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A spark in the night - Emily

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Cannot a Beast be tamed
Ethan Roman
Ethan Roman
Cannot a Beast be tamed
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En un mot : Loup-garou
Qui es-tu ? : A spark in the night - Emily Design10
Facultés : Aspirateur à emmerdes
Thème : Ohne Dich / Rammstein
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ASHES YOU WILL BE

Pseudo : Ethan Roman
Célébrité : Jared Leto
Double compte : Blanche de Lantins
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Sam 3 Sep - 16:51 (#)

- Oui, c’est difficile, surtout en ce moment. Tu vois, elle m’a été enlevée à cette période et les souvenirs sont douloureux. Elle me manque tellement. J’ai pas pu lui dire tout ce que je voulais, j’ai pas eu l’occasion de lui faire savoir à quel point je l’aimais. Elle m’a été arrachée, d’un coup, aucun signe précurseur, rien. Elle n’est juste pas rentrée. Je ne peux me recueillir sur une tombe, y’en a pas, même en Irlande, j’ai pas de vêtement, oui, je sais c’est idiot, mais tu vois, si j’avais au moins ne serait-ce qu’un t-shirt avec son parfum. Bref, je sais que toi, tu peux comprendre.
- …
- Si je pouvais, ne serait-ce, avoir que quelques secondes, minutes, pour lui dire, pour m’excuser de n’avoir su la protéger.
- …
- Oui je t’écoute, Tyler. Non pas de psy !
- …
- Je sais pas moi, on a des vampires, des hommes qui se changent en bestioles, il doit bien y avoir des gens qui parlent aux morts, non ? Tu connais personne, par hasard ?
- …
- Je sais pas, peut-être, on verra. Merci de m’avoir écouté et désolé pour l’épanchement.

Je raccroche et regarde l’écran de mon téléphone s’éteindre. C’est nul ce que je viens de faire mais bon, crier mon désespoir aux quatre murs de ma chambre, ça va un moment. Lui, au moins, il m’a écouté et de par sa triste histoire, comprend ce sentiment qui, brutalement nous envahit. Et toute ces questions qui restent ouvertes, qui jamais ne trouveront réponse car l’être cher a tout emporté avec lui.

L’IPhone s’allume en sonnant, signalant qu’un WhatsApp vient d’arriver. Je sursaute et manque de lâcher l’appareil. D’un geste chaste, j’évince mes larmes qui brouillent ma vue. Un homme ne pleure pas, paroles bien trop entendues par mon paternel. Je fixe les quelques chiffres qui forment un numéro et un nom et prénom. Je sais ce que cela signifie mais vais-je oser composer ce fameux numéro ? Et que vais-je lui dire ? « Salut, c’est Tyler qui m’envoie ? »

Assis sur le rebord de mon lit, je me laisse tomber en arrière pour admirer le plafond blanc. Ecran noir, plafond blanc. Sacré contraste ! T’es en forme, mon petit Ethan. Et si je sortais ? Et si je restais ? Mad Dog, histoire de me défouler sur un sombre abruti qui aura, lui aussi, une colère secrète à libérer ? Allumer la console et taper des mobs en boucle jusqu’à ce que mes doigts me fassent mal ? Voodoo Café, Wil’ pourrait m’écouter et me délivrer une de ses phrases mythiques dont il est le seul à connaître le véritable sens. Je soupire dans la pénombre en pensant à lui, à son sourire étincelant et son regard bienveillant. Sa grosse patte s’abattrait sur mon épaule, m’encourageant à aller de l’avant. Mais pour ça, faut reprendre la moto, traverser la ville, se confronter aux vivants et ce soir, ce n’est pas cette compagnie que je recherche.

Tirant sur mes abdos, je me lève, hors de question de rester enfermer dans cette piaule, j’suis pas ce genre de mec à me planquer sous la couette en pleurant toutes les larmes de mon corps. La bandoulière de ma besace, contenant mon matériel à dessin, sur l’épaule, je claque la porte de la chambre du motel. Que tous les Yago du monde aillent au diable, j’ai besoin d’espace.

Sans réellement savoir où mes pas me mènent, je quitte l’enceinte du Motel, à pieds et suis la route nationale. Les quelques conducteur doivent se demander ce que je fous là. Les américains ne sont pas très habitués à voir des piétons, surtout à la tombée de la nuit. Puis je bifurque, suivant un chemin, je ne sais même plus trop où je suis. Le bitume s’efface, remplacé par de la terre. Des arbres d’une beauté magique, nimbés par les derniers rayons solaires s'illuminent. Les images s’installent dans ma tête, le petit bâtiment blanc est identifié comme une église à l’abandon, accompagné d’un minuscule cimetière qui dort déjà à l’ombre.

A distance, je m’installe sur une pierre et sors mes effets à dessin. La page se noircit, la quiétude s’empare de mon être. Pourtant mon esprit reste focalisé sur le message de Tyler et sans réellement y penser, je délaisse le peaufinage de mon gribouillage et sort mon téléphone. Instinctivement, j’appuie sur la touche "appeler". La sonnerie troue l’univers, dérangeant le silence du crépuscule. Je tombe sur une boîte vocale, ma voix semble appartenir à un autre, étrange sentiment.

- Oui bonjour, enfin bonsoir. Je m’appelle Ethan Roman et j’habite au Lucky Star Hotel, je suis un ami de Tyler, Tyler Frisk. C’est lui qui m’a donné votre numéro. C’est idiot, maintenant que j’ai votre répondeur en ligne, je ne sais pas très bien quoi dire, hormis que vous pourriez éventuellement m’aider. J’ai… mon épouse m’a été brutalement arrachée et enfin voilà. C’est compliqué. Un silence s’installe, les bruits de la forêt emplissent l’enregistrement. Je suis dans une forêt, devant une église abandonnée, quelques tombes sont encore là. Je pense que c’est pour cela que la mélancolie est venue me tenir compagnie. Tyler m’a dit que peut-être vous pourriez m’aider à tourner la page. Ma main libre passe sur mon visage. Quel crétin, je débite toute ma souffrance à un répondeur ! Je secoue la tête, me sentant ridicule. Je… désolé de vous avoir dérangé.

Je raccroche. Cette fille va penser que je suis fou. Un déséquilibré de plus qui appelle dans un moment de détresse. Garance est morte, ses cendres ont été éparpillés dans l’Atlantique, je l’ai fait moi-même, lui offrant la paix et c’est ainsi que je finirai également, enfin c’est ce que j’espère. Mon téléphone est replacé dans ma poche. Avec fougue, une nouvelle feuille blanche est sortie et je recommence à griffonner, essayant de focaliser mon attention sur mes gestes.
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Jeu 22 Sep - 15:20 (#)

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A spark in the night

Ethan

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Il faisait nuit noire ce soir. En se garant dans l’allée menant à sa maison, Emily put sentir son téléphone vibrer, jura en fouillant dans son sac avant de laisser tomber et de terminer sa manœuvre. C’était un coup à exploser sa barrière et sa voiture. Une fois garée, elle descendit de sa Mini et pesta encore un peu en essayant de trouver le trou de sa serrure, oubliant quelque peu que son téléphone, toujours dans son sac, aurait largement pu l’éclairer. Après quelques jurons allemands piqués à Heins et une porte claquée, elle put enfin allumer la lumière, jeter son sac sur la table de son séjour et soupirer d’aise en retirant ses maudits escarpins qui lui torturaient les talons. Quelques instants plus tard, elle était installée dans son fauteuil et profitait d’un silence bien mérité après la journée qu’elle avait passé. Elle adorait ce qu’elle faisait, mais les clients avaient parfois le don de lui donner envie de s’arracher quelques trucs. Celui du jour était d’un snobisme comme elle n’en avait jamais connu et ne cessait de critiquer ce qu’elle lu proposait. C’était quand même lui qui l’avait appelé, alors pourquoi il était aussi chiant ?

Se rappelant soudainement que son téléphone avait vibré un peu plus tôt, elle relégua dans un coin de son esprit son client insupportable et alla récupérer l’appareil, écoutant sa boite vocale. Ethan Roman. Le nom ne lui disait rien, mais la combinaison de Lucky Star Motel et Tyler Frisk la fit immédiatement grimacer. Elle avait eu bien assez de sensations fortes en combinant ces deux noms, elle n’avait pas spécialement envie de mettre à nouveau son nez à moins de 5 kilomètres de ce lieu si elle pouvait l’éviter. Elle écouta néanmoins le message jusqu’au bout. Le type semblait réellement en peine, c’était étonnamment facile à percevoir même sans l’avoir en face. Le timbre de sa voix était parlant et elle se demanda brièvement si le type était suicidaire… Lorsque le message prit fin, elle pianota et laissa un message à ce cher Tyler lorsqu’il fut clair qu’il ne répondrait pas à son appel ce soir.

- Dis donc, ratatouille, j’ai eu un appel de ton pote, Ethan. Me semble pas t’avoir dit que je faisais de la consultation matrimoniale pour veufs et éplorées. Tu te rends compte de la merde que ça peut créer si les gens venaient à savoir que je vois les morts ? Si à l’avenir tu peux éviter d’en parler ça m’arrangerait.

Elle hésita quelques secondes avant de soupirer, maudissant Heins de lui avoir inculquée une morale. Elle sentait que c’était pour ça que Tyler avait rencardé son pote. Il savait que c’était une bonne poire qui allait accepter.

- Tu fais chier, Tyler, là ! Tu me dois un putain de verre ! Je vais voir ce que je peux faire avec ton pote, mais je promets pas de miracles. Je suis portraitiste, pas psy. J’attends ton coup de fil pour le verre. T’as intérêt à choisir un meilleur bar que la dernière fois, sinon je t’arrache tes moustaches à la pince en argent et les fourre dans ton fromage !

Elle raccrocha et frappa son front contre la table en maugréant, maudissant Tyler et ses idées à la con. Elle avait été d’accord pour le motel et avait tenu son engagement, mais là c’était complètement différent et elle n’était pas certaine de savoir comment gérer la chose. Le type était en deuil, voulait parler à une personne déjà morte et voulait la voir elle parce qu’elle pouvait hypothétiquement l’aider à faire son deuil et passer à autre chose. Il y avait bien la possibilité que l’esprit de sa femme l’ait suivi, mais il avait dit qu’elle lui avait été brutalement arrachée... Accident ? Meurtre ? Maladie ? la deuxième hypothèse ne l’enchantait guère, il était rare que les victimes de meurtres devenues spectres soient amicales et suivent un vivant autre que leur meurtrier…

Elle savait de plus très bien qu’elle allait y passer un temps fou s’il s’avérait qu’il y avait bel et bien un esprit et elle se voyait mal faire payer un type en deuil pour n’avoir peut-être aucun résultat probant. Ce n’était même pas son métier ! elle soupira et fila prendre une douche, laissant le téléphone et les problèmes qu’il avait amené avec lui sur la table. L’eau chaude cascadant sur sa peau lui fit le plus grand bien et profita de l’instant le faisant durer, chassant toutes pensées parasites. En revenant dans le séjour, peignoir enfilé et serviette sur les cheveux, elle se servit un verre, lança de la musique et se mit à l’aise. Une fois le verre terminé, elle se leva, saisit le téléphone, soupira et rappela le fameux Ethan. Répondeur. Elle fixa l’heure. Près de deux heures s’étaient écoulées, rien d’étonnant, donc.

- Ethan Roman? Ici Emily Morrisson. J’ai bien reçu votre appel. Je ne sais pas ce que Tyler vous a dit exactement, mais ce ne sera sans doute pas aussi simple que cela. Je veux bien vous aider, mais uniquement si vous acceptez de garder un silence total sur ce que Tyler vous a dit et sur ce que nous discuterons. Si cela vous convient, passez samedi en fin d’après-midi, je verrais ce que je peux faire pour vous aider.

Elle lui communiqua son adresse et lui souhaita une bonne soirée avec un ton incertain avant de raccrocher, se demandant honnêtement si elle ne venait pas de faire une monumentale connerie.

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Ethan Roman
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Mar 15 Nov - 20:02 (#)

Mes traits sont plus agressifs et nettement moins précis. Les esquisses ne débouchent sur rien, le petit tas, de papier chiffonné à mes pieds témoignent de mon insatisfaction. Mon coup de fil tourne dans ma tête. Ai-je bien fait d’appeler cette Emily ? Que va-t-elle penser de ces mots que j’ai abandonné sur son répondeur. Cela ne me ressemble pas. Je vis avec la perte de Garance, je l’ai intégrée depuis septembre 2018. Et pourtant, la douleur qui, tous les jours, creuse un peu plus cet abîme au fond de moi, persiste. Je vis, je ris, j’avance dans mon existence, mais elle est là, toujours, avec moi. Et ça fait mal, tellement mal.

Je m’effondre, sanglote, laissant libre cours à mes larmes et à ce foutu désespoir qui me ronge, chaque jour un peu plus. Je ne saurai dire combien de temps je reste ainsi à me lamenter sur mon propre sort, lorsque je réalise de l’endroit où je suis. Je me déteste, je n’ai aucune raison de me plaindre. Tout le monde perd un jour ou l’autre un être cher. La vie est ainsi faite, c’est une garce mais elle peut aussi se montrer douce et bienveillante.

Du revers de ma manche, j’essuie mon visage et me secoue comme un jeune chien. La colère survient, balayant avec fougue les relents de mes états d’âme qui n’ont pas lieu d’être. De quoi puis-je me plaindre ? J’ai un toit au-dessus de ma tête, la chance de pouvoir choisir ce que je veux manger, un lit douillet et un job qui me passionne. Ne suis-je pas proche du paradis ? Certes Garance n’est plus, elle est dans mes pensées et mon cœur. Un gars bienpensant, je ne sais plus qui, a dit un jour que les gens cessaient de vivre lorsqu’on cessait de penser à eux.

Dans la pénombre, je hausse les épaules en secouant la tête. Qu’est-ce qui m’a pris de m’épancher sur l’épaule de Tyler ? Pire encore, de téléphoner à cette Nénette ? Si ça se trouve, jamais elle ne rappellera, me prenant pour un sombre imbécile, point sur lequel je serai assez d’accord avec elle. Mes affaires retrouvent ma besace et je rentre me coucher, tout en me traitant d’idiot.

Au lendemain, je découvre le message de Miss Morrisson. Je suis surpris qu’elle ait pris la peine de me répondre, l’évocation de Tyler doit valoir son petit pesant d’or. Bien après avoir écouté les mots, je reste pensif. Les sentiments que j’éprouve sont étranges, ni blanc, ni noir, mais de différentes nuances de gris. Que pourrait-elle m’apprendre ? Que tout est beau, qu’elle m’attend, là où elle se trouve ? Toutefois, s’il existe une infime possibilité pour lui dire tout l’amour que je ressens pour elle, que je suis tellement désolé de ce qu’il lui est arrivé, je prends cette option, quel qu’en soit le prix.

Toute la journée et le restant de la semaine, je tente d’imaginer, je forme une multitude de phrases, de mots qui sont dédiés à mon épouse, d’attitude que je pourrais prendre, d’anecdote à lui relater. Mon esprit ne me donne aucun répit, mille questions se bousculent dans mon crâne. Le doute, ce terrible doute de la possibilité d’entrer en contact avec un défunt entre également dans la danse. Mais qu’en sera-t-il s’il s’agissait juste d’une supercherie, d’un ignoble canular dans lequel on se moque de la souffrance de pauvres débiles qui espèrent, se jouant de leur désespoir afin de les faire plonger un peu plus profond dans le gouffre de l’affliction.

Comment ? Pourquoi ? Vérité ?

Je suis même resté tard le soir, après mon travail, à surfer sur le net. J’ai lu d’innombrable témoignages passant par différents stades de crédibilité et de déni.

Et finalement, le samedi est arrivé bien trop vite malgré les « t’façon, j’irai pas » et les « trop hâte d’y être ».

La matinée est passée au garage, histoire de m’occuper l’esprit sinon, jamais je me rendrai au rendez-vous. L’adresse a été vérifiée une bonne dizaine de fois sur le net, j’ai entré les coordonnées sur mon petit GPS qui est accroché sur mon guidon. Tout est prêt, hormis ma tête qui n’arrive à se vider. Il est à peine huit heures que je débâche la vieille Shelby Cobra pour lui attribuer un regard empli d’amour. Je l’ai acquise dès mon arrivée aux States et grâce à elle, j’ai réussi à surmonter bien des épreuves. Elle a su créer une sorte d’équilibre, me permettant de garder un état mental pas trop bancal… enfin pas plus ni moins que d’autres cinglés parsemant la terre.

Quand je relève le nez du moteur, je m’aperçois avec étonnement qu’il est déjà quinze heures. Ma tasse de café, froid, repose sur l’établi, intouché. Aucune sensation de fin ne hante mon estomac et c’est peut-être mieux comme ça. A regret, je couvre le bolide de sa toile cirée après avoir laissé glisser mes doigts sur l’aile encore quelque peu cabossée.

Les hautes lumières sont éteintes, la radio cesse de hurler les titres en vogue et j’enfourche ma bécane, en direction du Motel afin de prendre une douche et me changer. Trois quart d’heure plus tard, toujours juché sur ma moto, je roule sans réellement faire attention au trafic, ma conscience totalement tournée vers cette Emily. D’après la voix que j’ai perçue sur le répondeur, je tente d’imaginer sa corpulence, son visage, ses cheveux. Le feu passe au vert, je poursuis ma route, trouve la rue, gare le deux-roues. Ca y est, j’y suis. Le casque et les gants sont enfermés dans le coffre-valise, mes mains sont moites et ma bouche sèche. Index sur la sonnette, j’entends des pas, une bourrasque tente d’emmêler ma queue de cheval.

- Bonjour… heu… salut, damn, elle est jeune ! Je suis Ethan, je… c’est Tyler, j’ai appelé… et j’ai parlé à personne de toi ! Promis ! Je lève les mains, peignant l’innocence sur mes traits. Voilà, tu m’as dit que… enfin que je pouvais passer et… mais enfin je veux pas t’embêter.

Gêné, je me dandine d’une jambe à l’autre, triturant la languette de ma fermeture éclair, puis passe ma main sur ma nuque. Qu’est-ce que je fous là ?

- Ecoute, je suis désolé pour le message que je t’ai laissé… Les mots peinent à sortir. Un moment de splean. Je souris misérablement mais sincèrement. Je peux te payer pour le dédommagement, pour ta perte de temps… enfin je sais pas comment ça se passe…

Mon regard quitte enfin le mur, l’arrière-plan, le sol et se pose enfin sur son visage. Qu'est ce que j'attends ? Espoir ? Déception ? Je ne sais pas, je ne sais plus.
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Ven 9 Déc - 2:55 (#)

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A spark in the night

Ethan

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Lorsque qu’on sonna à la porte, en ce samedi des plus banals, Emily avait quelque peu oublié que quelqu’un devait lui rendre visite. Après avoir laissé son message, n’ayant pas eu de réponse, elle avait continué sa vie comme si de rien n’était, ne pensant plus à la voix de cet homme semblant au bord de la dépression et du craquage nerveux. Dans son atelier baigné par le soleil, pinceau en main et peinture maculant ses doigts et son tablier, elle travaillait avec acharnement sur une de ses nouvelles idées et jura en entendant la sonnette de l’entrée. Elle lava son pinceau en vitesse, jeta un œil navré à son travail inachevé et se rua vers l’entrée en se débarrassant de son tablier jetable sur le chemin, visant approximativement la poubelle près de laquelle elle passa.

Ce fut en ouvrant la porte qu’elle se rappela soudainement que quelqu’un allait venir et elle s’attendait à bien des choses, mais certainement pas à ce qu’elle avait sous les yeux. Ce n’est pas tant l’homme en lui-même qui l’interpela le plus. Il devait être un trentenaire bien entamé et sa longue chevelure couplée à sa barbe lui donnait un air bien différent des gens qu’elle avait l’habitude de rencontrer. Certes il était intéressant à observant, avec ses yeux bleus et la forme e l’arête de son nez, mais c’était moins impressionnant que le truc qui l’entourait.

Car c’était bien ça qui attira l’attention de la portraitiste. Il y avait quelque chose qui s’enroulait autour de l’homme. Des bras ? Elle cligna des yeux et se retint de justesse de grimacer. Super. Le type était hanté du cul, manquait plus que ça. Ethan, voilà, elle se souvenait maintenant. Le type que Tyler avait rencardé sur elle pour ses capacités de perception. Le genre de trucs dont elle se serait passée. Surtout vu ce qu’elle avait sous le nez à présent.

Elle se focalisa sur le fameux Ethan, jouant sa politique habituelle concernant les esprits. Si on les ignore, ils ne sont pas vraiment là. Elle balaya d’un revers de la main ses excuses. D’accord il la dérangeait en plein travail, mais elle était fautive, elle avait oublié ce rendez-vous. Elle se racla la gorge et sourit, essayant de calmer la nervosité de son interlocuteur par ce simple geste.

- Enchantée, Ethan. Appelle-moi Emily. Tu ne m’ennuies pas et on verra plus tard pour ce qui est du dédommagement, voyons déjà si je peux vraiment faire quelque chose pour toi.

Ce qui n’était pas gagné. Cela allait être compliqué de se concentrer avec cet esprit collé à lui. Elle avait déjà vu des esprits attirés par des humains, aussi rares soient-ils, mais ça, c’était nouveau. D’ordinaire, les esprits suivaient à la trace, mais ils ne s’accrochaient pas ainsi. S’ils s’accrochaient, c’était de désespoir, or là, cela semblait… doux ? Il se passait quoi exactement ?

- Entre, je te prie, on discutera à l’intérieur, ce sera plus confort.

Et cet esprit allait surtout se faire vite dégager par les protections qu’elle avait faites installer. Cela lui avait coûté une somme conséquente, mais au moins elle avait des contacts chez les arcanistes locaux et un endroit calme et sûr pour se reposer, loin des esprits trop curieux pour leur propre bien. Autant dire qu’elle fut sur le cul lorsque l’homme entra et que l’esprit ne frémit même pas. Il ne fut pas repoussé, détruit, ou même juste un peu ennuyé par les protections. Rien de tout ça. Il passa, comme s’il n’y avait rien du tout.

Bouche bée, Emily fronça les sourcils et focalisa son attention sur Ethan qui était un simple humain, d’après son aura des plus banales. Banales, mais triste, on ne pouvait le nier. Elle ressemblait à un rideau de pluie, froid et larmoyant. Ceci expliquait sans peine l’appel qu’il avait passé et le message laissé à son intention. Il n’avait en tout cas rien à voir avec l’échec de ses protections. Elles devraient pourtant tenir au moins des années avant de devoir les renouveler.

Sa curiosité piquée, la jeune femme installa Ethan dans son large séjour, sur le canapé qui ne voyait pas beaucoup de visiteurs. Elle commença à moudre du café tout en lançant la conversation, laissant l’eau chauffer dans la bouilloire à côté d’elle.

- Avant toutes choses, je vais te demander de tout reprendre depuis le début.  Tu as parlé de ta femme, que lui ait-il arrivé ? Je dois savoir pourquoi tu es là et pourquoi tu as besoin de moi, même si j’ai une vague idée.

Elle dit ces derniers mots en désignant son aura. Bien sûr il ne pouvait pas la voir, mais elle ne s’embarrassa pas de précision. Le type connaissait les Eveillés. En tout cas suffisamment pour que Tyler lui parle d’elle. S’il avait des questions, elle pouvait toujours servir de Wikipedia surnaturel, tant qu’elle n’avait pas à trop en dévoiler sur elle.

Elle leva les yeux et, pour la première fois, jeta un réel coup d’œil à l’esprit. Une femme. Ce fut la première pensée qui lui vint à l’esprit. Probablement son épouse. Il fallait avouer qu’elle était belle. Elle avait enroulé ses bras autour de l’homme et flottait contre lui, invisible à ses yeux, mais bien présente. Elle ne lui accordait aucune intention, le visage rivé sur Ethan. Il n’émanait d’elle aucune intention malsaine, de ce que la médium pouvait en dire, et c’était perturbant. De tous les esprits qu’elle avait pu voir, c’était, et de loin, le plus humain. Et ce visage ferait un portrait magnifique, elle en était convaincue.

- J’ai besoin de savoir ce que vous voulez exactement. Je ne suis pas psy, mais si je peux vous aider je le ferai. Café ?

Elle se servit sa propre tasse en y ajoutant un soupçon de sucre et retourna dans le séjour, s’asseyant face à Ethan à qui elle offrit le café. Elle croisa les jambes et sirota une gorgée du sien en soupirant d’aise. Cette journée était vite devenue bizarre.

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Ethan Roman
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Mer 25 Jan - 15:08 (#)

Participant 1Participant 2

"A spark in the night."



Le malaise ne se dissipe pas. Je me sens tellement gêné d’être là, de déranger la jeune femme pour un fait que l’on ne peut changer. Que viens-je chercher, un peu de réconfort ? Que va-t-elle me dire ? Que Garance est en paix et que je dois poursuivre mon chemin sans elle ? Ce sont des paroles mille fois entendues et emplies de bon sens. Garance n’est plus, c’est un fait, inéluctable.

Lorsque j’ose enfin poser les yeux sur Emily, je m’aperçois qu’elle porte un tablier maculé de peinture, tout comme ses mains d’ailleurs, ressassant la culpabilité que je ressens déjà. L’odeur caractéristique de la peinture, des huiles et de la gouache vient me chatouiller les narines apportant un semblant de quiétude. Est-elle artiste ? Son sourire est communicatif et je sens mes muscles commencer à se détendre. Ca fait du bien de ne pas se sentir juger juste sur l’apparence. Elle prend les choses en mains, simplement, comme si elle accueillait un ami qu’elle n’a pas vu depuis longtemps.

Légèrement moins intimidé, je cesse de triturer les différents éléments de mes vêtements, enfonce mes mains dans les poches de mon jeans et lui rend son sourire bienveillant. Suivant ses instructions, je m’installe dans le salon, tout au bord du canapé. L’air ambiant est tiède, les rayons du soleil traversent la pièce et l’inondent d’une clarté chaleureuse. La jeune femme s’affaire dans la cuisine à préparer du café et va droit au but.

Clair, net et précis. Pas de détour. Pas de gant. C’est mieux ainsi, trancher dans le vif pour mieux avancer. Parler librement et ouvertement, de toute façon, je n’ai rien à lui cacher. Ce sont des faits d’un amour incommensurable, un amour perdu… à tout jamais. Mes coudes sont posés sur mes genoux et mes mains sont jointes. Par où commencer ? La situation pourrait se résumer en trois phrases mais le but n’est pas de se montrer timide. Elle a besoin d’informations, je suis là pour lui en donner. Toutefois, me confier à une parfaite inconnue, n’est pas chose aisée. J’hésite. Puis, après un long soupire, j’élude un sourire ne portant aucune joie et me lance même si je sais que cela va faire mal.

- C’était en automne 2014 en Irlande. C’est à cette époque que j’ai fait la connaissance de Garance, ma femme. Dès le premier regard, on a su qu’on était fait l’un pour l’autre. Elle était couturière, j’avais trouvé du boulot dans le garage du coin. Après six mois de rendez-vous cachés, de petits secrets coquins, de longues balades dans la campagne ou au bord de mer, on a décidé d’emménager ensemble.

Mon regard bleuté s’égare et se perd dans le passé. Mes lèvres s’étirent et mon visage perd sa tristesse en retrouvant ses souvenirs heureux. Shreveport n’existe plus. J’entends le rire de Garance alors qu’elle se cache dans les vieilles ruines du château. C’est l’été, le vent souffle mais la température, est pour une fois clémente, nous permettant de porter des vêtements légers. Le lierre dévore la pierre ancestrale et rend notre amour discret. L’odeur de la tourbe chatouille mes narines, chassant les relents salés de la mer toute proche. Les images s’éclaircissent et disparaissent me faisant pincer les lèvres.

- En mai 2016, nous nous sommes mariés même si cette union était mal vue par les anciens du village. Je n’étais qu’un étranger venu de l’est… je suis roumain. Je volais une fille du pays, elle était irlandaise et moi non. Mais on s’en fichait des ragots, on s’aimait. Nous nous sommes unis dans la petite chapelle avec comme témoins mon patron et Rose-Lyne, son amie. Garance a cousu sa robe elle-même, elle était tellement belle, elle rayonnait. Une couronne de fleurs en guise de voile, c’est tout ce que nous avions, mais cela nous suffisait. Pour notre voyage de noce, nous avons parcouru le sud de l’Irlande, suivant diverses légendes. Puis nous avons repris notre vie à Clifden. Les gens nous acceptaient lentement et nous avons fini par faire notre place. C’était le temps du bonheur. Puis… tout a basculé.

Je relève la tête en battant des paupières, presque surpris de me retrouver dans ce salon que je ne connais pas, face à cette fille qui m’est inconnue. L’odeur du café est réconfortante, tout comme la présence d’Emily. Elle diffuse un je-ne-sais-quoi d’apaisant et de rassurant. Je me sens bien en sa présence. Les paroles que je vais émettre me hantent déjà. J’abandonne ma posture pour attraper la tasse qui m’est destinée. Mes mains l’entourne, brûlant presque mes paumes. La douleur physique fera peut-être rempart à la psychologique, bien plus intense.

- Ce jour-là, j’avais une course à faire en ville, au retour, je me suis arrêté à la maison, juste pour embrasser Garance, juste pour le plaisir de la voir, juste pour lui dire que je l’aimais. Elle n’était pas dans la maison et malgré le ciel menaçant, elle avait décidé d’étendre le linge mouillé à l’extérieur. Le vent soufflait fort, un drap flottait comme une voile, accroché à son fil. Le reste, était éparpillé dans le jardin. Le muret en pierre était détruit et plus loin…

Ma gorge se serre, les paroles deviennent difficiles et la souffrance creuse, un peu plus, ce trou invisible dans ma poitrine.

- Un morceau de son corps, déchiqueté, sans tête, un bras manquant. Plus loin, les restes. Son visage mutilé.

Puis le silence s’installe, gênant, assassin. Les images défilent. La lande verte, balayée par les vents, souillée par le sang, restent suspendues dans mon esprit. Après quelques secondes ou minutes, je ne saurai le dire, je reprends d’une voix lointaine.

- Une enquête a été ouverte, elle a été bâclée, j’ai été suspecté… évidemment. Mon ton change pour devenir amer. Ils ont dit que ça arrivait, parfois, un bête accident. J’ai fait ce que j’avais à faire et je suis parti. J’ai tenté de fuir la tristesse mais ça ne marche pas comme ça.

Un rire empli d’aigreur franchi mes lèvres, suivi d’un profond soupire. Une longue gorgée de café est prise puis, je pose délicatement la tasse sur son assiette, prenant garde à ne pas cogner la porcelaine. Les sentiments se livrent une bataille bien trop connue, la haine, l’impuissance, le manque, l’amour, l’incompréhension. Je hausse les épaules en relevant la tête, affrontant le regard de mon interlocutrice.

- Un fait banal, comme tant d’autres. Je sais que je dois avancer, que je dois passer à autre chose. Mais elle me manque tellement. Je n’ai pas su la protéger, pas pu lui dire à quel point je l’aime. C’est idiot. Je ne suis pas le seul dans ce cas, loin de là. Je vis, je ris, je pleure mais mon cœur saigne. Je sais que je n’aurai jamais les réponses du « pourquoi elle, pourquoi cette violence ». Ce ne sont que des « je », ça sonne tellement égoïste et je m’en veux pour ça, car je me dis que je n’ai pas le droit de me plaindre. Tu comprends ? Mais cette foutue culpabilité ne me lâche pas. Je tourne en rond. Je voudrai lui dire pardon de n’avoir pas été là.

Je secoue la tête, impuissant. Je me déteste, me dégoute quand je ploie sous cet égoïsme dépravant. J’ai tout alors que certain n’ont rien et pourtant je n’arrive pas à sortir la tête de l’eau. Farfouillant dans ma poche intérieure, je sors une esquisse au crayon gris d’un visage doux, enveloppé dans une poche plastique.

- Je l’ai dessinée quelques semaines avant qu’elle succombe. Regarde comme elle était belle.

Délicatement, comme si je lui transmettais la chose la plus fragile du monde, je lui tends le croquis fait il y a quelques années.

- C’est la seule chose qu’il me reste d’elle, hormis les souvenirs.


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Ven 27 Jan - 11:51 (#)

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Ethan

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Les histoires tristes et déprimantes, elle en avait entendu. Parfois au détour d’un bar, on percevait les déblatérations d’un ivrogne qui pleurait un amour perdu, réel ou non. Parfois, elle apprenait l’existence d’un esprit qui s’attachait à un lieu, celui où la vie l’avait brusquement quitté sans qu’il ne puisse avoir le moindre contrôle dessus. Il y en avait qui étaient plus tristes que d’autres, mais c’étaient celles qu’on n’expliquait pas et qui étaient pleines d’injustices qui parvenaient à la toucher le plus. Comme cette mère à New-York pleurant son enfant dont l’esprit tentait vainement d’attirer son attention, sans succès, alors qu’elle serrait son corps sans vie dans ses bras. Fauché par une voiture en bas de chez lui. La vie était injuste, et il n’y avait rien qu’Emily puisse faire pour aider les vivants ou les morts à changer cet état de fait.

L’histoire d’Ethan et de sa femme lui rappela ces histoires tragiques. Il n’y avait pas de bonnes façons de réagir à ce genre de choses. On écoutait en silence, on imaginait l’horreur qu’il avait dû vivre, on essayait de réconfortait, puis on passait à autre chose. Que pouvait-on faire de plus ? Rien de sain ne pouvait ramener un mort à la vie.
Elle resta silencieuse tout au long de son récit, sirotant son café par petites gorgées, visualisant avec trop de clarté les images qu’il lui décrivait. Meurtre violent et sans raison, ingérence policière, endeuillé à jamais sans réponse. Le portrait était des plus sombre et, même en utilisant son expérience pour masquer la moindre émotion, Emily sentit son cœur se serrer et son regard vacilla un instant, focalisé sur l’esprit plutôt que sur le vivant.

Machinalement, elle saisit le croquis qu’il avait fait. Un sourcil se haussa en découvrant le visage. Le type avait du talent. Alors même que le sujet n’avait rien à voir avec l’art, elle se focalisa un instant sur le trait, certes un peu trop épais, mais franc, du dessin. Ethan aurait pu devenir artiste, s’il avait eu l’opportunité. Elle ne savait pas quel métier il exerçait, mais à en voir ses mains, peintre ou dessinateur était peu probable.
Elle fixa son attention sur le dessin, admirant le visage qu’elle pouvait voir et lui non. Les mêmes courbes du visage, le même nez légèrement pointu, les mêmes lèvres closes et figées dans une expression de calme tranquille. La seule vraie différence était les yeux. Ceux du dessin étaient presque clos, à peine entrouverts. Ceux de l’esprit étaient fixés sur Ethan, ne cillant jamais, pleinement focalisés sur lui et rien d’autre.

- Très belle oui.

Elle termina sa tasse et, chose rare, se trouva incapable de renchérir immédiatement. L’homme en face d’elle était trop proche du fond du gouffre pour en sortir seul, mais était-elle vraiment la personne qui devait lui envoyer une main pour s’en sortir ? Elle hésitait. N’allait-elle pas juste empirer les choses en lui parlant de ce qu’elle voyait ? Plus jeune, elle avait déjà essayé de rassurer des gens en leur disant qu’ils n’étaient pas seuls, que l’être perdu les accompagnait. Ça n’avait jamais vraiment réussi à qui que ce fusse. Ni à elle, mal vu par les vivants et harcelé par les esprits. Ni aux personnes en deuil qui revivaient la perte et la douleur une fois de plus. Elle avait arrêté bien vite et n’avait jamais usé de son don de cette façon à nouveau.

Cette fois, en revanche, c’était différent. Cet esprit était différent. Heins lui avait parlé brièvement d’un esprit qu’il avait croisé un jour. L’esprit d’un vieil homme qui hantait une famille. Il s’avérait être le grand-père et, plutôt que de chercher l’attention des vivants, veillait sur eux, à la manière des anges gardiens des contes et légendes. Heins n’avait jamais revu une telle chose et n’avait jamais parlé de cet esprit à un quelconque exorciste, se contentant d’un étrange sourire mélancolique lorsqu’elle lui avait demandé s’il lui avait parlé. Garance était-elle un esprit resté sur Terre pour veiller sur son mari ? Le surnaturel avait de merveilleux qu’elle en apprenait toujours un peu plus à chaque apparition. Celle-ci en particulier.
Elle inspira, fixant sa tasse vide qu’elle reposa doucement sur la table. Elle joignit ses mains avant de se concentrer sur Ethan.

- J’ai perdu quelqu’un il y a quelques années. Sans pour autant imaginer ce que tu ressens au vu des circonstances, je peux comprendre ce que ça fait de perdre quelqu’un de cher.

Elle détestait parler de ça, mais elle voulait qu’il comprenne son état d’esprit à elle aussi. Elle avait eu du mal à faire son deuil et, même aujourd’hui, la mort de Heins restait un souvenir douloureux qui ressortait par moment et lui faisait toujours aussi mal.

- Tyler a du te le dire, mais je vais expliciter. Cette andouille a tendance à omettre des points cruciaux.  

Elle ne put s’empêcher de sourire en disant ça. Elle avait une réelle affection pour Tyler et ses manières parfois un peu chaotiques et maladroites.

- Ce que je vais te dire ne dois pas sortir d’ici. J’espère que les cours ne t’ennuient pas. Et aussi que tu n’es pas croyant.

Elle avait assez terrorisé de croyants sans le vouloir, elle n’avait pas envie d’ajouter Ethan à la liste. Il ne méritait pas de voir sa vision du monde complètement bafouée par une portraitiste qui aimait un peu trop le rhum au goût des puritains. Enfin, il semblait que ce n’était pas le cas. Des conneries pour donner de l’espoir aux gens. Et beh.. Elle l’appréciait encore un peu plus.

- Certains surnaturels ont la capacité de faire voler des objets ou de se transformer. Moi, je vois les esprits. Tout le temps. C’est comme si j’avais un filtre spécial sur la rétine qui me permettait de voir ce que toi, ou la vaste majorité des gens, ne pouvez pas voir. Et crois-moi, tu es content de ne pas avoir cette faculté.

Elle jeta un bref coup d’œil à l’esprit dans la pièce au cas où cette phrase attirait son attention et, non. Une bonne nouvelle. C’était des plus intéressant.

- Certains morts, et je ne parle pas de vampires, restent sur Terre sous forme d’esprit, le plus souvent pour chercher l’attention des vivants et essayer de garder un semblant de leur vie passée. S’ils n’y parviennent pas, ils disparaissent et vont là où les morts vont, où que cela puisse être. Les esprits sont rarement amicaux et… les victimes de meurtres deviennent souvent des esprits vengeurs cherchant à tout prix à tuer leur meurtrier.

Ce qui, dans le cas de sa femme, Garance, aurait pu être le cas. De ce qu’il avait raconté, un tel carnage aurait sûrement produit un esprit vengeur. Mais au lieu de ça…

- Mais il y aussi une infime, minuscule possibilité que l’esprit devienne un protecteur, qu’il veille sur l’être aimé, sur la famille, l’enfant qu’il avait.

Elle ne cacha pas son regard qui pivota juste à droite de la tête d’Ethan, là où le visage de sa femme reposait, comme niché contre son cou. Elle ne savait pas trop comment amener la chose, à présent. Cela serait sans doute difficile à avaler pour lui, d’imaginer que l’esprit de sa femme le suivait en permanence, accroché à lui dans une étreinte éternelle. Elle opta pour une semi-subtilité et repoussa le croquis qu’il lui avait montré.

- Il est vraiment très ressemblant, vous avez du talent. Garance vous a suivi jusqu’ici. Cela fait longtemps que je vois des esprits de toutes sortes, mais c’est la première fois que je vois un esprit comme le sien.

Elle offrit à Ethan le sourire le plus réconfortant qu’elle puisse donner à un homme qui venait d'apprendre une nouvelle bouleversante qui changerait sûrement sa façon de voir les choses. Et qui n'y croirait sans doute pas immédiatement.

- Si cela peut vous apaiser, elle semble en paix.


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Ven 3 Fév - 21:02 (#)

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"A spark in the night."





Au lointain, un klaxon retentit, comblant le silence qui s’installe, un peu trop confortablement. Emily examine mon croquis alors que je suis perdu dans les souvenirs. Je n’ai pas de photos dans mon smartphone, ce n’est pas le même. Et à l’époque, j’avais décidé de ne rien emporter, hormis ce dessin et l’anneau que je porte encore aujourd’hui à mon annulaire. Je n’attache pas de grande valeur sentimentale aux objets, si l’on exclut ma vieille moto, Lady, qui me suit depuis mes 18 ans, maintes et maintes fois réparée.

Le son de la tasse d’Emily touchant la soucoupe me tire de mon passé. Je relève la tête et souris tristement à la jeune fille assise face à moi. Sa voix, légère et mélodieuse, emplit la pièce. Les mots se veulent compréhensifs et empathiques. Mais ce n’est pas cela que je suis venu chercher, même si son attention me touche profondément. Pourquoi suis-je venu d’ailleurs ? Les réponses n'existent pas.

- Je suis désolé pour celui que tu as perdu. Mais ne te méprends pas, je ne cherche pas de la pitié, c’est juste qu’en ce moment, c’est plus difficile. Je ne sais même pas pourquoi. Les gens meurent, nous ne sommes pas éternels, heureusement d’ailleurs. Je ne parle pas des vampires, mais même eux, ne sont immortels. Un jour ou l’autre, on doit tous tirer notre révérence. Tout dépend de qui on laisse derrière.

La douleur restera à jamais gravée dans ma poitrine ou ma tête, où ne sais-je où. Chaque personne confrontée à la mort se retrouve anéantie, qu’elle soit prête ou non à accepter le deuil de celui qui part. J’en suis conscient mais le fatalisme est tellement difficile à être admis.

- Tyler a été vague mais il a dit que tu pouvais voir certaines choses.

Je reste prudent et ne m’avance pas plus que cela sur ce terrain que je ne comprends pas et surtout, que je ne connais que par les légendes. Garance était experte, tout comme ma grand-mère, qui nous racontait des histoires de fantômes, de sorcières et de Saints. Il y a encore quelques années en arrière, je lui aurais ri au nez, lui aurais dit que tout cela n’existait pas, que ce ne sont que des contes pour faire peur aux enfants. Mais depuis la Révélation, force est de constater que ce ne sont pas que des paroles en l’air.

Mal à l’aise, je secoue la tête tout en regardant autour de moi, m’attendant presque à voir quelque chose tout droit sorti de mon imagination. Je hausse un peu les épaules en verbalisant mes pensées et la rassure concernant mes croyances envers l’église.

- A qui veux-tu que je le dise ? Le seul ami que je possède est celui qui m’a poussé à venir te voir.

Il y a bien Nicola, mais c’est un autre registre, nous ne parlons pas de ce genre de chose. C’est plutôt moi qui suit demandeur et avide de connaissances. Le domaine n’est pas le même.

- Comment un dieu, qu’importe l’origine, pourrait-il permettre ce qui se passe par le monde ? La Bible est une bien triste histoire d’un mec dégagé par son daron qui a su tirer son épingle du jeu pour se faire un peu de notoriété et qui crève, finalement, en martyre sur une croix. Enfin… ce n’est que mon avis.

La suite du discours de la ptite rousse me glace le sang. Même si depuis quelques temps, je suis confronté à des choses tellement bizarres, le fait de voir des fantômes doit être horrible. La nervosité refait surface, l’ongle de mon majeur vient gratter les peaux mortes de mon pouce que je porte à mes lèvres. Je ne l’interrompt pas, bien trop hagard par sa facultés. J’essaye d’imaginer son quotidien sans parvenir à un résultat probant, n’ayant aucune idée de ce qu’elle peut voir sans cesse. Cette révélation engendre toutefois une tonne de questions que je mets en veille pour le moment. Je crois aux esprits, aux revenants et tout ce qui est lié à l’Ame des défunts, j’y ai toujours cru. Est-ce parce que, j’ai souvent rêvé de ma grand-mère, même après sa mort ? Qu’elle me parlait dans mes songes ? Cela me fait peur, oui, car je ne le comprends pas mais nettement moins que ce que la nuit nous révèle parfois.

Les mots tournent dans mon esprit, craignant que ma chère épouse soit devenue un de ces esprits frappeurs et malveillants, souhaitant se venger des habitants de Clifden qui n’ont pas été très dociles à son égard.

J’ai envie de remuer, de marcher, mais je suis suspendu à ses lèvres. Voit-elle quelque chose ? Peut elle communiquer avec « eux » ? Machinalement, je suis son regard et tourne la tête, mes yeux rencontrant que le vide et, plus loin, la fenêtre.

Puis, la Révélation.

La bouche entre-ouverte, mes orbes fixées sur la jeune femme, ma respiration cesse. Chaque fonction de mon corps s’arrête un instant. Je ne suis plus capable d’assimiler quoi que ce soit. Mes lèvres sont sèches et ma langue ressemble à un morceau de bois. Seul mon cœur continue sa cadence rythmée.

Une inspiration, profonde, un hoquet et une larme.

Mes paumes se précipitent sur mon visage, masquant ce débordement que je ne parviens à contenir. Mes sanglots sont silencieux. Je ne pleure jamais devant les gens. Faiblesse mal placée ? Honte à admettre la tristesse ? Je ne saurais le dire. Je me lève, heurte un pied de la table faisant trembler la vaisselle fragile et effectue quelques pas en direction de la porte-fenêtre donnant sur un jardin en friche. Je reste un moment, là, à regarder les herbes folles. D’un geste vif, j’essuie mon visage, renifle bruyamment et comble le vide d’une phrase terriblement idiote.

- Ton jardin est dans un état pitoyable…

La miss vient de m’annoncer que Garance se tient à mes côtés et la seule chose que je suis capable de dire, c’est de statuer sur son terrain. Quel crétin ! Je me retourne, les yeux rougis, un sourire minable pendant aux lèvres.

- Désolé, c’est… Je ne sais ce qui m’a pris. Je ne sais même pas si c’est de la tristesse ou de la joie. Je…

Comment est-ce possible ? Tout en jouant avec les poils de ma moustache, je retrouve le canapé et m’y laisse tomber. Après une profonde inspiration, je relève mes orbes sur Emily.

- Donc, en gros, en résumé, tu es en train de me dire que Garance est là ? Que tu peux la voir ? Elle peut nous entendre ? Donc y’a bien un « après »… je le savais !

Délaissant une nouvelle fois mon siège, je me lève, emportant ma tasse et passe dans la cuisine où je la remplis d’eau. Un truc plus fort, nettement plus fort, aurait été plus adapté mais ce n’est qu’un détail. Revenant dans le salon, incapable de poser mes fesses, je fais les cent pas, tenant un discours totalement décousu.

- Elle a toujours été auprès de moi ? Dans la calle du bateau ? Et quand j’ai découvert cette fille dans l’impasse, à moitié morte ? Que pense-t-elle de Nico ? Oh là là, elle a dû être horrifiée de voir le taudis dans lequel j’habitais à Stoner Hill. Et oui, je chevauche toujours ma vieille Lady. Quand je pense qu’elle voulait que je m’en débarrasse pour une nouvelle. Mais comment je fais pour lui parler ? Mes joues prennent soudainement une couleur rosée. Et heu, toujours avec moi ? Dis lui que je ne l’ai pas trompée mais heu… ben voilà hein… j’ai payé pour un moment de plaisir mais je ne pensai qu’à elle. Oh là là, c’est tellement embarrassant ! Et soudain je me tais et me tourne vers Emily, transpercé d’un immense doute. Tu ne me dis pas tout ça juste pour me faire plaisir, hein ? Pour apaiser ma peine ?

C’est une amie de Tyler, il ne m’aurait pas fait ça, il doit avoir confiance en elle et moi en elle.

- Mais maintenant que je sais ça, comment continuer ? Comment as-tu fait, toi ? Comment poursuis-tu ton chemin ?

Je m’affale littéralement sur le sofa et passe mes mains sur mon crâne.

- Pardon de te demander ça, ton café est excellent, mais tu n’aurais pas une ptite bière bien fraîche ? Là, je dois remettre de l’ordre dans mes idées, c’est tellement le bordel dans ma tête.


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Mar 7 Fév - 11:42 (#)

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Ethan

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- Ce n’était pas de la pitié. De la sympathie, j’aurais dit.

Empathie. Un sentiment pas toujours agréable ni bienvenue lorsqu’on cherchait soi-même à ne pas se laisser déborder par une vague d’émotions ondulant constamment à la surface de sa propre psyché. Menaçant de devenir un tsunami glaçant à la moindre faiblesse. Emily avait appris à faire avec. Elle avait assez pleuré, assez bu, assez fixé le vide en se demandant quoi faire. Elle avait appris à avancer malgré le trou qui s’était installé au creux de sa poitrine. Elle commençait doucement à le combler et, elle l’espérait, finirait par le refermer presque totalement, ne gardant que les bonnes choses d’un passé qu’elle idéalisait peut-être un peu trop.

- Peu importe qu’on sache que les gens meurent tous un jour, il n’y a pas de honte à les pleurer malgré tout.

Et elle frapperait sans vergogne le premier enfoiré qui oserait prétendre le contraire. Tout le monde pleurait ses morts, d’une manière ou d’une autre. Ceux qui prétendaient le contraire étaient au mieux des imbéciles qui se perdaient dans le déni, au pire des fous sans émotions humaines. Le tout était de parvenir à avancer. Le monde continuait de tourner et il fallait suivre ou finir inlassablement par en être déconnecté.

Ce qu’il se passait chez elle, c’était une conversation qu’elle n’avait jamais vraiment voulu avoir avec qui que ce fusse. Oh, bien sûr, expliquer la vision du monde qui atteignait ses yeux était toujours un sujet délicat, peu importe l’interlocuteur, mais c’était la suite qu’elle redoutait. Il n’y avait pas de bonne façon d’annoncer ce qu’elle voyait. Lorsqu’un esprit était dangereux, attaché à un lieu, difforme au-delà de toute logique, c’était plus simple. L’esprit n’avait plus rien d’humain et personne n’était triste à son sujet. Personne ne savait qu’il était là. Tout le monde s’en fichait et c’était sans doute pour le mieux. A cet instant précis, cependant, face à cet homme éploré et à l’esprit de sa femme disparue l’enlaçant avec une tendresse débordante, les choses devinrent horriblement différentes.

Elle avait été franche et s’attendait à toutes sortes de réactions. Le déni, la peur, la fuite, la colère étaient en tête de liste. Pour le commun des mortels, ignorants car maintenus dans le brouillard, ce genre de révélation pouvait créer panique et bouleversements qu’Emily n’était pas prête à gérer. Elle l’avait dit à Tyler. Elle était portraitiste, pas psy. Choyer les gens et leur expliquer les choses de manière douces ou amener à leur faire comprendre la vérité et à les accompagner, ce n’était pas son truc. Alors voir Ethan craquer ne la surprit pas vraiment.

Elle resta silencieuse alors qu’il se levait maladroitement, cherchant à cacher l’évidence de son désarroi. Elle se contenta de finir sa tasse de café en silence. Que pouvait-elle dire, de toute façon ? les mots n’allaient pas aider, alors elle le laissa déambuler et se poster à la fenêtre, observant son jardin pitoyablement laissé à l’abandon bien avant son arrivée ici. Elle ne put empêcher un rictus amusé de fendre son visage lorsqu’il le remarqua et le lui fit savoir. Elle plaidait coupable, ce jardin méritait mieux. Un simple revers de main balaya ses excuses balbutiantes.

- Il n’y a pas de mal. Mon jardin aurait besoin de quelqu’un qui a la main verte. Ce n’est hélas pas mon cas.

Elle était douée pour certaines choses. Exécrables dans d’autres. Jardiner était entre les deux. Elle n’était pas douée ou incapable, mais elle n’aimait pas ça et n’essayait pas d’y consacrer du temps. La simple vision de ce jardin en friche suffisait à lui faire abandonner tout projet d’aménagement. Un mélange de flemme mal assumée et de lassitude concentrée, en somme.

Ethan revint s’asseoir pour se relever aussi vite, comme s’il ne tenait pas en place avec ce qu’il avait appris. Elle le suivit des yeux, se contentant de rester assise sur le canapé, remarquant avec un certain amusement la réaction similaire à celle de Tyler lorsqu’elle lui avait fait comprendre qu’elle savait qui il était. Ce qu’il était. Lui non plus n’était pas resté en place avant de comprendre qu’elle n’allait rien faire de cette information. Elle avait cet effet sur les gens lorsqu’elle annonçait des choses de ce genre. Une chance que ça n’arrive pas si souvent que ça, sa vie serait truffée de moments gênants ou malaisants, dans le cas contraire.

Elle laissa l’âme en peine déblatérer tout un tas de pensées et de questionnements sans ouvrir la bouche, silencieuse face à la détresse d’un autre qu’elle connaissait à peine. L’inquiétude d’un moment d’égarement observé par l’esprit de sa femme suffit à tirer un sourire à la portraitiste, mais elle se garda bien du moindre commentaire ou jugement à ce sujet. D’autres auraient sombrés dans d’autres travers et l’hypocrisie de l’homme au sujet des plaisirs de la chair n’avait aucune limite. Particulièrement dans ce puritanisme gangrénant un pays déjà bien abimé par une Révélation inattendue et une cohabitation difficile entre les humains et ceux qu’on considérait trop différents pour s’intégrer. Vive l’Amérique sectaire et intolérante.

Elle se leva finalement et ouvrit un de ses placard pour en sortir deux verres et une bouteille, une fois Ethan de nouveau assis. Elle leur servir à chacun une rasade de rhum. Un bon rhum à la robe ambrée qu’elle affectionnait particulièrement et un bon moyen de calmer les mouvements nerveux de la jambe de son invité et ses inquiétudes, fondées ou non. Elle posa le verre devant lui, sur le dessous prévu à cet effet, et se réinstalla face à lui. Un coup d’œil à l’esprit ne lui apprit rien. Elle restait fixée sur Ethan, comme si c’était la seule et unique chose qui comptait. Malgré toutes ces années à voir et étudier les esprits, il y avait tant de zones d’ombre qu’il était difficile de savoir la véritable raison de sa présence à ses côtés.

- Garance a sans doute été avec toi depuis sa disparition. Quoi que tu ais fait, je doute qu’elle t’en veuille, sinon elle ne serait plus là.

Elle s’avançait quelque peu à ce sujet, mais vu l’attitude d’Ethan, une semi-vérité serait plus utile que l’affirmation de l’incertitude totale qui entourait cet esprit singulier. Elle croisa les jambes et sirota son rhum, appréciant la sensation de chaleur descendant dans son ventre. Le goût perdura sur son palais.

- Si j’avais voulu te faire plaisir, je t’aurais dit qu’elle était montée au ciel et coulait des jours heureux en attendant ta venue, tu ne crois pas ? Il y a plus réconfortant que l’idée d’avoir l’esprit d’un être cher qui nous suit partout et qui n’a pas trouvé le repos auquel il aspire.

L’idée ne lui plaisait guère et elle n’avait heureusement jamais eu à vivre ça. Heins, malgré toute la douleur que sa perte avait provoquée, s’était éteint sans remords et nul esprit n’avait perduré après lui. Elle s’en était assurée. Ça n’empêchait pas les questions d’Ethan de parfois la hanter, elle aussi, alors qu’elle se demandait quoi faire de ses dix doigts dans les semaines ayant suivi sa solitude forcée, dans cette grande maison où elle avait passé tant d’années à ses côtés et qui lui paraissait désormais si vide et froide qu’elle devait partir pour ne pas y devenir folle.

- J’ai fait ce qu’il aurait voulu que je fasse, tout simplement. Je l’ai pleuré, puis j’ai repris ma vie en main et ai fait ce que j’avais envie de faire. Garance souhaite sûrement la même chose. Un esprit reste souvent sur terre à cause de regrets ou une volonté de terminer quelque chose. Dans mon cas, il n’y avait nul esprit et ça m’a apporté un peu de paix. Dans le cas de Garance, c’est sans doute de veiller sur toi, d’empêcher que son sort devienne le tien, qui l’a maintenu ici. Si rien de particulier n’est jamais arrivé, c’est sans doute que la personne ou la chose qui s’en est prise à elle n’a jamais tenté de s’en prendre à toi.

Il y avait une grosse part de conjecture dans ses mots, mais c’était la conclusion la plus logique. Un esprit était limité dans ses interactions avec le monde physique, elle imaginait mal que l’esprit de Garance puise le protéger de tous les maux. Il devait y avoir une raison particulière, et la raison de sa mort en était une des plus crédible et vraisemblable.

- Je peux tenter de communiquer avec elle, si tu le souhaites, mais je vais être franche. Il est possible que toute communication soit impossible ou même que cela déclenche une réaction violente. Les esprits sont des manifestations encore difficiles à cerner et entourées de zone d’ombres. D’ordinaire, j’évite tout interactions, car le seul fait de leur parler peut avoir des conséquences gravissimes. Mais Garance est un cas… unique, en tout cas pour moi. D’habitude les esprits finissent par sentir ma présence, particulièrement lorsque je reconnais leur existence. Mais Garance n’a jamais détourné les yeux de toi malgré que je parle d’elle.

Le simple fait qu’elle ait pu pénétrer dans sa maison sans le moindre problème été déjà un indicateur en soit. Elle n’était pas un esprit malveillant. Et, pour la première fois depuis longtemps, cela la rendait curieuse au sujet des esprits. Elle retrouvait l’intérêt qu’elle avait lors de son adolescence sous la houlette de Heins, à vouloir en apprendre plus et étudier ces manifestations que personne ne voyait. C’était un cas qu’elle n’avait jamais connu avant ça.

- Le choix reste le tien et rien ne dit que ça va fonctionner, mais la possibilité est ouverte, si tu veux.

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Alors que j’ai enfin mon cul posé sur le canapé, elle se lève pour retourner vers le coin cuisine, me laissant seul face à cette stupéfiante nouvelle. Les bras ballants, mon regard s’évade dans un ailleurs et un doux sourire vient planer sur mes lèvres. Garance… Ainsi, tu n’as jamais pu me laisser, tu as préféré rester auprès de moi que d’aller là où les morts vont. Cette révélation m’empli d’un bonheur immense, d’une joie incommensurable, même si je sais que cela va changer mon existence à jamais. Déjà que je passe pour un gars « bizarre », humainement parlant, mais si je commence à faire la causette avec ma femme… décédée, ça risque de faire jaser. Comment continuer de la même manière que je l’ai faite jusqu’à présent, sachant qu’elle est là ? Le quotidien ne pose aucun problème mais le côté sentimental et les moments intimes. Se dire qu’elle est là, qu’elle te « regarde », ça va être quand même être compliqué.

Restant dans mon monde, j’essaye d’imaginer ce que Emily voit. Est-ce comme dans cette série débile qui fait pleurer tous les téléspectateurs et où l’actrice principale à la larme à l’oeil dès sa première phrase ? Comment ça s’appelait déjà ? Je me creuse les méninges quand soudain ça me revient. Les mots jaillissent de ma bouche sans que je le veuille vraiment.

- Ghost Whisperer ! Heu… pardon. Mais je viens de me souvenir de cette série. En gros, t’es comme cette nana ? Mais en sacrément mieux, enfin je veux dire en moins gnangnan !

Je me hais, surtout dans ces moments-là. Pourquoi ai-je dit cela ? Cela faisait rire Garance quand je voguais dans mes pensées pour tout à coup sortir un mot, une phrase qui n’avait rien à voir avec le sujet de conversation actuel, mais qui sortait tout droit de mon subconscient. Je me gratte la nuque, gêné, cachant mon sourire. La pauvre Emily doit se demander d’où je sors.

Les verres se remplissent d’or sombre, générant une odeur bien connue, excitant mes papilles. Un regard reconnaissant est offert à la jeune femme, lorsque je saisis mon rhum. Son parfum est profond, rappelant les barils de ses îles natales. Je trempe à peine mes lèvres, goûtant le breuvage des Caraïbes, me délectant de la pointe de mélisse en arrière gorge. J’approuve et la remercie en hochant la tête.

- Depuis qu’elle est partie, tant de choses se sont passées. Depuis, j’ai pas toujours été le veuf idéal, je me suis laissé aller à bien des vices, à trop d’alcool, parfois à des substances plus dures. Si j’avais su qu’elle était là, jamais je n’y aurai touché. Ne peut-elle pas me faire un signe, murmurer quelques mots ? Je ne sais pas, comment ça marche tout ça. Je comprends déjà pas comment un vampire peut « vivre » alors que ça fait des siècles qu’il est mort. Mon regard dévie et se pose sur un point imaginaire sur le mur. Garance, je t’aime tellement et je ne t’ai jamais oublié, jamais.

Ces mots, sont murmurés et empli de culpabilité. Un long soupir est évacué, les regrets font face à la colère et me hantent bien plus que ce que Emily perçoit. Pourquoi ma femme reste t’elle là, n’a-t-elle nulle part d’autre ? Pourquoi le paradis lui a été refusé ?

- Pourquoi n’a-t-elle pas trouvé ce repos ? C’est elle qui n’en veut pas pour rester avec moi ? Mais faut lui dire qu’elle peut y aller, mes pensées seront toujours avec elle et on se retrouvera bien un jour, au bout du chemin. Je réfléchis un moment en dodelinant quelque peu de la tête. Mouais, j’ai pas été si vilain que ça, ça devrait le faire…

Ses mots sont apaisants et réconfortants. Je lui souris doucement en reprenant une petite gorgée de cet excellent breuvage. Elle s’y connait la petite ! La suite, me fait froncer les sourcils, n’en comprenant pas totalement le sens. Toutes mes phrases commencent par « pourquoi », je m’en rends compte, mais il y a trop de questions ouvertes. Le jour où les vampires ont fait leur « coming out », la population mondiale n’avait plus que des interrogations dans leur caboche. A chaque nouveau CESS qui se dévoilait, le besoin de savoir, de connaître renaissait. C’est un peu comme si je découvre un nouveau monde, même si j’ai toujours cru en l’existence des fantômes, spectres ou autres.

- Tu veux dire que la chose, la bête, parce que je suis persuadé que ce n’est rien d’autre, qui a… Garance, en aurait après moi ? Mais pourquoi ?

Mes yeux forment deux ronds en lui offrant le plus bovin de tous les regards.

- Si c’est moi que l’on visait, pourquoi l’avoir éliminée, elle ? Franchement, j’suis pas un saint, de loin pas, mais j’ai jamais été un salopard fini avec qui que ce soit. Ok, peut-être que je ne suis pas très sympa avec les gonzesses qui viennent au garage parce qu’elles ont rayer trois centimètres de leur Audi dernier cri, tout ça parce qu’elles ne savent pas se garer correctement… Mais bon, de là à vouloir ma peau… Après faut que je réfléchisse plus loin, avant Garance. J’ai bougé de pays en pays, depuis la Roumanie, j’ai traversé l’Europe mais j’ai tué ou fait du tort à personne.

La boisson est addictive et mon verre vide. Dans un coin de ma tête, je note le nom et la marque de son breuvage, me promettant de lui en apporter une bouteille. Parler de mon pays natal me renvoie aux mythes et légendes que ma grand-mère nous racontait. Un long frisson d’effroi, semblable à celui d’antan, roule sur mon échine.

- Dis… T’es sûre que c’est bien Garance, hein ? C’est pas une iele ou une muma padurii ?

Mes termes sortent du folklore de mon pays mais, maintenant avec le recul et surtout après la révélation, je me demande si y’avait pas une grosse part de vérité dans tous ces contes. Je reprends, apportant des explications. Cette discussion est glauque et mon timbre se fait plus bas, comme si j’avais peur que l’on m’entende. Je me penche en avant vers mon interlocutrice et adopte le ton de la confidence.

- Les iele sont des esprits féminin, elles sont belles et séduisantes mais souvent maléfiques et dangereuses. Quant aux muma padurii, se sont des fantômes, toujours féminins, qui vivent dans les bois pour protéger la faune et la flore et sont assez agressives vers ceux qui pénètrent dans leur territoire. Tu vois pas de vêtements faits de feuilles ou de mousses ?

Malgré moi, je jette un regard inquiet autour de nous. Reprenant une posture plus conviviale, je sers les lèvres à sa proposition. En aucun cas je voudrai qu’il arrive quoi que ce soit la ptite Minimoy assise face à moi. Plaçant mes coudes sur mes genoux, je recherche son regard.

- Comment pourrais-je refuser une telle offre ? Imagine que tu puisses communiquer avec celui  dont tu m’as parlé ? Par contre et il est hors de question que tu prennes le moindre risque. Je peux vivre avec la pensée que Garance est là, tout contre moi. Mais voir flétrir ce beau sourire, il en est hors de question. Si tu es totalement sûre de ce que tu fais, okay.

Je me tais, soutenant son regard et les secondes s’écoulent lentement dans un silence total.

- On parle beaucoup de moi et de Garance. Mais toi ? Qu’as-tu vécu ? Voir des entités doit être éprouvant surtout la première fois. Y’en a-t-il vraiment des maléfiques ? Ca existe vraiment des ectoplasmes tueurs. Raconte-moi, j’ai besoin de savoir et je suis tellement ignorant.



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Ethan

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Cette conversation n’avait rien d’une partie de plaisir. Que ce soit pour Ethan, qui encaissait informations après révélations. Ni pour Emily, qui voyait ressurgir des choses qu’elle avait fait de son mieux pour oublier. Oublier qu’il fut un temps où chaque question qu’elle avait trouvait une réponse grâce aux mots de son mentor. Aujourd’hui, les réponses se faisaient plus rares et l’incertitude grandissait en de multiples occasions. Donnait-elle les clés à Ethan pour réellement comprendre ce que la présence de sa femme ici signifiait ? Elle n’en était pas certaine. Allait-il réussir à faire son deuil avec tout ça ? Elle en doutait vraiment. Elle ne savait même pas pourquoi cela avait une quelconque importance à ses yeux. Elle ne connaissait cet homme que depuis un quart d’heure et il lui avait déjà dévoiler des choses si personnelles qu’elle se demandait s’il avait le moindre recul sur ce qu’il disait.

Probablement que non, si elle en jugeait par sa capacité à balancer des phrases ou informations aléatoire comme si sa bouche fonctionnait plus vite que son cerveau. Cela lui tira au moins un sourire amusé. Elle n’était pas sûre que ce fût véritablement flatteur, mais elle ne lui en voulait pas. Ce n’était sans doute pas simple d’imaginer ce qu’elle pouvait voir et vivre au quotidien. Elle-même avait oublié ce que c’était, de voir le monde sans les esprits qui l’arpentaient en silence. Il y avait bien longtemps que son sixième sens avait pris le dessus. Elle se demandait souvent si d‘autres avaient les mêmes capacités qu’elle, sans jamais en trouver. La personne avec un don s’approchant le plus du sien était Lilas et, même là, les différences étaient notables.

- Si on veut oui. Mais ils sont plutôt sympas dans cette série.

Et moins terrifiants, surtout. Ce qu’elle se garda bien d’ajouter. Si elle avait prévenu Tyler des dangers inhérents aux esprits au vu des dangers de leur petite expédition, elle n’avait aucune raison de mettre Ethan en garde. Il n’attirait pas les esprits, ne les voyait et ne les ressentait pas, donc il n’avait pas vraiment à connaître la réalité concernant les morts qui déambulaient parmi les vivants..

Elle se contenta de l’écouter à nouveau, sans l’interrompre, sirotant son rhum importé de Martinique. On pouvait dire bien des choses sur les français, mais ils avaient sans doute la meilleure sélection d’alcool au monde. Ça et les françaises, évidemment. Elle chassa l’image divertissante de Lilas de son esprit et reprit le fil de la conversation. Elle se retint de soupirer face à ses questions. C’était le problème avec les esprits, les réponses n’était pas aussi tranchées qu’on aurait pu croire. Les raisons de leur existence étaient encore sujettes à de nombreuses hypothèse et le cas de garance était en plus assez rare pour ne pas tomber dans une case prédéfinis. Hantise, poltergeist, esprit errant ou dame blanche, il y en avait pour tous les goûts, sans compter les légendes locales qui embellissaient parfois le tableau.

- Il n’y a rien que tu puisses faire pour la contacter par toi-même, je le crains. Les esprits évoluent dans un entre-deux que peu sont capables de percevoir et seuls certains peuvent se manifester physiquement.

Et mieux valait ne pas être dans les parages quand l’un d’entre eux se mettait à essayer des choses, parce que les objets comme les corps avaient tendance à valdinguer ou se transformer en petit tas informe difficile à identifier.

- Ce que tu as fait suite à sa mort importe peu. Ce qui vous liait l’un à l’autre de votre vivant ne s’applique pas à son esprit. Si elle a choisi de rester à tes côtés pour une raison bien précise, rien de ce que tu feras n’aura d’incidence.

Sauf bien sûr de se faire aider par un exorciste un arcaniste dans l’espoir de s’en débarrasser, mais elle n'allait certainement pas lui donner l’idée. Au vu de ses réactions, il aurait pu mal le prendre et il allait au minimum rejeter l’idée. Néanmoins, et ce fut quelque peu malaisant à observer, elle vit l’esprit de sa femme réagir à ses mots. Elle sembla s’agripper un peu plus à lui pendant un bref instant avant de reprendre sa position initiale. Peut-être se trompait-elle, au final, et qu’elle était parfaitement consciente de ce que faisait son mari encore vivant.

De tous les esprits qu’elle avait pu croiser, seul le tout premier, celui de son oncle, avait eu une réelle conversation avec elle. Elle se demandait encore si les esprits ressentaient les mêmes émotions que les vivants. Ses souvenirs étaient flous à ce sujet et elle n’avait jamais vu un esprit avoir plusieurs émotions différentes. Lorsqu’un esprit était enragé, il le restait, de même pour un qui errait sans but en cherchant désespérément de l’attention pour exister. Heins lui avait dit qu’un esprit plus complexe et capable d’interagir « humainement » était plus que rare. Mais peut-être que celui en face d’elle en était capable. Comme son oncle avait pu le faire.

- Non, ce n’est pas ce que je voulais dire. Il est possible que, au moment de son trépas, la seule chose qui l’obsédait soit ta sécurité. Les esprits naissent des regrets ou d’émotions extrêmement fortes qui les ancrent dans notre plan, les empêchant d’accéder à ce qu’il y a ensuite. Si son désir de te protéger ou de te savoir en sécurité était assez fort, cela explique sa présence à tes côtés. Que tu sois visé ou non. Ou bien cela est simplement une expression de l’amour puissant qui la liait à toi. Il n’y a pas de réponse claire concernant les esprits, ce ne sont que des hypothèses, mais ce sont celles qui me semblent les plus probables.

Car il est en effet possible que tout cela soit plus dérangeant que ça ne l’est déjà et que quelque chose en avait réellement après Ethan, au point que sa femme soit là pour le protéger même au-delà de la mort. L’idée n’avait rien de rassurante pour Ethan et Emily préféra garder cette éventualité pour elle. Car rien de ce qu’il avait pu lui dire ne donnait le moindre indice vers cette piste, alors elle n'avait aucune raison de le rendre paranoïaque pour quelque chose qui était sans doute erroné.

Un sourire plus franc ourla ses lèvres face à la question d’Ethan qui précéda son petit cours sur les légendes locales de son pays. Elle avait étudié bien des folklores concernant les esprits, qu’ils soient américains, européens, asiatiques ou africains. Les asiatiques étaient clairement ceux qu’elle ne voulait jamais croiser pour vérifier si les informations à leur sujet étaient véridiques. Elle le laissa continuer avant de le rassurer.

- Je suis portraitiste. Les visages je connais et je peux t’assurer que c’est bien Garance. Et je doute qu’une femme irlandaise puisse devenir un esprit du folklore roumain.

Elle sirota une gorgée de son rhum avec un demi-sourire avant de reprendre un air plus sérieux. L’atmosphère n’allait pas se détendre comme ça, surtout avec les questions qu’il continuait de faire pleuvoir comme s’il n’allait jamais s’arrêter. Surtout après qu’il ait évoqué sans le savoir l’idée qu’elle avait à la fois espéré et craint. Communiquer avec l’esprit de Heins aurait été aussi déchirant que cathartique, après sa mort. Mais elle n’en avait jamais eu l’occasion. Et elle n’avait jamais pu se décider si c’était une bonne ou une mauvaise chose.

- Je n’ai pas eu à faire ce choix. Et ne t’inquiètes pas pour ma sécurité. Tu n’en as pas conscience, mais cette maison est protégée contre les esprits malfaisants. Le simple fait que Garance ait pu te suivre ici me dit que je ne risque absolument rien. Je t’ai proposé l’idée, mais le choix final t’appartient. Je ne risque rien.

Du moins en théorie, mais elle avait tatouages et talismans de protections au cas où les choses tournaient mal. Si elle ne provoquait pas la colère de l’esprit, tout allait sans doute bien se passer. Elle espérait juste que Garance n’allait pas la prendre pour une maîtresse d’Ethan. Elle n’avait aucune idée des capacités de perception de cet esprit, ni si elle avait encore en mémoire les moments intimes que son mari avait pu avoir depuis son décès. Elle-même ne préférait pas imaginer la scène.

- Moi ? Je vois les esprit depuis que j’ai 10 ans et j’ai appris à vivre avec. Et oui, c’est éprouvant, mais pas comme tu peux l’imaginer. Quant au reste, tu préfères ne pas savoir. Le commun des humains, ou même des CESS, n’a jamais l’occasion de croiser le chemin d’un esprit capable d’interagir avec eux. L’ignorance, dans ce cas-là, est une bénédiction que tu n’as pas envie de perdre, crois-moi. Alors à moins que tu fonces nu dans une maison hantée ou que tu vives dans l’une d’elle, tu n’as pas besoin d’en apprendre plus et je te déconseille de chercher à savoir. C’est le meilleur moyen d’attirer des choses que tu n’as pas envie de croiser.

Elle en savait quelque chose et si elle pouvait éviter à n’importe qui d’autre ‘avoir à faire la connaissance avec les esprits, elle le ferait sans hésiter. Parfois, il valait mieux ne pas chercher à connaître les choses qui dépassaient la compréhension humaine. Ça n’apportait pas toujours du bon.


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Ethan Roman
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Ven 24 Mar - 11:48 (#)

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Bien peu de réponses concrètes pour cette montagne de questions qui tourne dans ma tête. La pauvre Emily fait de son mieux et sa patience est immense. Tyler avait oublié de mentionner LE « détail » concernant les esprits et tout ce qui s’en suit. Quand je pense qu’il m’a juste dit d’appeler la Nénette et qu’elle pourrait m’aider éventuellement. Vu ce qui en ressort, ben mon cochon, on est loin d’être sorti de l’auberge. Ou alors, je continue ma petite vie, comme je l’ai fait jusque-là, avec le petit bonus, sachant que Garance est là, tout près de moi, soit mon existence entière va voir un nouveau jour.

- Donc, elle est juste là, par contre, on ne peut pas interagir avec elle. Hum… dommage mais je dois avouer qu’explorer « l’autre côté », je suis moyennement chaud. J’veux dire hormis les films d’horreur, qu’on a tous vu à un moment donné de notre vie, je me souviens des vieux… enfin des personnes âgés de mon village. Quand ils évoquaient les morts, ils étaient extrêmement respectueux. Y’avait bien la Sage Miruna qui se disait être une Dukkerin et qui parlait avec les morts. Mais même elle, elle restait très prudente, y’avait des rituels et des trucs à faire ou pas. Elle le faisait vraiment très rarement. J’ai jamais assisté à ces réunions. Ça me fout un peu les jetons. Farfouiller du côté de la mort, je ne suis vraiment pas sûr que ce soit la meilleure des idées. Après…

Je hausse les épaules et lui tends un sourire emplit de culpabilité. Faut arrêter de se mentir, refuser de communiquer avec l’être que l’on a le plus aimé sur terre…

- Après, comment dire non ? Je secoue la tête. Je ne sais que te répondre, hormis que je ne le ferais qu’avec toi.

Ou alors on clôt simplement ce chapitre, on reprend nos vies et on se fait à l’idée qu’un jour, le plus loin possible, on saura. Elle ajoute une phrase, emportant mon esprit dans des questionnements encore plus vastes. Garance s’est accrochée à moi, par amour, pour une autre raison ? La suite n’arrange rien. Et si c’était moi qui la retiens ? Sont-ce mes regrets et ma culpabilité qui forment une sorte de prison pour esprit, l’empêchant de s’en aller ?

- Tu penses que c’est peut-être moi qui lui interdis d’une manière ou d’une autre de passer à autre chose ? Mais Emily trouve les mots justes, retirant instantanément cet horrible doute. C’est vraiment compliqué tout ça. Ça entraîne tellement de questions qui, n’auront pas de réponse. Je crois, qu’en fin de compte, je vais prendre la solution de facilité et me dire, elle est là, simplement parce qu’on s’est aimé, qu’on s’aime tellement fort que le fait d’être séparé, ça nous est inconcevable.

Une fois de plus, je hausse les épaules en signe d’impuissance face à une situation qui me dépasse totalement. Toutefois, je me sens apaisé. Même si la disparition de mon épouse reste terriblement tragique, je sais que je ne suis pas seul. C’est si égoïste mais ce savoir va me permettre d’avancer, de voir un éventuel futur beaucoup plus clair et surtout moins larmoyant.

Je suis heureux de changer un peu de sujet. Certes, c’est moi qui suis venu chercher des réponses et ça me suffit. Je souris, apaisé et finis par rigoler devant l’évidence qu’elle élude au sujet de mes croyances sorties d’un autre continent.

- Mouais, c’est vrai. Même que l’Irlande est bien loin des forêts roumaines. Oh tu peins ? Tu me montres ?

Mon intuition était la bonne à mon arrivée ! C’était bien de la peinture que j’avais senti. Je l’écoute attentivement, vraiment soulagé de parler d’autre chose. Il va me falloir du temps pour ingérer tout ce qu’elle a pu me dire. La perspective de revoir, cette ptite Nénette me ravi, même si ça ne fait que deux heures que je la connais.

- J’ai vu plein de vidéos sur le net, montrant des objets qui bougent tout seul. Rien que ça, ça me fiche une trouille impressionnante. Mais bon, je ne suis pas le gars le plus courageux du monde, hein… loin de là, surtout face à ce genre de phénomène. L'inexplicable fascine mais fait peur. Après faut se montrer suffisamment intelligent pour ne pas mettre son nez, là où il ne faut pas. Concernant Garance, pour l'heure, j'ai besoin de temps, d'assimiler tout ce que tu m'as dit. Mais je suis certain, qu'un jour ou l'autre, la curiosité va me pousser à tenter l'expérience. J'en crève d'envie, c'est évident, mais on va y aller pas à pas. Tu es d'accord ? Par contre, c’est fou ça pour une gamine de dix ans, ça doit être terrible de voir tout ce que tu vécus.

Un incident me revient en tête, que j'ai attribué à mon imagination. J’hésite à lui relater les faits mais c’est la personne idéale, quasi une professionnelle de la chose. Je vais encore passer pour un illuminé mais bon, une fois de plus ou de moins, je ne suis plus à ça près. Je me dandine un peu sur le canapé, mal à l’aise mais me lance quand même.

- J’ai déménagé récemment…

A cause de ce crétin de vampire que je n’ai pas revu depuis quelques semaines, ce qui est plutôt une bonne chose. D’ailleurs, je vais me laisser encore un petit mois et s’il ne réapparaît pas, je change de crèmerie. Parce que le motel, même si c’est ce petit imbécile qui paie la pension, je ne me sens pas chez moi. Je crois que je préférai même mon appart’, limite insalubre, à Stoner Hill, avec la Jacqueline qui lorgnait mes allées – venues.

- … contraint et forcé. Bref, je suis maintenant au Lucky Star Motel. Un truc froid, impersonnel où tout le monde se fout de l’existence des autres. Même si j’ai ma propre salle de bain, je regrette mon taudis de Stoner Hill. Un jour j’ai entendu comme des chuchotis, ça n’a pas duré, hein, mais quand j’ai regardé, ben y’avait personne. J’dis pas que j’ai eu peur… enfin si un petit peu, mais je sais pas, j’me sens pas à l’aise dans ma piaule. Ou alors, c’est peut-être que ça ne plaît pas à Garance ?

Mon regard dévie, s’orientant à nouveau vers le jardin en friche où quelques herbes hautes suivent paresseusement le mouvement de la brise.

- Tu m’as bien aidé avec Garance, tu veux pas un coup de main pour ton jardin ? Je le fais avec plaisir.



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Ethan

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Être assise à parler d’esprits faisait ressurgir nombres de souvenirs. Des souvenirs qu’elle chérissait, parfois quelques peu romancés pour paraître moins brutes et durs. Cela ne lui semblait pas si lointain, ces moments passés assise dans le fauteuil qui lui était réservé dans le manoir de Heins, à boire ses paroles en même temps que son chocolat et, plus tard, son rhum. Cela lui manquait toujours et elle comprenait pourquoi tout le monde disait qu’on ne comprenait ce qu’on avait que lorsqu’on l’avait perdu. Bordel ce qu’elle avait pu être insupportable par moment, gamine rebelle qui ne supportait pas d’obéir sans comprendre exactement pourquoi elle devait le faire. Elle avait appris, comme tout le reste.

Aujourd’hui, elle était seule. Seule à devoir vivre avec des questions qui étaient souvent sans réponses. Seule à voir ce qu’ils étaient alors deux à percevoir. Le monde était moins effrayant lorsqu’on avait quelqu’un qui savait de quoi on parlait. C’était plus facile de fermer l’œil en sachant que la moindre apparition nocturne serait expliquée, cataloguée, puis chassée avant que le moindre mal ne soit fait. Il lui en avait fallu du temps pour retrouver un sommeil correct, exempt de toute intrusion. La notion d’intimité n’allait pas de pair avec les esprits.

Est-ce qu’elle usait de ses dons de la bonne façon ? Au diable si elle le savait. Elle n’avait jamais eu l’âme d’une mentor, d’une guide. Sans doute que Heins aurait aimé qu’elle perpétue la tradition. Qu’elle guide à son tour une jeune âme voyant ce qu’aucun autre ne pouvait voir. L’idée lui traversait l’esprit parfois, lorsqu’elle ressentait le vide et le silence de sa maison trop grande pour elle seule. Mais par où commencer ? Avait-elle seulement la patience de s’occuper de qui que ce soit autre qu’elle-même ? Heins lui avait dit que c’était une vie solitaire, que voir les morts repoussait les vivants, même si cela prenait parfois des années. Alors l’histoire d’Ethan et de sa femme, ça ressemblait presque à un conte de fée transformé en horrible cauchemar à ses yeux.

Ce qui est intéressant, en revanche, c’est d’imaginer ce que pouvait donner la vision d’autres médium dans des endroits complètement différents. Elle aimerait en savoir plus sur cette Dukkerin. L’équivalent des diseuses de bonne aventure, souvent des charlatans, parfois de vrais éveillé versés dans l’art de la vision. Et aussi dans celui de dépouiller les crédules, mais il fallait bien vivre. Si les gens étaient assez stupides pour croire que lire les lignes de la main prédisait l‘avenir, ils méritaient un peu de se faire dépouiller. On pouvait penser qu’elle faisait pareil, mais non seulement elle ne mentait pas sur ses dons, mais en plus elle ne demandait pas d’argent. Abuser de la détresse d’un veuf, ce n’était pas vraiment quelque chose qui la tentait. Cela la fit quand même sourire, qu’il précise ne vouloir el faire qu’avec elle. Pas comme s’il avait vraiment le choix, elle doutait qu’il connaisse un seul autre médium, alors quelqu’un qui communiquait avec les esprits…

- Quand tu te sentiras prêt. Tu as mon numéro de toute façon, tu sais comment me joindre quand tu auras décidé de le faire. Si tu décides de le faire.

Elle pouvait comprendre sa réticence. Non seulement c’était terriblement intime, mais en plus parfaitement dérangeant pour quelqu’un incapable de la moindre étincelle de surnaturel. Et évidemment, il en prit conscience. Emily se contenta de hocher la tête, connaissant déjà quelle réflexion naissait dans sa tête. La peur de l’inconnu, repoussé par la curiosité et l’envie d’enfin avoir peut-être des réponses et un réconfort qu’on n’attendait plus. Certains y résisteraient, mais elle n’allait pas le blâmer pour se laisser tenter. Si elle était à sa place, elle aurait fait de même, il n’y avait aucun doute là-dessus. Elle n’était pas aussi forte qu’elle aimerait ou qu’elle le laissait penser.

Elle garda le silence, refusant d’élaborer sur ce qu’elle a vécu étant enfant. Elle n’avait pas envie d’aborder ce sujet avec un inconnu, aussi sympathique et ouvert qu’il était. Il y avait des choses à ne pas mentionner et ça en faisait partie. Elle avait été concise, survolant le sujet, elle n’en dévoilerait pas plus. Peut-être était-ce un peu hypocrite, parce qu’elle avait entendu l’histoire d’Ethan et de sa femme, mais elle tenait à son intimité et son enfance en faisait partie. Elle n’en avait parlé qu’à deux personnes : Heins et Lilas. Et ça n’était pas près de changer. La suite en revanche…

- Le Lucky Star Motel ?

Un nom qui lui rappelait à la fois une aventure avec Tyler et un des moments où elle avait croisé la chose la plus terrifiante de sa vie. Ou en tout cas au moins dans le trop trois, sans hésitation. Elle savait le motel hanté et lié à des vampires, mais imaginer Ethan vivre sur place contraint et forcé, entouré d’esprits et de vampires… pas étonnant qu’il regrette un appartement miteux à Stoner Hill, c’était bien moins dangereux et ça n’était pas une mince affaire, ce quartier était la lie de Shreveport. Elle n’y alla pas par quatre chemins.

- Fiche le camp de là. Tu fais des valises et tu fous le camp de ce motel, d’accord ? Dès ce soir. Tyler et moi on s’y est rendu pour… disons que je lui ai rendu un service, et c’est un des lieux habités les plus hantés du cul qu’il m’ait été donné de voir. C’est un miracle que Garance n’ait pas attiré sur toi ce qui hante les lieux. Et pose pas de questions, fais moi juste confiance sur ce coup-là. Crois-moi, tu préfères mettre en vampire en colère que vivre dans cet endroit quand se qui s’y trouve va remarquer l’esprit de Garance.

Si le vampire était vraiment dangereux, elle n’était pas certaine que ses mots soient la vérité, mais mieux valait qu’il panique un peu plutôt que de le laisser sur place. S’il se mettait à être la cible de l’esprit qu’elle y avait vu…

- Franchement t’as juste dû entendre deux clients en train de se faire plaisir dans ta chambre voisine, mais si tu t’es senti mal, c’est pas étonnant. T’as un endroit où aller en dehors de ce motel ? tyler peut-être ?

Une idée lui vint alors. Elle qui avait parfois l’envie de ne pas faire face au vide de sa maison…

- Ecoute, je te propose un deal. Si t’as nulle part où aller, puisque visiblement t’as été un peu forcé d’aller là-bas, tu crèches ici le temps de trouver autre chose, et en échange tu me remets mon jardin en état. Je ne peux décemment pas te dire de retourner vivre dans ce motel. Je dois avoir deux ou trois pièces vides qui ne me servent à rien où tu peux t’installer.

Elle avait un peu sauté des étapes, mais ça lui paraissait une bonne idée. Elle n’avait pas pensé à toutes les implications, mais elle ne pensait pas que la situation durerait. Et au pire elle avait largement la place pour une telle colocation. Elle ne s’engageait pas à grand-chose.

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"A spark in the night."




Oserais-je un jour prendre mon téléphone et composer le numéro d’Emily, aurais-je le courage d’affronter la vérité, de communiquer avec Garance ? C’est difficile de se projeter, de faire les réponses et les questions. Je nous revois, là-bas, dans notre petit jardin, la table en pierre, le linge solidement accroché à sa corde et les champs vert émeraude, ondulant sous les rafales des vents. Nos rires se mêlant alors qu’elle tentait de dresser la table pour un déjeuner sous un éphémère rayon de soleil. La nappe à carreaux se débattait sous les assauts de la bise qui, parfois gagnait la bataille, emportant le tissu au loin. Elle me chargeait alors, de la récupérer dans les buissons aux branches griffues comme des serres. Puis, rendant les armes face aux intempéries, nous rentrions, faisions un feu de tourbe et mangions des scones tout chaud en bavardant, nous nous construisions notre avenir, des projets plein la tête. Je regrette ce temps et le bonheur que la vie m’a offerte mais je suis conscient d’avoir eu la chance de toucher à cette plénitude durant quelques années. La vie est comparable à une grande roue, c’est ainsi que je le perçois, elle ne cesse de tourner. Je ne peux me plaindre même si le manque de l’autre me bouffe tous les jours un peu plus.

L’opportunité de parler à l’amour de ma vie est formidable mais suis-je prêt à entendre ces réponses ? A savoir que je lui manque autant qu’elle me manque ? A regretter le temps qui nous faisait nous sentir vivant ? Remuer les frasques d’un passé trop beau n’est peut-être pas la meilleure des idées. J’en crève d’envie, de savoir ce qui s’est passé ce jour-là, pourquoi elle reste auprès de moi mais cela ne changera pas la fatalité, cela ne la fera pas revenir. Quoi qui puisse arriver, quelles que soient les réponses, cela n’atténuera pas ma peine et ce sentiment d’inachevé.

Je me sens hypocrite de ne pas vouloir donner une chance à Garance de s’exprimer, je me complais peut-être un peu trop bien dans cette situation de veuf épleuré. La culpabilité m’étreint déjà trop, mais si elle venait à en ajouter une couche, serais-je capable de porter ce fardeau supplémentaire sur mes épaules ? Trop compliqué, je ne peux donner de réponse. Demain, je prendrai mon calpin à dessin, mes crayons et j’irai m’isoler près de l’eau. Je laisserai la mine grise courir sur le papier me permettant de vider ma tête.

Mes pensées voguant dans un ailleurs que je suis seul à visiter, je sursaute presque à sa question concernant mon habitat.

- Oui le Lucky Star Motel…

La suite me glace le sang. Comment ai-je pu vivre dans un endroit pareil ? Saloperie de Yago, je suis certain qu’il était au courant. Ce mort-vivant mérite vraiment de crever cramé au soleil. Si un jour, ou plutôt une nuit, je ne me retiendrai pas et qu’importe ce qui doit se passer.

Plus elle parle, plus mes yeux s’écarquillent et un sentiment d’urgence m’envahit. Ce n’est pas de la panique qui sonne dans sa voix, son ton est pressant et extrêmement communicatif. Je me lève, fais un pas à gauche, me ravise, pars à droite puis m’arrête, offrant à la petite Nénette un regard des plus bovins. La peur commence à poindre le bout de son nez, m’empêchant de réfléchir. Je pourrais éventuellement camper au garage en attendant de trouver mieux. Samuel peut-être, non ce n’est une option, on se connait mais pas suffisamment pour que je me pointe avec mon balluchon sur l’épaule. Bien que, il n’hésiterait pas à m’ouvrir sa porte. Nicola et sa smala, délicat quand même. Et je passe d’un nid de vampires à un autre. Bon au moins, je sais où je mets les pieds. Eliz… non, ça risquerait de partir dans une direction que j’ai pas envie de prendre pour l’instant. Tyler ? Pas sûr qu’il voie mon débarquement d’un bon œil. Une nuit ok, mais plus, ça deviendrait vite compliqué.

Dubitatif, je passe ma main dans mes cheveux puis l’enfonce dans la poche. Hanté du cul, c’est quoi encore cette expression ? L’esprit de Garance est-il en danger ?

- Non pas Tyler… C’est un super pote mais on ne se supporterait pas.

Totalement décontenancé par les révélations de la Nénette, je la regarde comme si je la voyais pour la première fois. Le Motel doit vraiment craindre à fond pour qu’elle propose à un inconnu une collocation. J’aurai pu trouver un hôtel, mais bon, ça coûte la peau du cul. J’ai quelques économies, mais elles ne sont pas franchement destinées à être avalée par un loyer perçut par ce genre d’établissement.

Je regarde la miss puis son jardin, reviens vers son doux visage et commence à hocher la tête. Même si cette situation me gêne, ne voulant pas envahir son espace personnel, je commence à trouver l’idée plutôt séduisante.

- Ok, j’ai franchement pas grand-chose, des vêtements, deux consoles, quelques jeux et… heu… un écran géant. Mais t’inquiète pas, je ne suis pas bruyant, je mets un casque, tu oublieras jusqu’à ma présence, promis ! Je me lève tôt, je rentre tard, je fais rarement la cuisine et, ah, je prends ma douche le soir après le boulot. Mais si ça dérange, je peux changer mes habitudes. Je ferais le ménage et je te paye la chambre. Ton jardin, en moins de deux mois, il sera impeccable. Tu vas faire des envieux et tu pourras inviter tous tes amis pour des barbecues.

Mille pensées me traversent l’esprit, je dois faire le tri, mais vite. Elle m’a mis une pression impressionnante et j’ai vraiment pas envie de retourner dormir, ne serait-ce qu’une nuit supplémentaire, dans ce foutu motel.

- Je vais appeler un taxi, je laisse la moto devant, si ça ne dérange personne. Au garage, j’ai une camionnette, ça sera plus pratique et je ferai qu’un seul voyage. T’inquiète pas, c’est vraiment que pour la télé. Le reste tient dans un sac à dos et une valise.

La chambre au motel est visualisée dans ma tête. Je suis un gars ordré, en moins d’une heure tout sera empaqueté, les câbles débranchés, la chambre vidée de mes effets personnels. L’écran est lourd, mais j’ai le matos nécessaire pour le transporter sans me briser les reins.

- Donne-moi trois heures, max’ et je serais là avec mon balluchon. Demain, je commence les plans pour ta terrasse. Et… t’es sûre que tes fantômes ne vont pas m’attaquer s’ils voient que je lève le camp ?

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Anonymous
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Mar 30 Mai - 16:45 (#)

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A spark in the night

Ethan

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Avait-elle proposé ça en pensant aux conséquences ? Pas vraiment ? Le regrettait-elle ? pas vraiment non plus. Sa maison était grande, trop pour elle. Elle avait deux pièces entières qui étaient vides, alors même qu’elle avait meublé une chambre d’ami et fait de la plus lumineuse son atelier, tout en ayant tout le confort nécessaire dans les autres pièces. Avoir deux salles de bain n’était pas utile à une seule personne et il fallait bien avouer que la grande table de sa salle à manger n’accueillait jamais ses repas. Dîner seule à cette table lui avait donné le cafard. Elle adorait cette maison, mais elle nageait dans l’espace. Une âme de plus, même éphémère, aiderait peut-être à la rendre un peu plus chaleureuse. Et à gérer ce foutu jardin, aussi.

- Tu risques rien, t’en fais pas. Appelle ton taxi, je vais te préparer une chambre le temps que tu déménages.

Elle pouvait comprendre sa crainte, après ses mots, mais le danger venait plus des vampires que des esprits, au moment présent. Un jour, les esprits allaient sévèrement hanter les lieux et en faire un endroit inhabitable pour le commun des mortels et seule une intervention musclée d’exorcistes et d’arcanistes pourraient en venir à bout. D’ici là, Ethan serait loin et il n’aurait pas à s’en soucier. Et si quelques vampires avaient des sueurs froides, ce n’était pas réellement un problème. Elles étaient coriaces, les sangsues.

Profitant que le turbulent - et décidément malchanceux - mécano aille chercher ses affaires, elle débarrassa la chambre au rez-de-chaussée, celle qui donnait sur le jardin, et lui prépara un lit. La pièce était vide à l’exception du lit, d’une table de nuit et d’une petite commode, mais cela ferait l’affaire. Au pire il y mettra sa fameuse télé et sa console. Pas sûre qu’elle ait envie d’avoir un écran géant dans son salon, elle appréciait trop sa cheminée pour la cacher derrière une télévision. Son ordinateur portable lui suffisait largement, elle n’avait pas besoin de s’encombrer de plus.

Elle se compara intérieurement à une petite fée du logis en installant des draps et en passant un rapide coup d’aspirateur dans la chambre. Elle lui faisait une fleur cette fois, parce qu’il avait l’air de salement avoir besoin de repos et d’un endroit un peu plus sûr que le Lucky Sar Motel, mais elle allait le laisser se démerder ensuite. Elle ouvrit la fenêtre, observa son jardin – sa forêt en riche, plutôt – et fut finalement certaine d’avoir fait le bon choix. Peut-être qu’elle apprécierait l’idée de jardiner si elle avait un peu une idée de ce qu’elle faisait et qu’elle n’était pas entouré par le silence gênant de la solitude. Et un homme qui jardine au soleil étant souvent un spectacle agréable à regarder, elle n’allait pas se priver. Bon voir sa défunte femme lui enserrer le cou avait entièrement et complètement annihiler toute potentielle idée amusante, mais regarder n’ennuyait personne, pour peu que ce soit subtil. Et elle l’était, quoi qu’en dise Lilas.

Okay peut-être pas tant que ça, mais elle s’en donnerait les moyens, pour donner le change. Elle doutait que sa femme en ait quelque chose à foutre – elle était morte après tout – mais elle avait vraiment mieux à faire que gérer une potentielle épouse défunte et jalouse. Les amulettes et tatouages avaient leurs limites contre ce genre d’entités malveillantes. Les femmes jalouses, pas les esprits.

Lorsqu’Ethan arrive finalement avec ses affaires, consistant effectivement en une immense télé et une pauvre valise accompagnée d’un simple sac, Emily le regarde à la dérobée, se demandant comment ce type a pu survivre et se marier un jour. Après l’avoir grâcement aidé à emmener son imposant écran dans chambre, elle lui fait faire un tour des lieux, histoire qu’il ne se paume pas et ne vienne pas à ouvrir la porte de sa chambre en cherchant les toilettes.

- T’es libre d’aller où tu veux, mais je vais imposer deux règles. La première : quand je suis dans mon atelier, je ne veux pas que tu viennes frapper à la porte, ni fasse trop de bruit. J’ai besoin de concentration et de calme. Le reste du temps, tu es ici chez toi, mais pour ce moment, j’ai vraiment besoin de ma tranquillité. La seconde. Tu invites qui tu veux, que ce soit dans ton lit ou ailleurs mais je veux être informée avant. Pas besoin de demander la permission ou me donner la raison, je suis pas ta mère, mais juste me prévenir. Si tu respectes ça, ce sera la meilleure colloc’ de ta vie. Sinon, je te fous à la porte. Deal ?

C’était un peu des menaces en l’air, elle le savait et son sourire laissait voir clairement qu’elle plaisantait, mais elle était absolument sérieuse sur les deux règles. Elle avait besoin de son temps et de son intimité. Collocation ou non, ça n’avait pas d’importance. Elle voyait mal Ethan s’en foutre de ses règles, le type semblait réglo même si un peu dans la lune

C’était le début dune cohabitation qu’elle n’avait pas anticipé, ni même vraiment cherché, mais, aussi cynique qu’elle était, elle ne pouvait décemment pas laisser ce type dans un hôtel de vampire remplis d’esprits errants sur le point de hanter l’endroit. Au moins sa maison serait un peu plus vivante. Restait juste à espérer qu’elle n’allait pas trop s’attacher au chat abandonné qu’elle venait de recueillir. Elle n’avait vraiment pas besoin de ça dans sa vie.


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