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Sweet Home Chicago | feat. Anaïs

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Anonymous
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Mer 24 Mai - 18:05 (#)



Sweet Home Chicago
Sur la route, Printemps 2021
ft. Anaïs



E
n effet, c’est toi qui dictes les règles. Enfin, à moitié tout de même. Si ça n’avait pas été pour elle, tu aurais déjà repris la route en ce moment. L’idée est de faire halte un peu passé mi-chemin, aux alentours de cinq heures de l’après-midi. Prendre une chambre dans un motel de bord de route et dormir dans un lit qui n’est pas le tien. Juste profiter du voyage en tant que tel et prendre le temps de réfléchir. Tant de choses auxquelles penser, l’introspection telle un abysse inévitable qu’il ne valait mieux pas explorer chez toi. Que tu le veuilles ou non, tu as déjà trempé les pieds dans l’eau et ce n’est qu’une question de temps avant de devoir t’y plonger en apnée.
En attendant, tu souffles longuement et silencieusement, appuyée contre la carrosserie de la voiture. Ce qui n’était qu’un ruban sans conséquence de mots en l’air se transforme en un discours de soutien de la part d’Anaïs. C’est un peu son truc à elle, les monologues inspirants. Dommage qu’ils ne marchent pas exactement comme elle l’entend. Oh, tu ne doutes pas que sur d’autres ses mots doivent avoir un impact, mais chez toi ils n’en ont aucun. Ce n’est pas pour autant que ça n’est pas efficace, simplement, tu fais beaucoup plus attention au timbre et à la mélodie de sa voix qu’au reste. Tu n’es pas bien sûre de comment elle le prendrait si tu lui disais, ce qui n’arrivera sans doute jamais de toutes façons, mais elle sonne comme le côté frais de l’oreiller, et tu apprécies ça plus que n’importe quel mot qu’elle pourrait te dire.

« Hors de question qu’on fasse demi-tour maintenant, » réponds-tu sobrement après quelques longues secondes de silence. Au loin, l’autoroute crée un bourdonnement évanescent dont tu n’es même pas sûre que ton amie l’entende aussi. Par terre, quelques parcelles de chiendent ont réussi à pousser dans les fissures du béton. La comparaison serait facile, mais tu la refuses. Tu vaux mieux que ça.
Maintenant au zénith, le soleil agresse tes yeux même de ses reflets, et tu trouves le moment judicieux pour enfiler tes lunettes teintées. Larges, elles dissimulent une partie de ton visage, et surtout ton regard. C’est pour ça que tu les as choisies. « Je me fiche pas mal de ma mère, tu sais. Elle est morte, maintenant, c’est bien sa veine. Elle aura pas à entendre ce que j’ai à lui dire. Une salope égocentrique jusqu’au bout… » finis-tu par souffler pour toi-même. « Non, j’y vais pas pour elle. J’y vais pour tous les autres. » Tu lui dois au moins ce petit bout d’explication. « J’avais promis de passer à autre chose, mais c’est plus fort que moi, cette fois. J’y vais pour me faire détester. » Quelle étrange chose à faire que sourire en prononçant ces mots-cis. C’est peut-être même cette étrangeté en elle-même qui te fait sourire.
Doucement, tu rouvres la portière conductrice et t’installes sur le siège nonchalamment. Vous pourrez repartir quand elle sera prête. Sans doute l’effet placebo, mais tu ressens le regain d’énergie promis par la canette chatoyante. Avec un peu de chance, ce sera suffisant pour faire le reste du trajet de la journée d’une seule traite.


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Baby Chaos - Là où je passe, la paix trépasse.
Anaïs Wilhm
Anaïs Wilhm
Baby Chaos - Là où je passe, la paix trépasse.
A SONG OF BLOOD

En un mot : Outre en perdition
Qui es-tu ? : *Un esprit traumatisé par la cruauté de ceux qu'elle pensait être ses camarades, à jamais marqué par l'absurdité de la violence humaine.
* Fille émancipée d'une famille humaine qu'elle a fui pour sa propre sécurité. Outre dans un monde d'humains qui ne cherchaient pas à la comprendre, juste à la plier au conformisme réconfortant de la normalité.
* Apprentie curieuse et consciencieuse de Daphné Calabrezzi. S'est lancée sur la voie du chamanisme, marchant dans les pas de sa mentore avec patience et détermination, persuadée d'avoir trouvé la voie qu'il lui fallait.
* Inscrite à la LSU, en médecine. Malgré un dossier scolaire chaotique à cause d'une année de fugue, se démène pour prouver, aux autres et à elle-même, qu'elle réussira.
Facultés : *Hémokinésie, contrôle du fluide vital
*Apprentie chamane, amie des loups et des gitans
*Etudiante en médecine, acharnée et consciencieuse, pleine de projets en tête.
*Musicienne et chanteuse amateur ne sortant jamais sans son casque. Danseuse du dimanche. Incollable sur la musique, sa passion, son refuge.
Sweet Home Chicago | feat. Anaïs - Page 2 Homepics

Thème : Mama Cass Elliot - Make Your Own Kind Of Music
Sweet Home Chicago | feat. Anaïs - Page 2 Beverly-marsh-wink
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Jeu 25 Mai - 11:49 (#)

Anaïs illustration

Bien sûr qu’elle n’allait pas faire demi-tour, cette tête de mule. Mon sourire se fait presque amusé quand elle énonce l’évidence. Même en le proposant, je savais qu’elle n’allait pas choisir cette option, peu importe la raison derrière son choix. C’est comme si elle voulait se prouver quelque chose à elle-même dans cette histoire, qu’elle voulait montrer qu’elle avait le cran de faire ce qu’elle ne voulait pas faire. Au fond de moi je crains un peu que cela n’empire l’équilibre fragile qu’elle a réussir à se créer, que cela va raviver des choses enfouies qui vont la bouffer petit à petit. Peut-être que ce sera cathartique, et c’est ce que je lui souhaite, mais je ne peux pas empêcher d’avoir peur pour elle. Elle n’aimerait sans doute pas que je la surveille pour être sûre et certaine qu’elle va bien, mais où est le mal si je peux m’assurer qu’elle en ressort entière de tout ça ?

Comme souvent, elle se cache, cette fois derrière une paire de lunette plutôt que son épaule, mais je ne relève pas. J’ai appris à lire les petits gestes subtils qui dévoilent une partie de qui elle est. Elle a besoin de cette sensation rassurante que je ne remarque pas lorsqu’elle sourit derrière son épaule ou qu’elle me jette un regard derrière ses cheveux. Regard qui disparaît derrière les verres sombres qu’elle installe sur son nez. Je détourne le regard, levant les yeux vers le ciel trop beau et ensoleillé pour un moment pareil. Entendre Heidi énoncer confessions après confessions mériterait un temps adapté. Car elle continue et je ne peux empêcher mon cœur de se serrer un peu. Je la revois, en larmes et vulnérable, pas plus tard qu’hier.

Je soupire en la regardant s’asseoir. Je la comprends, un peu, cette envie de dresser ses deux majeurs dans toutes les directions. Si elle en a besoin, qui suis-je pour lui dire de ne pas le faire ?

- Je pense que tu veux simplement tourner la page pour de bon et que c’est la manière la plus radicale de le faire.

Je m’approche de sa portière et pose ma hanche contre la carrosserie, baissant les yeux vers elle.

- Et ça c’est une raison suffisante. Dis-leur que tu les hais tous, crache sur sa tombe et lâche le micro avant de partir, qu’est-ce que tu veux qu’ils fassent ?

Si on m’avait dit un jour que je l’encouragerais à faire ce genre de trucs… Mais ils ne méritent pas ma sympathie, contrairement à elle. Heidi mérite bien plus que tous ceux qui lui ont pourri la vie.

- Et après ça, tu passeras à autre chose, tu feras ta vie comme tu l’entends et ce sera la meilleure revanche que tu pourrais avoir.

Je fouille dans le sac que je tiens toujours dans une main et dépose la barre de chocolat sur ses genoux avant de m’écarter avant qu’elle proteste.

- Mange, le chocolat te fera du bien. Le trajet est encore long.

Autant au sens propre qu’au sens figuré. Je fais le tour de la voiture et ouvre la porte pour m’installer à mon tour. Il nous reste encore vraiment beaucoup de route.

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Jeu 25 Mai - 15:45 (#)



Sweet Home Chicago
Sur la route, Printemps 2021
ft. Anaïs



T
u aimes la radicalité. Tu ne saurais dire s’il s’agit d’un choix conscient ou bien du fruit des circonstances de toute une vie, mais tu trouves une sorte de beauté dans la pureté de l’intention et dans le rejet du compromis. Dans le fait même de se faire qualifier de radicale et de te dresser sans flancher sur tes choix, puisque c’est aussi de cela qu’il est question : de tenir bon dans l’affirmation de son individualité. Tu es unique, différente, radicale, et par-dessus tout tu veux être fière.
Anaïs n’a pas nécessairement tort, ce coup-là. Pour tourner la page, tu dois finir de la lire, en un sens, pour que ne subsiste aucun doute dans le chapitre suivant. Derrière le verre teinté de tes lunettes, tu regardes la menue rouquine venir s’adosser à son tour à la place à laquelle tu te tenais. Cracher sur sa tombe ? Voilà qui mérite un sourire, peut-être le premier réellement sincère de la journée. Ca n’est pas l’envie qui t’en manquera, tu en es certaine, mais ça n’est pas comme ça que tu imagines la scène. Et l’imaginer, tu as bien assez eu le temps de le faire en conduisant depuis ce matin, et tu auras bien assez le temps de le faire en conduisant cet après-midi.
Ils seront tous là, comme ils l’ont été chaque semaine pendant dix-sept ans. A l’époque, leurs regards étaient de véritables poignards, encore plus douloureux que les bleus que tes parents te forçaient à exhiber en pensant que cela te servirait de leçon. C’est qu’ils savaient la manière dont on te dévisagerait et tout le mal que cela te ferait ; après tout, si ça ne corrigeait pas tes vilaines manies, ce serait au moins mérité. L’avantage, c’est que sous tes lunettes de soleil, on ne distingue presque pas l’hématome laissé par… l’autre, hier soir. Il suffirait pour eux de le voir, et tu pourrais abandonner tout espoir de graver une ultime image de toi différente de la dernière que tu as laissée.
Que veux-tu qu’ils fassent ? Rien, mais c’est précisément là toute la perversité de ta famille. Jamais ils ne t’ont touchée, jamais tu n’as eu à craindre pour ta santé avec eux. Tout était dans leurs mots ; dans leurs foutus regards. Des yeux froids et coupants comme le verre.

Après avoir tendu à Anaïs la moitié restante de la barre chocolatée, le moteur de la voiture vrombit discrètement à nouveau. Encore quatre ou cinq heures de route et tu pourras considérer la journée comme terminée.
La seule fois où tu as foulé le sol de Saint-Louis était lors de ta fugue. Tu étais une gamine paumée en train de frauder un bus de nuit avec ta valise de l’internat, ta trompette achetée au prix de toutes tes économies, et un billet de vingt dollars subtilisé de la poche d’un passager assoupi. Malgré la peur qui te criblait le ventre et l’incertitude la plus totale de l’endroit où tu serais dans un jour ou deux, tu ne t’es jamais sentie aussi libre.
Au milieu des plaines aux herbes sauvages du Missouri, un rayon de de bitume scinde le paysage en deux. Pour la deuxième fois du trajet, la voiture s’écarte de l’artère principale pour sillonner quelques minutes la campagne jusqu’à croiser le néon grésillant d’un motel quelconque. « Celui-ci devrait faire l’affaire. » Ils se ressemblent tous un peu, de toutes manières. Un bâtiment de deux étages devant lequel trône un parking un peu trop grand, des portes numérotées jouxtées de rideaux passés de mode depuis une décennie au moins déjà : l’Amérique dans son essence la plus profonde. A part l’accent, rien ne change. Pratique.
Un dizaine de minutes plus tard, tu reviens donc au niveau de la voiture en exhibant dans ta main la carte d’accès. Chambre double au rez-de-chaussée, il n’y a plus qu’à décharger le peu de bagages qui traîne dans le coffre pour enfin déclarer la journée finie.


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Anaïs Wilhm
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En un mot : Outre en perdition
Qui es-tu ? : *Un esprit traumatisé par la cruauté de ceux qu'elle pensait être ses camarades, à jamais marqué par l'absurdité de la violence humaine.
* Fille émancipée d'une famille humaine qu'elle a fui pour sa propre sécurité. Outre dans un monde d'humains qui ne cherchaient pas à la comprendre, juste à la plier au conformisme réconfortant de la normalité.
* Apprentie curieuse et consciencieuse de Daphné Calabrezzi. S'est lancée sur la voie du chamanisme, marchant dans les pas de sa mentore avec patience et détermination, persuadée d'avoir trouvé la voie qu'il lui fallait.
* Inscrite à la LSU, en médecine. Malgré un dossier scolaire chaotique à cause d'une année de fugue, se démène pour prouver, aux autres et à elle-même, qu'elle réussira.
Facultés : *Hémokinésie, contrôle du fluide vital
*Apprentie chamane, amie des loups et des gitans
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Ven 26 Mai - 0:51 (#)

Anaïs illustration

Un sourire sur son visage, c’est un peu une victoire face aux derniers événements et ceux à venir, et ça me suffit. Je récupère la barre de chocolat à moitié entamée et la discussion est close. Je ne sais pas ce qu’elle va en tirer, si elle en tire quoique ce soit, mais j’ai dit ce qui me semblait important et c’est à elle de faire ses propres choix, maintenant. Il nous reste encore quelques heures de route, mais pour elle, elle est bien plus longue que ça. Et toutes les discussions du monde ne l’aideront sans doute pas à aller plus vie ou assurer qu’elle arrive au bout, saine et sauve. Ça ne m’empêchera pourtant pas d’essayer. Mais à la place de grands discours éloquents, le reste du voyage se pare de petites discussions sans grande importance. Sur ce que le paysage a de drôles à offrir ou sur la musique qu’elle passe. Et c’est d’une normalité rafraîchissante.

Lorsqu’on approche finalement de Saint-Louis et de son décor complètement cramé par le soleil brûlant, l’envie de faire une halte devient une absolue nécessité. Ça m’apprendra à enfiler des chaussures de ce genre. Entre mes fesses et mes pieds, la douleur balance et l’arrêt dans un motel qui ressemble à n’importe quel autre motel me fait un bien fou. Tandis qu’Heidi va nous réserver une chambre, je m’étire, espérant qu’il y aura de quoi nous loger immédiatement. Il faut que j’enlève ces objets de torture que j’ai aux pieds. C’’est avec un certain soulagement que voir Heidi revenir en brandissant la clé d’une des chambres. Soupirant de soulagement, je l’accompagne avec nos maigres bagages et grimace aussitôt en entrant dans la chambre. Voilà qui me rappelle des souvenirs… des bons et des moins bons… Mais surtout.

- Ah, enfin, j’en pouvais plus.

Je déchausse mes chaussures  en les lançant presque d’un geste vif de chaque jambe et soupir de contentement avant de donner une explication à Heidi qui ne doit rien y comprendre.

- Ces chaussures me font un mal de chien. Je les porte pas aussi longtemps d’habitude, au moins je saurai pour la suite. Et en parlant de mal de chien…

Je pointe ses yeux du doigt. Je n’aime pas le cocard que la soirée lui a laissé. Je pense être capable de le lui enlever sans trop de problème, mais il fallait que je sois un minimum reposée, sinon ça aurait pu tourner à la catastrophe.

- Tu veux bien me laisser soigner ton œil ? J’ai un peu de pommade, mais ce serait plus efficace si tu… me laisse faire.

Elle hésite et ça ne me surprend pas, mais elle finit par se résigner et, une fois toutes les deux assises sur un des deux lit, j’enlève ses lunette et examine le contour de son œil. Ce n’est pas beau à voir. Je m’installe face à elle et approche mes mains, les arrêtant avant de toucher son visage.

- Je vais juste poser mes doigts autour. C’est… C’est plus facile si j’ai un contact direct. Tu veux bien ?

Nouvelle hésitation, mais elle accepte, non sans grimacer quand mes doigts effleurent sa peau. Je me contente d’attendre qu’elle se détende, sans bouger. Si elle bouge les muscles de son visage, ce sera encore plus difficile et ça va être un exercice suffisamment délicat pour que je ne me rajoute pas une difficulté supplémentaire. Lorsqu’elle parvient à détendre un peu son visage, je ferme les yeux et laisse mon pouvoir couler et rouler jusqu’au bout de mes doigts.

- Si tu sens un petit picotement, c’est normal. Essaie de te détendre au maximum. Ça fera pas mal, promis.

Et je fais de même, inspirant et expirant lentement, les épaules détendues, espérant qu’elle fasse de même. Puis le pouvoir qui glissait sur mes doigt pénètre son épiderme et s’imprègne dans le contour de l’œil. C’est un capharnaüm sans nom de vaisseaux sanguins abimés et de petites bulles de sang à la dérive. Réparer tout ça va prendre un peu de temps et beaucoup de concentration…


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Ven 26 Mai - 12:33 (#)



Sweet Home Chicago
Sur la route, Printemps 2021
ft. Anaïs



L
a porte de la chambre s’ouvre et révèle la moquette beige et la tapisserie terne du la pièce dans laquelle vous allez passer la nuit. Deux lits séparés par une table de nuit sans doute plus vieille que vous deux, un fauteuil à la couleur pistache délavée, un miroir plein de traces de doigts… Quelle extrême banalité, c’en est presque toucher le beau du doigt.
La rouquine est la première à mettre les pieds dans la chambre, non sans justement les faire remarquer. D’un œil fatigué et circonspect, tu la regardes se défaire de ses chaussures et soupirer enfin son aise. C’est un problème que tu ne connais que dans une moindre mesure. C’est l’avantage de porter la même paire de bottines depuis quasi une décennie. Les rares occasion où tu changes sont les concerts importants pour lesquels tu enfiles à contrecœur une paire de talons que tu t’empresses de quitter dès que possible, à l’instar d’Anaïs il y a quelques secondes. Derrière le verre teinté, ton regard fatigué s’attarde une demie seconde de trop sur cette image avant que tu ne finisses par rentrer à ton tour et fermer la porte derrière toi en essayant de chasser cet intérêt naissant de ton esprit.

Tu fais un pas de plus avant de t’arrêter en chemin, au moment où ton amie te propose de faire disparaître le cocard qui éclipse les cernes sous l’un de tes yeux. Tu comprends bien que la manière dont elle le fera ne sera pas traditionnelle, et même si tu lui as avoué ne pas être à l’aise avec les démonstrations de magie, tu ne peux pas te permettre d’être vue aux obsèques avec cette tare. Alors très bien, qu’il en soit ainsi. Tu approuves d’un léger signe de tête puis prends place délicatement au bord de l’un des lits. Tu ne le remarques que maintenant, mais ce degré de silence est extrême lorsque l’on vient de passer des heures harcelée par le ronflement des moteurs. C’est comme une bulle qui se forme d’un coup autour d’elle et toi dans laquelle il n’existe rien d’autre que la mélodie de son souffle et le rythme de son cœur.
C’en est presque tétanisant de nouveauté. Vous avez déjà passé des dizaines d’heures ensemble, juste toutes les deux, mais elles n’ont jamais eu cet impact sur ta conscience. Il faut que tu mettes ça sur le compte de la fatigue, autrement ça soulèverait des questions auxquelles tu n’es pas du tout prête à faire face. Elle enlève tes lunettes, et vos regards se croisent sans trop savoir quoi se dire.
Une nouvelle fois, tu hoches machinalement la tête et ses doigts effleurent ton visage. Ca ne fait même si mal que ça, mais tu grimaces quand même, par réflexe. Ton cœur s’était serré pendant un instant comme si ses doigts allaient brûler ta peau d’un feu que tu ne pourrais pas éteindre, mais c’en a été tout le contraire : un toucher de velours qui te fait te détester encore plus de te l’être interdit pendant si longtemps. Oh, tu ressens un picotement, mais il n’a rien à voir avec la magie qu’elle est en train d’opérer.

Combien de temps le contact aura duré ? Tu n’en sais rien, une minute, deux, peut-être une heure. Ca n’est pas important. Ce qui l’est est que tu sois soulagée qu’il soit enfin fini. Pas parce que tu le trouvais insupportable, mais parce que tu étais presque impatiente de réaliser que tu n’allais pas en mourir. Tu as fermé les yeux pendant la plus grande partie de l’opération, c’était beaucoup plus simple à gérer comme ça, et maintenant que tu les rouvres, tu adresses une ombre de sourire à Anaïs. Il ne faut pas trop t’en demander : le fait d’être restée assise sans bouger aussi proche d’elle est déjà beaucoup plus que tu aurais pu t’imaginer faire ne serait-ce qu’il y a deux jours.
Et c’est bien pour ça que tu fuis, poliment. « Merci. C’était important. » Tu aurais autrement maquillé les stigmates de cette soirée désastreuse avec du fond de teint, mais sa méthode était sans doute la plus fiable. Finalement, tu te lèves et t’écartes du lit en direction de ton bagage. « Je vais prendre une douche. J’attends ça depuis qu’on est parties. » Le ton est celui d’un humour maladroit, mais tu ne restes guère longtemps pour en constater les effets. Vêtements propres à la main, tu files dans la salle de bain et commences à laisser couler l’eau après t’être assurée d’avoir verrouillé la porte. Tu observes avec intérêt l’absence de l’hématome sur ta pommette tandis que la buée s’empare du miroir. Tes vêtements tombent sur le carrelage glacé uns à uns, et tu rentres sous le jet d’eau délicieusement brûlante dans un long souffle de soulagement. Tes mains que tu avais instinctivement utilisées pour cacher ton intimité se délogent finalement, et tu les poses sur ton visage inclinant la tête en arrière. Un nouveau soupire d’aise ; la chaleur de l’eau finit par dénouer, après un peu de résistant, la tension de tes épaules. Une main s’aventure le long de ta silhouette, effleure tes lèvres au ralenti jusqu’à s’arrêter net. A quoi étais-tu en train de penser ? A qui ?

Quelques minutes plus tard, tu sors de la salle d’eau, cheveux encore humides reposant sur un simple t-shirt noir, maintenant toi aussi pieds nus au-delà de ton ample pantalon en toile noire. Tu as essayé de te ressaisir un peu, de te détendre. « Merci encore pour le… cocard. » Fidèle à toi-même, tu choisis cette fois pour t’asseoir le fauteuil à quelques mètres d’elle. « Ca va mieux, les pieds ? » Et à l’instant où tu allais décider de conclure, tu pourrais jurer avoir entendu une voix intérieure te crier de poursuivre. « Tu veux un peu de… fin… un massage, quoi ? » C’est un véritable miracle que d’avoir réussi à garder à la fois ton calme et ta couleur naturelle. Tu regrettes déjà, presque autant que tu meures d’envie qu’elle accepte.


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En un mot : Outre en perdition
Qui es-tu ? : *Un esprit traumatisé par la cruauté de ceux qu'elle pensait être ses camarades, à jamais marqué par l'absurdité de la violence humaine.
* Fille émancipée d'une famille humaine qu'elle a fui pour sa propre sécurité. Outre dans un monde d'humains qui ne cherchaient pas à la comprendre, juste à la plier au conformisme réconfortant de la normalité.
* Apprentie curieuse et consciencieuse de Daphné Calabrezzi. S'est lancée sur la voie du chamanisme, marchant dans les pas de sa mentore avec patience et détermination, persuadée d'avoir trouvé la voie qu'il lui fallait.
* Inscrite à la LSU, en médecine. Malgré un dossier scolaire chaotique à cause d'une année de fugue, se démène pour prouver, aux autres et à elle-même, qu'elle réussira.
Facultés : *Hémokinésie, contrôle du fluide vital
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Sam 27 Mai - 14:18 (#)

Anaïs illustration

La magie, c’est une affaire de concentration, de patience et de contrôle. Chaque chose doit être rigoureusement surveillée et exécutée avec patience et rigueur. Soigner un bleu ou ressouder un os, sur le principe, c’est la même chose, mais si le deuxième m’est complètement impossible, je peux faire le premier. Personne ne pourrait croire que c’est complexe, et pourtant…  Les doigts sur le visage d’Heidi, je dois trier la sensation de la magie dans son système sanguin, celle de sang que je renvoie dans le flux habituel, et la douceur de sa peau. J’essaie surtout d’ignorer la troisième sensation pour me concentrer sur les autres. Tout ça a quelque chose … d’inattendu. Heidi se laisse faire et le temps passe. Je travaille lentement, avec précaution, refusant de lui faire ou de faire les choses à moitié. Et si je reste quelques instants avec les doigts sur son visage alors que j’ai terminé, c’est purement pour être sûr que tout est bien en ordre.

Lorsque je retire finalement mes mains, je peux sentir l’énergie dépensée et me félicite d’être assise. Je renvoie son sourire à Heidi, heureuse que son visage ait retrouvé sa couleur habituelle. L’idée qu’elle aille à l’enterrement de sa mère avec un œil dans cet état n’avait rien de tr-s agréable et cela peut lui éviter plus de remarques qu’elle n’en aura déjà. Dubitative, je l’observe alors qu’elle s’éclipse rapidement dans la salle de bain et s’y enferme. Restée assise à se faire tripoter le visage a dû être une épreuve, au final. Je soupire et m’allonge sur le lit. Un jour, peut-être qu’Heidi ne sera plus aussi réfractaire à un simple toucher comme celui-ci. Ça me peine à chaque fois de la voir si mal à l’aise. C’est si naturel pour moi, le contact que c’en est parfois difficile de sans cesse me retenir. Peut-être qu’un jour je n’aurai plus à le faire.

Je soupire en levant ma main, observant mes doigts encore rougis par le sang que j’ai laissé percer mon épiderme. Une simple pensée et ils come neufs, mais je ne pouvais pas montrer ça à Heidi. J’ai déjà été surprise qu’elle accepte, je ne voulais pas qu’elle assiste à ma claire automutilation, aussi faible soit-elle, pour parvenir à la soigner. Je ressens encore le picotement au bout de mes doigts et la douceur de la peau d’Heidi comme si je la touchais encore. Je dois être sacrément fatiguée pour rester ainsi pendant de longues minutes, ça ne va plus du tout. Je me redresse et déballe mes affaires, histoire d’aller à la douche après elle.

En la voyant sortir, je retiens à peine un sourire. Du noir et du long. Une chance que la chambre ait un système de climatisation, sinon elle aurait eu besoin de reprendre une douche dans la demi-heure. J’évacue son remerciement d’un geste de la main, simplement contente qu’elle n’ait plus le moindre stigmate de la veille. Elle n’a pas à me remercier alors que la chose la plus normale à faire. Je m‘étire et me lève, regroupant mes affaires pour partir prendre une douche alors qu’elle s’installe dans un fauteuil, loin du lit.

- Hmmm ? Oh ! Un peu. La douche devrait faire du bien.

Sa proposition me prend tellement par surprise que je ne sais pas quoi répondre tout de suite. Qu’Heidi propose quelque chose comme ça, ça ne me serait jamais venu à l’esprit avant. Et à en voir son visage, elle ne sait pas trop bien ce qui lui est passé par la tête. L’idée ne me gêne pas et je me sens mal de refuser alors qu’elle a fait cet effort… Je me rassois sur le lit, un peu hésitante malgré tout.

- Euhm… Je veux bien, mais… enfin seulement si ça t’embêtes pas. Te force pas, je peux vivre sans.

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Sam 27 Mai - 18:54 (#)



Sweet Home Chicago
Sur la route, Printemps 2021
ft. Anaïs



B
ête. Bête, bête, bête. Qu’est-ce qui t’a pris de lui demander ça ? Et si… et si elle trouvait ça bizarre ? *C’est* bizarre ! Et si elle *comprenait* ? Comprendre quoi ? Les raisons qui t’ont poussée à lui proposer de masser ses pieds ? Parce que tu es son amie et que tu lui dois bien un service après celui qu’elle vient de te rendre. Voilà la version officielle. Et officieuse. Rien à voir avec une quelconque… non. Ca n’est même pas la peine de le formuler jusqu’au bout. C’est certes une part de toi que tu acceptes et avec laquelle tu es en paix, fait assez rare pour le souligner, mais c’est très loin d’être une raison suffisante pour l’exporter dans le réel. Mais quelle bêtise…
C’est trop tard, maintenant. Elle vient d’accepter. Oh, oui, elle a bien précisé que tu ne devais pas te sentir obligée mais de quoi tu aurais l’air si tu te rétractais maintenant ? Ce serait presque aussi suspect que d’avoir proposé. « Bien sûr que ça m’embête pas, si je te propose. » Tu caches ton envie qu’une crevasse s’ouvre juste sous ton fauteuil derrière un sourire doux et réservé comme tu en as la caractéristique. « De toutes façons, tu m’as déjà vue me forcer à faire quelque chose ? » Ca aussi c’était bête. Infiniment bête. Ben voyons Heidi, vas-y, rajoutes-en une couche pour dire que tu as en effet envie de caresser ses pieds ? « Enfin, hormis d’aller à l’enterrement de ma mère. » Si la crevasse ne s’est pas ouverte, tu n’es pas loin de le faire toi-même tant tu creuses pour t’enfoncer. D’un geste de main qui ne fait cette fois pas illusion sur ton niveau de nervosité, tu balaies métaphoriquement tes propos précédents en soupirant ton excuse. « Désolée, c’est la fatigue qui parle. » Retour au point de départ, excepté que tu as fait s’effondrer toi-même en quelques phrases ta couverture d’innocence.
Tu finis par te lever délicatement et aller te positionner en face de ton amie. D’abord assise sur le rebord du seconde lit, puis à même le sol en tailleur après t’être ravisée. Tu coupes court à toute potentielle remarque tout en attrapant délicatement ses chevilles. « Juste… détends toi, ok ? » Tout aussi délicatement, tu les soulèves pour enfin déposer ses talons sur tes tibias croisés. La bulle se reforme silencieusement autour de vous deux, laissant à peine filtre le sifflement indiscret de la climatisation. « J’ai jamais fait ça, tu m’excuseras si je suis maladroite… »

Un respiration, un grand vertige, et finalement le moment si terriblement anticipé. Une caresse distante sur le dos de son pied, du bout de l’index, de la cheville jusqu’aux orteils. Puis, la même de l’autre côté. Et un temps de pause, comme s’il existait encore la possibilité de revenir en arrière. Cette opportunité n’existe plus dans ton esprit depuis le moment où ton ongle a effleuré sa peau.
Enfin, tes pouces rencontrent ses plantes captivantes. Dans ta poitrine, un vide se comble alors qu’un autre naît, affamé de délicatesse. Dans ton ventre, un chaleur ponctuelle et incomparable. Dans ta tête : plus rien. Rien d’autre que le concert magistral de ton toucher et de ton ouïe. Le reste de tes doigts se replient alors lentement autour des ses deux pieds. La pulpe des tes pouces délivre alors de lents mouvement circulaires durant quelques secondes pour lesquelles le temps semble suspendu. Ta respiration, elle, l’est. Tellement concentrée sur cette première fois, ton regard est perdu quelque part dans le vague, tes yeux ne voyant que l’image floue de ses arches.
La précaution de ton toucher est extrême, comme si ton graal risquait de se briser au moindre faux mouvement. Tu finis par relâcher ton apnée involontaire, et tu commences à appliquer un peu de pression avec la plus grande attention. Les mouvements circulaires reprennent avec une régularité métronomique. Sous tes doigts se dessine une partition et à la fois un instrument duquel jouer. Tu es attentive à la moindre des respirations d’Anaïs, et au moindre nœud qui se forme sous tes pouces.
Peu à peu, ta technique s’affine, guidée seulement par un instinct envouté. Ta culpabilité n’est que le reflet de tout le plaisir terriblement intime que tu prends à ainsi masser ta meilleure amie. Si ton visage avait tourné pivoine lors des première minutes, il a repris sa teinte pâle au fil du temps une fois tes yeux fermés. Avec application, presque dévouement, tes doigts doux et finement entraînés par dix ans de pratique quotidienne de la musique explorent sensiblement chaque centimètre carré de la peau dévoilée reposant sur tes jambes. Cette scène semble si déplacée et condamnable, et pourtant, tu as rarement eu autant l’impression d’être au bon endroit.


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Anaïs Wilhm
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En un mot : Outre en perdition
Qui es-tu ? : *Un esprit traumatisé par la cruauté de ceux qu'elle pensait être ses camarades, à jamais marqué par l'absurdité de la violence humaine.
* Fille émancipée d'une famille humaine qu'elle a fui pour sa propre sécurité. Outre dans un monde d'humains qui ne cherchaient pas à la comprendre, juste à la plier au conformisme réconfortant de la normalité.
* Apprentie curieuse et consciencieuse de Daphné Calabrezzi. S'est lancée sur la voie du chamanisme, marchant dans les pas de sa mentore avec patience et détermination, persuadée d'avoir trouvé la voie qu'il lui fallait.
* Inscrite à la LSU, en médecine. Malgré un dossier scolaire chaotique à cause d'une année de fugue, se démène pour prouver, aux autres et à elle-même, qu'elle réussira.
Facultés : *Hémokinésie, contrôle du fluide vital
*Apprentie chamane, amie des loups et des gitans
*Etudiante en médecine, acharnée et consciencieuse, pleine de projets en tête.
*Musicienne et chanteuse amateur ne sortant jamais sans son casque. Danseuse du dimanche. Incollable sur la musique, sa passion, son refuge.
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Thème : Mama Cass Elliot - Make Your Own Kind Of Music
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Dim 28 Mai - 0:48 (#)

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Assise sur le lit, j’observe avec curiosité Heidi qui semble batailler intérieurement. Peut-être qu’elle regrette sa proposition. Peut-être qu’elle va tout annuler et je ne lui en voudrais pas. Et pourtant, elle confirme, me sourit et je ne peux m’empêcher de lui sourire en retour. Elle a raison, personne ne peut lui faire faire quelque chose si elle n’en a pas envie, exceptée elle-même. Je suis certaine qu’elle se force à faire beaucoup de choses pour me faire plaisir, parfois même pour me supporte, sans doute. Et pourtant…

- Je sais bien que non…

D’où vient cette soudaine certitude ? De la façon qu’elle a d’approcher avec une sorte de timidité et d’hésitation qui n’a rien à voir avec le regret de se proposition. Je me contente de hocher la tête à ses mots. Me détendre, je peux faire. Ou du moins je pense. Car voir Heidi s’installer à mes pieds et les saisir de cette manière, avec une telle délicatesse… je sens mon visage s’empourprer, c’est plus fort que moi. Le toucher est doux, hésitant au début, puis s’affirme et la caresse, si elle est douce, a moins d’impact que tout ce qu’il y a autour. Heidi et son visage rouge, le silence parfait qui règne, le sang qui bat à mes tempes, la soudaineté de tout ça… je ne sais pas l’expliquer, mais j’ai le sentiment qu’il se passe quelque chose. Quelque chose qui est bien plus qu’un simple massage offert à une amie par une autre.

Pendant un temps que je n’arrive pas à quantifier, mes yeux ne quittent pas les mains d’Heidi. De long doigt façonnés par des années à utiliser des instruments qui s’aventurent désormais sur ma peau comme si c’étaient leur place. Je n’ai jamais été sensible à ce niveau-là, mais chaque caresse est douce et apporte son lot de sensation. Je n’ai pas envie de briser le moment, je n’ai pas envie qu’elle se redresse et s’écarte, je n’ai pas envie que ça se termine. Il y a quelque chose qui fait vibrer mon cœur à la voir ainsi. Elle est détendue. Elle semble heureuse. Et peu importe que mon souffle se dérègle en fonction des caresses qu’elle me donne, peu importe que je me prenne à apprécier ce massage ce qu’il est. Ça ne compte pas autant que de voir Heidi ainsi, comme si c’était ce qu’elle voulait.

Mes pieds sur ses jambes, elle assise par terre et moi sur le bord du lit, cela semble d’une normalité des plus banales. Rien ne devrait justifier ce que je sens, la chaleur qui englobe mon visage ou les battements rapides de mon cœur dans ma poitrine soulevée par cette respiration irrégulière. Je ne parviens pas à justifier ça. Pas à le comprendre non plus. Comme si quelque chose m’échappait. Et la solution la plus logique me paraît fantaisiste, impensable. En voyant Heidi relever la tête, je fait de même avec mon regard et croise le sien. Je ne sais pas ce qu’elle peut lire dans le mien, mais ce que je lis dans le sien me fait rater un battement. Je déglutis, force un sourire et un murmure.

- Merci Heidi. C’était... très agréable.

Je sonne stupide. Pourquoi je parle comme ça ? Comme si je devais me retenir de dire qu’elle pouvait recommencer quand elle voulait ; pourquoi ça me gêne, soudainement ? Pourquoi je me sens comme ça alors qu’Heidi n’a fait que me masser les pieds ?

- Je.. euh… vais prendre une douche.

Fuir lâchement en prétextant une douche.. C’est nul. Si nul. Mais j’ai besoin de savoir ce qu’il se passe dans ma tête. Enfermée dans la salle de bain, j’essaie de remettre de l’ordre dans mes idées, de chasser cette sensation de flotter sur un nuage bizarre pour revenir sur Terre. C’est heidi… Heidi ! Meilleure amie et … merde… Je peux pas ressentir ça pour Heidi. Je veux pas qu’elle s’éloigne, je evuex pas la perdre elle aussi. Oublie, Anaïs. Oublié que t’as ne serait-ce qu’eu une seule image de toute ça pendant ta douche. Oublie que t’es triste et avec le cœur en miette depuis trop longtemps. . Oublie tout ça. . .. je veux pas la faire fuir. Alors en sortant de la salle de bain, je fais comme si je n’avais pas ressenti quoi que ce soit. Je fais comme si tout allait bien et que rien n’était arrivé. Rien de plus qu’un contact amical et agréable entre deux amies. Rien de plus. Je souris, je fais de mon mieux et je chasse la vision de ce qui a eu lieu quelques minutes plus tôt. Pour notre bien à toutes les deux.

- On se matte un film ?

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Dim 28 Mai - 11:14 (#)



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Sur la route, Printemps 2021
ft. Anaïs



D
ifficile de savoir avec certitude ce qui t’a fait relever les yeux. Chaque mouvement des tes longs doigts agiles servait un dessein particulier, une conséquence logique de tous ceux qu’ils avaient opérés précédemment et prémices solide de ceux à venir. Le cycle s’achève au même endroit où il recommence, et c’est donc ici que tu choisis de le briser. Pas un seul mot n’a été prononcé, pas un seul regard échangé, et le seul moyen pour toi de prendre la température était le fait que contre toute attente, ni elle ni toi n’ayez justement prononcé le moindre mot, ni échangé le moindre regard.
Une grande inspiration juste avant de devoir chercher ses yeux, et c’est comme si ta poitrine s’effondrait sur elle-même. Parce que tu le sais : il y a dans le bilan à faire ici bien autre chose que dire si tu l’as aidée à se détendre ou non. Par ta faute, c’est l’entièreté de votre relation à remettre en question. Voilà ce que tu lis dans ses yeux. Les mots qu’elles souffle ne veulent rien dire, ne sont que l’expression de sa politesse, et surtout de la gêne intense que tu lui as imposée. La preuve, la voilà qui s’exile dans la salle de bain. Comment lui en vouloir ? Tu aurais fait la même chose ; tu l’as même fait il y a quelques minutes de cela.
Ne pas y penser. Surtout, ne pas y penser. Fuir. Crier. Quelques secondes après que ta meilleure amie ne se soit enfermée dans l’autre pièce, tu te lèves prestement et attrapes le premier oreiller à portée de main. Tu le colles fermement à ton visage puis hurles dedans de toutes tes forces avec l’espoir que ton aboiement ne décolle les parois de ton cœur qui n’ont eu de cesse de se serrer depuis que tes mains ont abandonné les pieds délicats d’Anaïs. Tu ne te libères qu’une fois certaine que tes poumons ne contiennent plus aucune molécule d’air à éjecter rageusement. Ca te soulage, un peu, mais c’est très loin d’être suffisant.

Il faut te sortir de la tête toutes ces questions insolentes qui n’ont rien à y faire, et surtout l’envie de recommencer. Comment est-ce possible de se sentir à la fois aussi complète et aussi coupable ? Ton esprit est devenu en quelques minutes un véritable champ de bataille à fuir impérativement. Alors, tu repères sur l’humble bureau en bois sombre un crayon et un bloc-notes estampillés du logo du motel. Tu sais quoi faire. D’un geste plus convaincu que jamais, tu t’en saisis et t’installes sur un lit.
Du chaud au froid sans préparation, c’est comme cela que l’on forge l’acier le plus solide : tu vas écrire l’éloge funèbre de ta mère. Oh, oui, voilà qui va te changer les idées. Rien qu’à cette pensée, toute ton excitation s’évanouit en quelques instants ; s’il y a bien une occasion pour laquelle tu pourras remercier ta génitrice morte, c’est pour t’avoir fait passer l’envie d’embrasser les pieds de ton amie la plus chère. Prise en pleine rumination, tu n’entends même pas la porte de la salle de bain s’ouvrir, et tu sursautes en l’entendant te proposer un film. Elle a raison, il ne faut pas en parler et faire comme s’il ne s’était jamais rien passé ; mais maintenant que tu es prise à autre chose, tu vas malheureusement devoir décliner. « Je… suis en train d’écrire mon discours, peut-être plus tard.. ? » Fuite. Tu n’as que ce mot-là en tête, ces derniers temps, et fatalement en ce moment également. « Je vais aller faire ça dehors, comme ça t’auras pas à te soucier de moi. » Tu feints à moitié un sourire, puis te lève sans lui laisser le temps d’objecter. En une paire de secondes, tu ouvres la porte et te faufiles dehors jusque sur le banc qui se trouve sous la grande fenêtre donnant sur votre chambre. Fort heureusement, d’épais rideaux ont empêché quiconque de vous voir vous adonner à quoi que ce soit.


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Qui es-tu ? : *Un esprit traumatisé par la cruauté de ceux qu'elle pensait être ses camarades, à jamais marqué par l'absurdité de la violence humaine.
* Fille émancipée d'une famille humaine qu'elle a fui pour sa propre sécurité. Outre dans un monde d'humains qui ne cherchaient pas à la comprendre, juste à la plier au conformisme réconfortant de la normalité.
* Apprentie curieuse et consciencieuse de Daphné Calabrezzi. S'est lancée sur la voie du chamanisme, marchant dans les pas de sa mentore avec patience et détermination, persuadée d'avoir trouvé la voie qu'il lui fallait.
* Inscrite à la LSU, en médecine. Malgré un dossier scolaire chaotique à cause d'une année de fugue, se démène pour prouver, aux autres et à elle-même, qu'elle réussira.
Facultés : *Hémokinésie, contrôle du fluide vital
*Apprentie chamane, amie des loups et des gitans
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Lun 29 Mai - 2:01 (#)

Anaïs illustration

Heidi…

En la voyant quitter la pièce avec un empressement tel qu’elle en oublie de mettre ses chaussures, je regrette d’avoir réagi comme ça. Le moment d’égarement qui m’a pris n’est pas sa faute et pourtant c’est elle qui s’éloigne et qui souffre de ma réaction. Regrets et culpabilité vont souvent de pairs et ils sont tous les deux présents et vivaces lorsqu’elle ferme la porte, prétextant vouloir écrire sans me déranger. Le message est clair et me serre la poitrine. On a toutes les deux fuit chacune notre tour. Moi par crainte de la blesser, mais ne réussissant qu’à le faire, la poussant à sortir à son tour.

Assise sur le lit, les yeux fixés sur la porte qui s’est refermée depuis pourtant plusieurs minutes, je ne parviens pas à remettre mes penses en ordre. Elles oscillent entre toutes les raisons qui m’ont poussées à fuir et la triste réalité que c’était une décision lâche et cruelle envers celle que je clame haut et fort être une personne importante pour moi. Ça ne m’a pourtant pas empêché de la faire fuir, elle aussi. Un long soupir et me voilà allonge, le visage enfoui dans les draps sentant la lessive bon marché. Qu’est-ce qui m’a pris ? Pourquoi j’ai été si idiote ? Et pourquoi je n’arrive pas à me dire qu’il suffit je me lève et que j’aille la voir, pour lui parler. Pour qu’on s’explique. Pour qu’elle comprenne. Pour que je comprenne aussi.

J’ai peur ; Peur d’avoir tout foutu en l’air, ou de le faire si je décide de passer le pas de la porte et de perturber le calme qu’elle a eu besoin de créer autour d’elle, séparée de moi par rien de plus qu’un mur qui semble pourtant être aussi large que s’il faisait un continent entier. Elle voulait écrire pour l’enterrement… peut-être que ce serait la solution… Je tire le carnet de note de mon sac, déchire une page et, sans beaucoup réfléchir, écris les premières choses qui me viennent. Même si elle ne veut pas m’entendre, elle peut peut-être accepter de lire ce que j’ai besoin de dire. Qu’elle sache que je ne voulais pas lui faire du mal ou la blesser. Que tout ça c’est juste… trop. Trop soudain.

Heidi,

Je suis désolée, j'ai vraiment aimé le moment, mais ça crée trop de trucs que je ne suis pas prête à encaisser. Je n’ai pas trouvé mieux à faire que fuir ce que j’ai ressentis et je suis désolée.

J'aimerais beaucoup qu'on le refasse, quand on sera prêtes toutes les deux.

Ce n’est pas toi que j’ai fui, mais moi-même.

Pardonne-moi, s’il te plaît.

Anaïs.

PS : je sais que c’est nul de l’écrire au lieu de le dire, mais je suis très nulle, des fois.


je ne sais pas trop ce que j’espère qu’elle fera. Qu’elle me file un coup de pied en disant que je suis stupide. Qu’elle déchire la lettre et m’envoie me faire foutre. Qu’elle l’ignore, tout simplement. Autant de possibilités pou un simple geste idiot alors que je laisse le message sur son lit et m’enfuis dans le mien en espérant que tout ça n’est pas le début d’une fin que je ne supporterais pas de voir arriver une fois de plus.

Ça va faire une heure qu’Heidi est dehors. Je ne sais pas si c’est le voyage, la tension, la fatiguée accumulée depuis trop longtemps ou bien une autre forme de lâcheté qui s manifeste au pire moment, mais je me sens partir de plus en plus. Allongée sur le lit, portant uniquement ce que je mets pour dormir, j’abandonne. Sans doute trop vite, mais j’ai besoin de ce repos pour avoir la force de faire face à tout ce qui pourrait m’être envoyé.

J’espère simplement qu’en me réveillant, je n’aurai pas tout foutu en l’air…

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Lun 29 Mai - 11:16 (#)



Sweet Home Chicago
Sur la route, Printemps 2021
ft. Anaïs



C
omment écrit-on un éloge funèbre ? Et surtout, comment écrit-on un pamphlet funèbre ? Puisqu’il faut être honnête : tu ne peux penser à rien concernant Nina Janowski qui puisse mettre un sourire sur ton visage. Même sa mort ne te fait pas plaisir. Elle est trop prématurée. Trop égoïste. Elle n’a jamais voulu t’accorder la moindre satisfaction, et aura poussé le vice jusqu’à te refuser une ultime confrontation enfin d’égale à égale.
Qu’est-ce qu’elle a laissé derrière elle, cette femme, de toutes façons ? Une famille qui ne la pleurera que pour les apparences ? Elle était courtière en assurance, son métier ne consistait qu’à préparer les autres pour les malheurs à venir et les voler. Tu doutes avec la plus grande sincérité qu’elle ait déjà fait le bien une fois dans sa vie. Avec une amertume et une rancœur croissante, tu grattes le papier en imprégnant chaque mot d’un mauvais souvenir à exorciser. Toutes les soirées punie et enfermée dans ta chambre, toutes les fois où elle ne t’a pas crue lorsque tu revenais blessée de l’école, toutes les humiliations en privé ou en public. Comment peut-on te demander d’être plus forte que cela ? Comment passer au-delà de tout ce mal qui ne t’a jamais quittée depuis ?

Plus ou moins une heure et quelques feuilles griffonnées avec une patience qui te surprend toi-même plus tard, la porte de la chambre s’ouvre à nouveau. Le soleil est maintenant trop bas pour que tu puisses continuer à écrire sans te fatiguer les yeux au bout de quelques lettres. A l’intérieur, le calme est absolu. La lumière est éteinte, tout comme la télévision. Pas un bruit ne trouble l’air, si ce n’est la respiration aigüe d’Anaïs allongée sur son lit. Elle a l’air de dormir. Dans l’encadrement de la porte, ton regard fatigué est inévitablement attiré par ses jambes nues et parfaitement galbées, et tu ne peux combattre l’envie de les admirer pendant une paire de secondes, jusqu’à ce que la culpabilité ne te fasse détourner les yeux de sa peau de velours. Elle est belle, c’est indéniable, et tu t’étonnes à la fois de t’en faire la réflexion et de ne pas te l’être faite avant.
Toi aussi, tu as envie de dormir. Ce n’est qu’une forme de fierté mal placée qui t’a poussée à vouloir rester éveillée juste un peu plus longtemps alors que tu aurais dû t’effondrer dès que tu en as eu l’occasion. Sur la pointe des pieds, tu rejoins à ton tour ton lit qui grince malgré toi lorsque tu grimpes dessus. Il y a un mot sur ton oreiller qui, tu en es presque certaine, n’était pas là lorsque tu es sortie. Avec une certaine appréhension, tu l’attrapes et plisses les yeux pour lire le petit bout de manuscrit dans la pénombre ambiante. Sans que tu ne comprennes vraiment consciemment, tes yeux s’humidifient un peu. La complexité des sentiments qui t’assaillent de toute part est sans doute bien trop importante pour en prendre la pleine mesure.

C’est dans ce genre de cas que tu réalises à quel point tes lacunes sociales et sentimentales sont grandes, parce que tu n’arrives pas à comprendre ce qu’il y a au-delà des mots. Tu comprends qu’elle ait apprécié, tu comprends la nécessité de fuir ses ressentis, mais tu n’arrives pas en à intégrer les raisons. Peut-être parce que tu ne comprends pas toi-même tes propres sentiments.
Après avoir relu quelques fois le mot, tu le plies délicatement et le ranges dans la poche de ton pantalon. Discrètement, tu jettes un œil à ta meilleure amie, de l’autre côté : elle semble s’être réveillée ; pas par ta faute, tu espères. Tu ne sais pas quoi lui dire, quoi répondre à son mot qui n’en appelait peut-être même pas ? Alors tu restes muette pendant de longues secondes, à sonder encore et encore les boucles de ses lettres imprimées dans ton esprit à la recherche d’un point d’accroche. Parce que tu n’as, au fond de toi, pas envie que ça ne se finisse. Tu n’as pas envie de, comme à chaque fois qu’il arrive quelque chose qui te trouble, faire comme si ça n’était jamais arrivé. Pas après avoir entrevu le bonheur au-delà du mur. « Ca n’était pas la peine de signer, si quelqu’un d’autre était entré je crois que je l’aurais vu. » Tu souffles doucement. La question te taraude maintenant, parce qu’il ne s’agit plus que de la seule chose qui t’importe. Les secondes passent avec lourdeur jusqu’au moment où tu te décides enfin à la poser. « Comment on saura si on est prêtes ? »
Tu ne veux même pas savoir à quoi. Ne pas mettre de nom sur cet état, sur ces choses, c’est ne pas avoir à choisir. C’est un fragile filet de sécurité pour ce qui est pour toi maintenant la plus périlleuse exploration de ta vie.


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* Apprentie curieuse et consciencieuse de Daphné Calabrezzi. S'est lancée sur la voie du chamanisme, marchant dans les pas de sa mentore avec patience et détermination, persuadée d'avoir trouvé la voie qu'il lui fallait.
* Inscrite à la LSU, en médecine. Malgré un dossier scolaire chaotique à cause d'une année de fugue, se démène pour prouver, aux autres et à elle-même, qu'elle réussira.
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Lun 29 Mai - 19:02 (#)

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Le son de la porte qui s’ouvre me sort de ma torpeur avec une étonnante douceur. Le silence est total, l’obscurité est descendue et la chambre est plongée dans un noir relatif, les lumières de l’extérieur passant faiblement à travers les légères ouvertures entre les rideaux. J’entends à pein les bruits de pas d’Heidi alors qu’elle entre dans la pièce. Je l’imagine facilement essayer de faire le moins de bruit possible et cette pensée me tire un sourire en même temps qu’il réchauffe ma poitrine et me tord le ventre. Je reste immobile, feignant de dormir réellement, incertaine sur sa réaction concernant le mot que je lui ai laissé. Chaque seconde passée à attendre une réaction, un cri, un soupir, n’importe quoi, devient une éternité. Lorsqu’enfin le son du papier qu’on déplie parvient à mes oreilles, je déglutis et attend patiemment la suite, inquiète, angoissée, impatiente.

Je ne m’y attendais pas, et sans doute qu’elle non plus, mais je pouffe en réalisant la stupidité de ce que j’ai fait. C’est bref, soudain, inarrêtable et je me retourne pour lui faire face, m’asseyant en tailleur sur le lit, le dos bien droit. Mes yeux passent de son visage à peine discernable au papier qu’elle a toujours dans les mains. La question assèche ma bouche aussitôt et je la fixe sans rien dire, laissant de longues secondes s’tirer. Comment savoir ? C’est bien là tout le problème… Pour elle, pour moi.

- J’en sais rien, Heidi…

J’aimerais tellement avoir les réponses à ses questions. Savoir aussitôt quoi répondre, quoi faire, comment où et quand agir pour que tout se passe au mieux. Mais je ne sais pas. Je débarque. J’ai dix-neuf ans et la vie c’est encore un terrain d’expérimentation permanent où j’essaie jusqu’à réussir, comptant les échecs au jour le jour. Mais je n’ai pas envie d’échouer pour ça… pour nous. Pas une fois, même pas imaginer échouer. Et pourtant, c’est exactement ce qu’il s’est passé aujourd’hui. Et ça me bouffe de l’intérieur.

- On réessaiera. Encore et encore ?

Doucement, je me lève, descends du lit et m’agenouille devant elle, cherchant à attraper délicatement sa main pour la couvrir des miennes. C’est presque indécent à quel point elles douces…

- Je peux simplement te promettre que je vais pas abandonner, ni fuir, Heidi. J’ai juste… Besoin d’aller mieux. D’un peu de temps pour fixer ce qui va pas dans ma tête en ce moment.

J’ai besoin d’évacuer tout ce qui me pèse encore. J’ai besoin de faire le deuil, besoin de passer à autre chose et de soigner la plaie béante qui met tant de temps à se refermer. Heidi a le droit de ne pas avoir à gérer mes problèmes alors qu’elle fait de son mieux. Même si cela prend du temps, je veux que je sois prête pour… quoi que cela puisse être.

- Je suis sûre que, quand on sera prêtes, on saura. Et qu’il n’y aura plus de doute possible. Et même si ça prend un an…je serai là. Toujours.


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Lun 29 Mai - 19:49 (#)



Sweet Home Chicago
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ft. Anaïs



A
près ta première remarque, quelque part l’atmosphère se détend. Tant mieux, c’est ce que tu espérais. Tu sais à quel point le silence peut durer entre vous, sans même que vous ne soyez fâchées. Tu sais aussi à quel point tu aimes l’entendre rire. Anaïs a besoin de temps pour savoir comment agir avec toi sans que tu ne réagisses comme un soldat revenu du front, et toi tu as besoin de temps pour simplement comprendre ce qui se passe, à la fois en dedans et en dehors de tes pensées.

Malheureusement, l’atmosphère n’aura pas réponse à tout. Il faut dire que cette question en presque existentielle pour toi. Elle en synthétise tellement d’autres, cristallise tellement de sentiments incroyablement puissants et d’apparences contradictoires. En la posant, tu pensais sincèrement que ta meilleure amie allait pouvoir y apporter une réponse ferme et définitive. Après tout, elle est ta référence absolue en termes de sentiments et d’humanité.
Le fait qu’elle avoue ne pas savoir te donne le vertige. Si même elle n’a pas la réponse, qui pourrait l’avoir ? Comment l’atteindre ? Est-ce au moins possible ? Ce doit être peine perdue pour toi, l’incapable des sentiments. Les concepts et les questions se mêlent dans ton esprit dans un tourbillon tétanisant. C’est une tornade de mots et de poussière qui se déchaîne et te fait perdre pied avec la réalité, qui creuse en plein milieu de ta poitrine un abyme désolé. Et pourtant, pour la énième fois maintenant, ses mots se font une lumière perçant les sombres nuages de ton âme et te donnent une direction à suivre.
Bientôt, la douceur de ses main dissipe jusqu’au moindre mistral en un instant, ne laissant à leur place qu’une brise précieuse et délicate. Dans le noir, tu ne distingue que le reflet d’une lumière venue de nulle part au fond de ses yeux. C’est elle, ton corps entier le crie à l’unisson alors qu’elle semble en faire tourner toutes les cellules comme un aimant.

Lorsqu’elle te promet qu’elle sera là, malgré tout le temps que cela pourra prendre, tu la crois. Dur comme fer, comme jamais tu n’as rien cru avant. Vous n’avez même pas mis de mot sur cet espèce de désir indicible qui tel un pendule tantôt vous éloigne et tantôt vous rapproche, mais tu n’as jamais été aussi sûre d’être en phase avec quelqu’un d’autre. Et tu hoches la tête, doucement. « Je- » n’ai aucun doute, allais-tu finir ta phrase, mais quel terrible engagement alors qu’elle vient de t’avouer son incertitude. Tu réalises soudain que tu ne sais rien de ce qui se passe dans son esprit à elle.
Nerveusement, tu serres ses mains dans les tiennes en te laissant tomber du lit pour te mettre à son niveau. Le fait de ne pas vous voir t’aide étrangement à supporter que ton corps soit aussi proche du sien, que vos genoux se touchent presque et que vos souffles manquent de se croiser. « Est-ce qu’il y a… quelque chose que je peux faire pour t’aider ? » Tu te sens bête de ne pas avoir réussi à voir une seule seconde que ta meilleure amie allait si mal, et tu te le martèles à répétition comme si cela allait te donner meilleure conscience. Enfin, ton regard se détourne tu sien, et ta voix baisse encore plus pour ne devenir qu’un murmure qui ne pourrait atteindre que ses oreilles. « Il n’y a rien que je ne tenterais pas, » pour elle. Ca te déchire le cœur de devoir admettre la possibilité de ne pas réussir, mais tu peux jurer de faire tout ton possible peu importe ce qui sera nécessaire pour qu’elle aille mieux.


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Baby Chaos - Là où je passe, la paix trépasse.
Anaïs Wilhm
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A SONG OF BLOOD

En un mot : Outre en perdition
Qui es-tu ? : *Un esprit traumatisé par la cruauté de ceux qu'elle pensait être ses camarades, à jamais marqué par l'absurdité de la violence humaine.
* Fille émancipée d'une famille humaine qu'elle a fui pour sa propre sécurité. Outre dans un monde d'humains qui ne cherchaient pas à la comprendre, juste à la plier au conformisme réconfortant de la normalité.
* Apprentie curieuse et consciencieuse de Daphné Calabrezzi. S'est lancée sur la voie du chamanisme, marchant dans les pas de sa mentore avec patience et détermination, persuadée d'avoir trouvé la voie qu'il lui fallait.
* Inscrite à la LSU, en médecine. Malgré un dossier scolaire chaotique à cause d'une année de fugue, se démène pour prouver, aux autres et à elle-même, qu'elle réussira.
Facultés : *Hémokinésie, contrôle du fluide vital
*Apprentie chamane, amie des loups et des gitans
*Etudiante en médecine, acharnée et consciencieuse, pleine de projets en tête.
*Musicienne et chanteuse amateur ne sortant jamais sans son casque. Danseuse du dimanche. Incollable sur la musique, sa passion, son refuge.
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Lun 29 Mai - 20:54 (#)

Anaïs illustration

Même avec la pénombre ambiante, je parviens à distinguer peu à peu le visage d’Heidi, son expression, à la fois perdue et pleine d’espoir. J’aimerais tellement lui dire autre chose. Lui dire que je suis là, dès maintenant, prête à accueillir tout ce qu’elle veut bien m’offrir, sans la moindre hésitation. Je me déteste de devoir la repousser, même malgré moi. J’aimerais que ce soit simple, facile, qu’on se regarde dans el blanc des yeux et que les problèmes disparaissent aussitôt, comme s’ils n’avaient jamais existé avant cela. Au lieu de ça… J’ai aucune idée de ce que je fais. Aucune idée de ce qu’il va se passer. Et j’ai peur. Peur de lui faire du mal en essayant de la protéger de la merde qui me suit partout et de celle qui s’est installée dans mon crâne.

Elle qui hésite d’ordinaire encore plus que moi, qui repousse toujours les contacts, l’avoir soudainement si proche de moi me surprend au point que mon cœur rate un battement et que mon souffle se bloque, le temps d’une seconde. Je peux presque toucher son visage avec le mien. Je peux sentir son souffle sur mes lèvres et mes yeux sont irrémédiablement attirés par les siennes lorsqu’elle parle d’une voix si douce qu’on dirait presque qu’elle craint que je l’entende. C’est u effort surhumain que je dois faire pour remonter mon regard vers le sien. J’y lis tellement de choses, tellement de promesses que ses mots ne font qu’en effleurer la surface.

Ce n’est que lorsque son regard se détourne que je parviens à bouger enfin. Lentement, ma main se pose sur sa joue que mon pouce caresse délicatement, cherchant à attirer de nouveau son regard. Si seulement j’avais la force de nous guider toutes les deux dans cette tempête… Pas maintenant… Je ne peux pas assumer tout ça. Pas si tôt. Je n’ai pas besoin qu’elle fasse quoi que ce soit pour moi. C’est quelque chose que je dois régler seule, face à moi-même.

- Oui… Sois toi-même. J’ai jamais eu besoin d’autre chose. Juste… toi.

Je me redresse légèrement et mes lèvres embrassent tendrement son front. Une promesse, réitérée avec autre choses que de simples mots. Je suis sûre qu’elle peut entendre mon cœur battre aussi violemment que je peux ressentir le sien. Si proches et pourtant si loin l’une de l’autre. Les yeux clos, je dépose mon front contre le sien, humant son parfum et ressentant à nouveau son souffle sur mon visage. Je me demande pourquoi il m’a fallu autant de temps pour m’en rende compte…

- Et je serai là, peu importe où et quand tu as besoin de moi.

J’espère juste qu’un jour je n’aurai plus besoin de le lui dire.


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Anonymous
Invité
Invité
Lun 29 Mai - 21:31 (#)



Sweet Home Chicago
Sur la route, Printemps 2021
ft. Anaïs



Ë
tre toi-même. Tu ne saurais même pas dire qui tu es. Si les actes définissent les individus, que disent les tiens de toi ? Que tu es une adulescente névrosée et bourrée d’insécurités. Que tu croyais être un bourreau d’égoïste il n’y a pas plus tard qu’une semaine et que de craindre de perdre ta meilleure amie il n’y a pas vingt-quatre heures t’a fait réaliser que bien au-delà d’apprécier sa compagnie, tu avais un réel *besoin* d’elle. Est-ce vraiment là celle que tu veux être ? Est-ce vraiment là qui tu es lorsque personne ne regarde ?
La vérité, c’est que depuis ce soir, tu ne sais plus qui tu es, parce que tu as fait tant de choses qui ne te ressemblent pas. Tu l’as laissée toucher ton visage comme si elle touchait ton cœur, et elle recommence. Cette fois, il n’y a rien à soigner, si ce n’est ce palpitant qui s’affole dangereusement.
Tu pourrais accoutumer tes yeux à la pénombre et faire en sorte de distinguer les détails de la scène, mais tu t’y refuses. Tu ne veux plus te contenter de voir, tu veux ressentir. Tu veux te laisser aller au vertige de cette nouvelle ivresse que tu découvres au bout des doigts d’Anaïs. Si ton premier réflexe a été de figer tout de suite ta tête lorsque sa main a trouvé ta joue, tu es parvenue à le surmonter au prix d’un rythme cardiaque encore plus élevé et chaotique. Ta poitrine bat la mesure d’un menuet endiablé, mais ta tête elle, repose au creux de sa paume avec la sérénité cotonneuse d’une sarabande.
Lorsque ses lèvres à la fois brûlantes et glacées déposent un baiser sur ton front, tu jurerais sentir une larme unique perler au coin de tes yeux figés dans les siens. Un unique prisme de sel renfermant tous les mots que tu ne lui diras pas ce soir mais qu’elle devinera sans le moindre doute. C’est dans un soupir aigu, presque gémi, que tu accueilles son front contre le tien, son souffle contre ta peau et tes frissons contre les siens.

Un rien vous sépare. Un atome, un univers entier. Vos souffles s’entremêlent pour ne faire qu’un, vos respirations se synchronisent dans un unisson surpassant la notion même d’évidence. Une seconde, un mois, un an ou même une vie. Un atome, ou un univers. Qu’importe la distance, au final, à cet instant exact, ton corps tout entier est galvanisé par la certitude qu’il ne suffira que d’un pas pour la franchir.

Finalement, les yeux fermés, tu laisses échapper un murmure chevrotant. Sa main est toujours entrelacée dans les tiennes et tu ne les dénouerais pour rien au monde. Tu es sûre de toi, comme peut-être jamais tu ne l’as été, mais autant puisses-tu l’être, tu dois t’en remettre à l’amertume de l’attente. « Viens, on va dormir… » souffles-tu presque dans le creux de son oreille. « J’ai besoin de toi maintenant… » Pour t’aider à être toi, justement. Pour surmonter l’épreuve qui se trouve au bout de ce chemin pour faire face à ta famille, et celle qui t’attendra au retour pour devenir toi-même.


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