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911, what's your emergency? [Danil & Vicki]

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Anonymous
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Mar 29 Oct - 23:04 (#)


911, what's your emergency?

Il était déjà tard, mais comme à son habitude Victoria ne dormait pas. Cela faisait des années qu’elle et son sommeil jouaient toutes les nuits un drôle de jeu du chat et de la souris. Elle finissait toujours par gagner, mais jamais sans une sacrée bataille. Et l’adversaire était particulièrement coriace, ce soir.
Alors qu’elle commençait à gagner la partie, un bruit soudain la fit se dresser sur son lit. On venait de frapper à sa porte. Et elle n’attendait personne. Elle attendit quelques secondes, pas tout à fait sûre qu’elle n’avait pas halluciné le bruit, mais on frappa une nouvelle fois. La jeune femme sortit de la couette et attrapa son arme sur la table de chevet. Elle avait mis un certain temps à acheter une arme, mais aux Etats-Unis la législation était très souple – pour ne pas dire laxiste- et elle en avait profité. C’était peut-être ridicule pour une arcaniste capable de faire cramer quelqu’un de l’intérieur de se munir d’un vulgaire revolver, mais l’aspect tangible de la chose la rassurait. Son arme en main, elle se dirigea vers sa porte et l’ouvrit légèrement.

Devant elle se tenait un grand blond, les traits tirés. Victoria ouvrit sa porte plus grand. Elle connaissait cet homme, il s’appelait Danil. Il s’étaient rencontré en boîte un soir ; Victoria rencontrait beaucoup d’hommes en boîte. Comme souvent, ils avaient sympathisé, flirté, et avaient fini chez elle. Au matin, ils s’étaient séparés sans scrupules ni regrets. Elle fonctionnait comme ça, et cela n’avait pas semblé déranger Danil. Elle ne connaissait pas grand-chose de lui. Il avait un nom et un physique qui faisait voyager jusqu’en Europe de l’Est, avait été un temps militaire ou quelque chose du genre, causait peu. Il était mignon, et avait paru droit dans ses bottes à Victoria. Il ne lui fallait pas beaucoup plus, en général, juste un mec à son goût qui n’avait pas l’air étrange et ne deviendrait pas bizarre une fois dans l’intimité.

Sauf qu’il n’avait rien à faire là. Il avait vu la chambre de Victoria plus souvent que beaucoup d’autres, c’est vrai. Ils avaient dû se croiser deux ou trois fois et finir la nuit ensemble à cette occasion. Après tout, quand on a quelqu’un de sûr sous la main, pourquoi s’emmerder à aller chercher de la nouveauté et risquer la déception. Mais il n’était jamais venu de lui-même chez Victoria, et c’était mieux comme ça. Elle lui avait dit, une fois : elle l’invitait, sinon il n’était pas le bienvenu. Et clairement, elle ne l’avait pas invité. Elle s’apprêtait à lui dire de partir, quand elle vit le sang. C’était donc pour ça, les traits tirés. Danil était de toute évidence blessé, sa main couverte de son propre sang, et elle remarquait maintenant à quel point il était livide. Plus livide que d’habitude. Elle poussa un juron.

« Merde ! Entre », s’exclama-t-elle en prenant le blond par le bras et en l’attirant doucement à l’intérieur. « Qu’est-ce que t’as foutu ? » demanda-t-elle une fois la porte refermée. Victoria n’avait pas de problème avec la vue du sang. Elle avait vu couler le sien assez de fois pour s’y habituer, et vu la carrière qu’elle envisageait, mieux valait qu’elle soit coriace de ce côté-là. Mais de toute évidence, Danil en avait perdu une sacrée quantité. Et il était venu chez elle ? Elle lui avait peut-être dit au détour d’une conversation qu’elle faisais des études en sciences et envisageait de devenir infirmière. Mais enfin, elle n’était qu’étudiante, et n’avait même pas commencé de formation spécialisée. Et entre recoudre un chien qui s’était écorché sur la grille du jardin de ses maîtres et rafistoler un être humain, il y avait un monde. Elle poussa un nouveau juron.
« Assieds-toi », enjoignit-elle à Danil avant de se ruer vers la salle de bains. Elle ouvrit un tiroir, en sortit une boîte et une bougie, ainsi qu’un sachet contenant quelques feuilles. Elle soupira. Il semblerait qu’elle allait pouvoir mettre son apprentissage d’herboristerie à profit. De retour vers Danil, elle alluma la bougie et déposa les feuilles autour de la flamme. L’odeur d’eucalyptus ne tarda pas à se faire sentir.
« Il va falloir que tu me laisses regarder. Et que tu m’expliques pourquoi tu viens chez moi et pas directement à l’hôpital. »
Elle inspira profondément afin de calmer la propre chamade de son cœur. Elle était face à une situation critique. Son premier réflexe était de vouloir fuir. Mais ce n’était pas une option. Alors elle expira un bon coup. Pas le droit de se louper, Victoria, ou tu te retrouvais avec un mec mort sur ton canapé.  

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Mar 12 Nov - 22:09 (#)

911, WHAT'S YOUR EMERGENCY?
Danil & Victoria
No time for goodbye, he said, as he faded away. Don't put your life in someone's hands, they're bound to steal it away. Don't hide your mistakes cause they'll find you, burn you - Get out alive, Three Days Grace

Ça brûlait, comme de l'acide versé directement sur la peau. Je sentais la balle en argent ronger la chair à chaque pas que je faisais. C'était insupportable. J'avais envie de hurler pour exprimer ma douleur, mais je gardais les dents serrées. Je préférais mobiliser ce qui restait de mon énergie vitale pour survivre, car c'était bien mon propre instinct de survie qui me faisait tenir le coup. Je ne pouvais pas mourir, pas comme ça, pas ce soir. Je m'y refusais farouchement. Alors, j'avançais en titubant, je m'accrochais aux réverbères et aux poubelles pour ne pas m'effondrer et crever dans le caniveau. Personne ne prenait la peine de s'arrêter pour s'enquérir de mon état. Tu parles. Sans doute devaient-ils penser que j'étais un type ivre mort, un de plus. Je voyais les parents éloigner leurs enfants tout en me lançant un regard chargé de reproches. Il ne faudrait pas que ces chères têtes blondes soient confrontées à la déchéance de la race humaine. Les autres passaient à côté de moi tout en baissant la tête. Ne surtout pas croiser son regard. C'était toujours la même chose, on préférait laisser crever son prochain la gueule ouverte plutôt que de voir son train-train quotidien bouleversé de quelque façon que ce soit. Non, mesdames et messieurs, je n'étais pas ivre-mort. J'aurais préféré que ce soit le cas. J'aurais préféré n'importe quelle option, tout, sauf de m'être pris une balle en argent venue de je-ne-sais-où. Dieu sait que j'en ai pris des balles quand j'étais au front. Celles-ci étaient des piqûres de moustique à côté de celle que j'avais dans le bide en cet instant précis. Fort heureusement, elle n'avait pas touché un organe vital, sinon je serais déjà mort, n'est-ce pas ?

Je n'en savais rien.
Quelque part, je n'avais même pas envie de savoir.

Je voyais trouble, je suais à grosses gouttes comme si j'avais un soudain accès de fièvre. La chair tout autour de l'impact continuait à brûler, à l'instar d'un séisme qui se propageait. Le sol tanguait sous mes pieds, j'errais sans but. Je me rendis alors compte que je ne reconnaissais pas l'endroit où je me trouvais. J'étais trop en vrac pour réfléchir correctement de toute façon. D'ailleurs, je n'étais plus à Shreveport mais plutôt dans le désert Irakien. Un ennemi embusqué m'avait pris pour cible et m'avait tiré dans l'épaule. De cet épisode, je n'ai gardé qu'une cicatrice, je n'ai pas eu d'autres séquelles car à la nuit tombée, j'avais utilisé toutes mes forces pour me transformer. Ainsi j'ai pu soigner mes blessures, à l'abri des regards. Dans le présent, j'aurais pu faire la même chose, à la différence près que ce n'était pas une balle classique qui m'avait touché. L'argent fiché dans mon corps drainait toute mon énergie, m'épuisait alors que je luttais pour sauver ma peau. La tête me tournait, toupie infernale. Cette saloperie de balle, accessoirement, empêchait toute transformation. Le plus urgent était de la retirer, tout en vérifiant qu'aucun éclat ne restait dans ma chair, car mes plaies ne pourront pas guérir. Je me sentis vaciller une nouvelle fois et j'eus tout juste le temps de me rattraper pour ne pas m'étaler de tout mon long.

Il fallait que je me calme.
Que je réfléchisse.


Mon regard papillonnait, à moitié aveuglé par le halo du réverbère. Mes pupilles dilatées furent agressées par un néon vert annonçant la présence d'un magasin qui refourguait du matériel informatique. OK. J'étais déjà venu ici. Là-bas, plus bas dans la rue, se trouvait le cybercafé. Bien que je sois des leurs, je ne me voyais pas arracher une horde de geeks à leur partie de jeu vidéo pour solliciter leur aide. Je tournais la tête de droite à gauche, regardais derrière moi, devant moi. Ça n'arrangeait pas le mal de mer dont je semblait souffrir. Je passais une main sur mon visage, pour tenter d'éponger un peu toute cette sueur qui ruisselait sur mes joues et sur mon front. Puis, tout à coup, la solution fit tilt dans mon esprit. Victoria. Elle était la seule personne de mon entourage proche ou lointain qui habitait dans le coin, tout comme elle était l'une des rares personnes en qui j'avais suffisamment confiance pour débouler comme ça, à l'improviste. J'ignorais par quel miracle je parvins à me traîner – c'était bien le mot – jusque chez elle. Je me relevais péniblement pour taper contre la porte, plusieurs fois.

« Victoria... » soufflai-je, d'une voix d'outre-tombe, alors que je m'agrippais au mur pour ne pas tomber.

Je m'attendais à toutes sortes de réactions, de la part de l'Australienne. Je m'attendais à me faire jeter, car je savais pertinemment que je n'avais rien à faire là. Sérieusement Vic', je ne serais pas là si la situation n'était pas aussi merdique. A mon grand soulagement, rien de tel ne se passa. Au contraire, Victoria fut bien plus réactive que n'importe quel clampin croisé sur ma route. En effet, je pissais le sang, mon haut et mon blouson en étaient imprégnés et mes mains étaient ensanglantées. Le sol se mit à tanguer une nouvelle fois lorsqu'elle me tira par le bras pour me faire entrer, et me traîna jusqu'à son canapé, sur lequel elle me fit m'asseoir. Mes pensées étaient confuses, je n'étais plus en état de réfléchir correctement, j'avais bien trop forcé et pourtant, pour qu'elle puisse m'aider, j'allais devoir m'expliquer mieux que ça – même si pour l'instant je n'avais encore rien dit. Je m'écroulai sur le canapé quand Victoria alla chercher son matos. Je tenais à peine assis, la douleur me tailladait le bide. J'écartais finalement mes mains tremblantes de ma blessure, obtempérant sagement.

« Je... » balbutiai-je, confus. « Je...On m'a tiré dessus. » Je ne pouvais pas apporter plus de précisions puisque je n'avais pas vu le tireur. J'étais pratiquement sûr que mon agresseur s'y connaissait plutôt bien en CESS et plus particulièrement en garous, la balle en argent n'était certainement pas une coïncidence. « Hôpital...trop loin. Je...ne savais pas où aller. »

L'odeur de l'eucalyptus me piquait l'odorat, mais j'étais trop dans les vapes pour voir d'où ça venait. Je pris une profonde inspiration. Rassemblais les maigres informations dont je disposais sur...les événements. Déjà, je me détachais de tout ça, comme si c'était arrivé à une autre personne.

« C'est une balle en argent. » Silence. Je n'avais pas prévu de lui annoncer que j'étais un garou de cette manière mais je n'avais pas trop le choix en réalité. Tôt ou tard elle aurait fini par le découvrir, car les balles en argent ne produisaient de tels effets que sur les garous. « A l'hôpital ils auraient compris...ce que je suis. Ils sont loin d'être idiots et je ne leur fais pas confiance. »

Je jugeai pas nécessaire de préciser que par contre, j'avais confiance en elle. C'était largement sous-entendu dans ma phrase.  
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Sam 14 Déc - 13:32 (#)

« Je...On m'a tiré dessus. »
Victoria ne put retenir un léger haussement de sourcils. Danil avait le physique du bad boy, avec son air est-européen et sa coupe de cheveux. Peut-être était-ce ça qui l’avait attirée chez lui, au départ. Un bad boy qui n’était pas un connard. Mais peut-être était-il plus bad boy que ce qu’elle croyait. Ou alors, il avait juste été au mauvais endroit au mauvais moment, dans ce pays où tout le monde pouvait porter une arme et s’en servir.
« Hôpital...trop loin. Je...ne savais pas où aller. »
La jeune femme hocha la tête tout en enlevant délicatement le t-shirt de Danil afin de mieux examiner la blessure. Il avait perdu une sacrée tonne de sang. C’était d’ailleurs surprenant qu’il n’ait pas encore perdu connaissance. Il était blanc comme un linge bien propre, et il transpirait à grosses gouttes. Il était un ancien militaire, de ce qu’elle avait compris, donc sa résistance était probablement le fruit d’un entrainement intensif. Mais tout de même. Elle examina la blessure d’entrée, puis pencha légèrement Danil et pinça les lèvres. Pas de blessure de sortie. Pas le meilleur scénario. En soi, vu que l’épaule était touchée, elle pouvait laisser la balle dedans pour l’instant, gérer d’abord l’hémorragie, et voir pour la sortir ensuite avec des outils plus appropriés que ce qu’elle avait dans son appartement. Elle allait proposer cette option au blond quand il lui donna une bonne raison de choisir un autre plan d’action.

« C'est une balle en argent. »
Victoria s’arrêta un instant et fixa Danil du regard, son cerveau traitant l’information qu’il venait de lui balancer de façon subtile. Il lui expliqua qu’à l’hôpital, ils auraient compris, et qu’il ne leur faisait pas confiance. Mais à elle, oui, alors. Ca faisait combien de fois qu’ils se voyaient ? Quatre ? Cinq ? Mais il lui faisait confiance, non seulement avec sa vie, mais aussi avec un secret plutôt lourd. Danil était donc un garou. De façon presque automatique, Victoria repassa dans son esprit les moments qu’elle avait passés avec lui, et les signes qu’elle avait manqués. Mais un garou, à moins de le choper en pleine transformation, ce n’était pas marqué sur son front. Reste qu’elle se sentait idiote. Elle étudiait les garous, elle avait lu des tas de bouquins, suivi des tas de leçons. Elle était persuadée de les connaitre. Mais elle était incapable de passer la nuit avec l’un d’eux et s’en rendre compte. Elle s’auto-flagellerait sur son incompétence plus tard. Il y avait plus urgent à gérer, tout de suite. Et Danil lui faisait confiance ; elle ne trahirait pas cette confiance ce soir, alors qu’il était à son plus mal. Alors elle se contenta de hausser les épaules.
« C’est une bonne chose que tu sois venu chez une arcaniste, alors. »
Un petit sourire, et elle reprit son air sérieux d’apprentie sauveteuse.
« Bon, la balle est toujours dedans. Donc il faut la sortir, rapidement, sinon…tu sais mieux que moi ce qui arrive sinon. »
Elle saisit une lampe de poche dans la trousse à pharmacie et l’alluma au dessus de la blessure d’entrée.
« Je vois l’extrémité, mais elle est plutôt profonde. Désolée, mais tu vas en chier. Tiens, prend ça », dit-elle en lui tendant une fiole. « Potion de feuilles de framboisier et lin. Ca t’anesthésiera un peu. C’est dégueulasse, mais ça marche. Y’a une bouteille d’alcool fort sur la table à ta droite pour faire passer le goût. »
Elle attendit qu’il ait but la décoction, puis souffla un peu sur son encens pour le faire repartir un peu plus fort. Autant mettre toutes les chances de son côté. Armée d’une pince chirurgicale qu’elle avait emprunté à Archie, elle inspira un bon coup. Puis elle entreprit d’aller chercher la balle en touchant le moins possible la chair. Victoria n’avait jamais joué au Docteur Maboul, mais si elle en avait eu l’occasion, elle aurait compris que c’est beaucoup moins drôle dans la vraie vie. Avec une concentration extrême, retenant presque sa respiration, elle arriva au bout de plusieurs secondes et de quelques grimaces à prendre la belle entre les deux bras de la pince. Elle souffla un bon coup.
« OK, c’est le pire moment. Désolée. »
Puis elle tira et sortit la balle, pleine de sang, du corps de Danil. Belle bête. Celui ou celle qui l’avait tirée savait pertinemment ce qu’il faisait. Elle la laissa tomber sur le sol puis se saisit de l’onguent qu’elle avait dans sa trousse. Heureusement pour elle et pour Danil, Victoria était du genre prévoyante. Elle avait plusieurs fioles de différentes potions et différentes boîtes d’onguent dans sa trousse de premiers secours. Parce que quand une urgence arrivait, c’était généralement trop tard pour sortir son bouquin d’herboristerie et faire sa popote. Onguent à la main, elle posa la main droite sur la blessure de Danil et prononça un sortilège de purification, destiné à nettoyer la plaie des infections et des impuretés. Elle n’était pas vraiment sûre de l’efficacité sur un garou, mais mieux valait ça que rien du tout. Puis elle appliqua l’onguent doucement.
« Le sortilège devrait t’aider à combattre une potentielle infection. L’onguent accélèrera la cicatrisation. »
Puis elle sortit un plus classique rouleau de bandages, qu’elle appliqua autour de l’épaule de Danil. Elle ignorait s’il avait vraiment conscience de ce qui se passait, mais elle préférait s’occuper d’abord du plus urgent. Une fois l’épaule bien entourée de bandages, elle expira longuement puis porta son regard sur le visage de Danil. Il était toujours aussi pâle, si ce n’est plus.
« Je ne suis pas médecin, mais j’ai fait au mieux. Maintenant, tu dois rester ici. Hors de question que tu te lèves dans ton état. Tu vas passer la nuit ici, et on va croiser les doigts pour que tu n’aies pas chopé une infection. Comment tu te sens ? »
L’apprentie sauveteuse laissa de nouveau la place à Victoria, celle qui s’inquiétait des autres et transpirait la bienveillance et la douceur.
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Anonymous
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Dim 9 Fév - 20:46 (#)

911, WHAT'S YOUR EMERGENCY?
Danil & Victoria
No time for goodbye, he said, as he faded away. Don't put your life in someone's hands, they're bound to steal it away. Don't hide your mistakes cause they'll find you, burn you - Get out alive, Three Days Grace

Je n'aurais pas dû rappliquer chez Victoria, ne serait-ce que parce que ma présence risquait de lui apporter tout un tas d'emmerdes dont elle n'avait pas besoin. Il faut dire que j'étais loin d'avoir une vie bien rangée. Que je sois un ancien militaire n'était pas gage d'une attitude de citoyen modèle, bien au contraire. La guerre détruisait tout sur son passage, elle flinguait tout le monde, même ceux qui paraissaient solides comme un roc. Ce n'était certes pas une excuse, mais bon nombre d'entre nous avons pété un câble en rentrant au pays. Je ne faisais pas figure d'exception. Quand bien même j'étais revenu du front il y a quelques temps, j'étais toujours en guerre dans un coin de ma tête, j'avais besoin de livrer bataille, contre tout et contre tout le monde. Cette nuit, les emmerdes ont su me trouver et à présent, j'étais allongé dans le canapé de Victoria, une balle en argent logée dans l'épaule. Mon propre sang était en train de tout dégueulasser mais c'était le cadet de mes soucis, la brûlure causée par la balle en argent était en train d'annihiler toute capacité de réflexion. Je me sentais perdre pied, sombrant dans un univers cotonneux et oppressant, où le simple fait de fermer les yeux pouvait m'être fatal. Rester conscient me demandait un effort surhumain et la transpiration qui baignait mon visage et trempait mes cheveux en était la preuve. Tout était flou autour de moi, je distinguais à peine la silhouette de Victoria qui se déplaçait pour aller chercher du matériel de premier secours.

J'entendais la voix de la jeune femme, qui me paraissait à la fois très proche et très lointaine. Je ne percevais plus les odeurs, les sons de la même façon, c'était le bordel dans ma tête, tout était sens dessus-dessous. Je l'entendais prononcer des mots bizarres, inconnus dans mon vocabulaire. Arcaniste ? C'est quoi ce bordel encore ?  Je laissai échapper un grognement alors qu'un spasme de douleur me traversa. Tout de suite après,  j'émis un sifflement lorsque la lueur de la lampe-torche m'agressa les rétines. C'était insupportable, putain, je voulais que ça s'arrête, que Victoria sorte la balle et qu'on n'en parle plus. Chaque seconde supplémentaire était une véritable torture, je sentais la Bête hurler en moi tant elle souffrait le martyre.  J'étais déjà en train d'en chier, un peu plus, un peu moins, quelle différence cela pouvait-il bien faire ? Je tendis une main faiblarde, tâchée de sang pour attraper le flacon que Victoria me tendait. Je me redressais péniblement pour en boire le contenu, ne serait-ce que pour ne pas m'estoquer avec la décoction – ce qui risquait d'arriver si je buvais en étant allongé. Effectivement, le goût était infect mais à choisir, je préférais boire ce truc dégueulasse plutôt qu'être opéré en urgence par mon plan cul du moment. J'allongeai le bras et m'emparai de la bouteille. Je bus une longue lampée d'alcool, directement au goulot. L'alcool me brûla la gorge. Pour être certain que cela fasse effet, je bus encore un peu. Peut-être que boire de l'alcool permettait d'anesthésier la douleur pour le commun des mortels, mais mon métabolisme de garou étant plus résistant à ces substances que la moyenne, il valait mieux doubler ou tripler la dose. On n'était jamais trop prudent.

Puis, vint le moment de l'extraction.
Je sentais la pince s'insinuer dans mes chairs.
Je laissais échapper une série de jurons en ukrainien.

Mon visage était tendu par la douleur et mon premier réflexe fut de tenter de me soustraire à cette torture. Si tu bouges ce sera encore pire. Je serrais les dents de toutes mes forces alors que je sentais la balle sortir de ma chair brûlée, pour m'empêcher de hurler. Mes mains empoignèrent ce qui se trouvait à portée, à savoir les bords du canapé. Je serrais tellement fort que mes jointures devenaient blanches sous la peau tendue à l'extrême. Je laissai échapper une autre série de jurons, maudissant cette fois tous les dieux. Je restai crispé bien longtemps après que la balle ait quitté mon corps. Je haletais, comme si je venais de courir un marathon. Je n'eus pas beaucoup plus de répit puisque Victoria revint à mes côtés pour panser ma plaie. Je grognais encore en sentant sa main tripoter ma blessure.

Toujours ces mots inconnus, que je ne comprenais pas.
Je sentis une légère onde de chaleur se diffuser dans mon ventre, dont l'impact de balle serait l'épicentre.
Je sentais quelque chose qui rampait sous ma peau, qui s'insinuait.
Puis, presque aussi tôt, la sensation de chaleur disparut, remplacée par la texture froide et visqueuse de la pommade qu'elle appliquait sur ma plaie.
Sortilège.
Onguent
.

L'information se frayait péniblement un chemin jusqu'à mon cerveau encore anesthésié par l'alcool et la douleur, tandis que Victoria expliquait ce qu'elle était en train de faire. Je n'opposai aucune résistance lorsque la rousse entreprit de bander mon épaule. Je sifflais et haletais encore, à bout de souffle, à bout de nerfs aussi, à bout tout court. Peut-être bien que j'étais encore choqué par tout ce qui venait de se produire, ce qui n'allait certainement pas arranger mes traumatismes existants, bien au contraire. J'expirai doucement alors que je réalisais que c'était terminé. C'était terminé et je n'étais pas mort. Je posais mes prunelles dépareillées sur Victoria, un regard d'outre-tombe. Cela se voyait dans mes yeux que j'étais encore dans les vapes et que j'essayais de reprendre tout doucement mes esprits. Ma main ensanglantée attrapa celle de Victoria pour la serrer doucement.

« Merci. » soufflai-je, la voix tellement rauque que dans un premier temps, je ne la reconnus pas vraiment comme étant la mienne. « Je ne sais pas ce que j'aurais fait si tu n'avais pas été là. »

Je serais sans doute mort à l'heure qu'il est, au beau milieu d'une ruelle.
Je lâchai la main de Victoria avant que la situation ne devienne trop gênant – je ne savais pas si j'étais censé avoir ce genre de geste envers la fille avec laquelle je couchais de temps en temps. Entre nous, il n'y avait pas spécialement de tendresse, à part peut-être pendant l'acte parce que je n'étais pas un con. Je voulais simplement lui faire part de ma reconnaissance, parce que je savais éprouver de la gratitude envers ceux qui me tendaient la main.

« Je n'ai pas compris un traître mot de tout ton baratin mais... » Je la regardais avec des yeux vitreux. « Promis, je ne dirai rien à personne, pour tes trucs. » Par réflexe, je haussai les épaules, un peu gêné, un peu bourru, mais je laissai échapper un autre sifflement de douleur à cause de mon épaule fraîchement bandée. Je fis une moue. « Je me porte comme un garou qui vient de se prendre une balle en argent dans l'épaule. »

Autrement dit, j'étais loin de me porter comme un charme, mais à présent qu'elle était au courant du secret que je cachais à tout le monde, autant que prenne les choses avec humour, même si la situation n'était pas drôle en soi.  
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Dim 15 Mar - 15:28 (#)

Victoria s’autorisait enfin à respirer. Inspirer, expirer. Danil vivrait, normalement. Elle avait officiellement fait sa première opération sauvage. Et d’instinct, elle savait qu’elle préfèrerais que ça reste la seule. Danil avait lâché tout un tas de jurons dans sa langue natale. Enfin, Victoria ne parlait pas ladite langue, mais il avait été assez clair que c’étaient des injures. Il semblerait que toutes les injures se ressemblent, langage universel de l’expression d’émotions qu’on n’arrive pas à contenir. Et puis il s’était tu, et il la regardait maintenant avec un regard à moitié vide. Il devait être épuisé, et elle était franchement étonnée qu’il n’ait pas tourné de l’œil pendant l’opération. Il était résistant, ça, il n’y avait pas à dire. Soit c’était naturel, soit c’était l’entrainement, soit l’habitude. Elle préférait ne pas savoir.

Elle le laissa lui prendre la main, répondant avec un sourire et un signe de tête à son remerciement. Si elle n’avait pas été là….eh bien, il serait probablement mort. Ou à l’hôpital, si jamais il avait réussi à aller jusque là. Mais elle comprenait qu’il n’ait pas spécialement eu envie d’aller à l’hôpital. Qui sait ce qui lui serait arrivé là-bas ? Les gens n’étaient pas tous très sympathiques avec les personnes qui n’étaient pas….normales. Et même si rien n’indiquait chez Danil qu’il n’était pas juste un gars qui s’était pris une balle, certaines personnes étaient plus informées que d’autres, et une balle en argent donnait toujours lieu aux spéculations. Les clichés et légendes urbaines avaient de tout temps été considérés comme des faits scientifiques par une partie de la population. Il suffisait de voir ce qui était arrivé à Salem. En tous les cas, il avait probablement bien fait de venir chez elle. Même si elle était bonne pour se racheter un canapé, maintenant.

« Je n'ai pas compris un traître mot de tout ton baratin mais... Promis, je ne dirai rien à personne, pour tes trucs. »
Elle hocha la tête en signe de reconnaissance.
« Merci. Et je ne dirais rien pour tes trucs non plus. »
Elle esquissa un sourire. Ils partageaient un secret maintenant. Qui l’aurait cru. Danil était juste un mec pas trop con, plutôt sympa même, qu’elle avait rencontré un soir et ramené jusque dans son lit. C’était censé être une nuit. Et voilà qu’elle lui sauvait la vie et lui révélait ses aptitudes, alors qu’il lui dévoilait sa nature. Victoria n’aurait pas pensé montrer ses talents d’arcaniste à un mec comme ça. D’habitude, ils connaissaient son nom et son adresse. Peut-être sa couleur préférée, mais ça s’arrêtait là. Il fallait croire que Danil était une exception.

« Je me porte comme un garou qui vient de se prendre une balle en argent dans l'épaule. »
Elle esquissa un léger rire. Il ne lui avait pas fallu longtemps pour en parler comme si c’était rien. Pour dire le mot, même. Garou. Il y en avait des bouquins et des films sur les hommes-loups. Ceux qui étaient des hommes normaux la plupart du temps, et se transformaient en un hybride mi-homme mi-loup les soirs de pleine lune. La fiction avait probablement épuisé toute la légende. De l’homme absolument adorable qui se transforme en monstre sanguinaire une fois par mois, à celui qui trouve l’amour malgré sa malédiction, aux rivalités entre vampires et loups-garous, tous les clichés avaient été racontés, parfois à l’excès. Victoria avait fini par apprendre au détour de son apprentissage à l’Eglise Wiccane que le garou existait bien, et qu’il ne se transformait pas en loup. Si elle avait franchement indiscrète, elle aurait demandé à Danil quelle forme animale il prenait. Mais c’était quasiment du domaine de l’intime, ce genre de questions. Et elle avait appris à ne pas poser toutes les questions qui lui passaient par la tête.

« Tu n’a pas perdu ton humour, c’est bon signe. Attends, je reviens. »
La jeune fille se leva et alla ouvrir le frigo. Elle prit un sandwich jambon-beurre et une bouteille d’eau, et referma. Elle retourna s’asseoir près de Danil et saisit la moitié du sandwich avant de proposer l’autre à Danil.
« Ca m’a donné une fringale cette histoire. T’as peut-être faim aussi. »
Elle mangea en silence quelques secondes, puis se racla la gorge.
« Et euh….ça fait longtemps, que tu es…garou ? T’as pas vraiment l’air, comme ça. Enfin, ne le prend pas mal. »
Elle haussa les épaules, comme pour s’excuser. Elle avait appris sur les garous, mais c’était théorique. Elle n’en avait jamais rencontré en vrai. Et elle avait, elle aussi, été bercée par les fictions et leurs clichés. Enfin, bercée….elle avait lu les Twilight en cachette. Dans sa famille, les créatures surnaturelles étaient considérées comme maudites, ou l’œuvre du Diable. Il n’était vraiment pas bien vu de bouquiner des livres sur les créatures, la magie, ce genre de choses. Mais les étudiants parlaient, et depuis son arrivée à Shreveport, elle avait rattrapé une partie de son retard en termes de pop culture. Mais la pop culture, ce n’était pas la réalité, et ses bouquins théoriques à l’Eglise ne valaient pas la rencontre avec un vrai spécimen. Et bien qu’elle ne considère pas Danil comme une sujet d’étude, sa curiosité scientifique commençait à prendre le dessus.
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Anonymous
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Sam 25 Avr - 20:09 (#)

911, WHAT'S YOUR EMERGENCY?
Danil & Victoria
No time for goodbye, he said, as he faded away. Don't put your life in someone's hands, they're bound to steal it away. Don't hide your mistakes cause they'll find you, burn you - Get out alive, Three Days Grace

J'étais encore dans les vapes, l'esprit anesthésié par l'alcool et la douleur. Fort heureusement, le brouillard se dissipait de seconde en seconde, puis de minute en minute. L'horizon m'apparaissait désormais beaucoup plus nettement, grâce aux bons soins de Victoria. Cependant, certains événements de la soirée demeuraient flous, je ne saurais restituer avec exactitude la discussion que nous venions d'avoir, si bien que je pourrais penser que tout ceci n'était qu'un très mauvais  mauvais rêve et que j'allais me réveiller d'un instant à l'autre. Seulement, nul réveil ne sonna. Je n'étais pas en train d'émerger d'un cauchemar, j'avais bel et bien les deux pieds bien ancrés dans la réalité, comme en attestait la douleur qui me transperçait de part en part. Peut-être était-il temps que je cesse d'être dans le déni par rapport à l'existence de certaines choses qui dépassaient mon propre entendement. Car c'était exactement ce dont il s'agissait, j'étais dans le déni, sans doute pour garder une illusion de contrôle sur mon environnement mais à présent, il était inutile de se voiler la face – plus à ce stade. J'en avais trop vu, trop entendu pour retourner à ma vie comme si de rien n'était. J'avais constaté que Victoria possédait certains dons et je n'étais certainement pas victime d'effets secondaires causés par l'alcool. Parce que j'avais constaté les dons particuliers de Victoria, je savais qu'à compter de ce soir, je ne verrai plus jamais la jeune femme de la même manière – la réciproque était également vraie. C'était d'autant plus vrai que j'avais dorénavant une dette envers elle, parce que ce petit bout de femme que je ne connaissais qu'au travers d'étreintes enfiévrées et éphémères m'avait tout bonnement sauvé la vie. Pour autant, étais-je prêt à dévoiler une partie de mes mystères, alors même que j'ai tu ma véritable nature pensant si longtemps au point que certaines personnes de mon entourage – à tout hasard, ma propre mère – n'étaient même pas au courant de ce que j'étais devenu ?  Là, maintenant, tout de suite, j'ignorais si je me sentais capable d'aborder tous ces sujets avec elle, ou même si je le voulais véritablement.

J'eus toutefois le temps de méditer sur la question puisque la rouquine se leva pour aller faire je ne sais quoi je ne sais où. Après tout, elle n'avait pas à me rendre de comptes, elle était chez elle, elle faisait bien ce qu'elle voulait. C'était juste que j'avais l'habitude de me trouver dans un état d'hyper-vigilance, comme si je m'attendais à voir le danger surgir à tout moment pour frapper quand on aura le dos tourné. En tant qu'ancien soldat, je ne dormais jamais vraiment sur mes deux oreilles, j'étais toujours sur le qui-vive, prêt à réagir en cas de problème. Il n'y avait pas un seul endroit au monde où je me sentais en sécurité, le monde m'avait toujours paru extrêmement hostile, encore plus depuis que j'avais fait l'expérience de la guerre et que je savais que la terre était peuplée de créatures dont certaines n'avaient rien d'humain. D'ailleurs, même si elle m'avait sauvé la vie, j'éprouvais désormais une certaine méfiance envers Victoria. Qu'était-elle exactement ? De toute évidence, elle n'était pas humaine, quoiqu'elle soit faite de chair et de sang. Elle était capable de prodiges qui dépassaient mon propre entendement. Le fait est que je n'étais pas très familier avec le surnaturel, quand bien même j'étais Aseptiseur depuis plusieurs mois. Cependant, nettoyer la merde laissée par les autres thérianthropes ne faisait pas de moi quelqu'un d'omniscient, il y avait très certainement des choses que j'ignorais encore même sur ma propre espèce. Je voulus me redresser un peu pour mieux voir ce qui se passait autour de moi mais la douleur me rappela à l'ordre. Je m'affalai à nouveau dans le canapé en laissant échapper un grognement de frustration.

Bon sang, mais où était-elle passée?

J'entendis le bruit d'une porte de réfrigérateur que l'on ouvrait et qu'on refermait. J'entendais les pas feutrés de Victoria qui faisait apparemment le tour de la cuisine. Finalement, je ne comptais pas me contenter d'un simple attends, je reviens et de toute évidence je n'avais pas perdu la fâcheuse tendance d'écouter tout ce qui se passait tout autour de moi, y compris aux portes. L'attente ne dura pas plus longtemps, je perçus du mouvement dans la pièce, et Victoria revint à mes côtés. L'odeur du pain, du jambon et de la viande reconstituée titilla mon odorat hypersensible. En silence, je laissais Victoria rompre le sandwich avant de m'en tendre une moitié. En mon for intérieur, je savais qu'une moitié de sandwich ne suffira pas à me rassasier surtout au vu de l'épreuve que je venais de surmonter non sans difficultés, mais faute de mieux, je saurai m'en satisfaire. Après tout, on m'avait appris à ne jamais trop en attendre et de me contenter de ce que l'on voulait bien me donner. Victoria fut la première à briser le silence qui s'était installé entre nous. Alors que j'étais en train de défoncer mon bout de sandwich en deux bouchées – sans exagérer! - Victoria me posa la question fatidique, à savoir, depuis quand j'étais un garou. Je posais mes prunelles dépareillées sur la jeune femme, en me disant que je lui devais bien quelques réponses.

« Cela fait un certain temps, en effet. » répondis-je, d'un ton un peu raide, alors que je réalisais que je n'avais jamais vraiment raconté mon histoire à qui que ce soit auparavant. « J'ai été mordu quand j'étais adolescent. J'étais parti faire du camping avec des copains, en forêt. Nous avions allumé un feu de camp pour faire griller des marshmallows, on avait apporté des instruments de musique, bref, la totale. A un moment donné, je me suis isolé du groupe, j'ai été mordu par une bestiole et j'ai eu la surprise à la pleine-lune suivante. »

J'employais des termes volontairement généraux pour ne pas trahir la nature exacte de ma Bête – Victoria n'avait pas besoin de savoir que j'étais un chitineux, qu'elle sache que j'étais un garou était à mon sens amplement suffisant. Je me gardais bien de préciser que le feu de camp que nous avons allumé a probablement fait fuir le garou qui m'avait piqué, sinon, j'aurais sans doute fini comme casse-croûte et je ne serais pas là pour en parler.

« Comme tu t'en doutes peut-être, je ne suis pas très familier avec le surnaturel. » poursuivis-je avec prudence, choisissant les mots justes pour expliquer ma situation sans pour autant trop en dire. « Je suis quelqu'un de très rationnel, qui croit en la science et qui rejette l'idée qu'il puisse exister une puissance supérieure qui gouverne le monde. » J'étais un soviétique après tout, j'étais athée et c'était parfaitement assumé, même si j'ai dû jurer sur la Bible quand j'ai été naturalisé américain – foutue religion d'état. « Parce que j'étais un garou solitaire, j'ai longtemps cru que nous étions des cas isolés tout du moins, c'est ce que j'ai eu tendance à penser jusqu'à la révélation. »

J'expirai doucement, le temps de remettre de l'ordre dans mes pensées.

« J'avoue que même malgré la révélation, j'ai du mal à me faire à l'idée qu'il puisse exister d'autres espèces de créatures magiques. Je suis quelqu'un qui a besoin de certitude, de tangibilité. J'ai besoin d'expliquer par des faits les phénomènes que je ne comprends pas. Le ta gueule c'est magique est une explication totalement irrecevable à mes yeux. » Je détestais ne pas savoir, ne pas comprendre. « Contrairement à certains de mes congénères, j'ai eu la chance d'avoir un mentor qui m'a appris à contrôler mes transformations. Tu te doutes qu'avec l'expérience, ça devient de plus en plus facile. »

Je me gardais bien de préciser également que le mentor en question a fini par me lâcher dans la nature quand j'ai acquis le minimum syndical en terme de bases et qu'il n'a jamais voulu m'apprendre d'autres choses, le plus important pour lui est que je bouffe le moins de personnes possible quand j'étais sous ma forme animale.

« Et toi ? » m'enquis-je brutalement, décrétant que j'avais assez parlé de moi pour le moment. « Tu es quoi au juste ? Une sorte de sorcière ? » Peut-être que je poussais la vulgarisation très loin, mais c'était un terme universel, que tout à chacun comprenait – y compris les débutants comme moi. « Et tu as eu un mentor pour t'apprendre toutes ces choses ? Ou vous allez dans des écoles comme dans Harry Potter ? De la même façon que des garous s'organisent en meute, vous avez des sortes de covens, comme dans les films ? »

Mes questions étaient peut-être un peu trop indiscrètes, mais j'étais profondément curieux de savoir comment les autres espèces s'organisaient entre elles. Après tout, ce n'était ni plus ni moins que de la déformation professionnelle, en tant que militaire, j'avais l'habitude d'évoluer dans des groupes structurés et très hiérarchisés.  
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Lun 18 Mai - 22:45 (#)

A la surprise de Victoria, Danil répondit à sa question. Avec de l’hésitation, certes, et pas mal de retenue, mais il parla. Il lui raconta l’incident qui l’avait transformé en garou. On aurait dit un scénario de film d’horreur. L’adolescent qui, lors d’une nuit pleine d’insouciance, voit sa vie prendre un tournage dramatique. Comme quoi, les scénarions de ces films doivent bien venir de quelque part.

« Comme tu t'en doutes peut-être, je ne suis pas très familier avec le surnaturel. »
Elle ne s’en doutait pas, mais se contenta de hocher la tête. De toute évidence, Danil était désormais sur sa lancée, et elle ne souhaitait pas l’interrompre. Sa curiosité prenait le pas, avide de comprendre. Elle n’avait jamais eu un garou en face d’elle disposé à parler. Elle n’aurait peut-être plus jamais l’occasion. Alors elle se devait de saisir celle-ci. Elle écouta Danil parler de son esprit rationnel. Elle sourit légèrement quand il évoqua son absence de foi. Ils en avaient parlé, rapidement, si elle se souvenait bien. La jeune femme était catholique d’éducation, avait passé la grande majorité de sa vie à croire et à prier un Dieu qui serait tout puissant. Puis, son arrivée dans l’Eglise Wiccane l’avait amenée à prier d’autres Dieux, multiples ceux-ci. Elle était encore déchirée entre ces deux croyances ; on n’abandonne pas son Dieu si facilement. Peut-être était-ce plus simple de ne croire en rien, comme Danil. Pourtant elle ne l’enviait pas. Parce que s’il n’avait pas un Dieu à ses côtés, quelqu’un ou quelque chose de plus grand que lui, ne devait-il pas se sentir terriblement seul par moment ? Ne perdait-il pas l’envie et la motivation d’avancer ? Victoria aurait-elle survécu ces longs mois de captivité, sans ses prières et sa foi ? Elle n’était pas sûre de comprendre comment le blond fonctionnait. Elle ne jugeait pas et ne reprochait pas. Elle ne pouvait simplement pas se mettre à sa place. Elle avait accepté dès son plus jeune âge que certaines choses sont hors de la portée des humains. Que certaines choses n’étaient pas faites pour être comprises. Qu’elles existaient, et puis c’est tout. Et même si son apprentissage d’arcaniste lui avait appris à plier les énergies magiques qui l’entouraient, à les concentrer pour en faire quelque chose qui lui servait, elle n’expliquait toujours pas la présence même de cette magie. Et, pour être honnête, elle ne souhaitait pas l’expliquer. Certaines choses devaient rester dans le noir. Ou le monde devenait trop froid.

« Et toi ? », finit-il par demander. Victoria sourit doucement. Elle s’attendait à la question, après tout elle avait lancé le mouvement, elle ne pouvait pas s’offusquer qu’il revienne vers elle. Elle trouva les questions de Danil presque mignonnes. Et, une chance pour lui, elle connaissait Harry Potter désormais. C’était récent. On ne lisait pas des choses avec de la magie et des créatures chez les Osborne. Elle décida de prendre les questions une par une.

« Je suis une sorte de sorcière, oui. Je fais ce qu’on peut appeler de la magie blanche. Je soigne, je protège. J’aide les garous qui se sont mis dans le pétrin à ne pas se faire bouffer par l’argent », ajouta-t-elle avec un sourire amusé. « Et j’ai un mentor. C’est lui qui est venu me chercher, en Australie, après…..quand je suis revenue dans ma famille….et qu’ils…avaient du mal à accepter ce qui m’était arrivé. »
Doux euphémisme. C’était drôle, même après ces années et après la trahison dont ils avaient fait preuve, Victoria ne parvenait pas à dire réellement du mal de sa famille. Pourtant, ses parents et ses frères et sœurs ne l’avaient pas épargnée. Ils lui avaient fait clairement comprendre qu’elle aurait dû être morte et qu’ils auraient préféré qu’il en soit ainsi. Elle n’avait plus été la bienvenue dans leur maison, dans leur vie, parce qu’elle avait survécu. L’injustice ultime, peut-être. Elle devrait les détester. Cracher sur leur dos, maudire leur existence. Mais elle ne pouvait pas s’y résoudre. La haine ne faisait pas partie de son éducation, elle avait appris à pardonner coûte que coûte. Tendre l’autre joue. Aimer son prochain. Même quand son prochain ne l’aimait plus. Elle avait laissé son esprit vagabonder en Australie quelques secondes, mais se reprit avec un haussement d’épaules.

« Et on a un…coven ? Une Eglise. Un clan, si l’on veut ? Avec des anciens, expérimentés, qui apprennent aux jeunes comme moi. Je ne sais pas si c’est pareil qu’une meute. Mais on est proches. Enfin….je les considère comme proches. Peut-être parce qu’ils m’ont accueillie quand j’avais été rejetée. Et parce qu’ils m’apprennent à maitriser mon don. Pour que je puisse faire ce que j’ai fait ce soir. »
Elle sourit doucement. Pour qu’un jour elle puisse faire plus. Pour qu’un jour elle ne soit plus tremblante à marmonner une incantation. Pour qu’un jour elle puisse conjurer la magie comme le faisait Karl. Il avait une telle assurance dans son don. Tout était fluide, avec lui, puissant mais élégant. Victoria manquait d’élégance.

« C’est étrange, non ? Qu’on se soit côtoyé toutes ces fois sans savoir qui on était vraiment. Et qu’on se retrouve là, comme à refaire connaissance. J’étais sûre de pouvoir….reconnaitre le surnaturel, tu vois. Je m’étais trompée, de toute évidence. »
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Mar 11 Aoû - 18:27 (#)

911, WHAT'S YOUR EMERGENCY?
Danil & Victoria
No time for goodbye, he said, as he faded away. Don't put your life in someone's hands, they're bound to steal it away. Don't hide your mistakes cause they'll find you, burn you - Get out alive, Three Days Grace

J'avais beau être un gaillard qui avait un peu plus de trente balais et qui avait fait l'expérience de la guerre, j'étais en train de me comporter comme un gamin confronté à un monde qui était tout nouveau pour lui. Je ressentais à la fois de la crainte et de la fascination. De la crainte, tout d'abord, parce que cet univers était inconnu pour moi, et de la fascination parce que je voyais toutes les possibilités que ce nouveau monde pouvait offrir. Déjà, les questions se bousculaient dans ma tête, tant je brûlais de comprendre les phénomènes auxquels je venais d'assister : ce n'était pas tous les jours que l'on voyait une authentique guérisseuse faire usage de ses dons. Mon esprit logique et cartésien ne voyait rien d'autre qu'un autre problème à résoudre, un nœud gordien à démêler. Malgré la curiosité que de tels prodiges pouvaient susciter, le scepticisme n'était jamais loin, et je devais me faire violence pour ne pas le montrer à Victoria. Quand bien même lui avais-je fait part de mon absence totale de foi, ce n'était pas une raison pour me montrer impoli en la bombardant de questions, ce serait même carrément irrespectueux. Alors, je me taisais et me redressais un peu pour me mettre dans une position plus confortable, attendant sagement qu'elle s'exprime. J'émis un très léger sifflement de douleur ; j'avais très certainement étiré ma plaie en remuant. Mes blessures étaient encore fraîches, mais à présent que la balle en argent était sortie de mon corps, je devrais pouvoir me régénérer rapidement. Après une bonne nuit de repos, il n'y paraîtra plus rien et demain matin je serai comme neuf. Je n'avais plus qu'à croiser les doigts pour qu'aucun éclat métallique ne soit resté prisonnier de mes chairs car cela entraînerait de sérieuses complications. Il est vrai que d'habitude, je me transformais pour me soigner plus rapidement, mais l'argent rendait toute mutation impossible. Alors, en attendant de cicatriser complètement, je douillais en silence. J'en avais vu d'autres après tout, et si ce n'était pas cette balle en argent alors ce sera selon toute vraisemblance  autre chose qui me tuera. Sans doute était-ce terriblement cynique comme façon de voir les choses mais en réalité, je n'avais pas peur de mourir, je m'y étais résigné depuis très longtemps. Après tout, n'avais-je pas été entraîné pour me battre, quitte à mourir au nom de mes idéaux ?

Finalement, au bout de quelques secondes d'un suspense qui me parut insoutenable, Victoria confirma être une sorcière. Lorsque le mot fut lâché, je ne pus m'empêcher de la détailler rapidement du regard, avant de me morigéner pour ma stupidité. Bien sûr que non, ce n'était pas marqué sur sa gueule, de la même façon que ce n'était pas écrit garou en plein milieu de mon front. Victoria ne ressemblait en rien aux sorcières que l'on dépeignait dans les contes : j'étais quasiment certain que je ne trouverai chez elle ni chapeau pointu ni balai volant. Je ne la verrai pas non plus se baigner du sang d'un nouveau né sacrifié pour apaiser la colère de dieux oubliés, puisqu'elle disait pratiquer la magie blanche. Certaines histoires avaient sans doute un fond de vérité, mais d'autres étaient clairement à prendre avec des pincettes.

« Touché. » admis-je lorsqu'elle évoqua les garous qu'elle sortait du pétrin – il faut dire que je me sentais légèrement visé.

Je ne dis toutefois rien de plus, me contentant de hocher poliment la tête quand Victoria parla de sa famille restée en Australie. Je devinais que je m'approchais d'un terrain miné et je décidai de ne pas trop insister. Victoria et moi avions cela en commun, l'un comme l'autre avions un vécu violent et particulièrement traumatisant et en parler n'était pas facile. Je respectais ses silences, tout comme elle respectait ma propre pudeur quand moi, je ne voulais pas parler de certaines choses. C'était un accord tacite qui s'était instauré entre nous depuis le premier jour et que je n'avais pas rompu jusqu'à présent, ce n'était certainement pas aujourd'hui que j'allais commencer.

Bref.

Elle faisait donc partie d'une organisation de sorciers, qu'elle qualifiait elle-même d'église. Je souris très faiblement lorsqu'elle employa ce terme, à mes yeux, église et sorcellerie étaient antinomiques, parce que l'Histoire, mais je n'étais personne pour remettre en question les termes qu'ils utilisaient pour s'auto-définir. Mon regard se perdit dans le lointain lorsqu'elle évoqua son mentor. Encore une autre chose que nous avions en commun, à la différence près est que le mien avait pris la tangente depuis très longtemps, ne pouvant supporter plus longtemps ce que j'étais, parce que j'étais un monstre. Sans doute Victoria regretterait-elle de m'avoir sauvé la vie si elle apprenait ce que j'étais vraiment. Sans doute se dirait-elle qu'elle aurait dû me laisser crever dans son canapé, parce qu'il n'y avait aucun espoir de rédemption, pas pour moi. Mon cœur se contracta douloureusement lorsque la jeune femme souligna que cela revenait à refaire connaissance. Si elle savait. Je cillai très légèrement, reprenant ainsi mes esprits.

« Ouais... » murmurai-je, d'un ton évasif, me sentant soudainement mélancolique. « On ne peut jamais vraiment savoir à qui on a affaire, et c'est valable pour tout le monde, qu'il s'agisse de surnaturels ou d'humains lambda. » Mon regard s'assombrit très légèrement. « Parfois, les prédateurs se cachent parmi nos proches, et le jour où les masques tombent, on tombe des nues parce qu'il n'y avait pas vraiment de signes avant-coureurs, tous ne sont pas des marginaux, certains sont même très bien intégrés à la société. »

Je ne jugeai pas nécessaire de préciser si je parlais de moi, ou plutôt d'individus tels que feu mon beau-père, que j'avais dévoré vivant pour me venger des saloperies qu'il m'a faites quand je n'étais qu'un enfant. Je n'oublierai jamais l'expression d'effroi qui avait gravé ses traits à l'instant même où il m'avait vu me transformer en bestiole juste sous ses yeux, et c'était cette image que j'avais emporté en basculant de l'état humain à l'état insecte. Je me mis à triturer des fils qui dépassaient de la couverture.

« Tu n'aurais pas pu deviner, même en étant la sorcière la plus balèze que le monde n'ait jamais connu. » Je parlais donc de mon propre cas. « Je suis devenu garou bien avant la Révélation, je n'ai pas eu d'autre choix que d'apprendre à dissimuler ma véritable nature. » Et quand bien même, vu le monstre que j'étais, il valait mieux que personne n'en sache jamais rien. « Ma condition...a impacté beaucoup d'aspects de ma vie quotidienne. Apprendre à mentir, à tricher, ça fait partie du package. Si j'avais fait mon coming-out en tant que garou, je n'aurais jamais pu faire l'armée, par exemple. Et imagine bien que quand j'étais au front, les nuits de pleine lune, je devais ruser pour ne pas me faire repérer par mes camarades, ou mes supérieurs hiérarchiques. Je suis incontestablement devenu maître dans l'art de brouiller les pistes, alors non, vraiment, tu n'as pas à remettre en doute tes compétences parce que tu n'as rien vu. »

Je me mordis la lèvre, avant de me mettre à fixer un point au hasard derrière Victoria, l'air un peu absent.

« Peut-être que si je ne t'ai rien dit, c'est parce que je ne voulais pas que tu me regardes différemment. »

J'avais l'air presque penaud en disant cela, comme si j'étais en train d'exprimer des regrets. Le pire, c'est que je n'étais pas si loin de la réalité, parce que dans le fond, j'aurais tellement voulu que la situation soit différente.
J'aurais tout simplement voulu avoir une vie normale, mais entre ce qu'on veut et ce qu'on a, il y a souvent un gouffre.  
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Sam 29 Aoû - 19:01 (#)

« Ouais…On ne peut jamais vraiment savoir à qui on a affaire, et c'est valable pour tout le monde, qu'il s'agisse de surnaturels ou d'humains lambda. »
Victoria ne put qu’acquiescer. L’homme qui les avait enlevés elle et ses amis, qui avait tué deux des personnes qu’elle aimait le plus au monde, qui l’avait torturée pendant des mois, il avait pourtant eu l’air sympathique au premier abord. Un bon samaritain, souriant, aimable. Qui pourtant avait révélé un monstre froid et avide de sang et de douleur infligée. Elle n’insista pas, laissant parler Danil. De toute évidence, il avait besoin de lâcher un peu de poids. Victoria n’avait pas mis longtemps à comprendre, lorsqu’ils s’étaient rencontrés et avaient passé leur première nuit ensemble, que Danil abritait un passé qui le pesait, lui aussi. Les deux âmes meurtries s’étaient bien trouvées, puisque chacun avait respecté le silence et les secrets de l’autre. Ils avaient très peu parlé de leurs vies respectives et de leurs passés, préférant aux confidences douloureuses le plaisir de la chair et des conversations plus abstraites. Victoria savait juste qu’il était ancien soldat, qu’il faisait un job plus ou moins légal, et qu’il en avait chié par le passé. Elle n’avait pas eu besoin d’en savoir plus, à l’époque. Ce soir, elle comprenait qu’ils avaient plus en commun qu’elle ne l’avait cru. Ils étaient tous les deux des surnaturels, obligés de cacher leur nature tant que possible pour ne pas s’attirer la méfiance, voire la violence, des humains.

Danil, de ce côté, était moins bien loti que Victoria. Comme il le dit si bien, il avait dû apprendre à mentir. La Révélation avait ajouté un peu de relations publiques à la condition d’Eveillé. L’Eglise Wiccane avait profité du coup de poker joué par les vampires pour révéler son existence au grand jour, ce qui lui avait permis de contrôler son image. Les Wiccans avaient leurs porte-parole, leurs interviews, leurs membres chargés de contrôler l’opinion publique. La méfiance était toujours présente, c’était normal lorsqu’on faisait face à la différence, surtout quand la différence était si forte. Mais Victoria risquait moins sa vie que Danil si elle était amenée à révéler sa nature. Les garous n’avaient pas eu la même chance que l’Eglise. Peu de gens connaissaient leur existence parmi les humains, et les rares images qui circulaient dans les cercles de théoriciens du complot ne donnaient pas une image très bienveillante des garous. Ils étaient présentés comme des créatures sanguinaires, monstres de film d’horreur. Obligés de se cacher du grand public pour éviter…eh bien, un Salem un peu adapté, Victoria supposait.

« Peut-être que si je ne t'ai rien dit, c'est parce que je ne voulais pas que tu me regardes différemment. »
L’étudiante hocha la tête avec un sourire compréhensif. C’était aussi, en partie, ce pourquoi elle n’avait rien dit de son côté. Karl lui avait dit de rester discrète, surtout avec ses aventures d’un soir. Mais il n’avait pas vraiment eu besoin d’insister. Victoria se dévoilait peu avec les hommes avec qui elle passait la nuit. Avec les hommes, en général ; peu avaient le privilège de réellement connaitre la jeune femme. Mais d’autant plus avec les hommes qui ne faisaient que passer. Sauf que Danil, par un coup du hasard, ne faisait pas que passer. Il aurait dû, mais ils s’étaient retrouvés plusieurs fois au final. Il en savait plus que la plupart des autres, semblant de rien. Mais elle n’avait jamais voulu prendre le risque de lui dire qu’elle était une mage. Alors elle ne pouvait pas trop blâmer Danil pour son manque de confiance, elle avait fait preuve du même. Elle remit rapidement une mèche de cheveux derrière son oreille.

« Si ça peut te rassurer, ça n’arrivera pas. Je ne vais pas te regarder différemment maintenant que je sais. A la limite, je vais t’en vouloir un peu d’avoir salopé mon canapé. Mais le reste, peu importe. On peut continuer à se voir. Enfin, si ça te dit. Et une fois que t’auras repris un peu du poil de la bête. Pardon, le jeu de mots n’était pas volontaire. »
Elle sourit doucement. Puis elle posa une main sur le bras de Danil.
« Merci d’avoir été honnête. Tu as une alliée désormais, si ça te tente. »
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Lun 18 Jan - 20:12 (#)

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À présent que Victoria connaissait mon secret, qu'allait-il se passer ? En lui dévoilant la vérité, ne risquais-je pas de la mettre en danger et de l’entraîner dans ma chute ? Celui qui m'avait tiré cette balle savait très bien ce qu'il faisait, il pouvait m'avoir suivi jusqu'ici, il pouvait même m'attendre, tapi dans l'ombre, pour achever ce qu'il avait commencé. J'avais bien malgré moi une cible dans le dos, et ça allait bientôt être son cas à elle également si je m'attardais trop dans le coin. Je n'avais plus le temps de tergiverser, maintenant, c'était fait et il n'y avait aucune possibilité de rembobiner et de tout recommencer à zéro. Désormais, je devrai vivre avec les conséquence de mes actes. C'est la raison pour laquelle je devais m'en aller, disparaître complètement de la vie de Victoria pour sa propre sécurité. Les mauvais esprits pourront arguer que j'agissais ainsi par lâcheté, que parce que la rouquine connaissait mon secret, c'était l'excuse parfaite pour la sortir de ma vie comme j'avais poussé vers la sortie tous ceux qui, un jour, m'avaient tendu la main. À ceux-là je répondrai qu'ils ont tort de penser ainsi, que si je m'effaçais, c'était pour son bien. Ce n'était pas de la lâcheté, c'était juste faire preuve de bon sens. Au contraire, rester malgré tout, en dépit des périls qui nous guettaient, ce serait faire preuve d'égoïsme et, si on pouvait me reprocher bien des choses, l'égoïsme n'en faisait définitivement pas partie.

Alors, ma décision était prise.
Pour l'instant je n'étais pas en état de faire quoi que ce soit de plus, mais dès que je serai remis sur pied un minimum, je m'éclipserai pour de bon sans laisser d'adresse.
Je ne la contacterai plus, pour quelque raison que ce soit.
Je ne serai rien d'autre qu'un souvenir, un mirage.
Ce sera sans doute douloureux, mais c'était nécessaire.
C'était même une question de vie ou de mort.

En attendant de pouvoir filer à l'anglaise, je me reposais tranquillement, encore à moitié avachi dans le canapé de Victoria. Dans cet état, je n'irai vraiment nulle part. Quelque part, c'était frustrant de rester là sans rien faire, mais c'était toujours mieux que d'être mort, j'imagine. J'avais juste une chance incroyable d'être encore  vivant et en un seul morceau, même si j'avais l'air de revenir d'outre-tombe. La situation aurait été bien plus compliquée si j'avais passé l'arme à gauche, Victoria aurait eu un cadavre sur les bras, et je la voyais mal, avec son petit gabarit, déplacer un grand gaillard comme moi. Alors oui, à ne pas douter, nous avons eu beaucoup de chance, j'avais eu beaucoup de chance. Je lui souris, non sans un léger pincement au cœur lorsque Victoria me promit qu'elle n'allait pas me regarder différemment, maintenant qu'elle savait.

Elle n'en aura juste pas l'occasion, en réalité.

Pourtant, je m'esclaffais de bon cœur lorsque la petite rousse me dit qu'elle m'en voulait un peu, pour le canapé. Grand mal m'en fit puisque je ressentis une douleur lancinante à l'endroit où la balle avait perforé ma peau et entaillé ma chair. Au point où j'en étais, je ferais mieux de ne pas trop faire le malin et de rester tranquille. Je penchais légèrement la tête pour la scruter très attentivement, l'air soudainement très sérieux.

« Si ce n'est que ça, je peux te payer le pressing, ou peu importe comment s'appelle le mec qui nettoie les canapés. » dis-je très calmement, même si j'avais un soudain doute sur le vocabulaire qu'il convenait d'employer. « Ou je peux carrément le faire remplacer, c'est possible aussi. »

Allez, je lui devais bien ça, non ? Quand bien même aurais-je l'intention de me barrer, je pouvais bien faire un geste, pour la remercier. Puisque cela faisait plusieurs mois que je bossais pour les Aseptiseurs, que j'avais plus de moyens que lors de mon arrivée à Shreveport, je pouvais bien faire ça pour elle, ce n'était pas un souci. Et, même si ça me faisait mal de faire ça, parce que j'avais l'impression d'être le dernier des hypocrites, je hochais la tête doucement lorsqu'elle me proposa que l'on pouvait continuer à se voir si l'envie m'en prenait.

« ça me ferait plaisir. » articulai-je doucement, tandis que j'essayais de garder ma poker-face parce que bien sûr, je n'en croyais pas un traître mot.

Ce n'est pas toi, Victoria, c'est moi.
Tu m'en voudras sûrement, et cette colère sera parfaitement légitime mais je ne pouvais vraiment pas rester.
Je ne pouvais pas te promettre d'être ton ami, ou ton allié, ou peu importe comment tu appelles ça  mais en revanche, je pouvais te promettre qu'un jour, tu comprendras tout. .  
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To be continued...
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