Au moment où Tasya tente d'agir contre l'entité, elle sent avec effroi, cette dernière aspirer ses impulsions magiques. Cela risque de rendre l'esprit encore plus fort. « N'utilisez pas la magie contre elle ! » crie-t-elle alors. La brune comprend à quel point cette entité est dangereuse et qu'il faut à tout prix l'arrêter avant qu'elle ne s'échappe en pleine nature. C'est à ce moment-là que Medea et Johnson utilisent leur arme pour tenter de l'arrêter et cela fonctionne un bref instant. Michel s'écroule, son corps est mort, touché par l'hémorragie et les multiples balles. Jacob trace alors un cercle autour du corps de l'infirmier.
Tasya n'hésite pas, elle se précipite auprès d'Ethan et tente de le tirer hors de portée de l'entité. Elle n'est pas stupide, si cette dernière s'échappe du corps de Michel, personne ici ne sera à l'abri. Et effectivement, assez rapidement, l'arcaniste observe avec effroi les bords du cercle tracé par Jacob, se consumer lentement. Cela ne suffira pas à enfermer l'entité.
Tasya ne perd pas une minute. Elle pose ses mains sur la blessure sanguinolente d'Ethan et à l'aide de ses pouvoirs, elle ralentit l'hémorragie. Son petit-ami est sérieusement touché, c'est une fracture ouverte. Elle se relève et chancèle légèrement, elle doit boire ou elle ne tiendra pas le coup. Tenter de ralentir l'entité l'a considérablement affaiblie. Elle court chercher sa trousse de secours. Il faut qu'elle agisse vite pour qu'Ethan puisse se déplacer. Tant qu'il est inconscient, il ne souffre pas, mais dès qu'il se réveillera, la douleur risque d'être insupportable. Elle sort une seringue de morphine qu'elle lui injecte.
Alors qu'elle finit de protéger sa blessure avec des bandages, des cris de souffrance retentissent un peu partout dans l'Oufo. La brune porte ses mains à ses oreilles pour tenter de ne plus les entendre, peine perdu évidemment. Qu'est-ce que c'était ? Jacob apporte rapidement une réponse, quelqu'un vient de briser la barrière de protection de l'Oufo. Un énorme fracas intervient alors du côté de la porte principale du bâtiment, à quelques mètres à peine de là où se trouvent Ethan et elle. Est-ce que ce sont les fameux secours dont a parlé Isalin ? Tasya l'espère. En doute, elle tire un banc jusqu'à eux et tente de les protéger comme elle le peut, Ethan et elle.
Spoiler:
Tasya prévient qu'il ne faut pas utiliser la magie contre l'entité. Elle soigne Ethan et tente de se mettre à l'abri avec lui derrière un banc. Elle croise les doigts très forts pour que le fracas à l'entrée, vienne des secours (ah ah ah)
Les ténèbres, pour une fois rassurantes et salvatrices, qui annihilent la frayeur et la souffrance. Rassuré, je me laisse porter par les veloutes d’onyx, oubliant, le temps de quelques secondes, l’horreur de la chose qui vient de m’agresser
Des coups de feu, beaucoup de détonation, trop même, secouent mon refuge. Mes paupières palpitent, luttent contre les abysses. Rester dans ce cocon ouaté où il fait bon de s’abandonner pour ne plus être cette carcasse malmenée et abîmée.
Puis vient la douleur, immense et terrible, qui focalise toute l’attention, ne permettant plus aucun autre sentiment, pensées ou avis. Il n’y a qu’elle, poursuivie de près par la peur résiduelle induite par la créature qui est à l’origine de tous mes maux actuels. Ma respiration est saccadée comme si elle pouvait endormir ou abaisser le degré de ce mal qui me vrille la conscience, sans toutefois parvenir au moindre résultat.
Derrière mes yeux clos, quelque chose change dans la vérité qui m’entoure. Des milliers de voix se mettent à scander des litanies que je ne comprends pas mais dont l’intonation est tellement effroyable qu’elles transportent des images apocalyptiques. Même dans mon inconscience, je perçois la brisure, sans comprendre ce quoi il s’agit. Ça ne dure pas, mais l’intensité était terrible.
Lentement, je reviens à moi. Le plafond n’est plus le même et c’est sacrément rapproché. Il me faut quelques secondes pour comprendre que ce que je vois est constitué de l’assise du banc, sous lequel mon corps a été trainé, ou est-ce le contraire ? Est-ce le banc qui est venu à nous ? La douleur est amoindrie et j’ai presque envie de rire sans aucune raison. Tasya à côté de moi, l’air inquiète. Elle est belle, même dans un moment tel que celui-là. Le cadavre de Michel gît un peu plus loin dans une flaque, j’espère qu’il va pas se relever encore une fois. Mon bras est emprisonné dans d’épais bandages, m’empêchant de le bouger. Je remue mes doigts mais ça fait mal alors j’arrête.
Il me manque quelques minutes de ce qui s’est passé. Deux nénettes manquent à l’appel, je me demande où elles sont parties, on aurait peut-être dû les suivre. La fliquette est là et Jacob discute avec Caleb. Y’avait aussi une miss qui papotait avec la fille black, mais elles sont hors de mon champ de vision.
Mon univers est un peu vaseux, mon horizon est « mou », le contour des objets semblent danser par moment et les sons sont étouffés. Je tourne mon visage vers Tasya et je lui souris bêtement.
- Qu’est-ce que tu m’as injecté ? Je me sens tout bizarre. Pourquoi on est sous un banc ? Il est mort ton collègue ? On peut partir ? J’aimerai bien rentrer… je suis fatigué.
J’avale ma salive, ma langue est en carton, mes lèvres sèches.
- Tu as à boire ? Qu’est-ce que j’ai loupé ? Y’a eu d’autres attaques ?
Spoiler:
Ethan reprend conscience et se pose plein de questions. Son esprit est embrouillé par la morphine que Tasya lui a injecté.
Caleb Caulfield
That kid you called a weirdo
ASHES YOU WERE
En un mot : Outre medium
Qui es-tu ? : 20 ans, artiste de rue, violoniste de talent, tourmenté par son don. Fait partie d'une bande de voleurs dont le chef est Iris. Enchaîne les petits boulots autant que les larcins.
Facultés : Medium capable d'être projeté dans le passé des lieux, en particulier quand il s'est produit des morts. Il est ainsi happé par leurs esprits, assistant à leurs derniers instants.
Difficile de ne pas céder à la panique, à l'envie instinctive de fuir ce chaos, sauf que fuir ne nous sauvera peut-être pas, pas avec ce truc qui peut prendre possession de gens... je rentre la tête dans les épaules quand les coup de feu se font entendre, criblant de balles le pauvre Michel. Mais cela ne suffira pas à l'arrêter n'est-ce pas ? Je laisse partir Naya et sa copine, me concentrant sur Jacob, qui semble tout connaître de ce lieu et manipuler la magie. Il ignore comment remettre ce génie maléfique en boîte, si je comprends bien... Et moi, j'ai vu un rituel, qui me fait fortement penser que ça a un lien avec le problème. Et on dirait bien qu'il n'y a pas que l'ennemi intérieur à gérer, mais aussi extérieur. Trop... Je ne sais plus quoi prioriser... Mais il ne semble pas penser que je divague alors qu'il semble s'intéresser à ce que je lui raconte... Voire même retrouver un semblant d'espoir alors qu'il a l'air très préoccupé. Les émeutiers vont-ils rentrer et tout fracasser ? Nous avec ? Sauf que ses premières paroles me font baisser encore davantage les épaules... L'espoir est soufflé par ses mots... Des heures ? Un réceptacle... On n'a clairement pas le temps...
Mais voilà qu'il me tend une craie, que je prends un peu maladroitement, alors qu'il me demande soudainement si j'ai vu les cercles du rituel. Je fouille dans ma mémoire, savoir si je saurais les retracer. Peut-être... Je sais pas... Je manque un peu de temps pour me concentrer. « Je pense oui.. » Je m'agenouille et essaie de reproduire au moins à la va vite ce que j'ai pu voir, sauf que je sens que le temps presse. J'essaie de rester calme et ne pas trembler, mais je me fige quand j'entends soudain des hurlements. Je me bouche les oreilles dans le vain espoir de ne plus les entendre, mais ils sont trop intenses. Je me tourne vers Jacob, qui semble souffrant, mais aussi incrédule. « Ils sont entrés ? » La panique s'entend dans ma voix. Ce qu'il confirme, en regardant les deux... flics ? Ouais un truc de ce goût là.
Je n'aime pas du tout l'expression de Jacob. Le gars a l'air d'être un roc inébranlable et... Ben là, il a l'air clairement affecté. Et le raffut se rapproche dangereusement. « Qu'est-ce que je fais ? » Je demande à Jacob, paniqué, est-ce que cela sert encore à quelque chose ? Le danger qui entre n'est-il pas pire ?
Là j'ai une envie, déguerpir. Ou me planquer derrière les deux personnes armées.
Spoiler:
Caleb essaie de se rappeler des cercles au sol et commence à dessiner, mais la brèche dans les défenses de l'oufo et les hurlements le font paniquer, alors qu'il demande si ça sert encore à quelque chose de dessiner quoique ce soit ? Il se dit que se cacher derrière Medea et Johnson est judicieux.
Medea Comucci
Sugar Mommy, la randonnée c'est ma vie (et mes collines ne demandent qu'à être explorées)
I will stop at Nothing
En un mot : Humaine. Profiler pour le FBI et consultante pour la NRD
Qui es-tu ? : A cinquante ans, je rassemble les bris de ma carrière explosée dix ans plus tot. Travailleuse acharnée, animée par un désir de vengeance qui me couple le souffle. Je ne m'arrêterais que lorsque ma Némésis sera morte ou sous les verrous. En parallèle, à la tête d'une cellule spéciale, je suis chargée d'incarcérer les CESS qui s'imaginent au dessus des Lois.
Facultés : J'attire les ennuis. Très facilement. Et souvent, je vais à leur rencontre.
L’odeur de la cordite, de la poudre, du métal chauffé à blanc. Medea a perdu le contrôle, elle ne l’admettra qu’à elle-même. La violence de l’attaque de l’Entité cachée dans le corps du défunt infirmier, elle n’y était pas préparée. Une erreur de jugement de sa part. D’observation. Les armes se taisent. A côté d’elle, David rengaine aussi son pistolet. Medea éjecte le chargeur vide et le remplace par un neuf. S’assure qu’elle a encore de la réserve. Elle s’écarte du passage de Jacob, lui permettant de tracer un cercle protecteur autour du Dévoreur d' me. Elle prend enfin le temps de regarder son téléphone, prenant connaissance du message de Lilas et des informations qu’il contient. L’absence des adolescentes de la salle principale ne l'émeut pas. La déclaration abracadabrante de l’une d’elle n’aura aucun crédit. Elle n’a pas le temps pour ces enfantillages.
Ce n’est pas le soulagement qui prédomine. Pas alors qu’elle assiste de ses propres yeux à la lente dégradation du tracé éphémère de l’Oungan. Elle fait un pas en arrière pour ne pas rester en proximité directe, soulagée de voir que l’infirmière s’occupe de son compagnon, commence à lui administrer les premiers soins. Il devrait survivre. Les paroles de Caleb à l’arcaniste semblent indiquer un moyen possible de contenir plus durablement l’Essence maléfique. -Est ce que vous savez pourquoi le Dévoreur d’Ame a choisi Michel comme hôte? Est ce que vous avez des hypothèses? -L'agent n’a pas oublié que l’Oungan commençait à peine à étudier le flacon, qu’il n’est pas responsable de son emprisonnement. -Selon la jeune femme qui vient de suivre Marie, l’Entité ne corrompt pas que les corps mais s’attaque aussi aux auras et aux ames. Elle doit les retenir prisonnière aussi en elle, vous avez entendu leurs lamentations. Marie a une idée pour débloquer la situation, elle va la mettre en place avec elle.
Un frisson d’horreur. Elle n’est pas prête à se débarrasser de ce son qui va hanter ses cauchemars. Elle profite d’avoir son téléphone pour tenter de joindre Parton ou Barrois. Ils ont un besoin immédiat de renforts. Medea se fige. Des hurlements de souffrances désincarnés qui résonnent des murs eux-mêmes. Qui imprègnent l’atmosphère d’une vague sonore d’agonie et de tourment. Des innocents souffrent le martyr, dévorés par des flammes immatérielles. Elle se porte au chevet de Jacob et l’aide à se relever. Il est visiblement éprouvé. A peine le temps de reprendre son souffle que les portes extérieures grincent et explosent sous une attaque féroce. Sa voix porte et tonne. -Repliez vous! Ce n'est pas la NRD ou la Police! Ne restez pas dans le Péristyle.
C’est une évidence. Aucun marqueur qui précède les véhicules d’interventions classiques. Pas de sirènes, pas de gyrophares dont les lumières en deux tons auraient illuminé la salle. Avec incrédulité, elle voit Tasya se jeter sous un banc avec le jeune homme blessé. C’est prendre un risque terrible. Leur temps de réaction sera bien trop long selon le comportement des intrus et leur objectif. Ils sont hostiles. Leurs méthodes ne lui inspirent aucune confiance.
Le jeune homme encore agenouillé a tenté de reproduire les dessins de mémoire, mais ce n’est plus l’urgence. Ils n’ont pas le temps. Elle l’agrippe par le coude et ne le relâche pas. Se tourne vers Jacob. L’abjure du regard. Le cercle protecteur est en train de griller, secondes par secondes. L'adrénaline calcine ses veines. L’Oufo a des défenses à l’étage, cette étrange histoire de fumigènes, plus la possibilité de fuir par le toit ou de désescalader d’une fenêtre si besoin. La cave est une issue connue, tout comme la pièce qui a subi une attaque au cocktail Molotov. Elle aurait aussi un avantage tactique en ayant de la hauteur. - David, et Philippe, montez au premier étage. -L’urgence est absolue dans le timbre de l'italienne. Sans ouvrir sa prise sur le bras du môme, elle attrape la main de Jacob de sa seconde. Une secousse sèche pour le ramener à l’instant présent. -Vous ne pouvez pas rester là non plus! Venez avec nous.
Les secondes sont comptées. Elle contourne le Potomitan et court droit devant elle, forçant l’asiatique à allonger ses foulées. Mais à la moindre résistance de sa part, elle le laissera libre de ses choix. Elle desserre l’étau de ses doigts, lui permettant de trouver son propre rythme. La porte qu’elle passe s’ouvre sur le large couloir et elle n’hésite pas une seconde, gravit les marches quatre à quatre jusqu’au premier palier. Se plaçant contre le mur hors de vue du bas espérant que Jacob et Johnson soient sur ses talons, de même que Philippe et l’autre adolescent.
Spoiler:
Avant la nouvelle apocalypse selon Saint Pierre, Medea demande des précisions sur le choix de l'hote du Devoreur d'Ame, transmet les info de Lilas à Jacob et qui écoute. Le cercle qui grésille l'inquiète mais pas autant que les défenses de l'Oufo qui petent.
Dès qu'elle prend conscience du danger, elle relève Caleb de force, secoue Jacob pour qu'il ne tente pas de jouer les Geronimo, s'enfuit en courant au premier étage, et elle espère que Caleb, Jacob, David et Philippe vont la rejoindre dans les secondes à suivre. Elle ne peut rien faire pour Tasya et Ethan qui ont choisi de s'allonger sous un banc
Lilas Hirsch
"THE BOOTY" : la plus belle paire de France et de Navarre.
☽ YOU LEFT ME IN THE DARK ☾
"She was poetry in a world that was still learning the alphabet."
En un mot : Wild thoughts
Qui es-tu ? : ☽ Outre. Pouvoir qu'elle ne peut nier, l'amenant sans cesse à visualiser le monde sous un prisme différent de celui du commun des mortels. Agression visuelle, physique, sonore, olfactive, constante, d'une magie qu'elle voit en tant qu'entité propre.
☽ Artiste. Pour exprimer ses visions, elle s'acharne à peindre, sculpter, dessiner, ce monde qui l'entoure et qu'elle ne peut expliquer oralement.
☽ Née en France, en Alsace précisément, enfant non-désirée, d'une relation adultère. Ce sont ses grands-parents qui l'élève et son grand-père qui la forme.
☽ Elle déménage aux USA dans le but de retrouver cette mère qui l'a abandonnée, pour apprendre qu'elle est décédée, préférant ne pas se battre contre un cancer qui finira par avoir raison d'elle.
☽ Elle atterrit à Los Angeles presque par hasard, en suivant son compagnon de l'époque. Elle y rencontrera Vinzent, qui changera sa vie.
☽ Un début d'apprentissage arcanique inachevé au côté de celui qui deviendra son ami, son amant, son amour. Un rituel magique lie leurs âmes peu de temps après le décès de Léonard, le mentor de Lilas.
☽ Elle se laissera malmener pendant des années par un homme néfaste avant de finalement tout quitter pour rejoindre la Louisiane dans l'espoir d'y retrouver sa demi-soeur et peut-être Vinzent.
☽ Elle passe 2 ans dans un camp regroupant des femmes CESS avant de rejoindre finalement Shreveport, où elle retrouvera sa demi-soeur, Hannah Miller, et l'autre moitié de son âme, Vinzent Henkermann.
☽ NO DAWN, NO DAY ☾
"your name i spoke many times
alone in the darkness in the night"
Facultés : ☽ Clairvoyance : Lilas a un niveau de sensibilité aux flux magiques qui lui permet de lire sous la surface des choses qui composent le réel. Cela se traduit par toutes sortes de stimuli cognitifs ou physiques. Son don est passif, elle vit avec un second filtre de vision constant.
☽ Psychométrie : En touchant un objet, qu’il soit magique ou non, Lilas peut en voir l’histoire, a qui il a appartenu, ce à quoi il a servi, tout ce qu’il s’est passé à son contact. La capacité n’est pas maîtrisée.
Thème : Cosmic Love - Florence + The Machine
I'm always in this twilight
"and prayed a thousand prayers
and my many dreams were of you"
Pseudo : Akhmaleone
Célébrité : Xian Mikol
Double compte : La Plante Verte, Le Hibou, La Catin et La Sorcière
Elle se sent partir, Lilas. L’esprit vaporeux, le corps lourd et léger à la fois, elle laisse les brumes de la plante s’emparer d’elle et la porter. Elle n’est pas étrangère aux effets des psychotropes et c’est sans réelle terreur qu’elle s’abandonne à l’oubli. Comme si ses sens s’éteignaient tous un par un pour mieux exacerber son odorat. La voix de Marie se fait lointaine, la lumière vacillante et seules les fragrances qui les entourent lui parviennent avec force.
Bois. Terre. Métal. Cire. Camphre. Marie.
Marie dont la silhouette se floute, dont les traits disparaissent pour ne plus laisser place qu’à la nuit étoilée d’un don qui fascine immédiatement l’Outre. Le Soleil et la Lune, mêlés sur fond de Ténèbres, morceau de firmament fait femme. L’image à ce quelque chose de beau qui n’appartient qu’aux arcanes et c’est avec contentement que Lilas accueille les paumes qui enlacent ses joues. Comme autant d’ancres la raccrochant à l’arcaniste, ses doigts s’apposent sur sa peau et empêchent Lilas de flotter librement. Cerf-Volant rattaché au sol par la prise souple d’une main qui Sait Mieux.
Les sonorités arabes s’élèvent en une psalmodie paisible qui la guide aussi bien que les phalanges qui encadrent ses traits. Le tracé s’éveille et l’égrégore pulse. L’ impression, étrangement rassurante, d’être au creux du ventre d’une bête immense, d’être enfermée dans la carcasse démentiellement grande d’une créature paisible dont la force de vie viendrait de la Terre et de l’Univers. Un animal façonné des mains, des vœux et des efforts d’une race entière qui s’attelle à la même tâche depuis des éons. Simple engrenage dans une machine bien huilée qui existait avant elle et existera encore longtemps après. Il y a quelque chose d’éminemment rassurant dans l’idée de n’être qu’un petit morceau d’un tout bien plus vaste. Tu n’es pas seule, ma petite fleur. Je sais que c’est dur, que c’est parfois trop pour toi, mais tu n’es pas seule.
Marie s’embrase au même rythme que les tracés au sol et chaque son s’échappant de sa bouche la lie à l’Outre avec plus de force. Elle n’a que très rarement connu une telle proximité avec l’essence d’un Autre. Ce qui devrait être gênant, dérangeant dans son intimité totale, ne la perturbe pas plus que ça, celle qui à l’habitude de lire les secrets au creux des essences. Bientôt, le sol n’est plus, les murs disparaissent, les sons, les odeurs aussi. Ne reste plus que Marie, nuage de nuit qui ancre l’Outre à ce qu’elles sont censées effectuer toutes les deux. Le corps, cette enveloppe de chair familière, reste en arrière trop lourd et pataud pour la suite et Lilas n’y jette pas un regard. Elle n’a pas le temps pour ça.
L’espace d’une seconde l’impression de monter, monter, monter, sans rien pour l’arrêter, sans rien pour la retenir. La corde tranchée, le Cerf-Volant se fait happer par une bourrasque et la panique s’empare d’elle avant que le fil se tende à nouveau. Marie la tient. Marie est là. Ce qui s’apparenterait à une expiration tremblante de reconnaissance échappe à l’essence mauve qui lance ses filaments au creux du noir pour mieux s’y amarrer. Ne me laisse pas. Le parme se niche dans le noir, s’y cache et s’y sent, étrangement, en sécurité.
Dans tout ce noir, elle découvre les filaments lumineux des deux astres, la chaleur du Soleil et la fraicheur de la Lune, le carmin du père et le noir, total, si profond qu’il semble aspirer la lumière autour de lui, de la mère. Et soudain, le regard de l’Outre accroche quelque chose.
Oh. Bien sûr. Elle aurait pu en rire, si la situation n’avait pas été ce qu’elle était. Là, au cœur, de l’essence de Marie, niché dans les différentes teintes de noir, d’or, d’argent et de carmin, se cache un morceau d’onyx si noir, si profond, qu’elle n’en a jamais vu qu’un autre éclat dans son existence. C’est sombre, ça devrait être immonde, terrifiant et repoussant. C’est si profondément étranger qu’elle devrait en avoir peur, mais comme la fois précédente, elle est fascinée, l’Outre. Fascinée par ce morceau de magie pure, de puissance en sommeil. Il y a toujours eu quelque chose de profondément intriguant dans l’anormalité. Et une voix, comme un soupir, qui chuchote un prénom inutilisé, mais profondément chérit. Ranni.
Ce qu’il y a autour d’elles ne fait sens pour personne, pas même pour l’Outre pourtant habitué à voir plus. Jamais son don, même poussé à son maximum ne lui a permis une telle plongée dans ce plan sur lequel il prend pourtant pied au quotidien. Toujours à cheval entre les deux, elle penche toujours plus vers le côté Terrestre que vers l’Autre. Aujourd’hui, c’est à pieds joints qu’elle se jette dedans. La kaléidoscope est étourdissant et si son corps avait encore eu du sens, elle aurait cillé de façon répétée pour essayer d’en tirer quelque chose. Marie est belle ici. Encore davantage que sur le plan terrestre. La magie, pure et brute qui les entoure, vient lécher sa silhouette, comme le cour d’une rivière s’ouvrirait pour contourner une pierre avant de retrouver, imperturbable, son chemin. Elles ne sont rien. Rien d’autre qu’un galet au fond d’un torrent de montagne qui n’a cure d’elles.
Les Nœuds qui avaient par le passé, attiré son don, se font désormais clairement visible et c’est avec curiosité que Lilas observe les loups hurler à la Lune, la puissance animale et brute de quelque chose d’ancestral, d’une puissance qui se nourrit de la forêt autant que la forêt s’en nourrit. Daphné. Celui niché sous la terre en ville, celui sous le lac et l’horreur de celui qui tache ce qu’elle sait être le Mall. Eoghan est mort.Tu veux voir ? Tu veux voir, c’que ça fait… ?
Et soudain, la voix de Marie qui efface celles des garçons, qui repousse les souvenirs douloureux. Rappelée à l’ordre, Lilas observe avec plus d’acuité, aucune de ses puissances ne renferme la souffrance de l’Oufo, elle provient d’ailleurs. Au cœur du courant, Marie comme seul soutien, Lilas cherche. Elle s’étourdit dans le courant, hésite à se jeter pour en découvrir plus, pour savoir. La puissance de ce qui les entoure est si vaste, si profonde qu’il serait simple de s’y perdre pour de bon. Elle pourrait devenir aigrette de pissenlit perdu dans les méandres de ce qui nourrit chaque être gracié par la Magie. La tentation est forte, si forte qu’elle tend, métaphoriquement, la main vers elle, mais se reprend à la dernière seconde. Sans Marie, elle s’y perdrait réellement, plus personne, plus rien pour la guider. Il y a encore des choses qui l'attendent une fois sortie d’ici. Eoghan, Anaïs, Andrée. Elle reprend sa quête avec application. Pour eux. Pour elle.
La réponse lui apparaît aussi simplement qu’un mot sur la page d’un roman. Sous leurs pieds, béante et pulsante de la même souffrance mélancolique qui suinte de l’égrégore, la plaie est là. Comme un barrage qui entraverait le courant de puissance, elle le voit aussi nettement que le nez au milieu de la figure. C’est d’une simplicité déconcertante pour celle qui voit tout, mais elle comprend comment Marie à pu y rester aveugle. Elle tend un filament mauve dans la direction du barrage. Il lui semble si incongru que le courant de magie pure soit entravé. Un outrage à la Nature. « C’est là… Regarde.» souffle-t-elle d’une voix qui les englobe toutes les deux et ricoche sur le noir et le mauve. « Qu’est-ce qu’il faut faire ? C’est comme… Comme un barrage.»
1284 fuck it j'suis une thug mais la magiiiiie:
Lilas se laisse emporter par Marie et le rituel. Elle reconnait dans l'essence de Marie la présence de quelque chose qu'elle a déjà vu par le passé, une seule fois. Elle découvre avec un intérêt certain le réseau autoroutier magique et s'intéresse aux différents nœuds de puissance, puis commence à penser à ses dudes quand Marie la rappelle à l'ordre. Elle spot rapidement la source du problème et l'indique à Marie parce que oui... Elle est sage comme ça, Lilas. Même si ça pue la merde.
Le mauvais oeil
Forgive me, Father, for I am sin
SHUFFLE THE CARDS
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En un mot : An eye for an eye leaves the whole world blind
Deux minutes avant l’assaut. L’attention de Jacob saute de Caleb à Medea, tâchant d’interrompre l’avalanche de questions qui l’assaillent subitement. L’Oungan a fort à faire ce soir, avouons-le, entre cette entité maléfique en liberté, les émeutiers qui ont tenté de vandaliser son temple, et sa fille, Marie, qui n’en fait manifestement qu’à sa tête. Il soupire, et tente vaille que vaille de procéder avec calme et raison, en dépit des préoccupations qui l’accablent.
« Je ne sais pas. Peut-être était-il plus perméable… L’état mental joue énormément lors d’une possession, et peut-être était-il malade, affaibli, addict, etc. Et puis, nous sommes aussi dans un cas de figure exceptionnel, donc c’est impossible de savoir exactement ce qu’il s’est passé. »
En jetant un coup d’œil vers le banc où étaient auparavant assises Marie et Lilas, l’expression de l’Oungan se chiffonne, et celui-ci hausse les épaules, l’air dubitatif lorsque Medea évoque une solution.
« Écoutez, ma fille est une tête de mule et a ses défauts, mais elle n’est absolument pas au courant de cette chose, » affirme-t-il avec un brin d’irritation, quoique teinté d’affection. « Je ne sais pas ce qu’elle a proposé, mais je doute qu’elle ait une solution miracle. Pour l’instant, nous devons contenir et... »
Jacob s’interrompt. À cet instant, c’est sa barrière qui explose sous la puissance de la lance, le faisant tituber sur place et porter sa main au niveau de son plexus solaire. L’arcaniste semble brutalement affecté alors que résonnent partout les hurlements d’agonie des esprits gardiens de l’Oufo, immolés par les Purificateurs.
Hébété, Jacob prend appui sur Medea pour se relever, pendant que Johnson aide Philippe, le soixantenaire aidant à la maintenance, à s’enfuir du péristyle. L’attention de l’Oungan s’attarde une seconde sur son cercle de sel et de cumin en train de se consumer, avant que la poigne de Medea ne le ramène à la réalité.
« Aucun humain n’aurait pu forcer l’entrée, » te lance-t-il Medea, en serrant ta main à son tour. « Ce ne sont pas les vandales de tout à l’heure. » Puis, il lance un regard vers Caleb. « Laissez tomber, il faut partir. »
Tant bien que mal, Jacob emboîte le pas à Medea, Johnson, Philippe, et Caleb, abandonnant derrière lui le cercle renfermant l’entité cannibale, tout comme Tasya et Ethan qui sont désormais seuls dans la pièce.
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Les Purificateurs sont là. Franchissant les battants désormais béants de l’Oufo, l’escadron de Pierre se faufile à l’intérieur du vestibule dans un silence quasi complet. Parmi les bancs et les chaises que Aodh venait de bousculer, les binômes de combattants se coulent au sein des murs, dans l’obscurité de l’entrée principale, où les lattes des volets clos ne laissaient filtrer que les éclats intermittents des carcasses de voitures brûlées. Là, les hommes du pasteur s’avancent prudemment de part et d’autre du vestibule, les uns stoppant à intervalles réguliers pour couvrir leurs camarades, les canons de leurs armes pointées en direction des trois portes qui menaient au reste de l’Oufo. C’est avec la même fluidité, la même coordination militaire, que les Purificateurs se séparent en trois commandos, comptant eux-mêmes trois membres chacun, en se positionnant à chaque extrémité du hall.
Trois d’un côté. Trois de l’autre. L’un reste avec Aodh, adossé au mur à côté de lui, l’arme au clair, surveillant les doubles battants de bois encore fermés, qui les séparaient toujours du péristyle d’où filtraient des éclats de voix. Pierre, lui, contre toute attente, s’attarde à l’entrée. Tu le discernes, Aodh, dans cette pénombre, où le pasteur a récupéré la mallette noire contenant l’étonnante lance dont il s’est servi auparavant pour forcer l’entrée du temple vaudou. Manifestement, Pierre compte s’en resservir, car le voilà accroupi, déverrouillant le conteneur blindé pour en extirper avec délicatesse l’antique fer de lance. Avec une révérence manifeste, il l’empoigne à la manière d’un couteau, puis s’approche d’un des murs jouxtant l’entrée principale ouverte.
Est-ce alors la lance ou bien Pierre qui dicte cet acte ? Rien n’est moins sûr, quand la pointe du pilum heurte le plâtre peint du mur, aussi violemment que deux aimants opposés s’attirent, et flamboie de ce même éclat insoutenable, d’un blanc clinique, à l’endroit où le tranchant mord la matière friable. Telle une scie coupant le métal, des étincelles de lumière blanche crépitent à la pointe de l’arme, quand Pierre commence à tracer des caractères romains à même la surface du mur, utilisant la relique comme un stylet. Dans l’obscurité des murs, de véritables fissures lumineuses se répandent autour de chaque lettre incrustée dans le mortier, à la manière d’un réseau de veines pleines d’un feu étincelant, qui creusent la maçonnerie de ce lieu maudit.
Obsignare. Une trentaine de secondes sont nécessaires à Pierre pour achever ce mot, dont le tracé exhale une violente lumière immaculée à l’intensité croissante, jusqu’à devenir insoutenable à son paroxysme. L’instant d’après, toute cette brutale clarté se résorbe d’un seul coup, comme un appel d’air qui s’infiltre au cœur de la paroi, en créant d’innombrables capillaires lumineux qui se diffusent dans les murs comme une onde de choc. Les réseaux de veines lumineuses parcourent à toute vitesse l’architecture et durant une fraction de seconde, tu vois, Aodh, comme un courant électrique pulser à l’intérieur des murs, en formant brièvement une sorte de barrière d’un blanc éclatant, immatérielle, entre les portes ouvertes. Puis le phénomène se dissipe, même si le mot latin tracé sur le mur subsiste, ses lettres luisant d’une puissance menaçante et toujours à l’œuvre.
L’Oufo est scellé de nouveau. Non par Jacob cette fois, mais par Pierre, qui range et attache avec précaution l’antique pilum, puis verrouille la mallette blindée, alors que les autres Purificateurs surveillent les alentours. Tous se tiennent à l’affût. Une tension palpable habite l’espace encombré et confiné du vestibule, tandis que le pasteur te rejoint, Aodh, sans commenter le mot latin qui mutile désormais le plâtre peint à quelques pas de là. Le leader s’accroupit en face de toi, de l’autre côté des doubles battants fermant toujours le péristyle, et marque un temps d’arrêt comme lors d’une communication. Rapidement, Pierre jette un regard circulaire autour de lui, sur son escouade divisée en trois divisions postées à chacune des issues du vestibule.
Puis, Pierre hoche la tête vers l’homme à côté de toi, Aodh. « Grenade, » t’informe le pasteur, tandis que le Purificateur décroche de sa ceinture ce qui ressemble à un flashbang, similaire aux M84.
Pendant que son homme se prépare, Pierre ouvre l’une des poches de sa veste de protection, et en sort des bouchons d’oreille, qu’il te lance l’un après l’autre. Ainsi, dès le moment où tu es prêt à entrebâiller l’entrée du péristyle Aodh, l’autre Purificateur dégoupille et propulse la grenade à l’intérieur, produisant un vacarme assourdissant doublé d’un éclair de lumière aveuglant. Aussitôt Pierre donne l’assaut. D’un coup d’épaule, il enfonce l’autre battant de l’entrée et, en formation serrée avec toi Aodh, et l’autre Purificateur, prend pied à l’intérieur du péristyle, les fusils prêts à cracher la mort. Le sanctuaire s’avère relativement vide à l’exception d’Ethan et de Tasya, cachés derrière un banc, sur lesquels les Purificateurs braquent aussitôt leurs armes.
« Sorcière en visuel, » lâche-t-il vers Aodh, avant de s’écrier. « À TERRE ! MONTREZ-NOUS VOS MAINS ! »
En parallèle, les deux groupes de trois Purificateurs investissent les pièces encerclant le péristyle, de façon à empêcher toute tentative de fuite ou de secours de ces côtés-là. Déjà ils ont traversé les couloirs jouxtant le péristyle avec rapidité, stoppant juste à côté des portes auxiliaires en attendant le signal de Pierre. Toutefois au même moment et à l’insu de tous, un phénomène est à l’œuvre au sein du péristyle, où l’effet de souffle du flashbang a éparpillé le cercle très sommaire dans lequel Jacob avait emprisonné l’entité. Invisible, celle-ci s’est empressée de s’évader de sa prison, flairant avec appétit les traces des arcanes blanches qui flottent encore dans l’atmosphère du péristyle, et qui l’avaient si bien nourrie quelques instants auparavant.
Tasya, tu perçois soudainement, aussitôt après l’explosion de la grenade, une sensation de froideur caresser ta nuque, comme l’haleine glaciale d’une créature humant ta peau et la racine de tes cheveux. Elle te dévale l’échine, pénétrant profondément sous ton épiderme, une lame de froid qui fouille tes entrailles, tandis que ton esprit subit exactement la même terrifiante intrusion. Tu te rends lentement compte que quelque chose de mauvais, une monstruosité désincarnée, commence à se frayer un chemin dans ta cervelle, contaminant tes pensées avec des pulsions affamées, meurtrières, d’une brutalité bestiale inouïe. Déjà, les lamentations des âmes résonnent en toi, et tu comprends que tu vas devoir lutter corps et âme pour les repousser.
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Au moment où Pierre et son escouade pénètrent à l’intérieur du péristyle, les hommes d’Abigail enfoncent de manière coordonnée la porte de la remise, à l’arrière de l’Oufo. Vérifiant rapidement l’espace qui s’avère vide d’ennemis, la formation serrée des quatre Purificateurs menés par la lieutenant foncent aussitôt vers la porte, derrière laquelle s’échappent des éclats de voix et des bruits de pas. À l’instant où Philippe, Johnson, Jacob et Caleb grimpent l’escalier à la suite de Medea, les combattants entrouvrent la porte donnant sur le couloir principal. L’un des Purificateurs en tête marque un temps d’arrêt, en pointant son fusil vers Jacob.
« Sabba en visuel, » annonce immédiatement l’homme armé via son oreillette, avant que l’ordre déterminé d’Abigail ne résonne en réponse.
Pas de sommation. Le Purificateur lâche une rafale de fusil d’assaut vers l’escalier, faisant voler des copeaux de bois dans tous les sens, en visant en priorité Jacob. Toutefois, avec des cibles en mouvement et une telle proximité, Johnson, Philippe et Caleb, alors en pleine course, se trouvent également dans le champ de tirs.
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Au moment où les autres Purificateurs enfoncent les entrées de l’Oufo, les quatre qui s’échinaient à forcer la trappe du sous-sol assistent à un miracle : les deux battants sont ouverts de l’intérieur. Aussitôt, les soldats de Dieu reculent précipitamment, en position de combat, leurs fusils braqués vers les ténèbres du sous-sol. Apercevant alors les têtes amochées d’Isalin et Naya, ils se crispent, sans toutefois ouvrir immédiatement le feu, en voyant la menace dérisoire que représente deux adolescentes dépenaillées en pleurs.
« À TERRE ! MONTREZ-NOUS VOS MAINS ET DÉCLINEZ VOS IDENTITÉS ! » hurle l’un d’entre eux en avançant sur les premières marches de la trappe, vous forçant à reculer à l’intérieur, Isalin et Naya.
Derrière lui, ses camarades rentrent à la suite, leurs armes braquées sur vous, prêts à pallier à toute surprise ou sorcellerie, au moment où la barrière de Pierre électrise brièvement les murs de l’Oufo. Toutefois, aucun des membres de l’escadron qui entrent dans le sous-sol ne semble affecté par cette membrane qui clos ainsi la sortie dans leurs dos. Isalin et Naya, vous notez sans peine que l’escouade du SWAT est particulièrement méfiante : il serait judicieux de montrer patte blanche envers les héros qui sont venus vous secourir.
Isalin, à la vue des membres du SWAT, le tchat de ton live s’emballe. Les commentaires défilent à un rythme très rapide et, au milieu de ceux-ci, d3mon_g3rl commente à son tour : "t’es sauvée bb, trop soulagée !! "
Résumé:
- Jacob répond à Medea et Caleb avant que les Purificateurs ne défoncent l'entrée principale (je suis revenu un peu en arrière dans l'action). Il affirme qu'il ne sait pas exactement pourquoi Michel a été choisi, puis informe Medea que les assaillants ne sont pas des humains.
- L'entité s'en prend à Tasya, puisque c'est une arcaniste et qu'elle l'a gentiment nourrie avec sa magie précédemment.
- Pierre et son groupe prennent le contrôle du vestibule. Ils se divisent entre 3 groupes : Pierre + Aodh + 1 Purificateur, 3 Purificateurs, 3 Purificateurs.
- Pierre utilise la lance de Saint-Georges pour tracer un sceau en latin sur le mur de l'Oufo. Celle-ci créée une sorte de bulle de magie purificatrice partout sur la structure de l'Oufo (effets ci-après).
- Le Purificateur qui seconde Pierre balance une grenade de type flashbang à l'intérieur du péristyle (effets ci-après).
- Pierre donne l'assaut dans le péristyle. Il informe tout haut à Aodh que Tasya est une sorcière, et lance une seule sommation à Ethan et Tasya.
- En parallèle, Abigail et ses hommes (4 au total) défoncent la porte de la remise et interceptent le groupe composé de Medea, Jacob, Caleb, Johnson et Philippe. Un des Purificateurs arrose l'escalier au fusil d'assaut.
- Également en même temps, les autres Purificateurs pénètrent par la trappe que Isalin et Naya leur ont gentiment ouverts et les mettent en joue. Vu qu'elles ne sont pas menaçantes, ils ne tirent pas.
Informations importantes
- Pierre, Aodh et 1 Purificateur mettent en joue Tasya et Ethan. Deux autres groupes de trois Purificateurs s'apprêtent aussi à rentrer dans le péristyle, qui est encerclé.
- Abigail + trois Purificateurs font feu sur les escaliers et la troupe accompagnant Medea.
- Quatre Purificateurs mettent en joue Isalin et Naya.
- Pour vous documenter sur les effets précis du flashbang, vous pouvez vous appuyer sur la grenade M84 ⇗.
- Une sorte de champ de force scelle l'Oufo, généré par la lance de Saint-Georges. Certains effets seront à découvrir, mais considérez déjà que toute utilisation de magie non-purificatrice a un coût deux fois plus élevé, car le champ de force sape les forces des éveillés.
Je sens mon cœur qui s’arrête alors que, dès qu’on a enlevé la barre qui bloquait la trappe, la porte s’ouvre. Des types armés jusqu’aux dents nous braquent et je me dis que ce serait quand même sacrément moche que les choses s’arrêtent comme ça. J’ai jamais été trop portée sur les histoires de karma, de destin ou de je sais pas trop quoi dans le même genre, mais je me demande quand même vaguement, l’espace d’un instant, si c’est bien là notre destin donc.
Je bats des cils à leurs paroles, me sentant un peu … groggy ? Ouais, un truc du genre. En tout cas, ils tirent pas, c’est déjà un bon début non ? Je suppose. Et je déglutis, tournant la tête vers Isa alors que je recule doucement, l’entrainant avec moi sans même essayer de discuter. « Montre tes mains, vas-y ! » C’est normal non ? J’veux dire, ils doivent voir si on est une menace ou pas. J’ai quand même les jambes qui tremblent et les larmes continuent de rouler sur mes joues, s’entremêlant au sang qui macule la moitié de mon visage et m’empêche de bien y voir. « On… on est pas armées ! On veut juste sortir de là. Aidez-nous… on veut juste sortir de cet enfer… » Un sanglot que j’étouffe tant bien que mal, alors que je montre les paumes de mes mains, les mettant bien en évidence. « Naya ! J’m’appelle Naya Cahann ! » C’est moi où le téléphone qu’Isa a piqué à Caleb est en train de sonner dans tous les sens ?
Je sursaute une nouvelle fois quand j’entends les coups de feu. J’ai l’impression que ça tire de partout. Derrière nous. Au-dessus. Au-dehors. Ca se répercute contre les murs, ça résonne dans ma tête et ma vue se brouille encore plus, alors que je reste collée à Isa. Hors de question de la lâcher ou de la perdre de vue. Et j’essaie de pas trop penser à ce qui pourrait arriver à Caleb, alors que je retiens mon souffle, fixant le SWAT qui est vraiment venu nous sauver. J’suis pas sûre de m’être sentie aussi reconnaissante envers quelqu’un là, de suite en fait.
Spoiler:
Naya continue de pleurer, elle est totalement larguée et elle est surtout reconnaissante envers le SWAT qui vient les sauver avec Isa.
Tasya entend les portes de l'Oufo s'ouvrir. Elle n'a pas le temps de voir qui arrive qu'une grenade explose juste à côté d'elle. Le bruit est telle qu'elle en perd momentanément l’ouïe. Ses oreilles bourdonnent désagréablement. Le flash de lumière l'aveugle. La mexicaine perd tous ses repères. Elle ne voit rien, elle n'entend rien. L'arcaniste est confuse.
C'est impossible de discerner quoique ce soit, alors elle se raccroche à Ethan et agrippe ses vêtements. Qui est arrivé ? Des secours ? Elle n'a plus que cet espoir même si l'attaque à la grenade laisse présager le pire. « Il est blessé, aidez-le ! » parvient-elle seulement à crier. Quelqu'un peut-il l'entendre ? Et si ce sont les émeutiers qui sont entrés ? elle est une arcaniste, alors elle sera condamnée, mais Ethan, lui, est un humain, ils doivent pouvoir le sauver. « Je vous en supplie, ne le laissez pas... » Ses doigts se raccrochent à la chemise de son petit-ami qu'elle ne discerne plus. Sans ses sens, l'arcaniste est complètement déstabilisée, confuse. Elle n'a plus conscience de ce qui se joue autour d'elle.
Et soudain, elle lâche Ethan pour plaquer ses deux mains contre sa tempe. Sur sa peau, puis en elle, Tasya sent le mal tenter de la submerger et la posséder. C'est une sensation de froideur qui l'envahit peu à peu. Un gémissement franchit ses lèvres tandis qu'elle comprend que l'entité veut prendre possession de son corps comme elle l'a fait avec Michel. Il ne faut pas. Elle ne veut pas perdre le contrôle de son corps et attaquer les autres car c'est ce qu'il se produira inévitablement si le mal s'empare d'elle et la contrôle.
Tasya lutte, de toutes ses forces, tente de se raccrocher à des souvenirs heureux pour ne pas céder la place au mal. C'est peine perdu, du plus profond de ses entrailles, un déferlement de violence s'abat sur elle. Une multitude d'émotions négatives, de sensations désagréables, de douleurs l'assaillent et la submergent. Et soudain, l'arcaniste ne contrôle plus rien. Son corps ne lui répond plus. Elle se sent agir contre sa volonté et avec horreur, s'en prendre à la personne la plus proche d'elle : Ethan.
Mes questions ne trouvent pas de réponse. Le silence encombre l’immense salle, celui qui précède les cataclysmes. Je ferme les yeux, je suis si fatigué. Quelle soirée de merde alors que je venais juste chercher Tasya. Le produit qu’elle m’a injecté amoindrit la douleur, mais elle est toujours là. Je n’ose même pas me redresser de peur de la réveiller totalement.
Un mouvement furtif attire mon attention avant que tout devienne blanc. La confusion est totale. Je suis sourd, je suis aveugle. Suis-je retombé dans l’inconscience ? Tous mes gestes sont ralentis, je ne sais plus où est le bas, ni le haut. Un fort larsen crépite au fond de ma tête. J’ai vaguement conscience qu’il y a du mouvement sans toutefois voir ou entendre quoi que ce soit. C’est le chaos total dans mon esprit, je suis perdu dans un univers laiteux, comme ces jours lointains où le brouillard de novembre englobe les paysages.
Au loin, il me semble percevoir un cri suivi d'un ordre. Instinctivement, je tourne mon visage hébété vers les injonctions et éloigne ma main valide de mon corps. Les forces spéciales aiment voir les mains loin d'une potentielle arme. D'ailleurs, qu'est-il advenu du couteau que j'ai pris dans la cuisine ?
Vaguement, et perdu dans les méandres des sifflements qui hantent ma conscience, j’entends la voix de Tasya. Les mots restent indistincts mais la tonalité me fait penser à une supplique. Je sens sa main sur moi, réconfortante, me rassurant sur son état. Mais cela ne dure pas, elle s’éclipse, je la perds, je suis à nouveau seul dans cet univers chaotique. Ma vision reste incertaine, je commence à percevoir des formes qui se meuvent près de l’entrée. L’ouïe capte des sons, parfois un mot mais tout reste tellement confus.
- Ne tirez pas, NE TIREZ PAS !
Je sais que j’ai parlé, crié même, mais je perçois à peine mon timbre de voix qui résonne dans ma tête. La bienveillance des gestes de Tasya n’est plus, remplacée par quelque chose de bien plus persécuteur me rappelant vaguement la volonté précédente de Michel. S’est-il relevé, encore ?
Je me débats, autant que je peux, ne voulant revivre ce cauchemar. Je hurle de douleur, de peur et de rage. J’utilise mes jambes, donnant des coups à l’aveugle, heurtant le banc et tout ce qui se trouve à ma portée. Mes pieds rencontrent le mur sur lequel je prends appui pour m’extraire de ma « cachette ». En me tortillant, et au prix d’un effort empli de souffrance, je parviens à couvrir quelques mètres sur le dos, me rapprochant des silhouettes qui se sont introduites dans le péristyle. C’est là, notre seul salut pour enfin pouvoir sortir du bâtiment. A tâtons, je cherche la main de Tasya, mais ne rencontre que le vide.
La vision reste floue mais l’intensité du blanc s’efface progressivement. Les sons deviennent plus clairs. Couché sur le dos, poussant sur mes pieds, je glisse sur le sol, grapillant quelques maigres centimètres. Puis, je lève ma main valide vers la forme humanoïde la plus proche de moi.
Plaqué contre le mur, en face du soldat, j’attendis patiemment que Pierre nous rejoigne pour lancer les hostilités au sein du péristyle. Mais l’homme de foi avait autre chose en tête. Je l’observai du coin de l’œil se baisser à nouveau vers sa mallette, s’emparant avec déférence de la relique qu’elle contenait. Même si je lui faisais confiance, je ne pus m’empêcher de me crisper à le voir tracer sur le mur de pierre ce qui avait tout l’air d’être un rite de protection. A mes yeux, la magie avait toujours été l’apanage des créatures du mal. J’avais encore des difficultés à me faire à l’idée qu’elle pouvait également aider à les combattre. Qu’entre de bonnes mains, elle pouvait faire ce qui était juste.
Le Loup s’agita sous la surface à l’explosion lumineuse provoquée par la lance, mais se rendormit vite profondément. Pierre avait fini, entraînant une variation dans l’air qui n’avait pas réussi à l’alerter suffisamment. Mon regard s’attarda une seconde sur le phénomène provoqué par la magie éclatante, parcourant chaque mur pour en sceller l’accès en sens contraire. J’étais parfaitement concentré, restant dans l’expectative. Je renouais délicieusement avec le plaisir de la chasse, savourant ces quelques secondes qui nous séparaient d’une résolution sanglante, quand le couperet de la Justice s’abattrait sur nos ennemis. Car personne n’en réchapperait, désormais.
Je savais ce qu’il me restait à faire quand l’homme face à moi prit une grenade en main. Je repoussai le battant du péristyle, juste assez pour lui permettre de la lancer à l’intérieur, en nous épargnant ses effets néfastes. Juste après le vacarme provoqué par son explosion, j’ouvris en grand le battant cette fois-ci, mes mains solidement refermées ensuite sur mon fusil d’assaut. Mais nous avions pris trop de temps dans nos préparatifs, car les vaudous avaient déjà décampé, certainement au moment même où leurs protections avaient été brisées. Il ne restait plus que les blessés et… « Tasya ? » J’écarquillai les yeux sans comprendre, quand Pierre la désigna comme étant une sorcière. « Impossible… » Soufflai-je, d’une voix blanche, sous le choc. Mais que faisait-elle ici, au juste ? Était-elle avec eux ? Est-ce qu’elle aurait vraiment pu me mentir sur sa nature réelle, toutes ces années durant ? Qui devais-je croire exactement ? Tout se bousculait dans mon esprit.
Puis je vis cet homme, criblé de balles, au sein d’un cercle de sel. Définitivement mort. L’autre, encore en vie mais sévèrement blessé, se débattait avec Tasya.
Le canon de mon fusil était pointé sur lui quand il rampa dans notre direction, pour nous supplier de lui venir en aide. Je reconnus ces traits à cet instant précis, et ne sus plus vraiment si je devais l’aider ou l’achever. Pierre leur hurlait de rester à terre. « Quelque chose ne va pas. » Lui soufflai-je, sans encore bien comprendre. « Bon sang, ça sent le rituel crade à plein nez. » Qu’est-ce qu’ils avaient fait de Tasya ? Son regard était vide, absent. « Elle est pas maître d’elle-même. Je la connais. » Mon pouls s’accéléra soudainement. Le Loup se débattit pour briser ses chaînes, devant l’urgence de la situation. Dieu, elle me rappelait le regard que mon père m’avait lancé avant de tenter de me tuer. Je nageai en plein cauchemar.
Les poils de la Bête se hérissèrent, face à une présence néfaste qu’elle identifia sous la surface. Ce n’était plus vraiment Tasya. Mais est-ce que je pouvais réellement ouvrir le feu sur elle, sans autre forme de procès ? C’était une sorcière, peut-être même une vaudou. Non, impossible. Elle n’aurait jamais fait du mal à qui que ce soit… Tasya sauvait des vies. Je ne pouvais pas la condamner juste pour sa magie, alors que Pierre s’était déjà révélé si bon avec moi. Tasya m’avait sauvé la vie, ainsi qu’à mon frère putain. Je lui devais bien ça.
Je tirai, mais pas pour tuer. Je visai rotules et épaules avec une précision chirurgicale, en dépassant l’homme à terre pour me concentrer avant tout sur elle. Je sentais que mon contrôle sur la Bête était de plus en plus fébrile, mais ça ne m’empêcha pas d’avaler la distance qui me séparait d’elle pour achever mon œuvre dans un corps-à-corps musclé. Je devais l’empêcher de se faire du mal, ou d’en faire à d’autres. J’avais la force brute avec moi. Je compterais sur Pierre pour faire ce qu’il faudrait, en espérant qu’il ait une solution pour la libérer de leur emprise. Je refusais de voir une autre personne succomber entre les mains des vaudous.
Spoiler:
Aodh débarque et reconnaît Tasya tout autant qu’Ethan. Il analyse la situation en quelques secondes et, en voyant le cadavre de Michel dans un cercle de sel, soupçonne un rituel vaudou pour prendre le contrôle de Tasya. Il tente d’arrêter aussitôt celle-ci, avec des tirs non létaux dans les rotules et les épaules, avant de la maintenir au sol, ignorant Ethan qui ne représente pas une menace immédiate à ses yeux.
Dès la trappe ouverte par leurs soins, Isalín a reculé sous le coup des ordres du SWAT. Ils ont l’air tendus et méfiants mais… qui ne le serait pas en allant à l’encontre d’un sanctuaire de sociopathes mystiques ?! La jeune femme est par ailleurs trop bouleversée pour réaliser que les uniformes que porte l’escouade ne ressemble pas à ceux d’une bridage de police. Naya obtempère à ses côtés et franchement, l'Islandaise n’a pas l’intention de faire autrement. Mains en l’air, bien en évidence, elle prend en plus soin de garder la caméra dirigées sur leurs sauveurs ! Les héros méritent bien un peu d’antenne, hein ?! Et ça peut dissuader une bavure policière. Du coin de l’œil, elle peut voir que les commentaires s’emballent.
- Isalín Lo-Lokisdóttir, bégaie-t-elle – son visage lui fait tellement mal.
Elle fléchit les jambes, pose les genoux au sol, sans aucun geste brusque. Le sang continue de ruisseler sur sa peau blafard et dégringole son cou à toute vitesse. Elle se sent poisseuse et épuisée, sa vue se trouble à chacun de ses battements de cœur, mais elle a encore assez de lucidité pour se souvenir de l’essentiel.
- L-là ! D’un mouvement de tête, elle désigne le couloir qu’elles ont emprunté plus tôt – celui au bout duquel la fliquette a prétendu que la porte était fermée, ils… ils détiennent des gens là-bas ! Aidez-les s’il vous plait…
Accessoirement, le monstre à gérer est au-dessus de leurs têtes mais à en juger par l’explosion qu’Isalín a entendu, les forces d’intervention ici présentes ne sont pas seules. A eux de jouer maintenant ! De leur côté, elles vont enfin pouvoir quitter cet enfer…
héhéhé:
Isalín obtempère sagement en levant les mains et se mettant à genoux. La caméra du téléphone est orientée sur l’escouade. Elle décline son identité et en profite pour orienter le « SWAT » vers la fameuse porte maudite (aka, celle où Lilas et Marie sont en train de jouer aux apprenties sorcières !).
Le mauvais oeil
Forgive me, Father, for I am sin
SHUFFLE THE CARDS
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En un mot : An eye for an eye leaves the whole world blind
À l’instant où le détachement de quatre Purificateurs prend pied à l’intérieur du sous-sol, l’aboiement d’une arme automatique hurle dans le couloir voisin, à une volée de marches seulement de là où pleurent Naya et Isalin. Déjà, deux des quatre combattants dépassent les adolescentes prostrées, prenant le contrôle du lieu, leurs fusils pointés vers les moindres recoins, pendant que leurs camarades surveillent les jeunes femmes. L’un vient s’accroupir au niveau de la portée d’entrée, tandis que l’autre se positionne sur le seuil du couloir menant au laboratoire de Marie ; l’un et l’autre couvrent ainsi efficacement le binôme encerclant les deux victimes. Tu sens, Naya, une lourde main s’appuyer sur ton épaule, une manière de t’intimer à l’immobilité, quand le Purificateur chuchote dans une oreillette cachée sous son masque respiratoire. Cette discussion, tu ne l’entends pas, mais tu constates que l’autre homme surplombe aussi de toute sa hauteur ton amie Isalin.
Mieux vaut rester immobile. Vous avez l’impression distincte que ces membres du SWAT discutent entre eux de votre devenir, alors que vous patientez à genoux, telles des pénitentes attendant leur Jugement. De part et d’autre du sous-sol, les deux autres soldats couvrent leurs camarades avant que, finalement, celui qui est entré ici le premier ne hoche la tête en direction de son acolyte, avant de s’accroupir devant vous. À travers les hublots de son masque, vous discernez chacune deux yeux d’un vert intense, séduisants, qui vous fixent avec un calme curieusement rassurant. Une forme de torpeur vous enveloppe alors, comme une couverture douillette, une sérénité spontanée, en dépit des traumatismes et des souffrances que vous avez subi. Il vous scrute durant un court instant de silence, avant d’extirper une petite boîte blanche de son gilet de combat.
« Tout va bien. Tiens, » déclare-t-il, en tendant à Naya une compresse sortie de la boîte. « On va vérifier vos blessures rapidement et ensuite on vous fera sortir, d’accord ? Vous allez rentrer chez vous. »
Le Purificateur reporte son attention sur Isalin et son nez cassé, et fronce les sourcils un bref instant. Sa voix est étonnamment persuasive, un oasis de réconfort dans cet océan de noirceur vaudou. « On va devoir te le remettre en place. Ça risque d’être douloureux un petit instant, mais tu n’auras pas de séquelles plus tard. »
Derrière vous, l’autre Purificateur s’applique à extirper des pochettes de sa ceinture une petite flasque, ainsi qu’un chapelet et un flacon de verre transparent, qu’il tend rapidement à son camarade. Celui-ci débouche d’abord la flasque faite d’un métal rutilant et argenté, dans laquelle il prélève quelques gouttes d’un liquide transparent semblable à de l’eau. Du désinfectant, sans doute ? Il humidifie le bout de ses doigts avec, avant de les appuyer autour du nez d’Isalin, au niveau des pommettes, puis sur son front et sur son menton. C’est froid, mais ses mouvements sont fermes et assurés, quand l’acuité de son regard confère à sa manipulation une forme de consolation familière, quasi médicale. En même temps, son acolyte a récupéré à son tour une compresse avant de s’accroupir devant Naya, en lui tamponnant son arcade sourcilière enflée et poisseuse.
« Ça va aller, » répète ainsi le premier, avant de murmurer tout bas des syllabes indistinctes, que vous n’êtes pas capables de comprendre l’une ou l’autre. Très vite, au fil de l’incantation rapide, vous ressentez chacune un hébétude plus lourde encore, tandis que vos membres deviennent flasques et que votre volonté s’étiole. Vous n’entendez plus que la psalmodie basse de l’homme dont les intonations emplissent vos oreilles. Celui-ci profite de votre catatonie pour subtiliser le téléphone d’Isalin et couper le stream sur Instagram.
Pour toi, Naya, c’est différent. Tu entends l’incantation du Purificateur, mais celle-ci ne t’est pas entièrement destinée ; tu en deviens néanmoins atone, flottant au milieu d’une mer de coton, semblable à une paralysie du sommeil. Tu perçois le contact chaud des paumes du Purificateur, alors qu’il appose ses mains contre tes joues et ses pouces sur tes pommettes, avant que l’homme ne se mette à son tour à réciter une litanie. Bien que tu n’en saisisses pas un traître mot, tu ressens ton anxiété, tes terreurs et tes souffrances s’effacer, alors que tu sombres dans l’inconscience entre les mains de ceux que tu croyais être les membres du SWAT.
Isalin, toi aussi tu es victime de cette même paralysie du sommeil, quoique ton traitement est sensiblement différent. La litanie que récite le Purificateur s’accélère, au moment où il entoure ton cou avec le chapelet et débouche le petit flacon de verre sous ton nez. Une forte odeur d’encens t’envahit les narines et tu sens ton esprit s’envoler un instant, étourdi, tandis que la psalmodie continue et qu’une douleur sourde commence à naître dans ton plexus solaire. Une panique irrationnelle t’empêche de sombrer dans l’inconscience, car tes instincts sont en train de hurler désespérément un avertissement : cet homme n’est pas ton allié, et il est en train de t’arracher quelque chose de vital. Pourtant, et c’est bien là toute l’horreur de la situation, à l’instant où tu comprends votre méprise, il est déjà trop tard : Naya est évanouie, et toi-même, incapable d’agir.
Ni ton corps, ni ton don ne répondent. Grâce au mystérieux liquide, le Purificateur a tracé un crucifix sur ton front, d’abord froid, avant que celui-ci ne commence à t’irradier. Le symbole de Foi te brûle la peau au point de faire perler la transpiration sur tes tempes, alors que l’entêtante odeur d’encens pénètre au plus profond de tes voies respiratoires. Le poids du chapelet devient anormalement lourd, presque intolérable. Puis, d’un seul coup, tu ressens une violente et douloureuse déchirure dans ta poitrine, comme le rituel vient enfin de trouver et de t’amputer de ce qu’il cherchait : ton don. Telle une chute sans fin dans une abîme de ténèbres, toute ta nature d’éveillée s’écroule autour ton âme, la laissant terriblement humaine, seule et vulnérable au sein d’une enveloppe de chair désormais dépourvue de toute trace de magie : tu es humaine de nouveau.
Puis, le Purificateur appose ses mains autour de tes joues, exactement comme il l’a fait avec ton amie, Naya, et tu sombres à ton tour dans l’inconscience. Quand vous vous réveillerez toutes les deux, dans environ cinq à sept minutes, vous serez à l’extérieur de l’Oufo dans le parterre d’herbe à quelques mètres de la trappe du sous-sol. On vous aura déposé dehors. Une partie de vos souvenirs auront été amputé, et vous aurez oublié tout ce qu’il s’est passé après votre fuite du péristyle. Isalin aura définitivement perdu son don d’Outre.
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Pendant ce temps dans le péristyle, l’affrontement entre Aodh et une Tasya possédée entraîne une certaine confusion. Les deux détachements de Purificateurs qui avaient contourné le sanctuaire, chacun composé de trois membres, et qui ont été alertés par Pierre, entrent à leur tour à l’intérieur. Au moment où Aodh cloue l’arcaniste au sol, six autres combattants assistent à cette scène surréaliste : toutefois, aucun ne s’en émeut, et trois d’entre eux filent aussitôt en renfort de l’escouade d’Abigail, qui venaient de faire feu dans le couloir adjacent. Derrière la porte menant aux étages, éclatent les tirs de couvertures de Medea qui tente tant bien que mal de contenir l’avancée des combattants de la Foi et de couvrir les blessés montant l’escalier.
Pierre, lui non plus, ne perd pas une seconde. Tandis que trois autres Purificateurs viennent en renfort pour sécuriser le péristyle, leur leader récupère à nouveau la mallette contenant l’antique lance. L’un des soldats vient alors mettre en joue Ethan, un autre vient assister Aodh qui immobilisait Tasya, pendant que les deux restants contrôlent chacune des issues, en sécurisant la chambre des mystères à la sortie du péristyle. Toute cette prise de contrôle n’aura duré que moins de deux minutes, tant ces combattants sont efficaces, rapides et se coordonnent parfaitement. D’ailleurs, Pierre extirpe rapidement la lance de sa mallette et la pointe sur le front de la possédée, qui se met aussitôt à hurler de la même manière que Michel auparavant.
Des sons inhumains. Cauchemardesques. ⇗ Le pasteur ne s’en émeut pas non plus, alors que la relique se met à briller de nouveau à l’endroit où la pointe rencontre la chair, formant ce qui ressemble à un arc électrique. La créature possédant Tasya hurle de plus belle. Le chœur des âmes qui la constitue, éructe un flot constant de cris de douleurs face à cette lumière divine et instense qui émane de la lance, bien qu’aucune brûlure ne se discerne sur le front de Tasya. Tu sens, Aodh, le corps de l’arcaniste se raidir et cesser de remuer, comme si l’antique arme était en train de paralyser totalement son corps sous l’expertise de Pierre, impassible.
« Tu peux la lâcher, elle ne bougera pas, » confirme-t-il, alors que l’entité possédant Tasya cesse d’essayer de te mordre, en dépit de ses articulations brisées. Ces dernières déversent encore un flot continu de sang, qui ressemble fortement aux prémices d’une hémorragie. « On va devoir la soigner en urgence et stabiliser son état, sinon elle ne survivra pas à l’extraction, » t’explique Pierre, en hochant la tête vers son acolyte. « Si elle meurt, le Mal qui l’habite s’en prendra à quelqu’un d’autre ou s’en ira ailleurs, Dieu sait où. »
Le Purificateur s’active alors. Il déplace promptement ses paumes vers les rotules massacrées de Tasya, d’où une lumière d’un blanc pur commence à irradier entre ses doigts. Sa bouche remue en silence, démontrant que ces soldats de Dieu sont aussi bien capables de détruire que de panser. Pierre, lui, maintient toujours la pointe de la lance posée sur le front de Tasya dont les macabres rugissements bestiaux n’ont jamais cessé. Il conserve son fusil blotti contre son bras, les sens en alerte, observant de temps en temps le péristyle.
« Les vaudous se sont enfuis à l’étage. Certains sont peut-être cachés au sous-sol, » t’informe-t-il, Aodh, non sans te scruter, une lueur d’assentiment dans les yeux. « Je me charge de la situation ici. Si tu veux renforcer Abigail ou vérifier le sous-sol, tu peux, fils. Les coupables ne sortiront pas d’ici indemnes, crois-moi. »
Non loin de là, dans le couloir menant aux niveaux supérieurs, les échauffourées continuent, comme Medea et Johnson tentent de rapatrier leurs blessés, en essayant de ralentir les renforts des Purificateurs.
Résumé:
- Les Purificateurs investissent le sous-sol et prennent en charge Naya et Isalin. Elles sont passées rapidement sous suggestion, comme l'était Aodh.
- Deux Purificateurs gardent les issues du sous-sol (entrée + couloir du laboratoire), et les deux autres font semblant de soigner les blessures des deux ados.
- Isalin est purifiée avec le rituel "Vrai nom du seigneur". Naya subit le sort "Saine ignorance", tout comme Isalin. Pour référence, les sorts utilisés contre elles, sont ici. ⇗
- Conséquences : Isalin perd définitivement son don d'Outre. Elles perdent toutes les deux les souvenirs remontant à environ 5-7 minutes plus tôt, c'est-à-dire depuis leur fuite du péristyle : elles ont oublié les Purificateurs. Elles s'évanouissent sous les effets et se réveillent environ 5-7 minutes plus tard, à l'extérieur de l'Oufo. Leurs blessures ne sont pas soignées et les Purificateurs ont fermé la trappe derrière eux.
- Naya et Isalin : Vous êtes donc libres de partir loin de ce cauchemar (et donc sortir de la trame), à moins que vous ayez des désirs masochistes de continuer ! Merci de votre participation en tout cas.
- En parallèle, Pierre utilise la lance pour paralyser Tasya possédée. Ethan est mis en joue par un Purificateur venu en renfort.
- Un autre Purificateur vient soigner en urgence Tasya, conformément aux ordres de Pierre. Le but étant d'éviter sa mort et la fuite de l'entité, afin de la récupérer.
- Pierre informe Aodh : les vaudouisants ont fui vers les étages, et certains sont peut-être cachés au sous-sol. Aodh est libre d'y aller s'il veut, le pasteur va gérer dans le péristyle.
- Les deux autres détachements qui encerclaient le péristyle sont rentrés. Une partie va renforcer la troupe d'Abigail qui affronte le groupe de Medea et le reste sécurise les pièces adjacentes du péristyle.
- Medea et Johnson tirent pour couvrir la fuite des blessés et empêcher les Purificateurs de monter dans l'escalier (en accord avec la cheffe).
- Carte des positions MAJ.
Qui va survivre ?
Caleb Caulfield
That kid you called a weirdo
ASHES YOU WERE
En un mot : Outre medium
Qui es-tu ? : 20 ans, artiste de rue, violoniste de talent, tourmenté par son don. Fait partie d'une bande de voleurs dont le chef est Iris. Enchaîne les petits boulots autant que les larcins.
Facultés : Medium capable d'être projeté dans le passé des lieux, en particulier quand il s'est produit des morts. Il est ainsi happé par leurs esprits, assistant à leurs derniers instants.
Contenir l'esprit démoniaque... Je ne sais pas si j'en suis capable. Mais l'homme semble penser que c'est notre seule chance de salut, alors si ce que j'ai vu peut aider... Malheureusement, le fracas qui retentit nous fait comprendre que nous sommes... Assaillis. Ce qui étonne Jacob, alors que ça n'aurait pas du pouvoir arriver. J'en sais encore peu sous la magie, mais voir une figure importante de cette communauté pâlir subitement augmente mon angoisse encore d'un cran si cela est possible et je lâche la craie, me redressant, alors même qu'il me dit que c'est peine perdue. Je me laisse entraîner par une femme, qui s'empresse de courir, je ne sais où... Juste loin de ce péristyle où nos vies sont en danger. Ce que j'aurais du faire en suivant Naya il y a quelques minutes. Elle a été plus maligne que moi sur ce coup là. Je regrette vraiment d'avoir pensé que je pouvais aider à résoudre une situation qui me dépasse totalement. J'ai à peine le temps de remarquer qu'Ethan et Tasya ne peuvent pas suivre le mouvement, avant de courir à perdre haleine, entrainé par la femme, qui finit par me lâcher pour prendre de l'avance.
J'accélère le pas quand j'entends des coups de feu et surtout qu'une vive douleur me traverse l'épaule, manquant de me faire trébucher sous la surprise... Attends... On nous tire dessus ? Sans sommation ? Je hoquette de douleur, d'indignation, de peur, alors que je vois les autres se faire toucher autour de moi. Jacob, Johnson, ils trébuchent, ils ralentissent quelques secondes, surpris, fauchés par les balles. Et puis, il y a un autre homme qui lui, tombe, et ne parvient pas à se relever. Je ralentis quelques secondes, mais la peur au ventre me hurle juste de courir davantage. Mais où ? Comment fuir cet enfer maintenant ? Je file vers la femme qui nous a entraînée ici et passe derrière elle, alors qu'elle essaie de nous couvrir comme elle peut.
« Mais vous êtes pas flic, vous pouvez pas leur dire d'arrêter de nous tirer dessus ? » C'est qui ces tarés au juste ? A moins que justement ils aiment tuer des flics ? Je n'en sais rien... je sais juste que là, rester ici, c'est la mort. Ma main s'est portée à mon épaule instinctivement alors que je la vois ce couvrir de sang... Mon sang... Putain. J'ai un sueur froide, mais c'est pas le moment de lâcher prise là. J'ai pas l'intention de crever ici. Je regarde Jacob : « On peut fuir par là ? » Parce qu'on a emprunté ces escaliers, mais ça mène où au juste ? Si quelqu'un peut nous sortir de là c'est lui, qui doit connaître les lieux comme sa poche.
Spoiler:
Pour rappel aux dés : Caleb : 3, Jacob : 3, Johnson : 2 et Philippe : 1 En fuyant par les escaliers, tout le monde se fait faucher par les tirs de Purificateurs. Caleb est blessé à l'épaule, Philippe est le plus gravement touché. Caleb galope comme un lapin, les tirs et la blessure lui ayant passé l'envie de jouer les héros, jusqu'à Medea, se mettant derrière elle et demandant à Medea si elle peut pas leur faire cesser le feu et à Jacob si on peut fuir par là.
Le mauvais oeil
Forgive me, Father, for I am sin
SHUFFLE THE CARDS
இ
En un mot : An eye for an eye leaves the whole world blind
« Je te tiens. » Les trois mots naissent dans les ténèbres vivantes formant l’essence de Marie et s’immiscent dans le mauve anxieux, avant de s’émietter dans l’infini fluctuant du ventre de la Terre. Lilas, tu ressens avec une facilité qui tient du prodige, toute la force de caractère et l’habileté aux arcanes de la vaudouisante qui vous maintient toutes deux hors des flots tumultueux des ley lines. Dans ces lieux où la réalité s’efface pour laisser place au concept, à l’intangible et au mystique, la concentration de Marie apparaît comme une corde d’acier, tendue à l’extrême parmi les courbes ébauchant les contours de sa personne. Et à ce filin de sécurité est attachée l’égrégore, énorme câble de titane flottant ici et nulle part, qui vous rattache à la réalité terrestre.
Ici, l’irréel est une réalité. Rien n’existe, tout est conscient. Le haut devient le bas. L’envers, le réel. Et le temps, une absence.
À tes mots, le noir de Marie se trouble et se contorsionne dans la direction que tu lui montres, bien que son extrême concentration ne vacille jamais, comme stimulée par une volonté inébranlable de réussir. Avec une telle proximité, Lilas, tu discernes même les émotions de l’arcaniste noire évoluer au sein de son essence, à la manière de bulles de savon pétillant dans un bain d’encre. Foi, devoir, nervosité et impatience, sont quasi assourdis par une immense passion et une fierté colossale, qui confère à l’hubris, comme si Marie avait tout à prouver envers quelqu’un. Déjà un espoir fou éclate à l’intérieur de sa noirceur, comme sa fiévreuse passion entrevoit enfin le but tant attendu, et l’accomplissement d’une quête allant au-delà de sa simple personne.
Car, tu le devines, Lilas, ce qu’elle s’apprête à accomplir, va bien au-delà d’un simple plan désespéré destiné à repousser les ennemis de l’Oufo, quels qu’ils soient : c’est sa destinée, son Graal. Rien de moins.
« Laisse-moi faire. » Une réponse simple pour un accomplissement monumental, que nombres d’arcanistes auraient qualifié d’impossible et de folie pure. Car quels maîtres des arcanes sont capables de manipuler les veines même de la Terre, ces forces naturelles impossiblement vastes ? Aucun, tout simplement.
Pourtant, Marie s’apprête à le faire. Vous descendez chacune, toi accrochée au noir de la jeune femme, elle t’entraînant dans les profondeurs douloureuses des veines telluriques courant sous l’Oufo. Là, le maelstrom terrestre devient tourbillon de douleurs, noué, terriblement souffrant, comme une varice enflée aux nœuds enroulés sur eux-mêmes. Ici, les réseaux de magie pure ne circulent plus librement, ils s’embobinent les uns aux autres et s’accumulent en une bobine malade, terrorisée et brûlante de fièvre. Et les formes fluctuantes habitant les rivières de la planète, se déforment et se dissolvent au sein de cette masse boursouflée telle un abcès pollué depuis des lustres qui se nécrose lentement, comme la nature sous la botte de l’urbanisme.
Puis Marie t’entraîne. Plus bas, toujours plus bas. Derrière vous s’étirent les câbles de l’égrégore, tressés des émotions brutes et des arcanes vaudouisantes. Une ancre verticale, souple, comme une liane aux multiples ramifications semblables à des rhizomes d’énergie, qui commencent déjà à s’accrocher et serpenter dans ce cœur névralgique, palpitant de souffrances. Tu ressens, Lilas, toute la force émotionnelle de l’Oufo hydrater ce nœud tellurique fiévreux, quasiment coupé du réseau terrestre par une couche puante de pollution, que l’égrégore est en train d’écailler. L’arcaniste noire n’est que le relais. Elle connecte l’un et l’autre patiemment et au prix d’un colossal effort de sa part, avant d’entonner une nouvelle incantation, basse et mélodieuse. ⇗
En l’absence de réalité, les syllabes s’évadent çà et là, douces comme des notes de piano, emportées dans la formidable fusion des courants de l’égrégore et de la ley line abîmée. Bientôt les mots de Marie se perdent à l’intérieur du courant naissant, dont la puissance croît à mesure que l’égrégore la nourrit et qui menace de vous emporter à chaque instant. Lilas, tu as la terrible sensation d’être au cœur d’un monstrueux tourbillon qui s’apprête à se déchaîner, comme si l’arcaniste noire était en train de détruire un bouchon nocif bloquant un titanesque volcan d’énergie assoupi depuis des lustres. Tout cela était une folie, et ce dès le début. Elle le sait, et cependant, Marie s’obstine à boucler ce rituel destiné à forer la mélasse qui encroûte la ley line.
Alors, les chocs commencent. Comme l’obstruction se fissure, une première onde de choc libère des remous qui remontent des profondeurs terrestres, telles des immenses colonnes de bulles s’échappant d’une abîme infinie. Une vibration constante vous assaille comme le prélude à une éruption, alors que Marie continue de psalmodier, imposant une pression croissante qui morcelle la gangue de déchets étouffant la veine blessée. Bientôt, un second choc survient, et la secousse vous ébranle toutes deux, manquant de vous arracher l’une à l’autre, tandis que l’immesurable accumulation de magie commence à fuir dans tous les sens. Marie tâche de conclure le rituel tout en maintenant vos formes cohérentes, en dépit de cette monstrueuse pression.
Au troisième choc, votre univers se fissure. L’obstruction éclate violemment, libérant un gigantesque flot de magie tellurique dans toutes les directions, comme un énorme geyser qui vous propulse vers le monde réel. À ce moment-là, Lilas, seule l’ancre de l’égrégore et la maîtrise de Marie empêche ton essence d’éclater à son tour, alors que le tourbillon vous emporte comme de frêles brindilles prises dans une crue éclair. Un torrent de flux magiques t’assaillent, Lilas, imbibant brutalement ton essence d’une multitude de sensations, que la concentration de l’arcaniste ne parvient pas à refouler. Momentanément, Lilas, tu deviens poreuse face à ce déferlement d’émotions, de sensations, de pouvoirs, de lumières, et d’une foule d’autres choses, une masse indénombrable d’éléments aléatoires, sauvages, incontrôlables, tous jaillissant de ce geyser tellurique.
Durant une fraction de seconde, tu cesses d’exister, Lilas. Ton essence se dissout en devenant des morceaux de feuilles emportés par un blizzard, bien que Marie fait de son mieux pour vous ramener dans le monde du tangible. Ta conscience coule dans le chaos primordial qui se déchaîne, ballottée et reconstituée, détruite et reformée, encore et encore, tandis que l’ancre du rituel se tend et se rembobine, vous emportant, tant bien que mal, hors de l’œil du cyclone. Puis, c’est de nouveau un choc, quoique bien différent ; celui du retour au matériel, à la solidité de la chair et la dictature de l’air, quand la puissance du rituel réassemble les composants de vos corps. Métal, terre et eau vous redevenez, lorsque la Chambre du Tangible fait son office, réintégrant vos essences à l’intérieur de vos os, de vos muscles, de vos épidermes qui vous attendaient en silence.
Tu te retrouves, Lilas, une fois encore, face à Marie. Celle-ci te fixe, éberluée, ses mains encore sur tes joues, tandis qu’autour de vous l’atmosphère dense de l’Oufo vibre d’une phénoménale quantité de magie libérée. Un trop-plein d’énergie qui se déverse depuis les entrailles de la Terre, et jaillit à l’intérieur du bâtiment, à la manière d’une énorme éruption volcanique, en renversant complètement les lois naturelles de la magie.
« On a réussi, » souffle, toujours incrédule, Marie. « On a réussi ! » s’écrit-elle ensuite, en éclatant de rire, extatique, et les yeux brillants d’émotion. Joie et fierté s’entremêlent dans l’expression de la jeune femme, à tel point que, prise dans son élan d’euphorie spontanée, elle te flanque, Lilas, un baiser du bout des lèvres.
« Tu n’as rien ? Tu as été parfaite ! » s’écrit-elle à nouveau, avant de se lever, levant les bras autour d’elle, en riant d’exaltation. « Tu la sens ? Cette puissance qui vibre partout, c’est incroyable ! Avec elle, nous n’aurons à craindre personne ! » clame-t-elle, en retirant la feuille de jusquiame pâteuse de sa bouche.
En effet, rien n’aurait pu te préparer, Lilas, à un tel déferlement. Tu as l’impression d’être, non pas noyée au sein d’un égrégore, mais à l’intérieur d’un titanesque nœud de pouvoir en pleine éruption. Il semblerait que la ley line courant sous l’Oufo, est en train de recracher à toute allure tout le surplus de magie amoncelée.
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Au moment où les efforts de Marie et Lilas font céder l’obstruction qui scellait la ligne de force, vous sentez tous le séisme mineur, dont l’épicentre se situe dans les profondeurs de l’Oufo. Partout dans Shreveport, le tremblement de terre fait vibrer les structures et résonne jusqu’aux frontières de la ville. Pour les Éveillés, le phénomène est double : la sensation physique s’accompagne d’une véritable onde de choc magique, qui se traduit de différentes manières selon l’individu. Car, dessous la croûte terrestre, ce sont les lignes de force qui se réalignent brusquement, rééquilibrant le réseau des fleuves de magie selon un nouveau schéma.
À l’intérieur de l’Oufo, ce bouleversement s’illustre via une foule de phénomènes aléatoires et improbables, alors que les lois naturelles encadrant la magie sont momentanément abolies. Et pour cause, avec une telle masse d’énergie, une dizaine de minutes seront nécessaires à la veine pour déverser tout son excédent.
Medea, tu sens un trouble se former dans ton inconscient. Comme si, soudainement, les barrières mentales de ton esprit s’ouvraient, te donnant accès à l’invisible, au monde insoupçonné derrière le Voile. Une forme de clairvoyance temporaire, qui te permet de le voir lui, la créature qui te talonnait depuis un moment déjà. Le chien-loup que tu as tué, est encore là. Son fantôme était accroché à toi depuis lors, mais ce n’est qu’à ce moment-là que tu peux l’apercevoir : il flotte dans ton dos, un esprit rancunier, silencieux et observateur. Et ta clairvoyance nouvellement acquise te permet non seulement de le voir, mais aussi de communiquer avec lui, quoique d’une manière non verbale inexplicable. Tu te sens capable d’interpréter ses intentions et, à ton tour, de transmettre les tiennes, selon un type de communication mentale instinctive.
Le chien-loup est clair : il t’en veut énormément. Tu l’as tué, et tu comprends qu’il te demande réparation à toi, et contre tous ceux coupables de l’avoir drogué et enfermé de force dans ta maison. Tu comprends aussi que l’esprit animal te donne deux choix : l’aider à accomplir son objectif ensemble, ou le laisser aller en paix et le venger toi-même. Tu dois choisir, Medea. L’un ou l’autre, car le prédateur n’acceptera aucun refus et tu devines que dans ces circonstances exceptionnelles, il pourrait bien s’en prendre à toi en cas de refus. Et tu comprends aussi autre chose d’important : si tu choisis d’accepter son aide le chien-loup deviendra ton allié intime, ta Bête intérieure, quand tu abandonneras ton humanité en devenant toi aussi une femme-bête.
Ethan, un phénomène similaire se produit dans ton inconscient. Tu sens les verrous de ton esprit humain se fendre, à mesure que le monde des esprits s’ouvrent à toi : tu es désormais capable de voir et de parler à ta femme Garance, dont le fantôme te suit depuis fort longtemps. Tout comme Medea, tu es capable de sentir les intentions du spectre : c’est néanmoins beaucoup plus simple pour toi de communiquer, car c’est il s’agit là d’un esprit humain. Tu peux lui parler de vive voix. Mais tu dois aussi faire un choix : l’aider à s’en aller en paix, afin d’apposer le mot fin à cette vieille histoire, ou la conserver encore à tes côtés.
Caleb, ta nature d’Éveillé est brutalement inondée par une déferlante de magie brute. Ton essence absorbe involontairement une certaine quantité de magie qui se combine à tes dons, et t’ouvre temporairement une troisième porte inattendue. À tes deux pouvoirs s’ajoute cette nuit un troisième surprenant : tu te sens ainsi capable de voir trois secondes dans le futur. Une forme de prémonition dont le fonctionnement est similaire à tes visions du passé : comme si tu jetais un coup d’œil derrière la page suivante d’un livre, tu peux obtenir des visions à très court terme des évènements futurs. Une capacité temporaire, mais qui sait dans de telles circonstances exceptionnelles, si ce troisième don ne laissera pas une marque dans ton essence d’Éveillé...
Aodh, l’avalanche de magie déclenche une tempête d’effets inattendus sur ta personne. En effet, le sort que Pierre a lancé pour endormir ta Bête commence à disjoncter complètement : tu sens une véritable fracture se produire entre toi et ton Loup, comme si le sort vous avait séparé l’un de l’autre. C’est inattendu, mais tu te sens soudainement capable de te faire comprendre pleinement de la Bête et même de la manipuler pour arriver à tes fins. Durant cette dizaine de minutes, tu te rends compte que tu as un choix à faire : expulser la Bête vers un nouveau réceptacle ou te rapprocher d’elle pour acquérir une maîtrise supplémentaire d’une de ses formes bestiales. Le choix t’appartient, mais dans tous les cas il sera définitif.
Tasya, au milieu du maelstrom de douleurs, de lamentations, de pulsions et d’une multitude de consciences torturées dont l’entité t’inonde, tu sens que quelque chose se produit en toi. Tu as l’impression d’être plus proche, et à la fois plus détachée de la créature qui te possède, au point de discerner le nom maudit que les mythes lui ont donné : Famine. Le démon, car c’en est bien un, est lui aussi affecté par la soudaine éruption magique, mais la proximité avec ton âme et ta nature d’arcaniste déclenche une suite de conséquences des plus inattendues. Difficile de prédire le résultat aléatoire qui va ressortir de telles combinaisons.
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La rambarde des escaliers venait de voler en éclats. Fauché par la rafale au niveau de ses jambes, Philippe le soixantenaire venu aider à la maintenance, s’effondre face contre les marches, à demi-assommé par le choc. Jacob, lui aussi blessé au niveau du bras gauche, s’empresse de le relever, aussitôt secondé par Johnson lui-même blessé au flanc gauche et qui l’aide à le traîner en haut des escaliers, après avoir tiré quelques coups de semonce vers les assaillants. L’expression de Jacob n’est alors qu’un masque de douleur, tant il doit forcer sur son bras blessé pour tirer son ami en sécurité, quand Medea procède à des tirs de couverture. L’officier de la SPD n’est guère en meilleur état : il saigne abondamment du flanc et sa respiration est laborieuse.
Philippe est finalement traîné hors de danger. Toutefois, ses jambes sont dans un état déplorable : l’une est criblé de balles au niveau de la cheville, tandis que la rotule de l’autre a été touchée. Il ne sera pas capable de marcher, c’est une évidence. Dans la précipitation, Jacob jure entre ses dents en inspectant son ami, sans daigner répondre à Caleb dans l’immédiat, tandis que Johnson seconde Medea pour empêcher l’ennemi de grimper les escaliers. Derrière vous s’étend un couloir où Jacob a appuyé Philippe contre un mur, en tâchant de stopper par pression l’important saignement qui se répand depuis la cuisse du soixantenaire.
C’est à ce moment-là, que l’éruption survient. Plus que quiconque, Jacob est frappé de plein fouet par cette déferlante de magie qui remonte des tréfonds de l’Oufo, et vous emporte chacun d’une manière différente. Bien que les effets les plus puissants se produisent à un niveau de perception que les humains ne possèdent pas, ceux-ci ne sont pas épargnés pour autant, et le séisme qui secoue la Terre est un témoin direct, parlant, de la force du phénomène. Philippe, déjà fortement affaibli par ses blessures, sombre dans l’inconscience, à côté de Jacob, alors prostré sur le sol, l’air hébété et essoufflé, comme un homme qui a reçu un uppercut.
Plus loin, Johnson est victime d’un curieux et malencontreux malaise : le flic est soudainement plié en deux, abandonnant ses tirs de couvertures, tandis qu’il titube en arrière. Medea, tu le vois tomber à quatre pattes non loin de toi, son ventre secoué par des spasmes, avant qu’il ne commence à vomir. Toutefois, ce qui sort de sa bouche ne ressemble à rien au contenu d’un estomac : non, c’est une sorte de fumée noirâtre, épaisse et serpentine, qui s’échappe entre ses dents et rampe sur le plancher, comme animée d’une vie propre. Les tentacules de cette fumée s’enroulent et se répandent sur le sol, tandis que le flic continue de vomir durant un bon moment, crispé, les veines de son front saillant sous sa peau, au milieu des gouttes de sueur.
À côté, Jacob parvient finalement à se maîtriser. Une lueur de stupéfaction hante ses yeux, au moment où il se redresse en s’appuyant contre le mur, observant les environs avec cet air hébété, avant de se pencher au chevet de son ami évanoui. En parallèle, un autre curieux phénomène intervient en bas des escaliers, où un énorme tintamarre éclate. Vous entendez le vacarme assourdissant d’une pluie d’objets hétéroclites, lancés depuis les pièces du rez-de-chaussée et le couloir inférieur : meubles décoratifs, lattes de plancher, vases et autres bibelots sont propulsés dans tous les sens. Caleb voit d’ailleurs une lourde commode léviter depuis le couloir de l’étage, puis lui frôler le crâne avant d’être propulsée vers les assaillants en contrebas.
Quelques flashs lumineux éclairent le bas de l’escalier, mais vous êtes trop loin pour discerner clairement le chaos inexplicable qui s’y déroule. Jacob, qui n’est ni étonné ni ébranlé par l’envol de ses bibelots, chuchote quelques mots, penché sur Philippe, ses mots jointes au-dessus des blessures de l’homme, l’air concentré. Il plisse le front et, pour ceux qui l’observent, vous remarquez que les saignements de Philippe se résorbent à vue d’œil sous le travail de l’Oungan, qui semble réussir à les cautériser. Une fois cette manipulation réussie, Jacob entreprend de refermer la blessure à son bras, en accélérant imparfaitement sa cicatrisation, avant de se relever. Celui-ci semble ailleurs ; souffrant, épuisé et chagriné à la fois, comme il vous dévisage un à un.
Jacob vous scrute, hésitant avant de jeter un rapide coup d’œil en arrière. « Les toits. Il faut partir, » rumine-t-il en touchant machinalement l’épaule de Philippe. L’air las et blessé, il se détourne un instant, fixant alors le corridor vide en soupirant, comme s’il cherchait à discerner quelque chose. « Elle arrive. J’ai été stupide. Vraiment stupide. Comment ai-je pu rater ça – l’aluminium et la cendre – quel idiot, » chuchote-t-il.
Résumé:
APOCALYPSE NOW
- Marie suit le guide de Lilas pour localiser la blessure de la ligne tellurique. Comme spécifié dans le rituel, elle focalise toute la puissance de l'égrégore pour faire sauter le bouchon de la ligne de force.
- Elles sont toutes les deux expulsées vers le plan matériel, quoique le processus ne se déroule pas sans quelques accrocs.
- Ce "débouchage" provoque un large panel d'effets cataclysmiques sur vos personnes, qui vous sont détaillés ci-dessous. Certaines retombées seront aussi déterminées par la roulette russe. ⇗
- Philippe est lourdement blessé aux jambes. Jacob et Johnson mobilisent leurs forces pour le mettre temporairement à l'abri en haut des escaliers, tandis que les Purificateurs se mettent à couvert à cause des tirs de Medea et de Johnson.
- Jacob est blessé au niveau du bras gauche (blessure modérée). Johnson est blessé au niveau de son flanc gauche (blessure modérée).
Conséquences du rituel
Durant un laps temps court, environ 10 à 15 minutes, les lois encadrant l'usage de la magie sont abolies, dû à l'abondance de magie. Pour les éveillés, c'est comme être au cœur d'un nœud de pouvoir en pleine éruption.
- L'usage de la magie est temporairement illimité. Utiliser vos dons ou lancer des sorts ne vous coûte rien, car l'Oufo est saturé de magie brute.
- Lilas, ton essence s'est retrouvée au cœur de l'éruption. Tu peux donc aller lancer les dés pour connaître ce qui advient de toi.
- Tasya, le fait d'être possédée par Famine entraîne des conséquences aléatoires sur ta personne. Tu peux aussi lancer les dés.
- Aodh, tu es capable de manipuler ta Bête, soit en fusionnant plus étroitement avec elle, soit en la donnant à quelqu'un d'autre. Tu dois aussi lancer les dés pour déterminer les effets combinés de l'éruption de la magie et de la Foi qui vous entourent tous.
- Caleb, tu hérites temporairement d'un troisième don. Tu peux aisément voir trois secondes dans le futur, un peu comme si tu tournais la page suivante d'un livre pour lire ce qu'il s'y passe. Fais en bon usage.
- Ethan, tu as temporairement accès à une forme de clairvoyance dans le monde des esprits, et surtout avec ceux qui sont proches de toi. Ça veut dire que tu peux dialoguer avec Garance, pour éventuellement la laisser s'en aller en paix.
- Medea, tu as aussi la même forme de clairvoyance qu'Ethan, mais pour toi, c'est l'esprit du chien-loup que tu as tué qui t'attend de patte ferme. Il n'est pas du tout content du traitement que tu lui as infligé, et t'as suivi depuis la P1 de l'event pour exiger réparation. Tu as donc deux choix. Soit tu fais le serment de le venger auprès de ceux qui lui ont fait du tort (drogué, etc.). Attention, ce n'est pas une promesse faite à la légère : c'est un esprit animal, et si tu te parjures, il y aura des conséquences. Soit tu acceptes de sacrifier l'intimité de ton corps, comme pénitence. Ainsi, le chien-loup deviendra ta Bête intérieure et un allié de poids pour lutter contre ceux qui vous ont fait du tort. Medea deviendra donc une garou (tu auras le choix de son apparence visuelle, bien sûr).
- Isalin et Naya ne subissent aucun des effets, puisque vous êtes sorties de l'Oufo et êtes derrière le sceau des Purificateurs (en plus d'être purifiée pour Isalin).
- Jacob bénéficie du boost de magie, ce qui lui permet de refermer facilement les blessures de Philippe qui est inconscient, ainsi que les siennes. Des bibelots se mettent à voler vers les Purificateurs, sans que l'Oungan n'explique clairement pourquoi.
- Johnson est victime d'un malaise bizarre. Il gerbe une sorte de fumée noirâtre qui semble animée d'une vie propre. Ça pue la magie sale.
- Philippe tombe dans les pommes.
- Attention, tous les Purificateurs bénéficient aussi de cette magie illimitée.
Ma main retombe mollement au sol lorsque le gars du SWAT me met en joue. Qu’est-ce qu’il faut dire pour que cet abruti ne me colle pas une balle dans la cervelle ? J’abaisse mes paupières, prisonnier de mon état de fatigue, de douleur, assommé par l’injection de Tasya. Même en cherchant à faire le topo de toute cette situation de merde totale, j’arrive pas à comprendre comment en on est arrivé là. Des coups de feu retentissent dans tous les sens, je croise les doigts pour ne pas me prendre une balle perdue. Un type armé met ma petite copine en joue et tire. Je hurle en écho un puissant NON, qui n’a évidemment aucun impact sur le cours des choses. Ca cavale et de nouvelles personnes font irruption dans mon champ visuel. Ils s’occupent de mon amie lorsqu’un tremblement de terre secoue les bas-fonds de l’Oufo.
Je voudrai me redresser pour avoir une meilleure vue d’ensemble, mais la souffrance, malgré les calmants est bien trop importante.
Puis je la vois.
Elle efface tout, elle rayonne comme un soleil, une étoile solitaire dans mon univers d’encre. Ma main valide s’élève et vient effleurer ce visage mille fois contemplé. Des larmes chaudes s’écoulent et roulent dans mes cheveux. Garance est là, assise sur ses talons, ses doigts d’or rejoignant les miens. Ce n’est qu’un halo, un spectre étincelant mais je reconnais chaque trait de son visage. Sa voix résonne tant dans ma tête qu’à mon ouïe, m’aidant à me redresser. Je pleure comme un enfant, submergé par la magnificence de cette apparition.
- Ethan, ce n’est pas de ta faute, tu n’aurais rien pu faire contre eux. Mon corps n’est plus, mais j’ai veillé sur toi durant tout ce temps. Maintenant, tu as retrouvé un peu de stabilité, certes précaire, mais tu l’as. - Garance… Ses doigts se posent sur mes lèvres. - Ecoute moi, Ethan. Refais ta vie, aime, amuse-toi, profite de chaque seconde, nous nous retrouverons, mais laisse-moi partir, maintenant.
Je sanglote comme un enfant et acquiesce. La présence de Garance me bouleverse tellement que tout ce qui se passe autour de moi disparaît. Il n’y a plus qu’elle, le reste n’a plus d’importance. Un baiser est échangé et déjà les contours de son image pâlissent.
- Je t’ai tellement aimée. - Je sais Ethan, je sais. Moi aussi je t’aime. Je peux m’en aller ? - Oui.
La peine disparaît en même temps que mon épouse et je reste comme un con, à sourire dans le vide, totalement apaisé, oubliant les tourments et le chaos ambiant.
Quelque chose me frappe, brutalement, me jetant à nouveau au sol. Les litanies hurlantes de Michel sont de retour, envahissant tout mon être, enfermant mon esprit à double tour dans un carcan de complaintes. J’entends mes os craquer, je sens mes organes se déformer, le tout dans une souffrance jamais connue. Mes hurlements n’ont plus de fin. J’ai l’impression que cela dure des heures. Puis je vois, par d’autres yeux que les miens, mes mains griffues tracent de longs sillons dans le sol. Ma vision s’élève, je prends de la hauteur, je n’ai jamais vu le monde sous cet angle-là. Je ne suis pas seul maître à bord, mais simple spectateur qui parvient à donner quelques impulsions. Ma tête massive se secoue et un féroce grognement s’échappe de ma gueule.
La faim. J’ai terriblement faim, pas moi, mais l’estomac que je perçois comme un gouffre noir et sans fin. Je vois l’ombre qui louvoie autour de mon propre esprit, ou est moi qui suit dans le sien ? Tout est abstrait mais je sais que je dois me nourrir, le besoin est impératif. Il n’y a plus que cela qui compte.
L’homme qui a tiré sur la fille est là, à quelques enjambées. Je fonce que lui afin de me repaître de sa chair et de son âme.
Spoiler:
Ethan voit Garance, ils échangent quelques phrases. Il la libère la laissant partir. Famine s’engouffre dans le corps d’Ethan, le transformant en une chose proche d’un loup-garou sous sa forme Crinos. Il n’est plus vraiment aux commandes, les partageant avec Famine. Il jette leur dévolu sur Aodh ou tout autre personne qui oserait s’interposer entre lui et sa proie.
Mes tirs fauchèrent l’entité qui s’était incarnée en Tasya avec bien plus d’efficacité que je ne l’espérais réellement. Quelqu’un cria derrière elle. Les os craquèrent sous l’impact des balles. L’odeur du sang emplit tout l’air, à tel point que ma Bête s’agita soudainement sous la surface. J’en appelais à sa force pour maîtriser la femme possédée, en me félicitant d’avoir joué la carte de la prudence. Je fus le premier surpris qu’elle parvienne encore à se débattre, assez pour me donner du fil à retordre. Ses blessures importantes auraient dû l’empêcher de se mouvoir comme elle l’aurait souhaité.
Un soldat vint m’aider à la maintenir au sol, le temps pour Pierre d’extirper de nouveau la lance de sa mallette et s’approcher de nous. « Vous pouvez l’aider ? » Je relevai un regard plein d’espoir vers lui, en constatant les ravages causés par mon fusil d’assaut. Que resterait-il de Tasya, après son intervention et la mienne ? « Elle m’a sauvé la vie. Deux fois. » Lui soufflai-je pour seule justification. Si c’était une sorcière… serait-elle vraiment de mèche avec les vaudous ? Comment Tasya avait-elle pu se retrouver mêlée à tout ça ? « Je ne peux pas croire qu’elle soit avec eux. Elle aide toujours son prochain, ils ont dû la laisser en pâture à ce démon. » Ou quoi que ce soit d’autres. A mes yeux, Tasya avait été un de leurs sacrifices, au même titre que ces deux gamines qui hurlaient et pleuraient dans les sous-sols de l’Oufo.
La lance entra en confrontation avec l’entité qui l’animait, sa pointe dirigée vers son front. Les cris inhumains que Tasya poussa en retour hérissèrent le poil de la Bête. Je la lâchai doucement quand Pierre me confirma qu’elle ne risquait plus de se débattre. J’avais de la peine pour elle, mais il était certainement la personne la plus à même de lui venir en aide. L’autre soldat s’attelait déjà à réparer les lourds dégâts que je lui avais causé pour faire en sorte que son corps supporte l’extraction. En l’état, je ne pouvais rien faire d’autres pour elle.
Alors Pierre me laissa le choix de partir en chasse. L’envie était réelle, surtout à entendre les tirs échangés derrière moi, mais j’hésitais à les laisser tous les deux. Je n’étais pas certain de ne pas empirer la situation si je me retrouvais au milieu des tirs échangés, sans la présence indispensable de Pierre pour me canaliser. Il avait plus foi en mon contrôle que moi-même. Et je rechignais également à laisser Tasya. Qu’est-ce qu’ils allaient faire d’elle ensuite ?
J’eus à peine le temps de me relever que la terre se mit à trembler violemment sous mes pieds, m’écrasant à nouveau à terre. « ‘Chier ! » Qu’est-ce qu’il se passait encore ? « Ils contre-attaquent ?! » Demandai-je à Pierre en me retournant vers lui. On avait pris trop de temps à réagir… Probablement qu’ils avaient laissé Tasya possédée par cette entité derrière eux pour nous retarder, sachant très bien qu’on tenterait de la sauver du mal qui la rongeait.
Puis… il y eut comme une fracture. Cette fois, ce n’était pas la terre sous moi qui se déchirait, mais mon for intérieur. J’eus l’impression de me retourner sur moi-même pour discerner très clairement la Bête s’incarner sous mes yeux, comme une facette d’un miroir brisé en deux. Je la découvris pour la première fois et… elle n’avait finalement rien de si incroyable. C’était un loup énorme au pelage gris et fauve, plus foncé sur le dos et allant en s’éclaircissant sur le ventre. Des stries sombres se noyaient dans son pelage, relevant ce regard doré si différent du mien. Est-ce que c’était à ça que je ressemblais les nuits de pleine lune ? Nos regards se croisèrent, et j’eus le sentiment étrange de comprendre très exactement ce à quoi elle pensait, sans que ses pensées ne m’envahissent et ne me plongent dans la confusion. Pour la première fois qu’elle s’était incarnée, sa colère et son agressivité latente ne dictait plus mes actes, sans que Pierre n’y soit pour quoi que ce soit. J’eus l’impression soudaine qu’il m’aurait suffi de briser définitivement ce reflet dans le miroir pour chasser cet animal de mon corps, que j’étais capable de le faire par moi-même… l’idée même était si tentante, mais la réalité nous rattrapa tous les deux bien vite.
Le Loup se retourna en grondant, percevant un danger bien plus pressant encore que je ne pouvais l’être pour lui. Je constatai, avec stupeur, que la lance brisée s’était soudainement reconstituée en une version intacte et d’une puissance incommensurable… mon regard ébahi croisa celui de Pierre, avant de se porter au-dessus de son épaule. Si Tasya ne bougeait plus, l’entité semblait avoir trouvé un autre corps plus intéressant à exploiter. Je ne savais pas exactement ce qu’il venait de se passer, mais cette puissance magique qui avait déferlé sur nous semblait avoir redistribué les cartes. « Et merde. » Lâchai-je entre mes dents serrées. Le Loup accrocha le regard de cet homme blessé qui semblait être curieusement sur le point de se relever pour nous prendre pour cible. Et le choix s’imposa de lui-même à moi en quelques secondes quand son corps commença à se tordre dans des angles improbables sous le coup d’une transformation… Je n’eus aucun mal à comprendre ce qui se passait. On était foutus.
Si nous voulions survivre, il fallait que j’accepte aussi de changer.
« Putain ! » Je balançai mon fusil d’assaut au sol. Je n’eus pas vraiment le temps de retirer mes fringues que, déjà, le Loup réduisit la distance créée entre nous pour se lover contre mon âme. Le changement fut brutal, mais pour la première fois depuis qu’il avait changé ma vie, je restais pleinement conscient de tous les changements qui s’opéraient sur mon corps. Ça faisait un mal de chien, à la limite du supportable… mais je sus précisément quand l’interrompre avant que ce chien des enfers ne me saute à la gorge. Je le réceptionnai sous une forme hybride d’une énorme bête monstrueuse dressée sur ses deux pattes, semblable à la sienne, qui me permettrait de le combattre à armes égales.
Spoiler:
Aodh rechigne un peu à laisser Tasya aux bons soins des Purificateurs après l’avoir un peu réduit en charpie. Son indécision fait qu’il est encore face à l’entité démoniaque quand l’onde d’énergie les percute. Il voit distinctement Ethan se transformer. Et, alors qu’il avait l’occasion de dégager proprement le Loup hors de son corps, il décide de nouer plus étroitement avec lui pour affronter la menace immédiate que l’entité démoniaque représente. Il prend la forme Crinos pour la première fois, en même temps qu’Ethan revête la sienne.
Medea Comucci
Sugar Mommy, la randonnée c'est ma vie (et mes collines ne demandent qu'à être explorées)
I will stop at Nothing
En un mot : Humaine. Profiler pour le FBI et consultante pour la NRD
Qui es-tu ? : A cinquante ans, je rassemble les bris de ma carrière explosée dix ans plus tot. Travailleuse acharnée, animée par un désir de vengeance qui me couple le souffle. Je ne m'arrêterais que lorsque ma Némésis sera morte ou sous les verrous. En parallèle, à la tête d'une cellule spéciale, je suis chargée d'incarcérer les CESS qui s'imaginent au dessus des Lois.
Facultés : J'attire les ennuis. Très facilement. Et souvent, je vais à leur rencontre.
Le temps lui échappe. L’intrusion violente et armée des nouveaux venus ne permet pas une analyse posée et complète de la situation. La profiler ne peut être que dans la réaction. C’est un désavantage certain. Néanmoins ses réflexes et son expérience du terrain, affutés depuis qu’elle a vingt-cinq ans, sont des atouts précieux. Elle cède du terrain pour éviter une position de faiblesse totale. Soulagement en constatant que l’adolescent, Jacob, Johnson et Philippe ne tergiversent pas. L’inquiétude est réelle pour l’infirmière et son ami mais leur position est indéfendable. Rester réduirait les chances de survie de tout le groupe. Calcul froid et détaché, mais Medea n’a jamais prétendu être un parangon de moralité ou de compassion.
Dès qu’elle arrive sur le palier, elle se met en position, accroupie, l’épaule appuyée sur la paroi de manière à couvrir la retraite de ses compagnons. Le groupe paramilitaire à l’organisation impeccable confirme ses craintes. Ils commencent à tirer sans sommation. Fauchant ceux qui gravissaient encore les marches. Malgré une blessure visible, David prend position en face d’elle et assure un tir de couverture parallèle. permettant aux trois autres d’attendre le pallier et de gagner un peu de répit. La brune ne retient pas une grimace. -Ils savent que les flics sont là. La voiture de patrouille est juste devant les portes, la gamine avec le téléphone n’a pas été discrète à ce sujet non plus. -Pas plus qu'elle, en laissant sortir l'émeutier quelques minutes plus tôt. -Et ils n'en ont rien à foutre. -Les mots sortent avec une articulation précise. Reflet de la rage qu’elle ressent à ces agissements. A l’égard de sa hiérarchie qui l’abandonne malgré ses tentatives de contacts. Démontrant à quel point ils se pensent au-dessus des Lois. Soit parce que la confusion de la ville en ébullition est une couverture parfaite, soit parce qu’ils ont assez de moyens pour faire taire les questions, soit parce qu’ils sont protégés d’une manière ou d’une autre. Plus probablement, un mélange de tout.
Un nouveau chargeur qu’elle enclenche. Un roulement des épaules pour éviter la tétanie des muscles. -A quel point tu es blessé, et comment exactement?- La tache sombre qui s’élargit le long d’un bras est un indice lumineux. -Si tu n’as pas mal, c’est l’adrénaline ou le choc. Dans les deux cas, ça ne durera pas-. Un échange de regard rapide avec l’officier de SPD, l’italienne se remet debout. Le plus gros danger c’est l'hémorragie. Elle espère que ce n’est pas son côté dominant qui a été touché -Retire ta veste et ta chemise. Essaie de faire un point de compression avec ta chemise et ta ceinture. Je t’aiderais à la poser et à serrer. -Le chant des balles ne couvrent pas les hurlements de douleurs et les cris monstrueux qui proviennent du péristyle. Le cercle a été brisé. Le Dévoreur d' Ame possède une autre victime. Impossible de savoir ce qui se passe plus bas. Surtout quand l’escouade attaquante est renforcée.
Un tremblement de terre vient secouer le bâtiment. Avec une violence telle qu’elle peut sentir la structure du bâtiment vibrer sous ses pieds et contre ses mains. Merda. Cos’altro?! Un répit est offert. Les armes automatiques se taisent, sans doute le temps de prendre la mesure du phénomène. Mais Medea n’a pas le temps de s’en réjouir. Une pression mentale. Une vague qui la dépasse et déchiquette… Quelque chose dans le fond de son crâne. La sensation est puissante et impérieuse. Elle prend le dessus sur l’urgence de la situation. Les gémissements des blessés, les ordres aboyés. Ce n’est pas tant douloureux que l’impression qu’un voile sur sa vision s’estompe. D’accéder à autre chose. L’italienne se retourne, lentement. Comme une inévitabilité. Elle ignore si ceux à côté d’elle peuvent voir l’esprit du Chien-Loup ou si c’est une vision qui n’appartient qu’à elle seule. Avec délicatesse, tendresse, peut-être, les mains se tendent pour effleurer un pelage qui n’a plus rien de matériel.
Bien sûr qu’il est de ressentiment et de colère. -Sei bello. Mi dispiace. Meritavi di meglio* Medea ne s’exprime que dans les confins de son esprit. C’est réel, pourtant, elle le sent. Elle ne vient pas de subir un choc crânien. L’animal hante ses pas depuis qu’il a été piégé. Ils l’ont été tous les deux. Némésis. Dans un réflexe typiquement humain, elle nomme ce qui n’a pas besoin de l’être. Némésis. La sienne ou celle des Autres. Ceux qui ont brutalisé l’animal. Ceux qui ont orchestré la profanation de son domicile et les menaces sur Ciaràn. Bien sûr qu’il doit savoir que sa quête rejoint la sienne. L’italienne n'est pas du genre à tendre l’autre joue. Elle ignore encore à quel point les fuites de données du Pasua ont grillé sa carrière, à quel point ses travaux pour la cellule de New-York ont été rendus publics, mais cela ne peut éliminer complètement les agissements criminels présents.
Réparation. Il exige réparation et pénitence. D’une manière ou d’une autre. Il lui force la main sans expliciter les retombées si elle en venait à le refuser. Mais il sait. Il la suit depuis des jours. Il Sait. Sa volonté rejoint la sienne. Offrant une tentation cruelle, à laquelle elle a résisté pendant dix ans. A quel point son histoire aurait été différente si elle avait poussé Carlisle à la Mordre? Invitation si souvent flottante entre eux. L’Ame animale, si concrète. Les symboles vaudou qui ornent encore le pelage au caramel fauvel. Est ce qu’ils s’effaceront quand la Bestia sera vengée ou font ils parti de lui, puisqu’il est mort avec? Ce qu’il offre et ce qu’elle va perdre. Ou le laisser se dissoudre dans une paix sans écueils? Prendre le risque de devenir l’un de ces Mad Dog qu’elle a passé sa carrière à traquer? Ou avoir l’arrogance de songer qu’elle s’en sortira mieux que les autres? L’Arrogance. La Fierté. L'orgueil. Son péché capital.
La promesse est implicite. Il deviendra son allié. Prêtera ses forces, sa sauvagerie, au service de sa propre quête. Elle ne sera plus jamais seule. Maudite par sa propre volonté. L’abysse à ses pieds est sans fond. Devenir ce qui la fascine. Pouvoir aider l’innocente encore ignorante si le moment vient. Elle saute. Vieni da me.* L’italienne débarricade sa forteresse mentale. Abaisse ses défenses pour cette fusion contre nature. Elle ignore si sa Présence sera immédiate ou non. La réalité reprend ses droits.
A son poignet, avant d’attendre une éventuelle blessure, elle décroche sa chaîne d’argent et la laisse glisser au fond de sa poche, pas encore décidée à abandonner cette arme fidèle. A son cou, l'amulette forgée par Evangeline ne brûle pas. Pas de l’argent ou elle dispose de quelques heures. Son regard se recentre. Assez pour reprendre conscience de son environnement. Ce qu’il vient de se produire l’a été en l’espace d’une seconde. L’Oungan est penché sur son ami, mais c’est le tintamarre d’objets qui se brisent et explosent sur les parois qui l'arrête. Une pointe de satisfaction non dissimulée quand il apparaît que ce sont les attaquants les cibles de cette rage inanimée. De quoi leur faire gagner quelques minutes. Ses prunelles s’écarquillent mais elle s’interdit d'être choquée par la manifestation enfumée de Johnson. Elle siffle entre ses dents, il a bien dit qu’il avait subi les événements d’Halloween de plein fouet, mais les conséquences de cette fumée lui échappent encore. Parce qu’elle reste prudente, elle reste en dehors de la trajectoire des filins fumerolles et aide son partenaire à se relever. -Quoique ce soit, si tu as le moindre contrôle dessus, tu le diriges vers le bas! -Elle est prête à prendre le moindre avantage, surnaturel ou non. Il a reçu un tir aussi. Elle saisit la main libre de David et la presse contre son flanc -Compresse. -Jacob a aidé son ami et lui même. Il a l’air sur le point de s’effondrer, mais elle demande quand même. -Vous avez encore de l'énergie pour les soigner?- En espérant que ce qui vient de jaillir de Johnson ne soit pas une épreuve de plus.
Fuir par le toit comme le suggère Jacob rejoint son idée première et elle acquiesce.. Elle relâche le policier, craignant une nouvelle manifestation étrange de sa part. Son arme de poing est toujours dans sa main droite et elle n’hésitera pas à l'assommer d’un coup de crosse, voir l’abattre d’une balle dans le crâne si il devient hostile. Medea espère vraiment ne pas en arriver là. C’est une solution dont elle ne veut pas, mais qu’elle utilisera. Avec regret. Le menotter ne serait que temporaire. Il ne pourrait pas descendre l'échelle de secours. Cependant, Jacob ne semble pas inquiété par la fumée poisseuse. Bon point. Sa tête se tourne vers le jeune asiatique. -Il y a une échelle de secours qui descend depuis le toit. On peut sortir par là. Comment tu te sens?
Le groupe commence à reculer vers le second palier. Parce que les mercenaires ne sont pas une menace à prendre à la légère, elle saisit une grenade dans sa ceinture tactique. Qu’ils aient des masques respiratoires est agaçant mais ne protège pas de tout. Elle dégoupille une puis deux grenades à fumigènes, les lançant vers le bas des marches, coup sur coup. Espérant profiter de l’écran de brouillard et de la confusion visuelle pour mettre de la distance suffisante pour éviter les prochaines volées de balles. Au moins le temps de mettre la porte du toit entre eux. Si en plus la masse mouvante jaillie de l’estomac du flic pouvait s’y mêler, ce serait un avantage supplémentaire. Johnson dans son angle de vue, elle se retrouve aux côtés de Jacob. La voix de Medea est sans douceur quand elle s’exprime à mi-voix. -Qui arrive, exactement?-
*Tu es magnifique. Je suis désolée. Tu méritais mieux. Viens à moi.
Spoiler:
Medea conseille Caleb pour qu’il s’occupe de sa blessure. Accepte l’Ame du Chien-Loup Relève Johnson malgré son vomis de mauvais augure et espère très fort qu’il reste un allié malgré son désamour des vaudous Balance des grenades fumigènes dans l’escalier pour donner le temps à son groupe de reculer vers le toit
Caleb Caulfield
That kid you called a weirdo
ASHES YOU WERE
En un mot : Outre medium
Qui es-tu ? : 20 ans, artiste de rue, violoniste de talent, tourmenté par son don. Fait partie d'une bande de voleurs dont le chef est Iris. Enchaîne les petits boulots autant que les larcins.
Facultés : Medium capable d'être projeté dans le passé des lieux, en particulier quand il s'est produit des morts. Il est ainsi happé par leurs esprits, assistant à leurs derniers instants.
Comment on va se sortir de ce merdier ? Alors que les hommes qui m'accompagnent s'effondrent, fauchés eux aussi par les balles, se traînant hors des tirs, dans cet escalier, couverts par les tirs de la femme... Je m'accroupis pour les aider, avant d'étouffer un hoquet d'horreur devant l'état de ses jambes. Merde... Merde, merde... On va pas pouvoir le traîner dehors comme ça, pas avec les autres blessés. Je papillonne des paupières quand la femme me parle, me rappelant que je suis blessé. « Je... Je crois que j'ai pris une balle dans l'épaule... » Je baisse le regard vers mon bras. Cela ne fait pas aussi mal que j'aurais pu le penser. Mais elle a raison, cela doit être l'adrénaline, ou le choc, ou les deux... mais quand ça va passer, je risque de ne pas être bien. Surtout en perdant du sang. Je n'ai pourtant pas envie de regarder... Cela rendrait la blessure plus réelle... Elle me conseille alors de retirer la veste et mon T-shirt pour essayer d'enrayer l'hémorragie. Je fais aller mes doigts. Ils bougent encore. Je m'exécute, suivant les conseils de la femme, qui semble savoir quoi faire dans ce genre de situation. Ma veste est trop raide pour faire quoique ce soit et je me résous à retirer mon t-shirt, le roulant en boule, pour appuyer sur la plaie. Ah, là ça fait mal... Je serre les dents, attendant l'aide de la femme pour essayer de limiter les dégâts. Je m'en sors pas si mal comparé aux autres.... voudrais bien aider à contenir l'hémorragie du soixantenaire, mais je ne sais pas quoi faire. Et on a laissé l'infirmière en bas... Tasya et Ethan, il va leur arriver quoi ? Ils vont se faire flinguer par les tarés qui sont entrés ? Ou se faire bouffer par Michel ?
Je sens alors le sol trembler sous mes pieds... Une seconde à peine avant que ce soit mon esprit qui se retrouve assailli. Ou mon essence. Je ne sais pas trop, mais je ressens le choc au fin fond de mon être. Et c'est une forme de prescience qui semble se réveiller en moi... Après toutes ces années à voir le passé des lieux, je suis dérouté par cette impression de pouvoir anticiper les choses. Désarçonné, sonné même. Je cligne des yeux, échappe de justesse à une commode qui lévite et me frôle. Heureusement qu'elle m'évite, parce que mes réflexes sont un temps émoussés par l'hébétement. Je me force pourtant à me raccrocher à la réalité, et à regarder les autres. Un est dans les vapes, Jacob est... prostré lui aussi. Non, il est le seul à pouvoir nous sortir de là, à connaître les lieux.
Il se reprend quand même et commence à soigner des plaies. Ah super. Les toits. Mais on a un autre problème alors que Medea parle à son coéquipier qui vomit des trucs pas très catholiques. « Qu'est-ce qui lui arrive maintenant ? » Est-ce que le truc qui était dans l'infirmier s'en empressé de migrer sur l'homme ? Dans l'homme ? « Il est en train de se faire posséder ? » Elle me demande alors si je pourrais prendre l'échelle de secours depuis le toit. « Pour sauver ma peau, ça ira. » Fuir de cet enfer... J'ai l'habitude de grimper, cela devrait le faire, même avec un bras en vrac. Je recule avec Medea, passant même devant elle vers le chemin de la sortie, avant de m'accroupir et de toucher le sol, dans l'espoir de déclencher une vision quelconque qui puisse m'indiquer si le danger nous attend, si le truc qui se trouve dans Johnson va nous bouffer, si la route est scellée... N'importe quoi qui concerne ce palier dans les prochaines secondes. Mais rien de probant ne se passe... Johnson entre en transe et je ne comprends rien à ce qu'il dit, avant de vomir et revenir à lui, mais je ne devine rien de plus. Mon regard se porte sur l'homme, voyant les choses arriver juste après... vraiment perturbant. Je déglutis et regarde vers le fond du couloir, alors que j'avance, me forçant à ne pas courir, pour tenter de baliser le chemin.
Spoiler:
Caleb essaie de contenir l'hémorragie de son épaule avec les conseils et l'aide de Medea. Il s'engouffre dans le couloir, devançant un peu les autres et touchant le sol pour essayer d'anticiper les ennuis à venir.
Le mauvais oeil
Forgive me, Father, for I am sin
SHUFFLE THE CARDS
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En un mot : An eye for an eye leaves the whole world blind
L’air s’était densifié, prélude au cataclysme. Tenue au-dessus du front de Tasya, telle une épée de Damoclès que Pierre serrait dans sa main, la brillance de la lance de Saint-Georges avait commencé à s’intensifier bien avant les premières secousses. Comme si, avant ce moment décisif, la relique de la Foi avait anticipé l’avenir, et l’éruption cataclysmique qui allait suivre, en une volonté propre qui dépassait celle du pasteur. Elle se mit bientôt à luire avec une telle force, que Pierre l’ôta avec surprise du front de l’arcaniste ennemi, au moment où le sol commençait à trembler sous ses pieds. Il y eut un instant de doute. Lui, d’ordinaire aussi solide que le roc, fut décontenancé par le double phénomène auquel chacun assistait : les premières secousses, puis la clarté exponentielle de l’arme antique que les Purificateurs avaient cru maîtriser depuis bien longtemps.
Puis, ce fut l’explosion. Au moment où Aodh exclamait sa surprise, l’échine de la Terre fut prise d’un frisson, comme débarrassée d’un parasite qu’elle supportait depuis des siècles, et le trop-plein d’énergie se déversa de ses entrailles. Alors, tout s’emballa. Le démon Famine crut avec une formidable violence, s’enracinant en Ethan, au même moment où la lance de Saint-Georges irradia d’une telle brillance divine que les soldats de Dieu eux-mêmes furent aveuglés. Pointe de blancheur d’une insoutenable pureté céleste, l’arme antique fut arrachée des mains de Pierre, autant à cause de l’onde de choc qu’elle recracha que de la brusque fournaise que son métal irradiait. Une chaleur surnaturelle éclata autour de l’arme, brûlante comme un feu céleste.
Pierre lui-même poussa un cri de surprise et de douleur mêlés, lâchant la relique de la Foi. Car désormais, la lance irradiait d’une telle Foi sacrée au moment où elle absorbait voracement l’énergie tellurique, que nulle main de chair ne pouvait plus la toucher. Un court instant durant, elle n’était plus faite de métal rouillé, mais de Foi dans son état immatériel, le plus pur. Un état de transcendance, que même les Purificateurs n’avaient jamais atteint. Un miracle auraient dit certains, et Pierre le pensa aussi quand il vit la lance s’élever dans les airs, briller jusqu’à lui faire détourner les yeux, à mesure qu’elle transcendait la réalité même de sa matière.
Un spectacle interdit aux mortels. Ainsi, les trois Purificateurs présents durent aussi détourner les yeux face à la manifestation de la Foi qui prit place au sein du péristyle, ne laissant aucun témoin oculaire du miracle. Pourtant, quand Pierre put de nouveau poser les yeux sur la relique, celle-ci flottait, intouchée, en dépit des deux monstres qui se transformaient à quelques mètres de là, étincelante comme un soleil de Foi miniature et éternel, lévitant au-dessus du chaos. Si les deux autres Purificateurs avaient reculé, intimidés, leur leader tendit les mains, les yeux brillants d’émotion devant l’immaculé matérialisé devant son humble serviteur.
Le pilum antique avait retrouvé sa hampe. Son métal brillait de neuf, zébré de veines blanches irréelles, tout comme le bois du manche qui en était couvert lui aussi. Ces stries blanches charriaient un feu liquide, lequel courait au sein de l’arme et alimentait une phrase en latin ciselée dans l’épaisseur du bois : « Per virtutem et fide. » Pierre la lut du bout des lèvres, avant de se rendre brusquement compte du monstrueux combat qui avait commencé entre Aodh et Ethan chacun transformés. Les deux autres combattants battirent en retraite au moment où leur leader se relevait et tendait une main pieuse vers ce morceau de miracle. Pourtant, il ne put la saisir. Car la lance reconstituée irradiait d’une telle Foi, que la main de Pierre commença aussitôt à se cloquer et fumer, comme si l’homme était en train d’avancer ses doigts à l’intérieur d’un four allumé.
Mais la douleur est une preuve de Foi, de pénitence pour ceux qui tâchent humblement d’emprunter la voie de Dieu, si bien que Pierre serra les dents tandis que sa main brûlait vive. C’était son chemin de croix. Lui, il devait payer le prix de sa présomption : de s’être cru digne de toucher le miracle. Et il l’accepta. Bien que sa chair s’embrasait et crépitait, Pierre tint bon et attrapa fermement l’arme, imprimant les caractères latin au sein de ses lignes de vie : « Per virtutem. » Il les garderait à vie, comme des stigmates. En dépit de la fumée qui montait de sa main, le pasteur emporta la relique de la Foi loin de la mêlée des deux monstres, et intima à ses deux hommes de se regrouper rapidement avec les deux autres, partis sécuriser la salle des mystères.
Là, un total de cinq Purificateurs dont Pierre se postèrent en formation serrée devant le seuil du couloir, afin d’empêcher les deux crinos, Aodh et Ethan, de monter dans les niveaux supérieurs. Pourtant, aucun d’entre eux n’usa de son fusil d’assaut pour cribler de balles les monstres. Ce fut Pierre de nouveau, dont la paume avait pris la couleur écarlate des grands brûlés, qui resta debout au milieu de ses hommes accroupis tout en marmonnant une incantation en latin. Tous, parmi les Purificateurs étaient ébahis du miracle dont ils étaient témoins, mais aucun ne contesta les ordres du pasteur qui brandit soudainement la lance bien haut, comme s’il avait communié avec l’objet sacré, et ressentit toute la puissance qui sommeillait en son sein.
Puis, Pierre lança le pilum comme un javelot. « Deus fortitudo mea ! » cria-t-il comme l’arme fendait les airs selon une trajectoire impossiblement régulière, comme guidée par les volontés de Pierre et de la lance elle-même.
La relique de la Foi se planta brutalement dans le bois du potomitan. Elle vibra violemment, irradiant encore d’une clarté pure qui fendit le bois, creusant des crevasses d’énergie purificatrices à l’intérieur, tandis qu’un grand cri éclatait dans le péristyle. Bientôt, l’égrégore commença à brûler. Pour tous les Éveillés, l’Oufo tout entier fut cisaillé d’éclats de souffrances, comme la magie des lieux était jetée sur le bûcher que cette lance alimentait. Rien n’aurait pu l’arrêter, désormais. La relique de la Foi siphonnait l’énergie du sceau que Pierre avait posé sur l’Oufo, utilisant le surplus pour détruire et purifier la magie vaudou qui saturait les lieux. C’est un immense bûcher à ciel ouvert qui se déclenchait dans le péristyle, alors qu’à côté du potomitan, croissait une fournaise de Foi qui enflait lentement, jusqu’à purifier tous ceux qui s’attarderaient entre ses murs.
Le Grand Bûcher des impies débutait.
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Pendant que Pierre s’échine à maîtriser la lance quasi divine, Johnson, qui n’avait pas beaucoup répondu à Medea tant il luttait contre la douleur qui vrillait son flanc, ne répond pas davantage aux sollicitations de sa camarade d’infortune. L’officier de la SPD n’est pas lui-même. Tu t’en rends compte rapidement, Medea, car David n’est pas capable de maintenir sa main pour compresser sa blessure : au contraire, il n’a pas de force, et reste prostré à vomir face contre le sol. Pourtant, son flanc pisse le sang. Sa bouche déverse cette espèce de fumée novice, noirâtre et tentaculaire, son abdomen prit de spasmes réflexes, que même l’urgence de la situation ne parvient pas à canaliser. Ton acolyte du moment, David, est momentanément hors jeu.
C’est heureusement Jacob qui s’en rend compte. « Faites attention il n’est pas lui-même ! » s’écrit-il vers toi, Medea, en se levant précipitamment, son malaise précédent temporairement mis de côté.
Et pour cause, au moment où Jacob s’accroupit aux côtés du policier, vous assistez tous les deux à un sinistre et brutal phénomène. Les yeux de Johnson noircissent rapidement, alors que des volutes vaporeuses d’encre noire contaminent le blanc de ses pupilles, comme si la fumée novice s’infiltrait à présent dans son corps. La bizarrerie est trop rapide pour que l’Oungan intervienne, lui-même surpris par la manifestation surnaturelle. Il recule précipitamment, mais l’officier de la SPD lui saisit fermement l’avant-bras, tel un possédé qui pivote instantanément vers Jacob. Medea, tu es aussi aux premières loges pour entendre ce qui se dit.
Car Johnson parle. Il s’exprime d’une voix désincarnée qui chancelle entre trois tonalités différentes, comme lors des possessions dans les films horrifiques. « Elle sait. Elle seule sait. Elle sait quels monstres la nuit rêve, lorsque les heures deviennent si longues, que même les dieux dorment encore. »
Comme Jacob tente de dégager son bras, lui dont les yeux se sont écarquillés de stupeur face au discours du possédé, Johnson est pris d’un spasme plus brutal que les autres : il se tord violemment et recrache un gros bouchon de fumée avant de s’affaler contre le mur. L’Oungan le rattrape de justesse avant qu’il ne s’effondre tête la première et, tandis qu’il fait pivoter son cou, les yeux de Johnson retrouvent peu à peu leurs couleurs normales. Jacob lui, paraît ébranlé par ce qu’il vient d’entendre, même s’il fait de mieux pour le cacher.
« Sa crise est passée, quoique ce fut, » meuble-t-il en appuyant sur le flanc de l’officier avec ses deux mains. « Je vais couper sommairement le saignement, et ensuite il faudra partir d’ici. » Il te fixe droit dans les yeux, Medea, tandis que sa magie rouge commence à cautériser rapidement la plaie.
« Écoutez-moi bien, agent Comucci. Ceux qui nous attaquent ; aucun humain n’aurait pu percer les défenses de l’Oufo comme ils l’ont fait. Vous comme moi avons ensuite senti ce qu’il s’est passé. Tous les murs vibrent d’une énergie colossale, et ceux qui sont entrés en bénéficient autant que moi. La partie est perdue. »
La dernière phrase lui reste en travers de la gorge. La voix de Jacob, d’habitude ferme et veloutée, s’étrangle d’émotions refoulées, qui vont bien au-delà d’une douleur physique. C’est un fait : Jacob était le dépositaire d’une communauté, d’un savoir, d’un culte. Hors, il vient de tout perdre. Toutefois, il persiste à t’expliquer.
« Ce qui vient d’arriver n’est pas le fruit du hasard. Tous – vous et moi – nous avons joué nos rôles dans une partie d’échec que d’autres se livrent. Et elle arrivera. La Femme en noir. Appelez-les comme vous voudrez – dieux, anges, démons, esprits – les lwas existent, ceux qui jouent avec les ficelles de la causalité. Et tout ceci est l’œuvre de l’une d’entre elles. J’en suis certain, oui, car... »
Jacob hésite. La plaie de Johnson a cessé de saigner, et celui-ci revient à lui en gémissant, ce qui détourne le maître vaudouisant de son récit. Il avale sa salive, et ses yeux sont emprunts d’une telle solitude, qu’il paraît brièvement prendre dix ans de plus. « C’est une longue histoire. Ce n’est pas le moment, partons. »
L’Oungan aide Johnson à se remettre debout. L’officier est mal en point, encore crispé par les souffrances, et pourtant il hoche la tête à ton encontre, Medea, te confirmant qu’il tiendra. Devant vous, s’ouvre le corridor au sein duquel Caleb s’est avancé, aussitôt rejoint par Jacob qui lui intime de lui montrer sa blessure.
« Laissez-moi faire, » te demande-t-il, en déplaçant ses mains au niveau de ton épaule blessée. Aussitôt ses paumes posées sur ton articulation, sa magie dérive les flux sanguins et referme sommairement les veines : ce n’est pas un soin à proprement parler, et la douleur ne s’estompe pas, mais la plaie est refermée. Tu sens des picotements courir sur ton bras comme le sort de l’Oungan cautérise tes faisceaux sanguins, tandis qu’il affiche une expression profondément soucieuse. Ton bras n’est pas pleinement fonctionnel, mais au moins, tu ne perdras plus de sang. Une fois Caleb remis à peu près d’aplomb, Jacob retourne vers Philippe toujours étendu au sol, en sortant de sa poche son téléphone portable. D’un mouvement pressé, il compose aussitôt le contact de sa fille, Marie, tout en faisant signe à Johnson de l’aider à porter l’homme blessé aux jambes.
« Réponds, réponds... » marmonne-t-il tandis qu’autour de vous la magie de l’Oufo commence à s’embraser, immolée par la lumière purificatrice de la lance de Saint-Georges. Bien sûr, Jacob s’en rend compte, comme il fixe avec effarement les murs autour de lui, mais prend sur lui de ne rien montrer de la souffrance à la fois physique et morale, que ce bûcher cruel lui inflige. Johnson qui n’a pas l’air dans son assiette non plus, vient tout de même l’aider en passant son bras sous l’épaule de Philippe. Jacob, son téléphone rivé à son oreille, tient en chancelant l’homme blessé de son côté, en priant en sourdine que Marie soit encore de ce monde.
Après tout, sa fille est bien tout ce qui lui reste désormais.
Résumé:
- Pierre est tellement ébahi devant l'ascension divine de la lance de Saint-Georges, qu'il en oublie temporairement les 2 crinos. Il essaye de récupérer la relique, mais même lui doit faire preuve de pénitence.
- Pierre a donc une main brûlée par l'aura de Foi surpuissante de la lance. Il arrive à l'utiliser et à la planter dans le potomitan, cœur de l'Oufo et de son égrégore.
- La lance déclenche donc une purification généralisée. Elle commence à brûler l'égrégore et émettre une aura de Foi insoutenable autour d'elle, purifiant tout sur son passage. Cette aura va continuer de grossir jusqu'à englober tout l'Oufo : en parallèle, la lance siphonne l'énergie du sceau de Pierre qui ferme l'Oufo, et qui va donc s'affaiblir.
- En résumé, ça veut dire que vous avez un véritable Tchernobyl de Foi qui est en train de croître au sein du péristyle. Ce sont des flammes invisibles, comme une aura. Plus cette fournaise gagne en taille, plus le sceau qui ferme l'Oufo va faiblir, sans garanti que celui-ci cède.
- Tous ceux qui seront pris dans cette fournaise de Foi seront purifiés, et peut-être pire encore. L'égrégore est en train d'être détruite, et toute la magie des vaudous aussi.
Rez-de-chaussée :
- Jacob soigne Philippe, puis lui-même, puis Johnson et Caleb. Ce n'est pas vraiment un soin, mais une manière de couper les saignements en manipulant les flux sanguins.
- Johnson subit une brève période de transe/possession, durant laquelle il crache une phrase bizarre, comme Caleb l'avait prédit. Puis, le flic de la SPD revient à lui-même.
- Jacob est au bout du rouleau. Il révèle quelques informations à moitié cryptées à Medea, mais ce n'est pas vraiment l'endroit pour tailler le bout de gras. Il demande à Johnson de l'aider à porter Philippe.
- Il essaye de contacter par téléphone Marie, sa fille, tout en se dirigeant vers la sortie de secours donnant sur les toits. Le pauvre est en train de tout perdre, et elle est à peu près tout ce qui lui reste.
Étage :
Repentez-vous.
Lilas Hirsch
"THE BOOTY" : la plus belle paire de France et de Navarre.
☽ YOU LEFT ME IN THE DARK ☾
"She was poetry in a world that was still learning the alphabet."
En un mot : Wild thoughts
Qui es-tu ? : ☽ Outre. Pouvoir qu'elle ne peut nier, l'amenant sans cesse à visualiser le monde sous un prisme différent de celui du commun des mortels. Agression visuelle, physique, sonore, olfactive, constante, d'une magie qu'elle voit en tant qu'entité propre.
☽ Artiste. Pour exprimer ses visions, elle s'acharne à peindre, sculpter, dessiner, ce monde qui l'entoure et qu'elle ne peut expliquer oralement.
☽ Née en France, en Alsace précisément, enfant non-désirée, d'une relation adultère. Ce sont ses grands-parents qui l'élève et son grand-père qui la forme.
☽ Elle déménage aux USA dans le but de retrouver cette mère qui l'a abandonnée, pour apprendre qu'elle est décédée, préférant ne pas se battre contre un cancer qui finira par avoir raison d'elle.
☽ Elle atterrit à Los Angeles presque par hasard, en suivant son compagnon de l'époque. Elle y rencontrera Vinzent, qui changera sa vie.
☽ Un début d'apprentissage arcanique inachevé au côté de celui qui deviendra son ami, son amant, son amour. Un rituel magique lie leurs âmes peu de temps après le décès de Léonard, le mentor de Lilas.
☽ Elle se laissera malmener pendant des années par un homme néfaste avant de finalement tout quitter pour rejoindre la Louisiane dans l'espoir d'y retrouver sa demi-soeur et peut-être Vinzent.
☽ Elle passe 2 ans dans un camp regroupant des femmes CESS avant de rejoindre finalement Shreveport, où elle retrouvera sa demi-soeur, Hannah Miller, et l'autre moitié de son âme, Vinzent Henkermann.
☽ NO DAWN, NO DAY ☾
"your name i spoke many times
alone in the darkness in the night"
Facultés : ☽ Clairvoyance : Lilas a un niveau de sensibilité aux flux magiques qui lui permet de lire sous la surface des choses qui composent le réel. Cela se traduit par toutes sortes de stimuli cognitifs ou physiques. Son don est passif, elle vit avec un second filtre de vision constant.
☽ Psychométrie : En touchant un objet, qu’il soit magique ou non, Lilas peut en voir l’histoire, a qui il a appartenu, ce à quoi il a servi, tout ce qu’il s’est passé à son contact. La capacité n’est pas maîtrisée.
Thème : Cosmic Love - Florence + The Machine
I'm always in this twilight
"and prayed a thousand prayers
and my many dreams were of you"
Pseudo : Akhmaleone
Célébrité : Xian Mikol
Double compte : La Plante Verte, Le Hibou, La Catin et La Sorcière
Elle a conscience, bien que seulement à moitié, que quelque chose de bien plus grand qu’elles deux se trame dans ce rituel. Si leurs corps avaient encore eu un sens dans ce maëlstrom, Lilas n’a aucun doute qu’elle aurait senti la respiration de Marie se précipiter, qu’elle aurait vu ses pommettes s’assombrirent et qu’elle aurait pu percevoir le staccato précipité de son rythme cardiaque. L’excitation fiévreuse qui s’empare de l’essence sombre qui l’enveloppe ne laisse pas de place au doute et elle questionne une fois de plus sa décision. Etait-ce la bonne ? Avait-elle seulement le choix ? Aurait-elle pu faire autre chose ?
Ses questionnements s’envolent avec le reste du flux magique quand Marie l’entraine plus bas, plus profond. Elle aurait presque envie de retenir son souffle, l’Outre, à mesure qu’elle s’enfonce dans les méandres de magie brute. La souffrance et l’outrage qui émanent des veines qui les entoure, pèsent comme une chape de plomb sur sa psyché. Elle la sent partout, cette douleur, cette horreur qui bloque le flux et étouffe une puissance qui aurait dû fluctuer librement. Son regard se braque sur le nœud et elle tremble. Elle tremble devant l’abcès, devant la force de cette peine, devant l’immonde souffrance, maladive, qui s’échappe de ce qui ne peut s’apparenter qu’à une infection.
Marie commence à psalmodier d’une voix profonde alors qu’elle déverse la puissance de l’égrégore contre l’infamie et Lilas hésite. Lilas panique. Elle sait. Elle sent ce qui va se produire avant même que cela n’arrive. Comme une artère prête à exploser sous la force d’un caillot, comme le bouchon de liège d’une bouteille de champagne propulsé hors de son carcan de verre par la force des bulles, le monde tremble. Pas seulement la veine concernée par le blocage, ni l’arcaniste et l’outre qui lui font face, Lilas sent l’intégralité de la structure, physique et immatérielles, autour d’elles, au-dessus d’elles, se faire secouer par la puissance des premiers chocs. Elle s’agrippe à Marie, enroule son essence à la sienne, dans l’espoir de survivre à ce qui ne manquera pas d’être un véritable raz de marée.
La puissance est étouffante, écrasante, et une fois de plus Lilas est rappelé à sa condition de petite chose insignifiante au cœur d’un tout si vaste qu’il en est terrifiant. Grain de sable au creux de l’univers, elle observe la toute puissance d’une force inarrêtable en action. Le geyser explose et avec lui, l’univers. L’énergie s’engouffre autour d’elle, sur elle, en elle. L’outre se sent vaporeuse, nuage de fumée soufflé par le vent, embruns chahuté par la houle. Elle n’est plus rien. Elle est tout. Elle fait corps avec la puissance infernale qui les propulse et n’existe plus.
Quelque chose s’accroche. Qu’elle chose s’insère en elle et s’accroche. Quelque chose de sombre, d’affreux.
Le sol sous ses cuisses est une torture, la lumière une agression et même l’air, qui retrouve sa place dans ses poumons affairés, est une souffrance. Elle halète, les yeux plissés, le corps gourd et douloureux, le cœur battant une chamade maladive. Son essence, toujours fermement entrelacée avec celle de Marie, se détache presque à regret pour rejoindre son enveloppe, en emportant quelque chose avec elle. Lilas le sent. Comme un aphte qu’on ne pourrait s’empêcher de venir titiller du bout de la langue, comme un fil qui dépasserait d’un tissu contre la peau, comme une plaie qui ne cesse de se rappeler à vous au moindre mouvement. Quelque chose de plus s’est niché en elle.
Elle n’a pas le temps d’y réfléchir que Marie effleure ses lèvres des siennes toute à son euphorie. Lilas reste les bras ballants, la bouche sèche et l’esprit en ébullition. Qu’ont-elles fait ? En elle l’horreur se mêle à l’élation. Elles ont libéré une source de magie si puissante que Lilas la sent encore pulser au creux de ses os, entre ses dents, contre ses tympans. Quelque chose de pur, de brut, de libre. Comme un bourdonnement sourd, une mélodie en sourdine. L’air est chargé d’une odeur d’ozone qui lui fait penser à Eoghan et elle cille brutalement.
Lilas secoue bêtement la tête en signe de négation quand Marie s’enquiert de son état et observe les traces violacées de sa propre essence qui s’attardent encore sur l’arcaniste et en elle. Elle la sent oui, elle ne sent que ça. La tête lui tourne, la nausée lui broie l’estomac, c’est trop. Comme après Halloween, la puissance est telle qu’elle presse comme un étau sur les sens de l’Outre qui tente, vaille que vaille, de ramener à elle son don éparpillé aux quatre vent. Elle capte, derrière la porte, la présence d’autres. Des essences étranges, comme elle n’en a jamais vu. Terrifiante, non pas par leur noirceur mais par la lance de fer d’une dévotion et d’une conviction inébranlable. La flamme d’une essence encore juvénile qui s’éteint sous un souffle brutal et lui tire un haut-le-cœur. Ses yeux se lèvent malgré eux vers le plafond de la pièce et quittent la portent. Il trace béton, là où le potomitan monte, monte, monte pour atteindre le péristyle. Quelque chose d’horrible se trame là-haut. Elle halète et ferme les yeux quand la souffrance de l’égrégore la traverse une fois de plus. Un frisson glacé dévale son échine.
C’est le bruit, horriblement commun, de la sonnerie d’un téléphone qui la tire de son observation passive et terrifiée. Elle sursaute brutalement et extirpe son téléphone de sa poche avant de réaliser qu’il ne s’agit pas du sien mais de celui de Marie.
« Marie… »
La voix rauque et tremblante, Lilas tend l’index vers l’aura d’un blanc éclatant qui commence à émerger du plafond et qu'elle seule peut voir.
« Marie ! » Sa voix gagne en force et frise l'hystérie quand elle s’empare de la main de l’arcaniste. « Marie, je sais pas ce qu’ils foutent là-haut, mais j’aime pas ça. On est pas les seules à avoir pu profiter de… » L’aura continue de grossir, lentement mais surement et Lilas déglutit. Quoique ce soit, ça ne peut pas être bon. L’énergie lui rappelle trop celle qui a brisé les défenses de l’Oufo. « Ils ont fait un truc au potomitan… Faut qu’on se tire. »
1023 oops:
Lilas se prend de plein fouet la puissance de ce qu’elles libèrent avec Marie. Elle sent le morceau d’essence démoniaque s’enfoncer en elle, mais n’a pas le temps de s’en inquiéter. Son don boosté par l’énergie ambiante capte la présence de l’autre côté de la porte. Elle découvre pour la première fois les essences des Purificateurs et panique un peu. Elle sent l’essence d’Isalin s’éteindre. Elle comprend pas grand-chose à ce qui passe encore sous le coup de ce qu’elle vient de vivre mais perçoit la douleur de l’égrégore quand Pierre plante la lance dans la potomitan, elle tente de prévenir Marie et de l’encourager à se barrer de là vite et bien.
Le choc est terriblement brutal lorsque les deux bêtes se percutent. Les grognements résonnent et font vibrer le péristyle. Chaque coup de griffe, chaque morsure, est ressentie douloureusement dans ma chair, accompagné de hurlements féroces. Je rends les coups, mes pattes, munies d’épaisses griffes, cherchent à trancher la gorge de mon adversaire. Chaque geste fait appel à ma propre volonté mais elle est également dictée par cette chose qui ne demande qu’à se repaitre de la chair de mon adversaire. Elle est affamée et met toute la hargne qu’elle possède pour avoir le dessus. Je n’ai pas l’expérience de mon ennemi qui lui, à l’air de s’y connaître sacrément mieux dans ce genre d’exercice.
Je me retrouve mis à terre, brutalement et je hurle à travers cette gueule qui n’est pas la mienne. Le goût du sang envahi ma langue, mais il est étrange, comme s’il appartenait à autre chose. J’ai l’impression que toute la structure autour de moi tremble. La douleur est là, à chaque coup gagnant de l’autre bête mais il ne s’en sort pas indemne, car je réplique avec toute la force que je possède. Je voudrai fuir, cesser cette confrontation ridicule et dont je n’ai jamais voulu, mais Il ne m’en laisse pas l’occasion.
Tasya est recroquevillée dans un coin. Je voudrai l’aider, la secourir pour la sortir de cet enfer, mais il ne m’y autorise pas. Je me bats contre une terrible bête et contre moi-même. N’est-ce pas là, un combat perdu d’avance ? Un vague souvenir d’autres personnes persiste dans mon crâne, je ne les vois plus et franchement, c’est le dernier de mes soucis. Un objet vient se planter brusquement dans le pilier central avec un fracas que même nos grognements ne parviennent pas à couvrir. Le regard de mon Autre se tourne vers le potomitan, délaissant le Crinos pendant une courte seconde.
Soudain, je perds tout contrôle. Une peur terrible envahit mes sens, mais ce n’est pas la mienne. Elle vient d’ailleurs, de cette chose qui a pris possession de mon corps. Un dernier coup de patte est donné avant de courir vers la seule issue possible. L’entrée principale. Je prends de la vitesse, le sol défile sous mes yeux à vive allure, fuyant le centre de la pièce. Je me débats, crie silencieusement dans ma prison de chair pour récupérer la jeune femme.
Le péristyle est quitté, devant moi, la porte est ouverte. Je sens l’air, chargé de poudre, la fumée des voitures en feu, la sueur et la rage des émeutiers. Galvanisé par ce doux parfum, l’entité s’enhardit, elle a un nouveau but. De nouvelles âmes sont à portée de gueule, les griffes feront merveilleusement bien couler le sang pour qu’il puisse avaler leur esprit impunément. J’entends sa démence tambouriner contre ma conscience. Au bout de cette porte, se trouve la liberté, celle dont on l’a si ignoblement privée, l’enfermant dans cette petite fiole, bien trop étroite pour Lui. Sa faim ne pourra plus jamais être rassasiée. Là, il va pouvoir découvrir le monde, manger et savourer des milliers d’âme et même là, cela ne suffira pas à apaiser son appétit.
Je prends mon élan dans une détente impressionnante, je saute de toutes mes forces vers la liberté.
Spoiler:
Balloté entre sa propre volonté et celle de Famine, Ethan entame un combat contre Aodh. Lorsque la lance de Pierre frappe le potomitan, Famine pressent un grand danger et cherche à fuir vers la sortie. Derrière la porte d'entrée, Famine sent qu'il va pouvoir manger sans compter.
Le mauvais oeil
Forgive me, Father, for I am sin
SHUFFLE THE CARDS
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En un mot : An eye for an eye leaves the whole world blind
Que l’extraordinaire rituel ait épuisé Marie, celle-ci n’en manifeste pourtant aucun signe. Bien au contraire, elle déambule, extatique, debout face à Lilas, certes le souffle court, échevelée, des mèches noires de jais zébrant son front et ses joues, mais les efforts qu’elle a fourni n’ont altéré ni son port altier, ni son euphorie. Curieusement sourde aux souffrances de l’Oufo qui suintent des briques de chaque mur, elle virevolte entre les cercles, les yeux pétillants, ses lèvres formant un ovale béat, comme une danse qui emmêle sa chevelure aussi sombre que ses arcanes. Et qui pourrait la blâmer ? Voilà des mois que l’arcaniste s’échinait en vain sur cette tâche dantesque, et cette nuit, Marie – ou Ranni – vient enfin de franchir les portes de l’impossible.
C’est une consécration. Et la jeune femme semble redécouvrir son laboratoire avec cette ivresse émerveillée qu’ont les arcanistes passionnés à l’extrême. Elle effleure, puis touche, haletante, chaque surface, comme si le moindre meuble ordinaire était à présent sublimé ; et que voyait-elle au juste avec ses dons si singuliers ? C’est difficile à dire, Lilas, mais cette femme a certainement une vision différente de la tienne, et même une radicalement opposée au commun. Ascendance maudite certes, tu l’as senti, mais serait-elle mauvaise pour autant ? N’a-t-elle pas délivré les veines de la Terre d’un fardeau terriblement toxique ?
Quoi qu’il en soit, c’est tout juste si Marie entend la sonnerie de son téléphone, tant ce bruit banal paraît si déplacé dans un univers mystique, que cette plongée dans les entrailles de la Terre a rendu féerique. Tremblantes, les mains de l’arcaniste échappent quasiment l’appareil, avant qu’elle ne le porte à son oreille, le souffle toujours aussi entrecoupé d’éclats de joie. « Oui ?… Non, je vais bien… Pourquoi ? »
À cet instant, le retour à la triste réalité de la défaite paraît lui tomber sur les épaules avec la brutalité d’une chape de plomb. Immédiatement, son sourire s’éteint et, au moment où tu lui saisis la main, Lilas, ses yeux effarés s’attardent sur le plafond, cherchant vainement à apercevoir une menace que tu es la seule à voir. Et, aussi près d’elle, tu peux entendre la voix alarmée de l’Oungan à l’autre bout de l’appel téléphonique, qui lui assène la réalité dans laquelle vous risquez vos vies. Marie aussi, bien qu’elle ne l’ait pas encore accepté.
« Je ne sais pas qui ils sont, ni qui a commandité tout ça. Je ne sais pas ce que tu as fait, là, en bas, mais cela n’a pas d’importance. Je veux que tu sortes de l’Oufo. Maintenant, » assène Jacob, en trimballant en même temps Philippe avec Johnson. « Tu es plus importante à mes yeux que de la brique et du mortier. »
Un instant durant, Marie promène son regard effrayé sur ce qui l’entoure ; ce laboratoire qu’elle a modelé à l’aune de sa personnalité. Un foyer, un cocon hors du monde, que l’arcaniste refuse d’abandonner aussi bien par orgueil, que par tendresse envers ces lieux ; elle sera difficile à convaincre, c’est évident, Lilas.
« Non… C’est à nous, ils… On peut lutter, j’ai réussi à... » Elle hoquette, sa voix brisée entre colère, détresse, et frustration. Puis, elle arrache vivement sa main de la tienne, Lilas, et tu lis sur les traits de Marie que c’est désormais la colère qui prend le pas sur la raison. « De quel droit nous chasseraient-ils comme des rats ? »
Tu le vois de ton côté, Medea, l’expression de Jacob se décomposer, à mesure qu’il sent sa fille lui échapper, et emprunter une voie suicidaire. « Marie s’il te plaît, écoute-moi. J’ai vu ce dont ils sont capables, je le sens dans ma chair à cet instant. Ça me peine autant que toi, mais ta vie est plus importante que cet endroit... »
Et Jacob a beau essayer de la raisonner, rien ne dompte la fureur noire de Marie dont l’essence crépite sous tes yeux, Lilas, quand l’arcaniste serre le téléphone à s’en faire blanchir les jointures. Au moment où celle-ci s’apprête à répliquer contre son père, tu sens soudainement une terrible brûlure affecter l’essence des lieux et particulièrement les défenses du laboratoire. C’est derrière la porte fermée, que croît une horrible pointe d’énergie immaculée, un fer de lance affreusement acéré, et qui bientôt illumine le chambranle, en irradiant les protections. Samaël, déjà, s’est caché sous le canapé. Immédiatement, vous entendez chacune, quoique de manières différentes, la déchirure qui succède aux cris de la magie agonisante, alors que les Purificateurs détruisent les protections du sanctuaire de Marie, pourtant si lourdement défendu auparavant.
Telles des lances de lumière fendant la porte, des rayons immaculés étincellent au travers des interstices, au moment où Jacob crie à sa fille de partir. Pourtant, Marie n’en fait rien. Tu la vois Lilas, lancer son téléphone sur le canapé, juste après avoir répliqué sèchement à son père. « Non. Je les détruirai. »
Aucune hésitation ne transparaît dans son attitude. Une folie, sans nul doute, mais Marie a-t-elle jamais été raisonné, en fin de compte ? Il y a, dans son caractère, cet embryon de démence, cette passion flamboyante qui lui va si bien, ce talent trop lourd pour sa jeunesse et qui néanmoins risque de lui coûter la vie. Ainsi elle te repousse, Lilas, tandis que des coups violents martèlent le battant, en faisant sauter les vieilles serrures.
« Recule, et surtout cache tes yeux ! » t’ordonne-t-elle, comme Marie s’avance au-devant des soldats divins, qui sont venus la tuer. Elle est fière, trop sans le moindre doute, le dos droit et le menton haut, à se plaquer contre le mur à côté de la porte qui se fendille, déjà prête à se battre jusqu’à son dernier souffle.
Puis, le battant cède. Un dernier coup de botte l’abat, et c’est d’abord le canon d’un fusil d’assaut qui avance dans la pièce, aussi suivi d’un premier Purificateur qui prend prudemment pied à l’intérieur. Tu sentais déjà, Lilas, une formidable énergie solaire s’accumuler dans la partie gauche du corps de Marie, à mesure qu’elle captait la surabondance de magie contenu dans l’Oufo pour maximiser son don. Et c’est son bras gauche qui avait commencé à luire férocement sous son habit, au moment où elle se décale du mur pour surprendre le premier Purificateur qui avançait là. En une fraction de seconde, l’arcaniste lève son bras, et sa main gauche s’embrase d’un éclat aveuglant, à la puissance solaire, illuminant en négatif l’intérieur de ses articulations.
L’espace d’un battement de cil, Marie fait jaillir l’équivalent d’un soleil miniature dans le creux de sa paume. Elle détourne la tête et ferme les yeux, tandis qu’une incroyable clarté irradie les Purificateurs surpris dans le couloir, qui lèvent leurs armes trop tard ; des exclamations de douleur, autant que de stupeur, résonnent quand le petit couloir est violemment et brièvement illuminé, comme par un énorme flash d’appareil photo. Une certaine confusion s’ensuit. L’assourdissant aboiement d’un fusil rugit au terme du bref affrontement et une cavalcade se fait entendre dans le corridor, comme l’escouade aux rétines brûlées bat momentanément en retraite. Néanmoins, cette mince victoire aura coûté cher à l’arcaniste noir.
Car Lilas, quand tes yeux retrouvent enfin Marie, tu la vois lourdement appuyée contre le bord du bureau, essoufflée, sa main gauche crispée sur son biceps droit. Manifestement, l’une des balles tirée en couverture l’a touché à cet endroit. Son souffle est saccadé, et en réalité, seul son amour-propre déraisonné lui permet de ne pas exprimer sa douleur à haute voix : elle serre les dents, ses traits souffrants déformés par la colère. Non loin d’elle, des impacts de balles couronnent le mur au-dessus du bureau, preuve que la rafale n’est pas passée très loin ; la première de nombreuses autres à venir. Car les Purificateurs n’abandonneront pas.
Elle a eu de la chance cette fois-ci. Vous avez eu de la chance.
Résumé:
- Suite au lancer de dés de Lilas, Marie s'entête à vouloir combattre les Purificateurs plutôt que d'abandonner l'Oufo. Elle n'écoute ni les conseils de Lilas, ni ceux de Jacob.
- Medea peut aussi entendre la conversation entre Jacob et sa fille via le téléphone.
- Le groupe de 4 Purificateurs dans le sous-sol enfonce les protections du labo de Marie, vu qu'ils ont eux-aussi leur magie boostée. Puis ils enfoncent la porte tout court.
- Comme ils s'attendaient à trouver des otages (comme Isalin l'a dit), ils sont un peu surpris. Marie leur flash la tronche avec son don (façon technique de Rhys) qui produit l'équivalent d'un mini soleil difficile à contrer. Elle avait quand même averti Lilas qui a eu le temps de se protéger.
- Les Purificateurs se font brûler la rétine et sont donc contraints de battre en retraite temporairement. Ils tirent néanmoins une rafale de couverture au fusil d'assaut en direction du labo.
- Marie est donc blessée au niveau du bras droit (superficielle, mais elle saigne). Son chat est en panique sous le canapé. Les Purificateurs se sont repliés dans le sous-sol (pour l'instant).
Le Loup gronda avec force, ses griffes plantées dans la chair de son adversaire. Le roulé-boulé me coupa le souffle momentanément en percutant violemment le sol, peu de temps avant de reprendre le dessus avec force sur le chien des enfers. A armes égales, je parvins tout de même à conserver l’avantage. Car, contrairement à cette engeance démoniaque, l’harmonie parfaite avait été trouvée, l’espace de quelques minutes précieuses et décisives. Je savais aussi bien que le Loup que c’était notre survie qui se jouait, en cet instant précis. Une seule erreur pouvait signer notre arrêt de mort à tous les deux. Pour la première fois, nous étions sur la même longueur d’ondes, et je restais conscient de mes faits et gestes alors que la Bête avait pris les commandes.
Les crocs du Loup se refermèrent avec force sur la clavicule du crinos noir, lui arrachant un bout de chair quand celui-ci me repoussa violemment. Un nouveau grondement accueillit cette déconvenue. Je labourai le sol du péristyle de mes griffes pour me rattraper à temps, en position fléchie. Déjà, la bête se régénérait, à tel point que la blessure disparut en très peu de temps. Le combat aurait pu s’éterniser entre nous deux, mais le soudain retrait de notre ennemi me fit lever la tête avec surprise. Quelque chose n'allait pas.
Il ne me fallut pas plus d’une seconde d’hésitation pour comprendre que, pendant que j’étais occupé avec le crinos, mes nouveaux alliés n’étaient pas restés passifs. Les soldats de la Foi pointaient leurs armes dans ma direction et celle du démon… et, pour la première fois, je n’étais pas certain qu’ils ne feraient pas feu sur moi sans autre forme de procès. Je n’avais pourtant pas cessé de les aider du mieux que je le pouvais. Mais le Loup commençait à craindre sérieusement ce qu’il risquait de se produire, si nous restions plantés là dans la lumière nimbée de la lance. Est-ce qu’ils n’étaient pas prêts à risquer de s’immoler vif pour tester la toute-puissance de leur foi ? Pierre jouait désormais avec des forces qui le dépassaient complètement. Et, Dieu, je n’étais pas sans oublier tous les sacrifices qu’il m’avait fallu consentir pour combattre le Mal. Je n’aurais pas la présomption de me croire blanc comme neige à leur place.
Une seule sortie me paraissait envisageable dans l’immédiat, mais avant ça… Tasya. L’injonction fit grogner le Loup de mécontentement, car nous perdions un temps précieux à ralentir notre course pour attraper l’humaine à peine consciente au sol. Je n’étais pas particulièrement délicat quand je la serrai contre mon torse d’une patte griffue et impérieuse. Je m’aidai de l’autre pour avancer plus vite, dans des bonds rapides en direction de l’entrée principale. Arrivé dans le couloir, un puissant coup de patte arrière projeta un meuble contre le battant en maigre protection contre les flammes invisibles qu’émettaient la lance depuis le noyau de l’Oufo. Le sceau soufflai-je au Loup, qui dévia de sa trajectoire une microseconde, juste suffisante pour lacérer violemment les écritures de la lance gravée plus tôt à l’entrée du péristyle. J’espérais que ce serait suffisant pour nous dégager la sortie. Car, d’un nouveau bond, le Loup s’élança vers sa seule porte de sortie.
Je priai intérieurement. Une supplique, rien de plus. S’il était derrière cette œuvre, Dieu reconnaîtra les siens.
Spoiler:
Aodh prend l'avantage dans son combat contre Famine, mais la lance lumineuse les force tous deux à battre retraite vers leur seule porte de sortie : l'entrée principale de l'Oufo. Il récupère rapidement Tasya, envoie valdinguer un bout de barricade contre le battant des portes pour le repousser, griffe les écritures de la lance à l'entrée pour affaiblir le sceau, puis tente le tout pour le tout en bondissant à l'extérieur, priant pour que Dieu reconnaisse les siens.
Le mauvais oeil
Forgive me, Father, for I am sin
SHUFFLE THE CARDS
இ
En un mot : An eye for an eye leaves the whole world blind
En dépit de l’heure tardive, une chaleur de four saturait le péristyle. Alourdi des odeurs de métal surchauffé, de poudre, de bois et de chair brûlés, l’air chaud devenait lentement irrespirable, comme trop dense et trop acre pour les poumons humains. Mais les corps n’étaient pas les seuls à être oppressés. Une pesanteur sans pareille écrasait les consciences et les âmes, à mesure que la fournaise de la lance des Purificateurs croissait et calcinait les impuretés prises dans son rayonnement. La Foi immaculée que l’arme répandait, dévorait impitoyablement l’égrégore, marbrant physiquement le potomitan de stries dorées, qui rampaient depuis la plaie creusée par le fer de lance planté dans le bois. Ces marques irradiaient d’une blancheur pure, avant de se refroidir en laissant des cicatrices cautérisées, semblables à des veines mortes charriant des cendres.
Bientôt l’aura de la lance de Saint-Georges fut telle, que ces stigmates commencèrent à ramper dans le sol, suivant le tronc du potomitan et ses racines ancrées dans le laboratoire de Marie. Tu y assistes, Lilas, à cette lente incinération qui ronge l’énorme pilier de l’Oufo comme une maladie, et qui enflamme l’essence même de l’égrégore. Prémices au bûcher Inquisitoire qui enfle, tu discernes aussi cette terrible lumière qui passe à travers le plafond, d’un blanc absolu, si cruelle dans son absence de nuances et de tolérance. Et avec cette clarté, vient la terreur viscérale d’être face à une puissance impitoyable qui n’acceptera aucune trêve, aucun vice, aucun compromis ; elle détruira ton essence et ne laissera que des cendres stériles et muettes.
Les combattants de Dieu eux-même durent se soumettre au Jugement. Tandis que le crinos d’Aodh tombait, fauché par les fusils des Purificateurs, la Bête s’enflammait de l’intérieur, nimbant le corps de son hôte d’un rideau vorace de flammes blanches. Non que le brasier brûla sa chair, au contraire, il s’attaquait d’abord à ce que la Foi de la lance considérait comme des impuretés : cette nature bestiale qui parasitait l’être humain et ce don d’Éveillé dévoyé. Comme la relique de Saint-Georges faisait son office, les Purificateurs qui barraient l’autre sortie du péristyle, furent à leur tour atteint par l’impitoyable fournaise de Foi. Il y eut un moment de doute et de souffrances, mais ceux qui avaient consacré leur vie à la pureté ressortirent intacts de l’épreuve.
Les quatre Purificateurs autour de Pierre se levèrent, leurs mains sur leurs fusils, leurs dos droits, acceptant avec sérénité le Jugement qui traversa leurs âmes sans délicatesse. Dans leurs os, leurs consciences, et leurs cœurs s’embrassa une violente douleur, qui les laissa pantelants, mais aussi plus fanatisés et endurcis. Après tout, les Purificateurs étaient formés à endurer la souffrance pour en faire un catalyseur. Ici, cette nuit, elle devenait une forme de pénitence, de laquelle tous les combattants ressortiraient plus forts et plus purs.
Pierre contempla sa main brûlée et douloureuse, symbole de l’épreuve, avant d’activer son oreillette.
< Pierre à tout le monde. Menaces lycanthrope et arcaniste éliminées du péristyle. La lance et le démon ont subi des modifications imprévues. Démon blessé et en fuite à l’extérieur de l’Oufo. Relique sous contrôle, mais sa puissance est inquantifiable. La priorité est de rapporter la lance. Purification en cours et accélérée par la puissance acquise. Sceau extérieur en cours d’affaissement. Pierre à vous. >
Ailleurs dans l’Oufo, c’est Abigail qui lui répondit d’abord.
< Ici Abigail. Bien reçu, Pierre. Sabba est en fuite avec quatre individus. Deux sont armés. Tous sont blessés. Un lourdement. Nous rencontrons une forte résistance spirituelle. Probablement orchestrée par Sabba. Notre avancée est lente, mais constante. Besoin de renforts au péristyle ? Abigail à vous. >
< Pierre à tout le monde. Négatif. Rez-de-chaussé sécurisé. La lance est stable. Procédez comme convenu avec Sabba. Une idée sur la cause du phénomène magique ? Pierre à vous. >
< Abigail à Pierre. Négatif. Sabba était en fuite et sous feu nourri. Peu de chances qu’il en soit la cause. Nous avons subi la même chose. Abigail à vous. >
Plus loin, au niveau du sous-sol, l’un des Purificateurs ayant subi l’attaque de Marie répondit à son tour. < Ici Abel. La fille de Sabba est au sous-sol. Nous avons découvert son laboratoire. Un rituel inconnu est en cours à l’intérieur. Impossible d’en savoir plus actuellement. La fille nous a violemment attaqué. Quatre blessés aux yeux dont deux sévères. Vision amputée à 90 et 50 %. La fille est peut-être blessée suite aux tirs. Actuellement repliés, procédons aux soins. Renforts souhaités. Abel à vous. >
< Ici Pierre. Bien reçu, Abel. Nous venons vous renforcer. Abigail, envoyez-moi Lucie. On se rejoint en bas de l’escalier. Nous serons au sous-sol dans une minute. Pierre terminé. >
Aussitôt la communication terminée, Pierre ne perdit pas une seconde. Il montra rapidement les deux corps humains purifiés étendus au sol, et donna ses instructions aux quatre Purificateurs avec lui.
« Évacuez ces deux-là. Stabilisez leur état, effacez leurs souvenirs récents et laissez-les dehors, au niveau du parc. Ils ont été délivrés de leurs démons. Ensuite, sécurisez le péristyle et la lance. C’est notre priorité. »
Dans une belle coordination, les Purificateurs opinèrent du chef et s’activèrent aussitôt. Pierre, lui, ouvrit la porte qui donnait sur le couloir principal, au moment où une combattante, Lucie, descendait l’escalier, en se séparant de l’escouade d’Abigail. Ensemble, ils foncèrent rapidement dans le couloir, s’en allant renforcer le commando qui avait essuyé la contre-attaque de Marie et qui assiégeait en ce moment même le laboratoire de l’arcaniste noire. L’attaque de cette dernière ne resterait pas impunie. Pierre allait s’en assurer.
Résumé:
- La purification de la lance de Saint-Georges a désormais envahi tout le péristyle (cf. plan ci-dessous), et son aura grossissante commence à s'infiltrer dans le sous-sol. Lilas la voit progresser.
- Les Purificateurs font un point radio sur ce qui vient de se passer : la lance, l'attaque de Marie, la fuite de Famine, la purification d'Aodh/Tasya et la fuite de Jacob.
- Pierre donne de nouveaux ordres. 4 Purificateurs restent au péristyle pour garder la lance et évacuer Aodh/Tasya purifiés dehors.
- Pierre et Lucie (une purificatrice aussi) se dirigent vers le sous-sol pour renforcer l'escouade de 4 Purificateurs en difficulté. Ces 4 derniers sont en partie aveugles (rétines brûlées) et se sont repliés pour se soigner.
- Le sceau fermant l'Oufo est toujours là, mais il a été grandement affaibli et continue de l'être.
Rez-de-chaussée :
Lilas
Lilas Hirsch
"THE BOOTY" : la plus belle paire de France et de Navarre.
☽ YOU LEFT ME IN THE DARK ☾
"She was poetry in a world that was still learning the alphabet."
En un mot : Wild thoughts
Qui es-tu ? : ☽ Outre. Pouvoir qu'elle ne peut nier, l'amenant sans cesse à visualiser le monde sous un prisme différent de celui du commun des mortels. Agression visuelle, physique, sonore, olfactive, constante, d'une magie qu'elle voit en tant qu'entité propre.
☽ Artiste. Pour exprimer ses visions, elle s'acharne à peindre, sculpter, dessiner, ce monde qui l'entoure et qu'elle ne peut expliquer oralement.
☽ Née en France, en Alsace précisément, enfant non-désirée, d'une relation adultère. Ce sont ses grands-parents qui l'élève et son grand-père qui la forme.
☽ Elle déménage aux USA dans le but de retrouver cette mère qui l'a abandonnée, pour apprendre qu'elle est décédée, préférant ne pas se battre contre un cancer qui finira par avoir raison d'elle.
☽ Elle atterrit à Los Angeles presque par hasard, en suivant son compagnon de l'époque. Elle y rencontrera Vinzent, qui changera sa vie.
☽ Un début d'apprentissage arcanique inachevé au côté de celui qui deviendra son ami, son amant, son amour. Un rituel magique lie leurs âmes peu de temps après le décès de Léonard, le mentor de Lilas.
☽ Elle se laissera malmener pendant des années par un homme néfaste avant de finalement tout quitter pour rejoindre la Louisiane dans l'espoir d'y retrouver sa demi-soeur et peut-être Vinzent.
☽ Elle passe 2 ans dans un camp regroupant des femmes CESS avant de rejoindre finalement Shreveport, où elle retrouvera sa demi-soeur, Hannah Miller, et l'autre moitié de son âme, Vinzent Henkermann.
☽ NO DAWN, NO DAY ☾
"your name i spoke many times
alone in the darkness in the night"
Facultés : ☽ Clairvoyance : Lilas a un niveau de sensibilité aux flux magiques qui lui permet de lire sous la surface des choses qui composent le réel. Cela se traduit par toutes sortes de stimuli cognitifs ou physiques. Son don est passif, elle vit avec un second filtre de vision constant.
☽ Psychométrie : En touchant un objet, qu’il soit magique ou non, Lilas peut en voir l’histoire, a qui il a appartenu, ce à quoi il a servi, tout ce qu’il s’est passé à son contact. La capacité n’est pas maîtrisée.
Thème : Cosmic Love - Florence + The Machine
I'm always in this twilight
"and prayed a thousand prayers
and my many dreams were of you"
Pseudo : Akhmaleone
Célébrité : Xian Mikol
Double compte : La Plante Verte, Le Hibou, La Catin et La Sorcière
Rien ne va. Rien. Les choses se précipitent tant et si bien que Lilas reste les bras ballants près de Marie qui discute avec son père. Elle en hurlerait si le coup de massue du refus de l’arcaniste n’avait pas cogné si fort sur le dessus de son crâne. La bouche entrouverte, elle bégaie en entendant Marie dire qu’elle se battra pour son laboratoire, pour l’Oufo. Dieu, ce qu’elle est bête. L’admiration et la curiosité qui l’habitait face à la sorcière, se trouvent teintées d’une pointe d’amertume et d’une fatigue profonde.
La destruction de l’Oufo est une perte immense, la perte de son égrégore aussi, mais la vie de Marie, celle de Lilas, ne valent-elles pas mieux que de la pierre et des souvenirs ? Elle enrage silencieusement l’Outre, incapable de se défendre, incapable d’être autre chose qu’un témoin inutile. Et pour voir, elle voit. Elle en roulerait presque des yeux quand Marie jure de détruire leurs opposants. Elle ne voit pas, elle. Elle ne voit pas la puissance incroyable qui embrase l’égrégore, elle ne perçoit pas les hurlements de la magie qui s’éteint, elle n’entend pas les derniers soupirs des essences qui s’évanouissent à l’étage. Elle n’en perçoit rien et comme de coutume, Lilas reste seule, désespérément seule, dans le brouillard de son don. Les larmes aux yeux, elle assiste impuissante, à l’extinction de deux autres essences à l’étage, à la disparition de deux éveillés. Sont-ils morts ? Non, elle perçoit encore faiblement la pulsation de leur humanité au-dessus de sa tête. Que font-ils ? Quels pouvoirs ont-ils en leur possession pour être capable de détruire ainsi sans pour autant tuer ?
Un frisson horrible lui court le long de l’échine alors que la porte du laboratoire cède. La lumière d’un blanc éclatant ne lui rappelle qu’une chose.
Dieu. L’Église de Léonard. La Lumière Divine.
Les enseignements religieux offert par son mentor sont loin et elle foule au pied chacune des règles qu’elles auraient dû suivre depuis si longtemps qu’un nouveau frisson dégouline le long de son dos. Adultère. Fornication. Luxure. Gourmandise. Envie. Colère. Paresse. Croyances impies. Elle entend la voix de son Grand-Père, de son mentor : « Dieu est miséricordieux avec les dévots et frappe avec forces les pécheurs. »
La bouche sèche, elle obéit, par réflexe, à l’ordre de Marie. Elle détourne le regard, cache ses yeux de ses mains et prie. Pour la première fois depuis ce qui lui semblent être des décennies, Lilas Hirsch prie. Elle implore de l’aide, une protection, n’importe quoi. Elle tremble quand les rafales résonnent et se recroqueville sur elle-même, le souffle court et les mains moites. Quand elle ose un nouveau regard, l’ennemi a reculé, mais Marie ahane les doigts crispées autour d’une plaie par laquelle le sang s’échappe. Lilas jure et se jette en avant. D’une main, elle s’empare de Marie et la traine au fond du laboratoire, loin de la porte et de ses dangers. Les yeux fous, elle s’empare d’un torchon propre qui traine sur les étagères et, en mobilisant tout les souvenirs de son brevet de secouriste, bande la plaie serrée. Ça ne suffira qu’un temps, mais c’est mieux que rien.
« Ils… » Elle déglutit et passe une main sur son visage. « Je sais pas comment ils font, mais j’ai… Ils ont détruit la magie de trois personnes. Ils sont capables de ça. » Sa voix prend des accents hystérique quand elle prend conscience de l’horreur de la situation. « Ils peuvent détruire ce qu’on est, Marie. Ils… Faut pas qu’ils nous approchent ! Est-ce qu’il y a une sortie de secours ? Une issue par laquelle on pourrait rejoindre l’extérieur ? »
L’arcaniste secoue la tête, les dents toujours serrées et Lilas sent l’espoir la quitter. Elles sont coincées. Faites comme des rats au fond de leur terrier. Ses yeux courent sur les murs, sur les récipients plein d’herbes et de poudres, sur le sol couvert des tracés étranges du rituel qu’elles viennent de réussir. Sur le symbole inconnu sur lequel Marie avait sacrifié la vie d’un oiseau. Elle se rappelle le sang qui avait grésillé sur la pierre, l’onde d’énergie qui avait emporté les paroles de l’arcaniste vers… ailleurs. Le regard céladon de Lilas s’échoue finalement sur la lame, toujours posée près du symbole. Il la quitte pour mieux revenir vers la porte, vers le couloir au bout duquel des voix leur parviennent. Lame. Porte. Lame. Porte. Marie aux traits tirés. Lame encore. Comme guidée par une force qu’elle ne comprend qu’à moitié, Lilas tend la main.
L’athamé est froid contre sa paume. La lame familière par sa forme. Elle a déjà tenu celui d’Eoghan, celui de Vinzent aussi. Elle connait le poids de la garde, la façon dont elle tient dans sa paume. Elle lève la lame et tranche dans le gras de sa paume. Une entaille superficielle, mais suffisante pour que le sang affleure et s’accumule dans sa main recroquevillée. Sans réfléchir plus, elle la retourne au-dessus du tracé et la pause là. La magie tressaute, grésille sous sa main alors qu’elle appelle à l’aide. Elle n’a pas la moindre idée de la façon dont elle est censée s’adresser à ceux que Marie vénère, elle n’y connait rien. Elle n’a qu’une chose : sa rage de vivre, son besoin de sortir d’ici entière et sa terreur. « Qui que vous soyez… Si vous entendez, aidez-nous, aidez Marie, Ranni. Faites… Quelque chose. Par pitié. Sortez nous de là… Ils cherchent à nous détruire. » Elle tire en elle, cherche ce qu’elle a ignoré plus tôt, ce fragment d’un noir d’encre qui s’est accroché à elle, ce morceau de Marie qu’elle porte désormais en son sein. Elle puise en lui, en cette énergie étrangère dont elle ne connait rien, mais que le lieu doit reconnaitre.
970 mots fuck it:
Lilas panique sec et trouve Marie bien conne de vouloir se battre alors qu'elles seraient mieux à fuir. Elle la laisse faire son bordel et se rappelle des paroles de son grand-père, très croyant, qui l'a élevé dans les croyances catholique. Elle flippe pour son âme, son essence, elle est terrifiée. Elle chope Marie des que les tirs s'arrêtent, lui fait un bandage de fortune et demande s'il y a une sortie de secours. Parce que les dés aiment m'enculer : y en a pas. Lilas panique AS FUCK et comme guidé par une force extérieur implore les Iwas comme elle a vu Marie le faire plus tôt. Elle pompe aussi dans l'éclat d'énergie démoniaque parce que pourquoi pas après tout hein.