Art to heart ~ Anaïs

Ce genre d’événements, cela fait bien longtemps que je n’en ai pas profité. Que l’université propose une telle soirée à ses étudiants, peu s’y attendait, mais tout aussi peu ont pu y aller. Les locaux ne sont pas forcément conçus pour une foule d’étudiant de différentes promos et différentes filières dans une même pièce. Je suis presque surprise d’avoir réussi à me dégoter une place sans avoir à supplier quelqu’un. J’ai sans doute été simplement plus rapide que d’autres. Je ne pouvais pas manquer une occasion pareille. Cela fait du bien de décompresser de temps à autre, surtout juste avant la période des examens. La deuxième année n’est pas plus aisée que la première, loin de là et c’est rare que je quitte les locaux de la LSU avant que le nuit soit tombée, surtout en cette période. Au moins, ce soir, je n’ai rien d’autre à penser et je peux juste profiter du moment.

- Hey, Whilm, quelle coïncidence de te voir là !

J’ai sans doute parlé trop vite. Le type qui m’interpelle, Sebastian Loper, est un redoublant de deuxième année qui a décidé de me prendre pour cible. Soit il est très mauvais en drague, soit il est juste lourd au quotidien, mais la suffisance qu’il trimballe partout me hérisse le poil et je fais de mon mieux pour l’éviter depuis le début de l’année. Une chance qu’il sèche la moitié des cours. Je ne m’attendais pas à le trouver là et n’est pas du tout envie qu’il vienne ruiner ma soirée jusque là placée sous le signe du calme et du bien-être. Je n’aime pas non plus cette façon qu’il a de me déshabiller du regard dès qu’il me voit. Nous sommes presque en hiver, je n’ai pas hâte d’arriver aux beaux jours où il fera trop chaud pour porter des pulls et des jeans, même en soirée.

Par chance, les places sont nominatives, sans doute pour éviter que ceux ayant payés se retrouvent sans leur lace et je n’ai qu’à m’éclipser en faisant m de ne pas l’avoir entendu pour qu’il ne puisse pas m’emmerder avantage. Le savoir ici suffit. Une fois installée, je vérifie mon téléphone, envoie une petite photo à Heidi qui n’a hélas pas pu venir. J’aurais bien aimé ne pas me retrouver ici toute seule quand tant de monde vienne avec des amis ou en couple, mais je commence à avoir l’habitude, à force. Au moins je sais que je n’aurai pas à subir Sebastian, et c’est en soit une bonne consolation.

Les lumières de la salle commencent finalement à diminuer et les derniers encore debout se hâtent de s’installer alors que le directeur du département de musique de la LSU grimpe sur cène et présente le programme du soir. Une liste de nom notable de la musique classique joué par des artistes locaux. Dans les deux cas, je n’ai entendu le nom que de très peu d’entre eux. La musique classique, même si c’est très agréable, ce n’est pas ce que j’écoute quotidiennement. C’est une des raisons pour lesquelles je suis là ce soir. Ce serait idiot de ne pas profiter d’une telle occasion pour découvrir quelques pépites. Il faut que je note les noms, je suis sûre qu’Heidi aura des infos.

Lorsque les premiers musiciens montent sur scène, le silence est total et la lumière uniquement braqué sur eux. Il y a un duo de violon et piano, un quatuor e cuivre et tout un assortiment d’autres artistes, dont une pianiste qui a très rapidement conquis l’audience. J’ai passé la majeure partie de sa performance les yeux fermés, absorbée par la fluidité et la douceur de ce qu’elle joue. J’entends quelques murmures enthousiastes autour de moi et suis ravie d’avoir noté les noms des différents compositeurs et artistes. Apple Murray - Joseph Haydn. J’espère que quelqu’un aura filmé le passage, que je le montre à Heidi.

Je n’ai pas vu el temps passé et c’est avec une pointe de déception que j’entends le final et le discours du directeur avant le salut final des artistes. Comme tout le monde, j’applaudis debout, un sourire aux lèvres. C’était si reposant et agréable que ça aurait pu continuer encore quelques heures que ça ne m’aurait pas gêné. Mais il est plus de 22h et si je ne veux pas rester coincée ici, il vaut mieux que je file prendre le bus en direction des Kingston. Et je me hâte de sortir de la salle avant que Sebastian se souvienne de ma présence et commence à me chercher. Il me faut juste retrouver mon chemin jusqu’à l’arrêt de bus que j’emprunte habituellement, le campus de musique n’étant pas vraiment celui dont j’ai l’habitude. A tel point que je me retrouve en dehors de ce dernier et en pleine ville sans même comprendre comment j’ai fait. Même avec le GPS du téléphone, c’est une galère sans nom. Peut-être que je n’aurais pas dû partir toute seule et suivre d’autres étudiants… plus el temps passe et plus je me dis qu’il me faut vraiment un véhicule…

Je traverse deux rues et finis par faire fonctionner ce maudit GPS correctement quand j’entends un cri au détour d’une ruelle. C’est bref, mais je suis persuadée d’avoir entendu quelque chose. Je me fige et tends l’oreille. Peut-être que ce n’était rien, sans doute un animal. Mais j’entends des voix non loin. Un ton agressif qui n’augure rien de bon. Et bien sûr, c’est juste à l’angle de la rue. Je jette un simple coup d’œil. Et rien ne va dans la scène que je vois. Et merde…

On pourrait croire qu’après tout ce temps et tout ce qui m’est tombé dessus, je saurai réagir à ce genre de situation ou les éviter plutôt que foncer dedans comme si j’y étais irrémédiablement aimantée comme un papillon vers un réverbère. Sauf qu’en tournant au coin de cette ruelle et en apercevant la scène, tout ce que j’ai réussi à faire, c’est me cacher en espérant que personne ne m’ait vu. Des types en tabassant un autre, ça semble presque trop courant. Zach me dirait sûrement de ne pas m’en mêler, d’éviter les ennuis et d’appeler les flics avant de filer en vitesse. Et ce serait sans doute la chose la plus logique à faire.

A en juger par ce que j’entends, je ne vais pourtant pas rester les bras croisés. Le climat de peur et la tension qui règnent entre humain et CESS n’ont sans doute jamais été aussi grand et la scène qui se joue non loin de moi en est une conséquence directe. Je n’ai pas envie que ce genre de scène devienne monnaie courante ou m’imaginer embarquée dans l’une d’elle. Mais je suis pas faite pour ça. Les confrontations, ça n’est jamais vraiment à mon avantage. Et ce ne sont pas les quelques mois d’entrainements avec Selma qui vont changer ça, malgré toute ma bonne volonté. Trois gaillard plus grands e costauds que moi, ça revient à demander de me faire tabasser si je m’en mêle…

Je redresse la tête. Une voix. Une autre voix. Féminine cette fois, qui interpelle le trio d’agresseurs et me sort de ma transe. Je me rends seulement compte que j’ai les mains qui tremblent depuis tout à l’heure. Je ne sais pas de quoi j’ai el plus peur. De me faire agresser ou de leur faire vraiment du mal. Ils ne méritent aucune clémence après ce qu’ils ont fait, mais ce n’est pas aussi simple que ça en a l’air. Me dire que certains méritent plus que d’autres de souffrir, ce n’est pas quelque chose que j’ai envie d’avoir en tête. Je n’ai pas envie de me mettre à faire la différence entre humain et CESS. D’autres le font, et voilà le résultat. Je ne vais pas faire comme eux.

- Elle a raison, laissez-le tranquille !

Moi et ma grande gueule… A en juger par le regard du trio, j’aurais tout aussi pu insulter leurs mères et j’aurai obtenu la même réaction.il y a une telle haine dans leurs regards que c’en est presque effrayant. Pourquoi on en arrive à de telles extrémités ? C’est si compliqué que ça de vivre sans avoir envie de casser le pif du voisin ?

- Anaïs.. ?

Oh non… Il me faut à peine une seconde pour reconnaître le visage et la voix de la victime du trio. Je ne comprends même pas ce qu’il fiche ici, à cette heure. Il ne devrait pas être là.

- Tu la connais ? Elle doit être comme lui !

Heureusement, ou malheureusement pour eux, c’est faux. Le gars qu’ils tabassent, Esteban, est un loup de la Meute, un des protégés de Daphné. Rien à voir avec moi, qui n’a jamais la moindre trace de poils qui pousse à la pleine lune, dieu merci. Ce qui nous lie n’a rien à voir avec une quelconque ressemblance surnaturelle. Daphné est ma mentore, elle est la Vagramor de la Meute et c’est aussi ma responsabilité de les aider dans des situations de ce genre. J’ai plein de questions qui me viennent en tête, à commencer par la raison de la présence d’Esteban ici, mais ça attendra.

- J’ai déjà appelé les flics. Ils seront là bientôt. Laissez-le tranquille !

- Il reste bien assez de temps pour nous occuper de vous tous.

Je n’ai pas vraiment le temps de réfléchir lorsqu’il lève son arme. Esteban ne peut pas se défendre, ce type est juste une ordure qui aime s’en prendre à ceux qui ne peuvent pas riposter. Mais je peux.
Fut un temps où je ne l’aurais pas fait et j’aurai assisté à la scène, impuissante, attendant stupidement mon tour pour me faire taper dessus moi aussi. Mais plus maintenant. L’hésitation que je ressentais avant à voler en éclat en les voyant prêt à continuer leur méfait malgré tout. Alors à la place d’abaisser son arme pour frapper, il la lâche pour tenter de contenir le flot de sang qui coule soudainement depuis son nez. Il tourne aussitôt son regard vers moi, comme s’il avait deviné que j’en étais la cause, et les deux autres se montrent plus menaçants. J’inspire, prenant mon courage à deux mains.

- Essayez encore de lever la main sur lui, et je vous assure que vous allez le regretter…

Je jette un bref coup d’œil à l’autre témoin. Je ne vois pas vraiment son visage, mais elle n’a pas l’air plus musclée que moi. Je ne sais pas s’il vaut mieux qu’elle s’en mêle ou qu’elle fuit maintenant. Le trio semble hésiter, mais je n’ai pas envie que qui que ce soit assiste à ce qui risque de suivre s’ils se mettent à réellement s’en prendre à moi.

je lève une main, paume tendue vers eux. Je n’ai nullement besoin de faire le moindre geste, c’est même plutôt un bon moyen de me déconcentrer, mais eux ne le savent pas. Peut-être qu’ils vont s’imaginer que je prépare un truc et fuir à toute vitesse en me voyant faire. Ce serait mieux pour tout le monde si un seul d’entre eux s’en sort avec juste un saignement de nez un peu violent qui va s’arrêter dans quelques minutes. Il aura au pire un peu mal au crâne et d’ici là j’aurai trouvé un moyen de mettre Esteban à l’abri.

Allez… barrez vous…

J’aurai dû me douter que rien n’allait se passer comme je l’espérai. Evidemment que les types n’allaient pas en rester là et que leurs égos allaient prendre le dessus. Au lieu de résoudre la situation, j’étais devenue la nouvelle cible. Ils avaient été rapides à comprendre ce qu’il se passait. Sorcière. Evidemment. C’est le seul mot vaguement lié au surnaturel qui correspond à ce qu’ils imaginent sans doute. Loin e la réalité des choses, mais est-ce qu’ils en ont quelque chose à faire, de la vérité, en premier lieu ? ils ont tabassé un gars sans savoir rien de lui, juste parce qu’il n’est pas comme eux. Ça devient trop fréquent. Trop normal. Et je doute que qui que ce soit s’en inquiète, hormis ceux qui sont proches de la victime.

Forcément, je devais intervenir. Il fallait bien que j’ouvre la bouche, fatiguée de voir encore et encore les Eveillés être les victimes et les boucs émissaires. Je n’avais simplement pas bien pris la situation dans sa totalité. Ils étaient cinq, pas trois. Deux de plus cachés par l’obscurité. Et j’étais seule, fatiguée et pas vraiment friande de confrontation avec un groupe de type intolérants et visiblement très enthousiaste à l’idée de casser de CESS. L’idée de ficher le camp en vitesse m’effleure l’esprit. Pas qu’un peu. Mais je n’ai pas envie de laisser Esteban seul ici. Qui sait ce qu’ils pourraient lui faire ? Je n’ai pas envie qu’il lui arrive quelque chose pendant que je fuis, alors que j’aurai pu agir et lui éviter pire.

J’en oublie complètement l’autre femme jusqu’à ce que sa voix résonne dans la ruelle. Elle a l’air … vexée ? De loin, elle n’a pas l’air particulièrement costaud ou capable de tenir tête à autant de personnes d’un coup. J’ai beau réfléchir, je ne vois pas comment sortir de cette situation, à moins qu’un miracle n’arrive en vitesse. Ça ou la police. Mais je doute qu’un quelconque officier soit dans les parages de l’université à une heure pareille, les étudiants sont déjà partis, la soirée de ce soir n’était qu’une exception.

Alors forcément, quand ils se mettent à avancer vers moi d’un air menaçant, je ne sais pas trop quoi faire. Leur taper dessus – aussi tentant que ça peut être – est totalement proscrit à cause de la différence notable de gabarit. Même avec les cours de Selma et toute la bonne volonté du monde, je fais toujours une tête de moins que chacun d’entre eux. Sans compter les barres de fer et autres battes qu’ils ont en main. Sans armes ce n’était déjà pas vraiment équitable, alors avec… C’est ça d’ouvrir sa gueule au pire moment. J’aurais juste dû agir sans qu’ils me voient et les pousser à partir. Au lieu de ça, me voilà dans une merde noire sans aucune idée de comment m’en tirer autrement qu’en courant. Et seulement s’ils ne se décident à ne pas me courir après…

Je n’ai jamais vraiment pris part à une altercation. J’ai été témoin de violence. Victime, quelquefois, mais je n’ai jamais vraiment à réfléchir à quoi faire dans une situation comme celle-là. Lever les poings ? Essayer d’éviter leurs coups en espérant un miracle ? Utiliser la magie pour m’en débarrasser ? Rien ne me semble viable. Je n’ai pas envie d’utiliser mes pouvoirs pour leur faire du mal, ça équivaudrait à leur donner raison et je ne suis juste pas capable d’arrêter les corps entiers de trois adultes visiblement énervés. Mon esprit tourne à tout vitesse et c’est comme si le temps se dilatait pendant ces quelques secondes, mais je suis incapable de prendre une décision.

Une chance que quelqu’un d’autre en prenne une pour moi.

- C’est quoi ce bordel ?

Je me pose exactement la même question en voyant la femme se mettre à bouger très vite. Trop vite. Et elle soulève un des types comme s’il ne pesait rien. C’est au-delà d’une quelconque force humaine, vu son gabarit. Je ne me pose même pas la question de savoir qui elle est ou ce qu’elle est. Elle m’aide, c’est tout ce que j’ai à retenir pour le moment. Elle attire l’attention, leur assaut et j’en profite pour tenter d’atteindre Esteban, toujours prostré au sol. J’ai peur de ce qu’ils lui ont fait. Mais ça aurait été trop facile et un des gars me barre la route.

- Pas si vite…

- Y’a vraiment pas besoin d’en venir aux mains, je peux ju…

- Oh non, les choses dans ton genre on discute pas avec elles.

Pourquoi c’était si difficile de s’entendre, sérieusement ? C’était pas comme si on lui avait vraiment fait quoi que ce soit, à ce type. Il avait juste décidé d’être un sale con. Peut-être qu’il avait vraiment une raison de haïr certaines personnes, mais nous mettre tous dans le même sac sans même essayer de comprendre… ça me mettait en rogne ce genre e comportement. Mais avant que je ne puisse lui exprimer le fond de ma pensée, la lumière disparue. D’un coup, il fit si sombre que je ne voyais même plus mes mains. J’entendis des voix, des cris, mais ne parvenais pas à distinguer quoi que ce soit. Je tâtonnai sur le côté et réussis à arriver contre le mur et me guider grâce à lui. Je butai sur un corps immobile. Accompagné d’une voix.

- Anaïs, c’est moi.

- Esteban ? Comment t’as su ?

- Ton odeur.

Je ne sais pas trop comment le prendre, mais décide que c’est plutôt une bonne chose. Atteindre Esteban est une belle étape de franchie, mais le sortir de là allait être compliqué avec cette purée de pois. Par chance elle ne dure pas. Comme le brouillard, elle finit par disparaître, laissant à mes yeux l’occasion de prendre pleinement conscience de l’étendu de ce qu’il s’était passé. Deux corps au sol, l’un baignant dans son sang, l’autre au cou retourné. Je retiens difficilement un haut-le-cœur face à la scène. Sans surprise, les types fuient, et je me retrouve avec Esteban et celle responsable de tout ce carnage. Je n’ai pas besoin d’être devin pour savoir ce qu’elle est, à présent, u les marques sur le cou d’un des types au sol. Et même si elle a l’air de vouloir nous aider, je n’aime pas droit l’idée d’être redevable à une vampire.

- Nan, désolée, j’ai même pas le permis, alors une voiture…

Qu’est-ce que je raconte, moi ? Je me redresse et m’approche du type en sang. Il respire à peine, mais il est vivant, c’est déjà ça. L’autre par contre… Je me focalise sur celui encore en vie et m’ouvre le poignet pour lui redonner un peu de sang, rappelant celui qu’il a perdu sur le sol dans la foulée. Ça ne va pas m’aider, ça me fatigue, mais pas question que celui-là meurt. Un c’est déjà trop. Je doute que la vampire partage mon avis. Esteban ne semble déjà pas comprendre.

- Anaïs ! Ils m’ont attaqué !

- Je sais !

Je n’ai pas encore prêté serment, mais ça ne veut pas dire que je vais rester les bras croisés à laisser un homme se vider de son sang, peu importe ce qu’il a fait. Je ne suis pas celle qui juge. Je soigne, j’aide, c’est tout. Il est de toutes façons évanoui et pas prêt de se réveiller, même après que je me sois assuré qu’il reste en vie. Je dois m’occuper d’Esteban ensuite, mais il est vraiment en sale état et a visiblement une jambe cassée. Ou au moins fêlée. Je parviens tout juste à arrêter le saignement de ses plaies superficielles, mais il va lui falloir plus qu’un soin de ce genre pour être de nouveau en pleine forme. Et si je force trop, c’est moi qu’il va devoir porter.

- Appuie-toi sur mes épaules, faut qu’on fiche le camp avant qu’il revienne.

Il s’exécute et je grimace en sentant son poids me tomber dessus. Reste la vampire à côté, et je ne sais pas trop comment faire avec elle. Elle nous a aidé, mais j’ai peur qu’elle demande quelque chose en échange. Et je finis par la reconnaître.

- Euhm… Merci pour votre aide… Madame… Murray, c’est ça ? Je vous ai vue à la représentation. Vous y avez été un peu fort…

Euphémisme du siècle... Jamais je n’aurai deviné que c’était une vampire. Ni que les vampires savaient faire ce genre de truc. C’était elle la fumée noire, non ? C’était bizarre. Et ça n’aide pas à me mettre à l’aise.

- On ferait mieux d’y aller. On s’éloigne et on pourra appeler de l’aide. T’as ton téléphone, Esteban ?

- Non, ils l’ont explosé.

Voilà qui complique sérieusement nos affaires. Je n’ai aucun numéro de la Meute et contacter Daphné c’est toujours un peu la croix et la bannière. Le camp gitan n’est pas réputé pour son réseau téléphonique.

- On file, on verra quoi faire une fois assez loin.

En espérant ne pas retomber sur les mêmes types. Ou pire encore…

JC’est peu dire que les choses sont rapidement devenues incontrôlable ce soir. Je ne sais pas trop où donner de la tête, prise de court par tout ce qui se passe. Une vie sauvée, une autre perdue, et je n’arrive même pas à m’y attarder, pressée par le temps, une menace potentielle et la présence d’une vampire qui ne fait rien pour calmer l’angoisse qui m’étreint la poitrine. Oh certes, sans elle, je ne sais pas trop où j’en serai, à devoir faire face à ce groupe de types prêt à massacrer tout ce qui n’est pas humain, mais ça n’en reste pas moins une situation complexe. Une vampire reste une vampire et le sang qui coule de mon poignet ne lui a sans doute pas échappé.

Je suis tout de même obligée de reconnaître qu’elle ne fait rien de menaçant et ej hoche simplement la tête à sa demande. J’imagine que sa carrière de pianiste prendrait un coup si on venait à savoir que c’était une créature de la nuit. Ça n’est sans doute pas très bon pour attirer du public. J’hésite à la laisse s’occuper d’Esteban, mais vu son état et mon incapacité notoire à le porter, je la laisse s’en charger, surprise une fois de plus de ce que les vampires peuvent faire. J’en ai déjà vu un arracher une portière de voiture comme si c’était du papier, je me demande encore pourquoi je suis étonnée par la force qu’elle peut avoir.

Tout ce que je peux faire, c’est la suivre je ne sais où, loin de cette ruelle où deux corps gisent encore sur le sol, l’un respirant encore, contrairement à l’autre. J’ignore le goût de bile qui monte dans ma gorge et me force à suivre la cadence. Esteban reste ma priorité. En courant, je tente d’appeler Daphné, mais, sans surprise, ça ne marche pas. Fichu réseau pourri, faudra vraiment que le camp installe une antenne un de ces jours, ça devient problématique. Je range mon téléphone juste à temps pour me rendre compte de là où elle nous emmène. Un espèce de terrain vague boueux pas du tout pratique. Mais il est trop tard pour l’en empêcher et je la suis prudemment, pas spécialement ravie de l’idée. C’est un coup à se faire mordre par un serpent ou tomber sur un alligator planqué là.

Je suis presque surprise quand elle m’interpelle, mais je tourne la tête, observant la route non loin. Une voiture est arrêtée, mais j’entends un sifflement guilleret avant de comprendre ce que le type qui l’émet est en train de faire. Visiblement il était trop pressé de se soulager pour attendre d’être chez lui. De là à dire qu’on est en sécurité, c’est peut-être exagéré, mais en tout cas personne ne semble nous suivre.

- Non, c’est bon, juste un type qui avait une envie pressante.

Je la rejoins en quelques enjambées, contournant la flaque de boue dans laquelle elle s’est enfoncée, lui tendant la main pour l’aider à s’en dégager. Sa question m’intéresse tout de même et je tourne mon regard vers Esteban. Il n’est pas spécialement en forme, mais il arrive quand même à articuler. J’espère juste qu’il n’a pas de blessure internes graves que je ne peux pas remarquer…

- Nan je les connais pas. J’étais venu acheter de l’herbe et… Me regarde pas comme ça Anaïs.

Je lève les mains, jouant la carte de l’innocente, mais il a bien vu la manière dont j’ai froncé les sourcils.

- Bref, on s’est serré la main, mais il avait une bague en argent donc je l’ai senti. J’ai pas tilté qu’il s’en est rendu compte, mais il a passé un appel en prétextant qu’il avait une offre à me faire et les types ont débarqué et vous connaissez la suite.

- J’espère qu’Amelia va te botter le cul.

Il sourit faiblement, mais c’est déjà bon signe. On sait tous les deux qu’il va se prendre un savon. La question maintenant, c’est où est-ce qu’on est censé aller ? Je vais pas les ramener à l’appartement, je n’ai pas envie d’attirer quelqu’un chez moi, surtout une vampire, et Daphné habite trop loin. Quelle merde. Je pourrais appeler Zach, mais le connaissant…

- Sortons de là déjà, on verra quoi faire ensuite. T’as pas le numéro ou l’adresse de quelqu’un ?

- Y’a Samuel, au Corner, faut que je me rappelle l’adresse exacte.

Merveilleux… C’est loin, il fait nuit et en plus on ne sait pas si on a quelqu’un aux trousses. Une soirée des plus banales, en somme. Ça aurait été plus simple si on pouvait appeler les flics, mais avec un garou, une vampire et un cadavre pas loin, autant directement nous mettre une cible sur le front, ça serait tout aussi bien. Je me tourne vers la vampire.

- Madame… euh… Je vous appelle comment du coup ?

Elle en a de bonne, elle, à vouloir que j’oublie son nom. « Vampire » ça a pas l’air des plus engageant.

- Y’en a pour une trotte jusqu’au Corner, ça va aller ? J'ai pas trop d'autres options.

Autant pour elle, que pour Esteban. Le pauvre a vraiment pris cher. Et faut aussi que je pense à comment rentrer après qu’on se soit occupé de lui… Quelle soirée de merde…

Si j’avais su que ma fin de soirée consisterait à patauger dans de la boue avec une vampire portant un loup de la meute tabassé par des tarés, je serai restée chez moi. Il fallait pourtant que j’aide Esteban, je ne pouvais pas le laisser comme ça à s faire taper dessus. Certes, la vampire – « Madame » - comme elle dit, a fait le plus gros du boulot, mais laisser un cadavre dans une ruelle ça n’est jamais une bonne chose et si je n’avais pas été là, il y en aurait eu un autre dans son sillage. D’autres, même, comment savoir ? Je lui suis vraiment reconnaissante de son aide, mais j’ai tout de même un léger doute sur les raisons qui l’ont poussé à faire ça. je n’ai jamais rencontré un seul vampire désintéressé… je n’en ai heureusement pas rencontré tant que ça, mais entre le psychopathe qui me suivait et ceux qui ont essayé de me bouffer… La liste est courte, mais peu glorieuse. J’aimerais ne pas l’ajouter à celle-ci. Fut un temps où me défendre ça consistait à crier en espérant qu’on vienne me sauver les miches, mais maintenant…

L’avantage, au moins, c’est que transporter Esteban n’est pas trop difficile. Si j’avais dû le trainer en sécurité, jamais ça n’aurait fonctionné. Plus les minutes passent et plus je me rend compte que les vampires ont des capacités que personne ne semble connaître. Cette espèce de brume noire, en premier lieu. La force physique ne m’étonne trop, mais en me rappelant mon échange avec Yago, il me semble qu’il a fait quelque chose aussi. Un genre d’illusion. Tous les vampires ont le pouvoir de faire ça ? L’idée ne me plaît pas du tout. Même en ayant les moyens de me défendre, je reste un encas alléchant et sil’ lui prenait l’envie de sortir les crocs, les choses allaient sincèrement se compliquer. Ou alors j’étais trop paranoïaque et elle était sympa. Tout était possible.

Elle a raison, on ne peut pas se balader comme ça en ville. Elle avec du sang sur le menton, Esteban complètement à l’agonie et moi… relativement normale en comparaison, mais quand même dans la catégorie personne louche dès qu’on me regarde d’un peu trop près. Et appeler les urgences, c’est risqué des questions et la police, donc c’est forcément hors de question. Mais aller jusqu’à Sunflower Point… Clairement personne n’ira nous chercher là, mais à pied…

- Ça risque de nous prendre une heure pour arriver là-bas, vous êtes sûr ? Enfin vous avez raison, c’est sûr, bien plus que se balader en ville…

On n’a pas trop le choix, il faut qu’on bouge, et vite. Si Seulement j’avais les numéros des gens de la Meute, ça aurait été réglé cette histoire… Ce sera la première chose que je demanderai à Samuel quand il arrivera pour s’occuper d’Esteban, histoire que ce genre de choses n’arrive plus. En espérant que ce dernier parvienne à se souvenir du numéro, sinon la nuit risque d’ê très, très longue. Et ce n’est pas son grognement en retour à la demande de Madame qui va me rassurer pour la suite.

- Merci pour tout, en tout cas. Sans vous…

Sans elle, Esteban serait peut-être mort et je ne sais pas si je serai dans un meilleur état que le sien à l’heure actuel…

- Vous risquez rien ? je veux dire… Vous avez tué quelqu’un…

Je ne sais pas trop ce qui m’inquiète le plus. Qu’elle ait tué quelqu’un sans vraiment broncher, que j’ai dû intervenir pour en sauver un autre, ou la simple idée que je suis complice d’un meurtre. Légitime défense ou non, je doute que la justice soit très compatissante vu ce qu’elle a pu faire à ces types, peu importe ce qu’eux étaient en train de nous faire. J’arrive toujours à me foutre dans des histoires avec des dilemmes moraux insurmontable. Sauver une vie en en prenant une autre ? Comment c’est censé fonctionner si une vie est perdue, quoiqu’il arrive ?

- Enfin si je peux vous aider, n’hésitez pas, vous nous avez sauvé la vie.

tant qu’elle ne me demande pas la permission de m’arracher la gorge à coup de crocs, je me dis que ça règlerait l’éventuelle problème d’une faveur à venir. J’ai eu mon compte de faveur donner à des créatures surnaturelles et je n’ai pas vraiment l’intention d’être redevable à des personnes ou choses capable de me transformer en carpaccio sur un coup de tête. Et me voilà à escorter une vampire envers qui j’ai une dette, et pas des moindres. Le trajet jusqu’à Sunflower Point va être long…

Pas le choix. Ouais, je m’en suis doutée. C’est pas pour autant que c’est plaisant comme situation. Les nuits à Shreveport sont synonymes de bien trop d’inconnus et de danger. Même si je suis en train de coller une vampire au train, ce n’est pas pour autant que d’autres ne risquent pas de nous tomber dessus à un moment ou à un autre. Sunflower Point est isolé, entouré d’arbres. Pendant un instant, je me demande encore si elle ne va pas tout simplement se débarrasser de nous là-bas. Mais non, elle l’aurait fait dans la ruelle. Ne nous aurait même pas aidé. Elle a un sens de la justice particulier, mais peut-être que c’est simplement qu’elle déteste qu’on s’acharne sur autrui. Difficile de savoir, elle ne laisse pas filtrer grand-chose.

Je traverse la route sur ses talons, jetant des coups d’oeils inquiets à Estéban. Il me rassure d’un sourire, je fronce un peu plus les sourcils. S’il n’arrive pas à se rappeler du numéro de quelqu’un de la meute, on va au-devant de sacrés ennuis. Le cas échéant, j’appellerai Zach et aurais le privilège de me faire passer un savon en plus de l’impliquer dans ce merdier. Je préfèrerais sincèrement éviter. La Meute est plus sûre que les briques décrépies des Kingston où je vis, alors je voudrais vraiment qu’eux interviennent.

Elle n’avait pas vraiment besoin de rappeler la situation dans laquelle on se trouve. Complice de meurtre… ouais, bah ça ajoutera juste le mot « complice » à un autre chef d’inculpation qui me pend toujours au nez, si un jour quelqu’un arrive à cerner ce qu’il s’est passé au Mall. Rien que d’y penser… Cette ville a le don pour me fourrer dans des situations merdiques en continue. J’ai sauvé la vie de quelqu’un ce soir, et j’ai quand même une possibilité d’être accusée d’un crime pour lequel je n’ai rien fait. Tu parles d’un comble…

- Il faisait sombre, je ne pense pas qu’ils aient eu le temps de bien voir. Et si ce sont des dealers, je doute qu’ils aillent voir les flics, ça serait contraire à leur intérêt.

Si ce sont de vrais anti-CESS, en revanche… Me cacher à nouveau me ferait vraiment, mais alors vraiment chier. J’ai passé des mois à fuir, ce n’est pas pour recommencer quand j’ai enfin commencé mes études et démarrer un apprentissage qui doit durer au moins dix ans. Je tourne la tête vers Esteban lorsqu’elle pose des questions. Il tousse, mais arrive à répondre.

-Ils ne me connaissent pas. Ils trainent juste aux alentours de la fac pour vendre aux étudiants, mais c’était la première fois pour moi.

- La dernière aussi…

Ils vont là où les consommateurs sont, en gros. Malin, mais ça veut dire qu’on risque moins, techniquement. Esteban n’est pas à la LSU, autant que je sache et je ne prends jamais cette route d’ordinaire, parce que je prends directement le bus pour rentrer, sans jamais m’aventurer en ville. Et ces types se démarqueraient trop, la sécurité aurait tôt fait de les virer à grand renfort de coup de pied et clés de bras s’ils essayaient de faire quoi que ce soit sur le campus.

- Samuel… il saura quoi faire.

A croire que le type sait tout faire, en fait. Tant mieux, avec un peu de chance, toute cette histoire sera réglée ce soir et on n’entendra pas parler de quoi que ce soit nulle part. Les types ont un prénom et une vague silhouette en ce qui me concerne, et avec l’accent et la mâchoire détruite d’Esteban lorsqu’il a craché mon nom avec un peu de sang, je doute qu’ils aient vraiment compris comment je m’appelais. De toute façon avec la difficulté qu’ont les américains à le prononcer, je pense que ce sera vite oublié de leur côté.

- On avisera. Ce serait pas la première fois…

Moi qui espérais que les choses s tassaient, voilà que ce genre e situation refait surface. C’est épuisant. Et je sais qu’une fois l’adrénaline aura fini de faire son boulot, je fais sentir la culpabilité et le remords me ronger alors que je ne pouvais absolument rien faire pour éviter cette mort. C’est arrivé si vite et si violemment…

- Pourquoi vous êtes intervenue, d’ailleurs ? Je veux dire… Vous auriez pu passer votre chemin et pas risquer quoi que ce soit.

Bon nombre de personnes aurait fait ça. Au pire ils auraient appelé les flics, mais j’imaginais mal un vampire intervenir dans une rixe de ce genre. Peut-être qu’elle avait envie de sauver la veuve et l’orphelin ou l’outre et le garou. Je lui en étais reconnaissante, mais la question demeurait : pourquoi ?

Traverser la ville de nuit avec une vampire portant un loup garou, c’était une expérience unique. Surtout quand ladite vampire avait apparemment l’habitude de tuer tout ce qui pouvait la menacer. Ça n’explique pas vraiment pourquoi elle s’est décidée à intervenir, ils ne la menaçaient pas directement. J’aime à penser à une bonne action poussée par une bonne intention, mais j’ai depuis longtemps appris que les bonnes actions ont parfois une raison bien plus obscure cachée et qui amène tout un tas de problèmes par la suite. Peut-être qu’elle ne fait pas partie de ceux-là – et ce serait l’idéal – mais je vais quand même rester méfiante. Elle a l’air de vouloir cacher trop de choses pour que ce soit complètement honnête. Ou bien je suis devenue parano. Mieux vaut trop sur ses gardes que pas assez dans ce genre de situation merdique.

La suite, en revanche, me fait tourner la tête vers elle. Je me contente finalement de hausser les épaules. Courageuse ou non, on me dirait que c’était stupide. Je peux m’en sortir face à un type. Peut-être deux s’ils s’y prennent mal, mais ils étaient cinq. Sortir de l’ombre au lieu d’agir cachée, c’était me jeter dans la gueule du loup et complètement idiot. Clairement, ils ne m’auraient pas fait de cadeau. Ce genre de types n’auraient peut-être pas osés nous tuer, mais j’en aurais été quitte pour quelques semaines à l’hôpital, sans aucun doute. Dans le cas où ils n’étaient effectivement pas capables de prendre une vie. Ils ressemblaient à des petites frappes qui aimaient se défouler sur autrui, pas à des meurtriers. Mais la ligne est tellement fine parfois pour passer de l’un à l’autre que je ne peux en être sûre. Heureusement qu’elle est intervenue ? Je n’ai pas eu à découvrir par moi-même si j’avais raison ou non. Et je lui en suis reconnaissante pour ça.

- Sans doute. Mais je pouvais pas laisser faire sans réagir. C’était plus idiot que courageux quand même.

J’entends Esteban pouffer avant de tousser et lui lance une grimace. Au moins il est en vie et il va récupérer dans un endroit sûr dès qu’on aura contacté Samuel. Mieux valait ça que l’hôpital où ils auraient découvert s nature et où il aurait sans doute fini dans un de ces centres qu’on n’appelle pas prison simplement parce que ce serait mal vu. S’il y a bien une chose dont je peux être un peu fière dans toute cette histoire, c’est bien ça. Esteban fait partie de la Meute et, même si je ne suis que l’apprentie de leur Vagramor, c’est aussi mon devoir de protéger ses membres, peu importe les circonstances.

Un soudain arrêt et je fixe un instant l’endroit qu’elle pointe. Un talus à une certaine distance, derrière une route bitumée. Je m’accroupis et observe les alentours, même si je me sens un peu idiote vu qu’il n’y a littéralement personne aux alentours. Il y a bien les sirènes d’une voiture de police dans le lointain, mais impossible de savoir si elle approche ou s’éloigne. Je comprends qu’elle me demande si je peux courir jusque là-bas, mais j’ai une autre idée.

- Attendez, je vais vérifier quelque chose.

J’inspire, me concentre. C’est la première fois que j’utilise ça en dehors un camp et de la vigilance de Daphné, mais comme c’est sans danger et que j’y arrive d’habitude, tout devrait bien se passer. Je ferme les yeux, laisse mon énergie s’accumuler avant de prononcer l’incantation ; l’énergie se disperse et résonne en touchant du doigt les vie alentours. Des gens dans leurs maisons, personne de caché ou qui marche dans notre direction. Enfin en tout cas pas dans un certain périmètre. Il va me falloir plus d’entrainement pour lancer un sort de détection sur de grandes zones. Je rouvre les yeux et hoche la tête.

- C’est bon il n’y a personne dans les parages.

Je m’engage juste derrière elle et la suis au pas de course, regardant tout de même de chaque côté de la route histoire de ne pas me faire stupidement renversé par une voiture qui déboulerait de nulle part en roulant à pleine vitesse au milieu du quartier. Ce serait pas la première fois que j’aurai été témoin d’un fou du volant en ville, surtout à Mansfield. Par chance, personne et on peut avancer sans problème jusqu’au talus en question. C’est à ce moment là que je me rends compte que les sirènes se rapprochent. Et se rapproche vite.

- On ferait mieux de courir, non ?

Comme si la soirée pouvait pas empirer… ça finit toujours par empirer.