Carnage • Groupe 1 : Odelia, Eoghan, Daphné, Anaïs, Samuel, Elizabeth, Ciàran

D’un geste vif, j’attrape le téléphone que me tend Ciàran, faisant défiler rapidement les infos qui s’y trouve. Tellement d’informations. Sur tout le monde. Comment ils ont fait ? Depuis combien de temps ? Non, ça m’étonne pas mais bordel… Je relève la tête vers lui, l’air sans doute un peu trop effrayé. « Vous vous êtes fait pirater ? Mais putain, comment vous avez pu être piratés ?! » Bon, finalement, c’est plus de la colère qu’autre chose. « Vous faites jamais de pentest ou de bug bounty ou j’en sais rien ?? » Je sais bien qu’il y a toujours plus malin ou plus fort, mais putain, avec des infos comme ça, tu te blindes bordel ! Et on parle du PASUA pas de mamie Jacqueline qui vend des tomates de la ferme ! Okay respire. C’est fait maintenant et… Et les données peuvent être n’importe où. « J’ai besoin d’une copie de tous les dossiers que vous aviez. » Je lui rends son téléphone. « Ou je les trouverais probablement en libre service sur le net. » A moins que le pirate n’ait autre chose en tête. Et c’est trop tard de toute façon.

« Alma et Joaquin étaient armés quand ils sont partis. » Je souffle cette info en tombant sur la dernière vidéo que j’ai d’eux. Je sais, autant que les autres, que l’Ulfric n’aime pas ça, c’est peut-être pas un détail inutile. Je secoue la tête et me reconcentre sur la discussion, observant la zone indiquée par Daphné. « J’ai peut-être des caméras dans le coin. » De nouveau, j’ai le nez sur mon téléphone, essayant d’en trouver une qui pourrait nous aider. Non, évidemment que non, le mieux que j’ai étant un raton-laveur qui se gratte les fesses. Su-per. Un soupir mécontent et un froncement de sourcils alors qu’on m’interpelle et je fixe Odelia, que je n’avais même pas reconnu – paie ton image pro. Une infime hésitation et je hoche la tête. « Faut que je vous file les accès, mais oui, c’est possible. » Sur des téléphones carrément pas sécurisés… Mais j’ai pas trop le choix. Je tends la main pour récupérer leur téléphone et tout mettre en place.

Si je peux m’occuper du côté technique, Daphné prend le relai pour le côté ésotérique. Et c’est carrément pas du tout rassurant ce qu’elle explique, même pour une noob. Je dévisage celui qui s’est proposé de nous accompagner. « Les arcanistes font forcément partis de l’Église Wiccane ? Il peut pas y avoir… de méchants sorciers en quête de pouvoir absolu en mode Saroumane ? » C’est une vraie question hein, je suis curieuse. Je secoue néanmoins la tête avant d’ajouter. « Il a raison de toute façon. Ça pourrait être des chasseurs ou autres que le problème reste le même. Les autres sont pas au courant. Il faut qu’on y aille. »

Un coup d’oeil à Joan et Clay, soulagée que Joan ait réussi à joindre quelqu’un, même si ce sont pas ceux visés à la base. Et mon propre téléphone rebippe. Putain. Je sais toujours pas qui c’est, ce serait trop facile, mais c’est le moindre de mes soucis dans l’immédiat. « C’est pas qu’ici... » Nouveau SMS à l'inconnu.« Tu veux pas ou tu peux pas ? Tu peux nous aider ? M’aider ? » Je sais pas comment, mais on peut toujours demander.

J’inspire et me tourne vers Clay. « Tu restes ici, avec Garrett, et tu essaies de prévenir chaque membre de la Meute. Il faut qu’ils se mettent en sécurité… Et ils ne le sont plus chez eux. Ni au Caern. »

Putain, ça craint tellement. J’ai les mains gelées. Et sans doute les yeux un peu trop mordorés. Mais si je suis un peu flippée, la louve, elle, est plutôt en rogne. « On y va ? »

Spoiler:

J’écoute les échanges, fronçant les sourcils, avant que mon regard ne finisse par croiser celui de Garrett quand j’entends le volume de la radio monter d’un cran. Un regard appuyé en réponse et j’ai un bref hochement de tête silencieux avant de balayer la salle des yeux, cherchant à voir qui pourrait nous écouter, alors que la tension se fait plus que palpable dans notre petit groupe.

« Vous marquez un point. » Lancé en direction du sorcier quand il demande pourquoi est-ce qu’on attaquerait le Caern plutôt qu’un autre lieu. Et voilà que, de nouveau, les informations tombent. Joaquin armé et surtout, les menaces reçues par Odelia. Si je connaissais le début de l’histoire, la projection astrale m’arrache une grimace, alors que je cherche un instant le regard de Daphné pour avoir des précisions, si tant est que ce soit nécessaire. « Je vois. » Je me pince l’arête du nez, alors que je laisse filer un nouveau silence, digérant tout ça comme je le peux.

Et, quand la jeune femme nous annonce qu’elle va nous attendre dehors, j’ai un bref hochement de tête en signe de remerciement, non sans profiter du moment pour me présenter et présenter le reste du groupe, sans savoir ce qui est totalement nécessaire ou pas, auprès d’elle et de l’homme qui l’accompagne. « J’aurais préféré le faire dans d’autres circonstances. » Une vague grimace, avant de me tourner vers ma Meute, écoutant d’une oreille Lizzie qui dit à Clay de rester sur place. Et le reste. « Pour ceux qui le peuvent, dis-leur d’aller à Camden, je vais prévenir mon père. » C’est pas loin et au moins, ils seront tranquilles, loin de tout ça. Sans compter que je sais que j’aurais pas à me perdre en explications en le prévenant. Pour le moment en tout cas.

Une brève inspiration, avant que je finisse par reprendre, en direction de la Vargamor, Lizzie mais aussi Ciàran. « Il y a autre chose à savoir avant qu’on se rende sur place ? Ou on a fait le tour des mauvaises nouvelles pour le moment ? » Regard en coin vers Anaïs. Sait-on jamais, qu’elle aussi ait quelque chose sous le coude à nous dire. En attendant, je me rapproche de Garrett et je vais lui souffler quelques mots, lui demandant s’il peut nous tenir au courant de tout ce qui pourrait encore sortir de l’ordinaire. Je sens le loup à l’affût, prêt à bondir dès que je lui en donnerais l’occasion. Après tout, cette forêt est autant la sienne que la mienne. Et c’est sa Meute aussi qui est en danger.

Spoiler:

( Carnage ) La chamane n’écoute que d’une oreille la discussion trop concentrée sur la barrière. Les téléphones changent de main et elle abandonne le sien à la louve d’un geste réflexe. Ses doigts n’ont pas quitté la peau de son apprentie et elle sent son énergie pulser contre la sienne. La familiarité d’un contact mille fois éprouvé l’aide à s’ancrer dans l’instant et elle s’extirpe de sa traque mentale. Ils n’ont qu’à peine bougé, se rassure-t-elle silencieusement. Odelia se lance dans ses explications et Daphné se contente de hocher la tête avec véhémence. Un frisson lui court le long de l’échine en repensant à la grange puis à la façon dont les lieux avaient été nettoyer en profondeur. Désinfecté magiquement de toute traces. C’est cette idée plus que tout le reste qui lui donne envie de vomir. L’un des leurs, un Éveillé ou peut-être plusieurs, est mêlé à ça. Un soupir tremblant lui échappe quand Odelia s’éloigne avec Eoghan et son regard suit la silhouette de sa sœur de pratique. Elle à l’air si fragile, feuille d’automne prête à se faire emporter par le vent. Dans quoi est-ce qu’on s’embarque encore… Les doigts d’Anaïs, détachant son poignet de la prise qu’elle lui infligeait, la traîne à nouveau hors de ses pensées et elle lève les yeux vers la gamine. Dans les yeux pâles de Daphné, l’inquiétude dévore tout le reste. Elle n’a rien à faire là. Elle devrait la renvoyer à Camden, s’assurer de sa sécurité. Elle a un mauvais présentiment la Chamane, l’impression que quelque chose d’infâme se tapit dans l’ombre. Pourtant, l’idée d’envoyer la jeune femme loin d’elle ne fait qu’allumer une série de feu d’alarmes dans son esprit. Elle se tourne à nouveau vers l’intérieur et se concentre sur la brèche, comme un trou béant dans sa barrière qui lui fait grincer des dents. Ils ont bougé. Ils progressent lentement, comme s’ils avaient du mal à avancer, mais ils avancent. Elle ressort de là, la bouche sèche et les sourcils froncés. Elle déglutit avec difficulté et tourne la tête vers Samuel avec un sourire crispé. « Non, rien de plus…» Elle passe la main sur son visage et referme les doigts sur l’amulette de protection que son apprentie lui a offerte. « Faut qu’on bouge… Ils se déplacent. » L’annonce d’Anaïs dénoue une part de son stress et elle hoche la tête, rassurée de savoir qu’un de leurs plus jeunes est au moins en route vers la sécurité. « C’est bien. » souffle-t-elle d’une voix absente. La tessiture de son apprentie la sort de nouveau du monceau d’inquiétude qui l’étouffe et elle braque son regard dans le sien. Une petite main se lèvre et effleure la joue encore rebondie de la jeune outre. Daphné secoue la tête lentement. « Non, tu viens. Je… » Elle secoue la tête. « Je sais pas pourquoi mais j’ai le sentiment qu’on a besoin de toi là-bas. Tu restes près de moi et surtout, surtout, ne tente rien d’héroïque, OK ? J’ai besoin de toi entière, Tessora.» Son regard est sévère, mais plein d’inquiétude et de tendresse. « En route. »

( Pando )

519 mots :

Je jette un regard mauvais à Liz. « Je n'en sais rien, je ne suis pas responsable de la cybersécurité... Cela ne me réjouit pas tu sais. » Je réponds un peu sèchement, nerveux sans aucun doute. Cela m'a tracassé toute la journée et si j'ai pris contact avec Samuel, c'est bien parce que je sais qu'ils peuvent être mis en danger à cause de cette fuite intolérable. Et ce n'est pas le moment qu'Elizabeth me prenne la tête là dessus... Pas alors que j'essaie au mieux de rester maître de mes émotions et de ne pas laisser la bête pointer le bout de son nez... Même si, ici, et avec tous ces lycans, ce serait un moindre mal. « D'accord. » Je réponds assez laconiquement. Du coup, je pense que mon boulot ici est terminé non ? Je les ai prévenu, je peux m'en aller. Après tout, leurs problèmes ne sont pas les miens, je n'ai aucune sympathie pour l'alpha.


Sauf qu'on dirait qu'il y a une intrusion sur leur territoire. Est-ce que cela a un rapport avec les dossiers qui ont fuité ? Si c'est le cas... Je me sens un peu... coupable. Même si comme je l'ai dit à Liz, je ne suis pas responsable de la sécurité du système informatique du PASUA. Par contre, on dirait qu'Elizabeth est responsable de la surveillance dans la meute. Je comprends un peu à retardement qu'Eoghan est un arcaniste alors qu'il commence à parler de trucs que je ne comprends pas totalement et qui me hérissent le poil. Une autre femme s'y met, parlant de chantage, d'ultimatum, de projection astrale... Bref, du charabia de sorciers.

Ce qu'il faut retenir, c'est qu'on doit quitter les lieux et arrêter les intrus. Et également que cette intrusion est planifiée depuis un moment. Est-ce que le vol de données vient de ces individus ? Mystère... Quoiqu'il en soit, je ne peux plus vraiment me défiler, surtout quand Samuel me fait bien comprendre que j'ai intérêt à venir. Je suis armé. Et je dois aussi comprendre ce qu'il se passe, si tout cela est lié à la défaillance de notre service ou pas du tout. Je reste un enquêteur après tout, même si mes connaissances en magie sont limitées... Ce qui risque de poser un problème quand des sorciers nous accompagnent. Je regarde Samuel : « Je viens avec toi. » Avec lui. Pas pour la Meute. Pour lui. Et Liz.

Spoiler:

( Carnage ) À peine sortie de la voiture, elle se fait cueillir par le vide. L’absence. Il n’y a rien. Pas une voiture, pas une ombre de vie. La forêt est étrangement silencieuse et Daphné laisse Samuel observer les traces sur le bas-côté tandis qu’elle suit le fil brisé de son voile de protection. Là. Sa gorge se serre en découvrant la terre ouverte. Dans la mousse et les fougères, le totem repose en morceau. Elle s’accroupit et effleure la pierre fendue, les lianes déchirées et le bois explosé. Les restes de sa propre magie tentent encore de faire leur travail par à-coups, comme une bête sur le point de mourir qui continuerait encore à avancer. Elle jure en percevant la magie, autant que la force, qui a servi à réduire à néant l’objet. « Sam, tu devrais changer…  Anaïs… » lâche-t-elle par-dessus son épaule avant que son attention soit traînée de force ailleurs sans qu’elle puisse finir sa pensée. D’abord, il y a la plainte sourde qui émane des arbres, des racines, et de la terre elle-même. La forêt souffre. Elle s’ouvre, toute entière, à l’énergie environnante. Elle dégaine son canif, entaille la chair entre l’index et le majeur de chacune de ses mains et les plonge dans l’humus. Elle écoute le chant de la sève dans les frondaisons. La souffrance des bois est corrosive dans son esprit et elle lève le nez, presque en même temps que les Loups qu’elle ne voit pas derrière elle. Le Feu. Ses yeux s’écarquillent alors qu’elle focalise son énergie, au travers de la souffrance qu’elle partage avec la Terre, sur le tissage en quête des fous qui sont venus se perdre dans les bois. Sur leur tracé, les flammes commencent à dévorer la végétation et Daphné pousse un cri étranglé.  Son regard croise celui de Lizzie et son visage se déforme sous la souffrance qu’elle partage avec le monde végétal. Ils ont besoin d’aide. Un cri dans la nuit. Un appel qui la force à concentrer toute son énergie dans sa direction. Là. Entre les brins d’une tapisserie qu’elle connait aussi bien que le creux de sa paume : quelque chose bouge. Quelque chose lie et délie les enchantements façonnés par ses mains et celles de milles autres avant elle. Quelque chose traverse, dans un silence aussi brutal que discret, les protections supposément infranchissables sans qu’elle en soit alertée. Depuis combien de temps ? Combien de minutes, d’heures, que cette masse se déplace en silence dans une direction qu’elle ne devrait même pas être capable de traquée ? La terreur qui s’empare d’elle fait pâlir celle des minutes précédentes. Son souffle s’accélère encore dans sa poitrine alors que la menace se fait duale et qu’elle réalise que, si ceux ayant pénétré de force dans son domaine s’éloigne vers le sud-ouest, ce qui lui fait face se dirige droit vers le Caern. Ses doigts tremblent dans la Terre et son sang se mêle aux minéraux et au flux de la vie végétale alors qu’elle ne fait plus qu’un avec l’entité gigantesque et douloureuse de la Kisatchie. Elle lance son esprit en direction de la masse qu’elle devine et essaie de l’englober, de la percer, de comprendre de quoi il s’agit, à quelle vitesse elle se déplace, ce qu’elle veut. Oubliées, pour l’instant, les voitures qui sillonnent les bois, les potentiels ennemis qui s’éloignent en ravageant sa maison par les flammes.Diversion ? Véritable danger ? « Il y a quelque chose qui fonce droit sur le Caern. Quelque chose… de magique qui arrive à se… glisser entre les protections. » halète-t-elle d’une voix blanche avant de replonger, le front moite et les yeux révulsés. Elle ne sait pas qui l’entendra et les flammes la rongent aussi surement qu’elles avalent les feuilles et les branchettes, mais elle se bat au côté de la Terre alors que des larmes roulent sur ses joues.

( Pando )

647 mots Chaton a dit oui :

Mes doigts crispés sur le volant sont bien le seul signe de tension que je me permets de laisser apparaitre. Je reste silencieux tout le long du trajet avant de garer la voiture et d’observer autour de nous à notre arrivée. Les traces de voiture sont faciles à reconnaitre et je souffle, à mi-voix. « Ils ont aucun mal à circuler avec ce genre de caisse… » Je ne suis même pas sûr qu’à ce stade, ça ait la moindre importance, surtout quand je me fige au reste. Tête relevée, l’odeur âcre du feu empli mes narines et je sens la Bête s’agiter dans tous les sens. On détruit notre maison. On fait du mal à la forêt. Mes mâchoires se crispent et j’ai un hochement de tête à la remarque de Daphné. Pas comme si la Bête essayait pas de se frayer un chemin de gré ou de force depuis qu’on a posé les pieds ici.

Mon regard croise celui d’Elizabeth, puis celui de Joan. « Restez sous cette forme pour le moment. Si besoin, je vous aiderais après. Pour que ça aille plus vite. » Joan sait se servir d’une arme, Lizzie a toujours son téléphone en main. Je sens mon cœur qui s’accélère alors que je me tourne vers Ciàran. « Je suis toujours là si besoin. » Pour l’aider à se maitriser. Qu’il n’ait pas d’inquiétude là-dessus. Et je m’éloigne de quelques pas, prenant une profonde inspiration quand je suis plus ou moins hors de vue des autres. Qu’ils me voient me transformer m’importe peu au final, mais là, ils sont pas obligés d’y assister. Et, alors que l’odeur du feu continue de me chatouiller les narines, je la laisse elle, prendre le relai, non sans un regard en direction du ciel, alors que je cherche la Lune, complice de chacun de ces moments depuis toujours.  

Une fois de plus, la douleur me traverse de part en part. Cette douleur toujours aussi difficile à supporter, même après toutes ces années, mais qui ne dure qu’une poignée de minutes.

Et c’est un loup bien plus grand que la moyenne qui s’ébroue, s’approchant du groupe à pas mesurés, humant l’air avant de se tourner vers la Vargamor. Ce lien si particulier qu’ils ont tous avec elle se fait plus vif quand ils sont sous leur forme primale. Sans compter l’affection qu’il a pour Daphné. Alors il est incapable de ne pas ressentir la douleur qui étreint la jeune femme. Sans filtre. Sans être capable de la freiner. Celle de la forêt, celles des esprits qui les protègent. Il a le sentiment pendant un instant, d’être lui aussi rongé par les flammes et ses oreilles s’aplatissent alors qu’il fait quelques pas vers elle, la tête basse. Un léger couinement lui échappe alors que, du bout du museau, le loup massif effleure l’épaule de Daphné. Pour lui rappeler qu’elle n’est pas seule, que sa Meute est là pour partager cette douleur et surtout, pour la combattre.

Spoiler:

Je ne suis pas à ma place.

C'est la première réflexion qui me vient alors que tout se déroule devant mes yeux. Je me sens étranger aux dangers qui peuvent guetter la Meute, ne ressentant aucun sentiment d'appartenance à celle-ci. Je suis venu, je les ai averti de la fuite, et Liz n'a rien trouvé de mieux que de juger les faits. Oui, c'est une catastrophe, mais qu'y puis-je ? Elle a beau être un petit génie informatique, une pirate... Sans doute que la personne qui a fait ça est tout aussi douée, voire davantage qu'elle. Ils feraient déjà mieux de surveiller leur propre territoire, qui est désormais en danger. Et pourtant, Samuel m'embarque dans cette galère. Je peux toujours enquêter, alors que la ville est en train de sombrer dans le chaos. Mais toute cette agitation, mon impuissance, mon agacement, sont en train d'enfler lentement, mais sûrement, menaçant de déborder. Il fait nuit, je suis crevé, stressé, entouré de loups et de sorciers... Et je sens la Bête s'agiter. Le danger est là, et je le ressens jusque dans ma chair.

De moins en moins stoïque, je demeure muet, mâchoires verrouillées, muscles tendus, à lutter contre ce loup avide de sortir. Durant tout le trajet, je ne prononce pas un mot, occupé à gérer ce trop plein d'émotions. Mais une fois que nous nous garons et descendons de la voiture, j'ai un geste de recul, alors que je sens monter un grondement du plus profond de mon être et que mon cœur s'emballe. L'odeur me hérisse et me met en alerte alarmante aussitôt. Cela devient de plus en plus difficile de ne pas perdre pied.

Un instinct ancestral se réveille alors. Aussi bien de l'humain, que de l'animal.

La peur du feu.

On a mis le feu au Caern.

Daphné ramasse les morceaux brisés de son totem, enjoignant Sam de se transformer. L'odeur fugace de son sang me monte aux narines, agitant davantage encore la Bête. Je sens la révolte, je sens la tristesse, l'injustice, le besoin de vengeance. Ces émotions ne sont pas miennes, elles sont celles de l'animal qui partage mon corps et ma conscience... Et la transformation de Samuel m'achève, alors que je tombe à genoux et halète, alors que mon regard se part de doré et que je ne parviens plus à juguler la Bête qui ne demande qu'à sortir, à rejoindre Samuel, à courir dans les bois, à traquer sa proie. Ses griffes lacèrent les parois de ma conscience, avec frénésie, impitoyablement.

Spoiler:

Pas d’autres infos mon cul, c’est quoi tout ça ? Comment iel sait tout ça ? Comment c’est possible ? C’est trop gros, trop d’un coup, trop… Trop de putains de coïncidences. Isalin. Merdemerdemerde. Un regard à Samuel, sans que je réponde pour autant à sa question. Ça changerait quoi dans l’immédiat que je leur dise tout ça ? A part peut-être les angoisser un peu plus, comme moi ? On a déjà assez à faire avec la Meute et le Caern. J’essaie de joindre Isalin et Sofia, alors que je rejoins la voiture de Sam, leur laissant messages et SMS à défaut de réussir à les avoir en direct. Je reste les yeux rivé sur le téléphone durnt le trajet, cherchant désespérement à voir quelque chose avec ces foutues caméras. Il fixe quoi ce putain de raton laveur ?

Je devrais m’en vouloir, je m’en voudrais sans doute plus tard, mais tout le reste, tout ce qui se passe ailleurs disparait quand on s’arrête à la lisière de la fôret et que je descend de la voiture. Je laisse Sam s’occuper des traces de voitures, Daphné de son totem. Comment ils ont pu le trouver ? Je veux dire, quand même, y avait pas un panneau clignotant dessus.

Mais c’est pas le plus important dans l’immédiat. Danger.

Je me fige et mes pupilles s’agrandissent en sentant l’odeur. Feu. Ils brulent la forêt. Ils brulent notre maison. Les larmes me montent aux yeux et mes poumons se vident, incapable que je suis de reprendre ma respiration. Chez nous. Ils ont pas le droit. Ce n’est pourtant pas cette réflexion digne d’une enfant de 8 ans qui me fait revenir à moi, mais la plainte de Daphné. Daphné qui a les mains plongées dans la terre. Daphné qui est reliée à la terre et… Oh. Je m’approche d’elle, m’agenouillant, pour poser ma main sur son bras. « On est là. On va arranger ça. » Soufflé avec bien plus d’assurance que je n’en ressens, d’une voix bien plus sourde que d’ordinaire.

Parce qu’elle, elle est en colère. Tellement en colère que ça en est douloureux physiquement. Tellement en colère que je la sens tourner, se retourner, érafler les parois de mon être et de ma chair, parer mes pupilles d’ambre et transformer mes mains en griffes. Il n’y a que la demande, l’ordre, du Bolverk qui la calme. Qui la frustre. Qui l’agace et la fait grogner. Même si elle comprend. Même si elle obéit.

« Quelque chose ? » Comme si les chasseurs ne suffisait pas. Quoi quelque chose ? Comment ça quelque chose ?Je secoue la tête, avant de presser le bras de la Vargamor qui replonge dans la souffrance. « Daphné, arrête. Reviens. On a besoin de toi entière. » J’échange un regard mordoré avec Anaïs, qui semble trop pâle elle aussi, puis avec le loup de Sam. Je ferme les yeux et pose mon front sur l’épaule libre de la jeune femme. « Je sais. Je comprends. Je… » Ma gorge se serre et je me redresse pour essuyer avec douceur les larmes sur ses joues, ignorant les miennes qui menacent de déborder. « Je sais que c'est difficile, mais tu ne peux rien faire pour la forêt dans l'immédiat. Mais nous, on a besoin de toi ici. Et on va les arrêter ensemble. » Leur faire payer. Tous. Jusqu’au dernier. Quels qu’ils soient… Quoi qu’ils soient.

Mon attention se détourne un instant, la louve s’agitant de plus belle, et je grimace. « Sam ? Le louveteau a besoin de toi. » Pas besoin d’un jeune loup qui fonce et se met en danger sans rien écouter. Il faut qu’on bouge. On perd du temps. La louve grogne de nouveau de cette inaction. Je me redresse et tends la main à Daphné, mon regard passant sur chacun de ceux présents. « On va au Caern, trouver ce quelque chose et lui faire comprendre que c’est chez nous. »

Spoiler:

( Carnage ) La forêt brule et Daphné avec elle. La chamane est suppliciée sur le bûcher comme autant de ses ancêtres. Elle perçoit à peine l’ondulation de la transformation de Sam, ou celle qui enfle en Ciàran. Trop absorbée par la souffrance. Le contact familier d’une truffe humide contre son épaule et la sensation, presque fantôme tant elle est loin, des paumes fraiches d’Elizabeth la font osciller à la frontière. Deux ancres qui l’empêchent de se laisser dévorer entièrement par l’horreur de son foyer en flamme. Les loups ont peur. Les loups détestent le feu autant qu’elle. Elle n’est pas seule. Ils sont là. La caresse familière des dons d’Anaïs entrant en action, la tire un peu plus du marasme et son regard vide, braqué sur l’intérieur, se fait à nouveau clair pour une seconde. Juste assez pour voir son apprentie agenouillée devant le garou instable, la fourrure épaisse de Samuel et la peau sombre de Lizzie. Une profonde inspiration atteint le fond de sa poitrine avant que ses paupières s’abaissent à nouveau sur les flammes. Elle doit trouver ce qui rampe vers le Caern. Cette présence inconnue représente une menace plus grande encore que l’incendie qui ravage la Kisatchie. Ils peuvent lutter contre le feu, quelqu’un peut prévenir les garde-chasse, les pompiers. Ils peuvent réparer. Ils pleureront les milliers de vies minuscules perdues plus tard. En attendant Daphné, les effleure de sa conscience alors qu’elles s’envolent en fumée. Elle pousse, la Chamane, elle cherche. Le corps tremblant et le front moite, elle ne lâche pas. La rage se mêle à la douleur et un grognement rauque lui échappe quand deux paumes se referment sur ses coudes. Odelia. Le surnom ridicule et affectueux lui aurait tiré un sourire si elle en avait été capable. Pour l’heure, elle plonge ses doigts plus profond et accepte Odelia en elle. La magie écarlate se renforce et se glisse aux côtés de la sienne en une caresse bienfaitrice qui tire un soupir de soulagement partiel à la Chamane. Sa tête dodeline et sa tempe vient reposer contre la clavicule de sa cadette alors que la confiance s’instille en elle et vient remplacer en partie la douleur. Confiance en elle, en eux, en ce qu’ils font. Elle respire mieux, Daphné, et son esprit s’éclaircit sous les assauts salvateur de sa sœur rouge. Deux mains rejoignent celle d’Odelia. Chaudes celles-ci, mais d’une chaleur bienfaitrice. Celle d’un bain chaud après une longue journée dans le froid, d’un feu de camp autour duquel danser, d’une tasse d’infusion réconfortante. Elle sourit contre la gorge de la sorcière quand Eoghan se mêle à elles. Si la situation avait été différente, elle aurait trouvé ça magnifique. La façon dont les trois essences dansent en elle et s’allient dans un but commun. La façon dont leur trois magies s’embrassent et coulent en elle comme un baume. Eoghan absorbe la souffrance physique, l’apaise. Une inspiration surprise la secoue sous l’afflux de sérotonine. Une caresse contre son esprit et le sorcier se trouve là, comme une plume posé sur sa conscience. Présent sans être intrusif. Daphné cligne des yeux en percevant les consciences d’Odelia, Anaïs, Ciaran, Elizabeth et même celles, plus flou, de Samuel sous sa forme lupine. Comme un vent chasserait la fumée, l’esprit de la Chamane s’éclaircit complètement sous l’action de ses frères et sœurs de magie. Sa pychée, aiguisée comme une lame, s’oriente telle la flèche d’une boussole en direction de la présence inconnue, plus loin dans les bois. Daphné inspire profondément et, les yeux clos, profite de la puissance ainsi prêtée pour foncer droit devant. Elle prévient sommairement les deux arcanistes qu’elle s’élance et son esprit fuse. Il rampe sur la forêt, fouaille entre les feuilles, serpente entre les racines, effleure les feuilles, avance jusqu’à la Chose. Elle s’arrête. Il n’y a… Rien ? Elle tâtonne à l’aveugle jusqu’à percevoir les contours de l’entité. Elle cherche, discrètement, à en percer le mystère, mais rien. Son esprit semble glisser sur la surface parfaitement lisse et invisible. Elle s’acharne quelques temps enragée d’être ainsi maintenue à l’extérieur avant de rendre les armes. Avec un halètement sonore, les mains de la Chamane quitte la terre. La connexion avec la forêt s’estompe progressivement jusqu’à lui rendre la pleine possession de son corps et de son esprit. La peau toujours secouée de tremblements minuscules, comme si son épiderme tentait encore de chasser la brûlure. « Rien… Je… » Elle secoue la tête, la voix rauque comme si elle avait physiquement hurlé. « Même avec votre aide, j’arrive pas à voir ce que c’est. C’est là, ça avance, je le sens, mais c’est protégé, caché à ma vue. » Elle se mord les lèvres avec violence en secouant la tête. « Il faut y aller, c’est trop proche du Caern… » Son regard croise le bleu d’Odelia et un demi-sourire étire ses lèvres alors qu’elle alterne entre les personnes présentent. « Merci… » Ils l’ont empêché de se perdre. Elle souffle par le nez et frotte ses mains sur son jean pour les débarrasser d’une partie de la terre. « Il faut prévenir les garde-chasse pour l’incendie si c’est pas déjà fait… Sam’…» Elle enfonce les doigts dans l’épaisse fourrure du loup en inclinant la tête vers Ciàran. « Aide le… » Elle se redresse et tend la main à Odelia pour l’inviter à faire de même. Elle est toujours chancelante, son corps cherchant à comprendre ce qui vient de se produire. Elle s’appuie légèrement contre sa comparse, le souffle court et les jambes flageolantes.

( Pando )

918 mots Chaton a dit que j'pouvais :

Je suffoque alors que j'essaie désespérément de garder la bête sous contrôle, mais dans cet environnement, dans cette atmosphère si spéciale, c'est plus difficile que jamais. La tension est à son comble et le loup cherche la moindre faiblesse de ma part pour se frayer un chemin jusqu'à la surface. Je n'ai pas encore expérimenté de transformation sauvage, étant d'un tempérament moins violent que mon frère, ou sachant mieux me contenir après toutes ces années au sein du PASUA. Mais ce soir, je sens que je ne gagnerais pas ce combat... La nuit est tombée, la forêt nous entoure, et il y a de la magie dans l'air, une magie qui me hérisse, autant qu'elle semble parler davantage à l'animal.

Soudain, une visage apparaît dans mon champ de vision, troublé de vagues de souffrance, rouges sang. Une jeune fille, qui se met à ma hauteur et commence à me demander de me focaliser sur sa voix. Je gronde malgré moi, retroussant les lèvres en un geste davantage animal qu'humain. « Éloigne-toi... » Articuler est difficile. Mais je neveux pas lui faire de mal. Je ne me pardonnerais pas de la blesser, même si c'est une étrangère. C'est une supplique, davantage qu'un ordre. Je recule légèrement la tête quand elle approche la main, me demandant ce qu(elle fait et ce qu'elle n'a pas compris dans le terme éloigne-toi, avant de sentir l'odeur de Sam. Il est déjà transformé, tranquille, malgré la situation désastreuse. Je frémis quand elle me touche réellement. Elle est trop près, beaucoup trop près...

J'ai tellement mal que mourir serait une délivrance en cet instant.

Je secoue négativement la tête quand elle me dit que je contrôle la Bête. Mais je sens alors qu'elle fait... quelque chose. Mon côté humain s'offusque qu'elle use de magie ainsi sans mon consentement, alors que j'esquisse un geste de recul totalement instinctif, mu par des années à me méfier de la magie. « Qu'est-ce que tu fais ? » La question ressemble davantage à un grondement d'avertissement qu'à une réelle interrogation, même si je sens que le loup se calme un peu et se montre moins virulent. C'est moi qui le suis en réalité. Je sens que ça va un peu mieux, les idées un peu plus claires, jusqu'à ce que je sente quelque chose ans ma tête, qui me fait repousser violemment Anaïs, et me reculer davantage encore. De mauvais souvenirs remontent à la surface, alors que j'étais sous l'emprise de la magie vaudou, paralysé...

La manipulation. Et cela passe aussi bien par la télépathie. Je craque, mon être se fissure, le loup s'engouffre de plus belle dans la brèche, anéantissant les beaux efforts d'Anaïs, que j'ai au moins pu repousser un peu, alors que je m'éloigne encore, tordu par la douleur, par les crocs qui commencent à sortir, la fourrure qui recouvrent ma peau, les griffes qui poussent, acérées... Cette propre vision m'horrifie, mais je ne sais plus lutter.

Spoiler:

Il n’a pas l’habitude. Qu’on entre dans sa tête comme ça. Et c’est un grognement qui lui échappe quand il entend la voix du sorcier. Mais il comprend et laisse filer un jappement en direction d’Eoghan tout en restant encore quelques instants de plus auprès de Daphné.

Jusqu’à ce qu’elle revienne vers eux. Il peut sentir son trouble, mais elle est bien là. Appuyant une nouvelle fois sa tête contre l’épaule de Vargamor, il se redresse et se tourne vers Ciàran, penchant la tête sur le côté alors que ses muscles se tendent et qu’il laisse filer quelques informations en direction du sorcier. Danger. Pas rester à coté. Difficile de structurer davantage ses propres pensées alors que la Bête prend de plus en plus de place.

Et c’est d’un pas prudent qu’il s’approche de Ciàran, attrapant la manche d’Anaïs pour la tirer en arrière. Son aura d’alpha, de dominant, prend le pas sur tout le reste alors que son regard ambré reste fixé en direction du jeune homme. Ils ont déjà couru sous la lune ensemble. A deux reprises. Il sait comment est le loup. Il sait aussi à quel point son humain a peur. Peur de lui-même et de la Bête, à parts égales. Qu’il n’a pas encore trouvé son point d’équilibre et que, tant qu’il sera guidé par cette crainte, il n’y arrivera pas.

Mais le loup sait aussi qu’il ne peut pas le laisser chercher de lui-même. Pas aujourd’hui. Il ne veut pas qu’il blesse sa famille, ceux qu’il a appris à aimer autant que son propre sang. Et il ne veut pas qu’il se blesse lui-même. Alors il se campe devant Ciàran et laisse filer un grondement d’avertissement.

Non !

Peut-être qu’Eoghan peut entendre ce nom qui résonne dans l’esprit du loup. Il serait bien incapable de le dire. Mais il est surtout porté par la magie de Daphné, d’Anaïs, par la présence du Caern si proche et qu’ils doivent aussi préserver.

Et il laisse aller toute cette puissance qu’il contient en temps normal. Pour refermer la brèche et empêcher la Bête d’en sortir. Pour la contenir sans pour autant qu’elle ait l’impression d’être prise au piège. Pour bloquer la transformation qui ne manquera pas d’arriver s’ils ne font rien. L’humain doit reprendre sa place, parce qu’ils ont besoin de lui. Pour protéger la Meute.

Pas maintenant.

Il se campe sur ses pattes, prêt à bondir si besoin, mais laissant les liens complexes qui rythment leur existence depuis des années faire leur office. Ce n’est pas le premier loup qu’il est amené à calmer. Ce ne sera pas le dernier non plus.

Spoiler: