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BD Saint Seiya – Time Odyssey Tome 3 Collector
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Blue Moon ☽☾ Nicola

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Jeu 29 Avr - 3:29 (#)


Blue Moon


Le sang a coulé et les ergs des plaines de Shreveport n’ont pourtant pas bougés sous le halo puissant d’une demi-lune qu’elle lorgne toujours avec ce mélange d’apitoiement et de désespérance crasses. Elle refuse de se faire lécher le visage par la moindre lueur de cette putain la lorgnant du haut de ses cieux, malgré les jours qui défilent et font d’elle un être plus sensible au monde obscur qui l’entoure, elle dissémine sa haine dans l’ennui de ses phrases bateaux balancées aux clients malvenus, à ses patrons qui trônent en rois de la souille dans leur motel poisseux. Ces derniers jours l’ont vu s’agacer, plus encore que d’habitude, sur son visage poupin aux prunelles cinglantes s’imprimant la dureté d’une colère sourde qu’il ne faudrait pas fissurer. Seule Sage, jeune enfant des lieux nimbés d’ombres, réussit parfois à lui retirer un sourire, à la faire souffler du nez par son innocence et sa légèreté, lui enviant cette aisance à n’être rien de plus qu’une belle humaine qui n’a rien à savoir du monde tortueux dans lequel elle a sombré. Favashi hante davantage ses nuits et Nejma s’est bien des fois laissés glissés sous les mêmes draps qu’elle pour laisser filer les frissons sous quelques caresses bienveillantes, murmurant à son oreille des chansons en leur langue natale. Et elle pourrait confier que quelques larmes ont coulés, que ses parents, dans ces nuits usées par les cauchemars lui manquent. L’enfant ressurgit dans la cambrure recroquevillée de son corps de femme hantée par une Bête qui persifle mais ne mord pas l’âme lorsque Nejma approche, comme si ses mains étaient bien capables d’apaiser tous les maux qui l’agressent mais qu’elle tente de taire une fois le matin venu. Il n’y a aucun mot dit sur son sommeil agité, Nadja préparant le petit-déjeuner sans rien dire, souriant tristement avec ce bout de mélancolie que l’unique fille Sayegh aimerait lui enlever, ne supportant plus d’y voir cette déprime qui dilapide dans les iris de sa sœur de secte une tristesse profonde infinie, une apathie qui ne bouge pas. Il n’y a que Nejma pour rythmer les matins pluvieux même lorsque le soleil se montre au travers des fenêtres du salon, qu’elle pour bavasser et remplir le silence car Astaad n’est pas de celles qui bavardent au levé, les paupières lourdes, le teint pâle et les cernes évidentes, l’énergie d’un serpent sans faim la trainant hors de sa piaule pour prendre le chemin vers son miteux motel jusqu’à ce que le soir retombe sur la ville où s’est creusé le nid de la démence des arcanes. Mystère infini où se pendent les vampires aux cous des humains naufragés, où les arcanistes pullulent sans qu’elle n’en reconnaisse aucun, la peur tenace de se heurter à eux qui l’ont approchés de trop près. La paranoïa se distille dans les moindres œillades offertes aux clients qui passent le pas de la porte pour se heurter au bois de son accueil où elle ne fait parfois que fumer, insolente, clope au bec et griffant le papier de son écriture arrondie, butant encore sur les quelques mots d’anglais qu’elle peine à comprendre. Elle voit bien dans certains regards combien son accent peut déranger, les premiers pecnos venant se perdre dans ce motel décidant qu’elle n’a rien à faire ici, que l’Amérique n’est pas sa Terre et elle aimerait leur donner raison d’un sourire mauvais et d’un majeur levé, de quelques mots arabes crachés à leurs trognes d’idiots mais elle se contient, consciente que ce qui remplira le frigo, paiera ses factures et les clopes qu’elle grille trop vite ne pourront se payer seuls.

Massant sa tempe, elle délaisse un soupir alors même que le bruit des vies des quelques clients au-dessus de sa tête font trembler le plafond, les rires ou les brouhahas des télés grésillantes venant assassiner son mal de tête. Bien avant de la voir, elle perçoit le pas léger de Sage descendant les escaliers menant à ce minuscule hall où elle n’a qu’un bout de tabouret pour soulager ses jambes couvertes d’un jean bien simple, un pull dévoilant une épaule sans filet de coton provoquant l’attirance de quelques regards, échauffant les chiens galeux qui n’ont plus vus une femme se dévêtir rien qu’un peu dans une ville où les températures peu à peu se haussent vers la calomnie d’une chaleur aride. Sa queue de cheval oscille lorsqu’elle redresse la tête, croisant le regard noisette de la jeune étudiante « Pas trop fatiguée ? J’peux rester un peu si tu … » « Non. Ca va aller. T’en fais pas. » la coupe-t-elle de cette voix qui n’appelle à aucune objection, la hâte de retrouver son appartement ne la motivant que davantage à chasser la jeune femme qui n’a pas besoin d’heures supplémentaires qui ne seront pas payées de toute manière. Le talon de sa botte claque fébrilement contre le barreau de son assise précaire et grinçante alors que Sage hésite visiblement mais un haussement de sourcil de celle qui lui fait face suffit à la faire abdiquer « Okey, okey … Je m’en vais, cheffe ! A d’main ? » Une question qui n’attend pas de réponse mais elle semble toujours ravie de l’avoir auprès d’elle, de la savoir à ses côtés dans ce quartier miteux et prête à hocher la tête elle s’élève « Tu … Tu repars en taxi ? » « Non, mon mec a bien voulu venir me chercher … pour une fois. » La blase soulève qu’il n’est pas du genre à se jeter dans la nuit pour le simple plaisir de voir sa copine et errer dans ces lieux qui n’offrent pas l’opportunité de faire confiance à quoi que ce soit, ni aux arbres qui longent la route, ni au béton crevassé, ni au silence qui s’ancre dans la médiocrité des lieux. Jetant un coup d’œil à la vitre crasseuse de la porte accueillant les baroudeurs, elle sent le vent de l’inquiétude se pousser contre sa poitrine, un instinct de mère primaire qu’elle devrait réfréner « Il est d’jà là ? » Sage jette elle-même un œil à l’écran de son portable avant de sourire, de ces sourires de jeunes filles entichées, ces sourires des débuts qu’elle ne lui envie pourtant pas, certaine d’être condamnée à un célibat éternel car qui voudrait d’une femme cachant si bien la peau écailleuse d’un serpent toutes les pleines lunes, effrayante lorsque la haine peut le foudroyer, traumatisée par un passif qui ne peut se raconter ? « Ouais … Il est d’vant. J’te laisse, il s’impatiente. » Un pas vers la sortie et elle la fixe, son attention se reportant sur celle qui fait mine de retourner à ses comptes « Et toi ? Tu rentres comment ? » « T’inquiète pas pour moi, j'me débrouille. » Elle pourrait argumenter mais les mois passés à ses côtés ont suffit à la jeune fille tout droit venu des beaux quartiers de Manhattan de ne rien dire et de ne pas insister, ne pas creuser le mystère qu’instaure l’adulte autour d’elle sans le vouloir. Un autre au revoir guilleret et le silence revient remplir, l’habillant d’une sorte de mise en bouche de ce qui l’attend pour le reste de la soirée. Bien sûr, elle ne résiste pas à s'avancer discrètement vers la fenêtre pour s'assurer que Sage rentre bien dans une voiture qu'elle reconnait, la lumière du plafonnier de la voiture grise illuminant le visage des deux amants se saluant d'un baiser bien trop intime pour qu'elle demeure ainsi à les regarder.

Rassurée, elle rebrousse chemin, à nouveau seule. Les heures s’enlacent et s’enfilent alors qu’elle s’élance enfin dans les tâches les plus ingrates. Sans trop d’efforts, la voilà armée de deux sacs poubelles qu’elle soulève sans grimacer, préférant ignorer la force que son corps a insufflé depuis des années, se croyant à l’abri de tous les regards, longeant les couloirs extérieurs pour se diriger vers le bennes qui bornent les murs lézardés du motel dont les néons grésillent comme dans les plus vieux films pourris qu’elle a pu manger à cause de la fascination de Nejma pour le 7ème art ou ses séries les plus nazes, résistant au sommeil à chaque lubie qui lui vient, véritable adolescente dans le corps d’une fille prête à devenir femme. Ses mains apte à tailler finement le bois et à le peindre comme à dégommer la pommette d’un ex trop instant se resserrent sur les sacs qu’elle jette brutalement dans l’amoncellement d’ordures, s’attendant toujours, malgré elle, à trouver par là, la pâleur d’un corps qui se décompose déjà. Elle se rappelle des viscères, de ce visage figé dans l’horreur, des larmes encore visibles sur les joues de la première victime trouvé entre deux bennes à ordures. Elle fut la première à percevoir l’odeur du sang, à résister à vomir face au spectacle qu’elle a dû taire. Appeler la police n’est pas dans ses priorités, craignant toujours, à chaque fois qu’elle croise un homme ou une femme en uniforme, de se voir arrêtée car son visage est peut-être placardé de toute part. Favashi est bien capable de tout pour la retrouver et reprendre son dû.

Lorsque la bouche puante s’ouvre, elle se voit soulager de ne rien y trouver mais un bruit ne l’empêche pas de se figer, levant si brutalement la tête que son cou craque à peine, ses yeux irisés de vert et de bleu déciment les lieux avant de tomber sur une ombre qui sillonne les lieux. Sourcillant, elle ne reconnait pas celui qu’elle est bien obligée d’héberger sous le toit pourri de son lieu de travail, laissant le couvercle de la poubelle se refermer lentement. L’homme, de loin, lui parait irréel et en même temps le plus lambda du monde, ses traits fins appelant à faire sourire les charmeuses qui trainent parfois à l’étage, car certaines piaules peuvent servir aux putains qui viennent échouer avec leurs clients. Croyant à l’un d’entre eux et même reconnaître les traits d’un client régulier ramené par une blonde qu’elle finira par étrangler pour autant simuler la jouissance au travers des murs aussi bien qu’une truie que l’on égorge, elle s’avance d’un pas trop décidé, comme prête à l’attraper mais il lui semble rêver, ne plus rien voir alors qu’elle est enfin proche de la porte menant à son nid de fortune. Un frisson se hérisse sur son échine alors que ses traits se durcissent, se maudissant de n’avoir aucune arme à portée pour claquer la mâchoire du premier qui voudrait tenter une agression ou un coup foireux. La colère lui fait serrer les dents alors qu’elle dépose une main sur la poignée rouillée avant d’écarquiller les yeux, découvrant le relief d’une ombre derrière elle, se détournant pour heurter méchamment la porte, tombant sur les traits vu plus tôt. Incapable de chasser le choc de son visage, elle soupire, ses phalanges broyant l’acier sous ses doigts « Putain ! Qu’est-ce que vous foutez là ? » Belliqueuse, elle dérive et se fiche de paraître peu avenante alors que minuit vient de passer, que la lune les honore de quelques lueurs, que les lampadaires se voient agressés par quelques moustiques et moucherons bien idiots et la voilà aussi piégée qu’eux par la présence d’un homme dont elle n’aime pas l’odeur ni l’allure bien qu’il semble aussi propre sur lui que possible, tombant dans le bleu banal d’un regard, pas aussi perçant que celui qu’elle a pu croisé chez le sorcier qui soigna son bras avec l’indulgence d’un natif conspuant les étrangères comme elle. Haussant un sourcil, elle le méprise malgré elle de son regard, examinant la mise de l’apparition, peu à l’aise face à ce qu’il projette vers elle « J’peux vous aider ptêtre ? » Son agressivité n’invite pourtant pas à une quelconque main tendue mais à une invitation à déguerpir, à ne pas revenir sous peine qu’elle lui laisse voir la puissance d’un coup de pied bien visé qui le fera chanter dans ce ténébreux silence. Ils n’auraient pas dû se croiser ce soir et la présence d’un homme ne faisant que peu de bruit ne lui annonce pas que la nuit sera aussi courte et avenante qu’elle le souhaitait, la Bête grognant sous les iris qui ne se fendillent pas mais tout empeste l’irréel chez elle à son tour, noircissant son regard, amincissant les lèvres pleines qui tremblent d’une rage qui accable celui qu’elle veut faire victime. Car un geste de trop et elle n’hésitera pas, elle n’hésitera plus jamais à tirer ou à frapper quiconque pour sauver sa peau et celles de ses sœurs de cœur, ce même cœur battant trop fort sous la cage de sa poitrine qui s’élève à une vitesse trop parlante, se confondant avec panique et haine. Vulnérable.  


(c) corvidae
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Mar 4 Mai - 17:57 (#)



Blue Moon

« II diavolo aiuta i suoi, ma non li salva. »

Nicola se frotte les yeux pour chasser les dernières traces de sommeil. Il se traîne, aujourd’hui. Une fatigue persistante semble s’être installée dans ses vieux os. Comme si elle se rattrapait après tant d’années à lui échapper, la vieillesse ne cesse de se rappeler à son bon souvenir. IL ne sait pas si c’est ce que vivent les humains. Les vieux souffrent d’une faiblesse certaine, perdent un peu l’esprit, vivent à un rythme lent, propice à la contemplation. Sa « vieillesse » ne ressemble pas à la la leur. Certes, il a besoin d’un temps de repos de plus en plus conséquent. Oui, le brouhaha des gens qui l’entourent peut lui porter sur les nerfs. Malgré ça, il aime toujours la compagnie des gens. Et il ne se sent pas devenir plus faible. C’est plutôt une sensation de rester le même, de ne pas évoluer en mieux, de rester stagnant. Bouger ses vieux os lui demandent un effort qu’il n’avait pas à fournir il y a trente ans, avant sa Torpeur. C’est peut-être un résidu de ce repos de plusieurs décennies. Il a du mal à chasser l’immobilisme dans lequel il est resté tout ce temps.

Il soupire et cale sa sa nuque contre l’appui-tête de sa voiture, pince les lèvres. Pour les filatures, il prend le modèle le plus passe-partout qu’il possède, et ça implique de se passer d’un certain niveau de confort.

Enfin, c’est toujours plus confortable que de chevaucher sous la neige.

L’antiquité pousse un nouveau soupir, jette un œil à sa montre. Il en a assez d’être coincé dans son véhicule. Ses jambes commencent à s’engourdir. Trois nuits qu’il sacrifie comme ça pour étudier la faune qui s’éloigne de Shreveport et échoue dans ce motel insalubre. Maintenant qu’il a repéré des têtes habituelles, il serait peut-être temps de passer aux choses sérieuses. On ne le paye pas pour rester assis derrière un volant. Nicola attrape son blouson d’aviateur posé sur le siège passager et se tire de l’habitacle, heureux de s’étirer. Sa démarche retrouve rapidement une allure souple et puissante pendant que ses baskets foulent le bitume abîmé par le temps et les accidents.

Il est une heure du matin. Le flux de la population s’est tari vers vingt-trois heures, tout est calme. Il y aura un prochain afflux vers trois heures, où les amants coupables se séparent, puis vers six heures. Le motel qu’il surveille est un 24/24, mais les humains sont des créatures diurnes. Il y a très peu de mouvement dans ces heures noires.

L’homme avance avec une tranquille assurance, prédateur suprême de la chaîne alimentaire. Ce que craignent ses proies ne l’atteint pas. Il n’a pas peur de tomber sous les coups du meurtrier qu’il recherche. S’il doit se montrer parfaitement honnête, c’est la curiosité qui l’a poussé à accepter cette affaire de meurtre dans la campagne de Shreveport. Il n’a eu que rarement l’occasion d’étudier de près l’instinct animal des garous.

Nicola laisse ses yeux froids se promener sur son environnement, l’air distrait. Les lampadaires et les néons le gênent. Leur lumière attire son regard malgré lui. Pourtant, c’est les ombres qu’il doit suivre. Pensif, il tape dans une canette abandonnée sur le sol. Est-ce que ce garou coupable serait assez bête pour revenir sur la scène de crime ? La canette heurte un lampadaire, émettant un bruit métallique et creux en se pliant sous l’impact. Nicola part la ramasser, puis se dirige vers ce qu’il sait être le vide-ordure.

Là où la bête a abandonné sa victime.

On ne lui a pas permis de voir le corps. Son don de Sépulcre n’a donc pas pu l’orienter vers une direction en particulier. Il doit se baser sur les mêmes informations que la police, avec pour seuls avantages sa nature de vampire et son âge avancé. Après avoir étudié attentivement le rapport du médecin-légiste et le dossier retraçant la vie de la victime, Nicola a établi quelques hypothèses concernant le garou. Un individu masculin, qui ne connaissait pas sa victime, qui a peur de sa nature. Il a préféré commettre son crime hors de la ville : il l’interprète comme le signe qu’il sait anticiper les moments où son besoin de sang devient trop intense. Il s’éloigne, part en campagne, malheur à qui croise son chemin.

La fille n’a pas eu de chance.

D’un geste étrangement gracieux, Nicola dépose la canette pliée dans une benne. Les lieux sont sales. Ses narines se froncent alors qu’il prend une inspiration et que l’air rance remplit ses poumons. C’est dans ce genre de moment qu’il est très reconnaissant de ne plus dépendre de son souffle pour vivre. C’est sordide. Les murs sont éclairés seulement par les néons, qui remplissent difficilement leur rôle. Tout le motel a besoin d’être remis à neuf. Il n’ose pas imaginer l’état de l’intérieur, mais de ce qu’il a aperçu par les fenêtres et la porte d’entrée, ce n’est pas plus glorieux que l’extérieur.

Tout en réfléchissant, il émet une série de claquements de langue. Un corps, c’est encombrant. Qu’il l’ait porté ou traîné. Comment le garou a-t-il pu déposer son fardeau ici, sans que personne ne l’aperçoive du parking ? Où l’a-t-il tuée ? Curieux, il s’avance, tente de discerner une porte qui permettrait d’accéder par-là à l’intérieur du motel.

En plus d’une porte, c’est une femme qu’il aperçoit.

Elle s’avance vers lui, d’un pas volontaire. Son instinct de survie laisse à désirer, pense-t-il, un moue dédaigneuse sur le visage. Il la dérange probablement dans sa corvée, constate-t-il ensuite. Alors qu’elle marche vers lui, les yeux furibonds et la mâchoire serrée, Nicola reconnaît les traits d’une des standardistes qui accueille les voyageurs ou les demandeurs d’asile. Elle a probablement des origines arabes. Elle serait très jolie, si elle souriait. Ceci dit, travailler ici ne doit pas l’aider à s’épanouir comme il convient.

Nicola, joueur, bouge rapidement, se dissimule dans l’ombre, disparaît. Il sourit face à son trouble évident. Elle fait demi-tour, se dirige vers la porte arrière, ignorant qu’il est maintenant sur ses talons. Il accepte finalement que sa présence se fasse connaître. Le choc qui s’affiche sur le charmant visage de la créature est une récompense qu’il juge acceptable.

Évidemment, c’est un juron qui quitte ses lèvres en premier, vite suivi d’une question sur les raisons de sa présence en ces lieux peu accueillants. Finalement, elle est tout à fait à sa place dans ce paysage. Le vieux vampire sourit, fourre ses mains dans les poches de son blouson, place son poids sur une jambe. Il est tranquille. Ce n’est pas lui, la menace qui rôde et hante cet endroit.

Elle le dévisage avec des yeux furibonds. Nul doute qu’elle l’aurait tenu en joue, aurait-elle eu une arme à feu. C’est étonnant qu’elle n’en brandisse pas une d’ailleurs, dans ce pays où les pistolets semblent être offerts dans les berceaux des gosses. Nicola penche la tête et prend une brève inspiration, intrigué. Derrière les odeurs de décomposition plus ou moins avancées et de parfums, une information lui tire un sourire. Un éclat d’intérêt s’allume dans son regard et il cligne enfin des yeux, observant d’un œil nouveau la femme qui prétend pouvoir s’opposer à lui.

Ce n’est pas une humaine. Ce n’est pas d’armes qu’il doit se méfier, mais de griffes et de crocs. Pourrait-elle être… Non, elle est trop petite, ses mains sont trop fines, les traces de blessures ne correspondraient pas. Ou alors elle l’a attaquée d’un point qui lui permettait de la dominer en hauteur. Perchée sur une marche, dans un escalier ? Il se remet droit. Enfin, il fait entendre le son de sa voix.

- « Pt’être. » - un simple mot, prononcé d’une voix calme et sereine, qui défie la sommation sous-jacente de déguerpir rapidement.

Il l’étudie un bref laps de temps en silence, puis plisse les yeux et ajoute dans un arabe fluide, bien plus fluide que son anglais.

- « Vous travaillez ici, j’ai l’impression ? Je voudrais réserver une chambre, mais personne à l’accueil. Quand je suis revenu vers ma voiture, je vous ai aperçue. »

La bienséance voudrait qu’il lui présente ses excuses pour l’avoir inquiétée. Nicola n’en fait rien. Il hésite encore sur son implication dans cette histoire de meurtre commis par un garou. A nouveau, il prend une inspiration, résiste contre un haut-le-cœur pour s’assurer de sa nature. Les garous ont une odeur si particulière… S’il était vraiment doué, ou habitué à les côtoyer, il pourrait probablement déterminer leur forme animale juste par ce biais. Malheureusement, il ne peut qu’avancer des hypothèses. Et pour la femme qui se tient en face de lui… Il sèche.


Codée par Eli-Ls

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Dim 31 Oct - 15:01 (#)


Blue Moon


L’ombre masculine est étrange. Elle tique face à ce faciès taillé à la serpe, visage d’une délicatesse évidente mêlant la rudesse de l’âge à celle-ci. Il suppure quelque chose d’ancien, d’antique et auréolé d’une puissance dont il ne semble pas douter pour oser se mettre sur son chemin, à elle. La mine toujours plus froissée de méfiance, n’ayant aucune envie d’en venir aux mains dans la noirceur d’une nuit de plus aussi reculée d’un quelconque être vivant, elle se redresse lentement, l’affrontant de son menton qui s’élève à peine, la mine patibulaire malgré elle. Elle n’y peut rien s’il ne semble pas aussi banal que tous les clients passant la porte menant à son comptoir. Il est vêtu sobrement, il ne dit encore rien alors qu’elle l’examine brièvement. Le silence s’étire comme un élastique prêt à craquer et au moment où ses lèvres s’entrouvrent pour le sommer de parler, il se décide à lâcher l’élastique qui se craquelle dans l’air. Voix calme et douce, profonde, masculine à n’en pas douter. Sa réponse sibylline fait tout pour l’agacer, sa langue rampant près d’une joue, prête à l’injurier pour oser lui faire perdre son temps. La nuit est rude et froide et les minutes qui coulent laissent entrer sous sa chemise l’air sifflant d’un vent discret. « Ca veut dire quoi "Pt'être" ? » grince-t-elle, se demandant s’il n’est pas juste là pour tuer l’ennui, pensant l’effrayer par son jeu dans l’obscurité de suie. La lune éclaire à peine leurs visages et les néons donnent à leurs teints un aspect maladif et blême, ne rendant sûrement pas hommage à la trogne charmeuse qui lui fait face. Haussant un sourcil, elle voudrait le presser, se détourner dans un soupir et repartir à son ennui qui était mieux sans inconnu recraché par la route qui s’aligne en ruban crevassé en face du motel branlant.

Se refusent à lui tourner le dos car elle ignore encore ce qu’il est et ce qu’il veut, elle insiste « Vous vous êtes perdu ou quoi ? » Elle l’espère presque, se refusant à croire à une quelconque menace. Sans arme, elle se sait peut-être puissante mais pas invincible. Un malaise s’empare lentement d’elle avant qu’il ne se distille bien davantage sous la peau quand il reprend, cette fois, dans un langage qu’elle ne connait que trop bien. Ainsi, peu à peu, son masque fond pour laisser un choc terrible creuser sa trace sur son visage d’habitude plus boudeur et blasé. L’effroi saisit ses membres et cette fois la glace épousant la brise n’y est pour rien. Voilà bien longtemps qu’elle n’a plus entendu cette langue, autrement que dans la bouche de Nadja et Nejma ou dans celles des aïeuls trainant à une table d’un bar. Rien ni personne ne peut se douter de qui elle est. Souvent les gens la confondent avec tant d’origines et de pays différents qu’elle s’amuse à les troubler. Elle n’y voit là qu’un avantage, son physique servant de voile d’illusion à une histoire bien sombre où le sang tacha le sable chaud, où les cris trempèrent la nuit et le feu baisa la chair. Le fixant sans ciller, elle les sent venir, Bête et Rage, s’épousant comme deux amantes faites pour s’aimer et s’affrontant passionnément sous la peau jusqu’à trouver le creux de sa gorge.

Elle savait.
Elle savait, qu’un jour ou l’autre,
Ils la trouveraient.
Elle savait, que d’un moment à l’autre,
La paix précaire se verrait brisée.


L’effroi laisse place à la peur pure et simple, sifflant son givre dans les veines déjà glacées de celle qui fut maudite des années auparavant, léchée par le feu de la haine d’une chaman s’étant toujours dit son alliée et parfois, le pensa-t-elle, son amie. Les lèvres frémissent aussi sûrement que si des crocs allaient ouvrir la chair de la gencive pour laisser filer son venin. La Bête veut hurler à la gueule de l’intrus qui ne parait plus aussi idiot et maladroit qu’il y a à peine quelques secondes. Rage. Haine. Injustice. Le ventre se creuse et sans le percevoir, elle s’est mise à trembler. C’est brutalement qu’elle quitte son immobilité, fonçant comme un obus contre le corps qu’elle harnache d’une main à son col pour le repousser sèchement contre le plâtre qui s’effrite tout près de la porte qu’elle s’apprêtait à ouvrir. Son avant bras se plaque violemment contre la pomme d’Adam, pressant et pressant encore dans l’espoir de l’étouffer. « T’es qui, enculé ? » Entre ses dents, l’insulte est crachée comme la pire des semonces, le vert de ses iris croisant le bleuté qui semble mort depuis des siècles, comme si la vie avait décidé de tomber aussi sûrement que des feuilles mortes lorsque l’automne surplombe Shreveport, gisant au fond de la rétine sans plus bouger. Il n’a de vivant que l’apparence et d’ici se sent la froideur du corps contre lequel elle se plaque, sans séduction, cernée par l’envie de donner la mort. D’exécuter à tout prix. « Qui t’envoie ? Réponds ! » Elle se fiche bien de l’invectiver, de laisser résonner sa voix enragée dans le souffre qui les englobe, à peine perturbé par la lueur des lampadaires piqués çà et là, quand ils ne grésillent pas tout simplement, peinant à vivre, les ampoules ne réclamant que de fermer leurs paupières. Il lui semble être prise au piège, sa tête agitée de soubresauts sous la pression qu’elle met contre la gorge offerte qu’elle aspire à déchirer, renvoyant le cadavre à Favashi par n’importe quel moyen. « Personne ne sait qui je suis. Personne… Où as-tu appris cette langue ? Comment tu m’connais ? » Un instant, l’idée stupide et fugace la traverse que ça ne puisse être qu’une coïncidence. Un hasard un peu trop gros à ses yeux. Elle prend le risque de laisser planer le doute, rongeant les centimètres séparant leur visage, la lèvre supérieur légèrement arquée en une grimace de dégoût « J’hésiterai pas à t’buter si tu réponds pas autre chose qu’une connerie. Alors réfléchis bien, connard. » Plus jamais elle n’hésitera, elle se l’est promis. S’il lui faut tremper de nouveau ses mains dans le sang d’autrui pour protéger les siens, elle le fera. S’il lui faut devenir ce qu’elle méprise pour se protéger de la chasse dont elle est la victime, elle le fera. Il lui devient impossible de réfréner sa rage, sentant presque remonter à la lisière de ses cils des larmes d’une haine imprononçable, palpable dans son souffle erratique, dans ces quelques secondes la séparant de la vérité, pendue aux lèvres de cet homme qu’elle aurait préféré n’être qu’un égaré cherchant sa route, repartant aussi sûrement qu’il était venu alors, ravalé par les voiles de la nuit pour y disparaître définitivement.

Elle savait.
Elle savait qu'un jour ou l'autre
Il suffirait d'une étincelle pour qu'elle se sente menacée
Qu'elle plongerait dans le mauvais piège
Qu'elle apparaitrait alors comme la suspecte idéale à un crime qu'elle n'a jamais commis.


(c) corvidae
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Dim 20 Mar - 18:36 (#)



Blue Moon

« II diavolo aiuta i suoi, ma non li salva. »

C’est qu’elle serait prête à le planter sans sommation cette petite ! Son agressivité semble être décuplée vu qu’il a tenté de faire son malin. Un rapide coup d’œil de bas en haut pour jauger son adversaire, et Nicola décide de rester neutre. Être poignardé serait plus embêtant que tragique. Certes, l’expérience, même s’il ne peut pas en mourir, n’est pas plus tolérable, mais il est prêt à subir ce désagrément si cela lui permet d’obtenir des informations. Et de toute manière, légalement, il ne pourrait pas répliquer : les autorités ont très clairement statufié qu’il n’y avait que des actions face à de l’argent ou du feu qui pouvaient entrer dans la ligne de légitime défense pour un vampire. Pas d’œil pour œil, donc.

La belle retrousse ses lèvres, laissant apparaître ses dents blanches, tremblante de colère. C’est étonnant, cette animosité à son égard alors qu’il lui a répondu dans sa langue. Certes, certains le trouvent antipathique d’emblée, mais en général, il suscite un intérêt teinté d’inquiétude, pas ce genre de réaction épidermique. A croire que c’est lui le tueur ! Ou qu’elle n’a pas la conscience tranquille.

Il faut apaiser la situation. Doucement, il lève ses mains en l’air, les paumes tournées vers elle, les doigts bien écartés. Sa voix est calme, il s’exprime dans son anglais approximatif teinté de plusieurs accents. Puisque l’arabe semble être la cause de ce débordement, autant l’éviter pour l’instant. C’est dommage, car il considère cette langue comme sa deuxième. Et autre point agaçant, c’est qu’elle lui ait spécifiquement déconseillé de dire une connerie. Nicola doit se faire violence pour ne pas pousser le bouchon trop loin.

- « C’est… beaucoup de questions. Je parle arabe parce que j’ai grandi en Orient. En vous voyant, j’ai pensé que vous le parliez aussi. Et j’ai raison. »

L’anglais n’est pas fluide, il n’a pas besoin d’expliquer davantage pourquoi il a préféré l’aborder en utilisant une autre langue. La grammaire est mauvaise, la prononciation plutôt mauvaise, mais il tient bon. Cela ne peut que prouver sa bonne foi.

- « Je ne vous connais pas. Je demande si vous travaillez ici. - il peut le faire. Il peut résister. Il ne prononcera pas ce qui lui brûle les lèvres, il est plus fort que ça. - D’ailleurs, j’espère que vous ne menacez pas tous les clients. C’est mauvais pour le commerce. »

Non, il est faible. Sa provocation gratuite pourrait être la phrase nécessaire pour faire sortir de ses gonds la jeune femme sur les nerfs. Si elle le poignarde, qu’elle vise le ventre, ce ne sera pas trop handicapant.

Lentement, il baisse les bras et fourre ses mains dans les poches de son blouson fétiche. Il est temps de passer aux choses sérieuses, puisque apparemment, il n’est pas du tout crédible dans le rôle de « client ». Il hausse les épaules, désinvolte, puis prend le contrôle de la conversation en retournant à l’arabe.

- « Y’a eu un meurtre, par ici. On a retrouvé un corps. Je ne suis pas de la police, je suis dans le privé. On m’a engagé pour trouver une réponse plus rapidement qu’eux. Au votre réaction, je pense que vous voyez très bien de quoi je parle ? Et que cette découverte ne vous a pas laissée de marbre ? »

Elle a quoi, la vingtaine ? On dirait une femme aux abois. Avait-elle un lien avec la victime, a-t-il des soupçons particuliers sur quelqu’un, craint-elle de subir le même sort que l’autre femme ? Tout est possible. Et maintenant, ça va être difficile de la rassurer : Nicola sait que malgré son physique passe-partout, il dégage une aura particulière qui angoisse ses interlocuteurs les plus sensibles.

- « Vous êtes une CESS ? - se hasarde-t-il, cherchant de quoi lier une sorte de connivence entre eux. - Ne craignez rien. Je ne suis pas spéciste. Je n’ai pas besoin d’un coupable pour toucher ma prime, je veux juste trouver la vérité. Vous pouvez m’y aider ? »

Lentement, il fait deux pas vers elle. Ses yeux cherchent les siens, et il lui offre un sourire encourageant.

- « Ou moi, je peux vous aider. Pourquoi pensez-vous qu’on m’envoie après vous ? »

Il adore les enquêtes. Telles de pelotes de laine, c’est en commençant à dérouler un fil qu’il tombe sur plusieurs nœuds à défaire pour finalement arriver au bout. D’une curiosité sans fin, Nicola est enchanté par ceci. Une boite dans une autre boite, qui en contient une autre encore plus petite…


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Dim 10 Avr - 20:41 (#)


Blue Moon

Vilipendant l’inconnu, elle ne se rend pas compte de qui elle a face à elle. Qu’il se pourrait que les ombres la toisant ne soient pas qu’humaine, ne sentant rien en lui qui puisse lui faire flairer qu’il n’est déjà plus de ce monde. Tous les immortels n’ont pas l’allure de la Mort ou de la Grande Faucheuse et tant d’entre eux se glissent dans la brume de la banalité pour n’être reconnu de personne. La peau froide, elle, par contre, elle en sent la température de givre contre la sienne, laissant courir un frisson sur sa peau tandis qu’il réplique, laissant entrer un elle un trouble plus grand, ses yeux suspicieux se plissant au fil de ses palabres tentant de la convaincre d’un elle ne sait quoi qui pourrait pourtant refaire naître l’accalmie en elle. C’est plus fort qu’elle. Plus fort que tout. Cette angoisse permanente d’être prise dans les filets de cette secte dont elle a tant peiné à s’extirper, que Favashi ait pu faire se disperser quelques spectres errants dans la ville pour guetter sa silhouette, refermant ses serres sur elle sans qu’elle ne puisse rien y faire. Un homme comme lui elle aurait pu en engager un, le parer d’un masque qui ne la ferait pas ciller. L’ignare semble pourtant ne pas savoir que les quelques mots arabes peuvent suffire à la faire disjoncter, la ramenant en Égypte, là où les déserts sont légions, là où elle courrait dans les ruelles sableuses, là où elle ne fut heureuse qu’un temps avant qu’on ne lui interdise toute liberté. Jamais. Jamais elle ne pourrait laisser quiconque lui reprendre ce qu’elle a de plus cher.

Sa réponse la trouble et elle observe plus attentivement les aspérités de son visage, n’y trouvant rien d’oriental mais les caucasiens ne sont pas si rares par chez elle, se fondant dans la masse au fil du temps, peinant pourtant à se faire une place parmi les aïeuls sans être pris pour des étrangers catalogués comme des ennemis, comme des envahisseurs. Sa mère n’en supportait pas la couleur de peau, ni leur langue arrachant la leur. Seulement, lui, a su parler d’un arabe parfait et peu bancal qui lui laisse deviner qu’il a même pu exhaler son premier cri en Orient. Un rire sec s’extirpe de sa gorge, ses doigts toujours crispés sur le tissus, son bras en travers d’une gorge qu’elle aurait pu briser s’il n’était pas aussi féroce de l’intérieur, frénésie d’un sang d’immortel le protégeant de la carrure d’une maudite dont les gestes peuvent briser si facilement les os d’autrui. « Je réagis comme ça avec les gros cons qui pensent que ma tronche leur donne le droit de me parler dans ma langue natale. » L’accent d’ailleurs perce les paroles anglaises et elle comprend alors qu’il a pu deviner sans peine qu’elle n’était pas tout à fait d’ici, ni vraiment de là-bas. Après tout, la voilà sans terre sainte sur laquelle prier, sans terre mère, sans plus aucune source à laquelle s’accrocher. Shreveport n’est pas encore sa ville et elle se souvient trop bien des mots d’Eoghan Underwood lui faisant comprendre, qu’à présent, c’est elle l’envahisseur. Que c’est elle qui n’est pas réellement la bienvenue sur la terre de béton et de boue d’une Louisiane où les touristes viennent tout délabrer de leurs inepties incessantes, de leur irrespect flagrant. Elle aurait aimé lui dire qu’elle n’est qu’une femme sans peuple désormais, qu’il lui est bien difficile de ne pas s’effondrer en se souvenant qu’alors l’Egypte n’est plus vraiment sa maison, qu’elle est une sans-abri de cœur et d’esprit et qu’il lui parfois bien difficile de vivre avec ce poids-là. Mais aurait-il compris ? Aurait-il seulement voulu comprendre ? Elle l’ignore.

Ses yeux scrutent toujours son visage tandis qu’il poursuit et elle se fige à la mention du meurtre. Ses doigts cessent peu à peu de malmener sa chemise pour le relâcher, reculant d’un pas, toujours méfiante cependant, guettant le moindre geste suspect, prête à lui envoyer ses doigts repliés en pleine face s’il le faut. Les paupières balbutient alors qu’elle hoche la tête « J’suis celle qui a découvert le corps d’cette fille. Alors ouais, j’vois de quoi vous parlez. » Et la question qui survient manquerait de lui filer la nausée, entourant sa gorge d’une pression belliqueuse, la laissant sans mots pendant quelques secondes. Peut-être des secondes trop longues avant qu’elle n’hausse un sourcil, aussi nonchalante qu’il ne l’est, cachant derrière un masque d’argile à l’arrogance sournoise toute sa terreur d’être découverte. « J’ai la gueule d’une arabe en plus d’avoir la gueule d’une CESS donc ? Vous êtes détective privé ou recruteur de mannequins CESS ? » Un rire aride lui échappe à nouveau, moquant cette désinvolture qu’il affiche avant de tendre une main vers lui, paume vers le ciel noirâtre. « J’peux savoir qui vous envoie et voir votre carte… détective ? » Le mot est soufflé d’un ton presque moqueur, esquissant à peine un sourire avant qu’elle ne reprenne d’une voix plus posée « Si on vous envoie c’est qu’on a besoin de découvrir ce qui est arrivé à cette fille. C’est pas le premier meurtre qu’il y a par ici, Monsieur. » D’un seul coup, elle se remet en mouvement, ouvrant la porte menant vers l’accueil du motel où elle tenait son corps bardé d’ennui quelques temps plus tôt. « V’nez. On sera mieux à l’intérieur. » Marchant de son pas chaloupé, elle piétine le sol de ses bottes avant de lui jeter un regard par-dessus son épaule « J’vous offre à boire ? » Ouvrant la porte d’une salle de repos, elle l’invite à entrer d’un coup de tête acéré vers l’intérieur, directive sans le vouloir mais démontrant qu’elle ne lui laissera pas gagner la partie si facilement. Elle ne délaisse jamais les rênes de son existence à quiconque. « Désolée. Pour… ma réaction. J’ai pas entendu cette langue d’puis un bail d'la part d'un étranger. Et pour des raisons personnelles, j’préfère ne plus l’entendre. » Son regard s’accroche au sien comme pour être certaine qu’il comprenne avant de tirer deux chaises sous la lueur blafarde de quelques néons, s’asseyant face à lui, croisant les bras sous sa poitrine en une posture défensive qu’elle ne peut s’empêcher d’avoir face à lui. « Donc ? Qu’est-ce que vous savez ? Si vous avez des questions pour moi, c’est le moment. Bien que j’peux déjà vous assurer que c’est pas un humain qui a fait ça. Le terme monstre serait mieux que celui de CESS. » craché en venin ruisselant hors de ses lèvres, le serpent en elle persifflant autant qu’elle à la mention de ceux qu’elle aurait pu chasser si elle n’était pas elle-même une âme maudite.  


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Dim 21 Aoû - 23:35 (#)



Blue Moon

« II diavolo aiuta i suoi, ma non li salva. »

Eh bien, la définition faite femme du charme et de la douceur… pense Nicola alors qu’elle l’empoigne par le col de sa chemise et serre assez fort pour heurter sa pomme d’Adam. Un humain aurait été étouffé par cette poigne. Le vampire hausse un sourcil face à cette démonstration de force. En voilà une qui ne manque pas les séances à la salle…

Elle finit par le libérer, toujours sur la défensive, prête à lui sauter à la gorge. Il pourrait aller plus loin dans la provocation, demander ce qu’il y a de mal à être un CESS, demander pourquoi sa gueule ne lui revient pas, ou tout simplement claquer des doigts et user du charisme d’un vieux canaïte arpentant ce monde depuis une aube lointaine, cependant… eh bien, ce serait un peu tricher. Et, on l’a dit, Nicola aime démêler les pelotes de laine par ses propres moyens intellectuels.

Quoi que cette résolution est difficile à tenir lorsqu’elle se moque de sa profession. Si je cherchais une mannequin CESS, ce qui est raciste par ailleurs, j’en chercherai une qui sait sourire… répond-t-il en pensée, luttant contre les mots qui lui brûlent les lèvres. Pas la peine d’ajouter de l’huile sur le feu, on a dit. Il ne reste qu’à lui prouver qu’il est bon en tant que détective.

Il lisse sa veste par dessus sa chemise et tire d’une de ses poches intérieures la carte de visite demandée de manière si aimable. Il ne lui demande pas la sienne. Elle n’a pas un joli rire : le son qui sort de sa jolie bouche est terriblement grinçant. Comme si elle avait oublié ce que c’était, de vraiment rire, de se sentir léger.

Sa carte est une sorte de sésame, puisqu’elle lui donne désormais du monsieur et l’invite implicitement à la suivre à l’intérieur du motel. Parfait, c’est idéal pour un vampire. C’est toujours quitte ou double pour rentrer dans un hôtel. Voilà la première partie du jeu rondement menée, se félicite-t-il en lui emboîtant le pas. La demoiselle a le pas lourd, remarque-t-il. Elle donne l’impression de vouloir écraser le sol, comme s’il l’avait personnellement insultée. Il n’est même pas si sale que ça, ce sol… Ouch, allez dire ça rapidement. Il lui offre un sourire lorsqu’elle se retourne vers lui soudainement, faisant mine de ne pas être en train d’observer le moindre recoin de l’hôtel. Et il gagne à boire.

Pas sûr qu’elle ait dans son frigo ce qui l’intéresse.

Après avoir refusé poliment son offre, prenant comme prétexte son professionnalisme, il entre dans la salle de repos d’un pas léger.

- « C’est rien. - la rassure-t-il en chassant l’excuse du revers de la main. Il continue en arabe. Balbutier en anglais ruinerait la crédibilité qu’il vient de durement gagner. Et c’est un chieur dans l’âme. - Je parle mal anglais. Ma langue natale, c’est l’italien, mais j’ai grandi à Constantinople. Hum. Istanbul. Je pense qu’il est plus simple pour nous deux de garder cette langue, vous ne tenez pas à entendre mon terrible accent. »

Il se fend d’un sourire alors qu’elle le fixe à nouveau sans ciller. C’est un peu inquiétant, cette manière de le regarder, il espère pour ses clients qu’elle n’inflige pas cela à tout le monde. Enfin, du coup, ils doivent veiller à ne pas perdre leurs clés et ne redescendent pas se plaindre. En tant que réceptionniste, elle est terrifiante.

Une chaise est tirée et poussée vers lui. Il s’installe avec flegme et croise les jambes, tout l’inverse de son interlocutrice qui garde sa posture fermée. A croire que c’est lui qui doit subir un interrogatoire, avec la lumière des néons et la tête patibulaire de la geôliè- de la réceptionniste.

- « Pas grand-chose, pour être honnête. Une femme est morte de la suite de ses blessures, hémorragie. L’apparence de ses blessures portent à croire qu’elles sont dues à un animal, ce qui a été confirmé par le légiste. Et je pense également qu’il s’agit d’un CESS. - il ne réagit pas à l’ajout venimeux du mot « monstre », mais le garde en tête. Elle a l’air sacrément remontée, la demoiselle. - Je voudrais en savoir plus sur la victime. L’avez-vous souvent aperçue ? Avez-vous parlé, même rapidement ? Est-ce qu’elle venait ici avec un homme, ou plusieurs ? »

Il se penche vers elle, les mains devant lui. Elle a l’air d’un animal traqué. Sa nervosité est palpable. Est-ce en rapport avec l’affaire, ou est-ce simplement sa présence qui la dérange ? Sa nature de vampire peut provoquer ce genre de réaction chez les individus les plus sensibles.

- « Pour être franc avec vous, je penche pour un garou comme coupable. C’est différent du modus operandi des vampires ou des humains. Bien sûr, certains vampires ont des capacités particulières qui rendraient plausibles qu’ils laissent ce genre de blessures, mais la victime aurait été vidée de son sang. Donc, c’est un garou. Avez-vous entendu ou aperçu un animal proche du motel ? En général, les animaux fuient la présence humaine, et un motel est bien le dernier endroit qu’ils pourraient volontairement approcher, avec tous les va-et-viens. »

Il n’y a bien que les vampires qui cherchent activement ce genre d’endroits.


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