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Havre de paix - Wilson

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Fear is the mind killer
Ethan Roman
Ethan Roman
Fear is the mind killer
ASHES YOU WEREHavre de paix - Wilson 17108d3795a212ee3f0bb504818a4fc5

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ASHES YOU WILL BE

Pseudo : Ethan Roman
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Dim 4 Sep - 19:23 (#)

- La marche arrière, m’dame, la marche ARRIERE !

Ca m’apprendra à vouloir me faire du fric en plus en me proposant d’être de piquet pour les dépannages le samedi soir. Bon ok, ça rapporte un max de thune, mais c’est le seul avantage. C’est comme ça que je me retrouve, dans le bayou, une fois de plus, de nuit, à essayer de sortir une vieille Lincoln du chemin terreux qu’elle a pris. Un raccourcis, mon cul ouais ! Au moins avec tout le raffut qu’on fait, toutes les bestioles qui pourraient éventuellement nous vouloir du mal, ont fui à des kilomètres. Faut voir les bons côtés des choses.

Arc-bouté contre le capot, les mains de chaque côté de la calandre, je pousse mais je sens la voiture avancer. Cette vieille bique va me tuer ! Je me retire de justesse, glisse dans la boue, tandis que j’entends les pneus patiner dans la flotte. Elle me fait quoi là ? Je me relève et lui fais de grands signes de tout lâcher. Elle se débat avec le levier de vitesse et parvient à retirer son pied de l’accélérateur. J’inspire un grand coup, va falloir se montrer patient… extrêmement patient avec Mamie. Mais il serait quand même bon, qu’elle renonce gentiment à son permis.

- M’dame Harrison, faut mettre la marche arrière, sur R et y aller en douceur. D’accord ?
- Mais c’est ce que j’ai fait fiston !
- Oui, enfin non, peut-être. Allez-y, je regarde et on va vous sortir de là. Faut juste la bouger d’un mètre et après je pourrai la remorquer.
- Dépêchez-vous, j’ai mon Ernie qui attend son dîner.
- Je fais au mieux, m’dame, je vous jure que je fais tout ce que je peux.

Et si tu y mettais un peu du tien, ça serait encore mieux. Le cul trempé, les mains pleines de terre, je me repositionne à l’avant du véhicule et pousse en m’accordant au rugissement du moteur. Les roues arrières agrippent les planches et enfin, la Lincoln se libère. Y’aura même pas besoin du treuil.

- Parfait M’dame Harrison, on a réussi ! Bougez pas, je déplace le camion et je vous aide à sortir de ce chemin.

Rapidement, je monte dans la cabine avant qu’elle n’emboutisse la dépanneuse. Avec toute la diplomatie et la patience qui m’animent, je lui fais signe et la guide jusqu’à la route goudronnée. Je sens une grosse goutte tomber sur mon épaule, suivie d’une véritable douche. Les bras toujours levés, je deviens plus pressant. Manquait plus qu’une bonne averse. Parvenue à ma hauteur, elle ouvre sa fenêtre de deux centimètre et me gratifie d’un sourire partiellement édenté, je crois que je préfère quand elle rouspète finalement.

- Merci fiston, tu m’envoies la facture à la maison, comme d’habitude. J’suis contente quand c’est toi qui viens, l’autre Monsieur, il n’est pas aussi gentil que toi. Tiens voilà un ptit billet pour prendre un café.
- Non non, gardez votre argent, M’dame Harrison.

Elle insiste, je ne refuse pas. Ça fait la quatrième fois ce mois que je la sors du bourbier. Elle me doit bien ça. Un jour, je vais retrouver sa voiture contre un arbre et ça sera malheureusement la fin de l’histoire.

Ces feux arrière rouges disparaissent dans la nuit, me permettant de monter dans ma cabine. Je retire ma casquette dégoulinante et frissonne en sentant l’eau dévaler le long de ma colonne vertébrale. Un rapide coup d’œil sur l’horloge du tableau de bord m’indique que mon service prend fin dans deux minutes. A la bonne heure, je vais aller me réchauffer, tant l’âme que le corps, chez Wilson.

Le trajet est rapide, les axes principaux ne sont pas encore encombrés des fêtards du samedi soir. La chance me sourit aux abords du Voodoo Café, le parking est peu rempli, me permettant de garer la dépanneuse sans trop emmerder les autres clients.

A la vue des enseignes lumineuse, mon cœur se réchauffe et un sourire se dessine sur mes lèvres. J’ai une allure pitoyable, terre des pieds à la taille, mouillé jusqu’à l’os pour le haut. Même mon chignon commence à se casser la figure.

Des rythmes de blues m’accueillent, tout comme l’odeur rance de la transpiration et des ferments de la bière. Certains pourraient dire que ça pue, moi j'aime ces parfums, ils sont rassurants, tout l'est ici. Je me sens tellement bien, presque en sécurité. Avec discrétion, je me faufile entre les convives et vais m’asseoir tout au bout du bar, dans un coin oublié par les lumières. Je passe inaperçu hormis pour l’œil vigilent de Wilson. Sous son regard bienveillant, je commande une bière en secouant la tête. La chope devant moi, je raconte mes « malheurs » sans en être invité.

- Rah Wil’ ça fait du bien d’être là. Merci ! Je lève mon verre dans sa direction. Il pleut des cordes et j’ai de la boue jusqu’au fond du caleçon. J’te jure ! Cette vieille bique de Harrison va me rendre dingue. Elle doit avoir plus de 80 balais et ça conduit encore alors que c’est une catastrophe ambulante. Un de ces quatre, elle va faucher toute une famille sans même s’en rendre compte. Oh et tu sais pas quoi, plus tôt dans la soirée, une nénette m’appelle parce qu’elle avait crevé, j’arrive sur place, normal quoi, je change son pneu, tranquille et là, elle me saute dessus en m’embrassant ! Et trois secondes plus tard, elle me demande si elle peut s'abreuver de mon sang. J'ai cru que je versais. Tu y crois toi ? Bon et toi ? Comment ça va ? Oh tiens, y’a ta plus grande fan qui t’appelle. Miss Cougar est de sortie et vu son décolleté, elle est en chasse.
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Anonymous
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Mar 6 Sep - 12:01 (#)




A
ujourd’hui, un concert de blues donne l’ambiance au Voodoo. Moins dansant que ça peut l’être d’habitude, ça donne à l’endroit une teinte plus calme, plus posée. Propice à la contemplation. Bien sûr certains s’adonnent à quelques déhanchés, pas glissés et autres claquements de doigts, mais moins qu’usuellement.

Je ne peux m’empêcher de penser à Anna la trompettiste, dont l’art commence à manquer cruellement à l’endroit. Si elle apparait parfois timidement lors de soirées musicales improvisées, elle ne commande plus jamais de concert, que ce soit en solo ou au sein d’un groupe. Un triste constat : j’apprécie beaucoup sa maîtrise des instruments, la force de son jeu, sa détermination passionnée et son abandon en une transe presque mystique. Il faudra que je lui en parle, s’il m’est offert le loisir de la croiser de nouveau.

Alors que le groupe finit un morceau, accueillant de gracieux applaudissements, une rumeur attire mon regard du côté de la porte d’entrée. S’infiltrant entre des clients, j’aperçois un visage connu : Ethan. Ethan le mécano, mon sauveur d’un jour. S’il semble vouloir s’infiltrer sans qu’on le remarque, c’est qu’il ne voit pas les mines consternées de ceux qu’il frôle de sa venue nocturne. Et à raison : il dégouline de la pluie qui s’abat sur Shreveport ce soir, et la boue qu’il arbore jusqu’à la taille macule sols, jupes et pantalons. S’insinuant ainsi, il va s’asseoir à une tablée reculée, seul. Dans l’ombre. Il aperçoit mon regard sur lui, et me fait signe de lui apporter une bière. Un sursaut rieur fait vibrer ma gorge. Il n’en rate pas une. Je manie la pompe à pression et m’en vais lui apporter sa boisson. Sans créer de vague, ni lui adresser spécifiquement la parole. S’il s’isole ainsi, peut-être n’a-t-il pas envie de causer.



Et en fait si. Sitôt la chopine posée sous ses yeux, il part avec enthousiasme dans un monologue narrant sa soirée animée avec une certaine Madame Harrison. Et avec une vampire entreprenante qui lui aurait sauté au cou (et à la gorge) en lui demandant la permission de se nourrir de son sang. À sa place, je n’aurais pas hésité : je serais resté avec l’immortelle plutôt que d’aller baigner dans la boue avec une vieille folle. Mais bon, ça je ne dois pas le dire trop fort, ça nuirait à mon image de marque. Je n’ai pas le temps de lui répondre que le karma me frappe : il m’indique qu’une dame me demande apparemment avec une suggestive insistance. Je me retourne, curieux. Et quelle n’est pas ma surprise de voir apparaitre devant moi Madame Louvier. En terme de cougar, c’en est une bien mûre pour le coup. Elle n’a rien à envier à l’âge de Madame Harrison. Et son décolleté plongeant, qui semblait émoustiller Ethan, s’ouvre sur des appendices pectoraux troublés d’une gravité exacerbée.

« Oh Bondye… » ne puis-je m’empêcher de commenter avec un accent prononcé. L’instant d’après, je me retrouve embarqué presque contre ma volonté sur la piste de danse. S’il m’arrive de me trémousser régulièrement le popotin, mes proportions inhabituelles me poussent généralement à éviter la danse de couple. Et là, j’offre un spectacle pour le moins original : la vieille me fait tourner en bourrique, plus agile que son apparence âgée ne le laisse paraître. Je lui accorde quelques pas, jusqu’à la fin du morceau, d’un malaise qui n’a heureusement pas raison de mon sourire. Bon, il faut l’avouer, c’est plutôt amusant.

Lorsque les dernières notes disparaissent sous les claquements de mains, je m’empare de celle de ma partenaire pour y poser les lèvres avec délicatesse, et prends congé d’elle. Je reviens vers Ethan, la tempe humide. Et je ne résiste pas au désir de m’asseoir face à lui. Tant pis : ils se débrouilleront bien sans moi au bar un instant. Avec un décalage presque dérisoire, je lui réponds…

« Hé bien, je vais… bien comme tu peux le voir. Toujours autant de succès. J’aurais bien échangé nos places, ce soir, en vérité. Au moins la tienne avait des dents. »

J’éponge mon front d’un revers de manche, jetant un coup d’œil aux alentours avant de reporter mon attention sur le jeunot aux cheveux longs.

« T’aurais pas besoin d’une serviette ? D’une douche ? On en a une, tu sais. »




CODAGE PAR JFB ET POURPRE / Contry.
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Fear is the mind killer
Ethan Roman
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Mer 28 Sep - 14:56 (#)

Enlevé de force, le barman est contraint de s’aventurer sur la piste de danse. J’avoue qu’il se débrouille sacrément bien, le bougre, nettement mieux que la vieille bique qui tente de mettre le grapin sur lui. Remarque, s’il l’entraîne dans deux danses supplémentaires, y’a de forte chance qu’elle nous fasse un infarctus dans ses bras. C’est pas ce que je lui souhaite et somme toute, ça serait une jolie fin pour cette femme qui doit rêver de caresser les pectoraux de son chevalier servant. Tout en les regardant évoluer sur le plancher, je souris, si elle peut grapiller quelques instants de bonheur, c’est tout ça de gagné. Le baise main accordé restera certainement gravé dans sa mémoire jusqu’à la fin de ses jours. Elle le regarde s’éloigner, ses yeux, empli d'étoiles, fixés sur ses fesses et s’en retourne au bar, courir d’autres lapins.

Sans la moindre hésitation, Wil vient me rejoindre, sa mine rayonnante, dénotant sa constante bonne humeur, effaçant les derniers relents de mon humeur maussade. Ce type est une crème, un exemple de jovialité pour tout ceux qui franchissent les portes de l’établissement. J’aime venir ici, où tous mes soucis, qui n’en sont, au final, pas vraiment, s’envolent.

Toutefois la remarque de Wilson me fait perdre de ma gaité et est remplacée par un froncement de sourcil. Serait-il un adepte des morsures ? J'en ai entendu parlé, sans vraiment comprendre de quoi il s'agissait. Ayant testé une seule et unique fois, je ne peux l’en blâmer, même je ne suis pas prêt à le revendiquer et encore moins à l’assumer.

- Comment ça, la mienne avait des dents ? Je lui adresse un regard faussement suspicieux et ajoute une question sur le ton de la plaisanterie. T’es en train de me dire que c’est ton kiff de te faire bouloter par les dents longues ?

En fait, j’ai honte de ce que j’ai ressenti durant ma courte expérience avec Nicola. Cette exaltation intense qui m’a empli durant la morsure est indescriptible. Mais je ne n’oublie pas non plus, que la mort de ma mère est due, également, à cette addiction, que mon père est à présent à la botte d’un vampire, reniant toutes les convictions pour lesquelles il s’est toujours battu et qu’il m’a inculquées, ceci juste pour servir cet être qui lui survivra pendant des siècles.

- Tiens, toi qui doit être un peu plus au courant et qui est, comme moi, humain, tu vas peut-être pouvoir éclairer ma lanterne. J’arrive pas à comprendre, même si ça commence à faire un bail maintenant depuis la Révélation, mais tu vois, ça veut juste pas entrer dans mon crâne. Comment un être humain mort, peut continuer à vivre. J’veux dire, quand c’est fini… ben c’est fini. On se relève pas et youhou, on reprend les choses où on les avait laissées. Ça me dépasse totalement.

Tout en parlant, je prends une dernière gorgée et constate avec surprise que ma choppe est déjà vide.

- C’est fou ça quand même, tu sers plus que des demis verres ? J’ai rien vu passer, la bière a disparu tout à coup ! Tu sais quoi, faudrait envisager des choppes plus grandes.

La sollicitude du tenancier me touche et j’abaisse mon regard sur ma tenue. C’est vrai que je fais peine à voir, mais c’est quand même pas de ma faute si la météo fait des siennes. C’est juste un peu d’eau, ça va bien finir par sécher. Je passe ma main sur mes cheveux qui sont retenus en un chignon, essayant vaguement de remettre en place l’élastique qui s’est emmêler dans quelques mèches. Abandonnant cette tâche trop problématique pour l’heure, je hoche de la tête en haussant les épaules.

- Je fais si pitié que ça ? J’éclate de rire en levant les yeux au ciel. T’inquiète, c’est bon, c’est pas un peu de boue et d’eau qui vont avoir ma peau, enfin j’espère qu’elle va pas se transformer en un être magmatique, issu d’un conte pour enfant, comme les vampires et les lycans. D’ailleurs, ça existe les Lycans ? Tu sais, comme dans ce film-là… heu.. Underworld !

La douche me paraît une excellente option, mais pas ici, je ne voudrai pas dégueulasser les commodités du personnel. Piteusement, je regarde le fond de mon verre mais renonce, au prix d’un effort quasi surhumain, à en reprendre une.

- C’est gentil, mais je dois repasser au garage pour y déposer le camion-remorque et prendre ma moto. Tu veux m’accompagner ? Je pourrais te montrer la Shelby Cobra que je bichonne depuis des lustres… Ils vont bien se débrouiller sans toi, ici, non ?
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Anonymous
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Jeu 6 Oct - 14:06 (#)



E
than ne semble guère comprendre mon trait d’humour sur la dentition de nos rencontres mutuelles. Aussitôt, il conclut que j’aime faire des dons de sang aux plus démunis. Enfin. À ceux qui en ont besoin pour vivre, quoi. Les vampires. J’ai un petit rire nerveux, tâchant de rattraper la chose : ce n’est pas le genre d’information qu’il faut révéler en public, même s’il n’a pas vraiment tort.

« Ahah ! Non, je parlais surtout du manque de dents de la mienne. Tu sais, dentier, tout ça. C’était une sorte de blague. Même si y’en a qui aiment ça. »

J’ai l’impression de m’enfoncer, de me confondre en explications inutiles et maladroites. Pas super en lien avec ce que je dégage comme aura d’habitude : le fier stentor solide et jovial, bien campé sur ses bases et dans la réalité. À moitié bafouiller comme ça, ça ne le fait pas. Mais au moins j’ai l’impression d’avoir dévié le sujet du calissage vampirique. Même si Ethan semble vouloir s’y attarder, pour le coup. Il en appelle à ma science, à ma pseudo-connaissance de l’occulte pour m’interroger sur la crédibilité des morts qui marchent. De cette étonnante possibilité de les voir vivre après la mort. Je me tâte le menton, m’en référant aux enseignements de ma grand-mère.

« Je pense que le truc, c’est la puissance des esprits. Ils sont partout, ils nous entourent. Peu importe si un corps est abandonné de toute vie, si un esprit se l’accapare, il peut le manier. Un peu comme… toi et tes voitures. »

La comparaison est un peu ridicule, je le conçois, mais sur le coup je me suis laissé aller à une image qui pourrait lui parler, si maladroit que ce soit. Je remets cependant les choses à leur place.

« Enfin. Je ne m’y connais pas tellement. Tout ce que je sais, c’est ce que Mama Dana, mon aïeule, a bien voulu m’en dire. C’était une mambo, une spécialiste du vaudou. Mais bon, tout ça c’était avant la Révélation : ça sonnait comme des légendes à mes oreilles d’enfant. »

Volubile et passant sans peine du coq à l’âne, sa gorge semblait vite se dessécher. Il termine sa bière d’une traite et ne tarde pas à accuser avec humour la taille de mes chopines. Je vais pour lui en servir une autre, offerte par la maison, mais il embraye de nouveau en réponse à mon interrogation sur son besoin de prendre une douche. S’il fait pitié ? Non, mais il attire les regards, tout dégoulinant comme ça. Ça peut ne pas plaire à tout le monde. Lui ne semble pas en faire grand cas. Il précise espérer que la gadoue ne se change pas en un être surnaturel, m’arrachant un éclat de rire coupable. Je ne sais pas s’il est sérieux ou s’il blague, en vérité. Mais très vite, il enchaîne sur la question de l’existence des lycanthropes. Sa verve prolixe m’amuse, et je lui rétorque sur un ton chaleureux, presque paternel :

« Des loup-garou, tu veux dire ? Y’a bien eu cette vidéo sur le net qui a fait un peu parler d’elle mais… Non j’y crois pas. C’était surtout une manière de surfer sur la vague de la Révélation. Un fake, quoi. Des esprits des morts, ok, mais des mecs qui se changent en loup à la pleine lune ? Comme tu dis, c’est bon que pour les films. »

Et presque aussitôt, il annonce devoir partir et m’invite à le suivre à son garage, où il doit ranger son remorqueur pour prendre sa moto. Je ne sais même plus sur quoi il roule, le bougre. Mais il évoque une Shelby Cobra sur laquelle il travaille. Une ancienne, et élégante en plus. Même si je doute y être tout à fait à mon aise vu ma taille. L’occasion de voir une telle beauté me met en joie malgré ça, et c’est avec un plaisir non dissimulé que j’accepte de le suivre.

« Allez, let’s go. Ils ont l’habitude de bosser en autonomie, j’suis le patron après tout. »

Mais j’aime rester et donner un coup de main. Me mêler à l’activité du Café. À l’ambiance. C’est mon monde. Sans demander mon reste, je fais un signe à un serveur, qu’il comprend sans peine en y répondant par un clin d’œil, et j’embarque ma veste accrochée au portemanteau pour suivre notre ami Ethan dans ses péripéties nocturnes et humides. Qui sait ce qui peut encore lui tomber sur la tête ?!
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Ethan Roman
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Mer 16 Nov - 20:47 (#)

Abandonnant quelques billets verts sur la table pour la bière, je me lève en lissant comme je peux mes pauvres vêtements tout chiffonnés quand je comprends enfin la blague, faite tout à l’heure sur la dentition de nos rencontres mutuelles. J’éclate de rire à la vision de ma petite mamie, le dentier planté dans le volant.

- Oui oui ! Je viens de comprendre ! Désolé, j’suis un peu lent ce soir… Faut dire que je suis crevé avec tous ces dépannages.

Tout en quittant l’établissement, j’accroche le bras de Wil’ afin d’attirer son attention et mime un dentier éjecté.

- Tu vois la scène ? Et la bagnole qui butte contre un tronc d’arbre, mais genre au ralenti, effleurant à peine l'écorce. C’est tellement irréaliste, mais j’avoue que ça me fait marrer. Viens, j’ai garé la dépanneuse à l’arrière, elle prenait trop de place ici. Tout en avançant, je désigne la ruelle. C’est pas trop craignos par ici ? T’as pas de soucis avec le voisinage ou des gens qui chahutent en sortant de chez toi ?

Je ne crains rien en compagnie du colosse. Les malfrats n’osent pas s’attaquer à une montagne de muscles qui les briserait d’une simple pichenette. Le camion est là, reposant dans la pénombre. Avec un peu d’imagination, il pourrait ressembler à un cygne fait d’acier. Je garde mon imaginaire pour moi, ne souhaitant pas passer pour plus illuminer que je ne le suis déjà. Télécommande en main, j’actionne le déverrouillage des portières et invite le tenancier du bar à grimper dans la cabine.

- Donc, en gros t’es en train de me dire que l’esprit est plus fort que le corps et parvient à faire fonctionner le tout ? Chez certains qui ont cramé toutes leurs cellules dans le crack, j’ose pas imaginer ce que ça peut donner. Tiens, d’ailleurs, ça me fait penser à ce truc que j’ai croisé, y’a quelques mois. J’étais avec un pote, le seul véritable ami que j’aie dans cette contrée et qui est un vampire de 800 ans, détails que je tais, le long de la rivière, on papotait tranquillement quand un truc, hyper bizarre est sorti des bois. Nico a qualifié le truc de coquille vide, de marionnette. C’était trop chelou, je te jure, surtout quand le machin a commencé à nous attaquer.

Je secoue la tête en repensant à cette nuit-là. C’est aussi, cette nuit où j’ai offert, de mon plein gré, une petite quantité de sang au vampire, sans connaître les effets de la morsure. Chose qui est désormais faite. Machinalement, je jette un coup d’œil à mon poignet, là où les crocs ont percé la peau. Gêné par cette pensée, je racle ma gorge et poursuis sur ma lancée.

- Et toi ? T’as déjà rencontré des trucs bizarres ? Ta Mama Dana ne t’a jamais fait voir des choses qui ne devraient pas être là et qui pourtant, sont bien réels ? Mais avance bordel ! C’est vert quoi ! Rah mais je te jure. La conduite, ici aux Etats-Unis, c’est tellement soporifique comparé à l’Europe. T’as voyagé ?

Le trafic se fait plus fluide à l’entrée de l’autoroute de contournement et je peux enfin doubler l’énorme camion qui caracole devant moi. La radio diffuse, en sourdine, des chansons populaires. Accoudé au rebord de la fenêtre, main droite sur le haut du volant, des images font échos aux paroles de Wil’. Il ne croit pas aux hommes-bêtes, pourtant ma Garance s’est bien fait déchiqueter par une bête, par quelque chose qui s’en approche en tout cas. Je fronce les sourcils et pince les lèvres. Dieu qu’elle me manque. Mais qui suis-je pour affirmer le contraire ?

Perdu dans mes pensées, pesant le pour et le contre, le fait de lui dévoiler mes croyances concernant le règne animal, je ne vois qu’au dernier moment le ralentissement qui colore la bretelle d’autoroute en rouge. Surpris par la réalité, j’en fonce la pédale des freins, plaçant automatiquement ma main sur mon passager, cherchant inutilement à le protéger d’un hypothétique glissement en avant. Pas de choc, je réussis à m’arrêter avant que le pare-buffle démonte l’arrière du pick-up devant nous.

- Et merde… pfffffff… désolé, je… Ouais ok ok, tu peux le dire, j’étais pas concentré. Vas-y tu peux m’insulter… mais tu sais, je suis un très bon conducteur. La preuve, j’ai rien toucher.

Tournant la tête vers mon passager, je lui offre un sourire, qui doit être, à la limite, presque flippant.

- Bon écoute, on va prendre les chemins de traverses, sinon on va y passer la nuit.

Avisant la bande d’arrêt d’urgence, je rallie rapidement la prochaine sortie. Les lumières urbaines deviennent rares jusqu’à disparaître totalement, laissant place à une flore dense où seul le ruban de bitume se détache au clair de lune incomplet. La pluie a laissé une chaussée mouillée mais l’absence de voiture rend la balade tellement agréable. La radio est éteinte et j’ouvre ma fenêtre laissant les odeurs terreuses envahir l’habitacle.

- Qu’est-ce que j’aime rouler comme ça, sans personne. Désolé, le détour va nous prendre quinze minutes mais comme l’autoroute ne sera pas dégagée avant deux ou trois heures, on est gagnant.

Une ombre traverse mes phares, me faisant lever le pied.

- T’as vu ?

C’était furtif, rapide, pas certain qu’il ait vu quelque chose. Je hausse les épaules, lorsqu’une silhouette sombre campe en plein milieu de la route.

- C’est quoi ça encore ?

Le véhicule est arrêté, sans en couper le moteur.

- Pourquoi, y’a toujours un truc bizarre qui pop dans ma vie alors que je voulais juste te montre ma Shelby ? Qu’est-ce qu’on fait ? Je fonce et on s’arrête pas avant le garage ? Merde quoi, on est vraiment pas loin.
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Dim 27 Nov - 15:11 (#)



E
t me voilà embarqué dans un plan avec Ethan. Ethan, et sa langue bien pendue, qui pourrait presque être un individu à part entière tant elle prend de la place. Je ne peux m’empêcher de sourire largement lorsque je l’entends décrire l’accident de sa vieille des marais, le suivant docilement jusqu’à sa camionnette professionnelle. Il s’intéresse à l’ambiance du quartier, aux divers troubles aux alentours d’un établissement comme le Voodoo. Je le rassure aussitôt :

« Non, t’inquiète. C’est Downtown, ici. Y’a surtout des riches et des touristes. Pas le genre à foutre le bordel. Puis les flics y sont plutôt présents. Quant à mes clients, je les garde à l’œil. »

Je lui fais un clin d’œil : inutile de préciser qu’avec ma carrure, y’en a pas beaucoup qui osent la ramener, alcoolisés ou pas. Alors que nous grimpons dans la camionnette, il s’étend sur sa probable rencontre avec un mort qui marche des marais. Un zombie. Zonbi, pour mes ancêtres, dont ma grand-mère Dana. Ça colle en tout cas à la description que son ami, Nico, lui a fait. Le moteur vrombit, nous sommes partis. Et j’en profite pour répondre.

« Nico ? Le patron du Mad Dog ? Il doit s’y connaître, pour le coup. Ça devait être un Zombie. Un mort qui marche des marais. Ma mémé me racontait souvent des histoires les concernant. J’y croyais pas trop. Enfin… jusqu’à la Révélation. Si les vampires existent, alors ces sales bêtes décérébrées aussi. Paraitrait que ce sont des morts réveillés par la magie vaudou. Enfin. Ça pouvait aussi juste être un mec bourré. »

Oui, nous avons cette connaissance en commun, Nicola Alighieri, big boss de la salle de boxe. Mon premier suceur en règle, prime vampire de ma connaissance. Et il fait peu cas du secret de sa nature : Ethan doit la connaitre aussi, même si je ne vais pas l’évoquer sans l’accord du principal intéressé. Je sursaute, m’arrachant à mes pensées, alors que mon conducteur zigzague sur la route pour tenter de dépasser un vieux un peu lent à son goût. Je déglutis, vérifiant que ma ceinture est bien fixée. Je n’étais jamais monté en véhicule avec Ethan, mais ça a l’air d’être un sacré chauffard. Il râle sur un gars un peu lent sur la pédale à un feu rouge, il roule un peu vite à mon goût, révélant sa nostalgie de la conduite en Europe. Ils sont tous fous du volant, là-bas ?

« Voyagé ? Non, pas vraiment. Ma vie a toujours été dans un triangle entre la Nouvelle-Orléans, Shreveport et Bâton-Rouge. J’ai jamais quitté la Louisiane, mes parents roulaient pas sur l’or. Et puis maintenant j’suis pas mal occupé, avec le Voodoo. Wheuuah ! »

Un coup de frein brusque manque de me faire étrangler par la ceinture, alors qu’un bras protecteur s’interpose entre moi et l’intérieur du camtar. Un peu vain, comme protection : si je devais être projeté, nul doute que j’embarquerais avec moi le bras en question. Devant nous, un ralentissement. Un bouchon à l’entrée de l’autoroute. Il se confond en excuse, annonçant que je peux le gronder pour son inattention. Loin de moi l’idée de le faire : je ne voudrais pas qu’il se sente forcé de me prouver son art de la conduite encore plus dangereusement. Je me contente de le rassurer :

« Non, non, tout va bien. Essaie juste d’être prudent, bondyé. J’ai pas l’intention de finir à l’hosto ce soir. »

Pourquoi je l’ai suivi dans cette aventure, déjà ? Par amour pour la vieille mécanique ? Sans doute pas : j’apprécie les belles voitures, mais sans m’en faire une passion. Je parierais plus sur l’occasion de faire une virée entre potes. Voilà, c’est ça : les relations humaines, je kiffe ça. Et je saute sur n’importe quelle opportunité me permettant d’en avoir. J’aime l’aventure en bonne compagnie, certes, mais si j’en sors en vie, c’est encore mieux. Loin d’écouter mon sage conseil, il décide de doubler toute la file par la bande d’arrêt d’urgence. En plus d’être dangereux, je condamne d’habitude cette pratique égoïste. Je me sens un peu honteux, du coup, d’être complice de ça. Et je tâche de me faire tout petit sur la place passager, au cas où on me reconnaitrait. Défi délicat, pour quelqu’un de ma taille.

Après être sortis de l’autoroute, nous nous retrouvons sur des routes plus calmes, ôtant pas mal de possibilités d’avoir un accrochage. Ethan s’excuse du détour, je le rassure aussitôt :

« Pas de problème, j’suis pas pressé. Puis ça fait découvrir des endroits pas connus, même si là il fait tout noir. »

C’est vrai qu’on ne voit pas grand-chose. Je regarde par la fenêtre latérale : il a arrêté de pleuvoir, et on a l’air de s’éloigner de l’effervescence de la ville. La végétation obscure de la nuit forme le décor principal des alentours. Peut-être n’est-on pas loin du bayou. Je ne sais plus trop où se situe son garage. Il me questionne subitement sur un truc qu’il aurait vu, ramenant mon attention sur le bitume. Je lui fais signe ‘non’ de la tête, même s’il ne me voit pas. Mais au même moment, une silhouette se détache sur la route, éclairée par les phares du camion de remorquage, et en sortant presque aussitôt, sans pour autant se retirer de notre voie. Ethan a l’air de s’en inquiéter, et propose de filer droit jusqu’à son garage sans s’arrêter plus longtemps. Je m’interpose face à l’idée.

« Non, c’est peut-être quelqu’un qui a besoin d’aide. Allons voir. »

Décrochant ma ceinture, j’ouvre la portière et m’extirpe du véhicule. La chose aperçue est toujours en plein milieu de la route, même si les phares pointent à côté, rendant difficile toute identification. Ça a l’air humain, en tout cas, et se déplace lentement, et pas très adroitement. Qu’est-ce qu’un mec bourré vient faire ici à cette heure ? A moins qu’il soit blessé ? Je m’approche un peu, questionnant :

« Ça va, monsieur ? Besoin d’aide ? »

Un gargouillement inepte sort de l’être pour toute réponse. C’est clair qu’il n’a pas l’air bien. Je me tourne vers Ethan pour lui dire de se ramener, mais un autre grommellement me fait retourner la tête vers le truc. Car c’est plus un truc qu’un humain, ça c’est clairement une évidence maintenant. La tronche difforme se précise dans l’obscurité, et deux yeux pâles me fixent désormais. Deux yeux… trop pâles pour que ce type soit encore en vie. Et une subite odeur de charogne vient supplanter celle de la végétation humide dans mon nez. Je reste coi, campé sur mes jambes. Purée, est-ce que c’est vraiment une saloperie de mort-vivant ? Il y a peu de doute, désormais. Comment on doit réagir face à un truc pareil ? Ethan m’a dit en avoir déjà rencontré, il a plus de science que moi concernant tout ça. Sans me tourner vers lui, je le questionne :

« Dis. Comment t’as dit que vous vous en étiez sortis, avec Nico, la fois passée ? »
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Jeu 19 Jan - 19:33 (#)

C’est du pur bonheur que de juste rouler en rase campagne, en compagnie de ce bon vieux Wilson. Tout aussi humain que moi, avec des soucis et des problèmes, bassement humains. Eventuellement, Tyler pourrait se joindre à nous qui est tout aussi sympa. D’ailleurs, ça fait un bail que je ne l’ai pas vu, il serait temps que je lui lance un coup de fil.

- Mais t’es pas du bled, toi ? Tu dois connaître chaque centimètre carré de Shreveport et de la brousse qui l’entoure, non ?

Je râle un coup, sur le hasard qui s’acharne à me mettre des bâtons dans les roues. Je veux juste montrer ma vieille caisse à mon pote, rien de plus. Pourquoi faut-il absolument qu’on croise un vieil ivrogne, paumé au milieu de nulle part. Le pire, c’est la bonté de Wil qui, dès que le véhicule est immobilisé, se sent l’âme charitable. J’veux pas aller voir, j’ai pas envie de savoir ce que ce vieux schnock fait là et pourquoi il est là.

Dans un profond soupire, je coupe le moteur, retire la clef du contact, l’empoche et ouvre ma portière. Etant du métier, j’ai trop entendu d’histoire sur le car jacking, c’est devenu un réflexe. En descendant de la camionnette, j’ai un mauvais pressentiment. Un frisson parcourt ma nuque et coule le long de ma colonne vertébrale, c'est pas bon. Y’a pas de bar dans le coin, pas de pince-cul, pas de motel, en tout cas pas à ma connaissance et j’emprunte cette route régulièrement.

La silhouette de mon ami se découpe très nettement dans les phares puissants. Quelque part, sa stature imposante me rassure. Il est à mi-chemin entre ma position et celle du bonhomme qui semble tituber en avançant dans notre direction. Wilson a peut-être raison, le gars a certainement besoin d’un coup main. Pourtant, cette pensée ne parvient pas à me convaincre. Une bonne vingtaine de mètre me sépare à présent de la cabine rassurante de la dépanneuse ; l’air est gorgée d’humidité pour le plus grand plaisir des grenouilles et autres batraciens qui s’en donnent à cœur joie, emplissant la nuit de leur coassement qui soudain s’arrête pour laisser place à un son beaucoup plus guttural et profond.

Une boule se forme au creux de mon estomac alors que mon sang se fige dans mes veines. J’ai déjà entendu ce genre de bruit et j’ai vraiment pas envie que ça se renouvelle. J’avale difficilement ma salive qui s’est faite plus épaisse et entends la question posée par mon bon samaritain. Les mots restent coincés dans ma gorge alors que la chose s’approche en grognant. Faut que je me secoue, on ne doit pas rester là. Je rallie les quelques mètres qui me séparent de Wilson et attrape son bras pour qu’il sorte de sa tétanie.

- Bouge mec ! Dans la voiture !

Tirant sur sa manche, je recule, gardant la chose en vue. Elle est lente, sa marche est chaotique et incertaine. Malgré la panique qui envahit mon esprit, j’essaye de me souvenir ce que Nico m’avait dit concernant ces créatures. Estimant être suffisamment loin, je me retourne, prêt à piquer un sprint en direction du remorqueur. Une exclamation qui ressemble plus à un couinement qui pourrait s’apparenter à un miaulement de chat à qui on marcherait sur la queue, s’échappe de mes lèvres.

- Wil, on a un problème…

Quatre êtres, semblables à celui qui nous fait face, entoure la cabine, attirés par la lumière du plafonnier. Etres débiles, sans conscience, sans désir et surtout sans peur. Nico avait parlé de coquille vide, pas de zombie, d’une chose dirigée par un sorcier ou un truc dans le genre. Délaissant l’idée de retourner à la voiture, je pousse mon ami vers le bas-côté, priant intérieurement pour qu’il n’y ait pas un étang au-delà du halo des phares. La pente est abrupte, un rigodon coule dans le fossé, mouillant mes chevilles. Devant moi, une côte d’un bon mètre se dresse. Agile, ce n’est pas un problème même si je glisse sur l’herbe humide et finis l’ascension à quatre pattes. Je me relève et me retourne précipitamment pour voir comment Wilson s’en sort. Les zombies ne pourront jamais escalader la tranchée. Reprenant mon souffle, je peux enfin répondre à la question précédemment posée.

- Nico a décapité le machin, tu t’en sens capable ? Mais bon, y'en avait qu'un...

L’heure n’est pas à la rigolade, mais je ne peux m’empêcher de rire bêtement, imaginant le colosse dévisser quelques têtes.

- Grimpe ! Qu’est-ce que t’attends ? Ils vont bientôt arriver ! D’ailleurs, il m’a dit autre chose au sujet des « coquilles ». Y’a toujours un gars qui les a créé et qui les dirige. Quand je pense qu’on pourrait être tranquillement coincé sur l’autoroute… Au lieu de ça, on patauge dans le bayou, poursuivit par une horde de marcheurs… T’as vu la série The Walking Dead ?
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Mer 1 Fév - 17:29 (#)

IV

Ethan qui me demande si je ne suis pas du bled, affirmant que je connais la brousse alentours comme pour se rassurer de pas être paumé. Je rêve ou c’est un poil raciste, ça ? Je l’ai alors regardé d’un air sérieux, trop sérieux, scrutateur, juge, lui rétorquant :

« La brousse ? Tu dis ça parce que je suis noir ? »

Un mépris latent a parcouru mon regard pendant quelques secondes, avant que j’explose de rire, frappant sur l’épaule du conducteur. Enfin. Juste avant de lui balancer de quoi l’inquiéter un peu. Et véridiquement, cette fois.

« Tu verrais ta tête. Enfin. J’connais pas mal les alentours oui, mais là, aucune idée d’où on peut bien être. »

Enfin. Tout ça c’était quand nous n’étions encore que deux passagers innocents et sécurisés dans sa camionnette du garage. Là, c’est carrément plus la mouise. Sacrément. Définitivement. Et c’est encore pire que j’ai pu le penser initialement. Éberlué, coi, je reste immobile un peu trop longtemps pour ma bonne santé devant ce cadavre ambulant qui approche à pas maladroits, boiteux et incertains. Par chance, Ethan a l’esprit plus clair, et tire ma chemise pour m’emmener vers sa voiture. C’est la seule solution, oui. Fuir. En écrasant le bousin, au passage, idéalement. Parce qu’autant les vampires, ils sont civilisés, y’a moyen de discuter avec eux, de partager des points de vue, de les supplier d’une merci précieuse en échange d’une docilité exemplaire, mais là… Les zombies ne sont pas connus pour être particulièrement causants, ni raisonnables. Enfin, du peu que je sais d’eux, rapports de ma grand-mère. Je n’en ai jamais croisé jusqu’ici, et j’espérais que ça reste comme ça encore longtemps. Raté, du coup. Mon ami garagiste a bien raison, nous avons fait notre temps ici, il est temps de déguerpir. De…

On a un problème, affirme-t-il. Oui, un mort-vivant qui essaie de nous manger. Ça je savais. Mais… ce n’est pas de ça qu’il parle. Enfin si, mais pas que : Autour de sa remorqueuse, frappant sur les vitres de sa cabine éclairée, quatre nouveaux cadavres ambulants grognent et grommellent. Bondye. Effectivement c’est un sacré problème. L’habit tiraillé par le mécano, je suis ses mouvements avec un abrutissement total. Je manque de me casser la figure lorsqu’il m’emporte dans la pente, trébuchant dans le ru du fond de fossé avec un gros « PLOUF » éclaboussant tout aux alentours, et noyant mes pompes. Des belles chaussures, en plus. De celles qui présentent bien pour le service. Zut. Enfin, c’est pas le plus important, là tout de suite. Ethan part devant, grimpant à quatre pattes un talus herbeux. Du haut de là, il me clame que Nico avait décapsulé celui qu’ils avaient alors rencontré, me demandant si j’en suis moi-même capable. Je sais qu’il rigole – même si le moment est mal choisi – mais je rétorque quand même au premier degré, sans réfléchir.

« Capable ? Tu rigoles ? J’suis pas un… un… j’suis pas comme Nico, moi ! »

Diantre, j’ai failli vendre la mèche. Non pas qu’il fasse grand cas de sa nature, surtout à ses proches. Mais bon, de là à balancer ça aussi librement, il faut que je fasse gaffe moi. Ethan pourrait vouloir lui rapporter mes errements. Et puis, décapiter ces trucs… je préfère ne pas essayer, si c’est possible. En dernier recours, éventuellement. Ils n’ont pas l’air bien solide, en soi : un bon uppercut devrait les mettre à terre assez durablement. Ethanichou me tire de mes pensées destructrices en me pressant de grimper le rejoindre à mon tour. Ouais, ça serait pas mal. Je suis moins souple que lui, mais pas moins sportif. D’une grande enjambée forcée qui tire mon pied prisonnier de la gadoue avec un « floc » gluant, je parcoure la moitié du talus, et le reste n’est plus qu’une broutille. J’arrive à sa hauteur alors qu’il donne des informations précieuses sur ces trucs immondes : apparemment, il y a toujours un type qui dirige ces morts-vivants. Bien, plus qu’à le trouver du coup, et lui dire de gentiment arrêter de nous faire peur comme ça. On lui a rien fait, au bougre.

Mais du coup, de fait, on patauge dans le bayou, et une autre angoisse remonte le long de mon échine. Bordel, et si on tombait sur un alligator ? Il ne ferait qu’une bouchée de mon compère du soir, et aurait encore faim pour me grailler un ou deux jambons. Et puis impossible de discerner quoique ce soit : il fait aussi noir que dans le cul d’un vampire. Non pas que je sois habitué à les visiter, hein, mais… bon. Voilà quoi. Je n’ai pas vraiment envie de répondre à sa question sur Walking Dead. C’est clairement le genre de série à la con où le black meurt en premier, et j’ai aucune envie de confirmer les clichés. En lieu et place, je sors mon téléphone et en allume la lampe-torche. Si on pouvait éviter de croiser la faune locale ou de se prendre les pieds dans la mangrove jusqu’à finir à plat ventre dans la gadoue, ça m’arrangerait. Déjà qu’on a de l’eau jusqu’aux genoux…

Mauvaise nouvelle, en plus : le bruit de succion de mes pas dans le ruisseau ont attiré l’attention des marcheurs pourris. Deux d’entre eux se sont cassé la gueule dans le fossé et tentent déjà de se relever pour grimper le talus. Leur vitesse ne leur permettra pas de nous rattraper si on bouge, mais du coup il nous faut bouger. Par où ? J’en sais foutre rien. Je donne mon avis sur la question :

« On devrait longer la route et rejoindre celle-ci une fois loin de ces saloperies. Une idée du chemin le plus court vers la civilisation ? »

Deux solutions : suivre la route vers l’avant ou vers l’arrière. Hors de question que je me fasse emmener dans un de ses « raccourcis » foireux à traverser le bayou à l’aveugle.

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Mer 8 Fév - 20:39 (#)

- Vampire ! C’est le mot que tu cherches quand tu parles de Nico ? Mec, on sait tous que c’est une sangsue, il ne s’en cache pas. Tu le sais et moi aussi, c’est pas un secret d’état.

Je suis surpris que Wil’ n’ose pas en parler ouvertement. Nico n’a jamais caché sa nature profonde, ni ses terrifiants dons, dont il m’a fait une petite démonstration, il n’y a pas si longtemps au Mad Dog. Combat durant lequel j’ai quand même bien cru que j’allais y rester. J’arrête d’y penser car là, y’a légèrement plus urgent.

Je tends la main au colosse black pour l’aider à grimper le talus mais il n’en a pas besoin. A ma grande surprise, il parvient à escalader la butte en deux enjambées. Admiratif de cette prouesse, je hoche la tête et jette un coup d’œil autour de nous. Hormis la luminosité acérée des phares de la remorqueuse qui troue littéralement la nuit, il fait noir comme… STOP Ethan, pas de métaphore foireuse. C’est pas le moment de me mettre mon pote à dos. Il est bien plus costaud que moi, sacrément agile malgré sa carrure et surtout, il connait le terrain dans lequel on patauge, beaucoup mieux que moi. Quoi qu’il en soit, la pénombre est profonde, presque veloutée, donnant à mon imagination tout le loisir de s’éparpiller. Je déteste quand ça arrive, quand je crois voir des choses qui n'existent pas. J’ai une furieuse envie d’imiter Wilson et de sortir mon téléphone, mais autant économiser les batteries, une seule lumière suffira pour nous guider.

Le faisceau clair de la lampe du smartphone illumine une eau brune et opaque. Dieu sait tout ce qui peut nager là-dedans. Mieux ne vaut pas y penser. De temps à autre, une bulle éclate à la surface sans que je puisse savoir ce qui en est la cause, mais ai-je vraiment envie de le savoir. Mais c’est toujours moins pire que lorsque je me suis retrouvé dans les égouts. Ici, ça pue moins et je ne gauge pas dans cinquante centimètres de merde humaine.

Deux zombies sont dans le fossé, enlisés dans la vase, prisonnier des pentes qu’ils ne parviennent pas à gravir. Les autres rôdent toujours autour de ma camionnette. Ces salopards tapent convulsivement contre les fenêtres et griffent la carrosserie, j’vais encore avoir des problèmes avec le patron, enfin s’il revient un jour. A ce rythme là, ils vont finir par me péter une vitre. L’idéal serait qu’ils viennent rejoindre leurs petits camarades.

- Non mais attends, on peut pas laisser ma voiture là. Et y’a potentiellement l’éventualité que quelqu’un d’autre arrive et se mange le remorqueur. Tu m’diras que ça nourrira la charogne mais bon si on pouvait éviter d’être impliqué dans quoi que ce soit de surnaturel, ça serait assez bénéfique pour mon matricule.

J’observe la scène totalement surréaliste qui se déroule devant mes yeux. Deux macchabées baignent dans le fossé en grognant tout ce qu’ils peuvent, d’ailleurs, comment ces machins-là sont-ils encore capables d’émettre le moindre son ? Question totalement rhétorique mais qui, de mon point de vue, reste quand même ouverte.

- En fait, faudrait ramener les bouffeurs de carrosserie par ici. Après on les contourne et on reprend la bagnole pour se tirer vite fait.

Derrière nous, un bruissement plus fort que les précédents, agite les longues branches des saules. Mon cœur fait une embardée dans sa cage thoracique et mon sang se fige quelques courtes secondes. J’attrape la main de Wilson qui tient le téléphone et braque la lumière vers le clapotis, sans rien détecter.

- Bordel, c’était quoi ? Wil’ si on longe la rive, ils vont nous suivre et on peut pas courir dans la flotte. On est aussi lent qu’eux. J’vais retraverser, je les amène jusqu’ici et tu les attires avec le téléphone. Ils tombent dans le fossé et on se casse. J’ai pas envie de trouver le gars qui fait joujou avec des cadavres ou alors je lui refais le portrait ! Prêt ?

Je n’attends pas son approbation et longe sur quelques mètres la tranchée, cherchant à gagner de la vitesse afin de mettre le plus de distance entre eux et moi, avec succès car les marcheurs restent focalisés sur la petite lumière qui troue la nuit, grognant après le géant. Jugeant avoir mis suffisamment d’espace, je m’élance, grimpe la première bute, passe le filet d’eau et retrouve le bitume rassurant. Sortant à mon tour mon téléphone, je privilégie la lecture de la musique afin d’attirer les monstruosités. Les premiers accords grattés sur une guitare électrique résonnent, donnant à l’obscurité un visage nettement moins sinistre. Le rythme de « Thunderstruck » fini par intéresser les accros de la carrosserie et tourne toute leurs attentions sur moi. La vue de ses visages à la chair pendouillante ou carrément manquante me tétanise. Je fais volte-face et concentre sur le phare lumineux représenté par l’appareil de Wil’. Déviant légèrement pour ne pas tomber sur nos captifs, je choisis un nouvel angle d’attaque, un peu en amont de la position de mon ami. La première partie se déroule à merveille, toutefois, une fois dans le creux du vallon, je m’aperçois que la pente est nettement plus raide et difficile à gravir.

- WIL’ !!! WIIIIIIIIL !!! J’peux pas remonter ! Fais quelque chose ! Viiiiiiite !
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Jeu 23 Fév - 15:13 (#)

V

Mais Ethan n’est pas d’accord avec mon analyse de la situation : il veut récupérer sa voiture, coûte que coûte, quitte à y laisser la vie. Bon, il a ça pour lui de songer à un éventuel usager venu de nulle part qui lui emboutirait le train dangereusement pour ses jours. L’a pas tort : j’avoue n’avoir un peu pensé qu’à la survie de ma propre tronche, jusqu’ici, et pas à son épave ou à un conducteur malavisé qui ne regarderait pas où il va. Ainsi donc, en lieu et place d’une fuite en bonne et due forme, il propose une distraction. Une diversion. Ramener les morts-vivants à notre niveau et espérer les prendre de vitesse pour récupérer la remorqueuse. Ça sonnait comme un plan foireux de scénario de film d’horreur. En vrai, tout ce qui sortait de la bouche d’Ethan pouvait aisément être comparé à un scénario de film d’horreur bidon, dès qu’il s’agissait de CESS. Il avait le don pour rendre tout plus… moins… Bref. Ethan quoi.

M’arrachant un sursaut, il se saisit de mon bras et braque la torche de mon téléphone sur un clapotis non loin. Une divagation de plus, apparemment, mais il a réussi à me faire frissonner, le bougre. Il est grand temps qu’on se carapate d’ici et qu’on aille voir ailleurs si on n’y est pas. Arguant une fois de plus dans le sens de son plan, il indique que si on continue à barboter de la sorte dans la gadoue, nous n’irons définitivement pas plus vite qu’eux sur terre. Mouais. Un argument pas déplacé, que je consens à entendre. La suite, par contre… Il énonce un plan plus capillotracté qu’une grand-mère qui se fait un lifting du visage avec un chignon. Il est censé courir sur la route pour rameuter les streums, et une fois à notre hauteur je devrai les attirer avec mon téléphone pour qu’ils se plantent dans le fossé. Je me gratte le crâne : pas sûr d’être face à une horde de consuméristes bourgeois souhaitant se battre pour le dernier téléphone en vogue. D’autant que le mien n’est ni le dernier, ni en vogue. Je rétorque à son ébauche :

« T’es cinglé. Et t’as intérêt à être un cinglé rapide : ils préféreront mille fois te bouffer la cervelle que de se laisser tenter par une nouvelle technologie. »

Des paroles dans le vent, car quand Ethan décide quelque chose, il fait cette chose, et qu’importe ce qu’on puisse en dire. Je le vois ainsi partir, presque guilleret, à l’assaut de son plan. Après avoir mis de la distance entre eux et lui, il retraverse le fossé, redescend sur la route et décide que c’est le bon moment pour se passer la compile des meilleurs morceaux de heavy metal du siècle dernier. Ça a l’air de plaire aux zombies, ceci dit : ils avaient raison, les films zombiesques qui se gavent de hard rock brutal pour voir leurs héros péter la gueule à des marionnettes articulée peu convaincantes. Bref. En tout cas les castards revenus d’entre les morts se rappliquent, le plan du garagiste fonctionnant à merveille. Et lorsqu’ils sont à ma portée, Ethan décide de courir dans ma direction, à l’assaut du talus. Un talus… à la pente bien plus accentuée où il se trouve que précédemment. Il tombe dans son propre piège : là où il voulait planter les macchabées dans le fossé, c’est lui qui y reste coincé, hurlant comme une vierge effarouchée face à Khal Drogo qui enlève son pagne. L’image, bien malgré moi, me tire un sourire. Je me hâte de le retrouver, et j’éclaire son visage blanchard et paniqué. Il a une de ces tronches : on dirait qu’il s’est chié dessus, là dans son fossé mouillé. Il se débat comme un poulpe hors de l’eau, jouant des membres vainement pour escalader un talus trop aigu pour sa souplesse. Je le toise, avisant les marcheurs boitant derrière lui.

« Hé mec, t’avais raison, ils t’ont suivi. Tu fais un super appât à merdes. »

Je laisse le poulpe mariner un instant de plus, quelques secondes à peine, que la pression monte d’un cran encore. Qu’il hésite sur ma volonté à le tirer de là. Ça lui fera les pieds. Mais je ne saurais le laisser se mettre réellement en danger, et quand les grommellements globuleux des boiteux se font trop proches, je me mets à plat ventre par terre, finissant de dégueulasser mes habits, pour tendre le bras vers le jeunot et le hisser vers ma position avec force. Pas trop compliqué : c’est un poids plume, le petit. On peut presque entendre un « Gnap ! » se refermer derrière sa godasse alors que je l’extirpe de là. Une fois debout, j’éclaire le spectacle ridicule de ces âmes en peine défiant de connerie le pire des anti-CESS. Ils se font littéralement avoir comme des bleus : pas étonnant qu’ils soient déjà morts. Et chacun à leur tour, ils viennent se planter dans le fossé dans des bruits glougloutants, pataugeant sans pouvoir plus s’en extirper. C’en est presque satisfaisant.

Mais Ethan a raison : il n’est pas au programme de traîner plus longtemps ici : s’ils sont là, c’est qu’un cinglé les a réveillés, et ni lui ni moi n’avons envie de croiser sa tronche. Nous mettons de la distance entre les piégés et nous, longeant à contresens ce talus avant de redescendre sur la route, non sans mal. Trempés, boueux, les muscles douloureux et raides, la peur au ventre, nous décampons à toutes jambes vers le camion, en vue. Pas de nouvelle horde prête à nous y accueillir : nous sommes saufs. Arrivant à portée du véhicule, je lâche :

« Go, on rentre là-dedans et on n’en sors plus avant d’être en sécurité. Et pas par un raccourci foireux, cette fois. »

J’embarque, souffle court et crâne mouillé, dans le véhicule. Quelle merde.



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Mer 8 Mar - 15:51 (#)

Bordel, mes basquettes sont bonnes pour la poubelle. Je patauge dans vingt centimètres de gadoue qui cherche qu’à aspirer mes godasses. Bruits de sucions couplés aux grognements éructés par des gorges vides. Par chance, les marcheurs sont lents et rencontrent les mêmes difficultés que moi à progresser dans le rigodon. Mes doigts enserrent comme jamais mon téléphone qui hurle les dernières notes d’AC/DC et je m’efforce de grimper cette foutue pente parvenant à aucun résultat probant. Je glisse lamentablement et retombe dans la flotte froide. Tout en jurant comme un charretier, j’entends la voix de Wil’, un timbre un peu trop moqueur pour moi, résonner dans la nuit. Levant la tête, j’ai une vision totalement déformée du bonhomme qui ressemble vraiment à une montagne vivante, se foutant littéralement de moi !

- Fais pas chier, Wil ! Sors moi de là, bordel ! Jetant un regard affolé par-dessus mon épaule, j’estime que j’ai le temps d’ajouter un argument supplémentaire pour qu’il me tende la main. T’façon, c’est moi qui ai les clefs de la bagnole…

Enfin la paume claire du barman apparaît dans mon champ de vision et je m’y accroche comme une moule à son rocher. Un dernier son de ventouse se fait entendre et j’ai l’impression de m’envoler dans les airs.

A nouveau sur mes deux pattes, libre de tous mouvements, j’abaisse mes yeux sur le spectacle des morts-vivants éclairés par Wilson, alors que mon propre téléphone déblatère une pub pour je ne sais quel dentifrice. D’un doigt boueux, je mets fin aux blablas fluorés pour retrouver une nuit calme, rompue par les grognements visqueux de nos poursuivants. Me sachant enfin en sécurité, je suis incapable de taire ma verve, les insultant copieusement.

- Bande de crétins ! Fallait rester dans vos tombes et crever tranquillement au lieu de venir nous faire chier ! Maintenant, vous allez pourrir dans la vase ou finir dans le ventre d’un croco ! C’est bien fait pour vous !

Je ponctue ma tirade par un magnifique doigt d’honneur et un crachat qui termine sa course sur le crâne échevelé du zombie le plus proche qui n’a même pas la décence de s’en offenser. Ca me démange terriblement de lui mettre un dernier coup de pied féroce dans sa tronche mais je ne suis pas certain que ce soit l’idée du siècle. Si je glisse et que je me retrouve dans le fossé, ça sera ma dernière action et j’ai vraiment pas envie de finir en bouffe pour zombie.

Emboîtant le pas au colosse, on retrouve le sol bitumé, apportant un semblant de réconfort. Mon jeans colle à mes jambes et chaque enjambée que je fais, me rappelle toute la boue que je trimballe. Une idée débile déboule de nulle part et je fais part de mes inquiétudes à mon compagnon d’infortune.

- Dis… tu crois qu’il y a des sangsues dans la vase ?

Il est certain que je n’allais pas vérifier dans l’immédiat et me mettre à poil en pleine nuit sur une route vagabonde, mais l’idée que des bestioles me boulottent les mollets, ne m’enchante pas trop. C’est ventre à terre que nous arrivons à la cabine, toujours illuminée, portière conducteur grande ouverte. Je jette un coup d’œil à l’intérieur avant de m’installer derrière le volant.

- C’était pas un raccourci foireux, j’utilise toujours cette route et y’a jamais eu de choses mortes qui s’y baladaient. On serait encore dans les bouchons et… avoue, t’avais jamais croisé de « marcheurs »…

Je lui lance un rapide regard amusé. Maintenant qu’on est à l’abri dans le camion-remorque, toutes portes bien fermées, moteur ronronnant et roulant sur l’asphalte craquelé, je me demande si ce que l’on a vécu, était vraiment réel. Nos vêtements sont trempés et boueux, Wil’ a encore un peu d’herbe coincé dans col, y’a pas de doute, c'était pas un cauchemar.

La quatrième vitesse n’est pas encore enclenchée que j’aperçois une nouvelle silhouette au bord de la route, marchant d’un bon pas. Mon idée première est de ne surtout pas s’arrêter. Un gars, ou une meuf, qui se balade seul, en pleine nuit, sur un chemin sombre, ne peut pas être net. Y’a pas d’habitation dans le coin, pas de bistrot sauvage perdu au fin fond du bayou, donc c’est forcément quelqu’un de louche. Pourtant, si la personne poursuit son chemin dans cette direction, elle va forcément tomber nez à nez avec les trucs s’agitant dans le fossé. Après, les machins sont pas près d’en sortir, à part si le sorcier qui les manipule est dans les parages. En plus, on doit faire peur à voir, tout dégueulassé, de la boue jusque dans les cheveux.

- On ne s’arrête pas, on est bien d’accord ?
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Anonymous
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Jeu 16 Mar - 23:03 (#)

VI

Nous atteignons donc la voiture, non sans qu’Ethan se permette d’inonder nos détracteur détraqués d’insultes aussi colorées qu’il est pâle. Et une inquiétude subite et sortie de nulle part de la présence de sangsues dans son pantalon. Les nerfs à vif, je ne peux retenir un petit ricanement, commentant brièvement :

« Si tu connais vraiment les vampires, tu devrais pas avoir peur de quelques sangsues. »

Heureusement, il se met au volant et commence à conduire. Il se justifie de la position dans laquelle nous sommes, précisant qu’il connait bien la route et que ce n’était pas du tout un raccourci foireux. Mouais. Je ne le crois qu’à moitié. Il a eu l’air quand même bien paumé. M’enfin, je veux bien le croire quand il dit qu’il n’y a jamais vu de morts-vivants. C’pas le genre de truc qu’on croise toutes les lunes. Comme si la réponse n’était pas complètement évidente, il me demande si j’ai déjà vu des « marcheurs », comme il les appelle. Ces zombies maladroits, coquilles vides animées par la magie d’un nécromancien ou d’un vaudou des marais, pataugeant à la recherche de vie à dévorer ou au service de leur maître.

« Vu, non. Ma grand-mère en parlait, parfois. »

Mama Dana. Elle me manque, souvent. D’autant plus depuis la Révélation : tout ce qu’elle me racontait quand j’étais môme, toute cette magie, toutes ces croyances qui avaient fini par sonner comme des comptes fantaisistes à mes oreilles – sans les remettre totalement en question cependant – étaient fondées. Elle aurait aimé vivre dans un monde où la magie est publique et répandue. Peut-être aurait-elle avoué ses pouvoirs au monde. Peut-être me les aurait-elle montrés ? C’est une certitude pour moi, comme ça l’était à l’époque : ma grand-mère était une sorcière vaudou. Une prêtresse, une mambo. La vérité n’était peut-être pas totale, dans ses mots, mais je suis persuadé que ses discours m’ont préparé à la Révélation pendant toute ma jeunesse. Préparer à comprendre, préparé à respecter, préparer à craindre, aussi, à la jouer prudent face à ces créatures surnaturelles puissantes. Ne pas se jouer d’eux, avoir une déférence notable, les respecter. Tel est mon fer de bataille au quotidien : essayer de faire comprendre ça à mes contemporains. Sans me faire passer pour un illuminer ou me faire classer dans la caste des groupies. C’est pas forcément bien vu des types qui doutent un peu. Ni de ceux qui haïssent. Et j’ai un commerce à protéger, mine de rien. Je conclus auprès d’Ethan, alors que nous roulons de nouveau à mon plus grand soulagement.

« Et j’espère ne plus avoir à en croiser dorénavant. »

Aucune envie d’y laisser ma peau. Quelle idée stupide aussi d’aller se promener de nuit dans le bayou. Personne se balade ainsi au milieu de la route à une heure si tardive dans un coin si reculé.



Sauf que si. Et nous en rencontrons encore un assez vite. Et comme précédemment, y’a rien autour. Rien qui puisse expliquer sa présence en tout cas. Le garagiste de mes amis semble vouloir ne pas s’arrêter, et me demande confirmation de sa thèse. Ça m’ennuie un peu : d’un côté, j’ai absolument pas l’intention de me retrouver face à un nouveau monstre, mais d’un autre si c’est un simple humain, il court droit à sa mort. Aussi vite que je peux, je souffle à Ethan :

« Freine doucement, j’ouvre la fenêtre. Prépare-toi à appuyer sur le champignon si ça partait bizarre. »

Et j’acte mes mots, moulinant pour ouvrir le carreau. Arrivé à portée du badaud, je remarque sa démarche hésitante, bien que déterminée. Bordel, encore un de ces trucs ? Il fait trop noir pour distinguer précisément ce que c’est, mais ça a l’air groggy et baveux. Ma conclusion est rapide :

« Ok, fonce, on vire de là et on s’arrête plus. »

Si j’avais su, seulement, que c’était qu’un mec imbibé d’alcool ?

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Fear is the mind killer
Ethan Roman
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Mar 11 Avr - 18:01 (#)

- Vampires et sangsues, c’est pas la même chose.

Lâchant le volant le temps de faire un doigt d’honneur à Wil, lui adressant un sourire en coin par la même occasion, histoire qu’il ne pense pas que je suis sérieux. Dire que je connais LES vampires, c’est faux. Il n’y a que Nicola, les autres je les répugne. On dira que l’italien est l’exception qui confirme la règle. Je ne vais pas épiloguer sur le sujet, nous ne sommes pas en position pour les confidences. La seule chose qui m’importe, c’est d’arriver, le plus vite possible au garage, me changer, boire une bière et rire de cette soirée de merde avec mon ami.

Natif de la Louisiane, la réponse de Wilson ne me surprend qu’à moitié. Les histoires de vaudou vont bon train dans cette région. Je respecte trop ce genre de croyance pour m’y intéresser. Les mythes et les légendes roumains me suffisent amplement, même si je suis loin de chez moi. Toutefois, par courtoisie du pays où je vis, je tente d’en savoir un peu plus.

- Tu… le vaudou, tu le pratiques ? Tu as déjà vu des trucs ? Ouais enfin tu vois ce que je veux dire. Tu n’es pas sans savoir que je suis roumain. Chez moi, on a la Vrăjitorie, c’est une sorte de magie noire. Ceux qui la pratiquent, pensent qu’ils sont capables de jeter des malédictions, concocter des philtres d’amour, prédire l’avenir évidemment ou faire le mal. Après, je ne sais pas si je veux y croire ou pas.

Adolescent, j’ai vu, de mes yeux vus, des choses dans les fumées des feux que la vieille du village avait allumés. Après, elle avait mis tellement de sortes d’herbes, de feuilles et autres trucs dont je ne veux même pas me souvenir que ça ne m’étonnerait même pas que, qu’on était tous bien shooté, accordant tous les crédits aux adultes. Avec le recul et tout ce que l’on sait maintenant, je ne sais plus quoi en penser.

Le silence n’a aucune chance de s’installer. Entre la musique parasitée, crachée par la radio, notre discussion et le ronron réconfortant du moteur, je me sens rassuré. J’ai besoin de bruit autour de moi, le silence est bien trop anxiogène et propice à mon imagination débordante de se développer. Surtout après ce qu'on a vécu.

Selon les instructions de Cooper, je ralentis à l’approche de l’humanoïde. Mon cœur reprend sa cavalcade. Ce pays va me faire crever avant l’heure. Doucement, je m’approche. La main sur le levier de vitesse, le pied près à enfoncer la pédale d’accélération. Je ne vois pas, nous sommes trop hauts, je dois m’en remettre uniquement au jugement du colosse. Une phrase est prononcée, très vite, c’est à peine si j’en saisis les mots. Tout ce que j’ai compris, c’est qu’il faut déguerpir. A aucun moment je ne mets sa parole en doute.

Sans demander plus d’explication, j’obéis et fais hurler le moteur de la vieille camionnette. Tant pis pour les rapports loupés, du moment qu’on file droit dans la nuit, tout me va. Je ne décélère pas avant d’atteindre la route principale, bien éclairée par une forêt de lampadaires. J’ai rarement été aussi heureux de retrouver la civilisation.

Une première station-service signe le début de l’agglomération. Instinctivement, je jette un coup d’œil à ma jauge d’essence. Tout va bien, elle indique la moitié du plein. Manquerait plus que je fasse le coup de la panne à Wilson pour mettre un point d’honneur à cette soirée chaotique. Pensée qui me fait sourire, mais que je garde pour moi. La circulation est fluide et nous atteignons rapidement le garage que je contourne pour y garer le véhicule à l’arrière.

- Et voilà, tu vois, on est bien arrivé finalement. Allez, je t’offre une bière.

La porte de secours est déverrouillée et la lumière de l’atelier enclenchée, nous aveuglant pendant quelques secondes. Nettement plus libre de mes mouvements dans cet environnement familier, je referme l’hui derrière mon ami. Le quartier n’est pas le plus sûr de Shevreport et nous avons eu suffisamment de surprises pour la soirée.

- Si tu veux te décrasser, y’a une salle de bain, après le bureau. Y’a même une douche dans le vestiaire. En cherchant bien, je dois avoir quelques fringues à ta taille. Ce sont des trucs publicitaires, je te préviens, moches à souhait, mais c’est à ta disposition, t’as qu’un mot à dire. Il doit même y avoir des serviettes propres. Après, je te montre la Shelby.
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