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Carnage • Groupe 2 : Aodh, Tasya, Ethan, Lilas, Caleb, Isalín, Naya, Medea

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Forgive me, Father, for I am sin
Le mauvais oeil
Le mauvais oeil
Forgive me, Father, for I am sin
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En un mot : An eye for an eye leaves the whole world blind
Thème : Witchcraft - Akira Yamaoka
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Ven 10 Mai - 18:52 (#)

Chapitre 3 : Carnage
What is it you pray for ?

Marie ne s’apitoie pas.
Elle aurait pourtant toutes les raisons de le faire dans de telles circonstances. Blessée et humiliée, l’arcaniste  noir ne flanche pourtant en rien, pas même quand tu presses, Lilas, ce bout de torchon sur le muscle blessé de son bras droit. Les dents serrées, elle rumine, une colère incendiaire crispant ses traits fiers dissimulés en partie derrière le rideau de ses cheveux, tandis que la jeune femme halète, appuyée contre son bureau. Elle l’a bien compris : sa victoire a été de courte durée, minée par l’arrivée soudaine d’ennemis haineux dont elle ne sait rien, ni les noms, ni les pouvoirs. Par un odieux basculement du destin, tout s’effondre autour d’elle, à mesure que ce feu immaculé consume le potomitan de son sanctuaire ; cela, elle ne l’admet pas encore.

« Non… Non, il n’y en a pas, » te répond-t-elle en secouant la tête, la voix sèche, sa fierté incapable de céder ne serait-ce qu’une seconde. D’ailleurs elle se redresse et, en dépit de sa blessure, échevelée, Marie n’a rien perdu de son panache lorsqu’elle te fixe, Lilas, toujours résolue à en découdre avec les Purificateurs.

« Je préfère mourir arcaniste que mendier en humaine vaincue. Je t’ai promis qu’il ne t’arriverait rien, je vais tenir ma promesse, » déclare-t-elle, haussant le ton et le menton. Tu discernes une flamme dans les yeux de l’arcaniste noir, Lilas, un brasier indompté à mi-chemin entre la folie et la bravoure : Marie tiendra parole, et mourra sur le champ de bataille, plutôt que d’accepter l’humiliation d’être réduite à une banale humaine.

Lilas, au moment où tes yeux s’attardent sur l’athamé de Marie, celle-ci se redresse tant bien que mal, avant de foncer vers le meuble d’apothicaire aux nombreux tiroirs. Tu l’entends les ouvrir précipitamment, sortant avec assurance des fioles et des pots en terre cuite, chacun contenant des ingrédients différents, tandis que la jeune arcaniste rumine et déclame sa stratégie désespérée. Toutefois, tu ne l’entends qu’à peine, Lilas, au moment où ta main saisit le manche de l’arme rituelle et que tes veines tambourinent contre tes tempes.

« Il nous suffit d’atteindre la trappe. Je peux... » Le reste des paroles de Marie se perdent dans un brouillard, comme étouffées dans l’étau de terreur qui te serre le crâne, Lilas, et deviennent un bruit de fond, au milieu des chocs familiers du mortier et des fioles que l’on vide. L’arcaniste noir prépare quelque chose sans doute, mais comme la lame de l’athamé entame ta peau, tu es trop absorbée par ton idée pour t’en apercevoir.

Un silence mauvais s’enracine dans ta conscience. ⇗
Ton ouïe s’étiole. Le Vévé avale avec avidité le liquide carmin qui s’écoule de ta paume, et tu sens au fond de toi cet accroc noir, cet œil vide découpé dans la trame de ton essence remuer et s’étirer sous ta poussée. Au début, rien ne se passe. Tu sens, Lilas, ton esprit vaciller, comme ivre de terreur face à l’absence de réponse, face à l’absence d’espoir, et la voix de Marie te paraît si loin, comme ton crâne te serre jusqu’à la nausée. Tu as soudainement l’impression d’être sur le point de t’évanouir ; le stress et la trouille sans le moindre doute, ne serait-ce pas légitime face à une mort certaine ? Les couleurs des essences se fanent autour de toi, et ton champ de vision se réduit, comme érodé par des filaments de ténèbres qui enserrent lentement tes yeux.

Ton cœur bat trop fort. Une montée de terreur t’inonde, alors que tu réalises que ton don est en train de te fuir : partout, les couleurs vives des essences s’effacent, avalées par une obscurité suffocante. Au fond de toi Lilas, tu sens ce morceau d’encre noir s’animer soudainement, pareil à un ver qui rampe et fore à l’intérieur de tes entrailles, jusqu’à remonter sous ta peau. Tu te sens anormalement lourde. Comme un cadavre noyé, boursouflé et rempli d’eau, ton corps te paraît subitement trop plein de quelque chose qui remue et croît au sein de ton ventre, alors même que ta vision continue de se réduire. Bientôt, non seulement tu ne discernes plus les essences, mais même la réalité matérielle avec ses lumières et ses couleurs t’est confisquée.

Tu es seule dans le noir, Lilas.
Et tu ressens avec une terrible certitude, que l’obscurité qui t’a encerclé provient aussi bien d’ailleurs que de tes propres viscères. Tu sens ce liquide noirâtre s’écouler de ton nombril, comme un filet de vermisseaux qui s’échappent et se répandent partout autour de toi ; ils te noient, Lilas, car les sons du réel ne te parviennent plus, tout comme les odeurs ne flattent plus tes narines. Tu es parfaitement isolée dans les ténèbres. Marie, elle, n’existe plus non plus, et même le son de ta propre respiration, de tes cris, ne résonne plus ; même le temps ne s’écoule plus autour de toi, Lilas. Tu ne sais plus discerner le haut du bas, la mort du vivant, le réel de l’essence ; seul ton corps subsiste encore, dernière bouée à demi engloutie dans une mare de pétrole.

Mourir, Lilas, est-ce cela ?
Une éternité de ténèbres liquides, sans début ni fin ?
Une démence claustrophobe dans ton propre corps ?

Alors, au sein de cette mer d’encre dans laquelle tu t’es noyée, tu perçois une présence. Non quelque chose de tangible, mais la naissance d’une intuition, comme l’impossible existence d’une plume posée à la surface des choses et dont tu viens de ressentir les infimes ridules. Et au fond de ton âme, tu ressens quelque chose remuer en réponse à cette sensation, qui serpente lentement à la frontière de tes perceptions. Dans ce lieu de non-vie, tu entends une voix féminine te susurrer des questions à l’oreille, dans un murmure bas et doux, dont le souffle subtil te chatouille le lobe d’oreille, bien que tu ne distingues absolument rien de vivant ici.

« Et que feras-tu, Cassandre ?
Que vas-tu en retirer ?
Une note de joie ?
Sans écart ?
Éternelle ?
Le salut...
Où est la musique là-dedans ? »



Résumé:



Got the evil eye. You watch every move, every step, every fantasy. I turn away but still I see that evil stare. Trapped inside my dreams I know you're there. First inside my head, then inside my soul.
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That kid you called a weirdo
Caleb Caulfield
Caleb Caulfield
That kid you called a weirdo
ASHES YOU WERE

En un mot : Outre medium
Qui es-tu ? : 20 ans, artiste de rue, violoniste de talent, tourmenté par son don. Fait partie d'une bande de voleurs dont le chef est Iris. Enchaîne les petits boulots autant que les larcins.
Facultés : Medium capable d'être projeté dans le passé des lieux, en particulier quand il s'est produit des morts. Il est ainsi happé par leurs esprits, assistant à leurs derniers instants.

Lecture des auras.
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ASHES YOU WILL BE

Pseudo : Nymphide
Célébrité : Bright Vachirawit
Double compte : Ciàran Moore
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Crédits : Noxeternam
Mer 22 Mai - 14:12 (#)

Je suis surpris de voir Jacob finalement revenir vers moi, enfin sorti de son étrange état d'abattement. Enfin étrange... l'est-ce tant que ça alors qu'il voir son lieu de culte complètement profané et saccagé ? Qu'il y a une sorte de démon qui s'amuse à posséder les gens ? Un démon qui pourrait bien avoir décidé de jeter son dévolu sur le fameux Johnson... Je n'ai pas vraiment envie de rester ici pour voir ce qu'il se passe. La sortie n'est plus très loin, par les toits... Et si ce ne sont pas les démons qui vont nous tuer, ce seront ces tarés avec des mitraillettes qui tirent en premier et poser des questions ensuite... Et pourtant, Jacob semble se préoccuper de moi et me propose de s'occuper de ma blessure, maladroitement bandée sous les conseils de Medea. Avec surprise, je le vois poser ses mains alors qu'une étrange chaleur se fait sentir au niveau de l'épaule, avant de disparaître. Je ne sais pas ce qu'il a fait, alors que j'ai l'impression d'avoir des fourmis dans le bras, mais je suppose que c'est bien. « Merci. » Si je peux éviter de me vider de mon sang avant de pouvoir rejoindre un hôpital...

J'entends la voix de Jacob alors qu'ils traînent le blessé, parlant au téléphone. C'est vrai que Marie et Lilas ont disparu je ne sais où et font je ne sais quoi... Mais elle ne semble pas vouloir sortir alors qu'il se fait plus implorant... Et il ne peut rien faire. Rebrousser chemin ? Pour se faire rafler par des balles ? L'oufo est perdu. Et on n'a pas trop le temps de tailler une bavette n'est-ce pas ? Il se passe quelque chose en bas. Je ne sais pas quoi exactement mais le silence a remplacé les coups de feu et ça... Ce n'est pas normal.

« Je passe devant voir si on peut sortir. » Alors je m'avance encore dans le couloir, jusqu'à me retrouver devant une porte. La porte vers la liberté ? Je dois lutter de toutes mes forces pour ne pas agripper la poignée et simplement l'ouvrir et me jeter à l'extérieur. L'air saturé de magie, l'angoisse, me poussent à la prudence la plus extrême, alors que je me contente d'effleurer la poignée sans pour autant l'enclencher et ouvrir la porte, à la recherche désespérée d'un indice quelconque qu'on peut vraiment sortir de cet enfer par cette putain de porte.

Spoiler:
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Sam 25 Mai - 23:26 (#)

Chapitre 3 : Carnage
The abyss stares back at you

Une nouvelle fois, le futur se dévoile à toi, Caleb.
Curieux cadeau que ce don neuf, frêle et incertain, dont les racines naissent dans ton essence d’Éveillé et les branches s’étendent loin dans des dimensions où la réalité matérielle s’estompe, où les possibles naissent et meurent sans cesse. Voir l’avenir, voilà bien un miracle auquel l’homme a toujours rêvé, mais dont seuls les dieux et les oracles ont pu se prévaloir. Toutefois, ce don exceptionnel obéit à ton bon vouloir cette nuit-là –  pour combien de temps encore –  alors que chacune de ses visions fait croître au fond de toi une bien étrange sensation.

D’abord inexistence, cette sensation devient de plus en plus palpable désormais. Comme si, Caleb, à chaque vision, à chaque fois que tu lis les chapitres du Temps, ta conscience se détachait de ton enveloppe de chair, et voyageait au-delà de la réalité, vers des mondes et des dimensions dont tu n’as aucune idée. La sensation est extrêmement brève, comme si ta conscience se téléportait et te rapportait instantanément un morceau du futur. Pourtant, c’est maintenant un vertige bref qui t’étreint, comme lors d’un saut au-dessus d’un vide, ou la bascule dans une abîme de ténèbres insondables, où rien n’existe alors, où tout est encore possible.

Une sensation déroutante. Elle s’impose de plus en plus à toi, Caleb, à chaque utilisation de ton don encore tout neuf, mais dont tu ne sais finalement rien. Et à chaque plongeon dans l’abîme, s’ajoute la terrible impression d’être observé, comme si quelqu’un ou quelque chose s’intéressait à ta conscience ainsi vulnérable, évoluant dans l’obscurité, coupée de son corps de chair. Durant cette dernière vision, tu ressens la proximité d’une silhouette féminine, longiligne, drapée de noirceur, mais dont les traits sont dissimulés par un voile ou une chevelure noire. Telle une image rémanente, cette intuition s’imprime au milieu des informations que tu ramènes du futur, sans que tu ne puisses discerner cette présence clairement.

Néanmoins, tu as aperçu la porte ouverte. Derrière celle-ci ne se trouve aucun ennemi, seulement le sceau qui ferme le bâtiment, sous la forme d’une membrane transparente et luisante, couleur de l’or. Elle barre l’issue. Mais tu remarques aussi qu’elle n’est pas totalement hermétique, car des parasites la désactivent de manière brève, mais aléatoire. Ces micro-coupures sont trop courtes et imprévisibles pour se faufiler facilement, mais il est clair que cette barrière s’affaiblit constamment. Il doit être possible de forcer le passage sans trop de casse.

Quand ta vision se termine, Caleb, la sensation d’avoir été observé persiste encore, comme si la chose qui t’examinait depuis cet espace entre présent et futur, continuait de te scruter. Cependant, rien n’est visible autour de toi.


Résumé:



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Lilas Hirsch
Lilas Hirsch
"THE BOOTY" : la plus belle paire de France et de Navarre.
☽ YOU LEFT ME IN THE DARK ☾

"She was poetry in a world that was still learning the alphabet."


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En un mot : Wild thoughts
Qui es-tu ? : ☽ Outre. Pouvoir qu'elle ne peut nier, l'amenant sans cesse à visualiser le monde sous un prisme différent de celui du commun des mortels. Agression visuelle, physique, sonore, olfactive, constante, d'une magie qu'elle voit en tant qu'entité propre.
☽ Artiste. Pour exprimer ses visions, elle s'acharne à peindre, sculpter, dessiner, ce monde qui l'entoure et qu'elle ne peut expliquer oralement.
☽ Née en France, en Alsace précisément, enfant non-désirée, d'une relation adultère. Ce sont ses grands-parents qui l'élève et son grand-père qui la forme.
☽ Elle déménage aux USA dans le but de retrouver cette mère qui l'a abandonnée, pour apprendre qu'elle est décédée, préférant ne pas se battre contre un cancer qui finira par avoir raison d'elle.
☽ Elle atterrit à Los Angeles presque par hasard, en suivant son compagnon de l'époque. Elle y rencontrera Vinzent, qui changera sa vie.
☽ Un début d'apprentissage arcanique inachevé au côté de celui qui deviendra son ami, son amant, son amour. Un rituel magique lie leurs âmes peu de temps après le décès de Léonard, le mentor de Lilas.
☽ Elle se laissera malmener pendant des années par un homme néfaste avant de finalement tout quitter pour rejoindre la Louisiane dans l'espoir d'y retrouver sa demi-soeur et peut-être Vinzent.
☽ Elle passe 2 ans dans un camp regroupant des femmes CESS avant de rejoindre finalement Shreveport, où elle retrouvera sa demi-soeur, Hannah Miller, et l'autre moitié de son âme, Vinzent Henkermann.

☽ NO DAWN, NO DAY ☾

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"your name i spoke many times
alone in the darkness in the night"

Facultés : ☽ Clairvoyance : Lilas a un niveau de sensibilité aux flux magiques qui lui permet de lire sous la surface des choses qui composent le réel. Cela se traduit par toutes sortes de stimuli cognitifs ou physiques. Son don est passif, elle vit avec un second filtre de vision constant.

☽ Psychométrie : En touchant un objet, qu’il soit magique ou non, Lilas peut en voir l’histoire, a qui il a appartenu, ce à quoi il a servi, tout ce qu’il s’est passé à son contact. La capacité n’est pas maîtrisée.
Thème : Cosmic Love - Florence + The Machine
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I'm always in this twilight


Carnage  • Groupe 2 : Aodh, Tasya, Ethan, Lilas, Caleb, Isalín, Naya, Medea - Page 6 P7xF5iI Carnage  • Groupe 2 : Aodh, Tasya, Ethan, Lilas, Caleb, Isalín, Naya, Medea - Page 6 HYHmQYL Carnage  • Groupe 2 : Aodh, Tasya, Ethan, Lilas, Caleb, Isalín, Naya, Medea - Page 6 8RKyX42

"and prayed a thousand prayers
and my many dreams were of you"

Pseudo : Akhmaleone
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Crédits : Jenesaispas (Ava) Pando (Icon)
Sam 25 Mai - 23:53 (#)






CARNAGE






À l’instant où ses mains rencontrent le sol, à l’instant où sa supplique s’envole, Lilas sait. Elle sent, inconsciemment, qu’il n’y aura pas de retour en arrière. Qu’il y a eu l’avant et qu’il y aura l’après. Dans la panique, le silence se fait. Comme on plongerait la tête au fond du bayou pour ne découvrir que les profondeurs grasses de vase, la pression augmente contre les tympans de l’Outre jusqu’à masquer les bruits extérieurs. Ne reste que le brouhaha intérieur d’un corps qui vit encore. La pulsation du sang au creux de ses veines, le battement sourd d’un cœur au bord de l’implosion tant il pompe autant l’hémoglobine que l’adrénaline, le crissement des dents qu’on broie les unes contre les autres. Le monde vacille, les couleurs s’affadissent et elle panique, Lilas. Elle panique en voyant les essences disparaître. Ce don-malédiction qu’elle se traîne depuis l’adolescence, qui l’enchante autant qu’il l’épuise, s'amenuise. Comme un cliché délavé par le temps et le soleil, les couleurs pâlissent, les sons s’amenuisent, les odeurs se font lointaines. Ce monde intérieur qu’elle seule perçoit, dans lequel elle évolue au quotidien s’évanouit lentement et ne reste plus qu’un monde fade qu’elle observe la bouche entrouverte. Incapable de crier, incapable de bouger, trop sonnée pour réellement faire quoique ce soit. Lilas regarde son don la fuir et s’éloigner. Un son aigu, piteux, d’animal apeuré trouve un chemin entre ses lèvres closes et ses paupières papillonnent alors qu’elle cherche péniblement autour d’elle.

Le noir se fait oppressant, il s’approche, l’englobe et noie tout ce qu’elle sait, tout ce qu’elle voit, tout ce qu’elle connait avant de s’évacuer en une coulée de boue. Il n’y a rien. Rien d’autre que le silence et le noir. Rien d’autre que la terreur sourde, la certitude qu’il s’agit là de la fin. L’espace d’un instant, elle s’abandonne au Noir, se laisse couler avec la lourdeur d’une pierre. Une sensation fantôme, celle d’être observée, décortiquée, la fait sursauter et elle cherche. En elle quelque chose se réveille, quelque chose s’agite, quelque chose se débat comme pour répondre à ce regard qu’elle sent peser sur ses épaules. Derrière ses paupières closes, un flash écarlate la rappelle à qui elle est. À ce qu’elle est. La caresse sourde d’une énergie venue d’ailleurs, douloureusement familière dans tout ce qu’elle a de plus intime avec l’esprit de l’Outre. Une voix chargée d’un accent aristocratique, une prononciation précise, des sourires aussi rares que précieux. Ses prunelles se rouvrent et elle se redresse intérieurement. Non ! Quelque chose en elle tiraille, se réveille et son regard se tourne vers ce qui l’appelle. La sensation n’est pas sans rappeler les tiraillements de son essence à proximité de celle de son ex-amant et un frisson de terreur secoue son échine.

Une voix. Féminine, douce, qui aurait pu être rassurante si elle n’avait pas émané de l’obscurité sans que Lilas puisse en pointer l’origine précise. Un souffle contre sa peau qui hérisse chacun des poils de sa nuque et de ses bras. Un rire hystérique lui échappe en entendant les paroles qui lui sont adressées. Cassandre. Ses souvenirs des cours de latin sont flous au mieux, mais le mythe résonne en elle. Prophétesse maudite. Elle tremble l’outre sous le poids d’une conscience qu’elle devine mille fois plus ancienne que la sienne, mille fois plus puissante. Elle décolle à grand peine la langue de son palais et ouvre la bouche. Elle en a assez des paroles cryptiques, des devinettes. Un soupir lui échappe alors qu’elle ferme les yeux et serre les poings. « Si je meurs, la symphonie s’arrête, non ? » demanda-t-elle dans un souffle. « S’il n’y a plus de raison de se battre, s’il n’y a plus de vie, s’il n’y a plus rien pour avancer à quoi bon continuer à jouer ? Qui sera là pour écouter ? » Elle réfléchit à toute allure, cherche à comprendre les paroles cryptiques de la créature. « J’ai toujours préféré l’art pictural… » Comme les fous qui trouvent une logique imparable à leurs pensées les plus instables, Lilas sourit en pensant à ses toiles qui s’étalent partout dans le manoir vidé de son possesseur. « Est-ce que tu me laisserais peindre un beau tableau pour toi ? Marie, Ranni, peu importe comment elle s’appelle, et moi, debout, en sécurité hors de ce bâtiment de misère ? » Elle pèse ses paroles avec attention. « J’accepterai le prix à payer pour que tu nous sortes d’ici entière et intacte. »




747 mots:
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Sam 1 Juin - 19:40 (#)

Chapitre 3 : Carnage
What is it you pray for ?

Dédain et déception. Ces deux émotions maussades barbotent autour de toi, Lilas, entourant ta conscience apeurée qui suffoque dans ce brouet de ténèbres aussi vide et invariable qu’une nuit sans étoiles. Tu sens, avec la conviction propre aux proies traquées, qu’une entité invisible aux dimensions cyclopéennes se meut autour de ta conscience vulnérable. Elle t’étudie ; minuscule et inconsciente âme chaude, bien trop vivante, échouée dans cette immensité d’obscurité aquatique qui t’enserre comme des anneaux constricteurs. Mais la curiosité que l’entité te consacrait est immédiatement faussée par du mépris. Un silence, une absence de réaction, s’immisce entre vous deux. Durant ce cruel instant où tu es parfaitement seule, Lilas, quasiment certaine que l’on t’a abandonné, le néant dans lequel tu t’es noyée paraît d’autant plus menaçant et vain.

Tu as donné la mauvaise réponse.
Le salut t’est refusé.

Combien de temps restes-tu ainsi, dans l’incertitude ? Une minute, une heure, une vie ? Le temps n’est que le concept d’un esprit malade ici, une aberration que la maîtresse des lieux étouffe et anime aussi aisément que la flamme d’une chandelle. As-tu été abandonné à ton sort, Lilas ? Vaquer sans but dans cet endroit, où la Mort elle-même refuse de t’emporter dans un oubli salvateur, serait-ce là le point final de ton histoire ?

Il semblerait.
Pourtant, une ondulation se forme à la surface de la mer obscure. Des cercles croissants s’étalent jusqu’à ta conscience esseulée, comme cette voix douce, maîtrisée, résonne dans la bulle amphibie qui vous entoure.

« Tu vois tant, et si peu à la fois. Où as-tu vu la sécurité des tiens dans l’ère qui s’annonce ? » articule-t-elle, alors que ce timbre assuré résonne tout autour de toi, Lilas. « N’as-tu pas vu assez ? Ceux qui viennent avec des lances, ceux qui viennent avec le dogme, ceux qui viennent brûler les arcanes, comme autrefois. »

Alors, l’océan se soulève. ⇗
Comme un froissement dans une étoffe, l’encre noire se trouble à une distance incalculable de toi, Lilas. Elle se délave le temps d’un battement de cil, formant une brève tâche transparente, asymétrique, qui perd brièvement sa consistance semblable au pétrole. Dedans, tu crois discerner une silhouette féminine étendue sur le dos. Tout d’abord indistincts, les contours de la femme se concrétisent et se condensent, à mesure que ta vision s’accoutume à cette nouvelle invraisemblance. L’encre se retire délicatement, révélant les rondeurs de ses épaules et de son buste, puis les traits fins de ses hanches ; la femme en noir s’élève de l’abîme, avec la lenteur inéluctable d’une marée qui monte ou d’une tempête qui s’éveille.

Alors, avec la fluidité de l’eau coulant dans le creux de ses reins, elle se dresse à la verticale, inflexible et inhumaine à la manière d’une antique idole que les dévots érigeaient jadis. Dans un silence total, la surface de l’abîme lui colle à l’épiderme, s’étirant et se détachant pour draper de nuit sa peau pâle toute entière ; elle t’apparaît vêtue d’une robe de ténèbres aussi interminable que sa chevelure noire, laquelle s’étend jusqu’aux confins de ce non-espace, apparemment sans fin.

Celle que tu as appelée, est là. Haute et altière, élancée comme une veine de la Terre montrant la marche à suivre, elle est debout au loin, son profil noble offert à tes yeux mortels, quand les siens scrutent un horizon que tu ne peux voir. Avec sa chevelure infinie lui tombant sur ses épaules de porcelaine, sa robe d’obscurité se fond dans l’abîme qui vous entoure, où elle a pris fermement pied, indifférente à l’absence de sol. Elle est comme une idole maudite, splendide et inhumaine, ces forces face auxquelles les consciences humaines ne peuvent que se prosterner. Inscrites dans sa peau de lait, des caractères occultes à la complexité impossible perturbent ton attention, Lilas, évoluant et disparaissant sans cesse dès que ton œil s’y attarde.

Elle se tourne lentement vers toi. ⇗
« Le salut… Qu’en feras-tu, Cassandre? » répète-t-elle. « Vas-tu rentrer chez toi et attendre leur verdict ? Les tiens – Ranni, Vinzent, Eoghan – seront leurs cibles, les laisseras-tu tout te prendre ? Les laisseras-tu décider de ton destin à ta place, tout comme tu souhaites abandonner ton sort entre mes mains maintenant ? »

Les yeux de la femme en noir te cisaillent de part en part, Lilas. Limpides et pâles, ils scrutent les confins de ton âme avec l’acuité surréaliste d’une entité plurimillénaire, et tu sens le morceau d’essence écarlate caché en toi se contracter sous cet examen. La femme en noir sait qu’il est là. Et toi, tu sais qu’elle est capable de te l’enlever avec une facilité terrifiante, aussi aisément que les Purificateurs brûlent les dons des arcanes. À l’intérieur de ces prunelles-là, s’étendent les corridors obscurs des abysses, où s’entassent les bibliothèques de savoirs interdits, que la sensualité venimeuse de cette femme ne font que rendre plus attirants encore.

« Il n’y aura nul sanctuaire dans l’âme que ces hommes refuseront de piller. Les laisseras-tu faire, Cassandre, où prendras-tu les armes contre leurs dictas ? » te demande-t-elle à nouveau, en faisant un pas vers toi.

La femme en noir lève délicatement sa main droite, balayant le vide face à elle. Comme mues par la volonté de cette entité – déesse, idole, sorcière, créature – les ténèbres s’agglomèrent et se condensent sous forme d’un livre. Tu assistes, Lilas, à l’apparition de cet épais volume ouvert, dont les feuilles et la couverture sont tissés d’obscurité, et que cette femme tient entre ses mains tendues vers toi. Bien que nulle lumière n’existe ici, tu vois aussi clairement les pages et leurs écritures que le corps de porcelaine de ton interlocutrice et sa robe d’un noir insondable. Elle te fixe, aussi immobile qu’une froide statue de marbre entourée d’onyx.

« Choisis. »

Mais choisir quoi ?
Cette femme n’en souffle rien. Il y a dans son attitude, cette hauteur aristocratique de celle qui sait, de celle qui n’attend rien de toi, et qui pourtant t’offre une infime chance de prouver que tu mérites d’être sauvée. As-tu la volonté, Lilas, de faire ce qui est nécessaire, ou bien choisiras-tu la fuite jusqu’à la mise à mort ?

À l’intérieur du livre qui t’est présenté, l’encre des caractères latins danse et déclame, noircissant des pages et des pages dans une sarabande vertigineuse. Tu es incapable de les lire, Lilas. Cette langue impossible, si délicate et grotesque à la fois, se dérobe sous tes yeux, comme animée d’une vie propre, dont la complexité mute et se déplace à chaque instant. Plus tu tâches de déchiffrer l’impossible, plus tu entends autour de toi, comme s’échappant du papier, des incantations surgir hors du volume ⇗. Des chœurs de femmes qui scandent et t’appellent, d’illustres dévotes dont ce livre a conservé la mémoire, les pratiques, et les voix impérieuses.

Des femmes venues bien avant toi, Lilas, tu es la dernière invitée à entrer dans leur ronde. Dans leur sabbat. Bannies et conspuées, elles ont couché leurs corps et leurs secrets dans le giron de cette femme en noir, à la fois tentatrice et divinité tutélaire offrant les clés de l’univers à celles qui l’ont mérité. Leurs mémoires, leurs verbes sont là, juste à ta portée ; tranchants, sensuels, intransigeants contre l’ennemi qui saccage et brûle. Alors, comme ces chœurs désincarnés saturent tes sens, ton attention finit par accrocher la seule et unique phrase que ton cerveau est capable d’interpréter en termes lisibles. Quant au reste, ce n’est qu’un cafouillis indéchiffrable d’un langage trop étrange pour être humain, dont les ellipses et les syllabes t’échappent. Elles se dérobent à tes yeux, tels des serpents d’acide doués de vie qui mordent et érodent ta conscience.

Portant son livre, attentive et altière, la femme en noir t’observe encore. Elle attend ta décision. Elle attend de savoir si, à ton tour, tu auras la volonté de choisir ton destin et de lire ce qui forme une incantation.

Tu n’as plus qu’à l’énoncer.
Ce serait si facile.

Kanda. Estrata. Kandos. Turus. Indoctus. Skarindus. Kanda. Amantos. Kanda.


Résumé:



Got the evil eye. You watch every move, every step, every fantasy. I turn away but still I see that evil stare. Trapped inside my dreams I know you're there. First inside my head, then inside my soul.
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Sugar Mommy, la randonnée c'est ma vie (et mes collines ne demandent qu'à être explorées)
Medea Comucci
Medea Comucci
Sugar Mommy, la randonnée c'est ma vie (et mes collines ne demandent qu'à être explorées)
I will stop at Nothing

En un mot : Humaine. Profiler pour le FBI et consultante pour la NRD
Qui es-tu ? : A cinquante ans, je rassemble les bris de ma carrière explosée dix ans plus tot. Travailleuse acharnée, animée par un désir de vengeance qui me couple le souffle. Je ne m'arrêterais que lorsque ma Némésis sera morte ou sous les verrous. En parallèle, à la tête d'une cellule spéciale, je suis chargée d'incarcérer les CESS qui s'imaginent au dessus des Lois.
Facultés : J'attire les ennuis. Très facilement. Et souvent, je vais à leur rencontre.
Thème : https://www.youtube.com/watch?v=EUY2kJE0AZE
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ASHES YOU WILL BE
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Mar 4 Juin - 9:11 (#)

La première chose qu’elle fait en sortant, et elle va sortir, crever dans l’Oufo n’est même pas une option. Sa mort n’est pas écrite de cette manière. Quoique, l’ironie serait belle. Medea s’égare. La première chose qu’elle fera, donc, après être sortie, c’est aller trouver Deva Parton et lui claquer sa belle petite gueule de conne. La manière dont elle a été abandonnée avec un collègue et des civils aux emeutes puis à un groupe paramilitaire arcaniste, ça mérite bien la marque de ses cinq doigts en guise de lettre de démission. La sortie est en vue, mais la présence du groupe armée au bas de l’escalier ne lui permet pas de relâcher sa vigilance. Tout comme l’état instable de Jonhson. Régulièrement, elle relâche la détente, une balle qui ricoche contre les parois à destination des intrus dans un message clair  : ils ont encore des crocs.

Les paroles énigmatiques, la menace possible qui s'en dégage,  la conviction de l’Oungan que des Forces Mystiques sont à l'œuvre et se servent d’eux comme des pions  titillent l’esprit de la profiler comme un aphte sur la langue, mais le pragmatisme de l’agent ne lui permet pas de continuer à se questionner. Une fois dehors, en sécurité. Jacob a encore assez de force malgré son impressionnante dépense de magie pour soigner le gamin qui s’est pris une balle perdue.

Le groupe continue de s’avancer vers la porte qui mène aux toits, mais l’inquiétude, l’angoisse dans le timbre de Jacob tranche avec son caractère solide. Machinalement, elle tourne la tête vers lui et surprend l’essentiel de sa conversation téléphonique. Les deux filles qui sont en bas! L’italienne ne peut pas les aider.  La peur d’un père pour sa môme. Le refus buté de cette dernière de quitter son foyer sans lutter. Medea range son arme, une main en soutien juste au-dessus du coude de l’homme de foi. Elle ne prétend pas connaître les souffrances qu’il doit vivre à cet instant. Elle a fait des choix différents il y a des années, qui lui épargnent au moins ces tourments. L’escouade armée risque de rendre un sauvetage par l’extérieur du bâtiment compliqué. Ils ont investi l’Oufo par toutes les issues au sol.

Caleb pose la main sur la porte et son visage se fige. La lassitude, la résignation. Inévitable “Mais quoi, encore”. Après une pression amicale, elle relâche Jacob et se porte au devant du jeune asiatique. Sa nervosité est palpable. Rapidement, en quelques phrases courtes, il décrit la présence d’une membrane derrière la porte. Bloquant le passage mais aussi sa faiblesse. Si elle avait des doutes, ils sont levés. Il dispose probablement d’un Don, sous une forme ou une autre, raison pour laquelle Jacob voulait qu’il trace des cercles rituels une éternité plus tôt. Ou cinq minutes. Le temps semble se tordre et se distordre. -Recule, s’il te plait. Ne te met pas plus en danger. -Par ces quelques mots, elle le remercie d’avoir pris le risque d’avoir dévoiler sa Nature Différente.

La brune déverrouille la porte. L’ouvre en grand et repousse le battant contre le mur. Elle souffle doucement. Il faut qu’elle soit calme. Composée. Elle tend le bras. Jusqu’à sentir contre sa paume la barrière qui les retient. Elle pousse. Il y a une certaine souplesse mais la résistance est bien réelle. Une énorme bulle de savon. Seule, elle n'a aucune chance de pouvoir s’en sortir. Mais depuis peu, elle ne l’est plus, Seule. Ne le sera plus jamais. Medea ferme les yeux. Visualise le Loup dans son esprit. Sa robe couverte de symboles vaudous. Le Vévé du Baron Samedi. La brutalité qu’il a subi et sa soif de vengeance, de savoir qui l’a ainsi brutalisé. Mais pour ça, il faut sortir, mon tout beau. Pour ça, il faut que l’on soit libre. Elle affleure de ses pensées  cette conscience encore étrangère. Amie. Alliée. Sur la membrane, sur sa main se superpose une patte aux griffes puissantes et destructrices. Une présence invisible et sauvage. Sans ouvrir les yeux, son bras trace une première diagonale de toute sa longueur, ses ongles accrochent la matière, les griffes espèrent la déchiqueter. Ils n’ont pas le temps de muser. Une diagonale dans l’autre sens. Répétant le même processus. Espérant que leurs volontés communes suffiront à détruire cette cloison.

Spoiler:
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Lilas Hirsch
Lilas Hirsch
"THE BOOTY" : la plus belle paire de France et de Navarre.
☽ YOU LEFT ME IN THE DARK ☾

"She was poetry in a world that was still learning the alphabet."


Carnage  • Groupe 2 : Aodh, Tasya, Ethan, Lilas, Caleb, Isalín, Naya, Medea - Page 6 WyLHcm2 Carnage  • Groupe 2 : Aodh, Tasya, Ethan, Lilas, Caleb, Isalín, Naya, Medea - Page 6 XUhs7fD Carnage  • Groupe 2 : Aodh, Tasya, Ethan, Lilas, Caleb, Isalín, Naya, Medea - Page 6 0xQu1ZP

En un mot : Wild thoughts
Qui es-tu ? : ☽ Outre. Pouvoir qu'elle ne peut nier, l'amenant sans cesse à visualiser le monde sous un prisme différent de celui du commun des mortels. Agression visuelle, physique, sonore, olfactive, constante, d'une magie qu'elle voit en tant qu'entité propre.
☽ Artiste. Pour exprimer ses visions, elle s'acharne à peindre, sculpter, dessiner, ce monde qui l'entoure et qu'elle ne peut expliquer oralement.
☽ Née en France, en Alsace précisément, enfant non-désirée, d'une relation adultère. Ce sont ses grands-parents qui l'élève et son grand-père qui la forme.
☽ Elle déménage aux USA dans le but de retrouver cette mère qui l'a abandonnée, pour apprendre qu'elle est décédée, préférant ne pas se battre contre un cancer qui finira par avoir raison d'elle.
☽ Elle atterrit à Los Angeles presque par hasard, en suivant son compagnon de l'époque. Elle y rencontrera Vinzent, qui changera sa vie.
☽ Un début d'apprentissage arcanique inachevé au côté de celui qui deviendra son ami, son amant, son amour. Un rituel magique lie leurs âmes peu de temps après le décès de Léonard, le mentor de Lilas.
☽ Elle se laissera malmener pendant des années par un homme néfaste avant de finalement tout quitter pour rejoindre la Louisiane dans l'espoir d'y retrouver sa demi-soeur et peut-être Vinzent.
☽ Elle passe 2 ans dans un camp regroupant des femmes CESS avant de rejoindre finalement Shreveport, où elle retrouvera sa demi-soeur, Hannah Miller, et l'autre moitié de son âme, Vinzent Henkermann.

☽ NO DAWN, NO DAY ☾

Carnage  • Groupe 2 : Aodh, Tasya, Ethan, Lilas, Caleb, Isalín, Naya, Medea - Page 6 AdPjFI9 Carnage  • Groupe 2 : Aodh, Tasya, Ethan, Lilas, Caleb, Isalín, Naya, Medea - Page 6 USZhV3d Carnage  • Groupe 2 : Aodh, Tasya, Ethan, Lilas, Caleb, Isalín, Naya, Medea - Page 6 H0dVnoF

"your name i spoke many times
alone in the darkness in the night"

Facultés : ☽ Clairvoyance : Lilas a un niveau de sensibilité aux flux magiques qui lui permet de lire sous la surface des choses qui composent le réel. Cela se traduit par toutes sortes de stimuli cognitifs ou physiques. Son don est passif, elle vit avec un second filtre de vision constant.

☽ Psychométrie : En touchant un objet, qu’il soit magique ou non, Lilas peut en voir l’histoire, a qui il a appartenu, ce à quoi il a servi, tout ce qu’il s’est passé à son contact. La capacité n’est pas maîtrisée.
Thème : Cosmic Love - Florence + The Machine
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I'm always in this twilight


Carnage  • Groupe 2 : Aodh, Tasya, Ethan, Lilas, Caleb, Isalín, Naya, Medea - Page 6 P7xF5iI Carnage  • Groupe 2 : Aodh, Tasya, Ethan, Lilas, Caleb, Isalín, Naya, Medea - Page 6 HYHmQYL Carnage  • Groupe 2 : Aodh, Tasya, Ethan, Lilas, Caleb, Isalín, Naya, Medea - Page 6 8RKyX42

"and prayed a thousand prayers
and my many dreams were of you"

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Mar 4 Juin - 14:43 (#)






CARNAGE






Elle panique Lilas, seule dans l’obscurité. Elle qui cherche constamment l’approbation de ses proches, tout en se targuant de n’en avoir aucun besoin, frissonne de terreur quand elle perçoit le mépris qu’elle évoque à la créature qui la juge silencieusement. La solitude qui l’enveloppe juste après lui semble encore pire. Elle halète et ses yeux cherchent quelque chose à quoi s’accrocher dans ce noir d’encre. Elle n’a aucune notion du temps qui passe, aucune idée du temps qu’elle perd, mais chaque battement de son cœur ne fait qu’alimenter l’angoisse qui lui broie le ventre.

Le monde se dilate, se distend, l’océan se réveille et l’obscurité se dresse. A sa tête une silhouette féminine, d’une beauté à la fois brûlante et glaciale, qui tétanise l’Outre. Son rythme cardiaque tressaute et essaie désespérément de s’arrêter, mais les palpitations ne font que s’accélérer et bondir en tous sens. Elle a conscience, même dépourvue de son don, d’être face à quelque chose de si ancien, de si puissant que presque rien ne pourrait se dresser sur son passage. Elle observe la silhouette prendre pied dans le néant, s’y tenir avec l’assurance d’une Reine et se tourner, lentement si lentement, vers elle. Le regard qu’elle pose sur elle la glace de nouveau. Il y a quelque chose de terrifiant à se trouver dans l’œil d’une chose aussi puissante. Surtout quand l’œil ne porte pas la moindre once de bienveillance à son égard.

Et quand la voix évoque la guerre à venir, quand elle évoque les pertes et la possibilité de tout voir disparaitre, Lilas détourne les yeux. Lâche. Elle l’est. Elle le sait. Des années qu’elle court à perdre haleine, persuadée d’être capable de distancer toute responsabilité. Zéphyrine, fille de l’air, coureuse de nuage, elle s’est toujours voulu électron libre, l’Outre. Cerf-volant que rien n’arrête, elle s’est toujours senti un pied dans le monde, l’autre à l’extérieur avec cette impression vicieuse de ne jamais être vraiment à sa place. Elle a eu l’impression de pouvoir planter ses racines en Vinzent, de pouvoir s’accrocher à lui, qu’il saurait être la main capable de tenir le fil délité qui la ramènerait loin des vents les plus brutaux. Mais sa poigne trop ferme, son intransigeance et le poids des attentes qu’il avait posés sur ses épaules l’avaient clouée au sol. Son regard effleure le rouge qui tache encore son mauve, la couleur familière, la pulsation rassurante de sa présence. Pourtant, ce n’est pas lui, ni Anaïs et encore moins Ranni qui la force à ramener ses yeux sur le grimoire étrange et sur la silhouette plus étrange encore.

Non, bien sûr que non.

C’est l’image, figée dans sa mémoire, du visage d’Eoghan. Son sourire de sale gosse aux lèvres, les yeux plissés par les rayons du soleil, le doigt tendu pour indiquer une énième curiosité locale à la Française. C’est la couleur qu’il abandonne sur sa peau à chaque fois qu’il la touche, c’est son rire dans le noir et son souffle au creux de son oreille. C’est les mois qu’il a passé à reconstruire ce qui avait été détruit en elle sans même en avoir conscience et la façon, un peu maladroite, dont il prononce son prénom à l’américaine. Elle déglutit, les mains tremblantes. Sa poitrine s’écrase sous le poids de ce qu’elle s’apprête à faire. Parce que, comme elle a déjà pu l’éprouver une fois, le monde ne tourne plus si Eoghan n’est plus là pour rire. Elle souffle par le nez.

Elle n’a jamais été du genre à se battre Lilas. Elle a toujours été celle qui évitait le conflit, le fuyait même. L’idée de devenir l’arme d’une quelconque entité supérieure la terrifie. Sa liberté contre quoi ? Même pas une promesse de s’en sortir. Une simple incantation lancée comme on jetterait un os à un chien affamé. Un « Tiens, prends ça et démerde t’en. Tu sais pas ce que ça fait ? Pas mon problème.» Doit-elle réellement se faire guerrière ? Elle repense aux mots qui l’ont traversé parfois, le corps las et l’esprit brumeux, les bras enroulés autour d’Eoghan. Des envies d’être plus forte, plus grande, plus capable. Elle secoue la tête. Elle ne peut pas. Ou peut-elle ? Peut-être. Elle déglutit une fois de plus, la bouche sèche. Elle ne peut pas se résoudre à prendre le risque de perdre Eoghan. Elle sait pertinemment qu’elle n’y survivra pas. Malgré l’horreur de la situation, un rire désabusé lui échappe. Elle se laisse tomber, s’assoit en tailleur comme une gamine prise en faute et enfouit son visage dans ses mains. Sa décision est prise, elle le sait, mais elle n’a pas encore la force de la verbaliser.

Elle serait prête au pire pour s’assurer, égoïste qu’elle est, qu’Eoghan restera là où il est. A sa place dans l’univers, niché dans un coin de Louisiane qu’il connait comme sa poche, une Outre dans les pattes. Elle se frotte les joues, les yeux, le nez. Elle essaie de chasser l’émotion qui lui broie les tripes. Le mélange de terreur, d’excitation malsaine et de panique qui enfle au creux de ses entrailles est presque aussi désagréable que la sensation ressentie précédemment. Elle sait qu’elle se fait berner. Qu’elle devrait dire non, qu’elle devrait fuir si elle en a encore la possibilité. Elle entendrait, presque, la voix traînante de Vinzent. « Tu es trop curieuse pour ton propre bien, liebchen. » L’image de celui qui fut tour à tour amant, mari et mentor lui tire un sourire nostalgique. Il serait probablement dévasté de l’entendre ne serait-ce qu’envisager ce qu’elle s’apprête à faire. Tant pis. Elle prend également quelques secondes, qu’elle n’a pas, pour demander pardon au premier homme de sa vie, au seul être capable de voir le monde comme elle, à celui qui a soigné ses plaies aux genoux, aussi bien que les maux de son âme, pendant des années avant de s’éteindre paisiblement. Elle espère que Léonard aura trouvé, là où il est désormais, une forme de paix aussi forte que celle qu’il portait avec lui de son vivant et s’excuse pour la façon dont elle s’apprête, à n’en pas douter, à bafouer chacune de ses croyances. Et quand enfin elle se relève, ses yeux sont tristes et un océan de doute l’assaille encore, mais son visage est déterminé quand elle prend une profonde inspiration et articule clairement.

« Kanda. Estrata. Kandos. Turus. Indoctus. Skarindus. Kanda. Amantos. Kanda. »

Elle le choisit, lui. Et advienne que pourra. La fortune sourit aux audacieux comme dirait l’autre.






1076 mots:
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Forgive me, Father, for I am sin
Le mauvais oeil
Le mauvais oeil
Forgive me, Father, for I am sin
SHUFFLE THE CARDS

Carnage  • Groupe 2 : Aodh, Tasya, Ethan, Lilas, Caleb, Isalín, Naya, Medea - Page 6 YXpWPvj
En un mot : An eye for an eye leaves the whole world blind
Thème : Witchcraft - Akira Yamaoka
WITHER AND DIE

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Dim 9 Juin - 18:47 (#)

Chapitre 3 : Carnage
Sometimes dead is better

Le silence. C’est la seule musique qui rime avec ta prise de décision, Lilas, la vacuité oppressante d’une bulle de ténèbres qui s’étend uniformément jusqu’aux ultimes frontières de l’expérience. Tu es seule ici, isolée de toute aide extérieure dans ce chœur des chantres où trônent le maître-autel et sa bible maléfique. Celle qui la tient ne t’aide d’ailleurs en aucune manière. La Femme en noir, royale dans sa livrée d’obscurité, t’observe sans ciller, et n’a manifestement cure du cruel dilemme dans lequel elle t’a plongé. Elle t’a exposé son offre, et ne t’offrira rien de plus. Debout, droite et inflexible devant sa chaire invisible avec ce livre ouvert dans ses paumes blanches, l’idole païenne couronnée prêtresse infernale ne s’émeut même pas quand tu te relèves.

C’est ton chemin de croix, Lilas. Cette fois-ci, il n’y aura nul arcaniste, nulle sorcière pour te tendre une main secourable, seulement la froide solitude et une abîme de doutes pour les damnées comme toi.

La Femme en noir ne t’offre aucun réconfort, aucune sollicitude, pas même quand tu prends une inspiration et énonce la toute première parole de l’incantation maudite. Kanda. Deux syllabes rudes et profondes, dont la note résonne avec une force terrible dans ce vase clos qui vous entoure toi, Lilas, et cette sombre divinité qui te jauge. Quelque part, dans ces abysses aquatiques, ta voix prend une ampleur inédite et considérable, éveillant un sinistre et puissant écho comme si une autre voix que la tienne répétait l’incantation à son tour. La Femme en noir, elle, se tait. Pourtant, à chacun de tes mots, Lilas, l’écho prend la forme d’une voix grave, lugubre et sifflante, où la phonétique s’accroche et rampe comme sur la langue bifide d’un serpent.

~~~

Kanda. ⇗
À l’intérieur de l’Oufo, les dernières lumières électriques ayant survécu à l’assaut des Purificateurs, meurent toutes en même temps. Le réseau électrique interne ne répond plus.

Estrata.
Dehors, à l’intérieur de l’immense cercle que forme l’espace vert entourant l’Oufo, les lampadaires bordant les trottoirs sont soufflés les uns après les autres comme autant de bougies rituelles.

Kandos.
Entre les murs de l’Oufo, les lumières des appareils électroniques, les torches et les écrans sont brutalement coupés. Une noirceur de poix envahit l’intérieur du bâtiment. Seule la clarté de la lance subsiste.

Turus.
Un poids terrible écrase tous les Éveillés. Une sensation comparable à une chute d’une hauteur vertigineuse vous tord l’estomac, inondant votre cortex cérébral d’une onde de terreur instinctive.

Indoctus.
La Bête de Medea panique. Persuadée qu’un péril imminent vous menace tous, elle renâcle et se hérisse, te communiquant agressivement son désir de prendre la fuite sur-le-champ.

Skarindus.
À l’extérieur de l’Oufo, le périmètre circulaire planté d’arbres se remplit d’une mer d’ombres affamées, dont l’écume crochue s’accroche au temple, comme pour en arracher les briques.

Kanda.
Dans le laboratoire de Marie, sous les pieds de celle-ci et dans les cercles rituels, le sol se fissure, créant une faille qui s’ouvre à toute allure, comme une gueule de ténèbres aux dents de ciment déchiquetées.

Amantos.
Tandis que la faille devant Lilas s’agrandit, son œil gauche jaunit et prend la forme d’une pupille de serpent. Une clameur de voix humaines, désincarnées et torturées monte depuis les profondeurs de la faille.

Kanda.
La déchirure dans le laboratoire s’écarte encore. Des ombres décharnées, semblables à des mains filiformes, rampent et tâtent fébrilement les bords de la faille, cherchant à en sortir. Le sceau de Foi vole en éclats.

~~~

Durant une courte minute, au terme de l’incantation, l’obscurité qui a envahi le sanctuaire de Marie paraît bien pâle en comparaison des ténèbres qui s’amassent et débordent de la faille apparut au centre des lieux. Là, la texture même de la réalité devient épaisse, une masse de bitume agglutiné qui bouillonne et palpite, de laquelle éructent des mains crochues cherchant à s’ancrer dans le monde physique. À l’intérieur de cette plaie béant dans la chair de la Terre, apparaissent des milliers de milliers de têtes malformées où étincellent des millions de millions d’yeux jaunâtres et suppliciés, comme autant de bulles de savon dans un monceau noirâtre de corps faits d’ombres, si étroitement soudés entre eux que rien ne permet de les distinguer.

Bientôt, la faille créée par Lilas dégueule un monstrueux raz-de-marée d’âmes damnées, toutes avides de se frayer un chemin vers la réalité terrestre. Ici l’individu avait succombé à la masse, une mer d’ombres mortes sertie d’yeux pareils à des joyaux cireux et tordus enchâssés dans des visages fracassés, sur des corps dilués et démembrés dans un océan d’encre qui se déversait depuis le domaine du Prince. Des yeux qui voyaient à l’envers, des yeux qui scrutaient depuis des têtes coupées. Des yeux plaqués sur des têtes qui n’avaient plus que des cris pour voix. Des yeux sur des têtes au-delà des cris, au-delà du souffle. Ils se ruaient tous au sein de cette faille que Lilas leur avait ouverte, et se déversaient sur le monde avec la violence d’une avalanche.

Marie, qui avait attrapé tant bien que mal son chat, se blottit in extremis contre toi, Lilas, alors que la marée des morts inondait à grands bouillons tout son laboratoire. Toi, Lilas, tu es encore plongée dans cette transe étrange qui t’a saisie depuis que tu as versé ton sang sur le Vévé. Tu es totalement inconsciente de la mélasse d’âmes maudites qui déferle tout autour de vous et dans le couloir, tel un torrent de pétrole fait d’ombres aux bras arachnéens qui cherchent et déchirent la chair aussi bien que les essences. Les quatre Purificateurs repliés dans le sous-sol sont les premiers à en faire les frais : trop occupés à réparer leurs rétines blessées, la moitié d’entre eux furent trop lents et trop surpris pour parer cette contre-attaque brutale et imprévisible.

Deux d’entre eux, encore sévèrement blessés aux yeux, auraient pu être emportés immédiatement par cette marée d’ombres affamées, si leurs camarades n’avaient pas eu le réflexe de brandir leurs crucifix servant de catalyseur à leur Foi. Pourtant, ce ne fut pas entièrement suffisant. Là, alors que Abel tirait son camarade, la jambe de celui-ci fut agrippée par un millier de mains spectrales qui arrachèrent le vêtement, et le muscle en dessous à une telle vitesse que le membre parut se dissoudre dans un bain d’acide. Ici, un autre Purificateur fut happé par les épaules dans ce bouillonnement de spectres qui lui arrachèrent le cuir chevelu, mettant la surface poli du crâne à nu. Une série de hurlements rythmèrent un moment de panique totale dans le noir.

Quand Pierre et un autre Purificateur arrivèrent en renfort, ils aidèrent leurs camarades à tirer deux blessés hors du sous-sol, alors qu’ils brandissaient bravement une sainte lumière vers les ténèbres matérialisées qui continuaient à escalader murs et escaliers. Le fléau était inarrêtable et les blessures qu’il causait, horribles à voir. Pour l’un des Purificateurs, toute la chair en dessous du genou droit avait disparu, laissant apparaître la blancheur du tibia et des os du pied qui pendaient mollement, suspendu par des ruines de tendons. Pour un autre, la moitié de la peau de son crâne avait été arrachée, exposant sa boîte crânienne jusqu’aux sourcils et découvrant son orbite droite, dont le globe oculaire menaçait de sortir de son logement à tout moment.

Pourtant, Pierre conserva son sang-froid. Il ordonna à tous les Purificateurs le repli général dans le péristyle, au moment où la marée d’ombres se déversait dans le rez-de-chaussée. Seule l’aura de la lance les arrêtait. Ils heurtèrent une frontière de Foi invisible, avec la même violence écumeuse que lorsque la lave rencontre la mer ; le torrent d’âmes damnées recula, hurlant et fuyant en tout sens la clarté pieuse. Faute de choix, ils escaladèrent bien vite les murs et les fenêtres, noircissant les boiseries et les peintures, gagnant du terrain à une vitesse impressionnante. À l’intérieur du laboratoire de Marie, seule celle-ci et Lilas étaient épargnées, pendant que la faille vomissait un geyser continu d’âmes damnées qui auraient tôt fait d’envahir tout l’Oufo.

~~~

Toi, Lilas, tu ne sais encore rien des conséquences de ton choix. La Femme en noir ne t’a rien dit quand tu as scellé ton destin en articulant les derniers mots de l’incantation. Elle t’observe un moment en silence, cette divinité à la beauté inflexible, ce monolithe intemporel de savoir maudit qui s’est attardé sur ton cas. Durant une fraction de seconde, tu as l’impression fugace d’entrevoir un mince rictus méprisant dans cette attitude glaciale et analytique, une lippe moqueuse tirant sa lèvre supérieure. Mais sans nul doute, ce n’est que ton esprit épuisé et stressé qui te dépeint une illusion d’optique, quand la Femme referme son livre sans un son, sa main gracile et tatouée posée sur la couverture du volume, lequel n’affiche ni titre, ni auteur.

Elle hausse le menton, impériale, sa frange symétrique de cheveux aussi noirs que la nuit accentuant encore la sévérité de son port de reine. Tu ressens un début de vertige nouer tes entrailles, Lilas, une vive sensation mêlant malaise et absolu admiration ; une ambivalence dans tes propres sentiments qui ne s’explique pas.

Quelque chose en toi s’est éveillé.
Quelque chose d’irrésistiblement attiré par cette Femme, alors même que ta part humaine refuse encore la réalité de sa damnation. Ce que tu as fait cette nuit-là t’a lié à cette Femme, c’est irréfutable.

« Quand tu seras prête à suivre la voie qui t’est destinée, viens à moi. Quand tu seras prête à délaisser cette peau qui t’encombre, Eoghan te guidera, » déclare-t-elle, sans la moindre once d’explication claire.

Et à chacun de ses mots, votre univers tremble. Une oscillation insupportable s’empare de cet océan d’encre qui vous encercle, tandis que la Femme en noir reste une constante au sein de cette tempête. Ton équilibre délicat se rompt, Lilas : le haut devient le bas et inversement. Tu sens avec une terrible acuité la surface de la mer d’encre s’ouvrir et t’attirer dans son étreinte glaciale, alors même que la pesanteur reprend ses droits et t’attire dans les profondeurs aquatiques. Une chute sans fin. De plus en plus indistincts, les contours de la Femme s’estompent, à mesure que ton enveloppe mortelle s’enfonce dans ce tombeau liquide, coulant telle une pierre, et que tes sens humains s’affolent face à la froideur liquide qui envahit tes poumons.

Elle t’observe t’enfoncer dans les ténèbres, terriblement muette face à tes appels à l’aide. Au-dessus de toi, au-delà de la surface suffocante, l’obscurité et les contours de la silhouette perdent leur uniformité au profit des couleurs coutumières de ton don, lesquelles se déversent et saturent le conduit contracté de ton larynx. Tu as l’impression d’étouffer avec les couleurs. Ta conscience flotte – ou sombre, c’est difficile à dire – vers la réalité du plan matériel, qui t’apparaît alors sous la forme d’un kaléidoscope de coloris suffocant. Le retour à la conscience est brutal. Une sensation fantôme de noyade persiste à cisailler tes poumons et tes entrailles, et ton corps lesté de plomb se contracte en tout sens, persuadé d’avoir émergé au milieu des flots.

Tu es face à Marie. Le tremblement que tu sentais était de son fait : elle te secouait l’épaule pour essayer de te réanimer. Un mélange d’incrédulité, de respect et d’affolement tiraille son visage, d’ordinaire composé, et elle continue machinalement de t’agripper l’épaule, comme si l’arcaniste craignait que tu t’évanouisses.

« Ton œil… » souffle-t-elle en fixant ton visage, son chat Samaël blottit sous son bras libre. « Mais qu’est-ce que tu as fait ? Tu étais en transe et… ça... »

D’un revers de main, l’arcaniste désigne tout le laboratoire. Là, à côté de vous, un geyser de ténèbres inonde le local, bouillonnant depuis la faille béante, rampant et s’infiltrant dans le mortier des murs comme du café remontant à travers un carré de sucre. Vous êtes toutes deux dans l’œil du cyclone comme le maelstrom des damnés vous contourne, dessinant une spirale tournant à vive allure faite d’ombres spectrales aux yeux de cire, aux membres arachnéens qui tâtent et fouaillent chaque recoin de la réalité. Une armée de défunts qui se déverse sur l’Oufo, grâce à toi, Lilas, et qui va bientôt souffler toute vie qui se trouve encore à l’intérieur.

Toi et Marie serez les seules épargnées.
Après tout, tu n’es plus vraiment humaine, n’est-ce pas ?

~~~

Au niveau supérieur, des invectives suivies d’une cavalcade martèle le plancher derrière le groupe mené par Medea et Caleb. Vous entendez dans votre dos vos poursuivants faire marche arrière dans la précipitation, au moment où une vague d’obscurité suffocante étrangle l’étage, et brise le sceau de Foi qui vous barrait la route. Dans les interstices du sol, sous vos pieds, une clameur mauvaise enfle. Les écheveaux d’un brouillard noirâtre et sinistre serpentent et lèchent le bois autour de vos semelles, comme des fumerolles toxiques.

Jacob s’arrête un instant, scrutant les alentours avec un air incrédule. « Non… Marie, qu’as-tu fait... » Puis, il lève les yeux vers vous et, tel un cliché éculé de film d’horreur, lance. « Courez. »


Résumé:



Got the evil eye. You watch every move, every step, every fantasy. I turn away but still I see that evil stare. Trapped inside my dreams I know you're there. First inside my head, then inside my soul.
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Lilas Hirsch
Lilas Hirsch
"THE BOOTY" : la plus belle paire de France et de Navarre.
☽ YOU LEFT ME IN THE DARK ☾

"She was poetry in a world that was still learning the alphabet."


Carnage  • Groupe 2 : Aodh, Tasya, Ethan, Lilas, Caleb, Isalín, Naya, Medea - Page 6 WyLHcm2 Carnage  • Groupe 2 : Aodh, Tasya, Ethan, Lilas, Caleb, Isalín, Naya, Medea - Page 6 XUhs7fD Carnage  • Groupe 2 : Aodh, Tasya, Ethan, Lilas, Caleb, Isalín, Naya, Medea - Page 6 0xQu1ZP

En un mot : Wild thoughts
Qui es-tu ? : ☽ Outre. Pouvoir qu'elle ne peut nier, l'amenant sans cesse à visualiser le monde sous un prisme différent de celui du commun des mortels. Agression visuelle, physique, sonore, olfactive, constante, d'une magie qu'elle voit en tant qu'entité propre.
☽ Artiste. Pour exprimer ses visions, elle s'acharne à peindre, sculpter, dessiner, ce monde qui l'entoure et qu'elle ne peut expliquer oralement.
☽ Née en France, en Alsace précisément, enfant non-désirée, d'une relation adultère. Ce sont ses grands-parents qui l'élève et son grand-père qui la forme.
☽ Elle déménage aux USA dans le but de retrouver cette mère qui l'a abandonnée, pour apprendre qu'elle est décédée, préférant ne pas se battre contre un cancer qui finira par avoir raison d'elle.
☽ Elle atterrit à Los Angeles presque par hasard, en suivant son compagnon de l'époque. Elle y rencontrera Vinzent, qui changera sa vie.
☽ Un début d'apprentissage arcanique inachevé au côté de celui qui deviendra son ami, son amant, son amour. Un rituel magique lie leurs âmes peu de temps après le décès de Léonard, le mentor de Lilas.
☽ Elle se laissera malmener pendant des années par un homme néfaste avant de finalement tout quitter pour rejoindre la Louisiane dans l'espoir d'y retrouver sa demi-soeur et peut-être Vinzent.
☽ Elle passe 2 ans dans un camp regroupant des femmes CESS avant de rejoindre finalement Shreveport, où elle retrouvera sa demi-soeur, Hannah Miller, et l'autre moitié de son âme, Vinzent Henkermann.

☽ NO DAWN, NO DAY ☾

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"your name i spoke many times
alone in the darkness in the night"

Facultés : ☽ Clairvoyance : Lilas a un niveau de sensibilité aux flux magiques qui lui permet de lire sous la surface des choses qui composent le réel. Cela se traduit par toutes sortes de stimuli cognitifs ou physiques. Son don est passif, elle vit avec un second filtre de vision constant.

☽ Psychométrie : En touchant un objet, qu’il soit magique ou non, Lilas peut en voir l’histoire, a qui il a appartenu, ce à quoi il a servi, tout ce qu’il s’est passé à son contact. La capacité n’est pas maîtrisée.
Thème : Cosmic Love - Florence + The Machine
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I'm always in this twilight


Carnage  • Groupe 2 : Aodh, Tasya, Ethan, Lilas, Caleb, Isalín, Naya, Medea - Page 6 P7xF5iI Carnage  • Groupe 2 : Aodh, Tasya, Ethan, Lilas, Caleb, Isalín, Naya, Medea - Page 6 HYHmQYL Carnage  • Groupe 2 : Aodh, Tasya, Ethan, Lilas, Caleb, Isalín, Naya, Medea - Page 6 8RKyX42

"and prayed a thousand prayers
and my many dreams were of you"

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Lun 24 Juin - 6:13 (#)






CARNAGE






« Quand tu seras prête à suivre la voie qui t’est destinée, viens à moi. Quand tu seras prête à délaisser cette peau qui t’encombre, Eoghan te guidera. »

Quelque chose s’agite en elle, quelque chose de nouveau qui cherche à s’approcher au plus près de la Femme en Noire, qui cherche son approbation, son soutien. Quelque chose s’est réveillé et quelque chose est mort. Elle ne le sait pas encore l’Outre, même si elle s’en doute, mais elle vient ce soir de brûler les derniers fils la rattachant à la foi de son premier mentor. Le pas de trop qui la traine du côté des Damnés.

Elle tremble, soudain gelée jusqu’à l’os, quand l’univers ondule autour d’elle. Le monde se retourne et la sensation est si similaire à celle déjà vécu qu’elle entend de nouveau clairement la voix de Vinzent sous son crâne. Eoghan est mort. La terreur gonfle dans son ventre. Née autant de la situation actuelle, et de la désorientation qu’elle crée, que de l’horreur d’entendre à nouveau la phrase qui avait bien faillit la détruire. Elle tente de raisonner avec elle-même, elle sait qu’Eoghan est vivant, elle lui a parlé quelques heures plus tôt. Oui, mais voilà, quelques heures plus tôt, rien de tout ceci ne s’était produit. Elle est terrifiée, l’Outre, terrifiée par ce qu’elle vient de faire.

Elle tombe, tombe, tombe dans un gouffre de noirceur sans fond et le hurlement qu’elle cherche à pousser rester coincé dans sa poitrine. Alors que le regard sombre de la Femme en Noire la suit, elle plonge dans les ténèbres et soudain le monde explose. Rose, rouge, vert, noir, orange, violet, les couleurs, les odeurs, les sensations physique et elle se retrouve noyée sous une pluie de stimuli qui l’étrangle autant qu’elle la libère. Elle peine à reprendre son souffle, les yeux courant en toutes directions. Elle tremble, le corps secoué de soubresaut douloureux, les muscles tétanisés. Qu’as-tu fais, Lilas ?

Elle réalise que ce n’est pas elle qui tremble, mais Marie qui la secoue. Elle tourne la tête vers elle et s’étrangle sur un petit cri de surprise. Elle pensait son don intact mais ce qu’elle voit lui fait tourner la tête. Elle ferme un œil. Marie est là, enveloppée de son essence de ciel nocturne, voile noir moucheté de doré et d’argenté. Elle cille. Ferme l’œil droit et ouvre le gauche. Elle le referme aussitôt. Nope. Impossible. Elle retente et déglutit de façon sonore. Elle voit quelque chose. Quelque chose de nouveau, dont elle ne voyait que les contours, quelque chose de puissant, d’étrangement beau dans son horreur, quelque chose de fascinant qui la pousse à incliner la tête et à se pencher pour observer de plus prêt.

Le mouvement pousse le tissu de son t-shirt à frotter contre sa hanche et quelque chose cloche. Elle s’arrête, la bouche entrouverte et secoue la tête en baissant le nez sur son ventre. Elle palpe son abdomen d’une main tremblante et soulève délicatement l’ourlet de son pull. Un cri se coince dans sa gorge. Sa peau d’ordinaire dorée laisse place à une couche d’écaille fine et sombre sur lesquels les flammes jettent des reflets bleutés, verdâtre et violacés. Elle effleure la zone et frissonne quand la sensation est la même que d’ordinaire. La peau est bosselée, écailleuses, sous ses doigts, mais pour son corps, il s’agit toujours de la même peau. Elle expire un sanglot terrifié et essaie de reprendre son souffle en levant un regard perdu vers Marie. « Je… Je sais pas… » avoue-t-elle dans un souffle. C’est alors, seulement, qu’elle remarque ce qui se passe autour d’elles. Le maelstrom. L’horreur.

La mâchoire de Lilas se décroche alors qu’elle découvre les conséquences de sa décision. Prête à damner le monde pour sauver une âme. Prête à réduire en cendres l’humanité pour le sacré d’une âme Eveillée. Elle cille à plusieurs reprises le souffle court et l’esprit tournant à cent à l’heure. Qu’a-t-elle fait ?  Inconsciemment, elle sait qu’elle est responsable de ça. Que c’est de sa faute si la marée immonde se déverse ici. Elle sait que cette faille, qui dégueule des monceaux d’âme damnée, c’est elle qui l’a ouverte.

Elle tend les doigts vers la masse grouillante et l’observe s’éloigne. Un frisson de dégout court le long de son échine alors qu’elle se lève et tend la main à Marie. « On avait besoin d’un moyen de sortir… » Sa voix est rauque, comme si tous les cris qu’elle se souvient avoir poussé durant sa chute avait réellement jaillit d’entre ses lèvres. « Je nous en ai trouvé un. » Elle pourrait hurler de rire devant le ridicule de la situation, devant son absurdité et l’angoisse menace un rire de lui échapper. A la place, c’est un sanglot discret qui sort d’entre ses lèvres avant qu’elle carre les épaules et souffle fort. Expirer par la bouche, inspirer par le nez. Et on recommence, encore et encore. Jusqu’à ce que son rythme cardiaque ait repris un rythme normal, jusqu’à ce qu’elle oublie, pour un temps, la sensation étrange des écailles sous son pull et ce que son œil gauche essaie de lui montrer. Elle n’a pas le temps pour ça, dans l’angle de son champ de vision elle continue de voir la masse blanche terrifiante qui continue à progresser. Quoique ce soit, elle ne veut pas s’en approcher. Tous les poils de ses bras se hérisse à la simple idée d’en sentir le contact. Elle s’empare du poignet de Marie et la tire à sa suite.

Elles passent la porte du laboratoire détruite pour découvrir un spectacle pour le moins terrifiant. Elles avancent et la mer d’immondices s’ouvre pour elles. Les âmes s’écartent pour qu’elles puissent se frayer un chemin entre elles et atteindre l’entrée de la cave. Lilas n’hésite qu’une seconde. Les escaliers vers l’étage et un destin incertain, ou la trappe. Elle est maintenue fermée par un pied de biche, mais Lilas lâche Marie pour l’extirper des poignées. Elle hésite quelques secondes, les sens aux aguets et son don poussés vers l’extérieur. Rien. En tout cas rien juste devant la porte. Elle ouvre la trappe, le souffle court et après un coup d’œil dehors encourage Marie à en sortir. Elle la suit de près et ne cherche pas à réfléchir. Main dans la main avec l’Arcaniste, elle cavale à toute allure, le plus loin possible en abandonnant derrière elle l’Oufo aux prises des forces du bien et du mal.






1076 mots et c'est très beau mes deux derniers post ont exactement le même nombre de mots mdr :
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Forgive me, Father, for I am sin
Le mauvais oeil
Le mauvais oeil
Forgive me, Father, for I am sin
SHUFFLE THE CARDS

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En un mot : An eye for an eye leaves the whole world blind
Thème : Witchcraft - Akira Yamaoka
WITHER AND DIE

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Lun 24 Juin - 18:45 (#)

Chapitre 3 : Carnage
What the devil hath joined together,
let no man cut asunder.

L’obscurité annonça la défaite.
Pour la seconde fois, l’Oufo, cœur d’un culte séculaire, fut écorché vif. Dans ce saint des saints, le potomitan estropié terminait de se consumer lentement, dernier tison moribond du foyer des vaudouisants, qui jamais ne se relèverait. Désormais, le péristyle n’était plus qu’un cadavre dépiauté. La Foi implacable des soldats de Dieu lui avait arraché toute son égrégore, sa peau que les dévots avaient mis tant de temps et d’efforts à lui coudre. Puis, l’armée des morts était venue, et ses âmes damnés lui arrachaient maintenant ses nerfs et ses os jusqu’à dépecer l’Oufo de toute son identité. Le bâtiment tenait encore debout, mais il n’était plus qu’un squelette de briques et de mortier, pétrifié dans une supplique muette à l’adresse des lwas indifférents.

L’Oufo avait trop subi. Trop rapidement.
Le joyau des vaudouisants était mort, qui aurait pu en douter ? Ce qui subsistait à Western Hill ne serait plus jamais le sanctuaire du culte vaudou tel que ces adorateurs l’aimaient. Non, il devenait autre chose.

Pierre l’avait déjà compris. Tout comme il comprenait que la bataille était perdue, et que les ténèbres qui se déchaînaient maintenant autour des siens n’étaient plus l’œuvre de forces humaines. Oh bien sûr, l’Ordre et lui-même avaient anticipé la résistance des arcanistes impies, de la même manière que l’Irae avait essayé de résister à la justice divine en 2018. Mais cette nuit maudite, tout était bien différent de l’opération à laquelle le pasteur avait eu l’honneur de participer. Rien ne s’était déroulé comme prévu. D’abord, ce fut l’éruption de magie, et désormais… Ça. Pierre n’avait que peu de mots pour décrire ce qu’il voyait, sinon que la gueule des Enfers s’était ouverte et vomissait à présent un immonde torrent ininterrompu d’âmes mortes.

Les Purificateurs avaient formé un cercle. Parmi ceux qui n’étaient ni blessés, ni occupés à secourir ceux qui, lors de la déroute, avaient subi d’importantes blessures, ils s’étaient rassemblés spontanément et récitaient à présent des psaumes pour canaliser leur Foi et l’aura de la lance. Véritable bulle de lumière divine au cœur d’un cyclone de spectres déments, la relique tenait bon ; mais pour combien de temps ? Pierre qui se tenait au centre, à côté du potomitan, observait avec sidération la tornade de vents infernaux qui hurlait, mordait, et tournoyait autour d’eux, noyant quasiment les syllabes sacrées sous une nuée de clameurs atroces. Et les yeux du Purificateur ne discernaient rien, non, rien de plus que les ténèbres sifflantes dévorant l’Oufo.

« Pierre ! » Abigail s’était approchée, apparemment aussi sidérée que lui. Pourtant, elle était une femme de terrain, prompte aux décisions radicales, qui s’alliait bien avec la mesure de Pierre. Elle lui attrapa avec force le bras, l’extirpant de ses conjectures. « C’est trop tard. Il y a autre chose que des forces humaines ici. »

Trop tard. Cela sonnait comme un échec.
Néanmoins, il y avait des leçons à tirer de ce désastre, et Pierre, tout comme sa seconde le savaient. Ni l’un, ni l’autre n’évoquèrent le mot mais chacun le pensait : démons. Tout cela, cette marée des morts, cette éruption de magie, c’était là l’œuvre de puissances infernales et une preuve irréfutable de leur présence dans la ville. Les vaudouisants avaient-ils conclu une alliance avec les forces des Enfers ? Ou bien Shreveport était-elle un jouet dans les paumes ineptes de l’ennemi juré de l’Ordre ? Et depuis combien de temps œuvraient-ils ? Des questions cruciales auxquelles les Purificateurs devraient répondre urgemment, maintenant que cet ennemi avait dévoilé sa face abjecte. Pierre le comprit : lui et son Ordre étaient sur le point d’entrer en guerre.

Encore lui fallait-il survivre pour se battre un autre jour. Abigail arriva à la même conclusion, car elle jeta un coup d’œil circulaire autour d’eux, sur ce cercle de camarades qui tâchait de consolider l’aura de la lance.

« Il faut partir. L’Ordre doit savoir, » fit-elle et Pierre hocha la tête en réponse.

Seulement, un dilemme s’imposa à lui. C’était leur devoir sacré que de combattre le Mal et quelle plus claire démonstration maléfique que l’horreur qui les encerclait ? Par miracle, il avait sous la main une arme divine, capable de prouesses, et une petite armée de Purificateurs à ses ordres ; ne pouvait-il pas marcher contre la source de cette folie et la détruire ? Pourtant, Pierre ne put s’y résoudre. Le résultat était trop incertain et la vie de chaque Purificateur, trop précieuse. Et cependant, au-delà des murs de l’Oufo, s’étendait Shreveport et ses âmes innocentes, toutes ignorantes de la menace infernale qui risquait de déferler dans les rues. Ce fut certainement la décision la plus difficile de sa vie, et Pierre dut la prendre en quelques minutes.

« On part, » lâcha-t-il, mais une note curieuse dans sa voix éveilla la méfiance d’Abigail. « Je prends la lance, nous avancerons tous groupés jusqu’au véhicule. Maintenant. »

La lieutenant tiqua, mais ne dit rien. Elle avait décelé quelque chose dans la voix de son supérieur et comme elle distribuait les ordres, Abigail commença à douter de ses intentions. Pourtant, dans l’instant qui suivit, la fuite des Purificateurs fut aussi disciplinée et rapide que leur assaut sur l’Oufo. Pierre décrocha la relique du potomitan et, positionné à l’exact centre de la formation, coordonna la retraite de manière à maintenir tous les Purificateurs dans l’aura de Foi. Ainsi, ils ressemblaient à une formation en tortue de l’armée romaine en dessous d’une cloche de lumière étincelante, elle-même cernée par une tornade de spectres agglomérés. Ils ne cessaient jamais d’harceler et de suivre les Purificateurs qui avançaient à tâtons, traînant leurs blessés au travers de l’espace vert massacré. Bientôt celui-ci fut entièrement recouvert d’une mer de noirceur en furie, où la frêle bulle de lumière peinait à fuir la houle d’âmes défuntes et les bourrasques faites de leurs griffes.

Un pas après l’autre, les Purificateurs récupèrent le pick-up qui leur avait servi à enfoncer l’Oufo et le mirent en marche, les blessés couchés dans sa benne, le reste marchant à côté. Le véhicule roula au pas. Ce fut une des épreuves les plus difficiles pour nombre d’entre eux : marcher à l’intérieur d’un océan de spectres, que seule la lumière d’une relique tenait à distance, tel Moïse écartant des flots maudits. Pour beaucoup cela ne fit que renforcer leur Foi. Car c’était là une preuve irréfutable que le Mal pur, sans nuance, existait bien dans ce monde. À force de persévérance, la troupe parvint à la limite du parc et franchit le cercle de trottoirs qui délimitait la propriété de l’Oufo. Là, à leur grande surprise, l’armée des morts se fracassa contre une barrière invisible, comme si toute cette folie n’était qu’un sort d’une amplitude phénoménale limité à ce cercle.

« Ils n’iront pas plus loin... » résuma machinalement Abigail alors qu’elle se tournait vers Pierre qui affichait une expression indécise. Alors la lieutenant sut. Elle sut que le pasteur s’était résolu à se sacrifier seul.

C’était, en effet, le plan de Pierre. Retourner dans cet enfer, la lance de Saint Georges à la main, et la planter au cœur du Mal avant qu’il ne contamine la ville toute entière. Il s’était préparé à cet ultime sacrifice. Jamais il n’aurait pu consciemment abandonner Shreveport et ses âmes aux Enfers : il avait été prêt à offrir sa vie si cela permettait de tous les sauver. Pourtant, Pierre n’en eut pas besoin. Déjà l’armée des morts se répandait partout sur le périmètre du cercle, sans parvenir à le franchir, puis commençait à refluer vers l’Oufo qui était désormais leur foyer. Les Purificateurs, et tous ceux qui étaient sortis du temple à ce moment-là, assistèrent à un phénomène aussi sinistre que bizarre : la structure de l’Oufo commença à se régénérer d’elle-même.

Comme une main noirâtre et crochue, la marée des damnés s’enroula autour du bâtiment à la manière d’un énorme tourbillon, avant que la maçonnerie elle-même ne la siphonne. Les âmes des morts devinrent à leur tour des éléments de la construction, au même titre que les briques et le mortier ; ils bâtirent les fondations d’une nouvelle cathédrale. Bientôt, les dommages que les émeutiers avaient causé disparurent. Les fenêtres furent laissées intactes, les portes réparées et refermées, les traces d’incendies effacées. Un nouveau crépis lissait la façade, et celui-ci était fait d’âmes damnées, telles des gargouilles invisibles gardant les lieux. L’Oufo était une idole dévoyée, une aberration, un totem dressé comme un majeur maléfique à la face de l’Ordre.

Pourtant, il était trop tard, et Pierre le savait. Lui et ses Purificateurs embarquèrent dans les véhicules, avant que d’autres témoins n’apprennent leur présence et disparurent de la circulation. Ils avaient tous beaucoup de choses à raconter à l’Ordre et devaient rapporter intacte la lance, dont ils auraient plus que besoin.

~~~

De l’autre côté de l’Oufo, alors que les Purificateurs fuyaient les lieux, ce fut Johnson qui, ayant recouvert en partie ses forces, se porta volontaire pour transporter Philippe via l’échelle de secours. Grâce aux soins très sommaires de Jacob, le flic de la SPD avait pu se remettre et, devant le stress évident et la fatigue croissante de l’arcaniste, il insista bravement pour s’occuper de cette tâche. Trimballer ainsi le poids mort d’un homme, ne fut pas une mince affaire. L’adrénaline aida énormément. Particulièrement quand, Medea et Caleb, vous aviez littéralement la mort aux trousses sous la forme d’un monstrueux raz-de-marée de spectres s’infiltrant partout, y compris à travers les murs et les planchers. Ce fut sortir ou mourir. Jacob vous poussa d’ailleurs à courir aussi vite que possible, oubliant momentanément le destin de sa fille, Marie, qui ne répondait plus.

Une fois hors de l’Oufo, c’est Jacob qui prit le relais d’un Johnson épuisé, en portant à son tour Philippe, qui était encore incapable de marcher. La nuit et l’air frais vous offrirent un répit, toutefois de courte durée. Car, rapidement, l’armée des morts se déversait tout autour de l’Oufo, dans l’espace vert, vous forçant à courir à perdre haleine une fois encore. C’est seulement en franchissant la limite du parc, que vous aviez pu souffler, une brève minute, tandis que les spectres refluaient et fusionnaient avec l’Oufo. Vous avez assisté au même sinistre phénomène que les Purificateurs : le temple vous apparaît désormais intact, plus solide que jamais,  mais transformé à un niveau de perception que vous n’êtes pas capables de discerner.

Au bout de quelques minutes, l’éruption de magie brute commença à se tarir. Le nœud que Lilas avait libéré avec l’aide de Marie se stabilisa, redessinant lentement la carte des lignes telluriques traversant Shreveport. Ce fut l’aube d’un nouvel équilibre des forces de la Terre dont l’effet papillon allait bientôt donner naissance à un phénomène inédit, une singularité magique au cœur de la Kisatchie Forest. Avec la disparition de cette surabondance de magie, ton troisième don, Caleb, s’effaça, mais son utilisation laissa néanmoins une trace à l’intérieur de ton essence comme une graine qui ne demandait qu’à germer de nouveau. Pour toi, Medea, c’est la communication avec ta Bête, ton chien-loup, qui devint subitement moins aisée, plus ordinaire.

Quant à Lilas, qui fuyait l’Oufo aux côtés de Marie, tu emportes avec toi les stigmates de ta damnation, mais aussi une essence d’Éveillée plus souillée que jamais. Ce vide infernal qui a dévoré en partie ce mauve, n’est en réalité que la première chaîne que tu as toi-même refermée sur ton âme. Tu es liée à Scox, désormais, et la maîtresse des arcanes et des âmes, sous les traits de la Femme en noir, t’a frappé de son sceau. Un destin similaire à celui que tu aimes tant, Eoghan Underwood ; n’est-ce pas chose merveilleuse que ces deux âmes damnées ensembles ? Tu n’es d’ailleurs pas la seule à s’être damnée définitivement cette nuit, car tu tiens la main de la fille de Scox en personne, Marie Sabba, la vaudouisante et prêtresse noire du Prince Démon.

Marie qui, comme tu fuyais en la tirant avec toi, s’arrêta un instant, une fois toutes deux sorties du cercle de l’espace vert. Elle se tourna vers l’Oufo dont l’armée des damnés modelaient la structure, et contempla en silence son œuvre, et la tienne, Lilas, durant un moment. Partout, les clameurs des émeutes continuaient de résonner, mais que sont quelques humains en colère contre deux femmes servant les Enfers ? Marie, qui venait d’accomplir avec brio la volonté de sa mère, leva soudainement les yeux vers le ciel nocturne, comme écoutant un murmure dont elle seule discernait les mots. Puis, l’arcaniste noire sourit. Elle avait réussi.

Scox était satisfait. ⇗


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