’angoisse. L’autonomie m’angoisse. Il est parti, et moi, je suis là, comme un putain de con, à ne plus savoir quoi faire de ma peau. Ça fait deux jours à peine, et je tourne déjà en rond. Le sang prélevé ce matin par réflexe stagne dans le frigo, alors qu’il n’y a que le minimum syndical des demi-dieux pour l’utiliser. Vu que les autres sont partis. Avec lui. Et sans moi. Je me suis réfugié sur le toit, comme d’habitude, parapet enjambé pour m’asseoir les jambes dans le vide. La nuit ne va pas tarder à tomber, sombrer, comme moi, et comme à chaque fois, cette envie qui revient. Qui me prend à la gorge quand il n’y a rien d’autre pour m’occuper l’esprit. L’heure tourne, le soleil décline. J’ai envie de sauter. Encore. Mais sans tomber derrière. Piaf de merde ; des sensations qui remontent à trop longtemps pour qu’elles soient encore nettes ans mon crâne, j’ai l’impression de gratter du bout des doigts de la peinture écaillée, de l’abimer à chaque fois un peu plus, sans pouvoir m’en empêcher, sans pouvoir m’arrêter. Surtout que ça sert à rien, j’ai quatre pattes, des vibrisses, j’ai du poils et des griffes, j’ai des crocs et un feulement dans la gorge, et rien d’autre. Et ce froid dans la poitrine. « ANDREï ! » Le cri a beau être émis deux étages plus bas, je ne peux pas le manquer et aussitôt, je suis debout. Equilibre précaire. Devant, le soleil brûle mes rétines, agonise. M’écœure et me submerge. Je lui lance un dernier regard avant de déguerpir de là, de redescendre au rez-de-chaussée, ignorer ceux qui m’attendent pour dégringoler jusqu’au sous-sol, clé en main, arsenal personnel sous les yeux. Flingue. Poignard. Que des conneries qu’on va me demander d’enlever mais question de principe, quand je remonte dans le hall, au moins, je ressemble à quelque chose.

Il est parti. Sans moi. Mais il y a des choses qui ne changent pas et auxquelles je me raccroche avec soulagement. Je reste utile, c’est l’important. Le poids du flingue me le prouve. Je reste utile, c’est nécessaire. Les regards que me lancent les autres me le confirment. Mon téléphone vibre au moment où on sort de la baraque, lui, naturellement ; l’heure tourne et il continue de veiller au grain. Je ferme les yeux, au moins ça me rassure. La bagnole démarre, je décroche. Pas la bonne voix que j’entends là, mais presque pareil. Hermès qui me rappelle les éléments-clés, il sait que j’ai pas eu la patience de lire ce qu’on m’a filé comme paperasse, que j’ai tout détruit avant même d’essayer. Pas la tête à ça. Envie qu’il m’appelle lui-même pour me faire le topo. Je m’avachis sur le siège, étends les jambes, en écoutant le môme parler. Garde du corps. Pas que. Finalisation d’un contrat initié avant le trente-et-un octobre. Okay. Pas un contrait que officiel. D’accord. Prélèvement possible. Je me redresse. C’est dégueulasse, la voix d’Anya qui résonne me crispe – cette peinture-là refuse obstinément de s’écailler. Vendre ton sang à une sangsue, personne t’a ordonné de le faire. C’est un putain d’écho qui me file mal au crâne, à ce niveau-là. Parce qu’autant, tiens, ça l’emmerdait à l’époque que je le fasse de moi-même, autant, elle disait rien à Georg quand il me l’ordonnait. Quand il me l’ordonne. Je grogne, attire l’attention du sorcier à côté de moi, secoue la tête pour lui dire que c’est pas ses affaires, soupire un Bien sûr que je t’écoute, du con au môme. Et pour l’écouter, je l’écou… Quoi ? J’ai dû mal entendre. Mais non. Pas mal entendu. Le rendez-vous ne sera pas directement au manoir Lanuit. Encore heureux que je me retiens de dire. Rendez-vous dans un terrain un peu plus neutre, mais toujours à notre désavantage. Oui, mais j’en ai rien à battre, ça, les trois cons qui m’accompagnent peuvent crever que je m’en foutrais. En revanche, s’il faut que… Elinor. Mes épaules se relâchent. Mieux que le pire, j’ai envie de dire. Le môme s’inquiète, je le rassure d’un Oui, t’inquiète, j’ai compris, ne s’inquiète pas pour la bonne chose. Couvrir des deals avec des sangsues, j’ai déjà fait. Pas le plus souvent, mais j’ai déjà fait. Sans le môme ?

Pourquoi ils sont partis déjà ? Préparer le terrain, qu’Hermès m’a dit. Pas tes affaires que Georg a dit. Je me renfrogne. La voiture ralentit : ça me donne au moins une bonne raison fermer les yeux et écouter. Sentir. Orienter mon attention partout mais pas sur tout le reste. « Tu la fermes » En l’absence de Georg, c’est lui qui donne les ordres. J’hausse les épaules, sors de la caisse dans un pas sur le côté, lui tient la porte, les yeux mais surtout les oreilles aux aguets. La nervosité qui m’agite, se répand dans des claquements de doigts. Le parking vrille des effluves qui le traversent, du silence qui y tournoie, brisé par des talons claquant au sol, le froissement des fringues, les frissons des flingues. Je suis pas tranquille, c’le moins qu’on puisse dire. Et ma nervosité se propage, dans une moue agacée, jusqu’au rappel à l’ordre. « Calme » Ouais, ouais, du con, je me calme. Mais j’aime pas ça. J’suis pas serein. J’suis. « C a l m e, Andreï, tu me laisses gérer », il me saisit le bras pour que le message soit clair, aurait pu me dire couché que le ton aurait été le même : je me dégage d’un mouvement brusque, grognement dans la gorge, grondement avorté par l’arrivée de notre comité d’accueil. Jeu de regards qui me laisse presque indifférent. Un sorcier pour se faire l’émissaire de Georg. Deux hommes de main, Valdez et Thompson, pour apporter de la présence, et assurer la sécurité. Et m o i. Garde du corps. Pas que. Colis, aussi. A voir. Je lève les yeux vers les fenêtres, le regard plissé, cherche à capter les odeurs et les sons, à sa recherche. Bestialité à fleur de peau, mais angoisse aux tripes. Et si ? Il tournoie dans mes yeux, ce et si pas serein. Et si elle était là ? « Tu la fermes, tu ne fais pas de vagues. » Nouvelle mise en garde, qui n’arrive même pas à m’impacter.

Et si Georg était au courant ? Et si rien du tout. Je me crispe sous la fouille, quand je me débarrasse de mes garanties – si prévisible mais toujours décevant. Là pour conclure un contrat. Pas pour tout foutre en l’air. Tu te tais et il parle. Pas le moment de se mettre à dos un nouvel Essaim. Tu fais ce qu’on te demande. Des bons rapports pour le moment, hors de question de foutre ça en l’air. N’empêche que je scrute tous les visages, à guetter le sien. A me demander si elle sait ce qui se joue. A me poser des putain de questions que je ne suis pas supposé me poser. Qui m’attirent encore et encore des regards lourds de sens de la part du sorcier, il va faire un rapport à Georg, il va attendre des explications après ça, il sait que quelque chose cloche mais il ne sait pas quoi. On va faire en sorte que ça reste comme ça.

Je ne suis pas attentif à tout ce qui nous entoure, je ne m’en rends compte que lorsqu’on s’échoue devant une pire, puis devant notre rendez-vous de la nuit. C’était évident jusque-là, mais ça devient une certitude quand je la regarde, avec soulagement. Pas signe d’Anastasia. Une Lanuit, Elinor, mais pas celle que je cherche et redoute. Il n’y a plus qu’à espérer qu’elle n’ait pas été pote avec celui que j’ai défoncé en 2018. Les deux humains restent derrière nous, j’imagine qu’ils sont en train de regarder nos options si ça tourne au vinaigre. Mes yeux dérivent d’eux même vers la vitre. Probablement double vitrage, probablement blindée. Mais si nous, on n’a plus nos armes, ceux qui nous entourent, eux, c’est open-bar et mes options, perso, elles sont là. En attendant… je me tiens aussi en retrait, foudroie un gus qui envisageait de me faire une remarque quand je vais m’appuyer contre un mur, les bras croisés. Pas sommeil, non, mais pas envie de rester enfermé, asphyxié par le béton des lieux. La nuit est supposée être mon domaine, mon errance sur les toits, mes coussinets dans l’herbe et mes crocs teintés de sang et des couinements des piafs et des rats. Pas ça. « Merci de nous recevoir » J’ai les yeux qui se ferment à moitié, pas un demi-sommeil, les sens aux aguets, la nervosité qui fourmille sur mon épiderme. Hermès aurait pas dit ça que j’ai envie de souffler. Je le laisse faire son baratin, prudent, humble, ferme sur ses positions. Il transpire la bonne volonté, il transpire aussi l’aura de Georg dans ses regards. Les contacts ont été bons, ils ont tout intérêt à ce qu’ils le restent, il a apporté des échantillons frais, à côté du sang synthétique officiel que Synapsis propose ; Valdez s’avance avec la mallette qui contient lesdits échantillons. Dont le mien, prélevé ce matin. J’ai un mouvement réflexe, il n’y a pas d’odeurs, juste le froid de la réfrigération, juste la préservation des sacs. Ca boit des glaces à l’eau, une sangsue ? Ma main va à mon cou, je suis pas serein. Ça fait combien de temps depuis la dernière fois ? Longtemps. Officiellement. Neuf mois, en réalité. J’ai les canines d’Anastasia qui arrachent mon poignet alors que le sorcier fait le détail. Enumère les prix fixés. Les conditions de livraison. Les closes du contrat. Passe de l’artificiel aux humains, des humains aux éveillés. Pour les premiers, ce sont les laboratoires qui le fournissent. Pour les deuxièmes, la Russie et le Mexique sont nos meilleurs fournisseurs. Pour les troisièmes, jamais livrés en personne, Georg garde jalousement les siens. Plus ça va, plus les prix augmentent, naturellement qu’il ponctue son discours, jusqu’au quatrième type de sang proposé. Hors de prix. Si le sorcier reste imperturbable, je vois du coin de l’œil Valdez et Thompson se tourner légèrement dans ma direction, bande de bouffons. Le sorcier lève discrètement la main dans la direction, bien dompté, le chien, je m’efforce de me détendre. « On a un deal ? » Le prix est sur la table. Les échantillons aussi. L’aboutissement des discussions. Avec un peu de chance, on va s’en tenir là.



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Tea For Two - Ils t'entraînent au bout de Lanuit, les démons du mépris
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En un mot : Don't be afraid ; It's only death. It's just as natural as your first breath.
Qui es-tu ? :
- Immortelle britannique du XIXème siècle, issue de la bourgeoise florissante du début de l’ère victorienne. L’élégance et le flegme de son époque vivent encore dans ses manières.
- Femme fatale au charme venimeux, calculatrice sans scrupules, elle manipule les cœurs aussi bien que les lettres et les chiffres.
- Perfectionniste à l’extrême, séduite par le pouvoir et reine stratège, son plaisir de tout contrôler égale sa soif de connaissances en arts obscures.
- Vampire accomplie, fille des Lanuit, et éternelle solitaire dont l’amour empoisonne les malheureux attirés par une élégance inaccessible aux simples mortels.
- Monstre évoluant dans l’anonymat des ombres, elle traverse les siècles sans fléchir ni se lasser, se proclamant véritable immortelle avide de vie et de savoir.

Facultés :
- Chacun de ses menus gestes contient une grâce et une sensualité étonnante, comme si son corps figé par les siècles ne connaissait aucune autre manière de se mouvoir.
- Un rare talent pour la stratégie économique dont son clan profite à souhait, elle détient une précieuse capacité à s’ancrer sans difficulté dans cette époque.
- Une Présence (niveau 2, palier 5) cultivée avec patience se lit dans son regard enjôleur, rendue redoutable par un siècle de manipulations opportunistes.
- L’Occultation (niveau 2, palier 2) masque son être pour mieux agiter les fils de ses marionnettes, tandis que son esprit demeure son sanctuaire interdit, où elle ne tolère personne.
- Un Animalisme (niveau 0, palier 0) incongru la colle, sans qu’elle ne daigne y accorder le moindre intérêt, quand ce talent bestial semble si éloigné de son tempérament et de ses valeurs.

Thème : Jill Tracy : Evil Night Together
We'll drink a toast in the torture chamber
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Sam 4 Juil - 22:46 (#)



Dans cette vaste pièce aux angles froids des meubles modernes aseptisés, la tension découlant des hommes donnait aux ombres un aspect tranchant comme un tableau cubiste. Elinor Lanuit lisait la défiance gravée sur chaque visage, aussi aisément qu’un livre ouvert. Une fois les démonstrations de courtoisie achevées, la bienvenue et le respect distribués, celle-ci indiqua d’un geste ample les quatre chaises disposées à l’attention de ses invités. On en occupa qu’une seule. Elle-même prit place dans son confortable fauteuil, tandis que son regard fureta discrètement sur chaque homme.
Un meneur, deux acolytes, et un cabot nerveux, compta-t-elle alors que le premier installait sur le bureau la mallette de marchandises. Le visage du dernier acolyte alluma toutefois un soupçon dans son esprit. Cet élément important en tête, elle se garda toutefois de fixer ces traits familiers, et consacra à la place toute son attention aux produits déclamés sous ses yeux. Cette nuit-là, on posait les fondations d’un accord non moins important, quand bien même celui était déjà miné de doutes.

Nul rictus ne devait alors trahir sa réserve. Au milieu des prix et des litres d’hémoglobines proposés par son interlocuteur, dans un recoin de ses pensées, sa mémoire repassa les différents visages d’une lointaine soirée d’Avril 2018, où cette même corporation était venue présenter ses services. Cette somptueuse réception d’alors, où une violente créature avait répandu sur le sol du manoir Lanuit le sang de l’un des leurs. Un affront à l’étiquette du clan.
Lorsque l’on désigna par des gestes discrets le comparse agité, appuyé contre la fenêtre comme s’il craignait d’étouffer, deux certitudes naquirent au milieu de ce questionnement. D’une, la vampire avait entrevu ce visage renfrogné voilà deux ans de cela. De deux, aucun d’entre eux n’allait franchir le seuil de l’immeuble avant qu’elle n’ait été satisfaite de leurs réponses. En diplomate aguerrie, un sourire de circonstance joua sur le visage d’Elinor à l’énonciation de la question.

« Votre offre nous intéresse bien évidemment. Il ne me serait pas venu à l’esprit de vous avoir invité ici pour rien. Puis-je vous proposer quelque chose à boire ? »
La vampire se leva aussitôt. Si l’homme fut surpris par cette proposition, il n’en montra rien, en parfait professionnel. « Avec plaisir. »

Comme si la réponse lui était acquise, Elinor avait déjà ouvert la porte coulissante d’un meuble en hochant la tête, dans lequel reposait un coffret plus petit à l’aspect lisse. Celui-ci contenait plusieurs bouteilles. Elle y collecta quatre verres transparents, ainsi que deux bouteilles, l’une de whisky, l’autre de vodka, avant de déposer le tout sur la table, bien en évidence.

« Vodka ? » Fit-elle avec un sourire rieur. L’homme approuva à son tour, alors que les deux gardes du corps refusèrent poliment, à bonne distance de là

Le verre fut rempli avec adresse de l’alcool transparent, tandis que la vampire s’asseyait en reportant son attention vers son interlocuteur. Tous les indices conduisent à des russes en d’étranges coïncidences, songea-t-elle. Synapsis tout d’abord, puis la victime, ce vieux Cornelius dont la dernière lubie avant l’incident fut de ramasser cette peste amnésique dans un coin perdu de Russie. Tandis que son invité savourait la boisson, elle mit à profit ces quelques secondes pour balayer l’éventail des possibilités, afin de classer ses idées. Son regarda se hasarda brièvement sur l’homme isolé, avant qu'elle ne chassa une mèche de cheveux de son front afin de masquer son intérêt pour celui-ci.

« Je serai ravie d’établir une relation solide entre nous, bien que connaissant les goûts de mes compatriotes, je suis certaine qu’ils seront davantage intéressés par vos produits les plus onéreux. »

Au-delà de ce spacieux bureau, le regard de Yuri, son principal adjoint, croisa le sien une fraction de seconde. Elinor adressa un sourire aussi bien à son employé qu’à son interlocuteur. Le slave avait parfaitement noté la contradiction de sa patronne. Et celle-ci le savait tout à fait capable de loger une balle dans la tête de chaque individu de cette pièce, si elle lui en donnait le signal.

L’immortelle reprit sur ce même ton aimable. « Néanmoins, permettez-moi de me montrer curieuse sur certains paramètres. Votre quatrième produit nous a été présenté avec la possibilité d’être prélevé à la source, n’est-ce pas ? »

Elinor Lanuit observa tour à tour les quatre hommes. Comme lors d’une chasse nocturne, ses pupilles notaient chaque détail, chaque crispation musculaires, la moindre raideur dans la mâchoire ou les doigts. La nervosité de sa cible était particulièrement frappante. Je dois l’inclure dans la discussion.

« J’aimerai en savoir davantage sur cette démarche, tous les détails. Comment fonctionnez-vous à ce propos ? Est-ce plus cher ? La disponibilité de cette fameuse source est limitée, dois-je supposer ? » Acheva-t-elle innocemment, en faisant mine d’ignorer le jeu de regards se tramant entre les associés.


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Sam 22 Aoû - 0:06 (#)

the Godfather theme song

elinor & andreï.
C’est l’ennui le plus complet. Les bruits qui s’agitent, les odeurs qui s’affolent, moi qui m’emmerde. Ils ont le baratin des cons, les deux, là, la vampire et le sorcier. Le baratin des langues de bois, celle que je sais parler quand il faut, mais que ça m’arrange bien de ne pas parler le reste du temps. J’ai autre chose à penser, là. Les yeux qui cherchent, la nervosité qui se répand dans mes veines, qui me démange, me donne sérieusement envie de foutre un pain à l’un, une châtaigne à l’autre, distribution gratuite, c’est pour moi la tournée. Mais… je soupire. Pas Anastasia devant moi. Encore heureux. Une autre. Qui sait quoi ? Bonne question. Je la fixe à la dérobée, l’instinct du prédateur et de la proie repère les portes et les issues de secours, envisage le pire, se fout un peu de la gueule du reste. Double vitrage, j’imagine, porte gardée, j’imagine, du bruit dans les étages, logique, un nombre de cibles conséquent, pas tout compté, et des vampires, quelques uns. J’ai un rictus aux lèvres, qui voudrait me voir menacer de mes crocs, qui se contente de me faire grimacer. Je ferme les yeux, sens aux aguets, demi-sommeil, les entends plutôt continuer leur baratin. Présenter les échantillons, présenter les premiers, les deuxièmes, les troisièmes, alors qu’on quitte le standard et le légal pour s’enfoncer dans le plus rare et officieux. Et terminer par l’apothéose. La démangeaison s’accentue sur mon épiderme, l’envie de sang aussi, le lynx réclame d’aller courir et chasser, pas de faire le pied de grue en attendant qu’on le saigne, mais calme toi, le geste de la main suffit à me raidir. Deal ? « Votre offre nous intéresse bien évidemment. Il ne me serait pas venu à l’esprit de vous avoir invité ici pour rien. Puis-je vous proposer quelque chose à boire ? » Deal. Il répond, je ne peux pas m’empêcher de le comparer – et pas à son avantage – à ce qu’aurait fait, ce qu’aurait dit, ce qu’aurait pensé Hermès, et soupirer une nouvelle fois, les bras qui se croisent sur ma poitrine.

Putain qu’est-ce que c’est long.

Et je prendrais bien un verre, moi aussi, merci. « Vodka ? » J’ai un demi-sourire quand Valdez et Thompson se lancent une nouvelle fois un regard de connivence, me mêlent à leur complicité de bouffons, avant de refuser comme on attend deux. Et on propose pas au chien, naturellement, je me renfrogne. Je me demande si le vampire que j’ai défoncé s’en est sorti. Si le connard s’en est sorti. Je me demande même s’il savait le pourquoi de la trahison d’Anastasia. Dans tous les cas, j’en ai rien à foutre, je regrette rien, juste de ne pas l’avoir flingué plus efficacement, dans l’hypothèse où il agite encore son petit doigt. Putain de morts-vivants. Et en parlant de cadavre, elle s’assoit, je la fixe sans chercher à me cacher. De toute manière, je suis supposé être là pour la sécurité, aussi. Pas juste pour faire la poche de sang qui garde à 37,5 °C le doggy-bag - c’est Valdez qui m’a appelé comme ça, en riant. Pas vu l’humour, juste la pertinence de l’appellation. Et l’insulte. Feule le lynx, écoute d’une oreille distraite. Croise un regard, hausse, les épaules. Elle continue de parler, moi je continue d’écouter, j’aurais un rapport à faire à Georg, dès qu’on rentrera. Tout le monde le sait, ici. Tous ceux de Synapsis. « Je serai ravie d’établir une relation solide entre nous, bien que connaissant les goûts de mes compatriotes, je suis certaine qu’ils seront davantage intéressés par vos produits les plus onéreux. » Produits les plus onéreux.

Moi. Ou les éveillés. Excellente question, tiens, elle penche pour lesquelles ? Le rat veut agiter ses moustaches, je me contente de renfrogner le nez, faute de vibrisse. L’homme est si pathétique. Et les vampires guère mieux. Je préfère les clébards et les chiens, de toute manière. Et les rats. Eux, au moins, quand quelque chose ne va pas, ils éliminent le faible et reprennent le cours normal des choses, ils se reniflent pas le cul pendant des heures. « Néanmoins, permettez-moi de me montrer curieuse sur certains paramètres. Votre quatrième produit nous a été présenté avec la possibilité d’être prélevé à la source, n’est-ce pas ? » Quatrième. Prélevé. A la source. Je me raidis. Encore. Sur les nerfs, comme jamais. Et cette fois, je ne suis pas le seul à afficher une crispation. Hermès et Anya s’en sortaient tellement mieux pour veiller à mes intérêts. « Je… oui… mais… » Pas sans l’accord express de Georg, pas sans les vérifications de base, pas sans l’assurance qu’on me rendra plus vif que mort ; peu importe l’état en revanche, tant que je m’en remets. Le sorcier est étonné, tarde à retrouver ses mots, je lève les yeux au ciel. Ridicule. Valdez et Thompson, eux, rient bien moins que tout à l’heure, sont bien moins détendus, ils ont même un léger mouvement dans ma direction mais je ne sais pas si c’est pour se cacher derrière moi, ou se placer devant moi.

Y’a pas à dire, y’a une ambiance de merde. « J’aimerais en savoir davantage sur cette démarche, tous les détails. Comment fonctionnez-vous à ce propos ? Est-ce plus cher ? La disponibilité de cette fameuse source est limitée, dois-je supposer ? » L’instinct. Ouais, c’est plus cher. Et ouais, elle passe pas sa journée à attendre dans le frigo, ta putain de source, elle a autre chose à foutre. « Андрей! Оставайся на своем месте. » Il s’est redressé dans un mouvement vif, main tendue pour m’intimer, comme il vient de me le dire, de rester à ma place. Sens littéral et sens figuré. Le russe s’impose, comme une intimité toute relative. Si à moins de trente ans, je sais parler plus de trois langues, je vois pas comment une bouffonne de potentiellement plusieurs siècles ne pourrait pas en maîtriser plus. Она говорит обо мне, засранец. Не принимайте ее за задницу, Вальдес и Томпсон облажались как профи. Qu’est-ce qu’il croit, qu’elle lance tout ça innocemment ? Si j’ai capté le jeu de regards des deux cons et si elle est à moitié aussi maligne qu’il le faut pour traiter avec Georg, elle n’a pas pu le manquer. Alors qu’il ne commence pas à la prendre pour une conne, Hermès ne l’aurait pas sous-estimée. Je laisse Valdez et Thompson dans mon dos, dégage la main du sorcier qui entendait me rappeler d’aller me coucher dans la niniche, pour fixer la vampire. Lanuit. Il te l’a dit, Шут, bouffonne, un cadeau si elle comprend le russe. Techniquement, non, il ne l’a pas dit. Mais il parait que ce qu’on ne dit pas, c’est dit quand même, ça s’appelle l’implicite. Le prix, il bouge pas, il est calibré au millilitre. Pris à la source, c’est moi qui décide quand on s’arrête. Et ça se fait pas sans assurance. Histoire que tu me la foutes pas à l’envers. On aurait pu espérer plus fin, j’imagine. Celui qui transpire à côté de moi, il espérait plus fin. Mais tant pis, je suis nerveux, j’ai envie d’aller courir, envie de respirer, claustrophobie latente, je ne me sens pas en sécurité sans Hermès pour assurer la transaction.

Et puis merde, qu’est-ce que je fous au milieu des Lanuit, alors même que j’ai la fâcheuse habitude de me planter quand il s’agit de les buter ?


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Tea For Two - Ils t'entraînent au bout de Lanuit, les démons du mépris
Elinor V. Lanuit
Elinor V. Lanuit
Tea For Two - Ils t'entraînent au bout de Lanuit, les démons du mépris
Let's spend an evil night together
En un mot : Don't be afraid ; It's only death. It's just as natural as your first breath.
Qui es-tu ? :
- Immortelle britannique du XIXème siècle, issue de la bourgeoise florissante du début de l’ère victorienne. L’élégance et le flegme de son époque vivent encore dans ses manières.
- Femme fatale au charme venimeux, calculatrice sans scrupules, elle manipule les cœurs aussi bien que les lettres et les chiffres.
- Perfectionniste à l’extrême, séduite par le pouvoir et reine stratège, son plaisir de tout contrôler égale sa soif de connaissances en arts obscures.
- Vampire accomplie, fille des Lanuit, et éternelle solitaire dont l’amour empoisonne les malheureux attirés par une élégance inaccessible aux simples mortels.
- Monstre évoluant dans l’anonymat des ombres, elle traverse les siècles sans fléchir ni se lasser, se proclamant véritable immortelle avide de vie et de savoir.

Facultés :
- Chacun de ses menus gestes contient une grâce et une sensualité étonnante, comme si son corps figé par les siècles ne connaissait aucune autre manière de se mouvoir.
- Un rare talent pour la stratégie économique dont son clan profite à souhait, elle détient une précieuse capacité à s’ancrer sans difficulté dans cette époque.
- Une Présence (niveau 2, palier 5) cultivée avec patience se lit dans son regard enjôleur, rendue redoutable par un siècle de manipulations opportunistes.
- L’Occultation (niveau 2, palier 2) masque son être pour mieux agiter les fils de ses marionnettes, tandis que son esprit demeure son sanctuaire interdit, où elle ne tolère personne.
- Un Animalisme (niveau 0, palier 0) incongru la colle, sans qu’elle ne daigne y accorder le moindre intérêt, quand ce talent bestial semble si éloigné de son tempérament et de ses valeurs.

Thème : Jill Tracy : Evil Night Together
We'll drink a toast in the torture chamber
And you'll go down on a bed of nails
We'll rendevous in cold blood
I'll tie you up to the third rail
No need for cake or flowers
Let's spend an evil night together

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Mer 2 Sep - 14:59 (#)



L'entretien se déroulait à merveille. Comme lors d’un fastueux récital de piano, Elinor Lanuit suivait sa partition secrète, appuyant avec parcimonie et délicatesse sur chaque touche. Chaque pression était exercée avec une précision chirurgicale. Et pour quel résultat ! Elle n’aurait pu espérer mieux. Lorsque la fureur de l’animal éclata en une dispute entre associés, un fugace sourire effleura les lèvres de la vampire, dont les yeux attentifs suivaient avec intérêt les mots rageurs échangés.
Ainsi, ils ne s’entendent guère entre eux. Intéressant. Cela confirma sa pensée première. L’animal cracha ses mots rageurs au visage de son collègue, dont le visage déconfit peignait une panique évidente. On n’aurait eu nul besoin de sens surnaturels pour lire le panel d’émotions de ces hommes. Elle n’avait pas non plus besoin de comprendre le russe pour noter l’insulte. Elinor adressa un regard calme à Yuri, une manière de confirmer son contrôle de la situation. Celui-ci était toujours prêt à intervenir à son ordre, quand bien même son attitude ne trahissait rien de ses pensées.

Puis, elle prit à nouveau la parole, une fois les mots doux partagés. « Je vous ai négligé, pardonnez-moi. Je ne vous ai rien proposé à boire. Servez-vous, si le cœur vous en dit. »

La vampire saisit élégamment la bouteille pour remplir un autre verre de vodka. Elle poussa la boisson en direction de l’homme, qu’elle surnommait désormais l’animal. Chaque fibre du corps de ce dernier illustrait une bestialité contenue, une violence prête à éclater, dont elle soupçonnait de plus en plus la culpabilité. Les coïncidences deviennent fort nombreuses, songea-t-elle. L’animal était russe. L’animal était présent lors de la soirée fatidique. La société elle-même était russe. Or, celui-ci venait de lui confirmer ouvertement sa nature monstrueuse. La victime, ce vieux Cornelius, ne revenait-il pas de Russie lorsqu’il ramena cette amnésique, russe elle-aussi ?
Tout cela pouvait se raccorder, si elle parvenait à en découvrir la logique, les chaines reliant les différents évènements. Les conjectures d’Elinor se mouvaient et s’assemblaient derrière cet impeccable visage, où se lisait seulement un sourire policé et maitrisé. Déjà, la suite de son plan apparaissait clairement dans son esprit, il ne restait plus qu’à mettre en fonction les divers rouages de celui-ci. Attirer l’animal vers elle n’était qu’un début aisé.

« Je comprends tout à fait vos conditions, et je suis prête à les accepter. C’est un rôle difficile à vivre, j’en conviens. N’ayez aucune crainte, je sais aussi apprécier la franchise. Aussi brute soit-elle. »

La vampire s’adressa à l’un et l’autre, l’animal et le négociant. Le stress de ce dernier n’en était que plus évident, quand leur deux acolytes demeuraient sur leurs gardes. La vampire croisa les doigts, et analysa calmement la situation. Ils craignent que la situation ne dégénère, mais serait-ce de mon fait ? pensa-t-elle en regardant l’animal. Ou bien ont-ils du mal à contrôler celui-là ?

« En vérité, je n’apprécie guère les dissimulations. J’attends une attitude honnête et irréprochable de nos partenaires. »

L’immortelle scruta la réaction de l’animal du coin de l’œil. Des paroles venimeuses semées avec parcimonie, un double sens tranchant pour semer le doute, voilà ce qui l’amusait. En cela, elle différait de ces êtres brutes et francs, prompts à charger frontalement dans la bataille. Elle était une vipère patiente, repliant lentement ses anneaux pour mieux frapper sa proie lors d’une seconde de distraction. Malgré ce déroulement encourageant, Elinor Lanuit resta prudente. Ces hommes, bien qu’apparemment désarmés, étaient dangereux, et cet animal une fois acculé le serait plus encore.
D’un geste ample, elle rassembla quelques éléments du dossier Synapsis posé sur son bureau, et effleura l’une de touches de son clavier, déclenchant une application d’enregistrement sur l’écran tourné vers elle. Précaution supplémentaire, le revolver chargé préalablement était en place au-dessus d’un tiroir, à portée de main. Satisfaite des dispositions comme d’un piège bien rodé, elle revint à la conversation, à cet animal nerveux dont l’instabilité lui fournissait une excellente opportunité à exploiter. Une simple pichenette de ma part, sans doute, un murmure à l’oreille.

« Malgré mon appréciation pour votre langue, je ne suis pas encore fluide avec celle-ci. Vous me pardonnerez si je ne converse pas ainsi. » Déclara-t-elle d’un ton badin. Néanmoins, chaque mot était pesé. « J’ai une très chère amie, russe également, qui me permet de progresser néanmoins. »

Ce mensonge ne lui coûtait rien. Elle ne faisait qu’éprouver des coïncidences en sondant les réactions nerveuses de cet animal. Tendre les fils d’araignée un à un. Celui-ci n’avait peut-être aucun rapport avec la russe amnésique, mais l’évocation de la victime n’avait rien d’un acte innocent. Déstabiliser pour provoquer la faute, déchiffrer les réactions, anticiper le coup suivant, une valse élégante dont elle appréciait le rythme. La vampire poursuivit la discussion en s’adressant innocemment à l’animal.

« Mais peut-être l’auriez-vous croisé l’année dernière, lors de la soirée en l’honneur de votre société ? Notre jeune Anastasia, elle devait être avec son maitre à ce moment-là. Je suis certaine que vous vous entendriez parfaitement, vous avez ce même caractère impulsif. »

Elinor Lanuit fit part de son amusement par un rire étouffé. Un charmant sourire de glace compléta l’appât laissé en évidence. « Oh, je m’égare de notre discussion, navrée. »


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Sam 3 Oct - 18:52 (#)

the Godfather theme song

elinor & andreï.
C’est un fiasco, un énorme fiasco. Dans ce genre d’entretien, je suis supposé me la fermer, rester en retrait, rester à ma place – quoique ça puisse vouloir dire – et garder les yeux et les oreilles, pour avoir un temps de réaction nettement supérieur à la normale s’il y a le moindre dérapage. Mais en temps normal, j’ai une confiance aveugle en celui qui mène la transaction. Et en temps normal, ce n’est pas moi qui crée le dérapage. Ça change tout. Et j’ai aucune excuse, en dehors de ma nervosité, en dehors du nom des clients, en dehors de l’incompétence morbide de Valdez et Thompson, en dehors de cette brutale envie – on devrait même pouvoir parler de besoin à ce niveau-là – de sauter à la gorge des vampires présents ici.

Putain que je les hais tous. Avec leur morgue. Leur suffisance. Leur assurance. Comme si tout leur était dû, comme si tout était à portée de leur main. Tiens, et si je sauvais in extremis une traîtresse à deux doigts de mourir pour lui offrir une immortalité écœurante, la vider de toute son âme et de tous ses souvenirs avant de la lâcher aux trousses du connard qui l’a butée et dont elle a ruiné la vie ? Ils ressemblent à des sorciers, sauf qu’ils n’ont rien de dieux, ce sont juste des abominations. Des erreurs de la nature. Et moi, au milieu d’eux, incapable de me la fermer plus longtemps devant la manière qu’elle a de parler de moi, la manière qu’ils ont, tout autant qu’ils sont, de parler de moi. Mais qu’ils aillent se faire foutre, elle, lui, tous ceux qui entendent régir ma vie comme ça. Seul Georg a le droit. Seuls Hermès et Anya peuvent avoir leur mot à dire. Le russe s’écorche, se crache, la colère est là, l’impulsivité aussi. Le sorcier prend la vampire pour une conne, moi au milieu, j’assiste à ça. Qu’est-ce qu’il croit, qu’on est en position de force ? Pas à cette heure-là, pas sur ce terrain-là. Et elle, elle se croit maligne, peut-être ? Шут, l’insulte me vient naturellement, je ne me fais pas d’illusion, je ne cherche même pas à cacher ce que c’est. Mes griffes sont plus rétractiles encore que celles des autres félins. Lovées sous des ongles à la con. Le grognement, lui, est blotti dans ma cage thoracique. Ras le bol des ronds de jambe, elle sait qui je sais, ce que je suis, alors merde, j’en ai marre d’être juste la plante verte.

Je fais une connerie. Mais au moins, elle me regarde. « Je vous ai négligé, pardonnez-moi. Je ne vous ai rien proposé à boire. Servez-vous, si le cœur vous en dit. » Vodka. Valdez et Thompson se regardent, j’entends clairement le froissement de leurs fringues quand ils s’agitent. A côté de moi, c’est la transpiration que je sens, l’anxiété qui croît. Tout le monde oublie le chien J'hausse les épaules, attrape le verre, le vide, le repose ; violence dans chaque mouvement, provocation dans chaque mouvement. Je suis supposé ne pas boire, ne rien accepter, me comporter comme un bon petit chien. Ras le bol. T’es contente, cadavre ? J’ai les prunelles qui s’assombrissent et s’affinent. Et maintenant, qu’est-ce que tu prévois ? Le sorcier pose sa main sur mon bras, me force à me décaler. Je lui concède un pas sur le côté, sans cesser de la fixer du regard. « Je comprends tout à fait vos conditions, et je suis prête à les accepter. C’est un rôle difficile à vivre, j’en conviens. N’ayez aucune crainte, je sais aussi apprécier la franchise. Aussi brute soit-elle. » Rictus. Franchise, mon cul. Je parierai ma main qu’elle prend son pied, que je danse au son de sa musique, comme un vulgaire pantin pour me positionner où elle veut. A côté de moi, lopette bégaie des excuses, de remerciements, des justifications, se reprend, un peu tard, retrouve son équilibre, beaucoup trop tard. Je n’ai plus aucune estime pour lui. C’est un dieu, oui, mais quelle profonde merde. Hermès vaut mieux. Anya valait mieux. Georg…

J’inspire. Lorgne sur la bouteille, ventre vide. « En vérité, je n’apprécie guère les dissimulations. J’attends une attitude honnête et irréprochable de nos partenaires. » Rien à foutre. Si elle n’aime pas les dissimulations, elle n’a qu’à ne pas traiter avec un marché illégal de trafic de sang d’éveillés. Je suis tenté de lui dire que si elle n’aime ni les mensonges, ni les arnaques, ni les coups de poignard dans le dos, elle n’a qu’à ouvrir une boulangerie et cuisiner des cookies en forme de licornes. Ou juste crever, tant qu’à faire. Le sorcier renchérit, assure de la bonne volonté de Synapsis, de l’importance de la transparence dans ce genre de discussion, mais rappel qu’il n’est qu’un porte-parole et qu’il ne faut pas trop faire attention à moi, je suis un peu impulsif, et patati, et patata.

De mon côté, je me demande si ça compte comme une attitude honnête et irréprochable d’avoir tenté de buter deux Lanuit. J’ai quelques doutes. « Malgré mon appréciation pour votre langue, je ne suis pas encore fluide avec celle-ci. Vous me pardonnerez si je ne converse pas ainsi. J’ai une très chère amie, russe également, qui me permet de progresser néanmoins. » J’hausse les épaules. Rien à foutre de ta vie Je devrais peut-être continuer à me la boucler, au lieu de m’enfoncer, d’aggraver mon cas. Pas mon genre. Georg me manque. Mon frère me manque. Une amie russe ? Et alors, moi aussi, j’ai un ami américain qui m’a aidé à améliorer mon anglais, et qu’est-ce que…

Amie russe. Lanuit.

J’aurais dû sentir venir l’embrouille au lieu de continuer à ne plus me sentir pisser, au lieu de poursuivre dans la provocation et l’insolence. Chaque mot qu’elle prononce après ça me fait perdre en couleur. « Mais peut-être l’auriez-vous croisé l’année dernière, Non. … lors de la soirée en l’honneur de votre société ? » Non. Elle sait. Non, non. Je garde le contrôle, je me contrains au calme, mais forcément, ma respiration s’alourdit malgré moi. « Notre jeune Anastasia, elle devait être avec son maitre à ce moment-là. Je suis certaine que vous vous entendriez parfaitement, vous avez ce même caractère impulsif. » Anastasia. Je me sens blêmir. J’entends Valdez s’étrangler. Je sens, à côté de moi, le calme du sorcier ; je ne sais pas s’il a compris le sous-entendu. Thompson ne sait pas, ça c’est certain, il est trop récent dans le coin. Mais Valdez… Lanuit a un petit rire, c’est bien la seule à s’amuser. Anya. Elle sait. L’année dernière. Elle sait. « Oh, je m’égare de notre discussion, navrée. » Elle sait et elle continue à prendre son pied.

Reste à savoir ce qu’elle sait exactement. C’est une chose de connaître Anya, c’en est une autre de savoir que… Valdez est mal à l’aise. Je lui tourne le dos, mais je sais qu’il s’agite, discrètement. Je sais qu’il me fixe. Qu’il sait ce que ce prénom signifie pour moi. Qu’il sait ce que la mention d’Anya signifie pour moi. Et qu’elle traitait avec un vampire pour me vendre, pour vendre les intérêts de Synapsis, il sait tout ça. Se trompe sur toute la ligne. Mais n’aurait jamais dû entendre ça. Aucun rapport avec le schmilblick, ouais, donc pas la peine de s’attarder sur le sujet. Et pendant ce genre de soirée, je m’occupe de la sécurité, je minaude pas avec des sangsues dans votre genre. Ce qui est tout à fait vrai. Tout à fait faux. Je n’avais pas vu Anya, je n’étais pas sûr de l’avoir vue. C’est un autre type d’ordure que j’ai croisé dans le coin, ce soir-là. Son maître. En tout cas, si c’est elle qui t’apprend le russe, bah c’est un prof de merde. Anastasia n’est pas du genre à être pédagogue, elle est plus de la même école que Georg : apprend ou crève, retiens ou prend toi un coup de poing dans la gueule et te plains pas, c’est ridicule. Pas encore fluide avec, donc elle parle effectivement russe. Ça ne m’arrange pas nécessairement. Je suis bien tenté de dire à Valdez de se la fermer, parce que je sais qu’il va vouloir m’en parler. Qu’il va vouloir poser des questions. Que je vais devoir le tuer, histoire qu’il n’aille pas baver dans les mauvaises oreilles. Mais bon, du coup, tu le signes ce contrat ou non ? Je croyais que vous étiez d'accord. Tu veux goûter peut-être ? Je tends mon poignet, ignorant la protestation de mon voisin. L’important, c’est qu’elle s’éloigne d’Anastasia, qu’on ferme le sujet, qu’on finisse la négociation, et vite.


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- Perfectionniste à l’extrême, séduite par le pouvoir et reine stratège, son plaisir de tout contrôler égale sa soif de connaissances en arts obscures.
- Vampire accomplie, fille des Lanuit, et éternelle solitaire dont l’amour empoisonne les malheureux attirés par une élégance inaccessible aux simples mortels.
- Monstre évoluant dans l’anonymat des ombres, elle traverse les siècles sans fléchir ni se lasser, se proclamant véritable immortelle avide de vie et de savoir.

Facultés :
- Chacun de ses menus gestes contient une grâce et une sensualité étonnante, comme si son corps figé par les siècles ne connaissait aucune autre manière de se mouvoir.
- Un rare talent pour la stratégie économique dont son clan profite à souhait, elle détient une précieuse capacité à s’ancrer sans difficulté dans cette époque.
- Une Présence (niveau 2, palier 5) cultivée avec patience se lit dans son regard enjôleur, rendue redoutable par un siècle de manipulations opportunistes.
- L’Occultation (niveau 2, palier 2) masque son être pour mieux agiter les fils de ses marionnettes, tandis que son esprit demeure son sanctuaire interdit, où elle ne tolère personne.
- Un Animalisme (niveau 0, palier 0) incongru la colle, sans qu’elle ne daigne y accorder le moindre intérêt, quand ce talent bestial semble si éloigné de son tempérament et de ses valeurs.

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Ven 9 Oct - 18:12 (#)



Le diable était dans les détails. Le mal se remarquait ainsi, au gré de minuscules touches venimeuses, distribuées avec la parcimonie d’une partition subtile que l’immortelle était la seule à distinguer. Au cœur de la nuit, ses pouvoirs à leur paroxysme, elle lisait ces hommes comme un livre ouvert. La contraction d’un iris, l’accélération d’une respiration déstabilisée, ou bien le frémissement d’une chemise apparaissaient alors avec une parfaite netteté. Chaque mot savamment distribué envers l’animal avait déconstruit son assurance pièce par pièce, sourire insolent fondant vers un rictus déconfit au fil des syllabes. Et en particulier à la mention d’un unique nom : Anastasia Lanuit.
Intéressant, songea-t-elle, vraiment très intéressant. L’attention de la vampire se braqua brièvement sur l’un des deux malabars debout dans le fond de la pièce. Elle ne put s’empêcher de remarquer les regards qu’il lançait dans le dos de l’animal énervé, alors tout occupé à éructer des banalités. Elle se garda néanmoins d’émettre un commentaire. À son âge, Elinor était parfaitement consciente que le succès d’un interrogatoire tenait aussi dans l’art d’écouter, mais aussi d’observer, en décelant les minuscules changements dans le comportement du sujet. Les modifications de tonalité dans la voix, tout comme les réflexes incontrôlés étaient autant capables de trahir les secrets.

Or, la structure toute entière de la conversation venait de changer brusquement. Après ce mensonge sur Anastasia, l’animal s’était empressé de reprendre les rênes de la négociation, non sans faire étalage d’une nervosité redoublée et d’une précipitation surprenante. Ce dernier devint soudainement bavard. Quant à son camarade numéro deux, il devint agité. Ce nom les a fait réagir, examina-t-elle en silence, cette peste russe serait donc elle aussi impliquée ? Une nouvelle lueur d’intérêt illumina les pupilles de la vampire : l’affaire s’avérait plus vaste qu’elle ne l’aurait estimé.
Elinor se permit de prendre une longue inspiration. Les effluves de la pièce pénétrèrent en masse dans ses poumons morts, lui permettant de déceler l’odeur de sueur, et la chaleur nerveuse des hommes, le parfum de la peur. Comme elle réfléchissait encore à son coup suivant, l’animal lui présenta bêtement son poignet, ignorant les protestations véhémentes de son propre camarade. Un rictus amusé se dessina sur les traits de la vampire face à ce geste aussi désespéré qu’idiot.

« Je vais être obligé de décliner ces deux offres. Le sang des vulgaires m’irrite le palais, tout comme votre amabilité me contraint à suspendre indéfiniment ce contrat. Je m’en plaindrai d'ailleurs à votre manager. »

Le négociant bondit vivement sur son séant pour protester face à cette déclaration, énoncée sur un ton clairement moqueur. La vampire tourna calmement son attention vers cet homme agaçant, tandis qu’il tâchait de justifier maladroitement les écarts de son clébard. Manifestement, celui-ci n’est au courant de rien, nota-t-elle quand il s’accrochait désespérément à une transaction nulle.

« Je suis lasse d’être interrompue constamment, le coupa-t-elle sur un ton beaucoup plus cinglant. Jusqu’à présent, je me suis montrée patiente avec votre employé, mettant son insolence sur le compte de sa stupidité. »

Le ton avait clairement monté d’un cran. Derrière les quatre hommes, elle vit les muscles de son employé, Yuri, se tendre sur la crosse de son arme, tandis qu’il adressait un coup d’œil équivoque vers le couloir où patientait d’autres gardes, eux aussi armés. Elinor reporta son attention sur le négociant, lui adressant un regard lourd, où affleurait une Présence hypnotique et dangereuse.

« Vous allez compter sur vos doigts la somme des tarifs de vos produits multipliés par cent. Je veux le résultat à la fin de cet entretien. » Déclara-t-elle sur un ton à la fois enjôleur et autoritaire, imprégné de pouvoir mystique.

Là-dessus, l’employé de Synapsis hocha la tête comme un automate, et entreprit de compter sur ses doigts, ses lèvres formant des chiffres sous l’œil interloqué de ses comparses ignorant. L’hypnose allait le tenir occuper un bon moment. Le regard de la vampire se reporta calmement vers l’animal insolent. Elle s’autorisa alors une brève pause pour décortiquer suffisamment son expression, avant d’opter pour la franchise quant la suite de l’interrogatoire.

« Je me vois forcée de vous énoncer clairement les enjeux de cette discussion, car vous semblez tous avoir une certaine difficulté à les comprendre. Vous êtes priés d’écouter attentivement. »

Tandis que l’homme comptait en silence sur ses doigts juste à côté d’eux, la vampire articula chaque phrase avec la netteté, et le tranchant d’une lame de couteau.

« Vos réponses détermineront grandement la manière dont vous sortirez de cet entretien. Sachez que vous avez irrité des gens beaucoup moins conciliants que moi… »

Elle laissa trainer la dernière phrase dans l’air. « Alors choisissez avec le plus grand soin les mots que vous allez prononcer. »

Que ces hommes soient impressionnés ou non, cela ne changeait rien pour l’immortelle. Celle-ci avait simplement isolé un élément de pression, et elle comptait bien le mettre à profit en installant un climat de tension. Le changement de ton avait également le mérite d’avertir ses propres employés quant à la tournure des évènements. Elle les entendit se positionner subtilement à l’extérieur du bureau, prêt à intervenir à la moindre violence.

Elinor Lanuit adressa un sourire glacial à ses interlocuteurs. « Bien, maintenant que nous nous comprenons, nous allons pouvoir reprendre notre discussion en toute sérénité. »

Encore une fois, le regard de l’immortelle se braqua vers l’animal coupable. Celui-ci avait dévoilé bon nombre de choses à son insu, et jusqu’à présent, le mensonge avait fonctionné à merveille pour lui délier la langue. Elle décida de poursuivre en ce sens, tant les erreurs de ce crétin étaient grotesques.

« Je connais déjà la version d’Anastasia vis-à-vis de cette histoire. Ce qui m’intéresse à présent, c’est la vôtre. Alors expliquez-moi donc, pourquoi avoir agressé Cornelius Lanuit lors de cette soirée ? »

La vampire entrecroisa ses longs doigts sur le bureau. La question était une accusation directe sans ambages. Cela servait un double objectif, de stress et de confusion, bien qu'il lui resta de nombreuses cartes à jouer. C’est presque trop facile, songea-t-elle avec ironie, quand cet imbécile avalait ses mensonges sans l’ombre d’une hésitation.
Or, dans l’esprit d’Elinor, naissait peu à peu la certitude d’avoir découvert une affaire bien plus vaste qu’une simple tentative de meurtre, et qui semblait même impliquer Synapsis. De fait, le sort de ce libertin croulant de Cornelius lui importait peu en réalité, quand seul les intérêts de son clan l’intéressaient. Les siens tout particulièrement.


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Dim 3 Jan - 0:31 (#)

the Godfather theme song

elinor & andreï.
Peut-être bien que je vais trop loin. Sûrement, même. Rien à foutre. L’animal acculé surréagit, attaque, agresse. Elle agite devant moi un morceau de viande, faut pas qu’elle espère que je reste sage, faut pas non plus que les trois autres espèrent que je reste calme. Je montre les crocs. Je montre les dents. Je réagis, ouais, parce que le souci de Georg, depuis le début, c’est que je suis une poche de sang qui sait parler ; qui réfléchit, un peu. Qu’elle aille se faire foutre, si elle entend évoquer Anya ici, si elle entend foutre la merde. Valdez a tiqué, je l’ai vu, il va falloir que je le bute s’il pose trop de question, et ça fait chier. Et le sorcier, c’est pas beaucoup mieux, il veut intervenir, je l’ignore. Regarder le prédateur droit dans les yeux. Y’en a qui voient trop souvent le rat, qui oublie qu’il y a le lynx, aussi. Qui se font berner par l’homme, attendent de moi que je me comporte comme eux. Ou au moins comme les autres. Connards. Je me redresse, les yeux plissés, les couleurs qui se fragmentent, la pupille qui s’étire, le feulement qui menace. Je n’aime pas l’entendre mentionner Anastasia, je n’aime pas la réaction de Valdez, j’aime encore moins la tournure de la conversation, et si je ferais mieux de fermer ma grande gueule, en l’absence concrète de Georg ici et avec une nervosité qui excède la normale, j’en suis bien incapable. Qu’elle conclue le marché, qu’on en finisse. Qu’elle signe, prenne le sang, qu’on en finisse. Qu’elle me morde, qu’elle paye, qu’on en finisse. Qu’on tourne la page. La provocation comme mécanisme de défense, on aura vu plus brillant mais merde. Qu’elle arrête de parler d’Anastasia et qu’elle garde les yeux rivés sur moi. Pour oublier le reste.

Est-ce qu’elle sait ? J’en sais rien. Qu’est-ce qu’elle sait ? J’en sais rien. Je déteste ça. « Je vais être obligé de décliner ces deux offres. Le sang des vulgaires m’irrite le palais, tout comme votre amabilité me contraint à suspendre indéfiniment ce contrat. Je m’en plaindrai d'ailleurs à votre manager. » Et je déteste encore plus cette réaction qui fait se lever brutalement le demi-dieu qui m’accompagne. Bondit, m’écarte du plat de la main, veut reprendre les rênes de la fausse négociation. Je toise la vampire avec toute la colère du monde, fureur qui ne demande qu’à briser mes os, tordre mes muscles, déformer ma mâchoire, trancher la jugulaire. Décapiter la sangsue, qu’on voie si comme les poules, même sans tête, elle continue à courir. On me force à reculer encore d’un pas, et que je baratine, et que je tente d’aplanir les angles, et que je lèche des bottes, et que je gonfle le torse. J’ai du mal à garder mon calme. Je sais que je vais le payer. Cher. Très cher. Je sais que le négociant va me le faire payer, que Georg me brisera pour me faire apprendre la leçon. Encore. Et que tout ça, c’est de la faute d’Anastasia, encore, bien malgré moi. Elle, encore elle, toujours elle. « Je suis lasse d’être interrompue constamment, Mes sens m’avertissent du danger, je lance un regard à Valdez et Thompson qui se sont eux aussi raidis. Jusqu’à présent, je me suis montrée patiente avec votre employé, mettant son insolence sur le compte de sa stupidité. » Employé. Je feule, Valdez m’agrippe le bras, me force à reculer davantage, laisser un espace de sécurité entre moi et Lanuit. Coin de l’œil, mouvement parmi les autres larbins alors que le représentant de Georg s’insurge, proteste, misérablement. Hermès aurait fait mieux. Forcément. Déjà, par sa présence, il m’aurait dissuadé d’intervenir. Ensuite, il aurait eu l’intelligence de me tenir à l’écart, enfin…

« Vous allez compter sur vos doigts la somme des tarifs de vos produits multipliés par cent. Je veux le résultat à la fin de cet entretien. » Je me crispe sous l’ordre. Qui ne m’est pas adressé. Mouvement brusque, j’arrache mon bras à l’emprise de Valdez, lui lance un regard noir, ты закрой свой гребаный рот. je siffle, avant de reporter mon regard sur Lanuit. Qui me fixe. Qui me toise. Elle a éliminé un parasite, elle s’attaque au suivant, c’est ça ? Je me redresse entre elle et les deux gorilles que je suis supposé protéger, de la même manière que je suis supposé protéger le con qui compte sur ses doigts comme un gosse demeuré. « Je me vois forcée de vous énoncer clairement les enjeux de cette discussion, car vous semblez tous avoir une certaine difficulté à les comprendre. Vous êtes priés d’écouter attentivement. » Vous, depuis quand elle me vouvoie ? Depuis que j’ai ouvert ma grande gueule. Je penche la tête sur le côté, attention, j’ai pas d’oreilles à orienter mais l’idée est là. « Vos réponses détermineront grandement la manière dont vous sortirez de cet entretien. Sachez que vous avez irrité des gens beaucoup moins conciliants que moi… » Haussement de sourcils, la peau qui me démange, qui me brûle, qui me supplie de lâcher prise, de libérer la bête, de cesser de singer l’humanité. Feu glacé dans mes veines, les tripes qui se tordent et qui hurlent, à m’en faire crever. Beaucoup moins conciliants ? En faisant avorter le contrat, je vais avoir irrité Georg. Essaye de faire pire, sangsue, mon regard provocateur, je ne tente même pas de le dissimuler. « Alors choisissez avec le plus grand soin les mots que vous allez prononcer. » Mes lèvres se tordent bien malgré moi. Я управляю. Je siffle encore, t’inquiète, Valdez, je gère. De toute manière, maintenant qu’Anya est entrée dans la danse, je sais bien que je vais vouloir assurer ses arrières et éliminer les témoins. De toute manière, maintenant que le contrat est caduc, je sais bien que je n’ai plus rien à sauver. Alors que ça tourne un peu plus ou un peu moins à la catastrophe, franchement… Derrière nous, on se repositionne. Thompson est mal à l’aise, ça se sent. Valdez me déteste, ça se sent. On n’aime pas quand le clébard arrête d’obéir et de faire le beau.

Je réponds au sourire glacial de Lanuit par un rictus agressif. Pas de sourire, pas de provocation supplémentaire, le lynx se contente de fixer l’autre alpha. « Bien, maintenant que nous nous comprenons, nous allons pouvoir reprendre notre discussion en toute sérénité. » Sérénité, mon cul. « Je connais déjà la version d’Anastasia vis-à-vis de cette histoire. Ce qui m’intéresse à présent, c’est la vôtre. Alors expliquez-moi donc, pourquoi avoir agressé Cornelius Lanuit lors de cette soirée ? » Cornelius. Je penche un peu plus la tête. Avoir agressé un connard, je m’en souviens. Parfaitement. La fureur, débridée, le sang, satisfaisant, la douleur, marquante, et la victoire, enivrante. Je fronce les sourcils. Cornelius. Me dit quelque chose, finalement. J’aurai agressé qui ? La version d’Anastasia, aux dernières nouvelles, c’est… Je plisse un peu plus les yeux. Elle ne m’a rien dit. Sur sa version. Pas eu le temps de parler. Pas eu le temps de grand-chose. Elle est morte, il y a plus de dix ans. Je jette un coup d’œil à Valdez et Thompson. Et merde. C’étaient des connards, mais il y avait pire. Et Georg va avoir du mal à avaler que les choses aient à ce point mal tourné. J’inspire à fond. Qu’est-ce qu’elle sait ?

Des choses. Est-ce qu’elle sait des choses que j’ignore ? Ce serait pas si difficile. Est-ce que je peux en apprendre plus ? Je ne sais pas ce que ton Anastasia t’a raconté, donc je peux pas te donner ma version. Je fais la sécurité des événements, ce qu’il se passe pendant, pas responsable de ce qui se passe avant ou après. Surtout après. Ce n’est pas un russe qui a agressé son copain. C’est une bête. Si ton copain a eu des soucis, qu’il se plaigne aux flics. Je ricane, sans rire. Elle m’a dit de choisir soigneusement mes mots, je me suis contenté d’ouvrir ma gueule. Il serait peut-être temps que j’arrête et que je commence à aligner deux pensées cohérentes. Je peux pas venir à bout d’autant de vampires. Pas seul. Et je peux pas non plus laisser les choses… Après, si tu as des points à reprocher à la sécurité des soirées de Synapsis, on peut en discuter. En tête à tête. Sans témoin supplémentaire, sans oreilles qui traînent. Lâche les autres, on papote, on avise. Ils n’étaient pas là à ce moment-là, ça les concerne pas., je désigne d'un mouvement de tête les deux gorilles, d'un autre l'imbécile qui perd à chaque seconde un peu plus à mes yeux de sa divinité. Sous-entendu : ce n’est pas leurs affaires. Ma voix est inaudible quand j’articule lentement, en me tenant droit, les yeux plantés dans les siens, hors de portée des gorilles et du demi-dieu. Juste un règlement de compte personnel, juste un tête à tête pour en parler, si ça l'intéresse. Je règlerai le compte de Valdez - au moins - plus tard.  


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Tea For Two - Ils t'entraînent au bout de Lanuit, les démons du mépris
Elinor V. Lanuit
Elinor V. Lanuit
Tea For Two - Ils t'entraînent au bout de Lanuit, les démons du mépris
Let's spend an evil night together
En un mot : Don't be afraid ; It's only death. It's just as natural as your first breath.
Qui es-tu ? :
- Immortelle britannique du XIXème siècle, issue de la bourgeoise florissante du début de l’ère victorienne. L’élégance et le flegme de son époque vivent encore dans ses manières.
- Femme fatale au charme venimeux, calculatrice sans scrupules, elle manipule les cœurs aussi bien que les lettres et les chiffres.
- Perfectionniste à l’extrême, séduite par le pouvoir et reine stratège, son plaisir de tout contrôler égale sa soif de connaissances en arts obscures.
- Vampire accomplie, fille des Lanuit, et éternelle solitaire dont l’amour empoisonne les malheureux attirés par une élégance inaccessible aux simples mortels.
- Monstre évoluant dans l’anonymat des ombres, elle traverse les siècles sans fléchir ni se lasser, se proclamant véritable immortelle avide de vie et de savoir.

Facultés :
- Chacun de ses menus gestes contient une grâce et une sensualité étonnante, comme si son corps figé par les siècles ne connaissait aucune autre manière de se mouvoir.
- Un rare talent pour la stratégie économique dont son clan profite à souhait, elle détient une précieuse capacité à s’ancrer sans difficulté dans cette époque.
- Une Présence (niveau 2, palier 5) cultivée avec patience se lit dans son regard enjôleur, rendue redoutable par un siècle de manipulations opportunistes.
- L’Occultation (niveau 2, palier 2) masque son être pour mieux agiter les fils de ses marionnettes, tandis que son esprit demeure son sanctuaire interdit, où elle ne tolère personne.
- Un Animalisme (niveau 0, palier 0) incongru la colle, sans qu’elle ne daigne y accorder le moindre intérêt, quand ce talent bestial semble si éloigné de son tempérament et de ses valeurs.

Thème : Jill Tracy : Evil Night Together
We'll drink a toast in the torture chamber
And you'll go down on a bed of nails
We'll rendevous in cold blood
I'll tie you up to the third rail
No need for cake or flowers
Let's spend an evil night together

Pseudo : Carm'
Célébrité : Janet Montgomery
Double compte : Alexandra Zimmer & Inna Archos
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Date d'inscription : 30/08/2019
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Ven 8 Jan - 23:28 (#)



Quatre cent dix-huit. Quatre cent dix-neuf. Les marmonnements du demeuré crûrent en intensité face à la difficulté croissante de l’absurde tâche mathématique. Dépassant des manches de son pardessus, ses doigts déliés et entretenus, sans aucune ressemblance avec les épaisses paluches de ses collègues écoulaient les chiffres avec une lenteur exaspérante. Dessous sa frange sèche aux cheveux filasse, ses yeux scrutaient bêtement la mallette fermée contenant les échantillons désormais inutiles. En même temps, ses lèvres pincées par la concentration laissaient échapper des nombres inarticulés avec une régularité mécanique, lesquels meublaient l’atmosphère de la pièce, alors saturée d’une violence prête à éclater, comme le lent cliquetis d’une horloge lugubre.
Ce babil idiot irritait l’audition acérée d’Elinor Lanuit. Toutefois, celle-ci s’accommoda aisément de cette conséquence de sa propre hypnose, et n’accorda pas le moindre regard au représentant de Synapsis. Bien au contraire, toute son attention était à présent focalisée sur Andreï, sur la fureur qui irradiait chaque once de ses muscles. Les mains sagement posées sur le rebord du bureau, et près du tiroir contenant son revolver chargé, la vampire resta de marbre face à la tempête de réactions. Quand elle se laissa pensivement retomber dans le moelleux dossier de son fauteuil de cuir, le halo lumineux du plafonnier fut noyé dans les mèches d’ébène chutant de son front à l’aspect de marbre lisse, plongeant l’ovale de son beau visage dans une pénombre inquiétante.
Les ellipses électriques illuminaient encore ses joues à la pâleur de porcelaine, lui conférant un aspect morbide. Dès cet instant, les pupilles d’Elinor furent plongées dans une obscurité patiente, où seules subsistaient deux étincelles fixes, comme le reflet lointain dans les orbites d’un prédateur à l’affût. Elle leva ses mains délicates du lourd bureau de bois sombre, l’une venant saisir l’un des accoudoirs, tandis que l’autre lissait pensivement l’ourlet de ses lèvres. De ses dernières, aucune réponse n’émergea. Elle éluda la question sans importance d’une pichenette mentale et, dans l’ombre de ses pensées, étudia attentivement les regards, les attitudes des hommes entre eux.

Un véritable théâtre se déroulait devant elle. Ils vont eux-mêmes s’entretuer sans mon aide, pensa-t-elle avec un ravissement sadique. L’immortelle flairait cette tension. Cette saveur acidulée sur sa langue trahissait le climat de colère, de brutalité virile et d’un soupçon de peur installé entre ces humains. Quelques mouvements saccadés, quelques œillades accusatrices valaient autant qu’une bruyante dispute pour Elinor, dont les sens affutés décelaient le moindre élément de tension. Elle n’eut ainsi aucun mal à remarquer l’hésitation nerveuse sur les traits d’Andreï, laquelle trahissait la profonde perplexité régnant à ce moment dans son esprit.
Ainsi, il la connait, conclut-elle en scrutant les traits furieux du russe. La mention d’Anastasia avait abattu le peu d’aplomb de cet être impulsif, le laissant déstabilisé et aux abois face à l’accusation soudaine, comme un fauve privé d’échappatoire. L’accusation franche eut le mérite prévisible de jeter la discorde entre les hommes de Synapsis. Elinor consulta brièvement ses employés armés, lesquels se tenaient prêts à agir au moindre grabuge, avant de poursuivre la conversation.

« Voyez-vous cela. » déclara-t-elle d’un ton délibérément amusé, en réponse au ricanement d’Andreï.

Et celui-ci était donc responsable de la sécurité, nota-t-elle. Comme c’est intéressant. Le terme de copain vis-à-vis de Cornelius l’agaça quelque peu, mais pas une ridule de contrariété ne vint plisser le visage d’Elinor. Ce vieil ahuri aurait pu se vider de son sang sur le carrelage, qu’elle n’aurait pas levé le petit doigt, si ce n’est une modeste participation aux frais d’obsèque : une boite en pin en promotion pour les cendres, et une gerbe de fleurs au supermarché du coin. Quant à l’autre ahuri se débattant sous ses yeux dans les mailles de son piège, celui-ci s’enchevêtra davantage en cherchant à tout prix une issue, quitte à se sectionner la patte prise dans l’étau.
Elinor réprima un sourire satisfait. L’information véritable était tant et si bien enfouie sous un entrelacs de bluffs et de contre-vérités, que sa victime était désormais cernée, prête à laisser en plan ses camarades de Synapsis. Qui savait vraiment quoi ? Qui s’était confessé à qui ? Qui avait balancé qui ? Une chose était certaine pour l’immortelle, plus cet entretien succulent avançait, plus elle en apprenait sur les dessous de cet écheveau russe, dont l’ampleur ne cessait de croitre. Les contours insoupçonnés d’une affaire personnelle se dessinèrent grâce à un murmure guère subtil d’Andreï, lequel n’échappa évidemment pas à l’ouïe fine de son interlocutrice affamée de révélations.

« Je vois. Ma foi, pourquoi pas. »

D’un revers de main, Elinor fit un signe discret à Yuri. Comme obéissant à une consigne mainte fois travaillée à l’avance, cinq hommes puissamment battis et visiblement armés se joignirent à la réunion sous tension. Deux d’entre eux tenaient des cordes et des cagoules.

« Veuillez mettre ces trois-là au frais. Séparément. » dit-elle nonchalamment, tandis que Yuri et ses collègues s’avançaient vers Valdez et Thompson, et le troisième comptable demeuré.

Une brève lutte s’ensuivit durant laquelle Elinor ne leur accorda pas un regard, ce dernier demeurant fixé sur son interlocuteur. Les deux hommes de Synapsis tentèrent bien de lutter brièvement mais, à deux contre six hommes endurcis, la plupart d’anciens militaires, ils cédèrent rapidement après quelques coups de poings et de genoux bien placés. On les ligota sans cérémonie ni adieux, une cagoule sur la tête, et ils furent emmenés comme des marchandises encombrantes dans un recoin souterrain du bâtiment. Quant à l’immortelle, elle affichait toujours une intense concentration, et son visage n’exprimait aucune contrariété, aucun scrupule face à ce rude traitement.
L’équipe des Lanuit referma la porte derrière eux, et on les laissa ainsi en tête à tête. Un silence s’abattit aussitôt sur leur entretien, à peine perturbé par les échos métalliques qu’éveillaient les pas lointains dans les escaliers. Derrière cette façade impeccable et calme, Elinor était amplement satisfaite de la tournure des évènements. Trois en moins pour Synapsis, songea-t-elle brièvement, c’est toujours ça de pris. En l’occurrence, le pion le plus important pour le moment demeurait en sa présence, si bien qu’elle ne tarda guère à poursuivre la conversation sur le même ton velouté.

« Avant toute chose, sachez que j’ai horreur de ces démonstrations de force, et j’ose espérer que vous ne tenterez rien de stupide à présent. Nous sommes seuls, certes. Mais vous n’avez simplement aucun moyen de m’atteindre. »

Elinor se redressa alors dans le halo électrique. Ce visage aux traits blafards, accentué par la blancheur criarde de la lampe, se dessina à nouveau dans toute sa pâleur de cire, où un sourire sibyllin venait parachever ce chef d’œuvre gothique. Elle entrecroisa à nouveau ses doigts sur le bureau, en plongeant son regard sombre dans celui d’Andreï.

« Ceci étant dit, je vous écoute. Une affaire personnelle, dites-vous ? Pourtant, Anastasia nous avait clairement affirmé que votre patron, Georg Tchekov, donnait exclusivement les ordres. Que vous n’aviez pas l’initiative. Toutefois, elle n’aime pas parler de votre histoire commune. »

Une nouvelle hypothèse vint effleurer les pensées d’Elinor. Anastasia serait-elle liée personnellement à celui-ci ? s’interrogea-t-elle brièvement. Une même famille ? Une sœur ? Les âges pourraient correspondre. Malgré les aveux involontaires d’Andreï, quelques éléments lui filaient encore entre les doigts : le lien entre Andreï et Cornelius, mais aussi celui entre Synapsis et Anastasia. L’immortelle poursuivit d’un ton assuré, continuant à tisser ses mensonges avec un mélange de constatations évidentes, de déductions sur le vif et des bribes d’informations qu’elle avait collectées auparavant.

« Racontez-moi donc. Après tout, nous sommes ici pour négocier, et je suis tout à fait prête à faire des concessions si les enjeux sont intéressants. »

Le sous-entendu était évident. Elinor espérait simplement que le russe soit suffisamment malin pour flairer cet alléchant accord tacite, cette subtile corruption qui flairait bon la cupidité salvatrice. Mais est-il prêt à trahir ? Le nouveau deal était désormais sur la table, et il était fort simple : que le russe aux abois balance ses camarades, son patron avec tout son réseau, et sans doute une issue se dessinerait entre les griffes d’Elinor. Que celle-ci soit sincère, voilà bien une toute autre histoire.


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Ven 5 Mar - 11:54 (#)

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elinor & andreï.
« Voyez-vous cela. » Ça va mal se terminer. L’autre compte, plus loin que j’ai jamais eu la connerie de le faire, continue d’égrener les secondes comme un vieux compte à rebours avant le massacre final. Moi aussi, je fais le compte. Deal avorté. Tension accrue. Anastasia qui redébarque dans la conversation, comme l’agression de l’autre sangsue – et qui dit agression, dit que je ne l’ai pas tué, et merde – comme un peu tout le reste. Valdez qui va devoir avoir un accident avant de balancer la soirée à Georg. Thompson qui va sûrement être un dommage collatéral de tout ça. Putain, pas besoin d’arriver à mille pour savoir que je suis dans la merde, face à la connasse tranquille qui me fait face. Et les cliquetis de l’horloge n’arrangent rien. Et les battements de mon cœur qui accélèrent n’arrangent rien. Et cette merde croissante ne s’arrange en rien. Faut que je me calme. Faut que je réfléchisse. Que j’ordonne mes pensées, que j’essaye pour une fois d’arrêter de faire de la merde. Que je me comporte plus comme l’homme que comme l’animal ; mon instinct réclame trop de sang, pas assez de diplomatie. J’inspire comme je peux, entre deux ricanements faussement décontractés. Parlons en tête à tête, laissons aux deux gorilles une chance de s’en sortir après tout ce bordel, ça ne les regarde pas. Ça ne regarde personne, même.

Anastasia, que je te hais. Même tuée, tu continues de détruire ma vie. Même amnésique, tu continues à me bousculer. Même distante, tu continues à être omniprésente. « Je vois. Ma foi, pourquoi. » Derrière, du mouvement, je ne lance qu’un regard rapide en direction des armoires à glace qui continuent d’assurer une emprise sur ce qui n’a plus rien à voir avec une discussion d’égal à égal, mais qui tourne plutôt au guet-apens. Ma faute. Georg va me tuer. L’erreur de trop, la connerie de trop, l’incertitude de trop. L’idée se fraye un chemin comme un atamé planté dans mes poumons, qu’ils se remplissent de sang et me noient, ne se vident qu’une fraction de seconde avant que je survive. Il va me tuer. Je suis trop précieux pour ça. Trop coûteux. Je règlerai ça plus tard. « Veuillez mettre ces trois-là au frais. Séparément. » Aucune loyauté, pour le moment, je règlerai ça plus tard. Comme le reste, cette liste qui ne fait que se rallonge. Qui me laisse presque seul face à une connasse de sangsue qui ne doit voir en moi rien de plus menaçant qu’un cafard ; j’ai l’habitude de faire cet effet. Tout comme j’ai l’habitude de me faire passer pour encore plus con que je ne le suis de base. Ricaner, sans rire. Jouer l’ingénu, ou presque. Attendre patiemment, la violence dans les veines et l’inaction en acide. Les portes se ferment derrière moi n’attirent de ma part qu’un rapide cillement. L’attention, pleine, entière, sur Lanuit. Sur le reste, mais surtout sur Lanuit et sa décontraction, Lanuit et son attitude de conquérant, Lanuit et tout ce que je peux détester chez les autres. « Avant toute chose, sachez que j’ai horreur de ces démonstrations de force, et j’ose espérer que vous ne tenterez rien de stupide à présent. Nous sommes seuls, certes. Mais vous n’avez simplement aucun moyen de m’atteindre. » Aucun moyen. J’ai un rictus, un feulement contenu et inaudible, l’envie de lui prouver le contraire. Mais pas maintenant.

L’avantage, c’est que je sais que je peux mourir. Les gens de son espèce ont tendance à oublier qu’eux aussi, on peut les finir, suffit de savoir comment s’y prendre. « Ceci étant dit, je vous écoute. Une affaire personnelle, dites-vous ? Pourtant, Anastasia nous avait clairement affirmé que votre patron, Georg Tchekov, donnait exclusivement les ordres. Que vous n’aviez pas l’initiative. Toutefois, elle n’aime pas parler de votre histoire commune. » Je cille. Anya aurait raconté tout ça ? Faux. Elle ment. Anya ne se souvient de rien, surtout pas de l’identité de Georg. Anya ne se souvient même pas de moi. Sauf si c’est Anya qui ment, et la trahison revient, plus douloureuse que jamais. Avait clairement affirmé. Depuis combien de temps ? Avant, ou après que je ne la tue ? Je me contrains au calme, méditation bienvenue qui empêche mes pulsions les plus basses de prendre le dessus. La laisser parler, la laisser mentir ; réfléchir. Analyse. Ne sois pas juste un jouet. Mais un outil. Si j’ai quelque chose à ramener à Georg, peut-être qu’il me laissera en vie. Peut-être. Peut-être qu’il me pardonnera. Sûrement pas. Ma respiration se calme, véritable tour de force. Rythme posé, la cage thoracique qui se soulève à rythme régulier. Garder le contrôle. Anastasia n’a pas pu me mentir, je l’ai vu. Je la connais. Croyais la connaître. Elle m’a menti, mais pas la dernière fois. Rester calme. « Racontez-moi donc. Après tout, nous sommes ici pour négocier, et je suis tout à fait prête à faire des concessions si les enjeux sont intéressants. » Tirer des vers du nez, rattraper le coup, m’arracher de quoi survivre, continuer à prouver à Georg que je peux encore lui être utile, que je ne suis pas juste un outil brisé.

Ça me parait être un bon plan, et les concessions qu’elle met sous mon nez ont une odeur plus qu’alléchante, faut pas se mentir. Faut juste que je trouve ce que je vais bien pouvoir lui raconter. Fuck you. Anastasia et moi, ça ne la regarde pas, ça ne regarde personne, ça ne regarde que nous. Ça n’a toujours regardé que nous. Ça n’existe plus. Quelles concessions ?  Savoir ce que je négocie, puisque nous sommes là pour ça, avant de m’exposer. De m’exposer davantage. Qu’est-ce qu’elle sait, la sangsue ? Beaucoup trop. Georg sera ravi de le savoir. Son nom, affiché, Anastasia, en traitresse, mon propre rôle. J’suis désolé de vous dire qu’Anya vous a menti. Anya. Et que moi, le peu de vigilance qu’on a pu me faire entrer dans le crâne s’est délité. Anya. Georg n’est pas le seul à donner des ordres, et mon initiative… t’imagines bien que les choses ont changé, depuis l’temps. En dix ans. Dix putain d’années à tenter de me reconstruire, dix putain d’années passées à essayer de comprendre, d’accepter, d’assimiler. Un tiers de ma vie à me les geler en Sibérie, un autre tiers à aimer à en crever une ordure, un dernier tiers à la haïr et à la pleurer. Ma vie est d’un pathétisme mais elle peut toujours courir pour que je la lui cède. Synapsis n’a rien à voir avec tout ça. Georg, les trois clampins… d’un mouvement de tête, je désigne la porte par laquelle ils sont partis. … ont rien à voir avec ça. J’avais un… Je n’ai plus le mot. embrouille avec ton pote, on a réglé ça entre homme, c’est tout. Entre hommes. Lynx contre vampire. Il n’y a eu aucune humanité là-dedans, dans le déferlement de violence gratuite et déchainée que ça a été. Quand est-ce qu’Anastasia t’a raconté ses merdes, au juste ? Informations donnant donnant. Si elle a raconté ça il y a dix ans, elle m’a trahi. Si elle lui a raconté ça plus récemment… J’essaye de respirer. Une trahison d’il y a dix ans, dont elle ne se souvient pas, je peux encaisser, j’ai déjà tenté de le faire. Un mensonge plus récent… ça… j’inspire profondément. Je veux bien te raconter, mais si je ne sais pas ce que tu veux savoir, ça va être compliqué. Ton pote, il est encore en vie, c’est ça ? Et t’es vexée qu’un p’tit con ait pu amocher un mec comme lui, c’est ça ? La provocation qui revient, et la tête droite. Le menton haut. La tension, dans chacun de mes muscles, pour réagir à tout, surtout à l’inattendu. Aussi rapide que puisse être une vampire, elle ne m’aura pas. La nuit est autant à moi qu’à elle.


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Tea For Two - Ils t'entraînent au bout de Lanuit, les démons du mépris
Elinor V. Lanuit
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En un mot : Don't be afraid ; It's only death. It's just as natural as your first breath.
Qui es-tu ? :
- Immortelle britannique du XIXème siècle, issue de la bourgeoise florissante du début de l’ère victorienne. L’élégance et le flegme de son époque vivent encore dans ses manières.
- Femme fatale au charme venimeux, calculatrice sans scrupules, elle manipule les cœurs aussi bien que les lettres et les chiffres.
- Perfectionniste à l’extrême, séduite par le pouvoir et reine stratège, son plaisir de tout contrôler égale sa soif de connaissances en arts obscures.
- Vampire accomplie, fille des Lanuit, et éternelle solitaire dont l’amour empoisonne les malheureux attirés par une élégance inaccessible aux simples mortels.
- Monstre évoluant dans l’anonymat des ombres, elle traverse les siècles sans fléchir ni se lasser, se proclamant véritable immortelle avide de vie et de savoir.

Facultés :
- Chacun de ses menus gestes contient une grâce et une sensualité étonnante, comme si son corps figé par les siècles ne connaissait aucune autre manière de se mouvoir.
- Un rare talent pour la stratégie économique dont son clan profite à souhait, elle détient une précieuse capacité à s’ancrer sans difficulté dans cette époque.
- Une Présence (niveau 2, palier 5) cultivée avec patience se lit dans son regard enjôleur, rendue redoutable par un siècle de manipulations opportunistes.
- L’Occultation (niveau 2, palier 2) masque son être pour mieux agiter les fils de ses marionnettes, tandis que son esprit demeure son sanctuaire interdit, où elle ne tolère personne.
- Un Animalisme (niveau 0, palier 0) incongru la colle, sans qu’elle ne daigne y accorder le moindre intérêt, quand ce talent bestial semble si éloigné de son tempérament et de ses valeurs.

Thème : Jill Tracy : Evil Night Together
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Sam 13 Mar - 22:52 (#)



Les battements de ce cœur affolé cessèrent lentement de résonner à ses oreilles. Elinor en fut quelque peu déçue. Dissimulée derrière sa façade impassible, elle avait pourtant pris un malin plaisir à écouter s’emballer l’animal, ses rictus nerveux, ses bouffées de sueur et autres regards à la dérobée, comme autant d’indices flagrants lui fournissant de nouvelles prises à serrer. Des issues à lui fermer au nez. Des veines à sectionner entre ses ongles. Autant de faiblesses dont elle flairait les plaies comme un serpent enroulant patiemment ses anneaux avant de mordre, et qui ne lâcherait prise qu’une fois l’objet de sa convoitise réduit à une enveloppe desséchée, friable au moindre vent.
Le voilà rassuré par l’absence d’observateurs ? songea-t-elle. C’est intéressant. Tout devenait une indication face à son regard scrutateur. Les moindres inflexions de sa voix, les mots usités, les frémissements de ses muscles, et bien entendu, un homme comme lui, aussi démonstratif, aussi enchainé par ses réflexes bestiaux, constituait une mine d’informations inépuisables. Ces camarades enfermés au dernier sous-sol, elle l’observa retrouver un semblant d’aplomb, en un effort louable de refréner ses pulsions. La coopération lui plaisait davantage en vérité, cela demandait beaucoup moins d’efforts, quand cet entretien lui semblait de plus en plus interminable. Lasse, Elinor l’était sans aucun doute, calmement vissée derrière le luxueux bureau de bois, à disserter les laborieux aveux du russe, et son attitude aussi lisible qu’un livre ouvert.

Elinor crut alors avoir mal entendu. Quelles concessions ? répéta-t-elle mentalement. C’est une farce ? Seigneur, dites-moi que c’est délibéré. Un instant décontenancée face à la candeur du sujet, pour ne pas dire sa bêtise, elle demeura ainsi muette quelques secondes, ses yeux analysant les traits nerveux d’Andreï, à la recherche d’une lueur de duperie. Était-il sérieusement en train de lui demander les enjeux de cette entretien ? Ou bien se dissimulait-il derrière une idiotie crasse, en faisant semblant de ne rien comprendre ? Une telle naïveté la dépassait. De lent à démarrer, la discussion venait de prendre une tournure fastidieuse, et elle eut brièvement l’envie furieuse de lui asséner la réalité brute en pleine face, comme une bonne claque méritée à un enfant.
Votre tête, mon cher, voilà les enjeux. Je tâche de déterminer si un lynx doit être empaillé et fixé en guise de décoration au manoir Lanuit, ou non.
L'immortelle le laissa ainsi discourir tout seul durant un moment. Il se fait passer pour un demeuré, réfléchit-elle posément, ce n’est pas possible d’être un homme de confiance avec si peu de jugeote. Elle n’avait, dans tous les cas, ni le temps, ni l’envie de s’attarder à lui enseigner les rapports de force. Mille autres affaires autrement plus importantes demandaient son attention. À cet instant, l’immortelle aurait volontiers bouclé l’affaire en jetant Andreï en pâture au clan Lanuit, en lui fixant sur le front l’étiquette de coupable sans aller jusqu’au bout de cette histoire puérile, pour enfin s’en laver les mains. Nettoyer les frasques de ce vieux cornichon de Cornelius, et de sa fille décérébrée constituaient déjà une tâche suffisamment exaspérante, nul besoin d’un imbécile supplémentaire.

« Elle m’a raconté sa version récemment, quand nous avions réévalué son avenir parmi nous. » répondit calmement Elinor, en construisant un nouveau piège. « Pourquoi les dates vous importent-elles ? Vous auriez rencontré Anastasia dernièrement ? »

Anya, maintenant ? Touchant. Au moins, celui-ci fait des révélations malgré lui. Elinor dissimula un sourire de satisfaction derrière sa façade impassible suite à la mention de ce surnom affectueux, si chargé de signification. En franchissant le seuil des bureaux cette nuit-là, elle n’aurait jamais cru à l’implication d’Anastasia dans cette histoire, ni même son rôle apparent dans Synapsis. Cornelius, Anastasia, Andreï, le triangle des crétins, voilà qui ne m’étonne guère. Et cependant, lorsque les extravagances personnelles venaient à entacher la vitrine de son clan, un minimum de ménage devenait nécessaire, comme la mise à mort des éléments faibles d’une meute de prédateurs.
Comme elle tissait mentalement ses mensonges à venir, une fois encore, l’homme la déconcerta. Elinor haussa un sourcil perplexe face à cette provocation impulsive, si naïvement éloigné de la vérité, et d’une puérilité dont elle n’avait pas été témoin depuis un bon siècle. Son sourire malicieux coutumier se mua en un éclat de rire aussi cristallin, qu’involontaire. Sa main vint rapidement masquer ses lèvres pour calmer son accès d’hilarité, avant de reprendre la discussion d’un ton apaisé, où planait toutefois une moquerie délibérée, voire clairement acide.

« Oh non, oh non, non. À vrai dire, lorsque l’on m’a raconté cette altercation, j’ai d’abord cru à une farce. Ce bon vieux Cornelius, vaincu par une bestiole. Véritablement hilarant. »

D’un mouvement fluide, Elinor se laissa retomber contre le dossier du fauteuil, un sourire d’une insolence rare décorant ses traits soudainement devenus expressifs. Elle fit un geste vague de la main, comme pour évacuer tout malentendu vis-à-vis de son camarade de clan.

« Pour être tout à fait honnête, les problèmes personnels de Cornelius ne regardent que lui. Jusqu’à un certain point. Les règlements de compte virils, tout cela c’est charmant, mais toute la question est de savoir où s’arrêtent les affaires personnelles, et où commencent les affaires sérieuses. »

Une manière courtoise d’exprimer son désintérêt total pour les imbécilités de Cornelius, qu’elle aurait volontiers laissé crever dans son propre sang, si Elinor avait eu son mot à dire. Au-delà du sort de ce vieux débris, la situation était toutefois devenue assez embarrassante à ses yeux. Quand un clan laissait un animal charcuter l’un des leurs, au cœur de leur sanctuaire, avant de le laisser filer sous leur nez, voilà un aveu de faiblesse dont elle se serait bien passée. Cela nuisait à leur image, et bien pire encore, cet évènement regrettable nuisait à la sienne, à ses propres affaires.

« Je ne suis pas votre ennemie, » reprit-elle calmement. « Vous n’êtes qu’un exécuteur, je l’ai bien compris, et si quelqu’un doit payer, je doute que ce soit vous. »

Synapsis par exemple, songea-t-elle. Celui aux commandes, et tant qu’à faire, Cornelius aussi. Ce dernier était déjà de toute évidence dans une situation précaire vis-à-vis des siens. Elle posa calmement ses mains sur les accoudoirs de bois lustré, et fixa son attention sur le visage de son interlocuteur.

« Je veux connaitre toute l’histoire. Comment avez-vous connu Cornelius la première fois ? Laissez-moi deviner, il vous a pris votre Anastasia, et vous êtes fâché contre lui ? Que faisait Cornelius avec Synapsis lors de ses voyages en Russie ? Quel était le rôle d’Anastasia chez Synapsis ? Quelle est la relation de Georg avec vous trois ? »

Les éléments du tableau s’assemblaient lentement les uns aux autres sous la maestria de l’immortelle, laquelle avait l’intention d’en terminer l’œuvre, que cet homme le veuille ou non. Celle-ci connaissait pertinemment les penchants du vieux débris pour les saveurs exotiques, ce qui l’avait alors conduit auprès de Synapsis, elle en était persuadée. Mais, détail hautement croustillant, Cornelius avait réussi le tour de force d’être grièvement blessé à chaque interaction avec l’organisation mafieuse. En ramenant une Infante de nulle part, qui plus est. Déplorable, voilà l’avis d’Elinor. D’un ridicule comique, si l’affaire n’avait pas rejaillit sur le clan, et ouvert la porte à une organisation dont elle doutait sincèrement de la bonne foi.

« Vous en avez déjà beaucoup dit, je vous invite donc à continuer sur votre lancée. Et sans doute parviendrons-nous à un arrangement par la suite. »

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