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It all belongs to the other side || Emily

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Anonymous
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Sam 14 Mai - 10:40 (#)

« Alors, ça marche comment ? »

Le soleil de printemps illumine la carrosserie du capot et envahit l’habitacle en le réchauffement doucement. Assis derrière le volant, je jette un œil inquiet à la silhouette du motel qui se détache au loin en une ombre rendue menaçante par les évènements terribles que je sais s’y être passés. Je balance mon mégot consumé par la fenêtre ouverte et il tombe doucement sur la terre battue composant le bas-côté de la route sur lequel nous sommes arrêtés. Cette partie de la ville si abandonnée et calme me donnerait presque l’impression d’être au milieu de nulle part. Quoi de plus adéquat pour une chasse aux fantômes ? Machinalement, je sors une nouvelle clope et l'allume. Ma consommation de nicotine est devenue critique depuis que le vampire inquiétant s’est pointé chez moi avec cette demande dont je me serais bien passé. Je n’ai rien trouvé de notable sur cette histoire de massacre et de guerre vampirique ni dans la presse ni même dans le motel. Je ne sais pas vraiment à quoi s’attendait mon employeur vampirique, mais je ne suis pas la putain de police scientifique. A défaut, j’ai dû trouver une solution plus inhabituelle aux résultats incertains. Mon regard se pose sur le profil d’Emily assise sur le siège passager. Je suis passé la récupérer plus tôt dans l’après-midi pour cette entreprise qui est sans doute bien plus habituelle pour elle que pour moi. Est-ce que je la mets en danger en la mêlant à tout ça ? Elle avait l’air partante quand je lui expliqué toute l’histoire au bar l’autre soir, en passant sous silence tout juste les détails gênants comme les noms et les dates précises. Soudain je suis pris d’un doute terrible et insidieux. Et si on ne trouve rien ? Ou même, si effectivement on trouve quelque chose, cela sera-t-il suffisant pour ne pas finir massacré par un vampire vindicatif et visiblement dévoré par une envie brutale et insatiable de vengeance ? Est-ce qu’il cherchera à savoir d’où viennent mes informations ? Probablement. Heureusement, je pense être un suffisamment bon menteur pour l’empêcher de trouver Ems. Balayant ces pensées trop sombres pour le temps clair de la journée, je reprends, cherchant toujours à comprendre le tenant de son pouvoir à la fois fascinant et inquiétant :

« Tu peux les voir ? Leur parler ? Les entendre ? » Est-ce que les esprits se contentent de flotter sans but ou pourront-ils répondre à des questions ? Jusque là je ne l’ai que très peu interrogé sur ses dons, je sais juste qu’ils sont bien présents et ne relèvent pas uniquement d’un mensonge destiné à divertir des touristes en mal de sensations fortes avec son petit business de maisons hantés. « Ils restent là où ils sont morts ou bien accrochés à leur cadavre ? » Ou au moins aux quelques particules dérisoires qui restent de leur corps probablement fragmentés par leurs agresseurs pour éviter qu’ils soient retrouvés. Un vieux reste de poudre d’os constitue-t-il réellement le corps de quelqu’un ? Comment une tache de sang blanchie à la javel jusqu’à en devenir si pâle qu’elle se fond avec le plancher peut être le dernier vestige d’une personne ayant un jour foulé cette terre, avec sa vie, ses rêves et ses espoirs ? D’un air léger et un peu moqueur dissimulant la putain d’angoisse qui m’enserre, j’ajoute : « Ou alors ils se promènent en profitant du soleil ? »

Un vrombissement parvenant de derrière nous fait vibrer l’air et grandit au rythme où une voiture s’approche. Le rugissement du moteur se fait intense alors que le véhicule nous dépasse en soulevant une odeur de bitume chaud et de pneu brulant, poursuivant ensuite son chemin solitaire dans cette partie désertée de la ville. Les habitants de ce coin sont peu nombreux et rarement sur les routes à cette heure de la journée. Au moins on ne risque pas d’être ennuyés par des curieux ou des autochtones peu ravis de voir des inconnus faire des choses étranges près de chez eux. Me rappelant subitement d’un point qu’il serait honteux d’appeler un détail, je lâche un :

« Ah au fait. » Je me penche pour atteindre la boite à gant, l’ouvre d’un geste et en tire une grosse enveloppe kraft que je balance négligemment sur les genoux d’Emily. « C’est pour toi. » Dans l’enveloppe quelques liasses de billets forment la joli somme de deux milles dollars, une petite partie de ce que mon employeur acariâtre m’a filé. Je n’ai jamais déposé les quinze mille dollars à la banque. C’est sans doute pas très légal, mais je vois mal comment je pourrais expliquer le montant de cette somme sans attirer des soupçons plus que légitimes. « Alors ? T’as besoin de quoi pour… » l’espace d’une seconde je cherche mes mots. Voir les morts ? Parler aux esprit ? A défaut d’une formule adéquate, je reste dans le simple et basique : « …faire ton truc ? »

Si elle pouvait voir des morts et capter des choses sans qu’on ait besoin d’aller dans le motel même, ce serait quand même bien plus pratique. Je n’aime pas vraiment l’idée d’aller foutre les pieds sur le territoire de vampires visiblement pas gênés à l’idée de massacrer des gens, quand bien même le soleil brille ardemment.
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Anonymous
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Sam 14 Mai - 12:47 (#)

IT ALL BELONGS TO THE OTHER SIDE
Tyle & Emily

L’ordinaire avait parfois la capacité de masquer même les événements les plus chaotiques et c’était précisément la raison de la présence d’Emily face à ce motel à l’allure banale et presque accueillante. Ligotée sur le siège avant de la voiture de Tyler, elle observait, sourcils froncés, les abords du lieu qu’ils devaient examiner, suite à une demande faite au garou. Garou qui avait visiblement décidé d’enfumer l’habitacle déjà restreint de sa voiture, forçant la jeune femme à ouvrir la fenêtre pour ne pas suffoquer. Elle cédait à certains vices sans aucun regret, mais certainement pas celui-ci. La remarque lui démangeait les lèvres, mais elle restait trop occupée à examiner leur cible pour vraiment faire attention à autre chose. Parce que ce qu’elle avait sous les yeux alarmait tous ses sens et pas de la façon la plus agréable.
La demande de Tyler l’avait intriguée, elle ne pouvait le nier. Jouer les consultantes pour un détective privé, c’était un champ de possibilités complètement nouveau pour elle et l’idée avait fait son chemin la veille, alors qu’ils prenaient une bière et que ledit détective lui expliquait toute l’affaire. Ou du moins ce qu’il avait bien voulu laisser filtrer. Elle avait bien senti qu’il ne disait pas tout, mais puisqu’il avait précisé que c’était une affaire délicate, elle n’avait pas insisté comme elle aurait pu le faire d’ordinaire. Elle ne voulait pas mettre son nez là où il ne fallait pas, et certainement pas près de ceux qui avait lancé tout ce bordel. Car cela ressemblait fort à un sacré merdier et elle n’avait même pas besoin d’entrer dans le bâtiment pour s’en rendre compte. Peu d’endroits lui avaient laissé une telle impression et ça n’avait jamais pousser la médium à aller plus loin.

Elle jeta un œil à son collègue du jour qui ne cessait de poser questions sur questions et lui renvoya un rictus moqueur, amusée de le voir à la fois intrigué et tendu par la situation. Rares étaient les gens qui croyaient aux esprits et plus rares encore étaient ceux qui pouvaient croire qu’elle les voyait comme elle voyait n’importe qui. Elle avait provoqué plusieurs crises de foi par le passé et la réaction de Tyler l’amusait plus qu’autre chose.

- C’est ça, ils bronzent en attendant de partir pour le paradis des esprits. Faut se faire beau avant de quitter ce monde, tu vois ?

Le moteur vrombissant d’une Cadillac coupa court à sa moquerie et elle suivit la voiture des yeux alors que celle-ci les dépassait avec assez de décibels pour concurrencer un concert de hard rock. Et dire que les gens se plaignaient quand elle riait trop fort, quel foutage de gueule. Elle récupéra l’enveloppe que Tyler jeta négligemment sur son jean, regarda rapidement le contenu avant de ranger le tout dans son sac sans même compter. Elle faisait suffisamment confiance à Tyler pour na pas compter tel un rapace et, de toute façon, elle avait donné un prix au hasard sans même penser qu’il la paierait vraiment. Visiblement, son commanditaire lui avait filé assez d’oseille pour ce genre de dépenses et c’était probablement le plus intriguant. Elle se demanda brièvement si la mafia était dans le coup, avant de se souvenir que cela concernait surtout du surnaturel. Et en termes de bandes organisées surnaturelles et dangereuses, elle était certaine que le coin n’en manquait pas. Ce qui la ramena aux interrogations de Tyler et sa non connaissance de ses dons à elle. Elle avait percé le garou à jour lors de leur première rencontre, pour son plus désarroi à lui, mais elle n’avait jamais vraiment pris la peine d’expliquer quoi que ce soit à son sujet. Et c’était du sérieux.

- Je dois faire un rituel en me couvrant le visage, les bras et la poitrine de sang, préférablement humain et jeune, avant de pouvoir faire quelque chose. Pour leur parler, je prends une langue d’un animal, généralement un chien et je la colle sur la mienne pour…

Elle perdit son sérieux au milieu de sa phrase en voyant la tête qu’il tirait et lui tapota doucement l’épaule en retenant difficilement un fou rire.

- Relaaax, c’est rien de tout ça, je les vois, c’est tout. Je les ressens et les entends aussi, avec plus ou moins de précision selon ma concentration ou la puissance de l’esprit en lui-même. Ils sont immatériels, mais il y a une règle capitale à respecter quand on a à faire avec les esprits. Ne jamais leur accorder ton entière attention. Jamais. Imagine un gosse ultra chiant qui te colle aux basques et qui ne te lâche que si tu l’ignores suffisamment, si tu cèdes -ça je déconseille- ou s’il trouve un autre con à emmerder, bah un esprit c’est pareil. Sauf qu’un gamin peut pas te posséder, et que ça schlingue vachement plus.

Jusque-là, elle avait réussi à échapper à tout possession, même s’il y avait eu quelques moments critiques lors de son apprentissage et, sans son mentor pour la protéger, certaines rencontres auraient pu très mal tourner. Elle en savait assez sur la théorie concernant la possession, mais, dans la pratique, elle n’avait aucune idée de si elle serait capable de repousser un esprit assez puissant pour tenter une telle attaque. Et elle n’avait nullement envie d’essayer ça ici, dans ce motel qui avait tout l’air d’être un endroit charmant si on occultait l’espèce d’aura de mort qui semblait entourer les lieux. Rien de visible, même pour elle, mais juste un très, très mauvais feeling.

- La plupart des esprits restent liés à un lieu qui leur est cher après leur mort, ou carrément au lieu de leur mort. Certains sont plus… vindicatifs et se mettent à suivre leur meurtrier s’il y en a un, ne gardant que ressentiment et colère en eux. Et il y en a qui errent, sans but, au hasard. Et d’autres…

Elle reporta son regard vers le motel et ressentit à nouveau un frisson désagréable lui remonter le long de la colonne vertébrale. Quoi qu’il se soit passé au sein de ce motel, il y avait plus que quelques esprits errants ou attachés au sommier de leur doux lit de mort.

- D’autres feraient passer les vivants les plus sanguinaires pour des enfants de chœur. Et donc, avant qu’on y aille.

Fouillant dans son sac, elle en tira une amulette pendant au bout d’un cordon de cuir qu’elle tendit à Tyler. Le bijou semblait fait en bois et en os et des signes runiques étaient gravés dessus formant des symboles supplémentaires par leur disposition, entourant un pentagramme de protection. Ce truc lui avait coûté deux doigts, elle espérait qu'il était efficace.

- Met ça et cache le sous ton haut. On risque d’attirer l’attention en fouinant du côté des esprits et mieux vaut s’en protéger un minimum. Je ne sais pas ce qu’on peut trouver sur place, mais mieux vaut être paré à toute éventualité. Et un flingue c’est pas super efficace contre un truc qui passe à travers les murs et que tu vois pas. D’autres questions ?

Elle commença à remonter la fenêtre de son côté avant d’ouvrir la portière pour sortir pour finalement se raviser

- Ah ! Moi j’en ai une, j’allais oublier. On y va comme ça ou bien on doit y aller incognito ? Je ne sais pas combien de temps ça va prendre, mais j’imagine que fouiner au hasard dans les couloirs ça peut attirer l’attention, non ?
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Anonymous
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Dim 22 Mai - 9:49 (#)

Même les plaisanteries légères dessinant l’image de fantômes se prélassant au soleil ne parviennent pas tout à fait à dissiper toute l’odeur de merde qui se dégage de cette histoire. C’est à croire que quelques blagues ne sauraient étouffer le souvenir d’un massacre terrible. La voix de la médium remplie l’habitacle de ses explications sur le rituel comme la fumée de ma clope pour décrire un rituel chelou et un peu crado. Mon expression entre soupçons et dégout se transforme au fil de ses mots en un air blasé, comprenant tardivement qu’elle se moque allégrement de moi. Les vrais explications sonnent en comparaison bien plus banales et rassurantes. Ça a un côté à la fois déroutant et fascinant. Je n’imagine même pas ce que ça peut faire de voir sans cesse les esprits de gens morts sans jamais savoir s’ils pourraient être sanguinaires ou non. Clairement, je ne lui envie pas du tout son pouvoir, même s’il va se révéler très utile. Ses explications ne me permettent pas de déterminer si on pourra ou non obtenir des informations de la part des victimes de l’attaque. J’espère qu’on en tirera tout de même quelque chose. Avec curiosité, j’observe le gri-gri qu’elle tire de son sac puis le saisis lorsqu’elle me le tend. Suivant ses recommandations, je passe le cordon de l’amulette autour de mon cou et le planque sous mon tee-shirt. Je n’apprécie pas nécessairement les trucs magiques, j’ai toujours l’impression que ça finira par me péter à la gueule comme une bombe instable, mais j’ai confiance en l’expertise d’Emily. Sa précision sur l’inutilité des armes à feu me laisse supposer qu’elle a déjà vu quelqu’un essayer de tirer sur un fantôme, ce qui est tout de même très américain et un peu drôle. Déjà que je ne tire pas sur les vivants, je ne risque pas d’essayer sur les morts. En revanche, le fait qu’elle ait ressenti le besoin de me donner ce truc pour qu’on soit protégé amène d’autres questions. Avant que j’ai pu ouvrir la bouche pour demander plus de précisions, c’est elle qui m’interroge.

« Eh bien déjà, j’espérais que tu pourrais trouver des trucs sans rentrer dans le motel. » Mon regard dévie une seconde vers le bâtiment plus loin. Ça ne me semble pas fou de supposer que les belligérants du conflit qui est la cause de ma venue ici aient laissés dans le coin des gens pour surveiller. « Sinon, si tu penses qu’on peut se contenter d’être dedans sans devoir fouiner, alors on peut simplement prendre une chambre pour quelques heures. Autrement je connais un gars qui vit ici pour le moment. » Ce qui est clairement une idée de merde, nous pouvons tous en convenir. « Donc au pire on a excuse pour fureter un peu dans les couloirs. Et de toute façon à cette heure il ne doit pas y avoir grand monde dans le coin. »

Le parking s’étendant devant le motel est effectivement assez clairsemé. A cette heure de la journée il ne risque pas d’y avoir de voyageurs voulant juste passer la nuit et ceux qui vivent ici pour des raisons peu enviables doivent dormir ou bien travailler. Plus important encore, le soleil qui réchauffe doucement la ville nous garantie sans mal qu’aucun vampire ne viendra nous emmerder. Je fais tomber par la vitre ouverte la cendre qui s’accumule sur ma clope, puis reviens une seconde à cette histoire de fantômes et de protection magique.

« Dis, tu penses que ça pourrait tourner mal ? » Est-ce qu’en plus de l’associer à une histoire de vampires je suis en train de la jeter en pâture à des fantômes rancuniers ? « Et en cas de problème, on peut faire quoi au juste ? » Quitte à aller se frotter à des fantômes potentiellement enragés, je préfère savoir si on a d’autres options que la fuite pure et simple. Rapidement, je passe en revue les informations que j’ai, essayant de ne rien omettre qui pourrait la mettre en danger. « Et puis tu sais, ça va pas être des fantômes d’humains normaux. » Je marque une pause, cherchant à me rappeler les paroles de Salâh à ce sujet. « Dans le lot je crois qu’il y a des gars qui faisaient de la magie, des garous, ce genre de trucs. Ça change quelque chose ? »

Peut être que ça ne change rien, peut être que ça change absolument tout. Dans le doute, je préfère lui refiler un paquet d’informations inutiles plutôt que de négliger quelque chose qui pourrait se révéler très problématique pour la suite. La situation est déjà assez merdique comme ça, on va essayer de ne pas en rajouter une couche par simple mégarde.
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Anonymous
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Lun 23 Mai - 22:50 (#)

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Tyler & Emily

Cette histoire sentait le faisan à des kilomètres et la nervosité inhabituelle de Tyler aurait largement suffit à mettre la puce à l’oreille d’Emily si la seule vision du motel ne l’avait pas déjà renseignée sur le fond de tout cela. Cela l’intriguait, peut-être un peu trop. Détendre l’atmosphère lui avait semblé la meilleure démarche à prendre avec Tyler qui commençait se prendre pour une locomotive à nicotine à force de prendre bouffée sur bouffée en crachant son nuage nauséabond que même les deux fenêtres ouvertes n’arrivaient pas totalement à dissiper. Fronçant le nez en essayant de repousser la fumée qui stagnait un peu trop à son goût, elle jeta un autre coup d’œil au motel, sans que cela ne l’avance davantage. Ouais, ça sentait mauvais, un peu comme cette vieille baraque paumée qu’elle avait trouvé pendant son voyage, au beau milieu du Nevada. Le genre d’endroit qui crée des légendes locales et attire les curieux et les âmes en manque de sensations fortes tout en éloignant ceux qui sentaient réellement quelque chose. Elle avait fichu le camp sans demander son reste. Tout l’inverse d’aujourd’hui.

- Je peux déjà te dire que cet endroit respire la mort, mais ça, tu le savais déjà.

Le fait qu’il lui cache des choses sur toute cette histoire réduisait grandement les possibilités, ironiquement. Ce n’était pas une simple affaire banale dans laquelle il devait retrouver une bonne femme qu’un mari voulait retrouver alors qu’elle avait fichu le camp avec un type qui lui offrait ce que lui ne pouvait pas. Non, là ça sentait plutôt le genre d’histoire louches qu’on voyait d’ordinaire dans les films noirs et les séries du genre. Alors autant être prudents des deux côtés de la barrière. Les vivants se révélaient souvent plus dangereux que les morts. Au premier abord, en tout cas.

- Je pense qu’il vaudrait mieux prendre une chambre. Moins de soupçons, plus pratique. Et si on doit fouiner, il suffira de trouver une excuse, rien de bien compliqué. J’ai besoin d’être sur place.

Elle ne put s’empêcher de tourner la tête vers lui en sentant son ton plus inquiet qu’il ne l’était auparavant. Elle n’allait pas minimiser le danger pour le réconforter, pas alors que ça pouvait vraiment devenir délicat, mais elle tenta de relativiser la chose. Elle s’en était bien sortie jusque-là, non ?  

- Il y a autant de chance que ça tourne mal que ça se passe bien. Les esprits ne sont pas tous malveillants, mais il faut rester prudent. Les protections magiques que je possède et que je t'ai donné devraient suffire

Elle haussa les épaules, admettant par ce geste qu’agir contre les esprits revenaient, pour lui, à lutter contre le vent. Autant dire qu’il ne pouvait pas y faire grand-chose, même avec toute la meilleure volonté du monde. D’autres avaient les capacités de gérer les esprits, même si ce n’était pas son cas. Elle avait construit des défenses magiques qui la protégeaient des agressions, mais cela ne voulait pas dire qu’elle pouvait les combattre. Les ignorer restait sa meilleure arme et elle était devenue très douée pour ça. Et pour ignorer tout un tas d’autres trucs, aussi.

- Toi, rien. Tu n’es pas capable de les voir, donc problème réglé. Si jamais tu commences à apercevoir quelque chose, tu dois me le dire aussitôt. Si des esprits commencent à prendre forme, mieux vaut ne pas traîner dans les parages, ce n’est jamais bon signe. Si je te le dis, tu fous le camp, c’est tout. Et tu appelles un exorciste, je te donnerai un numéro.

Ce qu’elle chercha dans son téléphone aussitôt. Les exorcistes qualifiés étaient rares et elle n’avait pas encore eu l’occasion de travailler avec ceux du coin, mais elle avait glissé quelques demandes et billets çà et là pour avoir un nom ou deux, en cas de pépin. Elle se félicitait de n’avoir croisé aucune personne possédée ou de phénomènes puissants pour le moment. Peut-être que les exorcistes faisaient si bien leur boulot qu’il n’y en avait pas, tout simplement. Elle en doutait pourtant très fort, par habitude et une certaine mauvaise foi à leur sujet. Les rancunes avaient la vie dure. Une fois le numéro en question dicté à Tyler, elle se pencha sur sa dernière interrogation, essayant de se remémorer en détail certaines leçons spécifiques. Cela ne l’inquiéta pas vraiment, au final.

- Hmmm… D’une certaine manière oui, mais pas vraiment. Je ne suis pas une spécialiste des garous, mais je crois que vos esprits sont particuliers et ne poseront nullement un problème. Je n’ai jamais perçu un esprit de garou, si ça peut te rassurer. Ce n’est pas une science exacte, donc je ne peux pas être formelle, mais ça ne devrait pas poser problèmes que des esprits soient ceux d’anciens arcanistes. Enfin pas plus que des esprits d’humains ordinaires. Ce sont les sentiments négatifs, le désir de vengeance, la haine ou, à l’inverse, la volonté de protéger ou réparer quelque chose qui maintiennent les esprits dans ce monde, par leur appétence pour une magie. J’imagine que ceux présents ici seront plutôt peu accueillants vu comment ils ont fini…

Et elle n’avait pas hâte de voir à quel point ce qu’il s’était passé ici relevait d’un film d’horreur. Les esprits avaient d’ordinaire des formes assez simples, mais ceux ayant une ferme rancune et assez de puissance pouvaient prendre des formes qui pourrait faire vomir même le militaire le plus endurci et elle aimerait bien ne pas avoir à voir ça une fois de plus. C’était déjà assez compliqué de voir au hasard une victime de la route à moitié écrasée se balader sur le trottoir sans régurgiter tout le contenu de son estomac, si cela ressemblait à des steak façon bouchère, elle n’était pas certaines de tenir très longtemps. Au moins ils lui épargnaient l’odeur… Elle enviait parfois ceux comme Tyler qui ne pouvait pas les voir comme elle les voyait. Mais, dans le cas présent, celai soulevait un dernier problème.

- Habituellement je fais ça seule, donc je n’ai pas à communiquer. Dire qu’un esprit est dans la pièce ça reviendrait à lever une pancarte buffet à volonté à leur intention et déjà que je les attire naturellement…

Fouillant un instant dans son sac, elle en tira un paquet de chewing-gum qu’elle gardait toujours sur elle. C’était un moyen efficace de tourner le regard lorsqu’un esprit la fixait et cherchait à vérifier qu’elle le voyait bel et bien. Mettre Tyler au parfum de sa façon de gérer les esprits pouvait s’avérer salutaire pendant leur petite expédition dans la maison des horreurs. Elle montra le paquet à Tyler avant de le ranger dans son sac.

- Si je prends un chewing-gum, c’est qu’il y en a un. Si je fais éclater une bulle c’est qu’il nous a repéré. Suivant ce que c’est, ça peut être une bonne ou une mauvaise nouvelle, auquel cas je trouverai un moyen pour te le faire savoir. Alors joue le jeu, même si j’agis différemment d’un coup, okay ? Le mieux ça reste de les ignorer, mais parfois ils sont persuadés que je les vois et je dois trouver un stratagème pour leur faire croire qu’ils se trompent. Et certains sont têtus.

L’obligeant à avoir un masque aussi neutre que possible alors qu’ils la suivaient sans relâche pendant des heures pour certains. Plus jeune, elle avait eu énormément de mal à s’en défaire, mais, les années passant, elle maitrisait de mieux en mieux sa capacité à ignorer purement et simplement le moindre truc un tant soit peu fantomatique. Ce qui ne les empêchait pas d’essayer encore et encore, comme le ferait un type un peu trop éméché dans un bar à deux heures du matin.

Ses explications terminées, elle quitta finalement son siège pour s’étirer une fois sortie de la voiture. La journée était bien partie pour être magnifique et elle se retrouvait à jouer les radars à esprits dans un coin perdu de la ville avec un détective privé qui était un garou amateur de fromage. Cela ressemblait presque au début d’une blague. Elle jeta un œil à son compagnon d’aventure et fit un mouvement de la tête vers le motel. Plus vite ils commençaient, plus vite ils en auraient terminé, après tout.

- Je te laisse passer devant, demander une chambre et expliquer pourquoi on en veut une en pleine journée et juste pour quelques heures. Et si tu sors que t’es mon client venu passer du bon temps je te botte le cul jusqu’à Jupiter.

Elle lui offrit un sourire narquois, cherchant à détendre l’atmosphère avec une blague de mauvais goût qui le ferait san doute lever les yeux au ciel, mais c’était sa façon à elle d’alléger un peu la tension qui enflait peu à peu dans leurs épaules. Qui pouvait savoir ce qui se cachait réellement dans le motel ? Mieux valait ne pas y entrer avec trop d’appréhension.
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Ven 10 Juin - 9:40 (#)

Donc, pour résumer, on va volontairement s’enfermer avec des menaces invisibles pour moi sans que je puisse rien faire si jamais ça tourne mal. J’ai déjà connu bien mieux comme plan. J’ajoute dans mes contacts le numéro de l’exorciste qu’elle me donne tout en songeant que ma vie devient vraiment de plus en plus bizarre au fil du temps. C’est curieux de voir se côtoyer dans mon téléphone, l’un au-dessus de l’autre, le numéro d’un mécanicien malchanceux et celui d’un gars dont le boulot est de dégager des fantômes hargneux. Sans inquiétude, elle m’affirme que la nature même des morts ne devrait pas poser problème. Enfin une bonne nouvelle. En revanche les esprits qui trainent dans le coin doivent sans doute être remplis de rancune. C’est assez logique quand on meurt dans un massacre de masse, si on y pense. Je suis assez impressionné par ses idées ingénieuses pour communiquer sans attirer l’attention de qui que ce soit, vivant ou mort. J’acquiesce à ses stratagèmes puis nous sortons de la voiture que je verrouille derrière nous. Sa remarque m’arrache un sourire.

« Ça me ferait beaucoup rire de te voir essayer de me ‘botter le cul jusqu’à Jupiter’. » Sur la dernière expression j’imite un peu le même air narquois qu’elle. Cette simple boutade a rendu l’ambiance plus légère, comme un courant d’air frais qui viendrait balayer l’espace d’une seconde une puanteur étouffante de mort au-dessus d’un charnier. « Mais ça serait pas très logique de dire ça si on se retrouve à trainer dans les couloirs après. Et puis t’inquiète pas pour ça, vu ma gueule tout le monde pensera que j’ai effectivement besoin de repos. Et je pense qu’ils en ont globalement rien à foutre. »

Essayer d’expliquer le pourquoi de sa venue dans un motel équivaut presque à un aveu de mensonge et de sale coup en préparation. La plupart des gens adressent à peine un mot à l’accueil. On se dirige ensemble vers la bâtisse d’une banalité extrême et à l’air pourtant si menaçant. La gueule béante du motel nous avale sans remord. L’intérieur semble bien terne et anodin par rapport aux horreurs qui ont dû avoir lieu entre ces murs. Contrairement aux bâtiments miteux qui peuplent les bords des routes, celui-ci à un aspect plutôt correct et bien entretenu qui ravirait sans doute de vrais clients en quête d’un endroit potable pour dormir quelques heures. Instinctivement, j’ai pris le comportement d’un touriste lambda pas vraiment inquiet de se trouver ici. S’il s’agit vraiment d’un repère de vampires, il y a de fortes chances que le gars de l’accueil soit dans le coup, alors autant éviter d’attirer l’attention. Je jette un coup d’œil vers Emily dont le teint commence à tirer vers le verdâtre. J’essaie de ne pas penser à la cause macabre de ce changement de couleur et me dirige vers l’accueil. Le gars n’a pas vraiment l’air emballé d’être là. D’une banalité semblable au motel, il se fond parfaitement dans le décor et nous regarde d’un air blasé. Je dépose sur le comptoir quelques billets qui devraient couvrir les frais jusqu’au lendemain matin. Hors de questions qu’on passe la nuit ici, mais ça semblera moins louche que de vouloir rester juste quelques heures en journée. Je préfère perdre quelques dollars plutôt que d’attirer l’attention sur notre présence.

« Salut. Une chambre pour deux. »

L’homme nous jette un coup d’œil oscillant entre la curiosité, l’ennui et la fatigue puis attrape les billets pour les compter avec une lenteur terrible. Ça me laisse le temps de parcourir l’endroit du regard. Si je ne savais pas ce qui s’était passé ici, jamais je n’aurais pu le deviner. Emily a déjà commencé à macher son chewing-gum d’alerte. Ça commence fort. Malgré tout je conserve un air égal pour ne pas alerter le gars sur le fait qu’il se passe des choses inquiétantes dans le coin. Notre hôte finit par récupérer une clef avec un numéro accroché dessus et la pose sur le comptoir sans lâcher un mot. Peut être qu’ils n’ont pas l’habitude d’avoir des gens à cette heure là et que du coup ils ont mis le personnel le plus nul pour tenir la boutique. J’attrape la clef, le remercie et entraine Emily dans les couloirs en scrutant les numéros des portes et cherchant la nôtre. Nos pas résonnent dans le couloir vide. A chaque porte je me demande si des vampires se planquent derrière ou bien si quelqu’un est mort contre elle dans l’attaque qui est la cause de notre présence ici aujourd’hui. Rapidement, j’essaie de balayer ces idées sombres et images macabres de mon esprit et jette un œil à Emily toujours en train de mastiquer. Une nouvelle alerte au fantôme ou toujours celui de l’entrée ? On arrive enfin devant notre porte. Je la déverrouille et laisse passer Emily avant de refermer derrière nous. La chambre est correcte, pas minuscule, avec un lit double et une vieille télé accrochée au mur. Je pose la clef sur la table collée au mur et me tourne vers Emily.

« Alors… » Je me rappelle qu’on n’est pas censé parler des fantômes ici pour ne pas attirer leur attention. Ne sachant pas dans quelles mesures on doit éviter d’être direct en étant cerné par les morts, je fais un geste comme pour montrer la chambre. « Ça te va ? »

Je ne doute pas qu’elle saura trouver un moyen de communiquer. Et au pire, si c’est vraiment trop tendu de parler ici, on fera un débrief plus tard, quand on sera loin de ce lieu maudit.
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Mer 15 Juin - 16:14 (#)

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Tyler & Emily

Un air de déjà vu donnait à ce moment un léger sentiment de nostalgie à Emily qui accompagnait Tyler vers l’entrée du motel, un sourire un peu narquois sur le visage. Cela ressemblait à ces excursions que son mentor organisait, dans des lieux où la présence d’esprits étaient avérée, voire même documentée, pour les quelques rares cas où l’information ne venait pas directement de lui. Rien, en apparence, ne différenciait ce motel des autres et si elle n’avait pas cette vision, elle ne lui aurait pas accordé davantage d’attention qu’un simple coup d’œil dans l’éventualité où elle serait passée devant, pour une raison ou une autre. Mais elle avait les yeux grand ouvert et elle voyait clairement que quelque chose clochait avec cet endroit, tout comme tous les endroits qu’elle avait pu faire avec Heins, une fois qu’elle avait affûté sa vision et donné sens à tout ce qu’elle voyait. Elle qui évitait les esprits comme la peste lorsqu’elle était seule, la voilà prête à foncer dans un lieu qui semblait en être rempli juste parce que Tyler le lui avait demandé. Soit elle était cinglée, soit son air de raton abattu avait eu raison d’elle. Ça et les billets qui allaient servir à renouveler entièrement tout son matériel de portraitiste.

- Méfie-toi, c’est pas parce que j’ai l’air adorable et pleine de bienveillance altruiste que je peux pas te botter le cul.

Répondant au tac au tac sans sourciller, elle ne perdit son sourire que lorsqu’ils entrèrent dans le motel. Peu importe la fausse qui semblait finalement bien inutile selon Tyler, la vraie attendait gentiment dans le hall. Le souffle de la medium se bloqua dans sa gorge et elle se retint de justesse de tourner les talons, certaine que son geste serait suspect pour tout le monde, que ce soit le spectre ou le type à l’accueil, sans compter Tyler qui se demanderait quelle mouche l’avait piquée. Elle détourna le regard, se focalisant sur le visage apathique et sans expression de type qui remit les clés à Tyler, machant le chewing-gum qu’elle avait sorti et enfourné dans sa bouche sitôt le pied posé dans le hall. Ses yeux se fixèrent plutôt sur l’essence du type, reconnaissant sans mal celle d’un arcaniste, expliquant sans doute sa profonde et complète envie de mourir d’ennui à rester derrière un guichet toute la journée à voir passer de temps en temps des gens aussi bizarres qu’eux. Un bref instant, elle se demanda s’il ne jouait pas la comédie et scrutait leurs essences, mais rien dans son comportement ou son aura ne laissait penser qu’il puisse avoir une quelconque intention maligne alors…

Elle suivit Tyler qui fonça droit vers l’esprit qui était là, immobile et invisible pour tous sauf elle. L’homme – ou du moins ce qu’il en restait – était heureusement tourné vers le mur opposé. Elle imaginait qu’il fixait quelque chose, mais vu que sa tête était devenue une sorte de bouillie de chair et d’os à mi-chemin entre de la viande hachée et du compost pas encore uniforme. Tout le motel respirait la mort et, de l’intérieur, on avait l’impression que les murs, le sol et le plafond étaient souillés par les résidus laissée lors de la mort brutale d’elle ne savait combien d’individus, probablement pas plus humain qu’elle ou Tyler. Passant non loin du spectre qui émettait des bruits de succion immonde, comme s’il essayait de parler avec une bouche probablement disséminée dans l’agglomérat de chair qui avait été sa tête à sa mort, et elle remercia intérieurement le Ciel de ne pas avoir la possibilité de sentir les odeurs qu’ils avaient pu émaner. Elle ne savait même pas si une telle chose était possible, même avec la magie, et elle ne voulait pas du tout le savoir et encore moins l’expérimenter.

Le chemin dans les couloirs s’évanouit de son esprit à l’instant où Tyler ouvrit la porte de la chambre où ils allaient s’installer le temps de fouiner dans le coin. Elle n’observa pas vraiment la décoration, le lit ou les commodités, mais son regard fouilla plutôt à la recherche de la moindre présence, vivante ou non, sans trouver plus que l’aura d’un Tyler qui lui demandait avec calme si cela lui convenait, sans trop en dire. Elle apprécia le geste, mais leva une main avant de se précipiter vers la salle de bain attenante à la chambre, ouvrit le robinet et s’aspergea le visage en soufflant, relâchant ses épaules tendues par l’apparition qui lui avait donné envie de vomir plusieurs fois alors qu’elle avait pourtant l’estomac solide. Un serviette sur le visage, elle revint dans la chambre, se sentant un peu mieux et jeta un dernier coup d’œil tout autour avant de s’affaisser sur le lit.

- C’est bon, on est seuls… Putain de merde…

Elle releva le regard vers Tyler, lançant négligemment la serviette sur une chaise proche. Elle l’envia, sur le moment. Lui ne voyait pas ce genre de chose, ne sentait pas les vibrations qui émanaient des murs et emplissaient l’air d’une sorte d’ambiance sombre et annonçant clairement que quelque chose s’était passé ici. Et que ceux en ayant fais les frais avaient décidé de rester dans le coin avec des intentions qu’elle pouvait sans mal imaginer. Rien de bien réjouissant et elle se sentait chanceuse de ne pas encore avoir attiré l’attention de quelque chose. L’esprit qui errait dans le hall semblait fixer un endroit précis, peut-être le lieu exact de sa mort ou la direction menant à celui ou celle ayant décidé de le transformer en bolognaise.

- On va la jouer cartes sur table, okay ? Cette histoire pue encore plus que je ne le pensais. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé ici, mais je suis presque sûr que les responsables sont toujours dans le coin, vu ce qui traîne ici. Je serais pas étonnée de voir un esprit sacrément énervé débarquer et commencer à bourlinguer la moitié du mobilier, donc faut faire vite.

Elle tira un mouchoir de son sac et y fit disparaître le chewing-gum qu’elle avait gardé, puis sortit con carnet de dessin et commença à esquisser le truc qu’elle avait vu, autant par réflexe que pour expliquer à Tyler pourquoi elle avait failli vomir sur ses pompes à peine entrée dans l’hôtel.

- J’ai omis un détail, parce que je ne le pensais pas pertinent. Un esprit peut gagner en puissance en… consommant, si on peut dire, de l’énergie. Energie qui est difficile à expliquer sans y passer trois heures, mais disons que l’énergie dégagé par la mort brusque et violente de tout un groupe d’arcaniste, garous ou même simples humains peut être une très, très bonne source de puissance. Et avec ce que je sens ici, si un esprit parvient à s’approprier tout ce joli combustible, je préfère être loin d’ici, okay ? Les Eveillés attirent les esprits, par nature, parce qu’ils sont plus à même de les voir que les non-éveillés. Et ceux comme moi, et bien ils ont une espèce de panneau LED sur la tronche, visible à des kilomètres. Autant dire que je préfère ne pas traîner dans le coin si un poltergeist décide de commencer à jouer.

Elle leva à nouveau les yeux de son carnet pour fixer son regard dans celui de Tyler.

- Alors tu vas tout me dire, Tyler. C’est quoi ce bordel ? Qui t’as engagé et c’est quoi le but exactement ? Parce que crois-moi quand je te dis que ceux qui ont créé ces esprits n’ont probablement pas laissé assez de restes pour remplir un dé à coudre pour gnome manchot. Et j’ai vraiment pas envie de finir de la même façon que le truc que j’ai vu en arrivant.
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Lun 27 Juin - 8:36 (#)

D’un regard inquiet je la vois disparaitre dans l’embrasure de la porte de la salle de bain à vive allure, ses pas précipités claquant le parquet de la chambre en un rythme rapide. Le bruit d’une eau qui coule se met à résonner dans la pièce, masquant à peine les milles interrogations qui courent dans mon esprit de manière anarchique. Qu’a-t-elle vu au juste ? C’était donc si terrible ? Ce ne serait pas étonnant étant donné les évènements qui ont eu lieu ici. Emily finit par revenir dans la chambre à la décoration basique et vieillotte avant de s’effondrer sur le lit, comme si elle venait de courir un marathon en étant poursuivie par une meute de chiens enragés. A ses mots, un poids semble s’ôter de mes épaules, mais malgré tout la pression écrasante du lieu et de ce que je sais s’y être passé empêche mes muscles de complétement se décrisper. Toute légèreté et blague envolées, la voix d’Emily envahit la chambre en exigeant des réponses. Son ton laisse transparaitre son anxiété, sa peur, tout comme ses mots qui ne me rassurent absolument pas. Les bruits de grattement du crayon sur le papier se mêlent aux intonations pressantes et inquiétantes qui m’expliquent à quel point on pourrait être dans la merde. Est-ce que c’était une erreur de l’amener ici ? Toute cette histoire sonne comme une grande et vaste comédie macabre et horrifique qui n’a aucun autre but que de me rendre dingue. Ces questions se font plus nombreuses et insistantes. Après une ou deux secondes de silence pendant lesquelles je cherche comment lui répondre, je commence :

« C’est… possible, oui. » Me rendant compte que son volume de questions ne lui permettra probablement pas de savoir à laquelle je réponds, je précise : « Qu’il y ait encore les responsables dans le coin. » Je soupire et m’assois à côté d’elle, jetant un œil à l’esquisse qui prend forme sur son carnet. Je n’ai pas besoin de voir la fin de son croquis pour comprendre que ça devait vraiment pas être joli à voir. « Je te l’ai déjà dit, c’est un client qui veut des réponses. » Comment formuler les choses en lui donnant le maximum d’informations mais pas trop pour qu’elle n’apparaisse pas comme une cible pour l’autre taré vampirique ? « En gros, ses potes se sont fait genre… massacrer ici. Par des vampires. Qui sont sans doute encore dans le coin. Mais, eh, il fait jour, donc pour le moment ça passe… » Pitoyable tentative de réconfort. Je sais à quelle point cette histoire est boiteuse et cette situation précaire. Je m’en veux aussi de l’avoir mêlée à cette histoire, mais je n’avais absolument aucune autre option, tout le reste a lamentablement échoué. « Et ouai, t’as raison, il reste sans doute plus grand-chose des victimes. En tous cas j’ai rien trouvé. Enfin, j’ai pas le niveau et les moyens de la police judiciaire, mais quand même, réussir à planquer ou détruire autant de cadavres c’est… » Inquiétant ? Le mot semble bien faible. « Bref. C’est la merde. »

Mon regard dévie d’Emily le temps de réfléchir à la situation, se fixant sur un coin de la table. Est-ce qu’on pourrait partir dès maintenant ? La preuve ‘‘il y a plein de spectres partout, demandez à un sorcier’’ serait-elle suffisante pour satisfaire le vampire ? Aucune idée. Probablement pas. La seule certitude est que, si ce n’est pas le cas, les choses vont vraiment très mal se passer. Mon regard se tourne de nouveau vers Emily et je lui demande :

« Tu penses qu’on peut essayer d’obtenir plus de réponses ? »

Est-ce que c’est au moins possible ? Cette insistance nous précipiterait-elle dans un danger gras et épais dont on aurait un mal fou à s’extirper ? Dans tous les cas, je suis dans une situation pourrie : si je pars sans assez de réponses, je devrai me confronter à un vampire mécontent, si on reste pour essayer d’obtenir des preuves, on sera probablement en danger avec des putains de fantômes. Dans tous les cas je suis dans la merde, mais Emily peut encore s’en tirer. Accepterait-elle de prendre ce risque pour m’aider ? Je pensais lui avoir clairement expliquer la situation, mais vu la tronche qu’elle tire, ce n’est visiblement pas le cas. Je déteste toute cette foutue histoire.
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Sam 27 Aoû - 8:11 (#)

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Tyler & Emily

Cette histoire commença soudainement à l’emmerder, avec les intérêts. Non seulement les informations étaient limitées, mais en plus elle devait potentiellement faire face à une menace fantomatique des plus sérieuse sans aucun plan B ni aucun back-up. Elle appréciait Tyler, mais elle ne le voyait pas du tout tirer sur quoi que ce soit, et de toute façon tirer sur un esprit lui vaudrait surtout. Tout en l’écoutant lui expliquer que tout ça était lié à des vampires qui avaient décidé de s’étriper joyeusement, elle se mit à faire les cent pas en réfléchissant. Elle ne prenait pas à la légère la situation avec les vampires. Qu’il fasse jour n’y changeait rien, des humains pouvaient très bien être sous leurs ordres et les surveiller, prêts à intervenir. Ils avaient intérêt à ficher le camp avant la tombée de la nuit, très clairement, et au moindre signe d’agression d’esprits, cela tombait sous le sens. Mais en dehors e ça.

- Ouais, c’est la merde, comme tu dis.

Pourtant, tout n’était pas perdu. Aucun esprit n’avait décidé de jouer les troubles fête, les vampires dormaient à poings fermés, personne ne les connaissait ni ne savaient pourquoi ils étaient là et ils pouvaient sans problème aller et venir sans attirer l’attention pour le moment. Sans cesser de faire les cent pas, elle se mit à réfléchir. Est-ce que tout cela en valait la peine ? Elle pouvait très bien rendre l’argent à Tyler et lui dire qu’ils fichaient le camp tout de suite, ce serait la solution la plus sage à n’en pas douter. Alors lorsqu’il lui posa la question de s’il fallait continuer et essayer d’en savoir plus, elle le fixa tout en réfléchissant un peu plus longtemps, prenant finalement une décision.

- On peut essayer.

Pour plusieurs raisons, à vrai dire. Elle sentait que Tyler craignait quelque chose qui n’avait rien à voir avec la présence d’esprits ou de vampire dans les parages et une des possibilités étaient que son commanditaire soit dangereux ou l’ai menacé. Revenir bredouille serait probablement le pire scénario pour lui et si elle pouvait éviter cela, elle le ferait. Utiliser ses dons de cette manière était quelque peu inédit, mais cela n’en était que plus intéressant. Elle avait été formée pour ce genre de choses, alors c’était le moment de s’en servir réellement non ? La sécurité restait sa plus grande préoccupation, mais elle n’était pas seule, en cas de problème, elle n’aurait qu’à compter sur Tyler pour les sortir de là. C’était de plus en plus limpide dans son esprit.

- Il y a quelque chose à tenter. Il reste peut-être un esprit assez faible avec lequel je peux interagir sans trop de risques. Au pire il sera collant quelques temps, mais le seul vrai dangers ce sont ceux capable de possession ou d’interagir avec le monde physique, un esprit fable n’en sera pas capable. Si j’en trouve, je lui pose des questions, il répondra pour avoir de l’attention. Le truc…

Elle hésita une seconde, puis se lança. De toute façon c’était quitte ou double.

- Le truc c’est que cela risque d’en attirer d’autres et il faudra peut-être filer un peu vite, quitte à ce que les portes soit une option et pas le chemin évident. Tu penses être capable de nous sortir de là en vitesse s’il y a un pépin ?

Les risques étaient grands, elle en était consciente, mais qui ne tente rien n’a rien et elle n’était pas du genre à reculer à la première difficulté. Quelqu’un voulait des réponses, elle essaierait de les avoir. Restait à être capable de le faire sans que cela tourne au vinaigre. Tyler ne connaissait rien aux esprits ou aux risques qu’elle encourait en se montrant à ce point face à eux et en prouvant qu’elle pouvait les voir.

- Il est aussi possible que l’un d’eux passe mes défenses et me possède s’ils sont suffisamment nombreux ou puissants pour que tout ce que j’ai dressé ne suffise pas. Si ça arrive, n’hésite pas, tu m’assommes et tu nous sors de là, peu importe comment et tu nous emmènes le plus loin possible de là, si possible vers l’église d’Haughton ou Mooringsport et tu appelles l'exorciste dont je t'ai filé le numéro. Si t’es okay avec ça, on tente, le coup, sinon, on reprend la voiture et je te redonne l’argent.

Elle avait vraiment envie d’un verre, là tout de suite, mais il était important que son esprit reste clair et efficace face à ce qui pouvait arriver. La moindre faiblesse pouvait les mettre tous les deux en danger et elle n’allait pas risquer ça pour avoir le confort     plus totalement sentir son cœur battre la chamade dans sa poitrine.

- C’est ton affaire, Tyler, tu décides, mais faut que tu sois sûr de ne pas hésiter si besoin.

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Lun 5 Sep - 7:57 (#)

Dans le calme pesant de la chambre du motel, le verdict de la medium tombe.
On peut essayer.

Une certaine tension liée à la crainte que tout cela ne soit encore qu’une voie sans issue semble se délier. Il y a encore un peu d’espoir de trouver quelque chose qui pourrait contenter mon client si imprévisible et instable. Ça ne veut pas dire que ce sera simple ou sans danger, mais au moins il y a une piste à creuser encore un peu au milieu de toutes les voies sans issues que j’ai arpenté. Emily reprend pour m’expliquer la situation fantomesque. Avec clarté, elle explique son plan et les risques qu’ils comportent. Cette chambre si banale semblerait presque être devenue glaçante et menaçante avec toutes ces révélations. Je prends sa question très au sérieux. Je suis très capable de fuir avec une efficacité redoutable, mais pourrais-je le faire tout en l’emmenant avec moi, fuyant une menace qui me sera invisible et avec potentiellement des gens lambda sur ma route ? Je n’ai jamais rien tenté de tel auparavant. Mais il n’y a qu’une seule réponse possible :

« Oui. »

Si je lui demande de se mettre ainsi en danger, le moins que je puisse faire c’est de la tirer du sale merdier dans lequel je l’ai foutu. Et cela quel que soit le prix. Il faudra que je m’attarde un instant devant le plan d’évacuation placardé dans le couloir pour les issues en cas d’incendie. Toute information est bonne à prendre avant de venir à en éclater les fenêtres et risquer de se taillader en fuyant ou de tenter de péter des murs aléatoires. A l’évocation d’une possible possession de la rousse, mes paupières cillent l’espace d’une demie seconde, comme pour intégrer cette info et tenter de chasser les images tout droit sorties de films d’horreurs se mêlant à la réalité qui me dépeignent une Emily aux traits tordus par le Mal après avoir perdu le contrôle même de son esprit. Oblitérant cette image indésirable, je me concentre en mémorisant la procédure en cas de possession : neutraliser Emily, église, exorciste. A partir de quel moment exactement ma vie a commencé à ressembler à un film d’horreur ? Je réfléchis une seconde ou deux après qu’elle ait conclu, pesant les pours et les contres. Les risques et les bénéfices. Des risques démesurés, des bénéfices incertains. La putain de logique voudrait qu’on se taille d’ici en vitesse pour ne plus jamais y refoutre les pieds, oubliant cet endroit et tout ce qui hante ces murs. Mais ça voudrait dire ne plus avoir aucune piste pour trouver des informations qui pourraient potentiellement éviter qu’un vampire mécontent m’éclate la gueule. Je regarde un instant Emily. C’est extrêmement égoïste de la mettre dans une telle situation pour peut être m’éviter des problèmes. Tout l’argent du monde ne changera rien à cet état de fait. Je soupire face à cette situation inextricable, puis prends finalement une décision qui ne contribue pas à faire de moi une bonne personne.

« ok, on tente le coup. » Et je défoncerai ce motel brique par brique s’il le faut pour la sortir de là en cas de problème. Je me remets debout, faisant grincer un ressort du matelas visiblement un peu ancien et enchaine : « Tout ça c’est ton domaine. Dis-moi par où tu veux commencer, où aller. Dis-moi tout ce dont tu auras besoin au moment où tu en auras besoin. » Même des trucs bizarres, même des trucs que je ne comprendrai pas, j’ai confiance en son jugement et en son expertise. Je ne peux pas douter d’elle, à aucun moment. Sauf si… J’écarte les mains en un geste interrogatif et demande : « Et comment je suis censé savoir que tu es possédée ? Ce sera vraiment évident, genre ta gueule va complétement changer et tu te mettras à vomir partout, ou alors ce sera juste une modification de ton comportement ? » Peut-être est-ce là une question débile d’un naïf qui n’y connait rien, mais je ne veux rien laisser au hasard. Je ne peux pas partir du principe que le changement sera évident et risquer de passer à côté de quelque chose d’important. « Et quand t’es prête, on y va. »

J’espère ne pas faire une énorme erreur qu’elle paiera très cher. C’est peut-être le moment d’appeler son pote le prêtre exorciste pour lui demander de prier pour nous. On risque d’en avoir foutrement besoin.
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Jeu 22 Sep - 14:35 (#)

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Tyler & Emily

Tout un tas d’émotions passèrent sur le visage de Tyler et se répercutèrent sur son aura. Doute, questionnement, incertitude, panique aussi, l’espace d‘un instant et Emily ne pouvait nullement lui en vouloir. Elle avait conscience de l’absurdité de la situation pour lui. Devoir gérer une menace invisible qui pouvait potentiellement leur pourrir la vie, les blesser, voire pire, n’était pas quelque chose à laquelle on venait préparer, peu importe à quel point on avait envisagé toutes les situations possibles. Elle s’attendait à ce qu’il annule, tout simplement, mais il ne le fit pas et il monta d’un cran dans son estime. Le type avait du cran, il fallait l’avouer. Elle en avait connu des plus fanfarons qui auraient filé ventre à terre sans demander leur reste. Certes, c’était sa mission à lui, elle n’était que la consultante en plan foireux et énigmes spirituo-fantomatiques avec supplément possession, mais tout de même, rien ne l’obligeait à aller jusqu’au bout. En tout cas pas de cette manière.

- Okay, parfait.

Parfait, mon cul. Rien n’allait dans cette histoire, ils le savaient tous les deux. De ce commanditaire jusqu’à l’endroit même où ils se trouvaient en passant par ce qu’il s’était passé ici, tout sentait la combine vampirique avec option règlement de compte mafieux. Ou quelque chose de ce genre. Dire qu’elle pourrait être en train de bronzer sur sa terrasse en ignorant son jardin en friche avec Lilas en haut-parleur qui lui raconterait ses dernières frasques avec son arcaniste favori. Ou de prendre un bain après avoir bossé sur la toile qu’elle travaillait ces derniers jours. Pendant quelques secondes, l’idée de coucher Tyler sur toile lui traversa l’esprit. Son visage avait des caractéristiques intéressantes après tout, mais elle se refocalisa bien vite sur le problème en cours. Chaque chose en son temps. Et notamment une judicieuse question du détective.

- Ouais, non, oublie les exorcismes des films, ça n’a rien à voir. Si mes protections commencent à flancher, je le saurai, donc tu seras au courant, mais il n’y aura rien de physiquement visible. La grosse différence viendra du comportement. J’ai déjà assisté à ça, une fois, et ça n’a rien de subtil.

Une histoire qu’elle n’était pas près d’oublier, mais qu’elle n’avait nullement envie d’élaborer sur le moment. Tyler était suffisamment à fleur de peau sans avoir à lui parler des possibles conséquences d’une possession sur l’esprit humain. Elle connaissait les risques et avait quand même eût du mal à chasser de son esprit l’image du possédé essayant de lutter contre l’esprit qui s’était emparé de son corps. Elle frissonna une brève seconde avant de raidir ses épaules.

- L’esprit essaiera à tout prix d’accomplir un but précis, donc si je commence à te pousser ou à courir en t’ignorant, tu peux considérer que je ne suis plus aux commandes. Il peut y avoir une période où l’esprit a du mal à contrôler un corps, par manque d’habitude. Passer d’un corps éthéré à un corps solide ça a l’air délicat, même pour eux. Donc si je titube brutalement et manque de coordination c’est aussi un signe possible. Si tu as le moindre doute, prononce mon prénom ou attrape-moi l’épaule. Je répondrai si c’est toujours moi. Et avant que tu ne poses la question, non, me baffer ne va pas m’aider.

Elle sourit, tentant de sembler plus détendue qu’elle ne l’était en réalité. On ne plaisantait pas vraiment avec la possession. Elle avait réussi à ne pas en être victime malgré ses prédispositions et les conneries qu’elle avait fait plus jeune, et elle comptait bien continuer sur cette lancée. Elle avait payé une petite fortune pour s’assurer une relative protection et vivait presque recluse dans une maison perdue où tout éloignait les esprits, ce n’était pas pour se laisser avoir dans un motel au milieu de nulle part et abritant des vampires. L’ironie de la situation était palpable. Elle avait passé des années à en apprendre sur le surnaturel et les esprits, pour els fuir dès que Heins avait disparu et maintenant, elle était en train de faire exactement l’inverse de tout ce qu’elle avait cherché à faire durant ces dernières années : foncer dans un nid à esprits. Quelque chose ne tournait pas rond dans sa tête ces derniers temps.

- Pour le reste, je vais... comment dire… « sonder » les environs. C’est difficile à expliquer, mais je peux les ressentir avec plus de précisions si je me concentre. C’est limité, mais ça m’évite de vadrouiller de manière plus hasardeuse. C’est un peu comme le flair, j’imagine que ça te parle davantage ? Tu peux avoir une meilleure idée en te focalisant sur un sens, et bien c’est pareil, sauf que les esprit sentent rien.

Et heureusement. La vision et la sensation de les savoir à proximité suffisaient largement, pas besoin d’ajouter un autre sens à tout ça. Elle s’installa en tailleur sur le lit et inspira profondément, les yeux clos, se focalisant uniquement sur son sixième sens. Une technique que Heins lui avait enseignée et qu’elle répugnait à utiliser d’ordinaire. Trop violent dans des endroits bondés ou là où les esprits étaient en trop grand nombre. Et cette fois ne fit pas exception et la sensation de nausée la prit à la gorge en quelques secondes en touchant du doigt l’aura de mort qui inondait le motel. Elle serra les dents, se fit violence, laissant ses sens sonder les environs proches. Un esprit seul, faible, cela suffirait. Il n’était pas loin. Mais il y avait autre chose…Ce qu’elle toucha ensuite n’avait rien de faible et une perle de sueur lui coula instantanément sur la tempe et elle ouvrit les yeux en inspirant brutalement l’air qu’elle avait contenu quelques secondes.

- Trouvé, premier étage, un peu en avant dans le couloir, il semble assez faible. Par contre…

Elle essuya sa tempe, inspira à nouveau, longuement, expira.

- Il y en a un autre, un peu plus loin. Du genre dangereux. Dis-moi précisément quelles questions je dois poser, on n’aura peut-être pas beaucoup de temps, alors faudrait aller à l’essentiel.


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Jeu 6 Oct - 7:47 (#)

Le silence du motel est rendu lourd par le simple fait de savoir que ces murs sont emplis de spectres invisibles et intangibles. Quand bien même je ne peux ni les voir, ni les entendre, ni les sentir, le simple fait de connaitre leur existence et leur proximité noue un malaise quelque part dans mes entrailles. Un malaise qui n’est que très peu délié par l’aveu de la medium selon lequel une possession ne se passera pas comme dans les films. Avec concentration j’écoute sa description comme si je devais la réciter moi-même plus tard. Je note mentalement toute ses recommandations dans un coin de mon esprit alors qu’elle finit sa tirade par un sourire qui contraste avec la tension qui l’habite. Je lui souris en retour, tout autant stressé qu’elle. C’est sans doute plus un moyen de se réconforter dans la galère qu’une vraie tentative pour masquer nos inquiétudes. Elle reprend ses explications et en un sens ça me rassure qu’elle puisse ainsi localiser les fantômes afin que nous n’ayons pas à errer au hasard dans les couloirs de cet hôtel du massacre. Sans un mot, je l’observe d’un air curieux pendant qu’elle s’installe sur le lit. Le silence revient dans la pièce et il n’y a que le grésillement d’une vieille ampoule qui vient emplir l’air tandis qu’Emily se concentre sur quelque chose que je suis plutôt ravi de ne pas pouvoir sentir. J’ai déjà suffisamment de merde à gérer avec les vivants, inutiles de rajouter les morts dans l’équation. Les traits du visage de la médium se tirent et je m’en veux de devoir lui faire passer un si mauvais moment uniquement pour trouver des réponses pour un foutu vampire psychopathe. Hélas, je ne suis pas sûr d’avoir beaucoup d’autres options.

Une pointe de soulagement perce l’anxiété quand elle annonce avoir trouvé un esprit qui pourrait nous être utile, mais je ne parviens pas tout à fait à réprimer un frisson glacé quand elle parle d’un fantôme dangereux non loin. Sans s’appesantir sur cette découverte, elle réclame des questions à poser. Qu’est-ce qu’on peut bien demander à un fantôme ? Qu’est-il susceptible de savoir d’utile ? On connait déjà la coupable du massacre, ce que le vampire chelou veut, ce sont des preuves. Rester un long moment à interroger un fantôme me semble peu opportun, alors il faut trouver une question, la question dont la réponse nous aidera le plus et après laquelle on pourra fuir. « Où sont les corps ? » Les fantômes peuvent-ils savoir ce genre de choses ? Si leurs dépouilles ont été emmenés ailleurs, sont-ils capables de les localiser ? « Comment prouver la culpabilité de votre assassin ? » Peut être est-ce trop compliqué. Garde-t-on les mêmes capacités de compréhension et de réflexion dans la mort ? Je n’en ai pas la moindre foutue idée. Après quelques instants de réflexion, mon regard se pose de nouveau dans celui d’Emily et je lui réponds :

« Demande lui où on peut trouver des preuves, ou bien leurs cadavres. »

Ça me semble à la fois suffisamment simple et assez large pour espérer obtenir une réponse qui pourrait nous aider. On ne peut pas dissimuler de tels faits et faire disparaitre entièrement autant de cadavres, ou si c’est le cas il faudrait une cuve d’acide sacrément balèze. Il y a forcément des traces quelques part. Et si quelqu’un sait où trouver des traces, ce sera sans doute une des personnes qui y était et qui souhaite être vengé. J’observe un instant Emily qui semble avoir fait un gros effort en cherchant la présence des spectres et lui demande :

« Tu veux une minute pour souffler avant d’y aller ? »
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Lun 17 Oct - 16:56 (#)

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Tyler & Emily

C’était dans ce genre de moments qu’elle se demandait constamment ce qu’Heins aurait fait. Est-ce qu’il aurait risqué sa peau pour aider un ami dans le besoin ? Est-ce qu’il aurait joué avec le feu comme elle s’apprêtait à le faire ? Est-ce qu’il serait furieux contre elle ? Heins n’était plus là et elle devait se débrouiller seule pour trouver les justes réponses. Elle espérait faire le bon choix et ne pas attirer le malheur sur le duo qu’elle formait avec Tyler. Il semblait déjà avoir assez de problèmes et elle n’avait aucune envie d’en avoir. Elle avait bien assez à gérer sans cesse les morts pour s’inquiéter des vivants. Les relations qu’elle avait étaient simples, calmes et cela lui suffisait. Aurait-elle su combattre les esprits, peut-être aurait-elle pris davantage de risque. Ce n’était hélas pas le cas. Tout allait se jouer sur la qualité des protections qu’elle portait. Si elles cédaient, elle serait sans doute foutue et devrait compter sur Tyler pour tout gérer. Elle serait hors-jeu. Peut-être même contre lui.

La demande de Tyler était relativement simple, mais un esprit la comprendra-t-il ? Elle l’espère. Elle n’avait plus communiqué avec un seul d’entre eux depuis des éons. Aucune certitude quant à la capacité d’un esprit faible à dire quoi que ce soit, mais au moins elle ne courrait pas autant de risques qu’avec un grand méchant esprit capable de faire voler les portes et exploser les fenêtres. Elle n’avait aucune envie de recevoir une nouvelle table basse en travers de la gueule parce qu’un esprit un peu trop grognon n’aimait pas être dérangé.

- Okay, ça devrait être assez simple.

Elle se rassura en même temps que Tyler. Ce serait simple sans l’esprit plus puissant qui rôdait dans les parages. Elle descendit finalement du lit en soupirant avant de fixer Tyler. Un fugace sourire apparut sur ses lèvres et elle lui tapota doucement l’épaule.

- Ça va aller, ne t’en fais pas. Ce n’est pas trop fatigant, mais juste… déplaisant.

Un peu comme toute cette affaire, au final. Elle prendra une longue douche chaude une fois sortie de là, pour dénouer la tension accumulée dans ses épaules. Et un verre pour tout le reste. Elle inspira lentement avant d’ouvrir la porte. Show time. Elle aurait dû s’en tenir à juste passer un peu de temps dans l’hotel avant de filer en vitesse. Quelle idée de merde avait-elle eu de vouloir aider Tyler jusqu’au bout aussi ? Elle s’était attachée à ce type un peu paumé, mais de là à risquer sa peau et sa santé mentale pour une affaire qui ne la concernait nullement et qui pouvait potentiellement la mettre dans la merde ? Merde, elle l’appréciait vraiment plus qu’ils ne l’imaginaient tous les deux.

- Bon… rappelle-toi ce que je t’ai dit et… essaie de ne pas paniquer si ça tourne mal.

Elle avait besoin qu’il garde la tête sur les épaules et se concentre sur le fait de les sortir de là le plus vite possible en cas de dérapage. Elle était persuadée que dérapage il y aurait, mais on pouvait toujours espérer.
Prenant la tête du duo, elle le mena à l’étage supérieur, suivant la piste flairée juste avant. En débouchant dans le couloir identique à l’étage, elle posa les yeux su l’esprit et grimaça. Non pas que la vue soit horrible, mais il était encore plus faible qu’elle ne l’imaginait, plus semblable à une volute de fumée ayant une vague apparence humaine plutôt qu’un esprit normalement constitué. Au moins ne risquait-elle rien. Elle jeta un regard à Tyler et, après une infime hésitation, attrapa sa main dans la sienne en murmurant.

- Si je te lâche, c’est que ça a mal tourné. Alors tu sauras quoi faire.

Un regard entendu et elle reporta son attention sur l’esprit qui a capté sa présence. Elle se fit violence pour ne pas détourner le regard et l’ignorer comme elle le faisait habituellement. Elle le regarda, étudia les contours flous d’un visage qui semblait encore humain. Un murmure distant parvint à ses oreilles, continue, ininterrompu, mais rien qui puisse être qualifié de voix ou même de mots. C’était comme si le vent s’était mis à souffler quelque chose à l’oreille. C’était désagréable, mais rien de plus. Il était trop faible. Il fallait quand même qu’elle demande.

- Où êtes-vous ? Toi, les autres, qu’ont-ils fait des corps ?

Une migraine commençait doucement à poindre alors que les murmures s’amplifiaient de seconde en seconde. Des brides de mots lui parvinrent finalement. Fureur. Douleur. Sang. Brasier. Chair. Cendre. Cela n’avait que peu de sens pour elle, mais elle perçut un membre indiqué une direction. Nord ? Rien qui n’allait l’aider dans l’immédiat, mais elle ouvrit la bouche pour poser une autre question avant de se figer brutalement en apercevant un bras anormalement long sortir du mur pour attraper l’esprit et le tirer brutalement, le faisant disparaître. L’aura infernal entourant ce qu’elle venait de voir lui donna immédiatement la nausée et elle recula, butant contre Tyler. Son crâne la lança violemment et elle sentit quelque chose heurter ses protections magiques.

- Sors-nous de là… Tyler sors-nous de là.

Son nez se mit à saigner et elle sentit son pendentif se fendre alors qu’un bras surgissait à nouveau pour l’attraper, butant à nouveau sur ses défenses. Si elle ne fichait pas le camp très vite, elle ne donnait pas cher de sa peau. Et à voir l’abomination qui commençait à sortir du mur pour approcher, elle doutait d’en être capable sans y laisser quelque chose.


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Lun 7 Nov - 8:30 (#)

Les mots rassurants d’Emily emplissent l’air comme pour essayer de dissiper une tension terrible qui existe dans cet endroit. Un froid glaciale qui gèle non pas la peau mais l’âme semble avoir envahi ce putain de motel. Elle termine une dernière recommandation en me demandant de ne pas paniquer. J’acquiesce pour la rassurer et me conforter, mais s’il avait été aussi facile d’éviter la panique en demandant simplement à une personne de rester calme, ça se saurait. Il ne va clairement pas falloir merder sur ce coup-là, je l’ai entrainé jusqu’ici alors c’est de ma responsabilité de la tirer de ce merdier. Comme une litanie silencieuse, je me répète la marche à suivre en cas de possession de la medium. La choper, la mettre KO, fuir, appeler le prêtre, exorcisme. Heureusement que j’ai un talent inné pour la fuite, il semblerait que ça va servir. Il est enfin temps d’aller chercher des réponses et quitter cet endroit maudit.

Sans un mot, je la suis. On abandonne la chambre et nos pas nous mènent à l’étage. Tel un limier surnaturel, elle piste sa proie. J’ai confiance en elle pour gérer les esprits, alors j’oblitère cette petite voix stridente qui tourne en boucle sur le fait qu’on est potentiellement entouré de fantômes très mécontents et violents pour me concentrer sur tout ce qui peut atteindre mes perceptions. Ce motel reste un repère de vampires et de leur entourage, les spectres ne sont peut-être pas la seule menace. Nos pas rythment notre progression et, hormis les légers craquement du bois du plancher malmené ou le léger et lointain grésillement d’une lampe, je n’entends rien de particulier. Au moins aucun être tangible ne semble être là pour garder les lieux contre les chasseurs de fantômes les plus improbables qu’il soit. La main tiède d’Emily attrape la mienne tandis qu’elle m’indique que si elle la lâche ce sera le signal pour se carapater en vitesse. J’acquiesce silencieusement alors que son attention se tourne déjà de nouveau vers ce coin de mur désespérément vide pour mon regard. J’étouffe la voix entêtante qui me répète qu’on est face à un putain de fantôme et me concentre sur les différents moyens de sortir d’ici. Je mets à contribution cet instinct purement animal qui cherche sans cesse des issues pour ne jamais se retrouver bloqué face à un prédateur affamé. La voix d’Emily résonne doucement dans le couloir tandis qu’elle interroge un esprit. Rien que cette idée m’arrache un frisson d’inconfort. Subitement son corps cogne contre le mien et elle m’enjoint à nous faire fuir. Etant donné qu’elle m’est rentré dedans, alors la menace est surement devant elle et le chemin qu’on a pris précédemment doit être libre. J’espère ne pas me tromper. D’un geste vif je lâche sa main, saisis fermement son avant-bras et la tire en arrière, puis nous retournons sur nos pas. Usant de tous mes instincts de fuite, je nous propulse dans l’escalier, la portant à moitié dans une partie des marches pour redescendre le plus rapidement possible. Je n’ai aucune idée de comment un esprit chasse. Est-ce qu’il nous suit en empruntant le même chemin ? Est-ce qu’il peut se contenter de passer à travers le plancher pour nous attendre à l’étage du dessous ? Est-ce qu’il peut nous suivre hors du bâtiment ? Dans une cavalcade chaotique, on descend les escaliers. Une douce lueur chaude illumine le rez de chaussé par la droite. Si je me rappelle correctement il y a de ce côté une fenêtre avec une vitre toute simple, assez grande pour qu’on puisse s’y faufiler sans trop de mal. Je pourrais sans doute l’éclater sans difficulté pour fuir au plus vite mais ça risquerait d’attirer l’attention des morts. A gauche, au fond du couloir, la sortie normale. Aucun problème avec les vivants, mais peut être qu’en passant par là je vais balancer Emily directement sur le fantôme. Ou bien est-il toujours en train de nous suivre ? Bordel, qu’est-ce que c’est chiant de fuir une menace invisible. Il faut prendre une décision avant d’atteindre le pallier pour ne pas perdre de temps. Rapidement, je demande à la medium :

« Il est où ? Si on sort directement au soleil, est-ce que tu seras en sécurité ? »

Qu’est-ce qu’on fait ? On risque d’attirer les vivants pour fuir les morts ? Ou bien est-ce inutile ? On arrête de courir une fois au soleil ou faudra-t-il carrément prendre la bagnole et fuir sur des kilomètres pour se sauver ?
Pourquoi c’est toujours les questions les plus importantes qu’on oublie de poser ?
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Anonymous
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Jeu 24 Nov - 21:40 (#)

IT ALL BELONGS TO THE OTHER SIDE
Tyler & Emily

Il faisait beau. Le soleil illuminait la terre de sa douce lumière et les oiseaux chantaient. Le vent était calme et l’abomination spectrale qui était sortie du mur essayait de la tuer. Une journée comme les autres…

- Tyler !

Elle ne doutait pas vraiment de la loyauté de son partenaire du moment. Il semblait être un gars bien malgré une bonne dose d’incertitude qui l’entourait et un manque cruel de tenue vestimentaire au minimum correcte. Mais quand elle lui vait dit de la faire sortir de là, il avait dit qu’il s’en occuperait. Et lorsque le moment était enfin arrivé, il s’en occupa. Malgré la douleur qui lui vrillait l tête, elle s’était laissée entraîner par le rat-garou et avait été quelque peu surprise de sentir ses jambes quitter le sol quand il l’avait soulevée pour la porter dans les escaliers. Enfin presque portée, elle avait vaguement touché une marche au milieu ou vers la fin. Elle ne se considérait pas comme un gabarit conséquent, mais elle imaginait par un gringalet comme lui la soulever ainsi et courir. Soit elle l’avait mal jugé, soit les garous avaient des réserves insoupçonnées. Elle était spécialiste des spectres, pas des trucs à fourrures. Ou à moustache, dans son cas.

Il est où ? La question n’était pas si facile à répondre. Il était un peu partout. C’est ça le problème avec les spectres, c’est qu’ils s’étalent comme le ferais une flaque de mazoute dans l’océan. Ça s’étend, ça pollue et c’est dégueulasse. Elle était occupée à reprendre son souffle et à tenter de juguler le sang qui coulait de son nez et se contenta de désigner vaguement l’étage supérieur d’un geste de la main. Elle était portraitiste, pas une spécialiste du sprint sur moquette de motel. Il lui fallait une petite minute ou deux. Elle inspira, regretta en sentant le goût métallique du sang dans sa bouche. Elle grimaça en se redressant, jetant un œil autour d’elle.

- On sort. Je t’expliquerai une fois de…  merde…

Dans les films, les esprits étaient un peu stupides. Ils prenaient les escaliers, faisaient peur, jouaient un peu avec leurs victimes. Dans la vraie vie véritable du monde réel, les esprits dégoulinaient du plafond pour te choper à l’arrière de la nuque et te faire exploser de l’intérieur. Métaphoriquement. Ou, dans le cas de l’abomination qui suintaient depuis l’étage supérieur, au premier degré.

Par chance, et sans doute parce que l’esprit n’avait pas une vraie conscience stable lui permettant des actions sensées et logiques, la sortie était libre et, sans attendre l’assentiment de Tyler, elle prit celui-ci par le bras et le fit sortir en vitesse, ignorant les gargouillis apocalyptiquement immondes qui résonnait dans le hall du motel. Une fois de plus, elle se félicita que son don ne concerne pas son sens de l’odorat. Elle serait sans doute morte sur le coup si ce truc avait la moindre odeur.

Être au soleil apportait un ange sentiment de sécurité, mais Emily savait mieux que personne que les esprits se fichaient pas mal du soleil. L’obscurité ou son absence ne changeait nullement leur puissance ou leur comportement. La seule chose qui pouvait les sauver à cet instant précis, c’était ce qui retenait l’rit dans ce motel. Cela allait-il englober le parking ou bien juste passer les portes leur garantissait une échappatoire salutaire ?

- Dieu bénisse les esprits respectueux des frontières…

Car celui-ci n’avait nullement envie de quitter le confort chaleureux de ce motel maudit, visiblement. Il hantait toujours le motel, se nourrissant sans doute de toute l’énergie qu’il pouvait touver. Et plus il aurait le temps de grandir…

- Je dois passer un coup de fil, tout de suite. Deux minutes.

Elle ne pensait pas devoir se servir si tôt de ce genre de numéro. Elle avait rarement eu à faire avec les exorcistes, et souvent Heins gérait la partie explication et tout le tralala concernant la possession éventuelle. Mais Heins n’était plus là et ce motel allait devenir un sacré merdier si personne ne faisait rien. Sans compter qu’il y avait dercanistes et des vampires… oh il allait falloir la jouer fine et rapide si on ne voulait pas avoir la moitié des créatures surnaturelles du coin sur le dos.  Le genre de trucs dont elle se serait passée.

- Allo, père Matheus ? Emily Morrisson, on s’est parlé une fois… Oui, c’était bien lui… Non je ne suis pas en recherche du Très-Haut depuis son décès. J’ai un problème d’ordre fantomatique… Oui, exactement. Plutôt imposant. Genre bébé hantise… Il risque d’y avoir quelques complications d’ordres surnaturelle supplémentaires. Du genre vampire. Vous pouvez faire ça de jour discrétos ? Ouais ? Super. Lucky Star Motel, North. Non je vais pas attendre sur place. Appelez-moi quand c’est fait, je connais la procédure. Oui, oui, cœur sur votre Seigneur et tout ça mon Père.

Elle raccrocha en levant les yeux au ciel.

- Putain, ces religieux…

Elle inspira et essuya le sang qui maculait la zone entre son nez et ses lèvres tout en se tournant vers Tyler.

- Les exorcistes vont faire leur boulot. On est en sûreté ici, ce truc quittera pas le motel. Pour les infos, c’est vague. L’esprit a parlé d’un braiser et pointé vers ce que je pense être le nord. Donc soit il était complétement déboussolé, ce qui n’est pas à exclure, soit son corps a été cramé quelque part au nord et tu ne risques pas de trouver la moindre trace ou preuve de ce qu’il s’est passé ici. Et je doute qu’une discussion avec un esprit presque assez puissant pour hanter les lieux puisse te servir.

Elle soupira, fixant un instant sa main couverte de sang avant de poser son regard dans celui de Tyler.

- Désolée, j’ai rien de plus. Tu penses que ça peut te servir quand même ?



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Sam 26 Nov - 16:37 (#)

J’hésite toujours, ne pouvant repérer cette menace invisible qui plane au-dessus de nous, ne voyant que les murs à la décoration vide et plate de ce genre d’endroit. Une odeur de sang frais me parvient subitement et j’ai à peine le temps de voir le nez d’Emily qui saigne que déjà elle m’entraine à son tour pour continuer vers la sortie. J’en conclus qu’il n’y a pas de fantôme devant nous, super. Notre course folle reprit, on déboule rapidement devant le gars de l’accueil qui hausse à peine un sourcil curieux à notre passage et on quitte enfin cet endroit maudit. Je ne m’arrête que lorsqu’elle le fait, me fiant à son jugement pour savoir à quel moment on est en sécurité. L’espace extérieur semble vaste et léger tant celui dans le bâtiment semblait oppressant et agressif. J’en avais presque oublié le soleil. Après quelques respirations trop vives pour reprendre notre souffle, j’ai la joie de constater qu’Emily semble normale et pas du tout possédée. Qu’est-ce qu’il s’est passé dans ma vie pour que j’en vienne à être sincèrement ravie de voir que mes amis ne sont pas possédés ? Mon quotidien n’a plus aucun putain de sens. Tandis qu’elle sort son téléphone pour passer son coup de fil, je garde un œil sur le motel, comme si des spectres laiteux et tangibles dignes d’hollywood pouvaient en sortir brusquement en dégoulinant de toutes les fenêtres. Ça n’a rien de rationnel, mais cette histoire m’a sacrément retournée. Mais rien ne se passe. La bâtisse reste là sous le soleil, fade et inerte. Même la porte reste close alors qu’il aurait été légitime que le gars de l’accueil vienne nous demander ce qu’était ce bordel. Il a sans doute vu des choses bien plus étranges entre ces murs. J’attrape quelques mots de la conversation d’Emily et comprend plus ou moins que dans peu de temps des gens vont venir pour botter le cul de tous ces fantômes. En un sens, c’est rassurant de voir qu’une version réelle des ghostbusters existe pour que les morts foutent la paix aux vivants.

Elle raccroche et m’explique la situation. Je note scrupuleusement les précieuses informations dans un coin de mon esprit, me disant qu’il faudra que je parte à la recherche de cendres humaines et inhumaines. De mieux en mieux. Je commence à faire quelques pas vers ma voiture en invitant Emily à me suivre et je réponds :

« T’en fais pas, c’est plus que je ne pouvais espérer. » Avant elle j’étais dans une impasse totale, maintenant au moins j’ai une piste même si celle-ci n’a rien de très précise ou engageant. J’ajoute : « Je t’en dois une. » Malgré la grosse somme que je lui ai donnée, je me sens redevable envers elle pour l’avoir ainsi mise en danger. Je déverrouille ma voiture et prend la place derrière le volant. Une fois qu’elle montée sur le siège passager, je tire un paquet de mouchoir de la boite à gant et le lui passe pour son nez. Est-ce à cause de l’utilisation de ses pouvoirs qu’elle s’est mise à saigner ? Qui sait. « Promis, la prochaine que je t’appelle, c’est juste pour une bière. »

La voiture démarre et après une rapide manœuvre prend le chemin de shreveport pour nous emmener loin de cet endroit maudit.
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