Collocation - Emily - Ethan

Date d'inscription : 22/01/2021

"Collocation – Emily - Ethan."

Voilà deux semaines que j'ai posé mes valises chez Emily et je dois dire que ça se passe quand même plutôt bien. Bon, c'est sûr, je me casse le matin tôt et je reviens le soir, épuisé. Mais c'est agréable d'entrer dans une maison "vivante", même si on ne se voit pas.

Je suis passé à la superette, les deux coffres-valises accrochés de chaque côté de ma moto sont pleins à craquer, tout comme mon sac à dos. Les bras chargé de victuailles, je remonte la courte allée et dépose un premier mon premier chargement sur le pas de la porte pour refaire un aller retour, répétant l'opération plusieurs fois. J'ouvre la porte et entre, un sourire sur les lèvres. La rencontre avec Emily est vraiment la meilleure chose qui me soit arrivée depuis mon arrivée aux Etats-Unis, je ne remercierai jamais assez Tyler pour ça.

- 'Milyyyyyyyyy ! J'suis rentré !

Simple phrase mais dieu qu’elle fait du bien. Tout en rangeant la marchandise, je soupire d’aise, la bonne humeur diffusant ses endorphines dans mon organisme. Criant dans la maison pour qu’elle entende d’où elle se trouve, je lui transmets quelques informations.

- Le frigo est rempli !

Je prends une bière et bois une longue lampée tout en sortant de mon sac à dos, une grande feuille noircie par mes soins que je dépose bien en vue sur la table.

- Je m’occupe du dîner. Y’a des bières au frais et les plans dont je t’ai parlé pour ta terrasse, sur la table. Je vais prendre ma douche.

Toujours pas de réponse, elle fout quoi, la ‘Mily ? Je vais prendre ma douche, emportant ma bouteille avec moi. Je passe sous l’eau, enfile un t-shirt propre, mon vieux jogging et reviens dans la cuisine pour préparer le repas.

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Ethan

Un soupir d’aise s’échappa des lèvres d’Emily lorsqu’elle s’installa dans sa baignoire emplie d’une eau moussante et parfumée. Elle avait passé la journée en ville à négocier avec des clients et elle avait bien besoin de profiter d’un moment de calme en lavant la sueur accumulée. La Louisiane était une région splendide qu’elle prenait plaisir à découvrir au gré de ses trajets, mais il y faisait bien trop chaud et humide pour apprécier pleinement le charme de l’endroit. Ceux qui avaient décidé de s’installer là à la base étaient sacrément dérangés. Ou alors il y faisait moins chaud à l’époque. Réchauffement climatique oblige.

Rien de tel qu’un bon bain après une dure journée de dur labeur. Elle avait hésité à prendre un verre de vin, mais s’était finalement résolue à attendre le repas du soir. Elle se demandait d’ailleurs ce qu’elle pourrait préparer, n’ayant pas une tonne de chose dans son frigo, lorsque le son reconnaissable de la moto d’Ethan brisa ses réflexions. Cela faisait quelques semaines qu’il vivait ici et tout se passait bien, même si la portraitiste avait dû réapprendre à vivre sous le même toit que quelqu’un d’autre. Il s’en était fallu de peu pour qu’Ethan se lève un matin avec la vue d’une Emily nue en train de faire son yoga, mais elle avait eu la bonne idée d’enfiler des fringues. Catastrophe évitée de justesse. Pour elle, du moins, elle doutait qu’Ethan s’en serait plaint.

Sa voix résonna entre les murs et elle leva les yeux au ciel en grognant. ‘Mily. Elle lui en foutrait du ‘Mily. Cette andouille avait décidé de l’appeler comme ça le lendemain de son arrivée et il lui en avait fallu de peu pour le foute à la porte d’emblée. ‘Mily… on dirait un nom de pute bas de gamme, ou de blondasse dans une sitcom merdique, franchement. Décidée à profiter de son bain et, par pure mesquinerie vengeresse qu’elle n’assumerait pas à voix haute, elle se garda bien de répondre alors qu’il essayait de savoir si elle était là. Elle nota néanmoins l’effort de remplir son frigo alors qu’elle lui avait bien signalé qu’elle se chargeait des besoins essentiels. Elle appréciait le geste, mais c’était des circonstances aggravantes.

Elle sortit finalement de son bain après un long moment, enfila un simple peignoir et descendit au rez-de chaussée pour trouver Ethan dans la cuisine, affairé à préparer un repas. Elle s’appuya contre un mur et l’observa un instant, amusée. Une vraie femme au foyer, avec de la barbe et un vieux jogging un peu moyen.

- T’es pas forcé de hurler quand tu rentres, tu sais ? J’entends ta moto même avec les fenêtres fermées.

A croire qu’il aimait juste faire du bruit. Elle s’installa sur un des tabourets haut du comptoir et jeta un œil au plan pour son jardin.

- Tu nous prépares quoi de bon ?

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"Collocation – Emily - Ethan."

Les ingrédients sont sortis du frigidaire et déposé sur le plan de travail. Un peu de musique serait la bienvenue. Tirant mon téléphone de ma poche, je me connecte à la basse trônant au salon et choisis une station radio locale qui diffuse les hits du moment. Le son n’est pas monté trop haut pour ne pas déranger Emily si elle est encore en train de peindre. Remarque, vu le rafut que j’ai fait quand je suis rentré, elle va encore rouspéter en disant que j’ai fait trop de bruit. Ca doit faire un sacré moment qu’elle vite toute seule, la Nénette. Si elle avait vécu à Stoner Hill, comme je l’ai fait, elle trouverait sa maison presque trop silencieuse.

Devant l’évier, en lavant les légumes, je me dandine au rythme d’une musique entraînant, me surprenant même à reprendre le refrain. Mes cheveux sont attachés dans un chignon haut, ne souhaitant pas retrouver quelques filaments dans la nourriture. Je me sens à l’aise dans la cuisine, j’ai trouvé mes repères, je fais revenir mon veau dans une grande sauteuse, sautille jusqu’au plan de travail, effectue une pirouette en rythme, attrape une bouteille de vin, déglace la viande et remplis deux verres à pied de ce succulent nectar. Alors que mon repas est en bonne voie, je me retourne pour voir Emily adossée au chambranle. Je sursaute, manquant de peu de lâcher les verres que je m’apprêtai à déposer sur la table.

-‘tain, ‘Mily, tu m’as fait peur. Je lui tends son vin et hausse les épaules en guise d’excuses. Je dois réparer le pot d’échappement, ça va être fait dès que je reçois les pièces. La semaine prochaine théoriquement. Et… Un peu gêné, je sens mes pommettes rougir légèrement, on dira que c’est le vin. Ben, ça fait si longtemps que j’ai personne à saluer après ma journée de boulot que… voilà, ça me fait plaisir. Promis, je serais plus discret à l’avenir. J’veux pas te déranger.

J’avance vers la table et fais tinter mon verre contre le sien.

- Tchin ! Alors au menu, je t’invite à la table de notre célèbre cuisinier roumain qui va vous faire découvrir des spécialités culinaires de son pays. Plat unique, un Tocaniţă accompagné de mămăligă que j’ai… achetées. Désolé. Bon, là faut que ça mijote, on a le temps de regarder les plans pour que je puisse commencer au plus vite. Je tire le tabouret à côté d’elle et y prends place. Alors là, une terrasse en dur, un coin barbecue, là, un canapé d’angle avec au-dessus une pergola, là les transats. Ça te plaît ? Tu veux autre chose ? Ah et le tout, sous moustiquaire hein, parce que sinon, c’est pas viable. Qu’est-ce que tu en penses ?

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Ethan

Il n’y avait pas beaucoup de choses plus amusantes et insolites que de voir Ethan se dandiner comme un canard au son un peu grésillant d’une vieille musique passant à la radio via son téléphone. L’image eût tôt fait de se graver dans la mémoire de la portraitiste, histoire de la ressortir pps tard. On ne savait jamais quand quelque chose d’embarrassant pouvait servir contre quelqu’un. L’odeur du repas qui mijotait, en revanche eut le don d’éveiller les sens e la jeune femme qui, affichant un sourire narquois face à la déconvenue de son colocataire surpris, s’installa avec lui. Elle sirota doucement son verre, appréciant toujours un bon vin rouge.

- Pas besoin d’être discret le soir. Pas besoin de hurler non plus. Encore moins si tu rentres pas seul.

Elle lui offrit un clin d’œil avant de l’écouter attentivement et de ne absolument retenir aucun des noms qu’il avait bien pu lui donner. Elle retint que c’était Roumain. Et c’était déjà bien. Elle avait même cherché, après son arrivée, l’emplacement exacte de la Roumanie sur une carte de l’Europe. Pas le genre d’endroit dont on apprenait l’Histoire, même si Heins en avait un peu parlé. S’agissait de ne pas paraître ignare si Ethan souhaitait en parler.

- Ça a l’air délicieux en tout cas.

A défaut d’être prononçable... Elle eut bien moins de mal à se pencher sur le dessin du jardin qu’il lui préparait. L’idée globale, honnêtement, elle s’en fichait un peu. Il lui aurait bétonné le tout que ça lui aurait convenu aussi, mais le voir aussi investi la fit sourire et elle hocha la tête.

- J’en pense que je ne m’attendais pas à tout ça. Je m’attendais à ce que tu me tondes la pelouse et débroussaille le tout, pas à un ravalement complet du terrain, mais ça me plaît. Tu penses en avoir pour combien de temps de faire tout ça ? Et faut que tu me fasses un budget. L’argent c’est pas un problème, mais j’ai quand même besoin d’avoir une idée du coût de tout ça. Et n’ose même pas insinuer que tu vas payer. T’as vraiment autre chose à foutre de ton argent, Romano Boy.

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"Collocation – Emily - Ethan."

Alors que j’explique les différents éléments de la terrasse, je la vois déjà finie, des glycines pendant de la pergola, diffusant leur parfum entêtant. Faisant une moue, je doute finalement pour cette espèce de fleur, me disant qu’elle n’allait pas survivre au climat. Je me renseignerai avec attention concernant les plantes à accrocher. La voix d’Emily me ramène dans la cuisine et je hoche la tête sans trop savoir à quoi je donne mon accord avant de me reprendre, prenant conscience des mots. Je dépose mon crayon, me redresse et ancre mes yeux azures dans ceux de la jeune femme.

- ‘Mily… Sérieux ? Je lui adresse un regard presque accusateur. Depuis que tu m’as dit pour Garance, je suis incapable de… Je peux pas. Savoir qu’elle est là. Comment veux-tu ? Tu vas me prendre pour un débile, si ce n’est déjà fait, mais je lui parle sans arrêt. Au garage quand y’a personne, ici, enfin tout le temps. Dis moi que tu comprends.

Je souris, son clin d’œil me réchauffe le cœur. Je suis persuadé qu’elle sait très bien de quoi je parle. Hochant la tête pour le repas, je me lève, touille ma préparation et lui apporte une petite cuillère emplie de sauce pour lui faire déguster.

- Tiens goûte. Bon faut que ça mijote encore un moment, mais comme ça tu auras déjà une petite idée.

Après avoir testé moi-même ma recette, un large sourire étire mes lèvres. Je retrouve un peu de mon enfance dans ce plat. Quelques pensées positives s’envolent vers celle qui n’est plus… bouffée par une de ces saloperies de vampire. Heureusement que nous vivions en Transylvanie… Non loin du tristement château de Vlad Tepes III.

Je retourne la feuille du croquis et lui montre les chiffres. C’est une estimation, certainement beaucoup plus importante que ce que je pense faire. Mais au moins, il n’y aura pas de mauvaises surprises.

- Alors, en fait, je vais faire beaucoup de récup’. Les gens jettent tellement de choses qui, après un bon rafraîchissement, un coup de peinture pourrait être encore utiles, ça me dégoûte. Certains matériaux sont des fins de série. Par exemple, les dalles, elles sont neuves, mais de différentes couleurs. Après, on s’en fiche, selon comment on les place, ça peut être sympa. Le proprio de la pergola n’en veut plus alors qu’il l’a montée l’année passée. Le barbecue et la table c’est un pote qui retourne au pays, jamais utilisé… c’est encore dans les cartons d’origine. Il est trop content de savoir que ça va servir à quelqu’un, donc, il donne gratos. Les meubles de jardin sont des modèles d’expo… Du coup, ça te fait une superbe terrasse à moindre coûts.

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Ethan

Parfois elle en oubliait qu’Ethan n’était pas très porté sur le second degré et les blagues douteuses. Evidemment qu’il mentionnait Garance qui était toujours accrochée à son épaule. Une des raisons pour lesquelles Emily ne le verrait jamais comme autre chose qu’un colocataire. Elle en verserait presque une larme si elle n’était pas occupée à soupirer devant le manque de finesse du Roumain.

- Relax, c’était une boutade. Elle est là aussi quand tu te paluches hein, juste pour dire. Alors non, c’est pas bizarre de lui parler, mais essaie de ne pas baser toute ta vie sur une présence que tu ne perçois pas. D’autres sont devenus fous pour moins que ça.

Elle haussa les épaules. Il fallait vraiment qu’elle lui apprenne à se détendre et à ne pas tout prendre au pied de la lettre, sinon il allait sortir de chez elle traumatisé… ça lui mettrait presque un coup au moral. Elle devait par contre reconnaître qu’il savait s’occuper de la cuisine. Elle qui faisait souvent des plats très simples ou mangeait sur le pouce, les plats d’Ethan était un véritable life-changer. Elle ne se priva donc pas de tester près sa proposition. Le goût était là et elle le fit savoir d’un claquement de langue appréciateur.

- Je vais t’embaucher comme cuisinier personnel en fait, ce sera plus simple.

Cuisinier et jardinier… Paysagiste même. Le plan lui allait très bien et en plus il se débrouillait pour faire de la récup’ et éviter que ça ne lui coûte un bras. C’était à se demander pourquoi il était mécano et pas un décorateur d’extérieur… S’il se démerdait pour avoir ce genre de résultat avec des coûts moindre, il aurait largement son petit succès dans la région.

- T’as pensé à te reconvertir en paysagiste ? Nan parce que t’as le talent et les contacts apparemment. Tu devrais y penser si jamais ton taf t’emmerde. Sait-on jamais.

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Emily est une personne que j’adore, vraiment, mais son franc parlé, me désarçonne totalement. Je ne sais jamais sur quel pied danser avec elle. Sans compter sa totale absence de pudeur. Combien de fois, elle apparaît en « négligé » sans considération pour l’homme que je suis. Ben ouais, faut dire qu’elle est quand même bien foutue la gonzesse et que forcément, des idées suggestives viennent habiter mon corps. Je ferme les yeux, sentant mon sang affluer vers mes joues.

- ‘Mily… Steuplait quoi. Je… je n’ai plus de relation sexuelle depuis que je sais que Garance est accrochée à moi mais si en plus tu me mets ce genre d’images dans la tête, je peux entrer directement dans les ordres.

Mon verre est attrapé. Je préfère picoler tranquillement que d’avoir cette discussion. Toutefois, elle me rassure pensant qu’il est normal que je m’adresse à Garance. J’ai renoncé à la tentative d’entrer en contact avec elle, pensant que c’est beaucoup trop dangereux pour Emily et pour ma santé mentale, sachant maintenant qu’il y a un truc après notre mort.

Je rougis encore plus à son compliment sur ma cuisine. Va vraiment falloir que je trouve un moyen pour ne pas piquer de fard à chaque compliment que l’on me fait. Bien que, si je réfléchis, c’est surtout quand c’est Emily qui m’en fait. Dois-je en conclure quelque chose ? J’éclate de rire en secouant la tête.

- Jardinier, cuisinier, constructeur de terrasse, en gros, je peux devenir ton homme à tout faire. Ca va te coûter cher.

Je me réfugie derrière les fourneaux, peu habitué à recevoir tant de compliments sur mes talents cachés. D’ailleurs je n’appelle pas ça du talent, juste d’être suffisamment débrouillard pour trouver des bonnes affaires. J’ai toujours agi ainsi, n’ayant pas beaucoup de moyen. Touillant tranquillement mon repas, je souris pour moi, puis reviens vers la jeune femme.

- Je préfère aider mes potes, leur montrer comment faire pour que eux aussi, à leur tour puissent se débrouiller. En faire un business, ça change la donne et tu retombes dans le mood de faire du fric, car toi aussi tu dois te loger, manger… vivre. La mécanique, c’est plus simple, ça marche, ça marche pas, y’a toujours une cause, faut juste la trouver, tu répares et tout le monde est content.

Quelques épices sont ajoutées, les petits pains sont enfournés et je passe un coup de chiffon sur la table avant de la dresser. Je me place face à elle et m’accapare son attention.

- Tu sais Em’, je ne fais pas cela pour tout le monde. Mais toi, tu es une personne spéciale. J’ai pop de nulle part, juste parce que Tyler m’a donné ton numéro. Il avait raison ce bougre. Et tu as fait bien plus que ça. Garance, le motel, un toit, ta gentillesse, ton sourire, tout quoi. Alors oui, je fais mon maximum pour ne pas déranger, pour t’être agréable car rares sont les personnes comme toi qui m’ont juste tendu la main sans rien demander. Tu comprends ?

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